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[RP]Parce qu’on n’oublie pas ses amis, où qu’ils soient...

Adeline.
Rp privé, si vous voulez participer merci d’envoyer un MP à l’un des participant.
Petite précision, ceci étant un rp, n’oubliez pas que si vous joueur vous savez, votre marionnette n’a pas le pouvoir de lire le courrier des autres ^^


      [Quelque part dans une petite maison de Montpellier...]


    Quelque jours maintenant qu’elle était arrivé à Montpellier. Quelque jour qu’elle tentait de prendre ses marques et cherchait ses repaires. Le voyages étaient enfin fini, l’angoisse de la menace s’estompait doucement au coté de son cousin et dans ce comté où il y avait tant de chose à découvrir.
    Tant de choses, certainement, mais pour l’instant Adeline ne songeait qu’a prendre du repos. Ce repos qu’elle n’avait jamais pu prendre en Normandie toujours trop occupé… Toujours trop…

    Le regard perdu par la fenêtre, Adeline regardait cette ville où elle s’était installé, songeant inconsciemment a son domaine en Normandie. Ses champs de pommiers, ses falaises et la mer… cette mer. Oh, ici aussi il y avait la mer, elle avait même était y faire un tour récemment. Une mer, clair, limpide, si belle, mais bien loin de celle d’où elle venait… Loin aussi de tellement de chose, a commencé par ses amis. Ceux qui étaient resté fidèle, les rares qui ne s’étaient pas fait « avoir » par les mensonges de certain. Les vrais… ceux qu’elle avait pourtant quitté, sans un mot, sans un au revoir…
    Ses amis…

    Soupirant doucement, Adeline pris alors place à sa petite table de travail, sortant plume et parchemins bien décidé à rattraper le temps perdu…


Citation:


A, Johane et Asti,
A vous mes amis,

Je ne sais si ce messager vous trouvera en Normandie, où s’il vous trouvera tout cours, je prierais qu’il ne se fasse pas bouffer par un rapace rodant dans le ciel, mais je suis persuadé que l’odeur du calva devrait le faire arrivé à bon port.

Après un long et pénible voyage, je vous écris enfin de Montpellier où j’ai trouvé refuge avec ma famille. Nous avons trouvé une petite maison dans le centre, agréable, simple, tout ce qu’il faut pour trouver le repos, la tranquillité, et ne plus songer à rien.
Oh je sais, vous allez vous demander ce que je fiche à Montpellier quand je devais prendre la mer avec vous, ne râle pas capitaine, je t’entends d’ici déjà…

Voilà de longue semaine que je suis partie, abandonnant ce que j’avais de plus chère sans même prendre le temps de dire au revoir a mes plus chers amis, mais voilà… il est des situations où l’on a guère de choix qui s’ouvre à nous.
Comme prévu j’ai retrouvé ma fille au Mans, j’y ai croisé quelque normand également. Mais ce que je n’avais pas prévu ce sont ces lettres, déplaisante que l’on m’a adressé.

Je ne sais si elles sont liées avec la plainte du Vicomte Rémalard auprès du Grand Prévôt de France, si elles ont pour seul but de me faire peur ou me faire taire, s’il n’y avait eu que moi je n’y aurais même pas prêté attention, mais lorsque l’on menace de mort ma famille et mes enfants, je ne pouvais rester sans rien faire.
J’ai donc préférer conduire Briana en lieu sur, assez loin près de mon cousin. Au moins ici… je sais qu’elle ne risque rien.
J’espère que vous me comprendrez…

Je pense à vous, d’aussi loin que je me trouve, je pense a vous, et j’espère bientôt vous revoir…
En attendant j’espère que tout va bien pour vous et pour Adhémar ? J’ai découvert une boisson ici, Capitaine encore mieux que le rhum et le calva mélangé ! Un truc qu’il faudra que je te fasse gouter. Et toi Johane, est ce que tout se passe bien ?

Prenez soin de vous…
J’espère que vous ne m’en voudrais pas d’être partie si vite et surtout… sans au revoir…



    Laissant l’encre sécher, la jeune femme ferma les yeux un instant, songeuse, rêveuse, écoutant doucement l’animation au dehors sous ses fenêtres, s’imaginant alors a des lieues, et des lieues d’ici, chez elle… paisibles…
    Y retournerait-elle un jour ?

    Laissant un léger sourire flotter sur son visage Adeline enroula délicatement les parchemins avant de se lever et attraper l’un de ses pigeons qui attendaient sagement dans une petite cage dans sa chambre. Elle prit le plus gros, le plus robuste, celui qui serait capable de voler si loin et lui glissa doucement le message avant de le laisser aller par la fenêtre et de le regarder partir jusqu'à ce qu’il ne soit plus qu’un petit point à l’horizon…
    Pourvu que…


Asti





Assis sur une pierre à essayer de tromper l’ennui qui lui laissait trop de temps pour penser à la bonne chair que son estomac réclamait mais qu’il ne pouvait se mettre sous les dents, le vicomte se tourna en entendant son épouse. Elle arrivait, courant presque vers lui, une main à tenir ses jupes et l’autre, levée, à agiter un papier en criant sans se rendre compte que les soldats se retournaient sur elle.

C’est Adeline ! Une lettre d’Adeline !

Il se leva pour l’accueillir et tendit les lèvres pour embrasser son épouse qui ne lui fit qu’un rapide baiser, tout excitée et pressée de lire la missive. En d’autres circonstances, il aurait été un tantinet déconfit, d’autant que la vie de caserne les privait d’une intimité qui commençait à manquer sérieusement, mais pour le coup, lui aussi avait hâte de prendre nouvelles, hâte aussi de savoir s’ils allaient pouvoir prendre la mer, une fois cette mascarade militaire terminée.

Ah ! que dit-elle ? Rentre-t-elle bientôt ?

Il reprit place sur la pierre plate en son sommet en faisant une place pour sa Vicomtesse. Elle commença lecture et très rapidement, le vicomte sentit le rouge lui monter aux joues.

De quoi ? Elle est partie à Montpellier ? Mais c’est le bout de la France ! Et notre voyage ? Rien ? Fini ? Comme ça ? Sans rien dire ? Pas un mot ….

Puis d’un ton sarcastique

Tu vois chérie, on a bien fait de l’attendre, elle ne fait pas tant de cas que nous.


Et d’ajouter en se levant très en colère

Et ces soi-disant menaces ! Je suis sûr que c’est une invention pure, qui donc serait assez fou pour menacer une ancienne Duchesse qui a toujours sa garde avec elle, même à notre mariage ! Je suis bien déçu de son comportement à notre égard. Ne compte pas sur moi pour lui répondre


--Johane_villers_sur_aumale


[A MAYENNE DANS LE CAMPEMENT D'IKM]

warf ! quelle douche froide ! la joie de lire les nouvelles d'Adeline fut vite anéantie par la colère du barbu. Johane était toute décomposée et allait lui demander : Mais pourquoi diable es tu si compliqué ?

Pas vraiment le temps de lui poser la question que ses dents grincèrent en entendant ses sarcasmes Et ce fut l'apothéose lorsqu'il mit en doute la parole d'Adeline qui lui firent monter le rouge de la colère aux joues. Le ton monta inéluctablement au fil des mots.

Mais pourquoi donc es tu aussi méchant ? Comment peux tu douter l'ombre d'une seconde de sa parole ? J'avais appris par Tom quand ils quittaient Verneuil, qu'ils prenaient la direction du Sud... mais c'est vraiment très au Sud, je te l'accorde. Cependant si elle est menacée, il est bien naturel qu'elle cherche à se réfugier et trouver protection auprès de son cousin. Peux tu comprendre cela, Monseigneur du Mont Canisy ? Je crois que dès que nous serons libérés de tes obligations au sein de l'armée, nous devrions partir pour lui apporter notre aide.

Réalisant qu'elle parlait à un mur, elle sortit de sa sacoche le nécessaire à écrire et commença à noircir le parchemin, en silence.


Citation:
Chère Adeline,

C'est avec grande joie que j'ai pu lire tes nouvelles, ainsi que Asti.


grumpf, je le mets ou pas.... et une rature, nouveau parchemin

Citation:
Chère Adeline,

C'est avec grande joie que j'ai pu lire tes nouvelles, avec Asti.
Ton messager nous a trouvé à Mayenne, sans doute grâce à l'odeur du calva qui flotte au dessus du camp et qui reste le seul moyen à disposition des quatre vingt huit soldats pour oublier leur faim, sous les ordres du capitaine Patsy. Nous sommes cantonnés dans cette ville depuis des semaines, quelque peu abandonnés à notre sort par un roy pour le moins étrange qui laisse mourir de faim ses soldats.

Dis moi, ce vicomte Rémalard aurait ainsi porté plainte contre toi auprès du grand prévot ! Il s'agit bien de Castelviray ? Mais quel est ce pays où les grincheux ne songent qu'à encombrer les tribunaux. Ne sont ils pas capables de régler leurs affaires eux mêmes ? Quelque soit les raisons de sa plainte, je suis très inquiète pour toi s'il en vient à te menacer ainsi que les tiens. Sois prudente, cet homme a des relations hauts placées. Le 18 de ce mois, le secrétaire d'état de Normandie a annoncé en place publique le recrutement du connétable de France, et le 19, il était nommé à ce poste. Il est vrai que l'annonce de recrutement était datée du 10 décembre, mais je n'ose croire que le secrétaire d'état ait fait de la rétention d'information en vue de favoriser le recrutement dudit Rémalard. Est il possible que le monde soit si perverti ?

Nous avons confié Adhémar à la garde de Dorilys, l'épouse d'Astyxio. Je me sentais incapable de rester à St Aubin à attendre chaque jour des nouvelles d'Asti et à me tourmenter de le savoir en danger, je l'ai donc accompagné dans l'armée IKM et j'ai été vraiment très heureuse quand Junie a voulu nous suivre. J'apprécie beaucoup cette jeune fille qui est devenue mon amie.

Asti est vraiment très curieux de connaître la boisson dont tu lui parles. Il a hâte qu'on en ait finit avec cette guerre qui n'en est pas une, pour te rejoindre. Je crois qu'il s'agit en réalité d'une guerre des nerfs, l'état major royal cherchant à tester le degré de résistance de notre capitaine royal et de ses soldats.

Je t'embrasse ainsi que tes enfants.





sur un ton enjôleur, elle s'approcha du barbu avec le parchemin et lui tendit la plume

chéri, veux tu signer ?







Asti




Se lève de colère de son siège improvisé, de toute façon, la pierre est trop froide et les fesses commençaient à se réfrigérer

D’abord, je ne suis pas compliqué, et je ne suis pas méchant ! C’est quand même bien parce qu’on l’a attendu qu’on se retrouve dans ce campement à mourir de faim non ?

Mine de rien se penche pour lire la missive que son épouse vient de rédiger, puis s’arrête en prenant un air outré

Mais tu mens ! On n’est pas quatre vingt huit mais quatre vingt deux ! Et non, je ne signe pas, donne lui mon bonjour si tu veux mais c’est tout.

Regarde sa femme et demande un brin atterré

Tu crois vraiment que le vicomte de Castelviray a fait des menaces de mort sur ses enfants ? Sérieusement ? Tu ne crois pas que c’est une excuse ?

Toussote un peu et ajoute

Et puis … non mais qui donc boit du calva et du rhum mélangé ? Ca doit être épouvantablement mauvais ensemble ! Si c’est sa boisson qui lui fait dire ca, je veux bien savoir ce que c’est. Demande lui donc qu’elle nous en envoie la prochaine fois.


--Johane_villers_sur_aumale
[TOUJOURS A MAYENNE DANS LE CAMPEMENT D'IKM]



Mais tu mens ! On n’est pas quatre vingt huit mais quatre vingt deux ! Et non, je ne signe pas, donne lui mon bonjour si tu veux mais c’est tout.
Quatre vingt deux hier, aujourd'hui quatre vingt huit et demain, quatre vingt douze, forcément, il y a un moment où je vais mentir. Pas ma faute si le capitaine ne cesse de recruter.
Johane haussa les épaules en terminant sa phrase.
Tu sais, ce vicomte de Rémalard a l'air capable de tout, mais ce n'est peut être pas lui qui a fait ces menaces, Adeline n'a pas l'air sûre.
Tu m'attends, je termine la lettre. A moins que tu ne veuilles retrouver son pigeon, il doit avoir fini de se rassasier.



Citation:
Chère Adeline,

C'est avec grande joie que j'ai pu lire tes nouvelles, avec Asti.
Ton messager nous a trouvé à Mayenne, sans doute grâce à l'odeur du calva qui flotte au dessus du camp et qui reste le seul moyen à disposition des quatre vingt huit soldats pour oublier leur faim, sous les ordres du capitaine Patsy. Nous sommes cantonnés dans cette ville depuis des semaines, quelque peu abandonnés à notre sort par un roy pour le moins étrange qui laisse mourir de faim ses soldats.

Dis moi, ce vicomte Rémalard aurait ainsi porté plainte contre toi auprès du grand prévot ! Il s'agit bien de Castelviray ? Mais quel est ce pays où les grincheux ne songent qu'à encombrer les tribunaux. Ne sont ils pas capables de régler leurs affaires eux mêmes ? Quelque soit les raisons de sa plainte, je suis très inquiète pour toi s'il en vient à te menacer ainsi que les tiens. Sois prudente, cet homme a des relations hauts placées. Le 18 de ce mois, le secrétaire d'état de Normandie a annoncé en place publique le recrutement du connétable de France, et le 19, il était nommé à ce poste. Il est vrai que l'annonce de recrutement était datée du 10 décembre, mais je n'ose croire que le secrétaire d'état ait fait de la rétention d'information en vue de favoriser le recrutement dudit Rémalard. Est il possible que le monde soit si perverti ?

Nous avons confié Adhémar à la garde de Dorilys, l'épouse d'Astyxio. Je me sentais incapable de rester à St Aubin à attendre chaque jour des nouvelles d'Asti et à me tourmenter de le savoir en danger, je l'ai donc accompagné dans l'armée IKM et j'ai été vraiment très heureuse quand Junie a voulu nous suivre. J'apprécie beaucoup cette jeune fille qui est devenue mon amie.

Asti est vraiment très curieux de connaître la boisson dont tu lui parles. Il a hâte qu'on en ait finit avec cette guerre qui n'en est pas une, pour te rejoindre. Je crois qu'il s'agit en réalité d'une guerre des nerfs, l'état major royal cherchant à tester le degré de résistance de notre capitaine royal et de ses soldats.

Je t'embrasse ainsi que tes enfants.




PS : Asti t'embrasse également et demande si tu pourrais nous faire parvenir cette boisson dont tu parles. Il est curieux d'y goûter.
Adeline.
      [Montpellier, une nouvelle journée ensoleillée...]


    Une journée. Une nouvelle journée loin de ses terres et loin de sa Normandie. Une nouvelle journée bien remplie entre repos et promenade pour profiter de la fraicheur de la neige sous le soleil. Des journées ordinaires où elle essayait de reprendre une vie des plus ordinaires.

    Assise à sa table de travail, laissait le soleil de l’après midi lui caressait doucement le visage et réchauffer la pièce, Adeline lisait et relisait cette lettre venu de sa Normandie, enfin… presque. Mayenne… ce n’était pas la Normandie, mais la lettre sentait le calva, c’était comme si.
    Comme si cette lettre avait apporté avec elle un petit bout de Normandie… Cette Normandie qu’elle avait aimée, aimée et détestée. Cette Normandie qu’elle avait quittée à regret, cette Normandie… si loin.
    Et plus les jours passait et plus la jeune femme se demandait si c’était la Normandie qui lui manquait… ses amis…. Ou le calva ?
    Pour l’heure, de toute façon il n’était pas question d’y retourner. Trop de danger rodait encore, trop de souvenir aussi, trop de douleur encore, trop de… trop de tout à vrai dire.

    Relisant une dernière fois la missive reçut de ses amis, Adeline se décida enfin à leur répondre, trempant alors sa plume dans l’encrier, elle laissa sa main glisser sur le parchemin.


Citation:


Johane,

J’étais certaine que ce messager pourrait vous trouver. Comme quoi, le calva, il n’y a rien de mieux, même pour les volatiles !
Alors vous êtes à Mayenne ? Mais dis-moi, quel est cette histoire que le Roy vous laisserait mourir de faim ? Il ne laisserait tout de même pas son armée, sa Noblesse, ses Vassaux mourir de la sorte n’est ce pas ? Pas notre Roy ? Et le Capitaine Patsy comment va-t-il ? J’imagine qu’il doit batailler comme un forcené pour ne pas vous laisser dans cette situation… Transmet lui mes salutations lorsque tu le verras, bien que j’imagine et comprenne que le moment est plutôt mal choisi… Mais c’est un petit bout de Normandie auquel je me raccroche à travers cette lettre…

Alors ainsi, l’intendance des Finances ne suffisait plus au Vicomte pour qu’il soit nommé Connétable Royal ? C’est étrange lui qui n’était pas pour le cumul de fonction… Enfin de toute façon je pense qu’ainsi il aura plus de poids pour détruire ceux qui le dérange et plus de poids aussi pour que sa plainte arrive jusqu’en Haute Cours de Justice. Comme tu dis, cet homme à des relations « Hauts placés », et dans ce pays où l’on ne regarde pas aux compétences, cela fonctionne à merveille. Malheureusement… cela pullulent aussi en Normandie…
Et pour te répondre, oui… Le vicomte a porté plainte contre moi auprès de la grande Prévôté, n’ayant pas obtenu ce qu’il désirait lors de mon mandat, il fallait bien qu’il trouve une solution pour se satisfaire, et quoi de mieux que de se plaindre, lui qui a tant fait pour la Normandie… Enfin je ne vais pas m’étendre Johane… Cela ne sert à rien…
Concernant le Secrétaire d’Etat, je ne pense pas que ce soit volontairement de la rétention d’information, où alors c’est vraiment pire que ce que je pensais, mais quand on sait comment il travaillait au sein de l ‘ambassade, enfin personnellement cela ne m’étonne guère tu sais… Je ne sais si ce monde est véritablement perverti ou pas… mais je sais que la Normandie se meurt…

Enfin… est ce que l’herbe est meilleurs ailleurs ? Je ne pourrais te dire non plus. Je dois t’avouer, qu’ici, à Montpellier, je sors peu. J’ai osé quelque balade sur le port pour admirer leur magnifique navire, quelque balade dans leur forêt aux étranges senteurs, et puis, je tente de reprendre mes études à l’université. Bref, reprendre une vie à peu près normale, loin de la politique et tout ce qui s’y rapporte mais surtout, plus près de mes enfants.

Briana est tombé malade dernièrement, la fatigue du voyage, l’appréhension d’une nouvelle ville loin de ce qu’elle connaissait, et je n’ai pas vu a qu’elle point cela l’avait affecté. Heureusement elle va bien mieux aujourd’hui et cela m’a servit de leçon également. Ce n’est plus un œil que je garde sur elle, mais les deux biens grands ouverts ! Mon fils est arrivé également. Ce petit garnement n’a rien écouté de ce que je lui avait demandé, et après s’être sauvé du monastère, il a pris un cheval et fait la route jusqu’ici, malgré les dangers qui guette notre famille. Je te jure… Je me demande de qui il tient pour être aussi têtue que cela…
Enfin voila, ces quelques mots pour te dire que nous allons bien, aussi bien que possible si l’on enlève la garde permanente qui stationne devant ma porte et qui nous accompagnes quasiment partout où nous allons. Pour un peu je me croirais sur un champ de bataille tant il m’arrive même de dormir la main sur mon épée…

Je n’ai toujours pas trouvé qui avait pu m’envoyé ces menaces, mais je cherche. Ma famille est à l’ abri, je sais que mon cousin se montrera impitoyable si l’on venait à faire du mal à mes enfants… et c’est tout ce qui compte pour moi pour le moment.

Comment se porte Asti ? J’espère qu’il n’est pas trop en colère contre moi. As-tu des nouvelles de ton fils ? J’imagine qu’il doit énormément te manquer… pensez vous rentrer bientôt ?
J’ai fait l’acquisition de quelque bouteille de cette boisson, ici, ils l’appellent le « hibou » mais il vaut mieux que je ne vous dise pas ce qu’il y a dedans. En tout cas, j’espère pouvoir vous la faire gouter très bientôt.

Prenez soin de vous,
De tout cœur….



PS : As-tu besoin de quelque chose sur le Languedoc pour l’ambassade ?


    L’encre à peine sèche, la jeune femme plia soigneusement la missive avant de la glisser sur le volatile méticuleusement choisi et entrainer pour effectuer de si long parcours. Et ouvrant grand la fenêtre, elle le laissa s’envoler…


Johane_de_st_aubin_routot


[dans le camp militaire, au pied du château d'Angers]

le barbu dormait comme un bienheureux sous la tente après une nuit à veiller et prendre froid sous les remparts. Johane parcourut la missive d'Adeline et entreprit de lui répondre aussitot, pour tuer le temps qui s'écoulait lentement dans le camp Normand.


Citation:

Angers, le 30 décembre 1460

Chère Adeline

Nous avons bien reçu ta missive et c’est avec empressement que je l’ai lue. Asti dort sous la tente après avoir veillé toute la nuit sous les remparts. Il est épuisé de fatigue, aussi je prends seule la plume pour t’écrire. Il a ronchonné quand il a appris que tu étais partie aussi loin alors qu’on t’attendait pour prendre la mer direction le Portugal, mais tu le connais, il râle et tempête alors qu’en réalité il se souciait de ta santé, de toi et ta famille. Notre voyage n’est que partie remise.

Pour l’instant, nous stationnons à Angers en attendant les renforts et attaquerons vraisemblablement très bientôt le château. Je crois que nous fêterons la nouvelle année, confortablement installés dans le châtelet, qui est une magnifique bâtisse dans l’enceinte du château, une fois que nous les aurons enfermés dans les oubliettes. J’espère qu’elles sont grandes, car ils sont nombreux ces fichus angevins.

Je dois dire que j’aurais bien meilleure conscience si on ne se battait pas aux côtés de réformés et pour un Roy qui se met l’Eglise à dos. Cette guerre nous mine, nous, aristotéliciens. Pourquoi diable chacun reste t il sur ses positions, chacun faisant mine de tendre la main vers l’autre mais reculant de deux pas ? Que faut il pour les sortir de cette impasse ?

Enfin toi au moins tu es loin de tout ça. Mais ta vie n’est pas sans danger non plus hélas. Fais attention à tes enfants, ils sont encore si jeunes. Je n’ai que peu de nouvelles de Adhémar et je m’inquiète car il ne me reconnaitra plus à notre retour. Aux dernières nouvelles, il marchait et commençait à parler. Manquer toutes ces étapes de sa vie me rend encore plus amère à l’égard des angevins. J’ai hâte de leur faire tâter de mon épée qu’un soldat forgeron m’a remise à neuf. Je m’entraine un peu chaque jour dans le camp en attendant de pouvoir donner l’assaut. Moi qui ne savait pas tenir une arme, je commence à être plutot à l’aise l’épée à la main.

C’est d’ailleurs l’heure de mon entrainement quotidien. Je confie cette missive à ton volatile qui semble bien remis de son périple.

Affectueusement
Johane
Adeline.


      [Lodève, dans une chambre d’auberge…]


    Montpellier, Rodez, Millau, Lodève, tout c’était passé si vite ces derniers jours. Adeline n’avait pas tout compris. Un départ, une fuite, une course poursuite, un retour, et finalement alors qu’elle se remettait difficilement d’une attaque qui l’avait contraint à s’arrêter sur Lodève, elle avait appris la terrible décision de sa fille.
    Elle ne savait véritablement quoi en pensé… Maudissant son cousin de lui avoir monté la tête, maudissant son père de n’avoir pas été là, maudissant simplement cet enfant d’avoir été bien trop gâté.

    Enfin les choses étaient faites, et Adeline n’avait rien pu faire, juste supporté… En silence, comme elle l’avait toujours fait. Et c’est dans cet auberge, où elle se remettait doucement de sa mauvaise rencontre, qu’elle prit sa plume pour répondre enfin à Asti et Johane qui devaient eux aussi, passé des jours bien sombre dans cet armée…


    Citation:


    Johane, Asti,

    Voilà bien longtemps que je n’ai pris ma plume pour vous répondre et j’en suis sincèrement désolée. Il s’est passé tellement de chose ces derniers jours. J’ai tout simplement l’impression de me réveiller d’un horrible cauchemar. Et je crois qu’au final… je n’aurais jamais du partir.

    Je suis actuellement sur Lodève, en convalescence. Oh rien de grave rassurez vous, juste au mauvais endroit au mauvais moment, et forcement une mauvaise rencontre. Trop faible pour pouvoir me défendre, un infâme brigand a réussit à me dépouiller avant de prendre la suite me laissant sur le bord de la route. Fort heureusement, je n’étais pas seule, mais nous avons tous les deux eu bien du mal à continuer notre chemin. Mais voila… nous sommes arrêter à Lodève où nous reprenons des forces…
    Et comme forcement un malheur n’arrive jamais seul, j’ai eu la désagréable surprise de voir ma fille s’en aller. Elle a pris un bateau pour le Danemark, préférant rester auprès de mon cousin… Qu’importe… Libre à elle… Je ne vais plus me battre…. Nous ne faisons de toute façon, pas des enfants pour nous n’est ce pas ? Peut-être qu’un jour elle comprendra le combat que j’ai mené jusque là.

    J’ai appris certaine chose sur ma famille et moi-même également, certaine vérité, jamais bonne à savoir. Mais au moins je sais que la menace qui planait sur ma famille et sur moi… ne venait pas des différents politiques que j’ai pu avoir, mais venait simplement de ma propre famille.
    Ironique n’est ce pas ?
    Au moins, une chose est sûre, c’est que cela m’aura permis de me rendre compte que ce voyage était bel et bien une erreur, et que j’aurais bel et bien dû rester en Normandie et partir avec vous... J’espère qu’Asti ne m’en voudra pas trop… Et toi non plus d’ailleurs ?

    Je vais rentrer. Ce voyage a assez duré. Des que ma convalescence sera terminer je reprendrais la route pour revenir en Normandie. J’espère que vous aussi vous serez rentré…
    Mais voila, je parle de moi, encore de moi, mais et vous donc ?

    Êtes-vous toujours sur Angers ? Ou en est ce conflit ? Le Languedoc est tellement loin que les nouvelles ne nous parviennent pas.
    Avez-vous attaqué le château ? La dernière fois tu me disais que vous mourriez quasiment de faim ? La situation s’est-elle améliorée ?

    Je regrette de ne pas être auprès de vous dans cette guerre. Je me dis que finalement… j’aurais sans doute était plus en sécurité que la où je suis actuellement.
    Je prie Aristote chaque jour pour qu’il vous protège et fasse que ce conflit se termine au plus vite… Puisse-t-il entendre enfin ma prière.

    Prenez soin de vous surtout

    Affectueusement,


    Un premier pigeon fut lâcher, porteur de la missive vers le front, vers cette « drôle » de guerre et Adeline attrapa un nouveau parchemin. Il y avait longtemps qu’elle n’avait donné de nouvelle à sa marraine.
    Depuis…. La naissance du petit, son départ aussi. Bref… depuis bien trop longtemps !


    Citation:


    Ma chère marraine.

    Le temps file et refile et voilà bien longtemps que je n’avais pris la plume pour t’envoyer quelque mots. Pardonne-moi, une fois de plus je manque à tous mes devoirs…
    Voilà plusieurs semaine déjà que je suis partie, plusieurs semaine, que dis-je, ce doit même se compter en mois. Je t’avoue que je n’ai plus vraiment la notion du temps. Il s’est passé tellement de chose ces derniers temps… Peut être un peu trop…

    Mon périple m’a conduit à Montpellier, une grande ville, bien plus grande que Rouen tu verrais cela. Du monde en pagaille, des tavernes animé, un marché débordant de vivre comme jamais je n’aurais pu l’imaginer. Même leur arsenal est très différent du notre. La Normandie fait pale figure à coté de ce comté… Mais malgré tout cela, c’est à Lodève que je me trouve. C’est assez différent de Montpellier, il y a beaucoup moins de monde et il y fait assez froid et… il n’y a toujours pas de calva. Mais au moins j’essaie de reprendre des forces.

    Je te vois d’ici froncer les sourcils d’inquiétude, mais rassure toi… je vais bien. Je suis simplement en convalescence après une mésaventure survenu sur les routes. Une mésaventure… enfin… si l’on peut appeler ça comme ça. Disons plutôt… un horrible cauchemar.
    Ce serait sans doute trop long a t’expliquer, mais après avoir malencontreusement rencontré un brigand sur les chemins qui a bien profité que nous soyons éreinté et frigorifié pour nous dépouiller mais là encore, hormis quelque blessure, j’ai envie de dire que ce sont les aléa du voyage… Par contre, j’ai eu la désagréable surprise d’apprendre que ma fille, avait préféré partir avec mon cousin. Elle aurait pris, m’aurait-on dit, un bateau pour le Danemark.

    C’était certain qu’avec tous les sarcasmes que mon cousin pouvait lui dire sur mon compte cela se finirait de la sorte. J’ai été idiote de pensé qu’après les menaces que j’ai reçut, je serais en sécurité avec les enfants auprès de lui… Oui, vraiment idiote. J’aurais du me douter que la véritable menace viendrait de ma propre famille…
    Aristote m’avait déjà pris une fille, il fallait bien que la seconde suive également.
    Marraine… penses tu qu’un jour elle comprendra que tout ces sacrifice étaient pour elle… Penses tu qu’un jour, elle comprendra ?

    Mais voilà… une fois de plus je parle, je me lamente, je m’apitoie, alors qu’il y a bien pire que tout cela n’est ce pas ? En tout cas… tout cela m’a permis de prendre conscience que ce voyage était une très mauvaise idée. J’aurais du rester en Normandie, et mettre Briana au collège. Au moins là ! Elle aurait appris certaine chose.

    Mais… et vous ? Comment allez-vous ? Comment se porte le petit Antoine ? Quels sont les nouvelles de la Normandie ? Le calva est-il toujours aussi bon ? (Celui de Dieppe bien sûr !) Le Conseil ducal toujours aussi… hum nan… n’en parlons pas…
    Donne-moi vite de vos nouvelles, que je puisse garder avec moi, un petit bout de la Normandie…

    Vous me manquez tous beaucoup.
    Affectueusement,


    PS : Embrasse bien fort Stromboli de ma part surtout, et j’espère qu’il respecte bien la clause du contrat ? Un verre de MON calva par jours ? Sinon…. C’est le tonneau entier que je lui ferais avaler !


    Un nouveau pigeon, vers a sa Normandie, et la jeune femme le regarda partir, le front coller à sa fenêtre.
    Lodève… la fin d’un voyage, le début d’un autre…










Matouminou
Bien confortablement installée dans un fauteuil, elle berçait Antoine. Agé d'à peine un mois, le bébé venait de s'endormir contre son sein. Il était repu de lait maternel, et un léger sourire flottait sur son visage. Matou regardait son fils avec tendresse. Elle avait refusé de prendre une nourrice, voulant profiter de cet enfant qu'elle et Stromb avaient tant voulu. Antoine avait les yeux bleus de sa mère, bien que cela puisse encore changer, il avait la fossette de son père, cette fossette au coin de la joue qui se creusait un peu quand Stromb souriait et que Matou aimait tant. Certaines personnes ne comprenaient pas qu'elle puisse s'embarrasser d'un bébé quand une nourrice aurait pu prendre le relais, la laissant libre de son temps, et lui évitant les contraintes des tétées, entre autres. Elle souriait et les laissait dire, n'ayant même pas l'envie de se justifier. D'autres chuchotaient que cet enfant était celui du pêché, hors mariage, entre une noble et un gueux. Elle haussait les épaules quand on lui rapportait ces propos, rien ni personne, avait-elle décidé, quand ils avaient révélé leur amour au grand jour, ne viendrait ternir leur bonheur.

Elle fut tirée de ses pensées par des petits coups contre la fenêtre de la chambre. Elle haussa un sourcil, regarda Antoine qui n'avait pas bougé, profondément endormi dans ses bras. Elle se leva et doucement le posa dans son berceau. Puis, elle alla ouvrit afin que le pigeon, car c'était bien un pigeon, entre. Elle enleva délicatement le message qu'il transportait et émietta un morceau de pain qu'elle n'avait pas mangé et qui se trouvait sur le plateau que Suzon lui avait apporté quelques heures auparavant.

Tandis qu'il picorait, elle déplia le parchemin et un sourire illumina son visage. Il s'agissait de sa filleule, Adeline.

Toutefois, au fur et à mesure qu'elle lisait la missive, ses sourcils se fronçaient. De temps en temps, elle hochait la tête. Les nouvelles n'étaient guère bonnes.
Elle s'installa à son petit bureau, ouvrit un tiroir, en sortit une plume et une fiole d'encre, ainsi qu'un parchemin vierge et se mit à écrire. Elle écrivait vite, la plume crissait sur le papier. De temps en temps, elle s'arrêtait, laissait sa plume en suspend, ses yeux se faisaient sombres, un pli marquait son front. Puis, elle reprenait, fébrile...




Ma bien chère filleule

La joie m'a transportée lorsque j'ai reçu ta lettre, joie hélas de courte durée car à la lecture de tes lignes, une sourde inquiètude m'a serré le coeur. Inquiétude de te savoir loin de Normandie, inquiétude de ce que tu as vécu, inquiétude par rapport à ce qui t'arrive avec Briana.

Et seul le fait que j'ai bien reconnu ton écriture, me permet de ne pas imaginer le pire te concernant.
Je suis partagée, en vérité, entre une sourde colère à ton encontre, car je reste persuadée que tu n'aurais pas du voyager ainsi, aussi loin, presque seule. Mais rassure-toi, je ne peux pas bien longtemps rester fâchée, et c'est alors que mon coeur se serre de te savoir démunie, seule et loin de ceux qui t'aiment.

Je suis terriblement choquée du comportement de Briana. J'ignore si elle ouvrira un jour les yeux pour voir tout ce que tu as fait pour elle. Les enfants sont parfois si ingrats.
Quant à ton cousin, je ne le connais pas, mais j'avoue que je ne comprends pas pourquoi il a agi de cette façon. Qu'a-t-il à gagner en te dénigrant ainsi aux yeux de ta fille?
J'avoue que j'ai du mal à comprendre tout cela.

J'espère que tes blessures physiques sont en bonne voie de guérison. Quant aux blessures morales, hélas, ce sont les plus longues à cicatriser, si cela arrive d'ailleurs.

Je termine cette lettre en te donnant quelques nouvelles. Antoine grandit et grossit bien. Il a été tracassé par ce qu'on appelle l'acné du nourrisson, qui a disparu maintenant.
Mahaut et Guillaume ainsi que Luna, la fillette de Stromb, vont tous bien.
Stromb est en forme, il continue de s'investir dès que c'est possible. Après avoir remplacé notre chef de port pendant quelques semaines, il a lancé une animation pour les fécampois autour des jeux de neige. Car, je ne sais pas si tu as le même temps qu'ici, mais notre belle Normandie s'est pârait d'un blanc manteau neigeux. Cela fait le bonheur des petits et des grands.
Et moi...moi...et bien, je vais bien aussi. J'ai terminé mon mandat de maire. Je me retrouve avec plus de temps à consacrer à ma famille, et j'en profite pour me reposer aussi.

Et la Normandie, me demandes-tu? Et bien, elle reste fidèle à elle-même, composée de râleurs, d hyppocrites, de ceux qui y croient, de ceux qui n'y croient plus et baissent les bras...Mais il y a des bosseurs, des gens chaleureux et plein d'humour. Nous sommes un peuple bien disparate, mais il reste toujours une volonté de croire en un avenir meilleur. Cela ne laisse-t-il pas un peu d'espoir et n'est ce pas ainsi que l'on avance?

Je vais te laisser pour aujourd'hui ma chère Deedee. Je ne te répéterai pas assez d'être prudente. Qu'Aristote veille sur toi.

Stromb se joint à moi pour t'embrasser bien affectueusement. Les enfants aussi.

Matou, ton amie, ta marraine.


Elle attacha le parchemin au pigeon et le prit dans ses mains. Elle les ouvrit afin qu'il prenne son envol. Elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un petit point à l'horizon.
Doucement, elle referma la fenêtre. Antoine ne s'était pas réveillé.
Elle se lova dans le grand fauteuil et ferma les yeux...
Asti





Satanée courante qui faisait ressembler la cour d’IKM à un champ de taupes, mais au lieu que cela soit des bosses, c’était des trous… et des trous. Le capitaine l’avait dit : « que chacun creuse son trou » et il l’avait dit quand le barbu avait couru plus vite que lui pour aller aux latrines. Sacré Junie qui n’avait pu s’empêcher d’aller fureter en ville et ramener cette épidémie.

Ce jour pourtant semblait aller vers un mieux. Entre deux marches forcées à la poursuite non du diamant vert, mais d’un dénommé Thoros, le barbu gouttait un repos que son épouse ne connaissait point encore et cela lui provoquait une légère délectation.

Il avisa un rocher plat aussi loin que possible d’un trou odorant et armé d’un vélin et d’un crayon de bois coucha quelques mots à l’adresse de Fernand dans un premier temps puis pour Adeline dans la foulée, non sans s’inquiéter de l’absence prolongée de sa belle.

Citation:
Fernand,

Rapidement quelques mots pour vous rassurer sur notre santé. Un jour nous rentrerons à St Aubin., mais en attendant, pouvez-vous faire livrer deux tonnelets de calva du Mont à la baronne de Courcy qui se trouve à Lodève pour quelques temps. Ne tardez point, je ne sais si elle va s’attarder plus d’une semaine.
Continuez à vous occuper du domaine avec Marie. Nous savons qu’il est entre de bonnes mains.



Un cachet de cire pour clore la missive et aviser un soldat qui se trainait de trouver un pigeon et de l’envoyer à St Aubin livrer la missive.

Citation:
Chère Deline

Nous parlions de toi Johane et moi et devant le désarroi de ta dernière lettre, j’ai décidé de ne plus etre en rogne contre toi. Certes, tu nous as fait faux bond pour notre projet de voyage, mais à ce que je vois, tu le regrettes amèrement.

Je suis surpris d’entendre que ta fille à pris une autre route que la tienne. Tu vois que j’avais raison ! Rien de mieux qu’une éducation dans une école monacale ou épiscopale pour forger le caractère de nos rejetons et leur inculquer un certain nombre de valeurs. Regarde un peu Astyxio, des années d’école monacales à Lyon et le voilà un fier jeune homme, certes maladroit, mais un homme sur qui on peut compter. Je suis d’ailleurs très fier de lui, sais tu qu’il est maire de Honfleur ? Cela me fait un drôle d’effet de le voir s’asseoir dans le fauteuil où je me suis moi-même assis il y a quelques années. D’ailleurs Adhémar aura très probablement la même éducation, quoique, connaissant sa mère, il peut subsister quelques doutes, mais nous verrons bien.

Concernant la guerre, nous venons de quitter Angers pour courir après ce satané Thoros qui s’est carapaté. En bref, j’ai bien peur que nous ne soyons pas rentrés de si tôt. Ceci n’est peut être pas plus mal tout compte fait, tout le camp est malade. Ce n’est pas anormal vu le peu de nourriture que nous avons reçu. C’est assez lamentable de voir la façon dont on traite les armées du roy. Enfin, nous n’y changerons rien, mais j’aimerai te demander de regarder s’il n’y aurait pas un endroit où il ferait bon vivre et où on ne passerait pas la moitié de son temps à faire la guerre pour un roy qui se fout bien de ses troupes.

Comme tu vois, tu aurais tort de regretter de n’être avec nous pour cette aventure sordide. D’autant qu’à ce jour se dessine une guerre bien plus importante entre le Roy et l’Eglise et je vois arriver de sombres jours, alors prends bien le temps pour te reposer et te remettre en bonne santé. D’ailleurs à ce propos, je te fais envoyer deux tonnelets de calva du Mont.

Il est l’heure pour moi de vaquer à d’autres occupations.

Ma chère Deline, je t’embrasse affectueusement et Johane n’est pas à mes coté à l’instant mais je sais qu’elle t’embrasse également.



PS : Pour l’endroit, il faut qu’il y ait un port, du bon vin et qu’on y puisse faire bonne chère.








Adeline.


      [Embrun, une ville qu’il fait bon se reposer]


    Voilà quelque jour qu’elle était arrivée dans ce village. Petit village perdu dans le Lyonnais entre foret et montagne. Un petit village loin de tout, de la folie, des guerres, du mensonge, loin… si loin… À moins que ce ne soit elle au final, qui perdue ici, entourée de sa « famille » de cœur, son chevalier et ange gardien, sa petite étoile et leur joie de vivre parvenait enfin à retrouver cette paix qui lui avait tant fait défaut ?

    Quoi qu’il en soit, les jours s’étaient écoulés, paisible, calme, reposant, lui permettant enfin de retrouver gout à la vie entre promenade et rencontre. Et si elle n’avait pas eu le courage de reprendre l’épée pour des séances d’entrainement avec son « frère » comme elle le faisait auparavant, elle avait cependant repris sa plume avec joie !

    Elle se sentait bien dans ce village, mais elle ne pouvait oublier sa vie en Normandie, et les amis qu’elle avait laissés là-bas. De nouvelles en nouvelles, de pigeon en pigeon elle avait appris certain tumulte qui grondait là-bas et ne pouvait s’empêcher de songer que sa place, son cœur et son âme était et serait toujours en Normandie.
    Et s’il était temps de rentrer cette fois ?

    Ce soir-là, sa décision prise, c’est à la lueur de la bougie que sa plume se mit à gratter le parchemin. Sa première lettre fut pour Asti et Johane qu’elle savait dans cette armée en Anjou. Leur situation était assez catastrophique et elle n’avait plus aucune nouvelle de cette guerre…


    Citation:


    Asti, Johane,
    Mes amis,

    Il est des lettres comme cela qui vous réchauffe le cœur et l’âme, et la vôtre en a fait partie. Du fin fond de ce royaume, dans l’attente de mon exil, j’ai l’impression de voir un petit coin de ciel bleu et un rayon de soleil… Et quand le calva arrive en prime c’est carrément la Normandie qui frappe à ma porte !

    Je ne saurais jamais assez vous remercier de ce merveilleux cadeau que vous m’avez fait parvenir. Vous n’imaginiez pas à quel point le gout de ce breuvage me manquait, et je commence à croire que c’était le manque qui me rendait si morose et mélancolique… Oh, ne souriez pas, depuis que j’ai enfin pu en boire quelque gorgée je me sens bien mieux.
    Depuis le temps que je dis qu’elle fait vraiment des miracles cette boisson !

    Je me trouve actuellement à Embrun, une chance que votre messager m’ait trouvé juste avant mon départ de Lodève. Car oui, j’ai quitté Lodève pour le calme et la tranquillité des montagnes d’Embrun. Loin de tout, j’avoue que j’ai enfin… enfin pu me reposer comme il le fallait. C’est comme si l’agitation du Royaume n’avait pas encore atteint ces contrées. Malheureusement, Capitaine, cela ne te conviendrait pas, il n’y a pas de port. Dommage…
    Et puis tu sais…. Je commence à croire qu’il n’y a pas d’endroit meilleur que celui où nous vivons finalement. Dans tous les endroits où je suis passée, chacun avait son lot de guerre de malveillance et j’en passe.
    La Normandie n’est pas si mal au final, et à ce sujet… Je rentre !

    Le temps que vous receviez ce pigeon je serais sans doute déjà sur la route du retour, mais voilà, je rentre. La Normandie me manque, le calva me manque et vous me manquez, bref… il est temps de terminer ce voyage catastrophique et reprendre les choses là où je les ai laissés !
    En tout cas, je prends bien note de tes conseils, et j’aurais certainement dû les écouté il y a quelque temps déjà. Une école stricte, loin de la noblesse et du confort que mes fonctions ont pu apporter aurait sans doute été bien mieux. Quand je vois mon fils, qui est tellement différent, je me dis qu’au final, c’est pour lui que j’avais raison… Moi qui aie toujours cru privilégié ma fille vis-à-vis lui…
    Bref… de toute façon, elle a fait son choix. Et puis… comme le disait ma mère, il est des moments où il faut laisser les enfants forgé leurs propres armes…
    Peut être comprendra-t-elle un jour… qui sait…

    Et tu me dis que ton fils est devenu maire de Honfleur ? Honfleur la belle ? J’imagine a quel point cela doit te gonfler de fierté !! Je suis très heureuse pour toi, d’autant que mener une mairie en Normandie n’est pas de tout repos… J’espère qu’il s’en sort bien ?
    Et qu’en est-il de la guerre ? Êtes-vous toujours en armée ? Les épidémies vous ont-elles touchés ? Ici nous avons tous été malade, sans exception et sans médecin pour nous soigner. C’est étrange d’avoir appris et de pratiquer la médecine depuis tant d’année pour ne rien pouvoir faire le moment venu… Honte à moi j’en suis venue à maudire Aristote de nous infliger pareille souffrance une fois de plus. Mais tout va pour le mieux maintenant, comme s’il ne s’était rien passé…

    D’ailleurs, je vais devoir arrêter là ma missive, sinon je serais partie que cette lettre sera encore là. J’ai grand hâte de vous revoir tous les deux ! Je crois qu’à mon retour… la Haye du Puits va résonner d’une fête… digne de ce nom ! À moins que j’inaugure Valognes en petit comité ?
    Bon allez… je cesse là ma bafouille !

    Prenez grand soin de vous et qu’Aristote vous protège !



    La seconde lettre fut pour sa marraine, il y avait tant à dire…

    Citation:


    Ma chère Marraine,

    Ta lettre m’est bien parvenue, le volatile doit bien connaitre la route maintenant, à moins que ce ne soit mon odeur… qui sait ?

    Je me trouve à Embrun actuellement. J’ai quitté Lodève, quitté le Languedoc, quitté aussi tout ce qui me rappelait trop ce voyage et ma famille. Ici, j’ai retrouvé la quiétude, et je goûte à une tranquillité que je ne croyais plus exister en ce bas monde.
    Embrun est une ville charmante, perdue entre les montagnes. Loin, absolument loin de tout et je finis même par croire que les tourments du Royaume ne peuvent atteindre cet endroit charmant. Malheureusement… Ce n’est pas la Normandie. Il n’y a pas la mer, pas de plage de sable, ni de falaise, pas de pommier en fleur et encore moins de calva… C’est fort dommage sinon j’aurais bien passé ma vie ici ! Je t’assure !

    Enfin, ces quelques mots pour te rassurer, je vais bien. Bien mieux même. Ce temps passer ici m’a permis de me reposer, de récupérer et de réfléchir a tout ce qu’il s’est passé. Il parait que l’on mesure la force et la solidité d’un bateau au nombre de tempête qu’il a traversé… Il faut croire qu’en naissant sous une mauvaise étoile mon destin devait être celui d’affronter des tempêtes pour me construire… Tu le crois toi ?
    Il parait que j’ai un frère jumeau, et que c’est pour cette raison que l’on me dit maudite, que ma famille m’aurait écarté lors de ma naissance, pour cette raison aussi que mon cousin me détesterait… À moins que le quand dira-t-on n’ai simplement fait son œuvre. Tu le sais tout autant que moi, les ragots vont très vite en nos villages et puis… me connait-il seulement ? Peut-il comprendre les raisons qui m’ont poussé à me donner pour ce duché ?
    Alors si un adulte ne le comprend pas, comment une enfant peut le comprendre ?

    Tu vois… des fois je me dis que j’aurais dû l’élever loin de la noblesse, loin de mes charges, loin de tout en fait, cela aurait été sans doute plus simple… Je n’ai jamais eu ce souci avec Erwan.
    Erwan… si tu le voyais… c’est presque un homme maintenant, il a tellement grandi… Il est loin le petit garçon qui s’était sauvé de Dieppe pour te rejoindre, tu te rappelles ?

    Ma chère marraine… plus je t’écris, plus les souvenirs me reviennent et m’assaillent… C’est un peu égoïste mais j’aimerais parfois me souvenir de rien, absolument plus rien… Si seulement cela pouvait être possible…
    Allez, assez de mélancolie et de jérémiade. Il n’est plus temps maintenant n’est-ce-pas ?

    Je vais reprendre la route dans les jours qui viennent mais cette fois, je rentre en Normandie. Et pour de bon. Ma terre est là-bas, mes amis aussi, et je ne pourrais rester plus longtemps loin de tout cela. La route va être longue mais j’ai hâte de vous revoir.

    Dites-moi ? Tout le monde va bien ? Avez-vous été touché par la maladie ? Et Antoine ? Il a dû encore bien grandir n’est-ce-pas ? Et Stromboli ?
    Prenez bien soin de vous surtout…

    Je vais devoir terminer là cette missive, il me faut rencontrer le maréchal ferrant de la ville pour acheter quelques chevaux pour notre retour. Je reprendrais ma plume bien vite, j’ai encore tant de chose à te raconter…

    Embrasse tout le monde de ma part,
    Bien affectueusement,



    La flamme de la bougie commençait à vaciller, et la fatigue s’était installée. La nuit devait être maintenant bien avancée, mais Adeline n’avait pas bougé continuant inlassablement à coucher ces quelques mots sur ces vélins. Il lui restait encore un courrier à faire, même s’il serait plus court que les autres. Mais il ne pouvait attendre davantage.

    Citation:


    A Kathryn Brenian d’Aeden de Courcy,
    Ma cousine,

    Et bien… c’est en écrivant ton nom que je m’aperçois qu’il est bien long ! Tu aurais pu trouver plus court tout de même !

    Trêve de plaisanterie, ma chère Kate, voilà bien longtemps que je n’avais pris ma plume pour t’écrire… depuis… mon départ en fait et l’annonce de cette menace qui planait sur notre famille.
    Et il s’en est passé des choses depuis tout ce temps… Tellement de choses que nous avons en perspective, quelque soirée entre cousine qui nous attend, crois-moi…
    Mais il est une chose qu’il me faut t’annoncer tout de suite… Je rentre ! Je prends la route dans quelques jours pour rentrer en Normandie au plus vite.

    J’espère que tout va bien pour toi et Mel ? Es-tu toujours dans l’armée ? À Dieppe ? Et comment te portes-tu ? La maladie vous a-t-elle épargné ?

    Donne-moi vite de tes nouvelles…

    Ta cousine.


    Posant alors sa plume sur la table, la jeune femme ne put s’empêcher de pousser un long soupire de lassitude avant de quitte son bureau et rejoindre son lit. Demain, aux premières lueurs de l’aube elle ferait partir ses volatiles.
    Et ensuite…

    Un nouveau voyage se préparerait.



















Asti_dict_le_barbu
La guerre était finie, du moins le croyait il, et puis, à peine quelques jours après qu’ils fussent rentrés, le capitaine royal rameutait les troupes de nobles. Le barbu sourit, désabusé… curieux comme dans ces cas là, on savait les trouver. Corvéables à souhaits, mais surtout ne rien critiquer. Voilà la Normandie que l’on avait aujourd’hui et il fallait bien l’avouer, cela et bien d’autres choses encore avaient quelque peu terni le retour.

Citation:
Chère Deline,

J’ai tant et tant de choses à te dire que je ne sais si je ne vais pas en oublier. La première d’entre elle est que Johane et moi sommes ravis que tu rentres enfin en terres Normandes. J’en fus tellement heureux que … non non, ne crie pas, j’ai mis ton nom sur une liste Ducale.

Il faut que je t’explique en détail. Figure toi qu’à notre retour de la désormais célèbre bataille d’Anjou, j’ai appris que le Roy avait exigé du Long de Tancarville qu’il se taise. Tu connais Le Long, rien n’est plus important que la Normandie et s’il a des choses à dire, rien non plus ne l’arrêtera. Pas même le Roy. Notre Long a rendu titres et terres, et Jason lui a emboité le pas. Je n’en reviens toujours pas et cela me dégoute.

Fort remonté donc, j’ai ouvert une liste pour les ducales, et tant pis si je ne suis pas élu, cela fera toujours 1200 écus dans les caisses du Duché que l’on dit bien dégarnies. Si je dis « que l’on dit » c’est tout bonnement parce que la question fut posée à l’échiquier et que ma foi, il y a bien plus de questions que de réponses. Mais bref, je ne veux pas que tu fasses demi tour, alors je ne vais pas tout te raconter.

Ce que tu dois retenir, c’est qu’il faut que tu remontes dare-dare.

Autrement, encore des nouvelles. Johane a rendu les clés de la chancellerie. Ne fais pas cette tête là, je sais, je sais… pouvait pas y avoir pire moment alors que je me lance dans les ducales et attend le meilleur, en plus elle emmène Tomrone, le vice chambellan avec elle dans la démission. Bref, tu imagines ma colère et ma déception, d’autant qu’elle a fait tout cela sans me consulter. Tout de même, figure-toi qu’après une solide engueulade, elle m’avoue être malade et penser qu’elle attend un enfant. Donc, forcément ma colère s’est transformée en joie… Qui sait, peut etre une sœur pour Adhémar et donc Ermentrude qui arrive.

Ah, et autre chose encore…. Ta marraine, Matouminou a quitté la Normandie pour quelques temps. Son imbécile mal poli de compagnon l’emmène en voyage, à moins qu’il se contente de suivre, je n’en sais rien, mais je me demande ce qu’elle lui trouve. Cet homme est plus bête que mon pied gauche et aussi mal poli qu’un âne qui braie, et encore, …. Arangil, l’âne de Johane n’a jamais été aussi idiot que lui.

Johane n’est pas au courant de cette lettre, je compte sur toi pour rester discrète. Elle va surement te répondre bientôt.


Fais attention à toi sur les routes, mais ne traine pas en chemin.


Amicalement



En catimini, un tampon de cire pour cacheter la missive vite fixée à la patte d’un volatile et de rentrer à St Aubin retrouver son épouse.
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Johane
la dernière missive d'Adeline annonçait une bonne nouvelle, son retour. Johane l'avait posé sur son bureau et elle ne rejoindrait les autres qu'une fois qu'elle aurait donné réponse à son amie. Depuis quelques jours, la fatigue et les nausées donnaient le "la" et Johane passait ses journées alitée ou bien le visage penché au dessus d'une bassine. C'est entre deux nausées qu'elle prit la plume
Citation:

Chère Adeline

Je suis si heureuse que tu rentres ! Je le savais d'ailleurs. Il est bien rare de partir pour ne jamais revenir. J'en sais quelque chose. Quand j'ai quitté le Limousin de manière définitive, nous étions nombreux à le faire, très nombreux à avoir été choqués par la capacité de certains humains à faire le mal, nombreux à vouloir marquer notre réprobation par notre départ, nous n'avions donc pas d'amis sur place pour nous donner l'envie d'y revenir.

Il faut que je t'annonce une bonne nouvelle qui ne peut attendre ton arrivée : Adhémar va avoir un petit frère ou une petite soeur. Je suis très heureuse. Le seul souci, c'est que je suis un peu malade, des nausées sans cesse, quand ca n'est pas pire. J'ai d'ailleurs du quitter brutalement mon poste, car il me fallait rester allongée pour ne pas vomir. Son excellence Sakopi a d'ailleurs cru que c'était le Décret Maritime Normand qui me rendait malade. Remarque bien, il paraît que la vanité et la haine donne mauvaise haleine, et comme la vice amirale était juste en face de moi à ce moment là...

Pour en revenir à ce tout petit bout de vie qui grandit en moi, Asti a déjà décidé qu'elle s'appellerait Ermentrude. Que penses tu de ce prénom ?
Si Dorilys et Astyxio appellent leur fille comme ça, nous serons obligés de trouver un autre prénom, donc j'en cherche un autre également. J'aimerais appeler ma fille Fafa, mais est ce faisable de donner le prénom d'une amie décédée à son enfant ? Est ce que ça se fait ? Est ce que le barbu acceptera ? Si c'est un garçon, j'aimerais qu'il s'appelle Arthur. Tous les prénoms des hommes commencent par un A à la maison.

Il faut aussi que je te dise une deuxième grande nouvelle. Asti a eu le rouge de la colère qui lui est monté aux joues ! tu sais une de ces grandes colères qui sont difficiles à enrayer. Il semble qu'en salle des hommages, il se soit passé des choses incroyables et il a appris ça alors que nous étions sur le chemin du retour d'Anjou. La seule chose que j'ai comprise, c'est qu'en réaction, il monte une liste pour les ducales. Le barbu qui sort de sa réserve, j'en suis impressionnée et je me fais toute petite. Depuis que nous sommes mariés, il n'avait plus aucune responsabilité. La seule charge qu'il avait était de veiller à notre bonheur à Adhémar et moi. Et je dois dire que je regrette déjà ces doux moments. Il est sans cesse en réunion politique. Je n'ai donc pas trouvé d'autres moyens pour le voir que de demander à être sur la fin de la liste.

J'ai hâte de te revoir et j'espère être enfin débarrassée de ces nausées pour la fête que tu vas organiser et dont je me réjouis.

Je t'embrasse
Johane


PS : il te faudra rester à prudente distance de moi car mon haleine doit également etre fétide non seulement de par mes nausées mais aussi par la haine que j'éprouve maintenant pour Harpiege, après l'avoir tant admirée.

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Kathryn.brehnian
La jeune femme avait souri à la lecture la missive de sa cousine, il fallait dire que les distractions étaient assez rares sur le camps du Grand Pavois, et c'est dans le même esprit espiègle qu'elle répondit, occultant volontairement certains sujets qui pourraient peiner Adeline.

Citation:
8 février 1461, Bayeux

Ad'

J'aurais pu ne pas me marier, certes, d’ailleurs dois-je te rappeler que cela est presque arrivé, par la faute d'alliances manquantes...Néanmoins si cette tentative de raccourcir mon nom a échoué, tu as encore la possibilité de me renier, et d'ainsi amputer une partie de ce nom à rallonge.
Car oui, il est long, tu l'aurais remarqué plus tôt si tu m'écrivais plus souvent, ou tu ne l'aurais pas remarqué du tout si tu n'étais pas devenu tout d'un coup si formelle. Je suis prise d'un doute, aurais-je dû débuter cette lettre par une énumération de tes noms et titres ?
Pour l'avenir, si tu persévérais dans cette voie, sache que je me contenterai d'un “ABC”, pour Aeden Brehnian Courcy. J'envisage d'adopter ces trois lettres comme cry, du moins quand je ne porterai plus celui de Normandie.

Tu es avare de nouvelles... C'est très bien de me dire que tu rentres, et que tu auras de nombreuses choses à me raconter quand tu seras là, mais tu aurais pu me donner un avant-gout, de quoi satisfaire ma curiosité jusqu'à ton arrivée. Mais non.
Devant tant d'égoisme, c'est à moi de raconter, chose que j'aurais fait de toute manière.
Que dire...je ne sais même plus ce que tu sais et ce que tu ignores. Il faudra d'ici quelques semaine rajouter un nom à notre fiche généalogique, mais tu le savais déjà, non ? En tout cas, pour qui ne se trouve pas à l'autre bout du Royaume, c'est devenu plutôt difficile à dissimuler.
Cet enfant est coriace, il a survécu à la maladie qui m'a atteinte, et a également couché une bonne partie de la Normandie, et à la vie en camp militaire. Il s'adapte bien mieux que moi, qui ne rêve que de retrouver la chaleur d'Orival, et éventuellement ma famille qui s'y trouve.
Heureusement, malgré les désagréments de cette vie, et la difficulté à me nourrir à certains moment, ma carrière en tant que soldat tient plus du parcours de santé avec étape dans chaque ville normande que des sanglants champs de bataille. Mon épée n'a jamais eu à sortir de son fourreau, et même si je souhaite bien évidement aider ce duché, raison de ce volontariat depuis près de deux mois, j'espère secrètement que cela restera ainsi. Je ne suis pas un soldat, et je ne veux pas le devenir.
Mais bien entendu, cela ne dépend pas de moi, alors je grogne, mais je suis, et j'apprends à connaitre celles que je cotoie depuis près de deux mois, Alizarine, Rochane et Nerwendile. Cela fait beaucoup d'Everlange pour la Courcy que je suis, alors dépèche toi de venir me soutenir.

Comme d'ordinaire je t'invite à la prudence lors de ton voyage, prend soin de toi.
Transmet mes amitiés à Erwan.
A très vite.
Kat

_________________
Adeline.


      [Troyes, en attendant le taxi !]


    Ils avaient traversé la Bourgogne en un grand clin d’œil, campé dans les campagnes malfamées et finalement, passé les portes de Troyes au petit matin en même temps qu’un drôle de volatile qui avait manqué de s’écraser sur la croupe de son cheval. Elle n’eut même pas besoin de détacher la missive pour en connaitre l’auteur reconnaissant immédiatement la bestiole du Barbu.
    La Normandie… ses amis… bientôt elle y serait ! Bientôt elle les reverrait ! Mais en attendant… et bien… il fallait attendre le bateau !

    C’est donc attablé dans une des tavernes du village non loin du port qu’elle prit connaissance de la missive ! Et quelle missive !


    -Non mais il ne va pas bien le Barbu ! Il est tombé sur la tête ! Une liste ducale ! Et pourquoi la place de Duchesse une fois de plus ! Mais il veut me tuer ou quoi ! Et puis d’abord je suis même pas rentrée ! Et puis…. Et puis c’est quoi cette histoire avec Johane !!!
    Roooo mais il va me rendre chèvre !!! Il a bu un mauvais calva ou quoi !!


    Oui, bon… ce n’était pas vraiment ce genre de nouvelles auquelles elle s’attendait, et même si certaine chose, certaine révélation l’inquiétais, elle n’était pas mécontente de voir le Capitaine réagir de la sorte. Mais tout de même…. Une liste… son nom ! Il aurait pu lui en parler avant !! Pour râler, elle râlait la de Courcy, signe qu’elle allait bien mieux. Tellement mieux qu’elle se sentait prête à affronter ce qu’elle avait voulu fuir. Il était grand temps maintenant d’arrivé !
    Mais quand même… le Barbu !!!

    Et sortant plume et vélin, prête à lui répondre, voilà qu’un second volatile arriva, puis un troisième ! Décidément, ils voulaient déjà tous la harceler alors qu’elle n’était pas arrivée ?!
    Lisant la missive de Johane, la jeune femme se mordit la lèvre, un peu inquiète tout de même. Si les nouvelles n’étaient pas mauvaises, la savoir malade à ce point l’inquiétait, bien plus que de savoir la diplomatie Normande dépourvu de ses « têtes ». Et sa cousine qui s’y mettait en prenant ses grands airs de Courcy ! Naméo ! Ils étaient tombés sur la tête en Normandie ou quoi ?

    Râlant tant qu’elle put, Adeline attrapa sa plume et commença à répondre au barbu.


    Citation:


    Mon Capitaine !

    Je ne sais si je dois t’étriper maintenant ou si j’attends d’être rentrée. Non mais c’est quoi encore cette idée que tu viens d’avoir ? Une liste… formidable, mais penses tu vraiment que ma place soit la dedans ? Je te signale tout de même que la Grande Chancellerie vient tout juste de rendre son verdict. Bon certes le vicomte s’est bien fait renvoyé dans ses accusations, mais tout de même.
    Enfin…
    Quoi….
    Mais tu es sûr ? Le duché va si mal que cela ? Et la noblesse aussi ? M’enfin que va devenir la Noblesse Normande sans le Long ? Je trouve cela aberrant ! Encore une ruse pour se débarrasser des gêneurs ?
    Raaaa ça m’énerve tiens ! Tu as gagné ! Tu peux compter sur moi, j’arrive au plus vite !

    Et en plus tu me dis que Johane a rendu les clés de la Diplomatie ? Mais enfin… Bon d’un côté si tu me dis qu’un petit asticot se prépare, c’est tout aussi normal, prend bien soin d’elle, par contre… euh… comment te dire… « Ermentrude » tu es sur ?

    Par contre mon cher Vicomte, arrête de boire du calva frelaté de Honfleur ! Ça ne te réussit pas ! Stromboli est un homme très bien et qui plus est, mon futur vassal, alors si tu ne veux pas que je remonte pour te botter le séant fait attention à ce que tu dis mon capitaine ! Et puis de toute façon il rend ma marraine heureuse c’est tout ce qui importe pour moi ! Arrête donc de râler et apprend à le connaitre tu verras que c’est un homme bien.

    Bon, mon capitaine, il est temps de te laisser, j’embarque dans quelque heure. Prie donc Aristote que nous ne rencontrons pas de baleine durant notre voyage !

    Amicalement !



    Et d’une ! Elle avait voulu se mettre en colère, elle n’y était même pas arrivé, mais qu’importe, elle était simplement heureuse de savoir que dans quelques jours, elle foulerait cette terre qui était sienne et qu’elle aimait.
    Laissant repartir le volatile du Barbu, Adeline attrapa un autre parchemin et reprit sa plume.


    Citation:


    Ma chère Johane !

    Voilà une nouvelle qui me réjouit fortement ! Un nouveau petit asticot ! Ou asticote d’ailleurs ! Après cette guerre et cette misère je trouve cela formidable ! J’imagine que le Barbu a appris la nouvelle avec joie ? Si ce n’est pas le cas compte sur moi pour lui mettre un coup de pied au derrière. Je lui dois bien cela après le coup qu’il vient de me faire… Non mais tu te rends compte un peu ?? Son idée de liste et me mettre d’emblée dessus ??
    Je sais bien que la Normandie est au bord de la faillite, enfin d’après ce que j’ai compris, mais quand même… M’enfin…. Je ne suis même pas rentrée encore… tu te rends compte ?? Je suis sûr qu’il le fait exprès pour m’empêcher de repartir…
    Mais je t’assure… promis jurer, les voyages c’est terminé ! Plus jamais ! Enfin… plus toute seule !!
    En tout cas si tu es là aussi, me voilà un peu plus rassurer quand même… Je ne sais pas si je suis tout à fait remise pour remettre cela. Après tout il y a peu j’avais encore une plainte stupide qui me planait au-dessus de la tête !

    Bon alors ce début de grossesse ? Les nausées sont si fortes que cela ? Il te faut te reposer avant tout, et…. Ça tombe bien finalement, je reviens avec quelques plantes qui pourront t’aider. Mais d’ici là… évite de vomir sur n’importe qui… Quoique… si tu pouvais viser la duchesse ?
    Oups ! Désolée c’est sortie tout seul. M’enfin tu auras compris que je lui en veux encore.

    Bref, prend soin de toi surtout, et tu as intérêt à être sur pied quand je serais de retour, parce que oui, j’ai l’intention d’organiser une fête, mais une fête ! Comme jamais il n’y a eu en Normandie ! Un avant gout de mon mariage… enfin… quand je me marierais ! Et puis… on pourrait p’tet essayer de faire changer le barbu d’avis, parce que bon… « Ermentrude » quand même…

    Nous en reparlerons si tu veux. Il va falloir aussi que tu m’expliques ce qu’il s’est passé avec Harpège… J’ai peur de ne pas avoir tout compris….

    Bien, Johane, je vais devoir te laisser, nous embarquons dans quelque heure et je dois rassembler nos bagages. Rassures toi, j’ai bien fait attention et pas bu avant l’embarquement ! Par contre je ne te garantie pas de me retenir durant tout le voyage.

    Prend bien soin de toi Johane !

    À très vite


    Et de deux ! ouf !! Adeline lança un grand soupire avant d’avaler d’une traite la boisson qu’on venait de lui porter. Encore une lettre, une, et elle pourrait songer à… à quoi d’ailleurs ? À prendre un peu de repos et discuter un peu avec ces personnes qu’elle avait rencontrées quelques heures plus tôt. Troyes était finalement une bien charmante ville.

    Citation:


    Ma chère Kate ABC !

    Tu as bien raison, ABC est bien court et bien plus pratique ! Et non, ne compte pas sur moi pour te renier, tu m’es bien trop précieuse voyons, dis moi franchement qui je pourrais embêter pour obtenir ce dont j’ai besoin ? Tu sais très bien que je t’adore ma cousine mais ne t’avise pas de t’adresser à moi avec toute la série de nom et titre pompeux qui vont avec !

    Je suis bien désolée de ne pas t’avoir donné plus de nouvelles… Mais il s’est passé tellement de choses, bonnes et mauvaises que tout ceci serait bien trop long à te raconter sur un vélin… M’enfin sache principalement, que si de ton côté la famille va s’agrandir d’un nouveau petit melkate, de mon côté je n’ai à ce jour, plus de fille. Mais je ne t’en dit pas plus, nous verrons cela lorsque je te reverrais. À ce propos… j’aurais surement besoin de tes talents de Héraut.
    Tu vois, je ne suis pas si avare de nouvelles, je te mets sur la piste ! Et puis si je te racontais tout maintenant qu’aurions-nous à nous dire lorsque nous nous reverrons ?

    Prend soin de toi tout de même… Ce n’est pas parce que tu as deux médecins dans ton entourage qu’il faut en profiter. Mais bon, je sais pertinemment que cela ne sert à rien que je te dise de faire attention, visiblement…. Nous ne sommes pas cousine pour rien !
    Alors comme ça tu côtoies les Everlanges ? Ohh et bien dans ce cas je n’ai aucuns soucis à me faire. Ma vassale (Rochane hein ! je ne parle pas de toi !) est formidable, et ces sœur/cousines le sont tout autant. J’espère que Lizie ne crache pas trop de feu ? Comment vont-elles dis moi ? Et cette armée ? Ou êtes vous stationné ?

    Je suis actuellement à Troyes, je devrais embarquer dans quelques heures donc, si tout va bien… je serais à Honfleur dans quelques jours. J’espère que je pourrais te voir vite.
    Tu vois, nulle inquiétude à avoir, sur la Seine je ne risque rien, à moins qu’une baleine ne s’aventure sur le fleuve et ne nous percute. Mais là…. Serait de la malchance tout de même.

    Allez… n’ai crainte, tu me connais !
    Salut tout le monde de ma part, et préparez le calva ! J’arrive !
    A très vite


    Et zou, ça c’était fait ! Et de trois volatiles qui repartait vers la grisaille Normande et qui échappait de peu à son assiette. Quelque part, ils avaient de la chance, un petit pigeon au calva, elle n’aurait pas dit non après toute ces journées de voyages à ne manger que du pain et du maïs…
    Aller… encore quelques jours de patience… La Normandie bientôt… très bientôt ! Et tout plein de projet dans la tête !


















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