[RP] Cérémonie d'hommage - Adeline septembre 1460

Elle était arrivée un tout petit peu en retard à cette cérémonie d'hommages à la nouvelle duchesse. Cela faisait un moment qu'elle fuyait ce genre de mondanité, et elle avait, un instant, hésité à se débarrasser de cette corvée obligatoire, d'une brève missive où elle aurait plaqué les mots habituels de reconnaissance.

Seulement, cette fois-ci, il s'agissait d'Adeline de Courcy, celle qu'elle préférait nettement appeler Deedee, d'une part en signe d'affection, et d'autre part, en souvenir de leurs débuts à toutes deux, perdues, ignorantes, mais ayant une confiance absolue en leur duché.
Perdue, Matou l'était encore parfois, devant la soif de pouvoir de certains, devant le laxisme d'autres, qui pourtant n'avaient aucun scrupule à se positionner sur le devant de la scène, arguant qu'il fallait faire ci ou ça, mais qui ne faisaient que des courbettes, des sourires hypocrites et autres billevesées. Et Aristote était témoin qu’il y en avait des spécialistes dans ce genre de domaine.
Ignorante, elle était consciente de ne pas tout savoir, mais au moins, elle le reconnaissait et ne se hasardait jamais sur un sujet qu'elle ne connaissait pas.
Quant à sa confiance envers son duché, il y avait bien longtemps qu'elle n'avait songé en ces termes à la Normandie. Celle-ci restait sa terre de naissance, et, pour ne pas la détester, elle avait préféré s'en éloigner durant quelques mois.
Souvent, elle songeait à son cher mari, Horloger, et secouait la tête. Le pauvre devait surement se retourner dans sa tombe s'il pouvait entrevoir, ne serait-ce qu'un dixième de ce qu'avait vécu la Normandie, depuis sa mort.
Non pas que ce fusse mieux avant, mais au moins il y avait plus de solidarité, plus d'entraide, elle avait l'impression que les grands, les sages s'étaient mis en retrait, las et désabusés, et cela lui faisait terriblement peur.

C'est avec toutes ses pensées à l'esprit qu'elle s'avança dans la grande salle, un peu essoufflée.

Elle vit tout d'abord un petit jeune homme, vraisemblablement un domestique, elle lui sourit et s'arrêtant à son niveau, elle lui dit:

- Boujou! et bien, il semblerait que je sois légèrement en retard...ohh..je suis la marraine de la dame là-bas qui reçoit les hommages...Hum...je vais devoir faire le tour de tout ce bon monde...

Elle balaya alors la salle du regard...voyons voir...que recommandait la noble attitude? Ah oui...sourire, saluer...C'est ce qu'elle entreprit de faire. Elle les connaissait tous, pour avoir, à un moment ou à un autre travaillé avec eux, ou pour eux, dans l'ombre bien souvent. Ça lui convenait ainsi.
Elle en appréciait certains plus que d'autres, pour l'amitié sincère qu'ils lui avaient témoignée à la mort d'Horloger, mais aussi parce qu'elle les savait dignes de confiance.

Elle salua avec plaisir le Héraut, avec laquelle elle avait partagé des cours à l'Hostel Dieu, et qu'elle avait veillée alors que celle-ci s'était faite gravement blesser entre Rouen et Fécamp.
Puis ce fut au tour d'Akane, fraichement remariée et de son époux, elle les félicita tous deux.
Elle salua ainsi tous ceux qui étaient déjà là, le juste Julien, Anya, filleule du Duc de Thorigni, dont elle avait partagé le nom durant de nombreuses années, Jamie, radieuse "jeune" épouse, le Vicomte de Conches...Elle salua Jason Maccord qu'elle avait reçu au phare et sourit en se souvenant de la frayeur que lui avaient occasionné ses chiens. Elle lui dit espiègle:

- Le boujou Jason, ainsi, vous êtes venu sans vos molosses...dommage, cela aurait peut-être mis un peu d'animation...

Puis, elle se dirigea vers Aégidius, pour lequel elle avait un profond respect. Elle vit avec satisfaction qu'il avait l'air en forme malgré son grand âge, et ses mésaventures de ces dernier mois. Pour elle c’était un roc, imperturbable, inébranlable. Elle s'inclina devant lui et dit d’un ton rieur :

- Duc de Tancarville, je suis ravie de vous voir ici...la dernière fois, vous n'avez été qu'une ombre sur ce foncet qui nous menait de Rouen à Troyes...
Je ne vois pas Lizie...j'espère qu'elle ne va pas tarder, j'ai à l'entretenir d'un sujet qui continue de nous opposer mais qui pourrait relever d'une affaire de duché..la qualité du calva...Du reste, j'ai bien failli rapporter quelques bouteilles de calva de Fécamp pour notre nouvelle duchesse, mais une angoisse m'a soudain saisie..Et si, pour une raison étrangère au calva, Adeline était tombée malade, on aurait pu m'accuser d'avoir voulu l'empoisonner...vous voyez dans quel pétrin je me serais retrouvée?
Mais, je vous prie de m'excuser, je suis une impénitente bavarde...

Elle l'écoute, un peu surprise mais heureuse aussi. Le duc a la réputation de ne point être bavard et bien souvent ses propos sont d'une lucidité acerbe justifiée. C'est ce qui lui plait chez lui, la franchise et cette tranquille assurance.

Elle rit doucement, loin d'être offusquée, quant à son analyse du calva, se souvenant d'une soirée en taverne où, avec une nonchalance dont lui seul pouvait faire montre, il avait affirmé que le calva dieppois sentait le hareng. Il aurait fallu peindre la tête d'Alizarine à ce moment-là.

Elle hoche doucement la tête, sachant parfaitement que cette chamaillerie au sujet du calva, entre elle et Lizie, n'est que légèreté et moyen de faire rire cette dernière quand elle n'en a pas toujours l'envie. Leur amitié s'était construite au fil des années. Encore une personne qui, pourtant si décriée par les mauvaises langues, était là, vacillante parfois, mais jamais à terre.

Et lorsque le duc l'invite à se tenir à ses côtés pour attendre son tour de rendre hommage, elle y voit là un grand honneur, elle accepte en souriant.
Pourtant, son sourire se fige, lorsqu'il lui murmure:



Elle fait une petite moue, que répondre à cela? Que Lizie est amoureuse, qu'elle attend tant et si peu finalement, rien, en tout cas, qu'il ne puisse pas lui donner. Matou a écouté Lizie se confier, elle a essayé de trouver les mots justes..difficile toutefois d'ignorer cette lueur de tristesse dans le regard de l'Ardente, difficile aussi de ne pas voir qu'elle s'étiolait, perdant espoir. On peut mourir d'amour, l'Ardente se faisait indolente.

Elle se risque alors et souffle au Duc, tout en suivant du regard les premiers hommages:

- Lizie se languit, elle fait face pourtant...Lizie vous attend et vous le savez...oui, vous avez été bien égoïste, mais cela se rattrape...

Elle se mord la lèvre, elle en a peut-être trop dit, elle rougit de son audace. La cérémonie se poursuit, elle n'y prête que peu d'attention. Pour autant, elle ne regrette pas d'être venue.

Sujet de brouille ! Il ne voulait pas y aller, arguant qu’il n’avait pas le temps, qu’il y avait encore des choses à faire et à préparer pour la chasse avant l’hiver mais rien à faire, elle tempêta et vociféra, pleura et chouina tant et si bien qu’il capitula en marchandant deux robes sur les vingt et une qu’elle voulait commander pour sa chancellerie… après tout, il considérait que vingt et une robes était largement exagéré.

Prochaine étape, en marchander encore deux, et on arrivera à une garde robe cohérente. C’est en pensant à cela qu’il plaça sa main dans le dos de sa belle pour la faire galamment passer devant lui en entrant dans la salle des hommages.

Était-- ce un domestique là à l’entrée ? Pour le reste, peu de monde, mais qui valait le détour. Et la Duchesse qui se languissait sur son trône… sourire amical à Adeline d’un air de dire, « courage » et un aimable bonjour à sa supérieure, Normandie.

Salut à Akane et son époux

Duchesse… Excellence Sindbad, décidemment, ces temps ci, les festivités battent leur plein.

On continue, la blanche, peu connue, peu fréquentée

Bonjour Duchesse… encore une

Ah, lui y’avait un sacré moment

Julien ! Heu, Marquis, quel plaisir de te revoir, qu’est ce qui t’a tenu éloigné de la vie Normande et militaire royale si longtemps ?

Il lui avait manqué, aucun doute, mais tout passe…

Un signe de tête sans s’arrêter au perroquet malfaisant, un bonjour poli au capitaine larmoyant et de continuer, gardant les meilleurs pour la fin.

Dame Matouminou, voilà un bon moment que je ne t’ai vu ! Comment vas-tu ? et les enfants ?

Inutile de dire que la dernière fois, c’était sur l’Héméra alors qu’il avait été la chercher, elle et son … comment dire, amant ? Homme ? Bref, il se souvenait encore qu’il n’avait pas aimé que le capitaine dicte la loi sur son bateau, ce que bien sur, ledit capitaine apprécia fort peu.

Et de poursuivre en saluant et en faisant une bise amicale à sa vassale, la jeune mariée et fraiche baronne d’il et ne savait plus trop quoi.

Puis d’aller se mettre aux cotés de son lige, un sourire heureux et une franche poignée de main à l’ami.

Tancarville, mon ami. Bon sang que je suis content de voir que tu as eu le fin mot sur tes blessures !

Adeline qui semblait attendre, il était peut être le moment d’en profiter, il sera bien temps plus tard de tailler le bout de gras avec les autres. Un regard à tous comme pour s'excuser de laisser en plan les conservations et les rassurer, il y reviendra, puis de déclarer en avançant vers le trône.

Personne pour dire qu’il sera là pour t’aider et t’assurer de son soutien ? Alors, j’y vais. Voilà qui tombe plutôt bien, j’ai une chasse à organiser et…

Inutile d’en ajouter

Droit comme un I, le regard franc mais debout sur ses deux pieds

Moi, Asti de St Aubin Routot, Vicomte du Mont Canisy, présente ce jour mon hommage… petit gratouillement de gorge, bon sang qu’est ce qu’il ne fallait pas faire… au Roy de France, Vonafred, représenté ici même par la Duchesse de Normandie, Adeline de Courcy .

Par ailleurs, je m’engage à lui prodiguer respect, aide et conseils en plus de mon amitié qui lui est acquise.

Les hommages trainaient, elle songea qu'il éait grand temps qu'elle aille faire son devoir, tandis que Jason Maccord se présentait devant la nouvelle duchesse.
Soit, elle attendrait encore un peu, bien que la soif commençait à se faire sentir.
A ses côtés, le vieux duc s'était fait silencieux. L'avait-elle désobligé? Elle se gourmanda intérieurement..."tu n'es qu'une sotte, Matou, tu parles bien trop!!, mais c'était plus fort qu'elle dès lors que cela concernait les amis.

Elle balaya encore une fois du regard la salle, nombreux manquaient à l'appel.
La porte s'ouvrit laissant passer le jeune Ewald, derrière lui, sa mère, Alizarine suivait. Un sourire s'afficha sur le visage de Matou. Toutefois, elle se força à ne point se précipiter vers elle, d'autant qu'elle s'était arrêtée à la hauteur du Vicomte de Conches pour échanger quelques mots et présenter son fils, du moins c'est ce qu'il lui sembla.

A peine la porte fermée que déjà elle se rouvrait, laissant apparaitre cette fois, un couple cher au cœur de Matou: Asti et sa douce Johane.

Elle était heureuse de les revoir. Cela faisait un moment. Trop longtemps à vrai dire. Elle se souvint du retour d'Angleterre, sur l'Héméra, au printemps dernier, et d' Asti lui confiant le gouvernail quelques heures, une grande confiance qu'il lui avait témoignée là.
Un autre souvenir lui revint à l'esprit, moins heureux, un détail aux yeux de Matou mais qui n'en était apparemment pas un pour Asti, au vu de sa réaction. Elle ne l'avait jamais vu en colère, de cette froide colère qui vous glace le sang. Matou s'était excusée de vive voix et par écrit...La spontanéité de son compagnon ne plaisait pas à tout le monde, et elle savait qu'il y aurait surement d''autre petites entorses, d'autres anicroches..Pour autant, cela ne l'inquiétait pas outre mesure. Elle était heureuse comme elle ne l'avait plus été depuis la mort de Horloger.

Asti l'avait donc saluée:



Et Johane s'était approché pour l'embrasser avec chaleur, elle le lui rendit avec affection.

Puis, elle les salua d'un grand sourire franc où s'exprimait toute la joie qu'elle avait de les revoir, elle leur donna quelques nouvelles rapidement...oui, les enfants allaient bien...et elle aussi...les travaux du domaine l'occupaient, il devait être prêt pour l'hiver...Elle demanda, à son tour, des nouvelles du petit Adhémar...

Enfin, elle écouta Asti saluer le Duc de Tancarville puis se diriger d'un pas décidé vers le trône.
Elle entendit la question de Johane au Duc. Sans doute celle-ci n'avait-elle pas fait attention.

Conches regardait la Cérémonie qui se déroulait sans encombre. Il faut dire que les cérémonies devenaient de plus en plus sans encombre car on n'y voyait de moins en moins de Nobles Normands...

Etait ce un bien ou un mal? voilà un question qui pourrait être poser un jour...mais il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus, il fut interrompu dans ses pensées.

Bonjour vicomte de Conches, j'aimerais vous présenter mon fils qui a entendu parler de vos combats et batailles. Il voulait vous être présenté malgré son jeune âge. Aussi je me permet de vous importuner.

Conches salua les deux personnes qui se présentèrent à lui, il s'agissait d'Alizarine et de son fils...Conches ne connaissait pas ce dernier ou du moins il ne s'en souvenait plus.

Heureux de vous revoir...
Veuillez m'excuser de mon étonnement mais je ne me souvenais plus que vous aviez un enfant.

Je suis heureux d'entendre qu'un si jeune enfant connaisse mes faits d'armes, vous devez surement lui narrer l'Histoire de nostre Duché et vous avez bien raison...c'est ainsi que l'on peut se souvenir de ce que nous sommes et de transmettre cela à nostre jeunesse.

Il regarda l'enfant...

Salutation, jeune Normand, Pierre de Courtalain dict "Patsy", Capitaine Royal de Normandie...

Conches lui tendit la main...

Le vicomte et elle ne s'entendait pas très bien. Elle n'aimait pas la manière générale de se comporter de Patsy mais elle lui reconnaissait quelques qualités. Elle l'avait encore vu cet été quand il avait fallu former l'armée de Rouen il avait dit sans ambage a la régente que vu le temps qui avait été mis pour construire ce groupe on aurait du le surnommer la douloureuse. Et sur ce point Lizie était totalement d'accord. Bref elle parlait a son fils elle lui apprenait ce qu'elle savait de la politique et de l'histoire Normande et bien sûr Patsy en faisait parti.

Il n'y a aucun problème a ne pas se souvenir de tous les membres des familles Normandes. Moi même j'en oublie parfois.
Je tente que mon fils ne soit pas un Normand que de nom mais aussi de coeur.

Puis elle posa sa main sur la tête de son fils qui se tenait a ses côtés et le regarda rendre avec un certain protocole le salut au vicomte.

Pardon vicomte je ne sais si vous avez fait votre hommage mais je vais saluer des amis et vous permettre de suivre en toute tranquillité la cérémonie.

Ses yeux balayèrent alors rapidement la salle. Les Giffard.. ceux la depuis la fin du mandat de Jglth comme Duc elle n'avait plus d'affinité avec eux. Elle les laissa donc a leur cocon familial.
Bien entendu la salle n'étant pas non plus immense,elle avait vu Matouminou mais aussi la personne a côté d'elle et d'une certaine façon elle avait tenu une promesse et reculé l'échéance de la rencontre. Néanmoins de nouvelles personnalités Normandes étaient entré et avait rejoint le petit groupe. Alors la main de son fils dans la sienne, Lizie se dirigea vers Johane, Matouminou et Gidius.
Asti allait surement les rejoindre puisqu'il venait de terminer son serment.Adeline duchesse. Une autre Dieppoise.

Bonjour...

et un blanc.

Hum.. Matouminou comment c'est passé ton voyage de retour? Tu n'a pas eu de capitaine aussi sérieux que Asti et qui fait astiquer le pont a notre "pauvre Johane"?

Oui cela faisait un peu cheveux sur la soupe comme entrée en matière.Elle tenta donc de l'adoucir par un léger sourire vers les deux femmes en présence.

Toujours droit comme un I, encore à la joie de revoir son vieil ami Le Long qui l’inquiétait cependant en parlant des « autres » blessures, il n’avait pas vu, caché derrière le Larmoyant, une Duchessa et son fils… son fils ? Se souvenait-il de lui ? Que nenni, mais peu importe, dès que la Duchesse aura accepté ses hommages, il retournera à ses amis prendre de plus amples nouvelles.

Il entendait les voix joyeuses de Johane et de Matou derrière lui qui papotaient, heureuses de se retrouver. Les nouvelles allaient bon train, quand, tout occupé à passer le temps à essayer d’en ouïr quelques bribes il se sentit bousculé sans ménagement.

Tête tournée à droit, le Vicomte de Vire ! qui semblait ne pas l’avoir vu et y allait de sa tirade.

Le barbu éclata de rire

Ah mais bonjour vicomte ! Dites, si vous ne m’avez pas vu, n’en profitez pas pour me marcher sur l’orteil, parait qu’il chante et en plus, il chanterait faux.

Il lui tendit une main aimable en guise de salut et ajouta

Je crains Leda qu’il ne vous faille attendre un peu que mes hommages se terminent et que notre Duchesse accepte les miens avant d’y aller de votre tirade, à moins qu’elle ne puisse accepter les deux en même temps, mais je vous jure qu’il n’y a que cela que je veux bien partager avec vous.

Sourire vers Johane, coup d’œil vers Asti qui venait de finir de rendre ses hommages et attendait que Deedee les accepte...quand soudain, le Vicomte de Vire entra et, sans doute pressé de se débarrasser de son devoir, alla présenter, lui aussi, ses hommages.
Matou mit sa main pour étouffer un rire surtout en voyant la tête d'Asti.
Elle se pencha vers Johane et lui murmura en désignant du menton la scène :

- Notre vicomte de Vire est sans doute subjugué par la beauté éblouissante de notre nouvelle duchesse...

C'est alors que Lizie s'approcha du petite groupe qu'ils formaient et les salua. Matou lui sourit. Il y eut comme une légère tension, presque palpable.



Elle lui fit la bise...pourquoi Lizie était-elle si guindée en public? Elle affichait un air presque sévère, qu'un léger sourire adoucissait à peine.

- Ah mais moi, j'ai résolu le problème Lizie, c'est moi le capitaine et c'est moi qui donne les ordres et fait travailler les matelots!

Elle fut sur le point de lui demander de ses nouvelles, mais se retint, il est préférable parfois de ne pas poser ce genre de question, aussi se contenta-t-elle d'une banalité très mondaine qui ne tromperait pas Alizarine :

- Je te trouve en grande forme Lizie...le fait de ne plus être au CD sans doute...

Du coin de l'oeil, elle surveillait comment allait se terminer les hommages d'Asti et de Leda, bien décidée à prendre le tour prochain.

Ma foi, pour le coup, voilà bien des hommages particuliers. Rien à voir avec ce qu’il avait toujours vu, pratiqué et entendu. Après tout, l’empressement du vicomte de Vire pouvait se comprendre… quoiqu’il n’était pas connu pour être quelqu’un d’expansif. La duchesse devait sacrément lui faire de l’effet ! Le barbu de sourire de toutes ses dents à l’évocation de cette pensée, de s’incliner devant la duchesse et son clin d’œil puis de jeter un regard vers Normandie pour s’assurer que les hommages étaient en bonne et due forme.

Elle allait répondre a Matou et Johane quand un bug dans son cerveau se produisit. Si si tout a coup sa tête se tourna croisa le regard de Gidius qu'elle avait évité jusque là et BIPPPPPPPPPPPPPPPPPPPP cerveau endommagé.

Comment vous n'y croyez pas? Et bien pourtant sur le moment c'est exactement ce qu'elle eu l'impression de subir car elle cru entendre le mot douce comme si celui ci lui était attribué et en plus sortant de la bouche de celui qui lui faisait battre le coeur. Une fois les impulsions électriques de nouveau en marche pour les neurones sa première réaction aurait été de dire t'es malade? tu n'est toujours pas remis de tes blessures? Y'a un soucis? Vous voyez ce genre la. Mais il faut bien dire que vu le desert qu'elle venait de traverser en matière de coeur ses réactions n'étaient plus aussi spontanées.
En parallèle de tout cela son cerveau enregistra néanmoins l'empressement de Leda.Alors elle adopta la même attitude et fit "comme si".

Je me cachais Johane mais permet moi de te présenter mon fils Ewald. C'est que comme tout les petits garçons il rêve de combat et la présence du capitaine était une aubaine pour lui. Sinon je vois que ton Asti a failli se faire prendre la place.

Déjà Ewald allait rejoindre le buffet pour prendre quelques gourmandises. Johane semblait en bonne forme. Cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas vue , alors quand Gidius ajouta son propos sur le maritime elle continua et saisit "la perche." Un doigt sur les lèvres les yeux légèrement levé elle fit mine de réfléchir.

Les Anglais donnent le nom de femme, cela ferait quelque chose comme :Princess Johane et Beauty 's Matouminou

Elle n'était pas douée en anglais mais ses femmes valaient plus que certains.Et c'est donc avec un vrai sourire qu'elle imagina la chose. Peut être qu'elle avait mal compris peut être plein de choses mais tant pis.

Curieux le tour que pouvait prendre la conversation, l'interprétation des mots, des phrases, des silences aussi...
Elle sourit aux propos du Duc sur une "féminisation" de la marine, et fit la moue au terme de "marainage".

- Je n'aime guère ce terme, ça rime avec naufrage...l'on verrait alors en nous des sirènes dont la beauté n'a d'égal que leur cruauté!

Puis, elle se regarda le jeune Ewald se diriger vers le buffet, songeant que les enfants ont bien de la chance d'aller à leur guise et de faire fi des contraintes imposées, notant aussi qu'il avait bien grandi depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu.

Elle revint à la conversation en entendant Lizie et s'exclama en riant:

- Magnifique!! tout bonnement magnifique! Princess Johane et Beauty 's Matouminou...j'aime beaucoup!!et on pourrait imaginer également un nom de bateau à la consonance italienne aussi...ça donnerait "Dolcezza Lizia"!

Elle regarda d'un air malicieux Lizie. Puis hocha la tête quand Le duc demanda qui prenait le tour.

- Et bien je vais me lancer...il est temps...et j'ai soif et faim!

Oui, ce n'était pas très protocolaire, mais elle était sûre que beaucoup étaient comme elle. Elle leur fit un sourire puis se dirigea vers Deedee, la regarda en souriant, fit une révérence puis mit un genou à terre et prononça ses hommages:

- Nous, Matouminou, dame de Guilberville, rendons hommage à Sa Majesté Louis Vonafred , Roi de France, et ce devant sa représentante Sa Grâce Adeline de Courcy, duchesse de Normandie.

Nous leur assurons par ce même hommage obsequium, auxilium et consilium.

Le vicomte pouffa de rire. Décidément ces hommages ne seraient pas dans la norme ou la noblesse normande avait perdu le minimum de politesse requis. Cette fois, c’était deux femmes qui se prosternaient ensemble sans même se voir l’une l’autre… bon sang de bonsoir, abus de calva ? Sorcellerie ?

Il toussa discrètement pour montrer à ses amis ce que se passait.

Hum hummmm

Revenue auprès du petit groupe, elle dirigea son regard vers le buffet. Elle sentit son estomac se rebeller, fort heureusement quelqu'un toussa à ce moment-là;. Elle regarda Asti , car c'était bien lui qui avait toussé, et fut sur le point de lui dire: "Dis Asti, pourquoi tu tousses?" mais elle se retint, se contentant de suivre son regard.

Elle ouvrit alors de grands yeux et ne put s'empêcher de rire doucement.

Elle dit tout bas, afin de ne pas perturber la cérémonie:

- Je trouve cette nouvelle façon de rendre hommage plutôt intéressante...deux par deux, à la queue leu leu... une basse danse en somme...Qu'en pensez vous?

Et de les regarder, espiègle, décidément, cette cérémonie ne ressemblait à aucune autre!

Témoin muet de la brouille que lui signifiait Lizie en ne répondant pas à son salut. Peut être même qu’elle avait donné les consignes à son fils qui n’avait pas répondu non plus… bon… il aurait eu à cœur d’écrire, la liste de ceux qui lui battaient froid s’allongeait. Ne laissant rien paraitre, il s’appuya sur son ami de toujours et peu importait qu’ils partagent certaines idées ou pas, amis ils restaient.

Où nous en étions ? hé bien… parbleu il lui démangeait la langue de dire à répondre à un bonjour, mais il réussit à s’abstenir, d’autant que Lizie faisait à présent bonne figure et parlait à Johane.

Je disais que j’aurais l’impression de perdre l’exclusivité si Johane donnait son nom à la marine Normande…

Imperceptible froncement de sourcil, une moue vite réfrénée...pourtant Matou sentit son cœur se serrer en entendant et observant la réaction du vieux duc. Il ne se laisserait donc jamais aller à la moindre manifestation aimable vis-à-vis d'Alizarine?
C'est une chose qu'elle avait du mal à concevoir. Il est vrai qu'elle n'était pas un exemple de respect protocolaire et qu'elle portait sa noblesse avec légèreté, mais point de cette légèreté irrespectueuse et égoïste...non...elle avait des valeurs auxquelles elle ne dérogerait jamais, telles que la loyauté envers ses amis, son duché, la fidélité et le courage...le seul reproche qu'on pouvait lui faire, c'était bien souvent d'agir avec son coeur.

La conversation avait repris entre Asti et Aégidius. Lizie faisait bonne figure. Matou lui sourit en voyant son regard se poser sur son ventre. Décidément, rien ne lui échappait. Pourtant, elle avait prit soin de mettre une houppelande dont les replis et superpositions d'étoffes, pouvaient tromper. Pour autant, Lizie avait été une des premières à qui elle avait confié son état.



Son sourire se figea et elle ne put retenir une grimace:

- Arfff, Lizie, j'ai énormément d'affection pour Lave, mais elle a ses limites dès lors qu'il s'agit de confier ma vie et celle de cet enfant à venir, entre ses mains, je sais bien qu'on dit de nous, les fécampois, que nous sommes parfois animés d'une légère folie, toutefois, nous ne sommes pas inconscients...Je ferai appel à Adeline, comme pour mes deux délivrances précédentes...

La conversation se poursuivit encore un peu, les hommes entre eux, les femmes entre elles. Les hommages allaient bientôt toucher à leur fin.
Matou vit Le Vicomte de Vire s'asseoir, un peu à l'écart. Elle se tourna vers Johane et Lizie:

- Je vous prie de m'excuser...

Et dans un froissement de houppelande, elle se dirigea vers lui. Elle fit une petite révérence et lui dit en souriant:

Boujou Vicomte! Votre empressement à aller rendre hommage à notre chère Duchesse m'a fait grandement sourire, n'y voyez, toutefois, aucune ironie de ma part...

Puis regardant Adeline, elle dit avec une pointe de malice dans la voix:

- N'est-elle pas charmante? Et je suis certaine qu'elle ronge son frein en rêvant d'un petit calva....je dois dire que je suis impressionnée de la voir ainsi, immobile, calme...en apparence du moins..

Elle se mit à rire et regardant de nouveau Leda:

Comment allez-vous Vicomte?

Voilà qui prenait tournure... Et Normandie de faire les gros yeux... Soit. Voilà la Matelote qui se présente. Que n'allait-elle parler de cette saloperie liquide consommée sur Dieppe... Décidément les goûts et les couleurs, à moins qu'il ne s'agisse d’égout et d'écouleur...
Maintenant il était certain que cela ne pourrait se faire à deux... quoique. Avant même que la Duchesse puisse répondre il s'approcha son tour et vint prendre le bras de la Matelote.
Un mot à celle-ci en premier.

Cesse donc de prendre tout pour toi, ce retard n'est pas entièrement de ton fait. Si certains malotrus se ruent sur un trône à peine vidé sans se soucier des autres... Quant au reste, le temps et ses caprices, il n'y a que la jeunesse pour s'en offusquer.

Il se tourna alors vers la Duchesse.

Le Boujou très chère. Si tu le permets je profite de l'instant pour réitérer mes "hommages" à la couronne de France, que ma loyauté est toute entière à la Normandie, que mes conseils iront à ceux qui le souhaitent, ou pas, et qui ont en charge l'administration de cette noble terre qui recevra aujourd'hui et demain comme hier toute l'aide dont je pourrai être capable. Sans vouloir être obséquieux, conciliant ni même recourir à un auxiliaire.

Voilà qui était "expédié" et traduisait exactement le sentiment du "vieux" Duc quant à toutes ces simagrées bimestrielles... Puis un sursaut.

J'oubliais! La femme dont j'ai pris le bras à l'instant, malgré les nombreux défauts qu'elle possède, est celle qui m'a fait revivre et redécouvrir un vieux muscle. Bref je l'aime, peut-être pas autant qu'il le faudrait, ni ne lui dit assez souvent mais voilà chose faite et "publiée" puisque déclarée devant vous tous ici présent.

Il l'attire alors à lui et l'embrasse, presque tendrement si l'on excepte la façon un peu rustaude de l'approche.