Les feuilles commençaient à se jaunir et pour certaines, déjà, à quitter le giron qui les avait créées pour choir, non sans légèreté,
sur le sol qui redevenait chaque jour plus vert après la saison chaude. La nature, les saisons, elle les comprenait jusqu'au fond de son être.
Un rayon de soleil pointant, doré et timide, avait réveillé la brune au travers du volet. Pour une fois depuis plusieurs mois, elle avait décidé de quitter le lit,
laissant Ani encore dans le chaud des couvertures après un bref baiser sur l'endormi, pour profiter de la naissance du jour dans la clairière qui avait concéder une place à sa maison.
Elle descendit les escaliers, prit son châle accroché à une patère et, sans même rien avaler, ouvrit la porte sur le jour pointant son nez.
La rosée avait couvert l'herbe alentour et tout avait un aspect de douce froideur printanière.
Elle referma la porte derrière elle et inspira un grand coup, comme pour retirer les derniers lambeaux de brume de son esprit tout récemment éveillé.
Expirant, une faible buée s'échappa de ses lèvres et elle sourit. Ses yeux d'ambre avaient rencontré la douceur d'un rai de soleil et tout fut sublimé par la lueur mordorée du presque automne.
Elle sentait l'odeur de la terre humide qui changeait, l'humus qui commençait à se faire et dégageait, en fin de journée, la douce odeur des champignons bientôt à venir.
La saison claire entamait sa lente révérence pour laisser la place, très bientôt, à la saison sombre.
Tout était dans l'ordre des choses et c'était bien. Les dieux, celtes, elle en était certaine, protégeait et bénissait cet endroit si particulier pour elle.
Pour rien au monde elle ne troquerait sa clairière pour un château ou autre chose. Non.
Tout était là et il ne manquait rien. Elle entendit la porte grincer légèrement derrière elle et vit un museau noir pointer sa truffe moustachue pour venir la rejoindre en se frottant le long de ses jambes.
Comme aiment le faire tous les chats avec les gens qu'ils connaissent et apprécient.
Elle le regarda un instant, tous ses sens apparemment réveillés, il remuait son nez noir pour humer les odeurs si subtiles que seuls les animaux peuvent sentir.
Ses yeux verts se relevèrent et croisèrent ceux dorés de sa maîtresse et il étrécit les yeux, dans une douce attitude de respect. Comme si tous deux partageaient ce petit plaisir simple.
Elle s'accroupit vers lui pour le dispenser de quelques caresses qui eurent pour effet de déclencher quelques ronronnements sonores.
Alors Ulysse, tu n'as pas été réveiller Ani cette fois, dis-moi, lui dit-elle dans un faux air de remontrance, en souriant un peu.