Alphonse_tabouret
(*) Proverbe français.
(La veille)
Sa dernière escapade dans le coin lui avait semblé incroyablement lointaine sitôt quil eut posé un pied en ville. Quelques jours lui avaient été gracieusement accordés pour disposer dun peu de temps libre en remerciement de ses services auprès de la blonde duchesse. Un travail honnête, songea-t-il dans un brin dironie en remontant les rues dans lair vif de lhiver, avalant toujours mal le gout de cette servitude imposée par le cout de ses choix malgré la chance quil avait davoir pu trouver un tel emploi. Il nallait plus au gré du vent mais au gré des obligations de Sa Grâce, ce qui dans le fond, ne manquait pas non plus de charme, il fallait lavouer, et savait même parfois, étrangement le contenter.
Il avait dépensé les premières heures pour lui. Chaque geste avait été fait, chaque folie assumée, chaque verre vidé. Le fauve avait englouti jusquà la dernière miette de son repas et se présentait avec enfin limpression dêtre rassasié à cette nouvelle journée, espérant que sil pouvait toujours lui arriver de porter un coup de griffe, il serait assez repu pour ne donner aucun coup de croc.
Ses pas le menaient à latelier de la gitane, jonglant entre la douceur féroce des souvenirs et leur amertume Car au final, il y avait été forcé à choisir entre lenvie et la soif Ce départ insipide sans rien sous le bras, sans plus rien dans les poches, restait comme une ombre qui aurait terni irrémédiablement cette joie neuve quAxelle lui avait offerte grâce à ses talents. Quétait il resté de lui sous la tête de la sauvageonne ? Un tableau abandonné ? La texture de ses cheveux au bout de son doigt ? Un mot à vif dans la peinture ?
De son coté, il avait soigneusement écarté toutes les images trop vives qui aiguisaient son imagination dés lors quil se surprenait à penser à elle et si certaines, plus pleines, avaient forcé le passage jusquà ses pupilles rêveuses, il les avait délaissées en sabandonnant à celles qui disaient oui, qui dansaient avant, maintenant et danseraient encore après Et ça lui avait suffi. Car ainsi avait il choisi de se bâtir : Imperméable et délicieusement distant à tout ce qui aurait pu le toucher de trop prés, trouvant dans la moindre futilité du corps ou de lesprit, une distraction nécessaire à séchapper de ses tourments. La vie était bien plus facile de cette façon
Mais le plus ironique nétait pas là.
Le plus ironique, cétait cette bile joyeuse qui lavait inondé quand il avait reçu sans sy attendre, soigneusement enveloppé, son portrait en provenance de lAtelier. La violence de son contentement lavait saisie au plus profond, fauchée au même moment par une amertume pleine et épaisse.
Il lavait son tableau. Mais à quel prix ?
Axelle avait forcément eu vent de lhistoire, et les mots abandonnés sur le papier "Pour vous, A." , signifiaient bien quelle avait payé ce quil navait pas pu soffrir. Et cela lavait rongé dans son orgueil, narrivant pas à déterminer si le geste dAxelle était plein de dédain ou de douceur.
Trois jours donc, à se dépenser en tout pour trouver le courage de se présenter à elle, prêt à subir la foudre, ou le sourire rare de la brune.
Arrêté, en face de la boutique, il jeta un regard à lintérieur, envieux de cet univers auquel il sétait fermé laccès, se demandant si Axelle était à son bureau, de qui elle peignait le portrait, contre quoi elle ronchonnait
Chopant par lépaule un de ses mômes qui erraient dans les rues à laffut dune pièce à gagner tandis quil passait devant lui, il lui proposa laffaire du siècle :
-Deux écus pour toi si tu rentres là dedans, que tu y trouves une dénommée Axelle et que tu lui donnes ceci. Il extirpa un petit sachet de sa poche, laissant fleurir un bouquet dépices sucrées entre eux. Deux de plus si quand elle te demande de qui ça vient
Louis avait accepté bien sûr. Il nétait pas sur davoir tout compris, mais avait saisit lessentiel : 4 écus facilement gagné pour livrer des fruits confits à « une jeune femme brune, pas plus haute que ça, pas commode, mais qui a des hanches de danseuse » Et après avoir demandé son chemin au premier membre du personnel quil avait croisé, jugeant que ce serait plus simple, il avait trouvé sa route sans aucun mal.
Il poussa la porte de latelier dAxelle, la trouvant la mine froncée, les cheveux sur le museau, perdue dans ses réflexions en rangeant des pastels, et annonça de but en blanc, en fendant la distance jusquà elle pour lui tendre le sachet :
-Bonjour mdame. On ma demandé de vous donner ça
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(La veille)
Sa dernière escapade dans le coin lui avait semblé incroyablement lointaine sitôt quil eut posé un pied en ville. Quelques jours lui avaient été gracieusement accordés pour disposer dun peu de temps libre en remerciement de ses services auprès de la blonde duchesse. Un travail honnête, songea-t-il dans un brin dironie en remontant les rues dans lair vif de lhiver, avalant toujours mal le gout de cette servitude imposée par le cout de ses choix malgré la chance quil avait davoir pu trouver un tel emploi. Il nallait plus au gré du vent mais au gré des obligations de Sa Grâce, ce qui dans le fond, ne manquait pas non plus de charme, il fallait lavouer, et savait même parfois, étrangement le contenter.
Il avait dépensé les premières heures pour lui. Chaque geste avait été fait, chaque folie assumée, chaque verre vidé. Le fauve avait englouti jusquà la dernière miette de son repas et se présentait avec enfin limpression dêtre rassasié à cette nouvelle journée, espérant que sil pouvait toujours lui arriver de porter un coup de griffe, il serait assez repu pour ne donner aucun coup de croc.
Ses pas le menaient à latelier de la gitane, jonglant entre la douceur féroce des souvenirs et leur amertume Car au final, il y avait été forcé à choisir entre lenvie et la soif Ce départ insipide sans rien sous le bras, sans plus rien dans les poches, restait comme une ombre qui aurait terni irrémédiablement cette joie neuve quAxelle lui avait offerte grâce à ses talents. Quétait il resté de lui sous la tête de la sauvageonne ? Un tableau abandonné ? La texture de ses cheveux au bout de son doigt ? Un mot à vif dans la peinture ?
De son coté, il avait soigneusement écarté toutes les images trop vives qui aiguisaient son imagination dés lors quil se surprenait à penser à elle et si certaines, plus pleines, avaient forcé le passage jusquà ses pupilles rêveuses, il les avait délaissées en sabandonnant à celles qui disaient oui, qui dansaient avant, maintenant et danseraient encore après Et ça lui avait suffi. Car ainsi avait il choisi de se bâtir : Imperméable et délicieusement distant à tout ce qui aurait pu le toucher de trop prés, trouvant dans la moindre futilité du corps ou de lesprit, une distraction nécessaire à séchapper de ses tourments. La vie était bien plus facile de cette façon
Mais le plus ironique nétait pas là.
Le plus ironique, cétait cette bile joyeuse qui lavait inondé quand il avait reçu sans sy attendre, soigneusement enveloppé, son portrait en provenance de lAtelier. La violence de son contentement lavait saisie au plus profond, fauchée au même moment par une amertume pleine et épaisse.
Il lavait son tableau. Mais à quel prix ?
Axelle avait forcément eu vent de lhistoire, et les mots abandonnés sur le papier "Pour vous, A." , signifiaient bien quelle avait payé ce quil navait pas pu soffrir. Et cela lavait rongé dans son orgueil, narrivant pas à déterminer si le geste dAxelle était plein de dédain ou de douceur.
Trois jours donc, à se dépenser en tout pour trouver le courage de se présenter à elle, prêt à subir la foudre, ou le sourire rare de la brune.
Arrêté, en face de la boutique, il jeta un regard à lintérieur, envieux de cet univers auquel il sétait fermé laccès, se demandant si Axelle était à son bureau, de qui elle peignait le portrait, contre quoi elle ronchonnait
Chopant par lépaule un de ses mômes qui erraient dans les rues à laffut dune pièce à gagner tandis quil passait devant lui, il lui proposa laffaire du siècle :
-Deux écus pour toi si tu rentres là dedans, que tu y trouves une dénommée Axelle et que tu lui donnes ceci. Il extirpa un petit sachet de sa poche, laissant fleurir un bouquet dépices sucrées entre eux. Deux de plus si quand elle te demande de qui ça vient
Louis avait accepté bien sûr. Il nétait pas sur davoir tout compris, mais avait saisit lessentiel : 4 écus facilement gagné pour livrer des fruits confits à « une jeune femme brune, pas plus haute que ça, pas commode, mais qui a des hanches de danseuse » Et après avoir demandé son chemin au premier membre du personnel quil avait croisé, jugeant que ce serait plus simple, il avait trouvé sa route sans aucun mal.
Il poussa la porte de latelier dAxelle, la trouvant la mine froncée, les cheveux sur le museau, perdue dans ses réflexions en rangeant des pastels, et annonça de but en blanc, en fendant la distance jusquà elle pour lui tendre le sachet :
-Bonjour mdame. On ma demandé de vous donner ça
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