Briana.
Montpellier... En son centre, une demeure. Celle qui les a vu s'y installer.
Deux jours à peine que les malles ont été posées, que les de Courcy et leur valet on prit possession des murs mornes et froids d'une de ces vieilles maisonnées bourgeoises qui durant longtemps a dû restée vide d'habitants.
Il n'est pas une pièce aujourdhui, qui ornée d'une cheminée, n'est pas reçue en son foyer bûches nécessaires à nourrir un feu ardent. De ces feux, qui, doucement, réchauffent l'air ambiant et fredonnent de leurs chants crépitant et apaisant, tandis que dehors, bat inlassablement contre les vitres et la pierre, les pluies mêlées aux bourrasques de vent et à la tombée des neiges.
La déchéance du temps, Briana s'en fait spectatrice depuis cette chambre qu'elle n'a quasiment plus daigné quitter depuis leur arrivée. Éléanore, poupée longtemps délaissée, est depuis même venue la retrouver. Quelques temps abandonnée au fond d'une malle, et elle en avait été ressortie Elle, seul objet qui permettait encore à la jeune de Courcy de se raccrocher à ces souvenirs d'un temps passé. De ces moments où ensemble, arpentant les chemins de Dieppe au Mans, du Danemark au Royaume de France, avait été partagé tous ces instants de bonheur, de douceur qui semblaient être si loin à présent.
La Normandie, le Maine... Ribe... Tous semblait si loin,.. Trop loin , alors qu'elle était venue se perdre ici, en Languedoc. Comté totalement étranger qui ne lui offrait aucun repères. Lieu où elle avait craint daller certaine de ne rien y trouver daussi bon que ce quelle avait pu connaître aux côtés de sa Marraine dont on lavait privé. Elle lavait quitté Elle et tout les autres, pour aller retrouver cet Autre qui lui avait tant manqué. Celui dont on lavait privé aussi, sous peine quil ne la revoit plus jamais. Au fond delle, la joie était là, discrète, mais bien présente de lavoir là, près delle, mais pour autant, elle se sentait toujours aussi esseulée.
Un seul être vous manquait et tout vous paraissez dépeuplé. Foutu adage qui disait vrai
Et le seul endroit où elle arrivait encore à se sentir à peu près bien, restait lorsqu'elle se cloîtrait entre les quatre murs de cette chambre qu'elle occupait. Parce que comme dans une bulle, elle s'y enfermait, s'y laissant transporter dans d'innombrables songes, loin du chahut du monde extérieur... Ce monde qui lui rappelait qu'elle n'était plus chez elle désormais.
De temps en temps, quelques visites réussissaient à len faire sortir, la poussant même jusquà mettre le nez dehors. Tout était fait pour aider la jeune fille à se familiariser avec les lieux, allant de ces déambulations quotidiennes entre les divers étals quoffraient le marché, le partage de quelques chauds breuvages là de les réchauffer, et qui plus est, leur permettant de se confondre un peu à la population, mais rien ny faisait. Briana était certes là, mais le cur lui ? Où était-il ? A mille lieues de là.
Bien loin de toute cette haine entretenue, qui ne faisait que gonfler afin de mieux se déverser sur les membres de sa famille, telle une tempête qui, après sêtre nourrie, venait faire sécrouler tout ce quon avait, ou tout du moins essayé, de reconstruire, comme un simple souffle serait capable de faire sécrouler nimporte quel château de cartes.
La souffrance est là, pour elle, de voir deux êtres quelle aime se déchirer à nen plus pouvoir se supporter. Depuis des années, des mots, elle en a entendu, des gestes, elle en a vu Et si jadis elle nen comprenait pas le sens, aujourdhui, les choses avaient changées. Elle aussi était touchée. Peinée de voir sa mère blessée par de cruelles vérités. Meurtrie de voir en son cousin une noirceur décuplée. Les mots sont assassins qui sinsinuent à lesgourde, se gravent à lesprit et piquent le cur. Il la crève de douleur, font se faner la fleur. Et personne ne voit rien.
Si seulement chacun pouvait y mettre un peu du sien Voilà qui aiderait peut-être.
Peut-être à retrouver un climat plus serein.
Quelques uns de ces instants qui lui avait été promis avant même quelle narrive jusquici.
Mais alors où étaient-il ce temps, celui davant ?
Elle aurait voulu quil se présente maintenant, laissant derrière elle, les réticences, les haines, les calomnies. Oublier le mal, pour ne plus voir que le bien. Mais sans doute pour cela devrait-elle laisser le temps au temps de faire son uvre. Cesser de simmiscer dans ces histoires dadultes encore quelques temps, comme elle sévertuait à le faire en restant enfermée, passant de sa couche au petit mobilier qui faisait office de coiffeuse, et devant laquelle elle prenait temps de sasseoir pendant que sa mère, coiffant ses long cheveux, faisait face à ses silences. Et puis nétait-ce pas mieux ainsi . Pour elle, il allait sen dire que si. Elle était mieux ici, tandis que ses forces samenuisaient à vue dil.
Ce jour, la Môme était restée alité bonne partie de la journée, refusant encore de se lever, repoussant une fois de plus le plateau quon lui avait monté, le laissant à labandon sur une table trônant au milieu de la pièce. Un plateau, qui comme tous les autres, repartirait intact en cuisine, donnant à sa mère de poser sur elle de ces regards évocateurs de mécontentement, le tout accompagné dune inquiétude certaine. Mais ce nud qui lui tordait les viscères, martyrisant ses entrailles, laurait empêcher davaler quoi que se soit. Il ny avait bien quun peu de lait ou deau alors qui parvenait à glisser le long de sa gorge, mais encore fallait-il quelle se force à lavaler.
Une eau que pourtant son corps sétait soudainement mis à réclamer à outrance.
A ses côtés, jouxtant sa couche, se trouvait un chevet sur lequel avait été posé un calice rempli dune eau claire et fraîche. Après un effort pour sêtre redressée, main lavait enserré pour le porter aux lèvres froissées dêtre trop sèches. Chaud Elle se sentait prise comme dans un gouffre. Comme si le feu à lintérieur delle lavait gagné. Chaleur dun état fébrile qui était venue chasser la froideur qui lavait enlacé de ses bras jusqualors.
Dun geste, le tout de ce qui la couvrait avait été rejeté sur un côté du lit, prête à se lever, avec lidée daller plonger ses mains dans un petit bassin mis à sa disposition près duquel une cruche attendait de voir son contenu y être déversé.
Doucement, les deux jambes que lon devinait amaigries furent passées en bord de couche, ses pieds nus épousant un sol parqué de carreaux de terres cuites. Agréable fut la sensation au contact offrant un appréciable degré de fraîcheur.
Bras tendu, elle vint refermer sa main sur le bois bordant les pieds du lit. Un appui nécessaire pour que la Mini de Courcy trouve enfin la force de se hisser sur ses deux jambes, son poids se faisant lourd à supporter. Quelques pas chancelants furent fait et les yeux soudainement relevés étaient venus trouver point fixe sur le bassin quelle tenait tant à rejoindre. Et Dieu quil lui semblait loin et la pièce qui doucement se mettait à tanguer comme on se trouvait sur le pont dun bateau luttant contre la houle, ses mains serrant le vide à la recherche dune possible accroche mais en vain.
Cétait tout son monde qui était en train de sébranler Ses membres se mettant à trembler. Elle aurait voulu crier alors, mais ny parvint pas. Sa voix était là, prisonnière de son être, refusant de se laisser aller à léclat. Dextre et senestre apposées sur ses tempes, sa vision brouillée, apeurée, cest sans comprendre quelle se senti tout à coup défaillir, ses dernières forces labandonnant.
Au vacarme quelle fit en tombant, entraînant dans sa chute la petite vasque et la cruche de mettre en alerte la maison.
A ses yeux plus de lumière, aux esgourdes plus de son. Seul à sa bouche et en sa gorge se faisant encore sentir un léger arrière goût de sang. Dans sa chute, quelques blessures Lintérieur dune joue meurtrie, un avant bras lacérés de quelques coupures, le grès brisé venu grossièrement sy planter.
Quétait-il en train de lui arriver ?
Quel mal sen venait soudain la frapper ?
Et si là nétait quun mal pour un bien
Deux jours à peine que les malles ont été posées, que les de Courcy et leur valet on prit possession des murs mornes et froids d'une de ces vieilles maisonnées bourgeoises qui durant longtemps a dû restée vide d'habitants.
Il n'est pas une pièce aujourdhui, qui ornée d'une cheminée, n'est pas reçue en son foyer bûches nécessaires à nourrir un feu ardent. De ces feux, qui, doucement, réchauffent l'air ambiant et fredonnent de leurs chants crépitant et apaisant, tandis que dehors, bat inlassablement contre les vitres et la pierre, les pluies mêlées aux bourrasques de vent et à la tombée des neiges.
La déchéance du temps, Briana s'en fait spectatrice depuis cette chambre qu'elle n'a quasiment plus daigné quitter depuis leur arrivée. Éléanore, poupée longtemps délaissée, est depuis même venue la retrouver. Quelques temps abandonnée au fond d'une malle, et elle en avait été ressortie Elle, seul objet qui permettait encore à la jeune de Courcy de se raccrocher à ces souvenirs d'un temps passé. De ces moments où ensemble, arpentant les chemins de Dieppe au Mans, du Danemark au Royaume de France, avait été partagé tous ces instants de bonheur, de douceur qui semblaient être si loin à présent.
La Normandie, le Maine... Ribe... Tous semblait si loin,.. Trop loin , alors qu'elle était venue se perdre ici, en Languedoc. Comté totalement étranger qui ne lui offrait aucun repères. Lieu où elle avait craint daller certaine de ne rien y trouver daussi bon que ce quelle avait pu connaître aux côtés de sa Marraine dont on lavait privé. Elle lavait quitté Elle et tout les autres, pour aller retrouver cet Autre qui lui avait tant manqué. Celui dont on lavait privé aussi, sous peine quil ne la revoit plus jamais. Au fond delle, la joie était là, discrète, mais bien présente de lavoir là, près delle, mais pour autant, elle se sentait toujours aussi esseulée.
Un seul être vous manquait et tout vous paraissez dépeuplé. Foutu adage qui disait vrai
Et le seul endroit où elle arrivait encore à se sentir à peu près bien, restait lorsqu'elle se cloîtrait entre les quatre murs de cette chambre qu'elle occupait. Parce que comme dans une bulle, elle s'y enfermait, s'y laissant transporter dans d'innombrables songes, loin du chahut du monde extérieur... Ce monde qui lui rappelait qu'elle n'était plus chez elle désormais.
De temps en temps, quelques visites réussissaient à len faire sortir, la poussant même jusquà mettre le nez dehors. Tout était fait pour aider la jeune fille à se familiariser avec les lieux, allant de ces déambulations quotidiennes entre les divers étals quoffraient le marché, le partage de quelques chauds breuvages là de les réchauffer, et qui plus est, leur permettant de se confondre un peu à la population, mais rien ny faisait. Briana était certes là, mais le cur lui ? Où était-il ? A mille lieues de là.
Bien loin de toute cette haine entretenue, qui ne faisait que gonfler afin de mieux se déverser sur les membres de sa famille, telle une tempête qui, après sêtre nourrie, venait faire sécrouler tout ce quon avait, ou tout du moins essayé, de reconstruire, comme un simple souffle serait capable de faire sécrouler nimporte quel château de cartes.
La souffrance est là, pour elle, de voir deux êtres quelle aime se déchirer à nen plus pouvoir se supporter. Depuis des années, des mots, elle en a entendu, des gestes, elle en a vu Et si jadis elle nen comprenait pas le sens, aujourdhui, les choses avaient changées. Elle aussi était touchée. Peinée de voir sa mère blessée par de cruelles vérités. Meurtrie de voir en son cousin une noirceur décuplée. Les mots sont assassins qui sinsinuent à lesgourde, se gravent à lesprit et piquent le cur. Il la crève de douleur, font se faner la fleur. Et personne ne voit rien.
Si seulement chacun pouvait y mettre un peu du sien Voilà qui aiderait peut-être.
Peut-être à retrouver un climat plus serein.
Quelques uns de ces instants qui lui avait été promis avant même quelle narrive jusquici.
« Comme à Ribe, comme avant Comme cela aurait toujours dû lêtre »
Mais alors où étaient-il ce temps, celui davant ?
Elle aurait voulu quil se présente maintenant, laissant derrière elle, les réticences, les haines, les calomnies. Oublier le mal, pour ne plus voir que le bien. Mais sans doute pour cela devrait-elle laisser le temps au temps de faire son uvre. Cesser de simmiscer dans ces histoires dadultes encore quelques temps, comme elle sévertuait à le faire en restant enfermée, passant de sa couche au petit mobilier qui faisait office de coiffeuse, et devant laquelle elle prenait temps de sasseoir pendant que sa mère, coiffant ses long cheveux, faisait face à ses silences. Et puis nétait-ce pas mieux ainsi . Pour elle, il allait sen dire que si. Elle était mieux ici, tandis que ses forces samenuisaient à vue dil.
Ce jour, la Môme était restée alité bonne partie de la journée, refusant encore de se lever, repoussant une fois de plus le plateau quon lui avait monté, le laissant à labandon sur une table trônant au milieu de la pièce. Un plateau, qui comme tous les autres, repartirait intact en cuisine, donnant à sa mère de poser sur elle de ces regards évocateurs de mécontentement, le tout accompagné dune inquiétude certaine. Mais ce nud qui lui tordait les viscères, martyrisant ses entrailles, laurait empêcher davaler quoi que se soit. Il ny avait bien quun peu de lait ou deau alors qui parvenait à glisser le long de sa gorge, mais encore fallait-il quelle se force à lavaler.
Une eau que pourtant son corps sétait soudainement mis à réclamer à outrance.
A ses côtés, jouxtant sa couche, se trouvait un chevet sur lequel avait été posé un calice rempli dune eau claire et fraîche. Après un effort pour sêtre redressée, main lavait enserré pour le porter aux lèvres froissées dêtre trop sèches. Chaud Elle se sentait prise comme dans un gouffre. Comme si le feu à lintérieur delle lavait gagné. Chaleur dun état fébrile qui était venue chasser la froideur qui lavait enlacé de ses bras jusqualors.
Dun geste, le tout de ce qui la couvrait avait été rejeté sur un côté du lit, prête à se lever, avec lidée daller plonger ses mains dans un petit bassin mis à sa disposition près duquel une cruche attendait de voir son contenu y être déversé.
Doucement, les deux jambes que lon devinait amaigries furent passées en bord de couche, ses pieds nus épousant un sol parqué de carreaux de terres cuites. Agréable fut la sensation au contact offrant un appréciable degré de fraîcheur.
Bras tendu, elle vint refermer sa main sur le bois bordant les pieds du lit. Un appui nécessaire pour que la Mini de Courcy trouve enfin la force de se hisser sur ses deux jambes, son poids se faisant lourd à supporter. Quelques pas chancelants furent fait et les yeux soudainement relevés étaient venus trouver point fixe sur le bassin quelle tenait tant à rejoindre. Et Dieu quil lui semblait loin et la pièce qui doucement se mettait à tanguer comme on se trouvait sur le pont dun bateau luttant contre la houle, ses mains serrant le vide à la recherche dune possible accroche mais en vain.
Cétait tout son monde qui était en train de sébranler Ses membres se mettant à trembler. Elle aurait voulu crier alors, mais ny parvint pas. Sa voix était là, prisonnière de son être, refusant de se laisser aller à léclat. Dextre et senestre apposées sur ses tempes, sa vision brouillée, apeurée, cest sans comprendre quelle se senti tout à coup défaillir, ses dernières forces labandonnant.
Au vacarme quelle fit en tombant, entraînant dans sa chute la petite vasque et la cruche de mettre en alerte la maison.
A ses yeux plus de lumière, aux esgourdes plus de son. Seul à sa bouche et en sa gorge se faisant encore sentir un léger arrière goût de sang. Dans sa chute, quelques blessures Lintérieur dune joue meurtrie, un avant bras lacérés de quelques coupures, le grès brisé venu grossièrement sy planter.
Quétait-il en train de lui arriver ?
Quel mal sen venait soudain la frapper ?
Et si là nétait quun mal pour un bien