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[RP fermé] Un jour je serai de retour près de toi *

Syuzanna.
« You were my conscience
So solid now you're like water »
**

Elle disjonctait. C'était plus fort qu'elle, son amnésie la rendait folle, l'obsédait. Ce n'était pas tant le fait qu'elle se soit oubliée en France, mais plus le fait de ne pas se rappeler ses derniers mois en Ecosse. Quels avaient été ses dernières paroles à son père ? Ses derniers regards à Duncan ? Duncan... Comment avait-elle pu le trahir avec cette pâle copie d'homme qu'était Søren MacFadyen Eriksen ? Celui qui portait le nom de sa mère avant celui de son père. Il espérait peut-être que cela le rendrait plus Ecossais que Danois ? Elle n'éprouvait plus que mépris pour lui. Il l'avait laissé insulter par sa famille ? Et il osait se considérer comme plein d'honneur ? Mais il n'était rien, rien qu'un déchet de l'humanité, réunissant en un seul être les pires caractérisques de la gente masculine.
Tandis que son Duncan...

La roussa abattit sa chope sur la table de bois circulaire. Dans cette auberge périgourdine, située entre Sarlat et Bergerac, elle ne connaissait personne, et cela tombait bien. Elle avait besoin de calme, de solitude, d'anonymat. D'un lieu où elle n'était qu'une rousse en kilt qui buvait du whisky.
Mais elle avait beau tout faire, elle ne pouvait pas empêcher la colère de monter. Tout était mélangé, plus rien n'allait. Elle s'apprêtait à partir en guerre, mais pourquoi faire, en réalité ? Elle n'était ni pour un camp, ni pour l'autre. Elle avait juste besoin de... se battre. Et s'oublier. Oublier qu'elle avait oublié. Ne vivre que la seconde présente, sentir qu'elle pouvait mourir à tout moment. La mort ne lui faisait pas peur. Que craindre ? Elle perdrait certes les gens qu'elle aimait en mourant, mais en retrouverait d'autres. Et souffrir ne l'effrayait pas davantage. Elle souffrait déjà actuellement, quelle serait la différence ?


- Bah alors, la belle ? On s'ennuie ?

Syu releva la tête, étonnée. Qui osait l'aborder ainsi ?
Un homme se tenait juste devant elle. Aussi laid qu'on puisse l'imaginer. Rouquin, un goitre et un gros nez, il n'avait rien pour plaire, hormis une paire d'extraordinaires yeux bleus.


- Dégage, marmonna-t-elle en se replongeant dans l'étude approfondie du fond de sa chope.

Mais l'inconnu ne semblait pas décidé à partir. Mieux encore, il prit place en face d'elle.


- Allez, entre poils de carotte, on peut bien s'entendre non ?

Sa main glissa vers celle de la rousse. Qui lui répondit. A l'Ecossaise. D'un poing en plein nez. Il poussa un cri de douleur en bondissant de sa chaise, se tenant le bas du visage de ses dix doigts.

- T'es une grande malade, toi ! couina-t-il. Les gars, à moi !
- J't'avais dit d'me laisser tranquille...

Deux mains lui empoignèrent les épaules, et la soulevèrent de chaise. Elle se débattit, griffant, mordant, gesticulant en tous sens. Hurlant à pleins poumons, elle distribuait coup de pieds à tout venant. Mais les deux armoires à glace qui la maintenaient n'étaient pas facile à faire lâcher prise. Ils étaient trop forts, et elle trop petite, et surtout, désarmée.

- Calme-toi la gueuse, gronda une voix à son oreille. Sale sorcière, tu vas payer ton insolence.

* Memoria - Indochine
** Monster - Paramore
{Tu étais ma conscience
Si solide, maintenant tu es comme de l'eau}

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Bilbon
[Rattrape-moi si tu peux] *

Duncan ouvre un oeil, un rayon de soleil agresse sa rétine. Grimaçant, il se frotte les paupières, la bouche pâteuse. Une bouteille d'alcool de poire git au pied de sa paillasse. Les reliefs d'un repas lui tiennent compagnie. Il met un moment avant de se souvenir où il est. Ah, oui. L'auberge bizarre perdue au fin fond du périgord, en France. Cela fait maintenant trois mois qu'il se traine dans ce vaste pays à la recherche de son amie. Et fiancée. Mais l'a-t-elle attendu ? Sans doute pas, puisqu'elle le croyait mort.
Mais mort, il n'y a pas moins que lui. Duncan est bien vivant. Et plein de fougue. Celle de LA retrouver. Sa Syuzanna.

En débarquant à Dieppe, il avait d'abord cherché aux alentours de la ville portuaire. Connaissait-on une Ecossaise rousse, par là-bas ? La réponse avait été non. Pas de ça à Dieppe. Il ne s'était donc pas attardé. Partant un peu au hasard des routes, il était tombé à Compiègne. Là, comme dans toutes les autres villes traversées, il avait demandé. Et, ô joie, elle était connue. Mais elle était partie, il y avait presque un an. En compagnie d'un danois et d'une jeune fille, direction le Maine. L'Ecossais s'y était donc rendu. A Laval, il avait eu des échos. Discrète mais présente. Et elle était repartie. Encore. Toujours avec le danois. Ca ne sentait pas bon. Ils avaient pris la direction du Sud. Le Périgord. Peut-être Castillon. Duncan s'était de nouveau mis en route. Et avait atterri là, épuisé, la veille au soir, décidant de repartir le lendemain pour la suite de son périple.

Il cherche ce qui l'a réveillé. Des cris. De véritables cris d'enragés. Avec une prédominance pour la voix de femme, à ce qu'il perçoit. Il soupire et se passe les doigts sur les paupières. Impossible de se rendormir avec tout ce boucan. Autant utiliser le temps qu'il lui reste à sauver une donzelle en détresse. Il fait passer ses jambes par-dessus le rebord du lit, et se lève. Ayant dormi tout habillé, il a l'avantage de ne pas perdre de temps à s'habiller. Bon, il doit sentir un peu, mais il s'était lavé l'avant-veille dans la rivière, ça compte pas pour rien.

Descendant lourdement les marches de l'escalier, il tente d'analyser la situation. Une fille se bat avec trois hommes. Pas très honnête tout ça, vis-à-vis de la belle. Il croise les bras, observant la suite. Les cheveux de la fille flottent autour de son visage. Une superbe tignasse rousse. Elle se tourne vers lui dans un mouvement pour se débattre. Et Duncan reste figé. Ses yeux rencontrent ceux de la prisonnière. Deux superbes iris noisette brillant. Un petit nez fin. Une bouche de rêve, ourlée comme celle des peintures. Un teint de porcelaine. Et elle porte toujours son kilt ! La surprise, l'étonnement, le cloue sur place. Les bras ballants, il l'observe se débattre. Son coeur bat à toute allure, comme s'il a décidé de se faire un marathon tout seul dans son coin.

Impossible. Et pourtant vrai. Syuzanna NicDouggal. L'unique. Son Unique.
Il quitte les marches, les sautant d'un bond. Il se glisse par-derrière, ramasse une chaise, et l'abat sur la tête d'un type costaud deux fois plus large que lui. L'autre se tourne, lâchant sa Précieuse. Un coup dans le nez et une chope sous le menton lui font visiter le pays des rêves version circuit touristique. Essoufflé, mais plus par l'émotion que par l'effort, il n'ose pas bouger. Il préfère encore la contempler de dos. Au cas où il se soit mépris, de loin. Et si c'est le cas, il passera pour un héros aux yeux de la fille, et il se fera payer à boire gratis.

"Alors, Syu, lance-t-il quand même. Va-t-il falloir que je passe ma vie à te sauver ?"

Après deux ans, c'est un peu léger comme première phrase. Mais lui et la poésie, ça fait autant que le nombre de ses doigts de mains.



* Libre adaptation du titre du film "arrête-moi si tu peux", réalisé par S. Spielberg en 2002

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Syuzanna.
« I don't know what to do and I'm always in a dark
We're living in a powder keg and giving off the sparks
I really need you tonight
Forever's gonna start tonight »
*

Un poids quitta tout d'abord son épaule droite, puis la gauche fut à son tour libérée. L'un après l'autre, les deux hommes se retrouvèrent couchés au sol, inanimés. Un court moment de silence s'ensuivit, durant lequel la rousse tenta de reprendre ses esprits. Même si elle ne parvenait pas à être choquée, elle se rendait bien compte qu'elle avait eu chaud. Sans son sauveur, les Dieux seuls savaient ce qui aurait pu se passer ! Elle se pencha légèrement en avant, et, les yeux clos, se contraignit à respirer lentement. Elle n'avait pas eu peur. Sans doute auraient-ils fini par la tuer, mais la vie n'était plus quelque chose d'assez précieux à ses yeux pour qu'elle s'en fasse à ce sujet.

Une voix masculine s'éleva derrière son dos. Ce qui eut pour effet de l'immobiliser totalement. Son esprit devait lui jouer des tours, ce n'étai pas possible autrement. Car cette voix, cette voix !, celui qui s'exprimait avec était mort depuis deux ans. Tout le monde le lui avait dit. Elle ne l'avait pas accepté, certes, mais l'information avait été retenue, enregistrée. Cette rencontre avec l'affreux rouquin et les deux demi-géants avait dû la perturber plus qu'elle ne voulait le reconnaître. Pourtant, il lui fallait s'en assurer. Non, c'était inutile. Il était mort ! Mort ! Comment aurait-il pu lui parler, dans ce cas ? Sans doute qu'un homme possédait une voix semblable à la sienne, voilà tout. Rien de plus. Elle était idiote d'avoir pensé autre chose, ne serait-ce que durant deux minutes.

Lentement, elle se retourna, se forçant à afficher un air reconnaissant, ou avoisinant. Elle remercierait l'individu, et sortirait de cet enfer. La guerre l'attendait, elle y trouverait bien une occasion d'en finir.
Son regard se porta tout d'abord sur les mains de l'homme. Les mêmes mains que Lui. Elle remonta les yeux vers son torse, ses épaules, son menton... ses lèvres... son nez... ses yeux.
Son coeur s'arrêta proprement et simplement de battre. Il était là. Il la regardait. Il se tenait à un mètre d'elle. Il semblait... incertain. Brusquement, elle se pinça l'avant-bras, jusqu'au sang. Mais son corps protesta : la douleur était réelle, elle ne rêvait pas. Son coeur se remit à battre, avec fureur, comme si par la force de ses martèlements, il tenait de sortir de sa poitrine. La main tremblante, elle osa porter ses doigts sur son épaule à Lui. Il n'était pas composé de la brume de ses rêves. Il était vivant. Il était vivant. Il était vivant. Comme une extraction de la réalité. Comme un songe qui prend corps.


- Duncan, murmura-t-elle, le coeur au bord des lèvres.

Elle était chamboulée. Plus rien n'avait de sens. Ou alors, tout en avait un. Le monde ne tournait plus rond. Ou alors c'était le contraire. Elle ne savait plus trop.
Syu porta sa main à ses lèvres, les yeux pleins de larmes. Elle avait à la fois envie de hurler et de chanter, de pleurer et de rire. C'était comme si durant tout ce temps, elle n'avait été que la moitié d'elle-même, et qu'on lui greffait à vif sa partie manquante. C'était comme si on lui arrachait pouce après pouce la peau de sur sa chair, puis qu'on s'empressait de la soigner dans la seconde suivante. Elle avait l'impression de naître et de mourir en même temps.

Soudain, les pleurs furent ravalés. Deux ans sans lui. Deux années. Qu'elle avait oublié, certes, mais qui avaient bien eut lieu ! Elle s'avança vers lui, le regarda droit dans les yeux durant quelques secondes, puis, de toute la force dont elle était capable, elle le gifla.


- Gòrach** ! Où étais-tu ?


* Total eclipse of the heart - Bonnie Tyler
{Je ne sais pas quoi faire, je suis toujours dans le noir
Nous vivons sur un baril de poudre et faisons des étincelles
J'ai vraiment besoin de toi ce soir
L'éternité va commencer ce soir}

** Gòrach = stupide, idiot.

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Bilbon
[Le garçon qui a attrapé le soleil] *

La gifle, il ne la voit pas venir. Mais il la sent très bien, par contre. Et en plus du coup, comme si c'est pas déjà assez violent, la voilà qui l'insulte. Il hésite entre rire et protester. Incroyable, mais elle n'a pas changé d'un pouce. Toujours aussi brute.
Duncan se masse la mâchoire, qui se souviendra de cette journée. C'est pas la première fois qu'elle le cogne. Pas la première insulte non plus. Mais on a beau savoir que ça fait un mal de chien quand elle frappe, on arrive vraiment pas à s'habituer.

Ses premiers mots n'étaient pas très reluisants, mais ceux de Syu ne le sont pas plus. Où étais-tu ? C'est tout ce qu'elle trouve de bien à dire ? Elle lui demande où il est comme si elle l'avait perdu de vue cinq minutes, et qu'il avait mis plusieurs heures à revenir. Elle semble plus énervée qu'heureuse, et dans le coeur de l'Ecossais, un doute se glisse. A-t-il bien fait de la retrouver ? Si c'était une erreur ? Il se passe une main dans les cheveux. Il reste planté là, sans savoir quoi répondre. S'il parle, il rend son diner de la veille, à coup sûr. Et ça risque de la remettre en rogne. Il s'en remangera une, et sa mâchoire n'est pas trop d'accord là-dessus. Faut pas abuser des bonnes choses comme on dit.

Mais puisque parler est impossible, il va laisser s'exprimer son corps. Les lèvres bien closes, il ouvre les bras, et la serre contre lui. Il est plus grand qu'elle, ce qui n'est pas difficile. Il plonge le nez dans ses cheveux roux. Ils sentent les fougères gorgées de pluie, la mousse qui pousse aux pieds des arbres, la terre mouillée. Elle sent la forêt. Ce parfum lui a manqué, il ne s'en rend compte que maintenant. Il meurt d'envie de l'embrasser, mais il n'ose pas. Elle en aime peut-être un autre. Et puis même sans ça, elle risque bien de lui remettre une claque, ce qu'il préfère éviter. Courageux mais pas téméraire, l'Ecossais !

Il sent qu'il lui faut dire quelque chose. Tant pis pour sa nausée. Il va pas se taire éternellement, et il a tant de choses à lui raconter ! Il se recule un peu, pose ses mains sur ses épaules. Duncan la regarde dans les yeux. Les yeux de William MacDouggal, ce qui est un peu perturbant. Mais ces iris ont quelque chose que ceux du chef n'avaient pas. Une sorte de fragilité enfouie.

"Syu... Je..."

Comment commencer ? C'est un peu compliqué, de trouver les mots, quand on est pas doué avec.

"Je ne suis pas mort."

Mouais, mais ça, elle a du le remarquer. Quel crétin !

"Blaine t'a menti... vous a tous menti. Tu ne peux pas imaginer ce qu'il... Mais peu importe. Je suis là, Syu. Je suis là."

C'est tout ce qu'il arrive à dire. Rien d'autre ne franchit ses lèvres. Les yeux dans les siens, il remonte ses mains jusque sur le visage de sa Précieuse. Comme tu m'as manqué.




* Copper Down "the boy who trapped the sun"

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Syuzanna.
« Tu étais ma force quand j'étais faible
Tu étais ma voix quand je ne pouvais pas parler
Tu étais mes yeux quand je ne pouvais pas voir
Tu as vu le meilleur au fond de moi
Tu m'as soulevée quand je ne pouvais pas atteindre
Tu m'as donné la force car tu croyais
Je suis ce que je suis
Parce que tu m'as aimé »
*

Au fur et à mesure qu'il parlait, elle avait envie de rire. Lui préciser qu'il n'était pas mort était peut-être superflu, et il dut s'en rendre compte, car il eut l'air agacé. Et ce ne fut que lorsque ses bras se renfermèrent autour d'elle, que Syu réalisa que Duncan était bel et bien vivant. Qu'elle n'était pas en train d'halluciner. Même dans ses rêves les plus élaborés, elle n'avait jamais pû retrouver la sensation de son corps contre le sien.
Elle s'astreignit à la modération. Si elle se laissait aller, elle allait exploser, c'était certain. Et elle ne voulait pas encore predre la tête. Pas une seconde fois. S'il était bien auprès d'elle... mais que pensait-elle ? Oui, il était là ! Il la serrait contre lui !

Elle ferma les yeux, inspirant profondément. Il dégageait une légère odeur de sueur, mais cela ne lui sembla pas désagréable. Il sentait l'eau froide, la neige, la paille. Mais qu'importait son odeur ! Rien que le fait que sa joue repose sur son épaule tenait du miracle ! Alors, oui, puisqu'il était là, ils auraient désormais le temps qu'ils voulaient. Elle pouvait prendre son temps. Se donner quelques minutes pour se remettre de ses émotions.

Et comme l'Ecossaise avait oublié les dernières semaines qu'elle avait passé auprès de lui au Clan, comme les deux dernières années lui avait échappées, les retrouvailles lui semblaient peut-être moins... hors du temps. En se réveillant, le mois dernier, il était toujours en vie, dans son esprit. Elle avait certes depuis, appris sa mort, mais ne l'ayant pas encore accepté, son retour du pays des disparus lui semblait moins... fou.
Il mit fin à l'étreinte douce et légère, mais si forte et puissante en même temps ! Ses mains sur ses joues lui semblèrent brûlantes comme les flammes d'une forge. Elle eut envie de lui sauter au cou, de l'embrasser à perdre haleine, de laisser son coeur exploser... Mais non, pas encore, pas tout de suite. D'abord, elle devait savoir, apprendre tout ce qu'elle ignorait.


- Duncan... Prenons place, fit-elle en indiquant la table qu'elle venait de quitter.

Les deux bougres qui l'avaient attaqué avaient été trainé hors de leur vue, les dieux savaient où.
Elle prit place, commandant d'un geste de la main « la même chose », et l'invita à prendre place en face d'elle.


- Raconte-moi. Je veux tout savoir. Comment se fait-il que tu sois resté si longtemps chez nous, encore ? Comment se fait-il que tout le monde t'ait cru mort ?

Elle baissa brièvement le nez, mais redressa le menton presque aussitôt. Après, il faudrait qu'elle lui parle de sa propre vie ici, en France. Et quelque chose lui disait qu'il n'allait pas aimer tout entendre...



* Céline Dion - Because you loved me
(la version du lien est la reprise par Glee)

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Bilbon
[Je n'irai plus nulle part sans vouloir lui revenir, sans vouloir nous retenir] *

Comment lui expliquer ? Ca promet d'être difficile. L'histoire en elle-même n'est pas bien compliquée mais s'y replonger n'est pas simple. C'est douloureux. Duncan aurait voulu commencer par elle. Savoir ce qu'elle a fait dans ce pays. Mais il connait bien la jeune femme devant lui : elle veut savoir ? Elle fera tout pour. Pas toujours de manière honnête, d'ailleurs.
Soupirant, il serre les poings, baisse les yeux. Il voudrait avoir déjà tout dit. Être cinq minutes plus tard. Souhait enfantin, il en a conscience. Aussi se lance-t-il, les traits durcis par la colère et la tristesse :

"Tu te souviens de l'agitation après la mort de ton père. Nous avons tous été embarqués en troupeau vers le village. Là, tu as été reléguée au fond, et je me suis révolté. Pour me faire taire, un sbire de Blaine a saisi mon frère et l'a pendu. De loin tu as cru qu'il s'agissait de moi, et le Félon t'a induit en erreur. Vous a tous induit en erreur. Et on a enfermé le reste de ma famille. Pendant vingt mois. Père et Mère sont morts durant ce temps. Et... vingt mois plus tard, Blaine est mort. Tuberculose. Son fils a pris sa place, et pour fêter son nouveau rang, a fait libérer tous les prisonniers. Aussitôt libre, j'ai voulu savoir où tu étais partie. On m'a dit que des rumeurs te déclaraient en France. J'ai débarqué à Dieppe, et de là... j'ai cherché partout. C'est à Compiègne que j'ai retrouvé ta trace. Ensuite ce fut à Laval, et puis enfin Sarlat..."

Le discours a été court. Il ne veut pas s'étendre plus. A quoi servirait de lu décrire l'enfer de la captivité ? Et est-il prudent de dire que c'est grâce à elle, à son souvenir, qu'il n'est ni devenu fou, ni n'a passé l'arme à gauche ? Incapable de résister, il lui prit la main, passant le pouce sur sa peau blanche. A l'époque, il s'en était bien rendu compte. Mais la revoir après tout ce temps lui fait comprendre à quel point il l'aime. Parce qu'après tout, l'aimer, maintenant, c'est tout ce qui lui reste à faire.

"Et toi, ma Syuzanna... Raconte-moi. Qu'as-tu fait ?"


1789 "dans ses yeux"

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Syuzanna.
« Tu dis l'amour a son langage. Pour moi les mots ne servent à rien.
S'il te faut des phrases en otages, comme un sceau sur un parchemin
...
Il y a mourir dans "je t'aime", il y a "je ne vois plus que toi"
...
Il y a une question dans "je t'aime", qui demande "m'aimes-tu, toi ?" »
*

Syu l'écouta parler, silencieuse. Son explication fut brève, mais le principal avait été dit. Et d'ailleurs, au fond d'elle-même, si elle voulait être honnête, attachait-elle tant d'importance à un récit détaillé ? Peut-être plus tard, mais pour le moment, ce qui lui importait vraiment, c'était de sentir sa main dans celle de Duncan, d'avoir le regard perdu dans les yeux de Duncan, d'être assise à cette table, à Sarlat, Périgord-Angoumois, France, Europe, monde, galaxie, univers, avec Duncan MacLean. Elle se fichait du reste.
Néanmoins, il était temps pour elle de passer à son propre récit. Du moins celui qu'on lui avait fait de sa vie. Commencer par ce point lui sembla essentiel. Peut-être aurait-il plus facile à pardonner en sachant qu'à l'heure actuelle, si elle pouvait revenir en arrière, elle ne referait pas les mêmes erreurs ?
Elle inspira pronfondément, puis planta ses yeux dans les siens. Elle menait ici sa plus épique, sa plus héroïque bataille. La bataille décisive. La bataille de sa vie.


- Je suis amnésique. Depuis presque deux mois. Je me suis prise une branche dans la tête, au début du mois Novembre. Le récit que je vais te faire sera celui que Maonaigh et Sybelle m'ont conté. Moi-même, j'ai eu bien du mal à y porter foi...

La force lui manqua, et de ses yeux, elle passa à l'étude de ses lèvres. Puis commença, enfin.

- Il y a environ un an, je suis arrivée à Compiègne. J'y ai retrouvé Manu. Le récit commence ici, car l'année suivante, je le passais seule, et on ne peut faire que des suppositions. Donc, j'arrivais à Compiègne, retrouver une amie. J'y rencontrais un homme, un Danois, nommé Seurn Eriksen, et une jeune fille, nommée Loh. Tous deux s'aimaient. Et... moi-même me suis laissée prendre au jeu des sentiments envers ce Danois.
» Nous partîmes un jour de mars je crois, à moins que ce ne soit février. Pour Laval, lieu de résidence supposé de la demoiselle. Arrivée à Laval, de chagrin, je désertais les tavernes et autres lieux publics. Tout était brouillé. Il y avait toi, et Seurn, et je ne pouvais pas te trahir mais je te croyais mort... Enfin bref, un jour, ce Seurn m'écrivit. Il était parti de Laval, et me proposait de le rejoindre à Mayenne. Je le fis. Nous entreprîmes un voyage, et en chemin, il retrouva sa mère, une Ecossaise. Nous nous rendîmes alors à Sarlat, là où elle vivait.
» Au mois d'Août, le 20, il me prit pour épouse, quoi que de manière païenne, même pour nous, et ce mariage n'est ni reconnu par les druides, ni même par sa propre religion. On peut nommer ça un mariage de façade. Il ne voulait pas vraiment s'engager, si tu veux mon avis.
» Notre histoire s'effilocha très vite et un mois après les épousailles il quitta Sarlat pour Bergerac, la ville voisine, et m'y trompa avec toutes les femmes à sa portée. Au début de Novembre, je me pris cette fameuse branche et... Voilà.


Elle n'osait pas bouger, plus le regarder, à peine respirer. Comment allait-il prendre toutes ses révélations ?


* Jean-Jacques Goldman - Sache que je
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Bilbon
[Tu es l'origine de l'amour] *

Syu se met à parler, le prévient même d'un sacré détail en guise de préambule. Au départ, il veut s'enquérir de sa santé, lui demander si ça va, mais au fur et à mesure qu'elle explique son histoire en France, il se crispe. Sa main glisse de celle de son amie, et ses traits se durcissent. Bien entendu, il ne pouvait pas attendre d'elle qu'elle le pleure toute sa vie alors qu'elle le croyait mort. Bien sûr que non, on n'attend pas un mort, il y a quand même fort peu de chance pour qu'il refasse surface un beau jour au milieu du repas dominical en demandant la composition du menu. D'ailleurs lui même s'il avait été mort, aurait été le premier à l'encourager à refaire sa vie, fusse avec un danois. Mais si vite ? Juste un an après ? Il se sent déshonnoré, tout à coup.

Duncan la regarde tout de même. Il ne cherche pas à cacher son désapointement. Sa meilleure amie, son grand amour, épousant si vite un homme rencontré un beau jour à Compiègne ? Comme ça ? Il soupire, blessé presque dans sa chair, c'est du moins l'impression. Là, tout de suite, il aimerait bien le voir surgir, l'époux. Juste pour le plaisir de le rouer de coups. Il n'aspire brusquement qu'à voir le sang de l'infâme danois gicler à travers pièce. Une fois veuve, Syu sera de nouveau à lui. Non ?

Puis quelque chose vient lui chatouiller les esgourdes. Mariage de façade ? Non reconnu par leur religion ? Intéressant. Et Syu n'avait sans doute que ressenti le besoin de ne pas se savoir seule au monde, malgré la présence des siens. C'est une chose d'être entourée d'une armée de cousins et cousines, une autre d'avoir un époux à serrer contre soi la nuit.
Une idée vient lui caresser l'esprit, et il lui reprend la main aussitôt. Elle ne s'est pas vraiment mariée. Aux yeux d'aucune religion, en tout cas pas la leur. Et il est bien sûr qu'elle ne l'a pas épousé selon les rites anciens, sinon elle le lui aurait dit. Bon, voilà qui change la donne. L'esprit en paix suite à cette profonde réflexion et analyse de la situation, il peut lui adresser un sourire aussi sincère qu'heureux.

"Ma Syu, cela n'a pas d'importance. Si cet homme à demi Ecossais ne t'a pas prise pour femme selon nos coutumes, alors je considère qu'il n'y a pas de vrai mariage, et que tu n'es l'épouse de personne. Pour l'instant, en tout cas."

Il met bien l'accent sur sa dernière phrase, sans en dire plus encore. Ce genre de choses, ça ne se fait pas à la légère, que diable. Il n'est pas un rustre.
Incapable de résister à l'appel de ses grands yeux noisette, il quitte sa place, s'agenouille à ses côtés. Saisissant son visage adoré entre ses mains, il approche son nez du sien, sans la quitter des yeux.

"Chère, chère, Syuzanna NicDouggal. Je ne saurais t'exprimer à quel point tu m'as manqué. Je t'aime, n'ai jamais cessé de t'aimer, et ne cesserai jamais, j'en fais le serment."

Fermant lentement les yeux, il dépose enfin sa bouche sur la sienne, d'abord tout en douceur, comme si elle était une fleur fragile. Puis, la passion, l'instinct, ou quoi que ce soit d'autre du même acabit l'emporte, et son baiser devient brûlant. Deux ans qu'il attend ça. Deux longues années à rêver de cette femme qu'il tient entre les mains. Et foi de MacLean, il n'est pas prêt de la lâcher !


* Mika "origin of love"

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Syuzanna.
« Je t'aimais, je t'aime, et je t'aimerai » *

Lorsqu'il retira sa main, ce fut comme si la rousse se prenait en même temps un couteau en plein coeur. Quelque chose lui disait qu'elle méritait ce traitement, mais une autre voix lui murmurait qu'elle ne pouvait pas payer pour ça ; à l'époque, elle l'avait cru mort, et depuis elle avait tout oublié. Mais comment aurait-elle réagi, elle, à la place de Duncan ? Sans doute de la même façon. Elle se connaissait suffisament pour savoir qu'elle l'aurait très, très mal pris. Et alors qu'elle-même aurait probablement hurlé à la trahison, lui-même restait calme, presque stoïque, malgré la dureté de ses traits. Difficile de savoir comment agir, quelle attitude adoptée. L'histoire en elle-même était complexe. Il était mort, puis réapparaissait. Les dieux avaient-ils donc enfin décidés de se pencher sur son cas ? De réaliser son souhait le plus cher, le plus profond, le plus pur, le plus sincère, le plus...

Mais il reprit la parole, et ce fut comme un printemps en plein hiver. Il ne lui en voulait non seulement pas, mais lui laissait miroiter un avenir commun. Une promesse de mariage ? Elle ne devait pas s'emballer. Depuis quand s'emballait-elle ? Mais c'était lui, c'était l'effet Duncan. Quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, il mettait de la paix dans l'âme de la rousse, de l'amour dans son coeur, et tout ceci la changeait. Elle avait envie de rire, de s'amuser comme une enfant, quand il était là. Le ciel était plus bleu et l'herbe plus verte. Il devait posséder quelque chose, un pouvoir magique, un don déifique.

Il s'approcha, et l'embrassa, non sans lui avoir déclarer un amour éternel. Elle répondit tendrement, passionnément, totalement, à son baiser, comme si sa vie entière dépendait de cet instant.
Elle s'écarta de lui au bout d'un moment infini, ou très court, elle ne savait plus très bien. Elle perdait toujours la notion du temps quand Duncan était avec elle. Reprenant son souffle à défaut de ses esprits, elle lui sourit tendrement, avant de presser sa main contre ses joues ombrées d'une barbe naissante.


- Et moi, je te jure, Duncan, de ne jamais plus me séparer de toi, de passer ma vie à tes côtés et de... et de t'aimer, jusqu'à la fin de mes jours.



*Francis Cabrel - Je t'aime, je t'aime, et je t'aimerai
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Bilbon
[Pour toujours à jamais]

Tout ce qu'il avait besoin d'entendre vient d'être dit. La vie semble enfin lui offrir tout ce qu'elle lui refusait avant, et même si c'est maintenant en France qu'il faudra le vivre, il se sent bien. Qu'importe le pays où il se trouve car sa véritable patrie, son chez lui, c'est Syu et seulement Syu. Le fait qu'elle l'aime, qu'elle se promette à lui, l'emplit d'un bonheur sans nom. Incroyable, le pouvoir de trois petits mots de rien.

Il se relève, sans la quitter des yeux. Duncan n'a pas spécialement envie de le faire, mais il le doit. Et maintenant que le principal a été dit, ils se savent l'un à l'autre. Rien de fâcheux, même la distance, ne pourra désormais les séparer. Il lui prend doucement la main, tout en souriant. Il se sent heureux, heureux comme jamais. Ces deux années d'enfer qu'il a vécu appartiennent au passé, ne sont que souvenirs. Il peut désormais passer à autre chose. Il a retrouver celle qu'il aime. Celle qui l'aime.

"Syu, je vais devoir repartir. J'ai fait un long chemin, j'ai laissé des affaires dans une autre ville plus au Sud, en m'égarant sur le chemin du Périgord. Je dois aller les chercher avant de revenir définitivement vers toi."

Il prend la main de sa rousse dans la sienne, la portant jusqu'à ses lèvres, il y dépose un baiser.

"Je ferais le plus vite possible. Je ne serais pas parti longtemps. Et plus vite je repartirais, plus vite je te reviendrai."

Il lui sourit de nouveau, et se lève doucement. Il sait qu'il doit partir immédiatement, sous peine d'en être incapable plus tard. S'attarder, repousser le moment où il doit s'absenter, ne rendra que plus difficile les choses.

"Je te promets que je serai de retour près de toi avant que la moitié du mois de Janvier ne soit écoulé. Et n'oublie pas que je t'aime."

Il se penche en avant, l'embrasse légèrement. Un baiser plein de promesse, plein d'avenir. Puis, sans la quitter des yeux, il se recule jusqu'à la porte.

"Salue les tiens de ma part !"

Et sur un dernier signe de la main, il referme doucement la porte derrière lui. Le bonheur est enfin droit devant.
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