Cétait décidé ! Elle détestait la nuit, elle détestait la neige, elle détestait le froid ! Et elle détestait par-dessus tous les chevaux qui lobligeait à marcher en cours de route !
Oui, bon, la Normande était plutôt de mauvaise humeur, parce quen fin de compte, son cheval, elle ladorait, mais nempêche que
le temps affreux de la nuit lavait considérablement ralenti dans sa progression sans parler de la marche forcée quelle sétait imposé pour ne pas mourir de froid. Apres trois jours de cavale, trois jours de course, trois jours sans dormir, si la volonté de la de Courcy était toujours là, son corps lui, réclamait plus que de raison un peu de repos.
Cest donc en grommelant et en trainant les pieds quelle passa les portes de Millau ou régnait une étrange effervescence. Du monde arpentait les rues, dautres courait ici et là, des groupes sétait formé au coin des rues et semblait être lancé dans des discutions plutôt animés, voila au moins qui lui changeait de la route en solitaire quelle avait fait depuis Montpellier. Un peu danimation ! Quoi de mieux ! Et puis peut être que dans le lot quelquun aurait aperçu Arthéos. Mais pour lheure
. Un peu de repos avant de tomber dinanition dans cette rue !
Ses pas sarrêtèrent devant une Auberge sans grande prétention, elle nétait de toute façon pas ici pour afficher ses titres ou se montrer, mais juste pour se reposer un peu avant de reprendre ses recherche. Laissant donc son cheval devant la bâtisse, la jeune femme entra dans et avisa rapidement lendroit.
Pas très grand, pas très accueillant, mais
silencieux ! Une grosse bonne femme se tenait derrière le comptoir et ne semblait très satisfaite de recevoir du monde. Quà cela ne tienne, Adeline avait besoin de repos et repos elle aurait. Et il ne lui fallut que quelque minute pour obtenir ce quelle désirait, notant au passage le regard étrange de la tavernière lorsquelle lui laissa son nom et le : « Ciel ! Sa femme ! » quelle laissa échappé. Mais trop lasse et fatiguée pour répondre quoi que ce soit, la Normande se contenta de monter rapidement et de sétendre enfin sur sa couche.
Quelque minute de repos
juste quelque minute pour fermer les yeux, détendre tout ses muscles tendu par ses trois jours de cavalcade. Ce nétait pas la première fois pourtant quelle voyageait comme cela. Elle était habituée par ses nombreux passages dans larmée à chevauché, marché, se battre et soumettre son corps à rude épreuve. Mais là
était ce le froid, le manque de nourriture, la fatigue qui persistait depuis son dernier mandat ? Elle ne saurait dire, mais ses trois derniers jours lavaient complètement
épuisé ! Mais malgré tout cela, cest avec beaucoup de mal quelle parvint à sendormir. Ses pensées sans cesse tourné vers les siens, vers son valet, ce jeune homme exceptionnel quelle avait pris auprès delle et sur qui elle avait promis de veillé en réponse à la promesse faites a sa défunte amie, ce jeune homme, bien plus quun valet, un ami avant tout ce dont peu de personne arrivait a comprendre. Combien de fois ne lui avait-on pas dit : « Ce nest quun domestique, ny prend pas garde ! » Mais non, non ce nétait pas « quun domestique », ce nétait même pas un domestique tout court
cétait un ami, un membre de sa famille à part entière
voilà pourquoi elle tenait absolument à le retrouver
Et puis il y avait eu aussi cette lettre reçut de sa fille. Sa petite princesse qui était parti avec son cousin. Comment aurait-elle pu len empêcher malgré les crainte et les doutes qui lassaillait chaque fois quelle devait se séparer delle
Mais là encore
qui pouvait voir et comprendre les tourments qui lassaillait chaque fois quelle devait prendre la décision de se séparer delle
Même si
même si cette fois tout était bien différent. Ce nétait quune petite escapade dans la ville voisine, et puis elle était entouré, bien protéger aussi, il veillerait sur elle, il ny avait rien à craindre. Rien à craindre si ce nest les brigands qui sillonnait les routes, et quelle ne fut pas sa surprise dapprendre dans cette lettre, quils avaient été victime de brigand
Cétait comme si le sort sacharnait, comme si la malédiction que lui avait révélé Osfrid se confirmait, encore et encore. Elle qui avait pensé trouver enfin la paix et le repos en arrivant dans cette région, elle était loin de simaginait que le combat continuerait
Et quel combat ! La tempête ne cesserait donc jamais ? Devait-elle finalement se faire à lidée que cette « malédiction des enfants jumeaux » était vraie et que rien ne pourrait changer ? Et quarriverait-il à Briana ? Et Erwan ? Et
Trop... Une fois de plus cétait trop ! La de Courcy exacerbé par toutes ces questions qui hurlait dans son pauvre petit crane déjà assez endolori se releva dun bon. Cela était tout simplement inutile, elle ne parviendrait pas à dormir dans ces conditions. Pas avant davoir envoyé une missive a sa fille, ni avant davoir retrouvé Arthéos !
Quoi que lon puisse penser delle, elle avait fait une promesse et sétait juré de la tenir !
Sans attendre davantage, la jeune femme sinstalla au petit bureau meublant la pièce sombre, et, à la lueur dune bougie, entreprit décrire une seconde lettre a son enfant, au moins pour la rassurer dans sa cavalcade, mais surtout, surtout, pour sassurer que tout allait bien de son coté. Non pas quelle doutait de la protection du cousin, mais simplement quelle voulait, sassurer, se rassurer, comme toute mère sinquiète de ces enfants
La missive écrite, elle sempressa de trouver un pigeon capable de se rendre à Nîmes, et le fit partir sans plus attendre avant de rassembler ses quelques affaires et quitter lendroit.
La grosse tavernière nétant bizarrement plus là, Adeline, dut se résoudre une fois de plus à arpenter les rues de Millau dans lespoir de trouver quelque renseignement sur son « disparu ».
A une marchande
- Un jeune homme dites-vous ? Mais ma bonne dame, jen vois des centaines par jours !
Un autre :
- Comment dites-vous ? si jai vu vot palet ?
Encore un autre :
-A ouais, ca mdit queque chose jcrois bien ! Tout comme vous dites, jlai vu passer laut jours, mais semblait vouloir scacher.
-Cest lui ! Cest sûrement lui ! Vous savez par ou il est parti ?
-Vers lnord, cte rue mène vers la porte dla ville, il est ptet parti la bas.
-Oh merci mon brave merci !
-Cty pas malheureux, encore une donzelle amoureuse qui court après lamour
Tsss pauv gars ! jspère quil levitra !
Les dernières paroles du commerçant, Adeline ne les entendit pas, trop occupée à grimper une fois de plus sur son fidele destrier. La route du nord
encore le nord, mais où diable allait-il ?!
Direction
.. Rodez !