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[RP] - Le jugement est divin. La douleur est humaine.

Yolanda_isabel
[Quatrième jour de janvier de l’an de grâce 1461, sur la route]

Angers, ville de toutes les promesses. Elle y est venue pour deux raisons, la première étant un cadeau de longue date qu’elle devait remettre à sa tante dégénérée. La deuxième, raison ô combien plus vitale pour elle : Des réponses. Et le cadeau a été remis, les réponses doivent arrivées, il ne lui reste donc plus qu’à rentrer. Oui mais quitter Angers, cela veut dire quitter le front et laisser à d’autres le soin de défendre la capitale, certains diront que la Josselinière ne participe pas à l’effort de guerre en refusant de prendre les armes pour sauver l’Anjou, et à ceux-ci, il faudrait répondre que cela vaut mieux pour tout le monde, puisque Yolanda n’a jamais levé la main sur personne, hormis sur elle-même et encore, avec un coupe-papier émoussé, que la violence la répugne depuis qu’une armée mainoise lui a donné l’occasion inestimable de souffrir milles morts à chaque fois que l’humidité vient se rappeler à son bon souvenir et que sa jambe la lance, souvenir d’une jambe brisée, voilà de cela plusieurs années.

Non, Yolanda ne se bat pas, mais qu’on ne l’accuse pas de ne pas participer à l’effort de guerre, car depuis le début des hostilités, les réserves de blé de Château-Gontier ont été ponctionnées pour réaliser de la farine et du pain pour nourrir la population angevine, au détriment de Linien Lamora, cuisinier renommé qui se retrouve à surveiller les opérations, et certaines fois à mettre la main à la patte, et quand le blé ne suffit plus, c’est Armelle, la couturière qui revend ses talents au plus offrant pour attirer les écus dans les caisses du Gontier pour les transformer plus tard en denrées. Quant à Anaon, en dépit de sa circonférence hors du commun, une garde a été mise au point sur les ordres de la bretonne, pour surveiller les alentours du Gontier, et notamment en direction du Maine, profitant ainsi de la position stratégique que représente la motte où se dresse le château en surplomb de la Mayenne. Car à Château-Gontier, que l’on soit mercenaire devenue chaperon par la force des choses et de son état de parturiente ou simple valet, rien n’y change, c’est la guerre et chacun travaille de son mieux à la réussite de l’Anjou. Yolanda ne se bat pas, mais la guerre ne la laisse pas indifférente, et c’est en cela qu’elle a prévu de gagner Saumur pour y rejoindre quelques connaissances et leur demander leur aide pour ce qu’elle estime être la meilleure façon de régler la guerre : Inciter le Fou et le Roi à cesser la partie.

Oui, mais voilà, Yolanda est jeune et pis, Yolanda est poussée par la passion et l’amour de son Duché et de ceux qui l’habitent, en cela son inconscience n’a d’égale que son impulsivité, et sans prévenir quiconque, elle s’est hissée sur le dos de Madone, et a quitté Angers à la tombée de la nuit, avec pour unique escorte, trois molosses relativement dissuasifs. Tout doit bien se passer, au loin apparaissent quelques rares lueurs dans la ville, le guet à n’en pas douter, et Yolanda n’en doute pas, se réjouissant déjà de revoir des visages connus, derrière la ville, se dressent implacables les hautes tours du château. Voilà où elle en est de sa progression lente qui n’en finit plus de lui tirer des baillements pour ce qu’elle n’est pas habituée à rester éveillée une nuit entière, ses cuisses la brûlent sur la selle pourtant épaisse, et sous les gants, les doigts n’en finissent plus de se serrer et se desserrer pour conjurer l’engourdissement du froid. Soudain, un grognement qui lui arrache un soupir, car enfin, voilà plusieurs jours que Perséphone a ses chaleurs, n’en finissant plus de souiller de sang la paillasse de la chambre, à tel point que Yolanda a commencé à se faire une raison sur la normalité de ce sang-ci qui comme le sien vient une fois par lune, mais si le mâtin l’agace par ses saignements, l’odeur émoustille les mâles, et voici plusieurs jours que le jeune mâtin n’en finit plus de tenter de prendre le dessus sur le grand dogue. Un soupir, oui, parce qu’impuissante devant l’assaut de crocs, elle n’ose intervenir, jamais devant la violence, pourtant un gémissement vient la tirer de son impassibilité. Les rênes sont tirées avec énervement et anxiété, un hennissement perce la nuit noire, et la Josselinière descend du puissant shire pour affronter sa peur, car ne pas intervenir face à la violence ne veut pas dire rester impassible face à la douleur.

Ombre silencieuse, elle abandonne la jument et d’un geste rageur, ordonne à la chienne de rester à ses côtés pour tenter de retrouver dans l’obscurité les deux mâles, espérant ne pas arriver trop tard, regrettant déjà sa lâcheté.

L’obscurité, voilà qui aurait du la prévenir, et un peu tard, peut-être elle relève la tête pour apercevoir qu’un nuage a voilé la Lune, et sans sa jumelle, sans sa lumière, la Laie est perdue. Perdue pour la paix, des ombres soudain qu’elle voudrait identifier comme étant ceux des arbres, des branches qui craquent, cela doit être les chiens. Cela ne peut-être que les chiens, d’ailleurs en voilà un sur le sol, les mains tâtonnent à sa recherche, s’engluent dans le sang poisseux qui s’écoulent de son échine, et déjà, elle le reconnaît, petit garçon a voulu devenir grand, Hadès a été puni par l’Ankou, mais où est le dogue, voilà la question. Les mains tentent l’apaisement alors même qu’elle a peur, que les bruits autour se rapprochent, un chien peut-il se retourner contre son maître ? Les ombres qui reviennent non rien de canines, pourtant la voilà encerclée, la panique la prend, aucun mot ne sort de sa bouche entrouverte sur un hurlement qui ne vient pas, et le nuage s’en va comme il était venu, et la lune de la prévenir un peu tard, offrant son reflet à la lame d’acier qui se lève pour venir s’abattre sur elle. Le cri sort, maigre exutoire, et les coups n’en finissent plus de pleuvoir, tantôt dans les jambes, tantôt dans le flanc, le corps n’est plus que loque, que brûlure, et Yolanda ne hurle plus.

Les mains ont tenté vainement de protéger le corps du chien déjà mal en point, pourtant, c’est elle qu’elle aurait du protéger et un dernier coup au visage vient la jeter au sol, perclue de sanglots autant que de gémissements, et la lune, perfide amie, d’allumer sous ses yeux l’or d’une chevelure.


-« Maman.. »

[La guerre m'a tuer.]
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13 février ? 3ème Journée Nationale du 1er degré sur Internet.
Cerdanne

Quatre heures du mat. J’ai des frissons*…


Plein les jambes, plein la tête et j’ai froid...
Je rentre.


La provençale salua ses compagnons d’armes et dévala les marches en toute hâte.
A boire, à manger…et chaleur vite vite… vite.
Alors qu’elle s’engageait dans « la ruelle du paradissurterre » elle le vit.
Elle stoppa net sa course vers le bonheur, la chaleur .
Son corps fatigué finit par avancer à petit pas lents vers la masse sombre qui haletait contre un mur.
Le dogue, elle était sûre !
C’était le dogue de Yolanda.

L’avait beau haleter, chouiner, gémir, c’était un dogue, hein !..Pas dit que sa mâchoire soit en mode « paix aux hommes de bonne volonté »..

Je te connais toi…Approche prudente, un pas , un bras. Blessé les bêtes c’est mauvais…
C’est comment ton nom..déjà. avec ta tête de veau t’as l’air fin, affalé comme ça tiens.
Tous doux mon gros.
Mon tout beau, mon doudou… Bordel c’est quoi ton nom déjà…


Pendant toute le temps de ses paroles, la Provençale avait franchi les derniers pas vers le molosse et accroupie a ses côtés, elle tentait de piger.
L’absence de grognement ajoutée au regard qu’elle sentait posé sur elle la rassura complètement.
L’animal était blessé et un carreau était encore fiché sur une de ses pattes.
Son sang ne fit qu’un tour..


Debout ! Lève-toi !
Debout j’ai dit !
Grosse vache élevée aux macarons !Debout !
Elle est où ta patronne ??

Ankou ! c’est Ankou ton tit nom hein.. Didiouuu y a intérêt a ce que elle, elle soit en forme parce que je te jure que tu vas savoir pourquoi tu t’appelles comme ça !... Ouste!


La main fébrile de la brune fouilla les poches de son mantel et en ressortit quelques vestiges de cette pâtisserie sans pareille et si prisée par la jeune De La Josselinière

Le chien, meilleure ami de l’homme et de la main qui le nourrit.. celui-ci à grand renfort de grognement, goba le macaron tendu et s’éloigna vers les hauts murs si soigneusement gardés de la ville.


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Si les royalos élevaient des « Ankou » avec force macarons, la ville serait déjà dans leurs mains poisseuses…

Le dogue avait trouvé la faille dans une des murailles et La provençale, visage fermée et tout aussi muette que le chien avançait entre les herbes pour finir , furieuse mais au pas de course dans la forêt qui séparait Angers de Saumur…

C’est là qu’elle la trouva…
Le chien gémissait déjà à ses côtés…


Yolanda !
Pousses toi le veau !


A genoux contre le corps inanimé, elle laissa ses mains en suspens.
Le jour était bien loin de se lever .
Les alentours ne lui paraissaient pas surs..
Sous ses doigts qu’elle posa enfin sur le visage de la blondinette, coulait la vie, lentement, chaudement…


Fais chier, fais chier, fais chier....
FAIS CHIER!! !


*chagrin d’amour
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Lluwella
Nuit… Remparts…

Ronde... Encore…

Cela faisait une éternité lui semblait-il. Treize jours lui avait dit Abra. Treize jours que les armées ennemies campaient sous les murailles. Elle avait l’impression que cela faisait bien plus longtemps.

Lulu passait ses journées (et une grande partie de ses nuits) à tourner sur les remparts, à essayer d’accueillir et de nourrir des réfugiés de plus en plus nombreux. Nombre d’entre eux ne survivaient d’ailleurs pas.
La tension montait au fil des jours. La fatigue aussi.

Sans compter qu’elle l’avait aperçu, lui, l’ange, dans un des camps, en bas des remparts. Ils ne s’étaient croisés que deux fois bien sûr, mais il avait suffisamment hanté ses cauchemars pour que son cœur s’affole, avant même que son esprit le reconnaisse. Grand, roux, le visage barré d’une cicatrice. Il était là ! Et ça, pour Lulu, c’était de très mauvais augure. A chaque fois qu’il regardait vers les créneaux, elle avait l’impression que ses yeux parvenaient à traverser la pierre pour se fixer sur elle.

Alors quand les sentinelles étaient venues prévenir que les armées ennemies étaient parties et qu’Abra avait demandé à une patrouille de sortir pour vérifier si ce n’était pas un piège, elle s’était portée volontaire. Elle n’en pouvait plus d’être enfermée entre quatre murs, elle qui n’aimait rien tant que courir dans la forêt.

Sur le qui vive, la patrouille avait parcouru tout le camp qui semblait effectivement avoir été déserté. Elle s’était ensuite dirigée vers la forêt un peu plus loin. Si c’était effectivement un piège, c’était certainement là qu’ils s’étaient planqués. Quoique Lulu se demandait bien pourquoi ils auraient fait une telle chose. Néanmoins quand on vivait dans un pays gouverné par un archifou, on devait être prêt à à peu près n’importe quoi.

Ils étaient donc entrés en silence dans la forêt. Grognements. Lulu sursauta légèrement.

Un cheval qui bronche. Difficile d’empêcher un animal de faire du bruit. Et dans le silence de la nuit les bruits semblent tous assourdissants.
Il y a quelqu’un là devant. Aucun doute.

Ennemi forcément. Aucun ami n’a annoncé sa venue cette nuit. Encore qu’il y ait eu plusieurs imprudents ces derniers temps. Mais là il est plus que probable qu’il s’agisse de guetteurs ennemis. Lulu sent la tension en elle monter d’un cran. Elle sortit son épée du fourreau. Espérons qu’ils ne soient pas trop nombreux. La patrouille se disperse pour prendre le ou les intrus par surprise. La lune s’était cachée. Ce qui leur facilitait les choses pour passer inaperçus.

Elle entendit un faible cri sur sa droite. Manifestement un de ses compagnons a trouvé de quoi se battre. Elle se précipita dans la direction du bruit, et frappa l’ennemi à son tour. Celui-ci fut rapidement à terre. La surprise avait été totale. Pas le temps de s’appesantir. S’il y avait un guetteur il était probable qu’il y en ait d’autres.

La patrouille repartit pour continuer à nettoyer le bois, abandonnant le corps sur place.
Fitzounette
[La nuit, je mens…]

Une nuit, froide, comme toutes les autres. Une vie, triste, monotone. Celle qu’elle a choisie. Vide de sens, à errer, à chercher qui elle est. A-t-elle seulement été ?
Ombre, parmi les ombres. Mouton ? Loup ? Qui sait ? Buse, entourée d’autres. Des visages, des figures, des figurants…

Que fuit-elle exactement ? Nul ne le sait. Son destin trop parfait ? Petite Reyne, broyée par trop de devoirs. Abandonnant ses enfants, n’élevant même pas sa fille. Avait-elle des remords, des regrets ? Sûrement, puisqu’elle lui avait tout légué. Ou alors, était ce juste l’envie de tout plaquer, pour se débarrasser de ce trop lourd fardeau. De nouveau respirer.

Changer de peau, oublier, que ne subsiste aucune trace de ce qu'elle fût par le passé. A 35 ans du soir, juste perdre la mémoire. Et ainsi, avancer, suivre la meute. Etre le bras armé. Avancer encore, et frapper. Le sang appelle le sang. Qu’y a-t-il de plus à comprendre ? Aux simples d’esprit le royaume des cieux...

Et ce soir-là, comme tous les soirs, elle frappe. Son visage s’anime. Elle qui revêtit l’habit, sourit pourtant comme une damnée. Elle rit même, transfigurée.Obscurité, voile épais et duveteux, nimbes éthérés soudain souillés par un mince rayon de lune. Une poupée disloquée se révèle à ses prunelles encore hantées.

Mais alors que les autres s’éloignent, un hoquet la prend. Sa chair se fait douloureuse. Ce visage, cette odeur... C’est toute son âme qui l'a reconnue et se met à hurler. Son épée glisse inexorablement de ses mains. Elle se penche sur l’enfant, écarte quelques mèches du visage ensanglanté. Puis se relève, s’éloigne chancelante. Elle tombe à genoux, prise de convulsions, et vomit. Hébétée, prisonnière de son cauchemar, elle reste là, se balançant d’avant en arrière, fixant ses mains ensanglantées.

S’écoulent quelques minutes, une éternité. Quand elle entend une voix. Elle sort des ténèbres et regarde la jeune femme qui étreint l’enfant. Son enfant.
Le visage ravagé de larmes, ne parvenant pas à cesser de trembler, elle murmure :


Est-ce qu’elle est morte ? Est ce que ma fille est morte ?

Le regard se fait suppliant. Elle tombe de nouveau. Elle, qui ne voulait plus rien ressentir, est dévastée.
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Yolanda_isabel
    « Yolanda, si tu te tais, Maman t’offre une rivière de diamants ! »


La douleur, c’est une entité propre qui prend le pied sur votre volonté. C’est une chaleur qui irradie de l’intérieur et de l’extérieur, qui vous brise pour vous laisser à l’état de pantin disloqué. La douleur assourdit le corps et le cœur, elle s’insinue dans votre tête pour hurler à votre place, elle vous vrille les tripes et les tord comme jamais elles ne sauraient l’être d’ordinaire. La douleur se résume en trois mots : J’ai mal.

Et ces mots sont scandés dans sa tête, obscurcissant tout le reste. Les cris poussés, les sanglots expirés sont-ce les siens ou ceux des autres ? Qu’importe, Yolanda a mal. Et cette douleur pour être familière, n’a jamais été si puissante. Les muscles tressautent et la crispent de souffrance, elle voudrait se recroqueviller sur elle-même et pleurer jusqu’à l’épuisement mais chaque geste lui est une douleur plus cruelle encore que la première, et sous elle, il y a Hadès qui gémit lui aussi, sous le poids presque mort de sa maîtresse, il y a le sang qui les environne, les yeux sont fermés, il n’y a plus rien de beau dans ce monde qui mérite d’être vu, elle a perdu l’envie de savoir et l’envie de mourir est là, sournoise qui s’infiltre dans chaque parcelle de son être.

Quand on meurt, on ne souffre plus, c’est une certitude.

Et comme pour l’achever tout à fait, ce sont des mains douces qui l’effleurent, une haleine qui affleure à l’orée de son corps, c’est une brise maternelle, un vent doux qui l’enveloppe et la fait tressaillir derechef pour l’entraîner aux confins de la plénitude. Yolanda meurt, elle en est certaine, et voilà que sa mère la berce de sa présence, puisque des mains la serrent contre un corps. Le visage est perlé de sueur qui vient, perfide, glisser sur les plaies et les rendre plus douloureuses encore, tant le sel qu’elle contient lui est une douleur supplémentaire, vite apaisée par une langue chaude et humide, la chaleur qui l’entoure n’a plus rien de maternelle, ce sont eux qui la préservent, qui la conservent. Ce sont les chiens qui l’aiment et la pleurent, là où les humains l’ont meurtrie. Pourtant quand l’œil intact s’ouvre et se voile de sang, ce n’est pas le museau des chiens qu’elle voit en premier, c’est sa mère en prière devant elle, c’est le corps de Cerdanne plié en dessus d’elle.

Mais sa mère est là qui pleure. D’épuisement sûrement, enfant ingrate qui aura causé une énième fois le chagrin de sa mère.


-« Je me.. tais Ma..man.. »
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Cerdanne
Idiote qu’elle est…
L’émotion de trouver le macaron brisé en mille morceaux lui a fait oublier toute prudence.

Elle est là penchée sur la poupée désarticulée quand cette voix surgit de nulle part et lui arrache un sursaut.
Le regard métallique se pose sur la silhouette qui tremblote autant que le murmure…
La dague levée vers celle qui vient de parler, son regard va de la main qui a lâché l’épée à la fine silhouette qui les dévisage.
Le danger ne semble pas au rendez-vous.
Une veine !
Instinctivement, la Provençale resserre l’étreinte de ses mains sur le corps brisée de la petite princesse.


Si elle n’est pas morte, ce n’est pas faute d’avoir essayé de la tuer …
La rage qui tout à l’heure la submergeait s’estompe et les mains se hâtent de vérifier chaque parcelle de ce petit corps tout enrubannés qui baigne dans son sang.
Les doigts stoppent leur course sur la poupée et la brune tourne la tête vers la femme qui se tient près d’elle.



Votre fille ?? Votre fiiille ???
Ben tiens… Et moi je suis la Reyne...

Comment je vais annoncer ça à Ana hein...


Les doigts poursuivent leurs caresses sur le corps meurtri... Têtue ! Pire que pire…Et voilà le résultat!

Toujours penchée sur Yolanda, Cerdanne gronde, Cerdanne promet punitions multiples à l’imprudente moribonde et finit par lâcher d’une voix sèche à la femme toujours immobile.

Rendez-vous utile au moins !
Aidez-moi à la ramener à l’abri des remparts.
Angers n’est pas si loin…

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Mamandamur, incarné par Yolanda_isabel



Les grondements de la brune n’y font rien, pas plus que son air menaçant. Elle peut bien l’invectiver à loisir, lui cracher à la figure toute sa véhémence, la prendre pour une aliénée (n’est-ce pas ce qu’elle est ?). Le Penthièvre se fiche bien d’être crûe, ou non, qu’on l’insulte, ou qu’on l’humilie. Son inclination est pour une autre. Tous les corpuscules vibrent à l’unisson.

Pour Elle.

Tout son être, toute son âme sont uniquement dirigées vers Elle. Vers cette petite lumière vacillante, vers ce souffle ténu et fuyant. Cette étincelle de vie, cette création unique. Un big-bang à part entière, le choc de deux univers ! Graine de folie portée en son sein. Eclose un beau matin en salle du trône d’Angers, telle la plus précieuse et délicate des Roses.

Les larmes se mettent à couler en filet mince mais continu quand elle comprend que sa petite princesse est en vie. Elle se met à genoux, tout près, tend la main pour caresser le visage mutilé, et murmure :


Maman t’aime, Yoli. Cette fois, elle ne t’abandonnera pas.

Elle regarde la brune, l’air enfin habité. Ses prunelles de buse se font acérées. Sa détermination est entière.

Oui, mettons là à l’abri.

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Yolanda_isabel
Je suis pas têtue. Je suis Buse. Voilà ce qu’elle pourrait crier si elle en avait encore la force. Mais la force n’est plus là, elle est partie. Cette grosse carcasse habituée à se plier docilement aux caprices de l’âme et de l’esprit gît sur le sol et rien ne pourrait l’en bouger si ce n’est une aide extérieure. Inondée d’amour et de caresses, autant que de douleur et de faiblesses, le regard se pose fixe contre ce visage chéri en face d’elle. Peut-elle en vouloir à sa mère ? Peut-on renier son sang et sa chair ? Convaincue d’avoir fait une bêtise, elle accepte la punition même si celle-ci la réduit à l’état de petit bout de rien. Sous elle, il y a le chien qui tente de bouger aussi, pour être consolé par les siens, lui arrachant un gémissement, la main se resserre contre son gré sur la fourrure.

C’est stupide.

C’est auprès d’eux tous pourtant qu’elle va chercher la force et l’envie de tout. Dans ces mains qui la caressent et la portent, dans ce regard autrefois si lumineux, dans ces azurs qui n’ont rien en commun mais sont un bout de ciel d’Anjou. Il y a deux femmes qui la portent et elle porte le poids du mal humain. La tête bascule sur le côté et à travers le voile du délire, elle observe au loin le shire qui paisse nerveusement, la main tente de se lever.

Elle vient de se prendre une armée dans la gueule, et elle craint pour ses chiens et sa jument.

C’est stupide.

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13 février ? 3ème Journée Nationale du 1er degré sur Internet.
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