_______Nizam______ ______ Mahelya______ ______l'Azazel______
Bien évidement provoquer le Maître du Marché n'avait pas été la meilleure idée que la jeune fille eut à l'esprit. Pour le borgne provocation ne resterait pas impunie. Et la Mèche Rousse qu'elle avait laissé filtrer lors de son évasion lui avait apporté un renseignement précieux. Lil Unique en chasseur expert avait lancé sur sa proie quelques maîtres pisteurs.
Bien loin de se douter de l'épée de Damoclès qui planait au-dessus de sa tête, c'est une frêle Étincelle inconsciente qui retrouva son garde Balafré.D'un ton badin elle lui avait exposé la situation, ne comprenant nullement pourquoi Nizam se mettait en colère contre elle. de quiproquo en incompréhension, le couple déjà sur le fil avait manqué une fois de plus de se séparer.
L'envie d'y croire et de se battre encore pour ce rêve d'Idylle avait incité la Flammèche a présenter son mea culpa. Et c'est ensemble que le couple avait décidé de prendre le taureau par les cornes en allant directement à la rencontre de l'Azazel : Rendez-vous était pris dans une taverne des faubourgs quand la lune brillerait haut dans le ciel en cette nuit de début Janvier.
Inconsciente, imprudente, folle ? Il avait du mal à croire aux agissements de la Rouquine en son absence, ne sachant pas s'il avait pleinement droit de la blâmer. L'impulsif avait pourtant du mal à retenir son inquiétude sans que cela se transforme en aigreur, mais il n'était pas temps de savoir lequel était le plus responsable de cette situation. Elle avait défié le Borgne en se pensant protégée ? Si le risque inconsidéré avait eu le don d'irriter le blond, la décision prise pour retirer la Frêle de l'attention d'Azazel avait encore accentué son anxiété.L'idée que Mahelya lui avait proposé se résumait en une comédie, un jeu qui devra convaincre le Maître du marché, elle lui donnait un rôle que le Balafré appréciait de moins en moins à mesure que leurs pas les guidaient, silencieux, à travers les faubourgs.Une taverne vide et miteuse fut choisie, les deux silhouettes encapuchonnées, enfin seules, révélèrent le garde et lÉtincelle, les azurs agités posés sur elle.
Un rôle ?! et quel rôle ... La Flammèche avait tout simplement proposé au Balafré de se grimer pour la soirée, en son violeur, sans cur et sans pitié. La fleur ainsi faussement cueillit - En effet elle ne l'était pas encore - ne représenterait plus aucun attrait pour le Borgne du Marché. Et si le Maître n'avait plus rien à lui voler, alors Mahelya ne serait qu'une femme parmi tant d'autres, une de celles qui n'éveillerait plus son intérêt. Le plan était selon elle sans faille et garantissait presque leur succès. Pauvre Frêle Naïve ... Là dans la taverne, le bleu qui colorait ses cotes depuis sa chute dans l'escalier avait été mis en valeur, le fin carré de mousseline qui laisser deviner ses hanches, arraché par le Balafré pour donner plus de crédibilité à la scène. Quelques subterfuges savamment utilisés pour déclencher quelques larmes. Le Drame joué ce soir se devait d'être parfait. Le cur tambourinait et l'assurance arborée plus tôt dans la soirée, envolée. La porte s'ouvrit et les sinoples se posèrent sur l'Ombre à lil unique.
Des choses étranges, il en avait vu dans sa vie l'Azazel mais, il devait bien avouer que cette soirée semblait plus particulière encore que tout ce qu'il avait rencontré jusque là. De mémoire, jamais encore une proie n'avait proposé consciente et sciemment de se glisser entre ses crocs de s'abonner à ses griffes, de lui présenter sa gorge pour qu'il y plante ses marques. Si l'art de la chasse le délectait et le contentait à chaque nouvelle partie, Le borgne devait reconnaitre que se retournement de situation éveillait sa curiosité. Et puis de toute façon le résultat serait le même, lui épargnant la traque. A l'issue l'Hymen serait brisé et le rouge souillerait son vit. Voilà des jours et des semaines qu'il avait lancé sur les traces d'une fine ombre à la mèche rousse, ses meilleurs pisteurs et assassins, bien que le mot d'ordre soit de ne pas la toucher. Et voilà qu'un vélin, d'une fine écriture lui était parvenue. Rendez-vous ce soir. L'attente avait été longue mais le Traqueur savait se montrer patient. d'un geste assuré la porte en chêne maltraité fut ouverte et lil unique se posa sur un Balafré qui ne lui était pas tant inconnu.
Habitué à porter un masque, à duper, il avait connu suffisamment de quartiers débauchards pour en deviner désormais les fonctionnements, les codes implicites dans lesquels les novices souvent se perdaient. L'on ne parle pas au caïd comme à la ribaude de l'impasse, il y avait un mélange précis d'audace et de réserve. Le mercenaire l'avait appris, et en usait durant ses contrats, jamais il n'aurait imaginé en faire preuve devant Mahelya.
Petite flamme, bientôt tu verras l'Autre, celui qui baigne dans le cynisme et le dédain. L'appréhension du Balafré s'amplifiait, il devra enfermer le cur qui criera d'arrêter, une seule erreur et le couple fera face à bien plus grand danger. Jouer l'ordure, le violeur, cela ne l'aurait pas gêné avec une inconnue, mais ce soir la pucelle malmenée était celle sur qui il devait paradoxalement veiller. Robe déchirée, conseils donnés, Nizam saisit le poignet de l'adolescente, entrant dans la peau sale de son personnage. Elle le laissera parler, suivra chacun de ses gestes, mais garantir qu'il ne la blessera pas... Il en était incapable. Le bruit grinçant de la porte coupa leurs murmures. Il était là. Le dernier regard fut donné à la Frêle, avant de se voiler de noirceur.
Pas le temps de remarquer les azurs qui se posèrent sur elle. L'acte commençait déjà. La tragédie prenait forme, les trois coups avaient raisonné, les comédiens étaient en place. Mais pour incarner un rôle ne faut-il pas donner un peu de soi, ne faut-il pas exposer ses tripes sur la scène ? Dès que le Maître entra, elle fut comme pétrifiée. La Flammèche n'avait plus rien de flamboyant et c'est une poupée de chiffon sans vie que tenait Nizam à présent. Chaque mouvement qu'il lui imposait, sans la moindre délicatesse, était suivit, esquissé le tout sans protestations aucune. Désespérément, la Frêle tentait de se servir de son talent de pouvoir faire obstruction de tout et de se réfugier dans ses pensées, mais ce soir elle en était incapable indubitablement. Aussi fut-elle obligée d'écouter le venin servit par le Maître, confirmé par le Balafré. Au fond d'elle, quelque chose se brisa. Après cette terrible soirée, plus rien ne serait comme avant, ni pour elle, ni pour le blond encore moins pour leur couple. Et toi l'Azazel ? Toi, celui qui pave d'embuche notre chemin. Toi ? Que penses-tu de ta prestation ? Les larmes - de réelles cette fois - ruisselaient sur le minois aux tâches de rousseur, tandis que laborieusement, les sinoples s'accrochaient à la silhouette du Borgne.
S'il fut surpris de trouver le Balafré, le Maître n'en laissa rien paraître. Toute son attention était portée sur la petite chose qui trainait à ses pieds. Ce qu'il avait deviné sous l'épaisse cape lors de sa visite au marché noir se confirmait. C'était une toute jeune femme à l'allure prometteuse et déjà l'envie de se l'approprier naissait dans ses entrailles. L'important résidait dans le fait de se débarrasser de l'autre mâle. Bien loin de faire dans la dentelle et la délicatesse, la langue acerbe du Borgne prenait un malin plaisir à lui rappeler de bons vieux souvenirs : lors de son arrivée à Limoges, l'homme face à lui s'était glisser dans les draps de ses filles, sans retenue, sans vergogne, sans conscience non plus. Quelque chose clochait dans cette taverne et s'il ne pouvait obtenir ce qu'il voulait, il n'avait pas l'intention de s'en aller en laissant indemnes. Les paroles piquaient, touchaient tandis que les justifications à peine voilées de l'autre tentaient de se frayer un chemin. Mais pour les oreilles de qui ? Il ou Elle ? Prendre l'Azazel pour un idiot était une erreur, il n'était pas le Maître du marché noir pour rien. Mais au moins avaient-il - Avait-elle - le mérite de se défendre. Et cela il le respectait. Mais respect ne voulait pas dire pitié. Que va donc tu faire à présent Balafré ? Lil unique quitta la contemplation d'elle pour se poser sur son bourreau.
Donner l'illusion du vice, était-ce si compliqué ? Pas pour toi, Balafré... Il connaissait Azazel, il avait traîné dans chaque recoin de la capitale limousine depuis son arrivée, n'ayant pas manqué les faubourgs et leurs bordels. Nizam avait rarement honte du plaisir de la chair, longtemps il avait enchainé les embauches pour dilapider ses paies dans les tavernes avec une fille sur les genoux, à terminer la nuit dans ses draps. Les piques du Borgne lui rappelaient aisément ce passé qu'il avait mis de côté depuis la naissance de ses sentiments à l'égard de la Flammèche. Pauvre Étincelle qui gisait maintenant à ses pieds, il l'avait entraînée au sol, humiliée et en ignorait encore les conséquences sur son esprit.
Le blond poursuivait et cherchait à persuader par des gestes brusques, des rictus tant railleurs qu'odieux. Il n'y a rien pour toi, l'oriental, tu arrives trop tard. Le jeu continua tandis que le Balafré se moquait des cuisses maigres et froides, de la seule satisfaction qu'il eut de lui dérober brutalement son innocence, butant contre ses reins, pensant qu'elle se briserait entre ses mains. Il fallait que la lueur de curiosité dans l'Unique disparaisse.
Plus emporté qu'il ne le voudrait, Nizam redressa le frêle corps, la main agrippée à la nuque et aux cheveux roux. Rôle de perversion, il va contre les arguments d'Azazel et fait la misérable description de la jeune femme. Elle pleure, Balafré, elle a mal, plongé dans le trouble de son regard, ne le vois-tu pas ?
La loque qu'elle était devenue à présent, ne voyait plus rien, elle. La comédie, la tragédie devenait bien trop réelle. Était-elle encore actrice ou là dans ce faux-semblant chacun avait revêtu son vrai visage ? Les paroles, les gestes, tout la brisait un peu plus. La Frêle en était à se demander si s'offrir au Maître n'aurait pas été moins douloureux. LÉtincelle n'est plus et peut-être est-ce soir qu'elle comprit qu'il n'y avait plus d'avenir pour ce "Nous" qu'elle avait tant chéri. Soit le Blond jouait vraiment bien la comédie, soit la vie qu'il avait mené avant elle le ravissait plus que celle qu'il vivait présentement... Le doute, vicieusement sinsinuait en elle comme une terrible vérité. Une réalité qu'elle avait jusque là ignoré. Folle ... le Balafré la pensait folle mais peut-être avait-il raison car déjà dans son crâne raisonnait une voix décharnée pour un Avenir à effacer. Elle s'offrirait à lui puisque c'est lui qu'elle pensait désirer mais balaierait par la même occasion son futur, ses rêves de famille, d'enfants, d'union. Rien, il ne resterait rien à sauver après cette nuit. L'idée germait doucement et bientôt provoquerait son accomplissement. A quoi bon se battre ? A quoi bon résister ? Le monde est pourri et les promesses sont faites pour être brisées. * Pardon Maman ... Pardonnes ce qui arrivera dans un futur proche.*. Nizam est bien trop loin d'elle, elle le découvre du moins elle le comprend enfin et c'est grâce à l'Azazel qui distille avec intelligence ses gouttes de poison. Même la Belladone serait plus clémente que lui. Tiens la Belladone ... Une nouvelle pensée nait dans l'esprit torturé. Mahelya a perdu ses repères, Mahelya abandonne. Ce soir même si elle ne le réalise pas encore. Pitié l'Unique ... Pitié, sort de cette taverne car ce n'est plus une fleur qui tu as volé, mais une vie. Le regard émeraude, dément, vide, éteint, implore le départ du "Sans âme".
Le sanguinaire prend du plaisir. Oui, la jouissance est au rendez-vous presque plus appréciable que celle de faire ruisseler le fluide écarlate. S'il avait su avant ce soir que les mots avaient bien plus de pouvoir parfois que les gestes, alors peut-être en aurait-il plus abusé que de sa Lame ... Non un Assassin reste un meurtrier même s'il faut avouer que la douleur des âmes est un nouveau plaisir qui lui était encore inconnu. ... Il note la déchéance de la poupée de chiffon. Les paroles servies sont bien plus violentes que les coups de reins qu'il aurait pu lui asséner. Il se délecte, il se régale et gourmande sa langue caresse sa lippe. Ils pensaient en faire un dindon, mais finalement étaient pris ceux qui pensaient prendre. Quelques phrases amères s'échappent toujours et sa voix grave raisonne entre les sanglots de la Rousse.Le Chasseur aime la souffrance et celle qui ressent de la part de la Jeune Fille le contente largement. L'unique reste accroché à la fine silhouette son assurance d'il y a quelques jours s'est envolée. Et l'intérêt qu'il lui portait avec ... Que ferait-il d'une chialeuse de plus ? Alors il profite de la découverte de ce nouveau bonheur malsain. Et lui aussi se gausse de la description qu'en fait le Balafré. Froide, glacial, peu encline à onduler du bassin... Une fleur sans saveur... Mais y as-tu vraiment gouté ? Il s'en fiche, cette étrange soirée le comble au-delà de ce qu'il avait imaginé. Alors aussi rapidement qu'il était arrivé, il se dirige vers la sortie, allant maintenant prolonger sa joie sadique dans quelques chopines de bière ou dabsinthe. Et qui sait ? Peut-être finira-t-il sa nuit dans les draps d'une de ses filles. Pour sûr le couple improbable de la soirée ne passerait pas d'aussi bons moments que lui.Son rire raisonne tandis que la porte s'ouvre. Que va-t-il se passer maintenant ? l'Azazel s'en moque, il s'est assuré de les empoisonner. Lil sombre se pose une dernière fois sur elle ... Puis sur Lui. Amuses-toi Balafré.
Était-ce vraiment là son masque ? Il était aveuglé par la dureté de ses propres mots et n'entendait pas les suppliques de Mahelya. Le Borgne lui avait presque proposé de travailler pour lui... Inutile de mentir, quelques mois plus tôt le mercenaire avide du fracas des armes aurait sans doute accepté. En restant sagement à Limoges, l'inconscient murmurait, insinuait parfois l'idée qu'il reniait une part de lui-même. Nizam ne vit pas dans quelle scène l'entraînait Azazel, il sombrait et la peau du cynique le collait bien trop pour que ce ne soit qu'un rôle. Sans le savoir, il condamnait le couple qu'il formait avec lÉtincelle, il avait toujours ce goût malsain sur la langue, il ne pouvait pas y échapper. Malgré son engagement auprès de la Frêle, il provoquait toujours ses sens en acceptant ça et là des contrats, expliquant son absence durant des journées, ou des nuits entières. Une drogue, c'était une drogue, et il vivait ainsi depuis des années, comprenez que le sevrage soit des plus délicats.
Il se moque d'Elle avec l'oriental, et pense enfin cesser la comédie lorsque celui-ci fait demi-tour. Il ne réalise pas qu'Azazel est sorti gagnant de l'histoire, et peu à peu le cur qu'il avait délaissé depuis le premier acte prend de nouveau place dans ses pensées, charriant alors le flot de culpabilité. Tu es ainsi Balafré, tu t'enflammes, puis tu laisses place aux regrets.
Elle tombe, chute au sol. Vois ce que tu as fait en acceptant ce jeu, elle tremble et toi tu retrouves tes sentiments comme s'il ne s'était rien passé. C'est fini. Il le répète, tente de la rassurer et de lui dire que ce qu'elle avait entendu n'était que la folie d'un homme. Ce soir, elle aura aperçu ce qu'il s'évertuait à lui cacher, les azurs deviennent fades, et cherchent en vain le reflet perdu des sinoples.
La porte se ferme sur celui qui vient de balayer ce qu'ils avaient mis des jours, des semaines à construire. Les prunelles sans vie restent attachées à cette porte. Était-ce un signe ? Une porte claque comme une page d'un livre se tourne ? Elle soupire, elle tremble... C'est finit ... c'est finit ... Oui c'est finit et elle le lui répète elle aussi. Mais de quoi parle-t-elle vraiment ? De la scène jouée ou d'Eux ? LÉtincelle devine que la dernière proposition de l'Azazel traine dans l'esprit du Balafré. Il s'excuse et l'aide à se relever mais déjà son palpitant se fait glace. La voix cristalline raisonne mais elle est déjà morte. Les paroles prononcées ce soir appartiennent déjà au Passé. Oui c'est finit ... c'est derrière eux à présent ... Mais qui tente-t-elle de convaincre ? Elle ou Lui ? Le silence retombe dans la taverne, il est temps de quitter les lieux. L'idée qui a vu jour un peu plus tôt dans les méandres tortueuse de ses pensées, revient à la charge et la voix décharnée raisonne plus fort dans son crâne. * Accordes-toi Étincelle quelques moments encore avec lui. Profites d'un sursis. D'un court sursis. Réalise ce que tu n'as pas encore fait ... *. Un mot la frappe encore "Belladone" pourquoi y avait-elle songé ? Peut-être parce qu'elle est convaincue que tout est réellement bien finit ... La Petite Flamme se mouve chancelante, s'éloigne, s'approche de Lui. Elle est définitivement bel et bien perdue. Et la proposition raisonne la surprenant elle même. Accordes-moi cette nuit dans tes bras. Essayons de faire comme si rien ne s'était passé. Peut-être est-ce la le rôle le plus dur qu'elle aura à jouer ce soir. Dans quelques jours un autres sera à endosser. Car déjà elle pense à lui offrir ce bien précieux qu'elle était si fière de garder jusqu'à la nuit de noces. Un ultime cadeau. Une envie de dire que cette fleur ne partira pas avec elle dans l'étreinte de la Faucheuse. Le plan machiavélique se met déjà en place. Elle le sait, elle le comprend. La Frêle n'a plus la force de se battre pour ce couple qu'elle a l'impression de porter à bout de bras depuis le début. Alors, elle manipulera le Blond pour obtenir ce qu'elle veut... Le vert ne rencontrera plus les azurs ce soir. De toute façon il n'a plus rien à regarder...
Post écrit à six mains, posté avec l'accord des joueurs.