Astana
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De nos jours, faire du tourisme est une activité passablement fatale.
L'Histoire débute lors d'une froide nuit d'hiver - bah ouais- aux portes de Saumur. Un borgne et une danoise tout juste revenus du désert poitevin arpentent la route, chargés de leurs récentes acquisitions. Ils causent à leur manière, et il faut croire que la discussion est d'un intérêt majeur, puisqu'ils ne remarquent pas qu'ils foncent droit dans la gueule du blaireau. C'est trop calme... En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, les comparses sont cernés par une armée angevine. Les zigs surgissent de partout, poussent comme des pâquerettes galeuses, et se mettent à frapper dans le lard comme des sagouins. On a pas idée du mal de chien que procure la morsure de l'Angevin enragé et si aveugle qu'il tape sur des compatriotes. Non, vraiment pas.
Les côtes à droite qui craquent et cèdent : 150 points, espérons qu'ça crève pas un poumon au passage.
La clavicule droite décorée d'une belle entaille : 200 points, bien visé !
La jambe droite fustigée d'une zébrure : 90 points, parce que quand même.
La pommette droite frappée d'un pommeau : 100 points, mon visaaaage !
Le bras gauche largement entaillé : 40 points, même pas mal, té.
Coups divers et variés sur la trogne : 5 points, c'est petit.
Le coup d'épée dans le vent : 0 pointé.
Le borgne n'est plus visible, tout se brouille, s'embrouille. Elle cligne des yeux, plusieurs fois, mais rien n'y fait. La faute à la tignasse devenue griotte - trop de ch'veux tue les ch'veux. Les esgourdes portent encore l'écho des fers croisés, et achèvent de la faire vriller totalement. Même les guiboles ensanglantées semblent demander un temps-mort. Un repos ? Accordé ! Sursaut. Il est l'Heure de faire place à la douleur qui lui déchire les entrailles, à présent. La danoise pousse un cri étouffé des plus faiblards, et de loin, l'on pourrait presque croire qu'elle lâche sa larme - mais juste de loin. Ses armes tombées à terre, l'Astana les imite lentement, crachant une dernière fois le sang en bouche. Même pas le privilège de voir sa vie défiler, quedal, cette arnaque ! Et c'est l'ultime ricanement amer avant l'inconscience.
Rideau.
...
Que tu crois !
Titre : "Doux foyer !", en français.
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« Ça pique trop d'la vie, quoi : ça pique, ça lance, et derrière, comment ça re-pique trop ! »
- Yvain, dans Kaamelott
De nos jours, faire du tourisme est une activité passablement fatale.
L'Histoire débute lors d'une froide nuit d'hiver - bah ouais- aux portes de Saumur. Un borgne et une danoise tout juste revenus du désert poitevin arpentent la route, chargés de leurs récentes acquisitions. Ils causent à leur manière, et il faut croire que la discussion est d'un intérêt majeur, puisqu'ils ne remarquent pas qu'ils foncent droit dans la gueule du blaireau. C'est trop calme... En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, les comparses sont cernés par une armée angevine. Les zigs surgissent de partout, poussent comme des pâquerettes galeuses, et se mettent à frapper dans le lard comme des sagouins. On a pas idée du mal de chien que procure la morsure de l'Angevin enragé et si aveugle qu'il tape sur des compatriotes. Non, vraiment pas.
Les côtes à droite qui craquent et cèdent : 150 points, espérons qu'ça crève pas un poumon au passage.
La clavicule droite décorée d'une belle entaille : 200 points, bien visé !
La jambe droite fustigée d'une zébrure : 90 points, parce que quand même.
La pommette droite frappée d'un pommeau : 100 points, mon visaaaage !
Le bras gauche largement entaillé : 40 points, même pas mal, té.
Coups divers et variés sur la trogne : 5 points, c'est petit.
Le coup d'épée dans le vent : 0 pointé.
Le borgne n'est plus visible, tout se brouille, s'embrouille. Elle cligne des yeux, plusieurs fois, mais rien n'y fait. La faute à la tignasse devenue griotte - trop de ch'veux tue les ch'veux. Les esgourdes portent encore l'écho des fers croisés, et achèvent de la faire vriller totalement. Même les guiboles ensanglantées semblent demander un temps-mort. Un repos ? Accordé ! Sursaut. Il est l'Heure de faire place à la douleur qui lui déchire les entrailles, à présent. La danoise pousse un cri étouffé des plus faiblards, et de loin, l'on pourrait presque croire qu'elle lâche sa larme - mais juste de loin. Ses armes tombées à terre, l'Astana les imite lentement, crachant une dernière fois le sang en bouche. Même pas le privilège de voir sa vie défiler, quedal, cette arnaque ! Et c'est l'ultime ricanement amer avant l'inconscience.
Rideau.
...
Que tu crois !
Titre : "Doux foyer !", en français.
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