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[RP] Home sweet home !

Astana
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    « Ça pique trop d'la vie, quoi : ça pique, ça lance, et derrière, comment ça re-pique trop ! »
      Yvain, dans Kaamelott
    .

— De nos jours, faire du tourisme est une activité passablement fatale.

L'Histoire débute lors d'une froide nuit d'hiver - bah ouais- aux portes de Saumur. Un borgne et une danoise tout juste revenus du désert poitevin arpentent la route, chargés de leurs récentes acquisitions. Ils causent à leur manière, et il faut croire que la discussion est d'un intérêt majeur, puisqu'ils ne remarquent pas qu'ils foncent droit dans la gueule du blaireau. C'est trop calme... En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, les comparses sont cernés par une armée angevine. Les zigs surgissent de partout, poussent comme des pâquerettes galeuses, et se mettent à frapper dans le lard comme des sagouins. On a pas idée du mal de chien que procure la morsure de l'Angevin enragé et si aveugle qu'il tape sur des compatriotes. Non, vraiment pas.

Les côtes à droite qui craquent et cèdent : 150 points, espérons qu'ça crève pas un poumon au passage.
La clavicule droite décorée d'une belle entaille : 200 points, bien visé !
La jambe droite fustigée d'une zébrure : 90 points, parce que quand même.

La pommette droite frappée d'un pommeau : 100 points, mon visaaaage !
Le bras gauche largement entaillé : 40 points, même pas mal, té.
Coups divers et variés sur la trogne : 5 points, c'est petit.
Le coup d'épée dans le vent : 0 pointé.

Le borgne n'est plus visible, tout se brouille, s'embrouille. Elle cligne des yeux, plusieurs fois, mais rien n'y fait. La faute à la tignasse devenue griotte - trop de ch'veux tue les ch'veux. Les esgourdes portent encore l'écho des fers croisés, et achèvent de la faire vriller totalement. Même les guiboles ensanglantées semblent demander un temps-mort. Un repos ? Accordé ! Sursaut. Il est l'Heure de faire place à la douleur qui lui déchire les entrailles, à présent. La danoise pousse un cri étouffé des plus faiblards, et de loin, l'on pourrait presque croire qu'elle lâche sa larme - mais juste de loin. Ses armes tombées à terre, l'Astana les imite lentement, crachant une dernière fois le sang en bouche. Même pas le privilège de voir sa vie défiler, quedal, cette arnaque ! Et c'est l'ultime ricanement amer avant l'inconscience.

Rideau.

...

Que tu crois !



Titre : "Doux foyer !", en français.
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Finn
Un soupir d’aise rompit la monotonie nocturne.

- « Quelle belle nuit, hein ? »
- « Mmh ? Ah, ouais. »
- « C’est comme si l’éternité nous tendait les bras. La Lune, lointaine, veillant sur nous depuis les cieux et le souffle vivifiant de la brise sur nos pauvres âmes déchues… »
- « Vous voulez dire qu’il fait froid ? »
- « Euh.. oui. »
- « Bon, bah dites qu’il fait froid et arrêtez de nous les casser. »

De mauvais poil et pour cause, une ronde avait cordialement réclamé sa participation à l’effort de guerre. Ainsi, Le seigneur de Cazayous flanqué de quelques coutiliers montés à cheval, faisait le pet autour de Saumur la Bien Conservée. La ville assiégée laissait parfois s’échapper quelques énergumènes suffisamment sensés pour fuir la folie qui régnait entre ses épaisses murailles. Ce soir, il était de son devoir de leur demander patte blanche en terre françoyse.

- « Sire ! Sire ! Le buisson, là, il bouge ! »
- « C’est le vent ça, voyez avec le p’tit Hubert. »
Hochement de tête dudit Hubert, précédemment poète, à présent muselé par son camail de cuir roulé en boule dans la bouche.
- « Non mais il a un bras celui-là ! »
- « Quoi, le buisson ?! »

Le pas tranquille des montures les avait menés sur un terrain portant les stigmates d’un affrontement récent. Ou plutôt d’un lynchage ordonné, en témoignaient la convergence de traces de pas précipités dans la même direction.

- « Chic, un envahisseur ! », lança l’un des grouillots.
- « Youuhouuuu ! », s’enflammèrent les autres tous en cœur.
- « Oh là, mollo mon garçon. Ne nous emballons pas, c'est peut-être rien qu'un cueilleur de girofles. », tempéra le vieil Irlandais sans descendre de selle.
- « Sire, deux envahisseurs ! Ils ont l’air décédés. », renseigna le premier parti enquêter.
« Alors nous n’avons plus rien à faire ici. Bravo messieurs, la Couronne est fière de v.. », s’interrompit le chef de ronde pétri d’éloquence.
- « .. Hey regardez ! », brailla un soldat en brandissant fièrement une breloque.
- « Whhaa une soupière, deux jours que je cherche la mienne ! », s’émerveilla le suivant en continuant à fouiller les deux macchabées.
- « C’est pas bientôt fini, oui ! Empaquetez-moi ces merdes et leurs propriétaires avec, on fera le tri plus tard. », trancha l’homme d’arme en faisant pivoter sa monture gris pommelée.

Ainsi, la petite troupe achemina dans l’allégresse ses trésors de guerre jusqu’au campement de la Compagnie d’Artus sis hors des murs. L’Irlandais, qui s’octroyait d’office un droit d’inventaire sur les trouvailles de la nuit, présentait un profil émacié et foncièrement cupide aux deux invités alités, penché sur leurs affaires. Malgré une singulière indifférence envers leurs identités respectives, il leur accordait l’hospitalité d’une tente de soin laissée à l’abandon. Un barbier sorti de son lit pour l’occasion s’affairait à préparer de quoi panser les plaies de l’individu mâle, celui qui ronquait à en faire pâlir un narcoleptique.


- « Faites de votre mieux, mais pas trop non plus hein. Y'a pas marqué ‘Hospitaliers’. », recommanda le vieux briscard au médicastre en s’inquiétant d’un regard dédaigneux de l’état de santé des deux captifs, momentanément défigurés.
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Maleus
[Amis, ennemis, même chienlit.]

" Oh bordel… "


Ainsi furent les dernières paroles du borgne quand autours d’eux apparaissaient les troupes angevines. La discussion était pourtant intéressante, ils théorisaient sur la manière de torturer voir même de dézinguer un procureur omniscient. Loin de trouver LA meilleure solution il allaient bon train sur les hypothèses et avaient hâte d’arriver en ville pour se désaltérer, elle avec des bières, lui avec sa flotte.

Bref.

Tout le reste alla plutôt rapidement, le cyclope fut dégagé sans ménagement de sa monture, au grand soulagement pour son derrière endolori par la chevauché, et une fois rétamé au sol il n’eut point le temps de dégainer sa foutue épée que déjà le contact glacial d’une lame lui traversait l’épaule.

Un juron et des coups comme si il en pleuvait, même pas le temps de prier le Créateur ou d’arracher quelques membres à ses agresseurs qu’il se retrouvait affalé et sanguinolent, la face contre le sol. Un filet de sang s'échappant de ses lèvres et de son nez, l’œil unique du pasteur mercenaire se brouillant pour laisser place aux ténèbres.

Il se vidait lentement mais surement de son sang et grace à quelques lueurs infimes d’une conscience qui s’évaporait , il se laissa aller à penser à sa famille, sa camarade et ses proches, son pauvre butin récolté en Poitou ainsi qu’aux futurs coups et dawa qu’il manquerait surement si l’heure était pour lui de rejoindre le Tout Puissant au jardin des délices.

Deos sait qu’il aurait sans doute préféré y rester pour de bon si il avait su qu’il se trouverait quelques temps plus tard dans les griffes de l’irlando-papiste… Pouarf !

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Adieu Fab'
Astana
L'avantage quand on est dans les vapes, c'est qu'on est plus vraiment là. L'esprit s'évade pour aller gambader dans des champs de coquelicots en robe rouge, pendant que de l'autre côté de la barrière on vous fouille et dépouille sans gêne. C'est beau, la niaiserie des rêves. A partir de là, c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres. À tous les fantasmes inavoués, à tous les... bref. Intacte qu'elle est, la danoise, dans ses songes foireux. Pas une égratignure, rien ! Comme au premier jour quoi — les rides en plus.

Les coquelicots donc. C'est mignon, ça sent bon. Elle en effleure un du bout des doigts, et il la pique. La danoise arque un sourcil et se met en garde. « Gare où tu fous tes pétales, ou j'te transforme en couronne ! » qu'elle gueule. Les pétales s'évanouissent subitement. Ils partent en fumée. Trop faiblard pour survivre, mon pauvre ! On vit vraiment dans un monde violent. La brute du dimanche délaisse sa victime pour reprendre son épopée. Dans ce champ, il y a un arbre. Au pied de cet arbre, il y a une table. Sur la table, se trouve une bouteille. Et dans la bouteille il y a... Reniflement. Astana cède à ses bas instincts d'alcoolique notoire membre du club GSC - Garanti(e) Sans Cyrrhose - et s'approche, quand une voix surgit de derrière un buisson qui n'était pas là auparavant.

Elle est tombée dans le piège ! À l'attaaaaaque !
Dø nu narrøv * ! J'ai soif !
Sus à la blairelle !
Quoi la blairelle ?! C'est ta mère la...

Impossibilité de finir sa phrase. Deux mains encadrent son visage, subitement déformé par les affres du doute. C'est poilu. C'est rêche. C'est... Les grisâtres louchent alors sur un museau à en faire pâlir le plus beau des clébards, tellement il est long. Horreur, malheur ! L'esprit de Finn - le blaireau, pas l'autre ! - est venu la hanter, et voilà le résultat. Leçon n°3527 : Ne jamais laisser crever un blaireau de Bassauges sans chercher à le défendre. En face, l'ennemi n'attend pas ; il est muni d'arbalètes et compte bien chasser l'Astana pour le dîner. Ils courent, elle les imite.

Ahhhhhhhh ! J'suis pas bonne à bouffer, j'suis d'la viande avariée !

Durant la course, tandis qu'elle agite les bras en l'air pour convaincre ses poursuivants qu'on ne mange pas une blairelle en robe rouge, elle ne remarque pas la pierre qui sonne déjà le glas de sa chute. Vlam. Prise en plein dans les pattes. Le museau flirte dangereusement avec le sol, la pierre roule pour venir se nicher au creux de ses mains, et le Décor change brusquement. Des échos de voix se font entendre, au loin.

Il va falloir qu'on l'expulse...
Oh quand même, je vous trouve un peu trop cru là.
Fermez-la. POUSSEZ, VOUS !
C'est pas bientôt fini tout ce bordel, oui ?!!

Redressée sur les coudes, la danoise zieute les deux zigs, l'air peu amène. Ou de l'art de se regarder en chien de faïence pendant de longues minutes. Aïe. Y'a quelque chose qui la tiraille. C'est alors que ses yeux rencontrent par mégarde quelque chose de très rond, et de très gros. Son ventre. Et la bouche de former un grand "O" de circonstances...

Enlevez-moi ça !
J'vous f'rai r'marquer qu'on ess...
Coupez-moi le bide s'il le faut, mais faites sortir ce TRUC ! Offrez-le en pâture à Eikorc, il adore le ragoût de bébés !
M'enfin calmez-vous... calmez-vous. C'est une belle chose, de devenir mère...

... ou comment s'assurer qu'une danoise tombe dans les vapes. C'est comme les demandes en mariage, ça. On devrait les interdire, ces mots-là. C'est sur cette touche d'Amour ô combien prometteuse qu'Astana fait son grand retour dans le monde des vivants. Le corps sursaute, rejetant en bloc les précédents évènements. Au placard, les coquelicots, les blaireaux et les marmots ! Une subite quinte de toux a pour effet de l'aider à se redresser. Elle crache le surplus de salive à sa gauche, ravalant un cri de douleur, avant de lever les yeux sur l’assemblée, complètement paumée. Sa stupeur est telle quand elle tombe sur Finn et sa trogne de paralysé, que c’est le retour immédiat à l’envoyeur. Avant de sombrer, il pourra entendre ces quelques-mots :

Pas vous !

Quel cauchemar.




* Va mourir abr*ti ! en danois
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Finn
Les sommeils agités des deux gracieux pensionnaires n’étaient pas sans perturber le décompte de leurs finances. A croire qu’ils revivaient la Grande Guerre ! Cependant, une question restait en suspens. Celle de l’identité de leurs agresseurs. Il fallait au moins démêler ça avant de sceller leur sort et, accessoirement, d’en référer aux hautes instances de cette armée. L’Irlandais ne boudait pas son avantage dans cette situation, prêt à en tirer profit à tout moment.

Alors qu’il s’étirait douloureusement, l’attention se porta négligemment sur le triste contenu du pageot de fortune qu’il bordait. Le Gaélique considéra un instant, le visage penché, la jeune créature apparemment de genre féminin qui paressait là. Mais la voix qui cingla à cet instant n’était, de toute évidence, pas celle de la belle au bois dormant. Le tout suivi de la projection d’un glaviot suspect et fort à-propos qui plongea notre homme dans la perplexité la plus obscure.


- « Ah ben ça fait toujours plaisir… », ironisa Finn en s’emparant d’un pan du drap voisin afin de lustrer la jambière que l’ingrate venait de souiller.

Il dut cacher sa surprise en reconnaissant la tenancière Saumuroise qui avait peu ou prou accepté de servir d’‘écrin personnel’ à ses ‘joyaux’ durant son périlleux séjour en terre hostile. Du sentiment de vigueur qu’il avait décelé chez la jeune Danoise, il ne demeurait plus grande chose à la contempler ainsi barbouillée de rouge comme une vulgaire puterelle après une mauvaise passe. Les traits asymétriques reprirent de leur austérité lorsqu’il réalisa qu’il n’aurait pas droit à son duel de chiffonniers avec elle, étant donné son état.

Quelques claques sur les pommettes tentèrent de la ramener à la vie.

- « Réveillez-vous ! Je vois bien que vous faites semblant, lâche ! », s’écria-t-il, contrarié. « Vous ne ressembliez déjà pas à grand-chose avant mais là c'est carrément l'anarchie ! », balança-t-il vilement pour achever de la convaincre.
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Astana
Et vas-y que j'en profite pour te foutre des claques sous couvert de bonnes intentions. Une, puis deux. La troisième ne tarde pas et lui arrache un marmonnement. Pas totalement au pays des rêves merveilleux, il faut croire, le Glaçon. Non, non, j'ai pas envie d'y retourner. Je veux pas voir sa face de déglingué bon à rien, autrement je lui refais le portait droit. Les paupières restent closes, et la danoise rumine sa douleur en silence pendant qu'elle oscille entre conscience et noir complet. Trop crevée pour se mouvoir sans beugler, mais pas assez pour ne rien sentir. Triste. Qu'est-ce que c'est chiant d'être au milieu et de faire sa Suisse, 'tain.

Quelque part, loin de chez loin, Sa Blondeur trouve la force d'entrouvrir une paupière en maugréant. Il est toujours là ? Ouais, même qu'il dit que tu fais semblant. Tu parles ! Paye ta vision d'horreur avec sa trombine en gros plan ! Même un briscard des plus aguerris préfèrerait se rendormir plutôt que de voir sa trogne, alors elle... Mais le monde est cruel, tout le monde le sait. L'Irlandais commet l'irréparable, croyant très certainement sa proie devenue inoffensive. Elle l'est ! à une nuance près : ... plus que d'habitude. Il crache son venin, et comme un automatisme, la dextre s'élève et vient dire bonsoir à sa joue rugueuse. Et bim !

Erreur. Le cri qui suit son attaque sournoise n'est pas étouffé le moins du monde et achève de la ramener dans la tente du papiste à grand coups de lattes, les yeux bien ouverts. Elle se tord, la danoise. De douleur, de rage, de frustration. Quelques bribes de ses derniers instants aux côtés de Maleus lui explosent en pleine poire, et puis elle réalise vraiment. Les cotes qui cèdent, le bras qui morfle, le goût cuivré du sang dans la bouche... la clavicule ; surtout la clavicule. Vieille traitresse responsable de son cri. Astana prend conscience de son état, et fatalement, en vient à la déduction suivante : ils se sont fait laminer, et le Finn est là pour l'achever.

Marrant que vous disiez ça, alors que...

Quinte de toux. Grimace large. Nouveau crachat.

Laissez-moi crever en Paix, espèce de cloporte hérétique.

Maman arrive, mes blaireaux chéris... Par ici la monnaie !
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Finn
Interdit, l’Irlandais ne le demeura pas longtemps après que l’éclopée lui a rendu la monnaie de sa pièce. La douloureuse supplique que lui infligea son geste insolent avait de quoi éveiller sa curiosité. Nul sadisme dans la sourcil qui se haussa, rien qu’un semblant de compassion qu’il se gardait d’éventer au-delà de sa propre conscience. Finn n’était pas médecin, mais possédait quelques rudiments de boucherie. De quoi le pousser à se frayer un chemin à travers les nippes ensanglantées du bout de ses doigts filandreux.

- « Cessez de faire l’enfant, il n’est pas question pour vous d’crever maintenant. », la sermonna-t-il en jetant un coup d’œil critique à la clavicule gravée au burin. « Et c’est pas des façons de traiter son sauveur, vieille parpaillote capricieuse ! »

C’était vraiment pas jojo, mais rien en comparaison de devoir broder sur son propre cuir dans un rade miteux de Liverpool. Un coup de surin en travers du col lui offrit une meilleure expertise de l’ampleur des dégâts.

- « On vous a pas ratée. », estima-t-il, sacrément perspicace. « Vous échappez pas. »

Comme si elle le pouvait !

Par sécurité, il se promit de ne pas oublier de trouver des sangles en s’éloignant farfouiller dans les malles du chirurgien-barbier. L’anguille avait toujours la main leste et lui la peau qui marque. Oh comme il aurait préféré faire appel aux entités compétentes pour la pénible besogne qui l’attendait. Il reconnut Assay sous les soins peu expérimentés de la jeune bleusaille qui se chargeait de rafistoler sa dépouille. Les questions se bousculaient mais elles devraient attendre encore un peu. Il semblait que la Danoise n’était pas encore apte à piper mot sans lancer la patte.


- « Dites, vous êtes plutôt gros sel ou flotte vinaigrée ? », interrogea-t-il sa patiente, incertain quant à la marche à suivre.
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Maleus
[Oh inconscience quand tu nous tiens.]

Assis sur un toit, contemplant les étoiles comme il aimait à le faire à une époque bien lointaine, Mal’ fumait la pipe. Le décor environnant n’était que contours indistincts, les bruits étaient semblables à des murmures et rien n’indiquait si il faisait froid ou chaud.
Le borgne se sentait si léger qu’il aurait pu sauter de toits en toits sans même craindre une chute, mais était-ce vraiment des toits ces formes floues aux cotés du sien, il n’en avait aucune idée et ne s’en souciait guère.

" Pfeuh. "

Il tira une bonne bouffée sur sa pipe et haussa les épaules, après tout quel but y’avait-il à être ici ? Ca faisait déjà un bail qu’il contemplait des astres (si s’en était bien) et du flou, bonjour l’ennui.

" C’est calme ici n’est-ce pas ? "

Le mercenaire haussa un sourcil et se retournant rapidement posa la main sur le pommeau de son épée, du moins à l’endroit où elle aurait du se trouver.. Hélas il n’y trouva que du vide.

" ‘tain, vous êtes qui vous ? Et qu’est-ce que vous foutez ici ! Pis d’abord qu’est-ce que j’fous ici moi aussi !? "

L’être en face de lui afficha un très large sourire, d’ailleurs c’était bien la seule chose claire venant de son interlocuteur, la voix n’avait pas de sonorité particulière et il n’était que contours, silhouette humaine.

" Calmez vous Maleus, vous attendez voyons, comme tous le monde ici. "


Des cris, des hurlements, des sanglots venu des alentours vinrent agresser les oreilles du breton et le sourire de l’être fut bien plus large encore.

" Calmez vous donc, vous pissez le sang… Huhuhu… "

Le pasteur se sentit d’un coup aussi faiblard que possible et tout son corps douloureux se réveilla d’un coup. L’épaule transpercée, la jambe cassée et les multiples contusions et balafres que son corps avait subit durant l’attaque se mirent à suinter du sang, beaucoup de sang.

" Allez donc Maleus.. Allez. "


Et c’est ainsi qu’il reprit conscience, balança son poing gauche dans la trogne du barbier qui le charcutait, tout en sueur et haletant, il tenta en vain de se redresser et grogna faiblement.
Sa face était pale comme le séant de nonne au cloitre et son bandeau avait disparu, laissant à la vue de tous, son lambeau de paupière et son orbite vide.

" Bordel de... de...! ... Je… j’suis où nom d'un blaireau con.. consanguin vérolé !? "

Un cri étranglé, un toux douloureuse et du sang glissant des lèvres du cyclope… Il tentait de ne point sombrer de nouveau, crispé et souffrant.

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Adieu Fab'
Astana
Mâchoire crispée. Lèvres pincées. Et le corps qui se raidit lorsque l'Irlandais pose ses sales pattes sur elle. Une Danoise, c'est très armuré comme bestiole, et ça n'apprécie qu'on la touche sans avoir la permission. On se fout des torgnoles, tout ça, mais on franchit pas la ligne, quoi. Malheureusement, sa position actuelle n'est pas des plus idéales pour négocier, ou gnaquer. L'humiliation n'est pas assez grande ; alors pour la peine on vous rajoute celle des cicatrices exposées à vue. Autant se dévoiler complètement, té ! Peste en silence, Sa Blondeur, c'est un conseil.

T'parles d'un sauveur...
Traduction pour les incultes : merci.

A peine s'éloigne-t-il du lit qu'elle devient pudique, se cramponnant d'une main au drap comme une moule à son rocher. Au prix de quelques contorsions et grognements douloureux, elle parvient à le ramener juste sous son museau. Plus de clavicule visible. Plus rien hormis la trogne blême aux yeux troublés de la Danoise. Devoir sa vie à Finn risque d'être une grande Épreuve qu'il lui fera payer, et ça, ça lui reste encore au travers de la gorge. Tellement que la toux frappe de nouveau, c'est dire. Il cause soins de charlatan, et l'Astana se perd. La souvenance d'une soirée avec Humbert, d'un passage à tabac et d'une cicatrisation à base de gros sel lui arrachent un rire franc. Nerveux, aussi. Mais c'était sans compter ses côtes qui lui rappellent qu'il va falloir tirer la gueule jusqu'à sa guérison complète. Ô joie !

Flotte vinaigrée, glaire d'huitre. Et faites ça bien.

La langue a ses raisons que la bouche ignore. Une crispée orgueilleuse a toujours sa fierté, même déplumée.

Shtong. Bruit sourd d'un corps s'écrasant contre le sol. Et Maleus d'apparaître sous les yeux écarquillés de la blonde toujours en planque sous son drap moitié carmin.


M.. mais aidez-le, bordel !

Se passe alors une chose fort étrange et peu compréhensible. — Elle a pris quelques coup sur la caboche, on lui pardonne. La Danoise décide de voler - ou plutôt ramper - à son secours, puisque que la bleusaille est hors jeu, et que Finn ne semble pas vouloir se bouger. Elle se redresse dans un enchaînement de mouvements particulièrement imprécis - et sots, autant le dire -, pose le pied droit à terre, étouffe un cri, tente de se lever, gueule parce que la guibole gauche ne répond pas et... se rétame admirablement à terre.

Élan de franche camaraderie 1 - Astana 0.
Il semblerait qu'elle soit out pour de bon, cette fois-ci.

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Maleus
[Sur cette terre je suis déjà mort, pourtant tu sais je bande encore, je bande encore.*]

Après réflexion, il y a plusieurs types de convalescents. Pour commencer y’a les grands, les durs, ceux qui lançaient d’un regard un seul à leur toubib un " même pas mal " des plus significatif. Catégorie sur-homme ou p’t’etre super égo faisant office d’armure. A l’opposé on pouvait compter sur les pleurnichards, les tarlouses (selon le borgne) qui pour d’infimes coupures ou la perte d’un petit bout de chair se voyaient déjà quitter cette terre et pleuraient tout ce qu’ils avaient pu vivre ou ce qu’ils auraient pu vivre. Belle bande de pleureuses quoi, d’quoi agacer le barbier qui devait les soigner et supporter leurs plaintes… Pouarf.

Maleus ne faisait pas parti d’ces deux cas, non pas qu’il était devenu insensible à la douleur, loin de là, mais le métier voulant ça, il supportait un peu mieux que la moyenne. Quand on s’est fait arracher un œil dans sa vie, les autres blessures faisaient généralement parti du superflu. Pourtant il ne faisait pas mine d’aller bien, à quoi bon faire l’effort alors qu’il pissait encore le sang à quelques endroits l’tout sans parler des fractures.

Une grimace, son poing se pliant et se dépliant à volonté, parce que mine de rien, il s’était pas fait du bien le cyclope en décochant une droite à "rafistoleur".

Le tout s’était de respirer lentement, de reprendre son calme et de pas se focaliser sur les pointes de douleur. Ceci fait il regarda Astana, hors service sur le sol, ce qui lui arracha au début un simili de sourire avant de lacher une grimace et zieuter leur " bienfaiteur ".

" T’attends quoi Pommieres? Qu’on se vide complet ? Bouge ton sale derche de papiste ! "

Et voila que cette toux violente et agaçante le reprenait, expulsant de nouveau sang et salive à coté de lui. Un grognement, le regard froid et mauvais du borgne bien que légèrement voilé, croisa celui de Finn alors qu’il tentait une nouvelle fois sans grand succès de se redresser, grimaçant et suant sang et eau dans l’effort.

" J’te jure que.. hmpf… J’te jure que j’te fais la même qu’à ton gars là si tu nous approches. "

Nouvelle quinte de toux, à trop parler il étouffait.

" Ra.. ramène quelqu’un d’plus ici... j’te... fais pas confiance sale blaireau… "

Et au mercenaire de lacher bride, trop faiblard après tout ça, allongé et grognant péniblement, se demandant dans quel merdier ils s’étaient encore fourrés.


*Mano Solo " Ca N'a Pas Marché "
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Adieu Fab'
Finn
Et ça braillait, et ça chahutait.
C’est qu’ils allaient finir par éveiller les soupçons avec leur tapage…


- « Ca vient, ça vient.. ! », répondit-il à la Danoise en assistant d’un air agacé à sa lamentable chute.

Et au voisin Béarnais d’y aller de sa petite touche personnelle. Soupir blasé du Gaélique qui sentait que la nuit allait être longue.


- « Je vous prierais d’éviter d’endommager le personnel, Assay. On est en France, ici, on traite les gens avec RESPECT. », fit-il en envoyant son soleret frapper la couenne du barbier à terre, pour le réveiller. « Allez chercher du renfort.. et des sangles. », lui souffla-t-il ensuite, prévoyant.

Il se tourna à nouveau vers le cyclope à vif, témoin monoculaire de l’efficacité de la soldatesque angevine.


- « Allons Assay, faites pas vot’ mijaurée. Je ne vais pas vous culbuter dans les vestiaires. », rassura Finn en finissant tout de même par arracher la Nordique à sa déchéance en l’attrapant sous les aisselles afin de la hisser sans ménagement sur son plumard.

Le temps pour cinq grands types visiblement acquis à la Nouvelle Opinion de débarouler avec de quoi ficeler les deux lascars à leurs pageots. L’Irlandais sourcilla mais, bon prince, se figura qu’ils auraient sans doute plus de chance avec le pasteur. Un chirurgien ensommeillé suivait l’escorte de soldats royaux à qui il indiqua des yeux le cas le plus urgent.


- « Celui-ci a déjà un pied dans la fosse. », renseigna-t-il le praticien en désignant Maleus.

Aussi, il se débarrassa de ses gantelets promptement et retroussa les manches de son doublet armant afin de se concentrer sur l’infirme la plus maladroite. La tronche qu’elle tirait n’était pas pour mettre notre homme en confiance, mais il était trop tard pour reculer. On allait pas mobiliser tous les barbiers du camp pour deux Angevins égarés, non plus. Faut pas déconner.


- « J’espère que vous n’êtes pas trop douillette… », prévînt Finn un ton plus bas, dépourvu de patience déjà avec les bambins geignards.

Les paluches briquées à la potasse de cendre de bois, la compresse imbibée à l’eau vinaigrée commença sa course sur le visage tuméfié de l’Astana. Ou plutôt son saut d’obstacle. Egratignures et contusions nettoyées, il s’enquit de l’état de la pauvre clavicule. Concentré, l’Irlandais qui de charitable n’avait que la bonne grâce d’achever les blessés, d’ordinaire, s’attaqua à éviter la suppuration à l’entaille qui y siégeait avec une certaine modération dans le geste. Les prunelles sombres se détachèrent un instant des balafres en devenir pour retrouver les meurtrissures du visage, cherchant celles de la Danoise sous les boursouflures joliment colorées. Nouveaux craquements d’étoffe à la jambe et au bras.


- « … Ni trop pudique. »

Dague reposée sur la table de chevet, les estafilades ainsi découvertes subirent pareil traitement que les précédentes. Calquant parfois ses manipulations sur celles du disciple d’Hippocrate, le matériel en moins, la main vallonnée de callosités de l’Irlandais s’enfonça dans la masse chevelue de fils d’or clair et en arracha quelques uns à sa propriétaire. Juste de quoi recoudre la clavicule qui retenait toute son attention. Imperturbable et œuvrant vite, Finn ne tarda pas à cueillir de nouvelles brindilles sur le crâne de la Danoise afin de poursuivre ses travaux d’aiguille sur canne droite et bras gauche. L’anesthésie faisait défaut et il ne savait rien des côtes endommagées alors, une fois son labeur achevé, l’Irlandais s’éloigna du lit en se torchant le front du poignet, y semant de petites rides rougeâtres. Sans demander son reste, il décida d’abandonner là ses hôtes sous bonne garde pour retrouver enfin le doux réconfort de sa couche.

- « Apportez leurs des pots pour la nuit, je reviendrai demain. », lança le vieux seigneur aux gardes en faction qui s’apprêtaient déjà à border les deux captifs à l’aide d’épaisses lanières de cuir.

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Astana
— Plus tard, au petit midi.

Réveil pénible. Des soins vicieusement prodigués durant la nuit, la Danoise n'en a aucun souvenir. Rien qu'une suite d'évènements brumeux, emmêlés, qui ne collent pas forcément à la réalité des faits. Les yeux s'ouvrent sur la pénombre régnant dans la tente, tandis qu'une quinte de toux assassine soulève sa poitrine. Asphyxie et douleur vive sont au rendez-vous. Par réflexe, la dextre veut se porter au buste, mais se trouve entravée par une lanière de cuir. Le coeur fait des ratés, s'emballe, alors que Sa Blondeur se contorsionne en lâchant une plainte angoissée. Buste, poignets, chevilles... tout semble y être passé.

Détachez-moi...

Supplique à moitié silencieuse. La respiration qui s'accélère ne fait qu'accentuer la pression exercée sur son thorax, et à fortiori sur les côtes. On aime jamais être retenu par des chaînes, peu importe leur nature, ou leur commanditaire. Le temps de maudire Finn et les cinq générations suivantes - prenez-en de la graine -, et la voilà qui joue à l'anguille de nouveau. Foireuse l'anguille, mais c'est l'intention qui compte. Et de s'égosiller derechef, à plein poumons, quitte à douiller...

Détachez-moi bordel !

Silence en réponse. Douleur lancinante de la peau qui tiraille.

Maleus ? T'es pas mort au moins, camarade ? [...] Toi aussi, t'es sanglé à ton pieu comme un morceau de barbaque ?

Là encore, la blonde se heurte à un mur. Les minutes s'allongent, avant que la lumière du jour ne survienne finalement dans la pièce. On lève le rideau sur les éclopés avec quatre zigs en renfort. Des fois qu'ils soient dangereux, té. Ils se radinent avec leurs trognes sarcastiques, manifestement pour vérifier que les semi-captifs sont toujours en vie. Les négociations peuvent commencer. La bestiole demande à être relâchée, on lui répond qu'ils peuvent pas. Détachée, juste, alors ? Non plus. «Bande de manchots». Ça braille, ça s'insulte dans tous les sens, autant en français qu'en danois. Ils lui lancent des regards lubriques de vieux pervers, mais elle ne relève pas. Elle ne sait pas encore... Faut dire que même la gueule cassée, elle a rien perdu de son sex-appeal la Danoise - enfin les goûts et les couleurs, hein...

Un claquement de langue agacé plus tard, et l'Astana cède, à bout de forces, déjà.

Allez me chercher l'autre enf... Finn. Autrement, il aura ma mort sur la conscience. Dites-lui bien : j'reviendrai le hanter, le traître.

Mais ça, la rage, la rancoeur, tout ça... c'était Avant. Avant qu'elle ne réalise qu'il ne lui reste que la moitié de ses frusques, et que le drap s'est fait la malle à terre.
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Finn
A peine le rabat de sa tente fut traversé qu’il se heurta à l’une des cinq trombines burinées de la veille laissée en garnison auprès des deux comateux. Sans s’alarmer plus avant de l’éventuel menace de décès liée à cette audience matinale, l’Irlandais en prit le chemin avec un détour par le garde-manger.

Plateaux en mains, le garde précédait Finn à l’intérieur de la pièce.


- « Aérez moi ça, on s’croirait dans l’cul d’votre paternel. », siffla-t-il à son camarade en lui tapant sur la salade d’un air bravache.

Le chirurgien roupillait sur une chaise et nulle injure n’avait plu du côté du pasteur. Seule la Danoise semblait donc s’être rappelée au monde. Débarrassant son messager de l’un des deux plateaux, l’Irlandais s’approcha de la saucissonnée pour le déposer sur la petite table afférente à son lit. Un bol de gruau d’avoine et un godet de pinard au miel en guise de reconstituant.


- « Mangez. », commanda-t-il en désignant du menton le havregrød bien de chez elle avant de faire signe aux hommes de la libérer.

Le corps dépenaillé attira l’œil du vieux seigneur qui, sourcil froncé, remonta dérechef la couverture sur elle. Paternel, il se contenta alors de contrôler l’intégrité des coutures sillonnant la clavicule.

On avait demandé un Irlandais?

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Saanne
Une matinée comme les autres à la compagnie d'Artus... On assiégeait Saumur, mais c'était les assiégés qui faisaient le travail, coupant tout accès à la ville presque mieux que ne l'aurait fait une armée un tant soit peu dégourdie, c'est à dire non Angevine, et à Fortiori Royale.

Bref, le Chevalier Humbert avait achevé son tour de garde vers la tierce(*), et comme à son habitude s'était retiré à l'extérieur du campement pour prendre un bain dans la Loire et s'adonner à quelques prières. Une hygiène de vie qu'il mettait un point d'honneur à entretenir quelque soit la saison, quitte à agenouiller sous le regard de Déos par deux mètres de neige, ou à devoir briser la glace pour y pouvoir faire trempette.

Routine immuable, la collation s'en suit dans la quiétude de sa tente, le lustrage de ses bottes qui se doivent d'être toujours impeccables, fourbissage de l'équipement... Des moments bien appréciables dans l'esprit du savoyard et qui pallient au manque de sommeil.

Mais pas si asocial que ça ce brave Humbert ! Il avait aussi prit pour habitude, moins pieuse, de fréquenter l'autre briscard hémiplégique, avait qui il trompait l'ennui qui régnait sur le campement. Rien de tel qu'un Irlandais à l'acabit de celui-ci pour apporter son lot de distractions, de ragotages et autres intrigueries. Même si le risque, bien présent, d'être mêlé à l'une d'elles faisait grimacer le chaste chevalier, et lui attirait parfois les foudres de son entourage...

En l'occurrence, il avait entendu parmi la garde, que les forces angevines avait fondu sur un petit groupe de voyageur, et que les laissé-pour-morts avaient atterri dans les pattes de Finn. Cela n'étonnait guère le Réformé, qui jugeait souvent que les mésaventures de son compagnon étaient un signe évident de son manque de conviction dans la pratique de la bienséance de la foy, et surtout de son affiliation papiste.
Aussi avait-il entreprit de rendre visite à ce dernier dès que sonna la sexte(*), afin de s'instruire plus avant des événements nocturnes...

Notre homme arrive donc aux abords des quartiers de son acolyte, un tonnelet de vin sous le bras, quand s'élève par diverses intonations la preuve de l'émulation qui règne dans ce coin là du camps. Un sourire carnassier se dessine sur ses lèvres, s'imaginant couvrir l'autre de quelques taquineries. C'est donc bon train qu'il s'en va franchir le seuil de la tente...


- Alors mon bon ami, il paraît que vous détroussez les pass....

Ses yeux butèrent sur une silhouette familière, lui coupant littéralement le sifflet. Comme si les jurons gutturaux ne lui avaient pas mis la puce à l'oreille tout à l'heure, trop occupé qu'il était à s'évader dans ses songes. La blonde était là, alitée, un Finn grimaçant à son chevet. Un coup d’œil circulaire pour apercevoir un visage borgne termina de décomposer totalement celui du savoyard.

Tout n'était pas bien clair dans l'esprit d'Humbert qui ne s'attendait absolument pas à accuser un tel choc. Sa franche humeur envolée et son visage blême n'étaient que la face visible du court-circuit général produit à l'intérieur. Si bien qu'il dû, pour espérer aligner un mot de plus, s'envoyer une bien large lampée de son tonnelet.

La colère envers le Cazayous de ne point avoir été informé plus tôt, et pour dire vrai, tout court, lui serra les mâchoires. Mais son esprit n'était cependant pas apte à formuler cela de manière cognitive, tant il est rare de voir ce genre d'individus perdre son sang froid. Tout au contraire le nuage s'assombrit d'avantage sur son faciès, et il peina à détacher quelques mots :


- Palsambleu ! Finn ! Vous m'expliquez ? !!


(*) Tierce et Sexte, heures canoniales respectivement 9h et Midi
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Astana
Dans ses rêves les plus fous, au lieu d'un Irlandais dans la place, on lui aurait amené un Johannes bien fringuant, avec ses yeux noir charbon. Un qui sache saigner et recoudre un cuir d'une main habile. Qui l'aurait sermonnée d'être encore allée se faire trouer l'épiderme comme un Arlequin mal rapiécé. « J'ai jamais rien pigé à votre tempérament de ferrailleuse ». Très certainement que ça lui aurait arraché un sourire, ouais, d'entendre leurs vieilles horreurs. Mais il faudra se contenter d'un Finn jouant la serveuse. Soit.

Finalement liberée, elle inspire longuement, passant une main sur son flanc droit endolori, teinté de bleu. Et le regard de s'obscurcir en dévisageant son bourreau. Rêvant à milles supplices, tortures et autres joyeuseries qu'elle pourrait lui faire subir si seulement son corps le lui permettait. La Vengeance viendra, mais d'ici là... Elle l'engueule, oui, à demi-mots, le ton hargneux.

C'est quoi ce traquenard au juste ?! Vous aimez ça, attacher les gens à leur pieu ? Et ne me dites pas que c'était pour notre sécurité. Parce que je m'en bat l'orbite, moi, de vos pulsions de Père Sauveur ! Et...


Le reste ne suit pas. Entre-temps, il l'avait déjà recouverte, et triturait désormais sa clavicule. Trop occupée à l'incendier, l'Astana n'avait pas remarqué ce petit détail là. Chaque chose en son temps. Les yeux s'écarquillent vivement en découvrant les coutures sur sa peau, alors qu'elle amorce un mouvement de recul, abasourdie. Impossible... D'une main rageuse, elle envoie valser le drap vers la trogne du paralysé pour constater les dégâts. Charcutée. C'était donc ça, les tiraillements ? Autant s'entraîner sur des cadavres, plutôt que de saborder encore plus amplement une Danoise !

C'est VOUS qui avez fait ça ?!

Au moment même où elle s'apprête à saisir la tignasse grisonnante de Finn, la voix d'Humbert détonne dans la tente. Sauvé par le Réformé ! Sursaut. Les regards se croisent, et bien vite, la crispée orgueilleuse retrouve son drap, sa planque. Déjà d'une, parce que c'est Humbert, et de deux parce que... ça reste toujours Humbert. Allez comprendre. Une ultime quinte de toux lui arrache un grognement douloureux, et la blonde de jouer à la statue de glace en ajoutant néanmoins, le ton courroucé :

Tu as quelques heures de retard, Humbert, comme tu peux le constater. T'as raté la fête.

Mauvaise ? À peine... Et pour l'Irlandais, plus bas :

Moi aussi, j'attend des explications.
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