Anonymous
Mentaïg, qui avait attendu près de la porte, surveillant la course toujours trop rapide du soleil, et se demandant quand elle trouverait le temps de se mettre à ses dossiers en souffrance, entendit enfin l'appel de son nom.
Elle s'avança jusqu'au Duc, consciente des regards vaguement apitoyés jetés à son éternelle robe de guingan gris, qui jurait avec les beaux atours des nobles déjà assemblés.
De longues années ? se dit-elle. J'ai dû commencer au berceau, alors.
Elle évita cependant d'exprimer à voix haute qu'elle n'avait guère plus de vingt-cinq printemps, cela aurait risqué de ternir l'image flatteuse que le Duc faisait de ses qualités diplomatiques.
Dans un coin de la vaste salle, elle aperçut Bacchus, huissier au Castel des Ambassades de son état, et grand ivrogne devant l'éternel, qui écrasait d'un index maladroit une grosse larme roulant le long de son nez violacé. Elle lui adressa un sourire rapide qui éclaira fugitivement son visage toujours aussi peu expressif, plus touchée qu'elle ne voulait le montrer par l'émotion de cet homme.
Ysabeau aussi était là, discrète à son accoutumée, la première qui lui avait fait confiance, à la Mairie de Sancerre, en lui ouvrant le Conseil ; son ami Hugo, également, qui l'avait tant aidée à ses débuts de Chancelière, puis de Maire ; et le Duc George, avec qui elle avait travaillé main dans la main pendant de longs mois à la Chancellerie.
Elle parvint devant le Duc, fit les gestes imposés par le code, prononça les paroles convenues, et attendit, ses yeux verts levés vers lui.
Elle s'avança jusqu'au Duc, consciente des regards vaguement apitoyés jetés à son éternelle robe de guingan gris, qui jurait avec les beaux atours des nobles déjà assemblés.
De longues années ? se dit-elle. J'ai dû commencer au berceau, alors.
Elle évita cependant d'exprimer à voix haute qu'elle n'avait guère plus de vingt-cinq printemps, cela aurait risqué de ternir l'image flatteuse que le Duc faisait de ses qualités diplomatiques.
Dans un coin de la vaste salle, elle aperçut Bacchus, huissier au Castel des Ambassades de son état, et grand ivrogne devant l'éternel, qui écrasait d'un index maladroit une grosse larme roulant le long de son nez violacé. Elle lui adressa un sourire rapide qui éclaira fugitivement son visage toujours aussi peu expressif, plus touchée qu'elle ne voulait le montrer par l'émotion de cet homme.
Ysabeau aussi était là, discrète à son accoutumée, la première qui lui avait fait confiance, à la Mairie de Sancerre, en lui ouvrant le Conseil ; son ami Hugo, également, qui l'avait tant aidée à ses débuts de Chancelière, puis de Maire ; et le Duc George, avec qui elle avait travaillé main dans la main pendant de longs mois à la Chancellerie.
Elle parvint devant le Duc, fit les gestes imposés par le code, prononça les paroles convenues, et attendit, ses yeux verts levés vers lui.