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[RP]Le choix du destin

Pelotine, incarné par Tadeus94
[ Bourgogne ]

- Mes chéries, vous ne bougez pas d'ici, surtout soyez sages, nous ne serons pas longs.

Un baiser pour les fronts blancs, les filles se laissent faire, la mine boudeuse.
En effet, Pelotine et Ladra font garder les enfants ce soir, les tenanciers de l'auberge acceptent avec enthousiasme de jouer les nourrices, les petites sont de toute façon, généralement sages et agréables.
Cosette est une enfant malléable, qui s'adapte à tout environnement, bien plus que Dôn qui est pourtant, elle aussi adorable, enfant rêveuse et passant la majorité de son temps à dormir, il est difficile de ne pas l'aimer.

Une fois certaine que les petites sont entre de bonnes mains, leur mère se hâte de rejoindre Ladra, qui l'attend devant l'auberge. Avec empressement elle court à sa rencontre et l'enlace par la nuque afin de lui voler un baiser avec plus de facilité.
Ce soir encore, ils vont recommencer, ce soir encore... car le manque se fait ressentir.

Main dans la main, ils commencent à marcher, et rapidement, ils atteignent une venelle sombre et sordide, repérée quelques jours plus tôt par le couple.
La croque mort est vêtue de noir, c'est nécessaire pour ce qu'ils ont à faire, comme toute les fois précédentes, elle laissera son époux prendre les devants, il exécutera, achèvera, jusqu'à ce qu'elle intervienne par la suite, et se débarrasse des impuretés.
Ils commencent à connaitre chaque geste, chaque partie du procédé, sur le bout des doigts, leur naissance est bien loin bien qu'ils agissent encore parfois par instinct.
Le dos plaqué contre le mur, la peur au ventre, comme à chaque fois, la petite bretonne s'empare du col de son partenaire afin de lui donner un dernier baiser avant qu'il ne s'éloigne d'elle pour accomplir leur méfait.



Ladra, incarné par Tadeus94
[Bourgogne - Ruelle mal famée]

Un dernier baiser. C'est un peu un rituel. Ce baiser signe le point de départ de leur folle échappée. Comme à chaque fois. Quand avaient-ils commencé et pourquoi ? il ne s'en souvenait pas. Ce qu'il savait c'est que ces escapades devenaient presque vitales pour eux. Ils y prenaient un plaisir non dissimulé, au point que l'excuse qu'ils s'étaient trouvée - laver le monde des corps et âmes impures - n'était, pour lui, qu'un prétexte à la barbarie, à l'envie de voir le sang coulé qu'ils s'étaient mutuellement découverte.

Un dernier baiser, donc. Un dernier regard aussi. Puis il se glisse dans l'ombre de la petite ruelle à la recherche de sa proie. Il l'avait repérée plut tôt en journée. Une prostituée, évidemment. Elles symbolisent on ne peut mieux l'impureté de l'âme et celle du corps. Et, il faut bien l'avouer, ce sont des proies faciles. Par essence, elles se laissent facilement approcher. Justement, il la voit. A l'écart. S'approche d'elle. Ses mains sont sous son mantel, comme pour se protéger du froid. En réalité la main droite serre convulsivement le manche de sa dague. Il lui adresse la paroles, ils discutent quelques instants. Le temps pour lui de la mettre en confiance. Le temps, pour elle, de baisser la garde.
Au prétexte de la payer - par avance - il sort ce qu'elle pense être sa bourse et qui en réalité sera l'objet par lequel elle périra.
Il lit sur son visage l'étonnement de voir la lame sortir. Il tue le cri dans sa gorge en plaçant sa main gauche sur sa bouche et lui retire la vie en plantant la dague, main droite, directement dans son cœur. Un liquide tiède et visqueux s'échappe de la plaie béante et inonde sa main. Mais il n'en a cure. Il regarde la vie s'échapper de ce corps. Et sourit.
Pelotine, incarné par Tadeus94
Seul son sourire est apparent.

Dans la vie, il y a toute sorte de sourires, Pelotine et Ladra les utilise tous.
Le faux, celui qui déguise votre visage afin de paraître avenant et sincère alors qu'au fond, rien n'est plus mensonger que ce dernier.
Le sincère, qu'il est nécessaire de dessiner parfaitement pour qu'il puisse être convainquant.
Le timide, doux et délicat il s'accroche à vos lèvres sans que vous ne l'ayez invité, discret il est intimement lié au sourire sincère.
Le franc, qui gifle votre interlocuteur par sa largeur et son audace, laissant découvrir vos dents.
Il en existe encore bien de nombreux, mais tous se classe en seulement deux catégories.

Le sourire ressenti, et le sourire simulé.

Celui qui se dessine sur les lèvres de son beau corbeau, est un sourire ressenti, un sourire véritable, de satisfaction, de plaisir.
Aucune autre partie de son visage ne vient gâcher la prestation de ce magnifique sourire de bonheur, le nez, les sourcils, les yeux restent immobiles, il ne nous reste donc plus qu'à savourer cette délicieuse vision.
Il se gargarise de son acte.

Mais il faut faire vite, et bien que son épouse aime le voir heureux, il ne faut pas prendre de risques.
Rapidement, Pelotine vient le rejoindre, il ne l'a pas remarqué, il est dans un état second. Alors, délicatement, sa dextre vient rejoindre la main de l'écorcheur, qu'elle incite à se retirer.
Leurs mains se meuvent dans le sang, cette liqueur de jouvence, pour enfin s'extraire complètement.
Les grisailles de la brunette, se lève vers le visage de son compagnon, il semble reprendre ses esprits, elle peut enfin commencer sa partie, il s'éloigne.

Et comme à son habitude, elle déglingue, désarticule, démonte, disloque, déboîte.
Seule, le visage fermé, elle se concentre, non sans savourer chacun de ses gestes, comme à chaque fois, elle se sent forte, puissante, invincible ! Mais pourtant, elle est malheureusement loin de l'être.
Et il lui faut quelques secondes pour réaliser, qu'une présence est à nouveau à ses cotés, et à nouveau quelques autres secondes pour lever les yeux vers sa nouvelle compagnie, pour s'apercevoir qu'il ne s'agit point de Ladra, mais de trois individus qui s'emparent d'elle par les épaules.
Dans un laps de temps plus court qu'il ne faut pour cligner des yeux, Pelotine se met à crier, un cri strident qui vient du fond de ses entrailles.
La peur est bien plus forte que le plaisir désormais, et son seul réflexe est d'appeler son mari, qu'il vienne à son secours, qu'il soit là tout prés d'elle.

Qui sont ces hommes ? Des miliciens ? Des maréchaux ? Des policiers ? Ils en ont l'air, ils parlent, mais la panique lui bourdonnent dans les oreilles.
L'ancienne juge de Bretagne est bien peu fière lorsqu'un d'entre eux lui glisse une dague sous la machoire l'incitant alors à fermer son clapet.
Ladra ne pourra rien pour elle, mais ses yeux s'agitent, se peut il que lui aussi ce soit fait attraper ? Que risquent-ils ?


Don.
[ Chez le tenancier d'une auberge aussi mal famée que la rue empruntée par les darons - Bourgogne tout pareil. ]

Cosette bouffait.
De toute façon, Cosette - qui n'était en réalité qu'une Caroline ou une Sarah, je ne sais plus trop - ne faisait que bouffer.
Elle bouffait ses crottes, sa morve, ses doigts de pieds, ses quelques mèches de cheveux, et parfois même, les miennes aussi.

Papa, et son éternel sourire - non simulé celui-là, aussi - n'était pas là pour me prendre dans ses bras et me faire valser, j'aimais bien valser, danser. Il faut dire que passer le plus clair de son temps à se trimbaler de ville en ville, tels des fugitifs, ne me plaisait guère, fallait bien trouver de quoi se distraire.
D'ailleurs, en causant de fugitif, Maman en avait bien l'air.
Les yeux en panique permanente, les lèvres pincées comme s'il était possible qu'on lui découvre un terrible secret, il n'était pas rare qu'elle me fasse flipper. Elle n'était pas laide, pourtant Maman. Fallait bien la regarder, et je tenais d'elle un joli petit nez retroussé, et son regard délavé. Gris qu'il était ! Le mien virait sur le bleu, certainement un savant mélange de ses grisailles et des onyx de Papa. Je ne sais pas, et qu'importe.
Une jolie chevelure brune descendait en cascade sur ses épaules, comme j'aimais y frotter mes joues, et y joindre ma propre chevelure, qui elle était noire et raide, comme la justice que Maman tentait d'appliquer par le passé.

Paille cramée qu'on aurait pu m'appeler.

J'étais bien moins jolie qu'elle, mes joues rondes contribuaient certainement à briser l'harmonie d'un visage, mais j’espérais qu'elles disparaissent avec le temps. Toute petite, encore, je savais qu'il me faudrait du temps, des années, avant d'obtenir l'allure qu'elle détenait.
Généralement, en taverne, comme elle aimait m'y emmener souvent, je pouvais constater les effets que produisait son physique chez la gente masculine. Elle était pourtant très mince, voir maigre, mais son air mutin, ses sourires discrets et sa douceur devaient faire oublier, ses bras trop maigres, sa poitrine bien trop menue et ses joues creuses.
Papa, venait moins souvent, mais j'aimais le retrouver. Il était beau ! Si beau.
Je ne lui ressemble pas non plus, il est grand, élancé et détient un regard déterminé mais bienveillant.
De lui, je n'ai hérité que ma sombre chevelure.
D'un optimisme à toute épreuve, j'aimais l'entendre remonter le moral de Maman lorsque celle ci s'abandonnait aux noires pensées qui la submergent régulièrement.

J'avais vaguement entendu parler de ma tante, que je n'avais encore jamais vu. Je la sais rousse, aux yeux aussi ténébreux que ceux de mon père, et je l'imaginait grande, et imposante, certainement belle, vu la beauté de Papa.
Très grande ! Bien plus grande que maman, qui semblait toujours recroquevillée sur elle même.
Et je savais aussi qu'il y avait eu une histoire avec la mari de ma tante, mon oncle donc. Bien avant ma naissance. De lui je savais énormément de choses, sans ne l'avoir jamais vu non plus.
Je ne savais pas très bien parler encore, et il était inutile de vouloir en savoir plus ce qu'il s'était passé entre eux, rien de bon sans doute, puisque mes parents avaient fuit la Bretagne, pays de ma naissance.

De toute façon tout ce que je voulais, dans l'immédiat, c'était de retrouver mes parents, qui m'avaient laissée seule avec Cosette et ces gens avec lesquels je n'avais aucune envie de jouer.
Le nez collé à la fenêtre de l'auberge, je guettais le retour de Pelotine et Ladra.

_________________
Ladra, incarné par Tadeus94
Il n'est jamais bien loin. Ils aiment oeuvrer seuls, l'un après l'autre. Dans leur couple, la compréhension est le maître mot. Elle comprend qu'il doit ôter la vie seul, qu'il y trouve et prend un plaisir incommensurable. Il comprend qu'elle veut découper, dépecer seule, concentrée, sans aucun regard porté sur son travail.

Pour autant, il ne reste jamais bien loin. Elle est louve, il est loup. Il protège sa meute autant que possible. Jamais loin, à portée d'yeux d'ailleurs. Il aime à la voir penchée sur les corps encore chauds, à dextériser avec dextérité. Il aime l'observer vivre, en fait. Au quotidien, et dans ces moments-là.

Aussi, quand il voit les hommes s'approcher d'elle, il se met à courir. Son pas se fait encore plus rapide tandis qu'il entend son cri déchirer la nuit. Ses pas battent le pavé, trahissant son arrivée. Dans un temps très court il sort sa dague. Les deux hommes qui ne tiennent pas son épouse font barrage de leurs corps.

L'adrénaline coule à flots bouillants dans tout son corps, le galvanisant. Comptant sur l'effet de surprise, il bande son bras et enfonce sa dague dans le ventre du premier. Las, le temps, pourtant court, de dégager sa dague, il sent une douleur immense, violente, battre son flanc. Et là il comprend. Le second homme lui a planté sa dague sur le côté de son corps. Il sent sa propre vie s'enfuir par le trou béant.

Il regarde Pelotine, son amour, l'amour de sa vie. Incapable de parler, il lance un regard où l'on peut lire qu'il est désolé. Désolé de n'avoir pas su, pas pu la sortir de ce mauvais pas. Ses yeux se ferment. Pour toujours.


Pelotine, incarné par Tadeus94
Tout va très vite, et ses yeux égarés retrouvent rapidement Ladra, qu'ils cherchaient en vain quelques secondes plus tôt.

Il est là, avec elle, non il ne l'a pas laissé seule, il aurait pu fuir, prendre peur et l'abandonner à son triste sort, mais non, il est tout prés, si prés... qu'elle pense tendre le bras et pouvoir l'atteindre, ainsi, elle pourrait alors l'attirer à elle, à deux nous sommes plus forts, à deux ils pourraient se dégager ? N'est ce pas ? N'est ce pas cela l'amour ? Il est au coeur de la haine, pour mieux la vaincre.

L'amour est chance, il est feu, et victorieux. L'amour triomphe.

Mais pourquoi n'arrive t'elle pas à le toucher ? Pourquoi est-il si loin ? La gorge menacée, il lui est impossible d'insister davantage, l'espoir est désormais sa seule motivation à survivre, l'espoir de s'en sortir, de courir vers Ladra de lui saisir la main et de s'enfuir, loin, très loin... s'enfuir, comme toujours.

L'espoir, donc, reprend de l'assurance, et c'est un coeur vaillant qui tente de se dégager une dernière fois de l'emprise que l'on porte sur elle, afin de rejoindre son époux, tentative vaine, une nouvelle fois, car lorsqu'elle parvient à le faire et qu'elle entreprend une marche active vers son amour, il s'effondre.

Un corps, ce n'est qu'un corps après tout, des corps morts elle en avait vu, des milliers dans sa vie de fossoyeuse.
Des nouveaux nés à la bouche boursouflée de n'avoir pu donner leur premier cri.
Des vieux, des vieilles, trop usés d'avoir vécu.
De tout...
Ce n'était que des corps... ce n'est qu'un corps.

Mais ces yeux.
Ladra et ses yeux noirs. Ladra et ce regard bienveillant, ces yeux rieurs et pétillants.

Ladra et son amour, Ladra est son amour...
Les grisailles de Pelotine pénètrent le regard de son aimé, et ce qu'elle y découvre ne lui plait pas, oh non loin de là, pourquoi ce regard ne répète il pas ce qu'il dit sans cesse ? Je t'aime.

Pourquoi reflèter la souffrance alors qu'il y a de l'espoir ? Il y en a encore n'est ce pas ? N'est ce pas cela l'amour !?

L'AMOUR TRIOMPHE DE TOUT !

Elle accuse, si elle pouvait seulement leur cracher aux visages ! Il ignorent tout de ce qu'ils viennent de détruire, ils ignorent tout de ce qu'ils viennent d'enclencher.
La fin.

La fin, ma belle amie.

Il s'éteint, le beau corbeau, Pelotine voit l'étincelle ternir, et les paupières se referment sur une pupille déjà vidée de tout espoir. Et si l'espoir s'en va ? Putain mais qu'est ce qu'il nous reste ? Alors, dans cet adieu furtif, de ce dernier regard échangé, elle puise son ultime courage et développe sa haine, sans attendre, elle s'empare du bras de son précédent agresseur, et lui arrache la dague des mains, c'est maintenant qu'elle est invincible.

"Ils ont changé la direction à prendre, ils ont décidé de la tournure des évènements, mais je reste maîtresse de mon destin."

Auto-défense, le milicien se protège, les deux bras en avant, il craint la réaction d'une nouvelle veuve.
La brune, face à lui, agit rapidement, elle frappe et frappe encore, sans aucune pitié, Oh non, il ne faut plus rien épargner, à quoi bon laisser gagner cette vie ? Cette chienne de vie ?

Les coups ralentissent, il faut dire que la douleur semble vive...une vie s'échappe.

Au dernier moment, la croque mort a changé de cible, c'est elle qui part, c'est son propre ventre qu'elle a trucidé, c'est dans ce ventre que se propage l'épidémie qu'est la mort, mais c'est aussi dans celui-ci que tout a débuté.

Les papillons, pour le première fois, l'on enveloppé de chaleur lorsqu'elle a rencontré Taizo.

L'Harmonie y a fait son nid, douloureux nid.
Un jeune paysan, convoitant l'Ouessant l'a pansé.
Elicas, l'a poignardé de la plus terrible des façons.
Gwilherm... le bréhatin est venu le caresser pour mieux retourner le poignard dans la plaie.

Et puis...voilà le duel de sentiments, le ventre se tord doucement sous la chaleur venue de deux continents, d'un coté le beau corbeau, aux yeux aussi profonds que les ténèbres nommé le nouvel amour et de l'autre le passé devenu grand, l'amour mort pourtant.
Son ventre épouse celui de l'oiseau de nuit.

Comment pouvait on alors en venir jusqu'ici ? Certes prés de son aimé, mais...sur ces pavés humides, dans une ruelle isolées, où le ciel même pas n’apparaît.
Ce ventre aimé, malmené, vient d'être alors tué...

" - Et toi comment tu veux mourir Pelote ?"
" - Oh oui, Grand Sage ! Bonne question, moi aussi je veux savoir, dis nous tout Pelotitinou !"

" - Moi ? J'ai toujours voulu mourir allongée dans l'herbe, en regardant les étoiles ".


Azelma_Thénardier, incarné par Don.
[ Bourgogne - L'auberge où se trouve Cosette & Dôn - une semaine plus tard. ]

Je tournais en rond dans ma cuisine, il fallait dire que le soucis était de taille.
Une semaine entière ! UNE semaine que les petites étaient chez moi.
Elles ne prenaient guère de place, mais c'est qu'il fallait les faire manger, et puis fallait pas s'voiler la face, quand les parents n'rentrent pas après plusieurs jours d'absence, c'qu'ils préféraient aller gambader ailleurs sans des mômes entre les pattes. Ils n'allaient donc jamais r'venir et j'devrais m'occuper d'eux jusqu’à ce qu'ils soient assez grands pour s'debrouiller par eux même. L'idée ne me plaisait guère.
La seule idée qui m'est venu, fut d'aller fouiller les affaires des indignes parents.
Je commençais par celles de la mère, cette feignasse était toujours en train d'écrire, dans l'coin de mon auberge. Et qui dit lettres, dit adresse, ou un nom, au moins.
Je farfouillais donc et j'ai rapidement trouvé mon bonheur.

Plusieurs courriers, certains plutôt intimes, que j'ai pris le plaisir de lire.
D'autres terriblement tristes, que j'n'ai pas lu jusqu'au bout et enfin deux lettres, qui attirèrent mon attention, leurs dates étaient plus récentes.

Tiernvael de Kerdren.
L'écriture était ronde, mais soignée, vu le contenu, il s'agissait certainement d'une lettre d'enfant, j'oubliais vite l'option de le contacter, celui ci.

La seconde.
Gui de Guennec.

Celui-là causait de choses particulières, la bonne femme qui dormait chez moi devait en cacher des choses, pour que ses courriers soient si longs, si torturés. Mais je m'en balance sur le coup, j'prend un parchemin vierge dans le même sac et j'me permet d'utiliser son nécessaire d'écriture, de toute façon, elle n'avait qu'à pas le laisser là.

J'viens à peine d’entamer mon courrier qu'on me dérange déjà, ça gueule à l'étage inférieur. J'descends rapidement et j'constate vite que les parents des deux petites, ne sont pas en train de danser main dans la main bien loin de leur gamines, oh non..
Sur ma table qu'on me les jette ! Deux corps inanimés, et ensanglantés.
L'brun, il garde un air malheureux, il avait pourtant l'habitude de dormir dans un coin, ou de rire joyeusement celui là.
Et sa femme, celui qui l'a embroché ne l'a pas raté, loin de sourire, son visage parait plus pâle que d'ordinaire, c'pour dire ! Livide.

On m'explique, on m'laisse les cadavres, mon père se charge de les "mettre de coté", quand moi j'commence une nouvelle lettre.



Citation:
D'Azelma Thénardier
A Gui de Guennec,

Nous ne nous connaissons pas, et pour cause, nous ne nous sommes jamais rencontrés.
Si je vous écrit aujourd'hui, c'est parce que j'ai sur les bras, un problème urgent à régler, et vous êtes la seule personne, je pense, capable de pouvoir m'aider.
Je serais brève, j'ai trouvé votre nom dans la besace d'une femme nommée Pelotine ap Maëlweg, cette dernière vient de perdre la vie, j'ai donc au sein de ma demeure, sa dépouille, ainsi que celle de son époux, mais le plus important dans tout cela, c'est que j'ai aussi, sous mon toit toujours, leurs enfants.
Les corps, il est bien possible que je m'en occupe, mais concernant la garde des petits filles, il est hors de question que je m'en occupe, j'ai deja bien assez de mal à élever mes propres enfants.

J'ai lu vos courriers par necessité, il me fallait trouver une solution, et je vous imagine assez proche de la dame, pour m'apporter votre aide, ou du moins trouver une solution à ce problème conséquent.

Je vous remercie,

A.T.


J'avais fait des efforts, généralement, la politesse et moi, ça faisait trois ! Mais il me fallait bien m'ôter cette épine du pied.
La lettre envoyée, il ne me restait plus qu'à attendre.


Don.
C'était bien trop long.
C'était bien trop difficile.

Jusqu'à cette soirée, je n'imaginais pas que ma souffrance puisse-être plus importante. Et pourtant... J'allais bientôt comprendre.
Cosette semblait dormir, blottie contre elle, je me décide tout de même à m'en détacher lorsque j'entends des cris dans l'escalier, à quatre pattes, je me dirige vers la porte de ma chambre, entrouverte, pour laisser entrer la lumière.

Mes azurs n'auraient jamais du voir ça, Papa et Maman étaient là, enfin là. Mais ils n'étaient plus les mêmes.
Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde s'agitait autour d'eux, pourquoi Azelma semblait en colère, et pourquoi personne n'aidait mes géniteurs à se lever. Parce qu'ils étaient sur la table oui, les yeux clos.
Leurs vêtements étaient tâchés, de rouge, comme le vin. Pourtant Maman ne buvait que du calva, et Papa aucune goutte d'alcool.
Je ne comprenais pas, mais je ne réalisais pas encore l'atrocité de la scène qui se déroulait devant mes yeux.

Rapidement le père Thénardier s'empara de mes parents, les gardes sortirent et Azelma regagna la chambre de Papa et Maman.
Et moi toute petite, je restais là, les jambes dans le vide, assise au bord du palier, de l'étage. Seule.

"J'allais bientôt comprendre..."

_________________
Tiernvael.de.kerdren
    Pas de nouvelle, bonnes nouvelles ?
    A chaque règle son exception.


C'était comme si l'enfant savait que Pelotine était exceptionnelle.
Oui, car il se sentait mal.
Aucune lettre.
Aucun signe.
Même pas un retour !

Le tout lui donnait froid, la chair de poule qu'on disait.
Recroquevillé comme lorsque ça va mal, il sent que justement, ça va vraiment mal.
Que se passe-t-il si loin ?
Il maudit le fait qu'elle soit partie.
Il maudit toute l'histoire, le duc, sa famille et l'Amour même, de le rendre si triste, alors que lui il ne demande qu'à être joyeux.

Tiernvael se leva, alors qu'il était resté sur son lit à attendre qu'un miracle se produise.
Les cent pas se faisaient, refaisaient, le tout sans arrêt.
UNE SEMAINE !
Jamais elle n'avait pris tant de temps à répondre.
Il s'était forcément passé quelque chose, Pelotitinou n'était pas de ce genre à rester silencieuse.
Même lorsqu'elle se fait discrète, on la remarque, sans doute de par sa discrétion. Sa tendresse de présence.
L'enfant aimait beaucoup cela chez elle, c'était comme si cela le rassurait. Il pouvait se confier.
Entre cette douceur et le feu bouillonnant, il aimait se laisser baigner par les contraires, c'est ce qu'il avait trouvé à Vannes.
Mais ce temps était définitivement révolu.

Lui, il ne comprenait pas.
Même l'herbe semblait salissante depuis quelques temps, les étoiles se faisaient distantes, et même lorsque la lune avait fait sa pleine sortie, il n'avait rien senti.
Un vide.
Non pas profond, c'était un vide. Comme ça.
Impénétrable.
Comme si on savait qu'il existait sans ne jamais pouvoir rien y faire.

S'il avait déjà ressenti cela, il préférait ne pas s'en rappeler.
D'ailleurs, la sensation est familière, comme si elle s'était déjà installée, petit à petit.
Ou était-ce il y a bien longtemps ?
Nerveux, car il ne pouvait répondre à toutes ses questions, le gamin se mordit la lèvre inférieure qu'il pinça entre sa canine et sa langue.
Attrapant son nouveau mantel, il sortit.
Sans doute que la fraîcheur du soir l'apaiserait.

Oh Pelotitinou ! Dis-moi au moins où tu es ...

_________________
Guigoux
Je travaillais ce soir là. J'étais dans mon bureau, comme très souvent. La nuit battait son plein, et mes parchemins n'étaient éclairés que par une chandelle. Tout le monde dormait et j'entendais ronronner les dormeurs. J'étais penché sur un dossier épineux et je voulais m'appliquer.

Nuit sans Lune en Bretagne... Elle était masquée par une couche de nuage épaisse qui me dissimulait également les étoiles d'hiver. Il faisait par conséquent extrêmement noir, mais demain nous aurions moins froid. Puis quelqu'un a tambouriné à la porte de Clavel. Il devait être non loin de la minuit. Par surprise, ma première réaction a été de froncer les sourcils et d'attendre, j'avais peut-être rêvé. Mais on a récidivé. Je n'aimais pas la récidive plus forte et violente.

Je me suis dégagé de derrière mon bureau et j'ai pris la chandelle, et une dague éventuellement cachée à la ceinture. Ma canne me guida jusqu'à la porte que j'ai ouverte. Un homme, tempes grisonnantes et front légèrement dégarni. Essoufflé également. Il se tenait devant moi.


-De Guennec Gui?
-Oui? C'est pour une plainte?
-Une requête, elle vient de loin.
-Loin? Comment loin?
-Bourgogne...

Un seul tour de sang. Un seul et unique. Je savais qui était, je devais recevoir une lettre de là bas. Mais pas de cette façon. L'homme m'a tendu la lettre. Je lui ai donné une pièce en retour. Toujours aussi économe.

Je suis rentré après avoir fermé la porte sans un mot. Pourquoi elle m'écrirait par un porteur? Je me suis assis proche du feu. Et j'ai ouvert le mot.

Azelma Thénardier. Connais pas. Qu'est-ce qui se passe dans ce monde de fou?

Pelotine morte. Bein voyons, vas-y qu'on se fout de ta gueule mon Gui. Pi elle n'a qu'une enfant, elle s'appelle Don. Avec un accent circonflexe sur le o même. Je reconsidérai la lettre. Cela sonnait trop vrai pour être faux.


-Non... Chiasse... Et défection encore...

Jamais deux sans trois hmmm? Je me suis habillé plus chaudement et j'ai tracé en ville avec ma canne. Je suis entré en taverne. J'ai vu l'homme que je cherchais. Je me suis approché de lui, et j'ai décroché une bourse. Je me suis assis face à lui.

-J'ai besoin de toi Don Gesufal Benvenuto. Tu prends Ducatore et Matado, vous allez en Bourgogne, vous me trouvez cette femme: Azelma Thénardier. Tu me cherches Pelotine, tu sais qui c'est. Et ses filles. Tu me les ramène en vie de préférence. Et si jamais...

Je fixais Benvenuto.

-Tu prends toutes les précautions nécessaire. Tu fais tout ce qui est possible, mais tu l'escortes jusqu'ici sans un seul dommage. Quelle soit en vie ou non.

Je lui ai tendu la bourse et je suis parti. J'espérais n'avoir pas à pleurer Pelotine et Ladra... Je m'étais promis de ne rien dire aux familles avant que Benvenuto ne m’ait écrit.
_________________
Don.benvenuto
J'ai vu le grand homme boiteux arriver. Du travail, enfin! Il m'a regardé. Oh je n'étais pas un sentimental, mais je savais les expressions. Je les connaissais sur le bout des doigts. Et il était inquiet et effrayé le jeune homme. Je lisais dans ses yeux évidemment, qu'il fallait qu'on se magne.

J'ai zieuté la bourse conséquente qu'il me tendait. Il avait fait les fonds de tiroir le bougre. C'était vraiment important alors. L'avait pas l'habitude de payer grassement ses besognes. j'ai failli lui demander si il était malade. Mais valait mieux que je me la ferme. Je l'ai écouté.

Pelotine, oui la charmante demoiselle à la pelle qui chialait souvent. Bon, tant que c'était pas sur moi. mais le boss, là, il y tenait. Il payait grassement. Il voulait Matado et Ducatore avec moi. c'était du lourd, ça puait ce contrat. Une fois le chef parti j'ai payé mon ardoise assez longue au tenancier et je suis parti retrouver Matado et Ducatore. je leur ai expliqué le plan.

Ils trouvaient aussi que ça puait la mort. Mais ils se sont mis d'accord pour venir. Matado était costaud, les cheveux mi longs et noirs. Un mercenaire comme on en trouvait pas. Spécialisé dans la lame, il tenait une claymore écossaise. Ducatore, plus petit que moi était aussi plus âgé. Il avait les cheveux court et le bide assez large. Il avait le beau mot.

On est monté en selle est on est parti en Bourgogne au triple galop après avoir sécurisé l'argent dans une planque. On ne sait pas arrêté, sauf pour les chevaux. Mais on est arrivé rapidement en Bourgogne.

Après une enquête je suis arrivé chez la tenancière en question.


-Bonsoir, je suis envoyé par Gui de Guennec pour prendre des nouvelles de Pelotine et de ses enfants, c'est urgent. Avertissez les que nous partons dans la journée.
Azelma_Thénardier, incarné par Don.
[ Bourgogne, quelques jours plus tard, au beau milieu d'un repas ]

"- BORDEL, mais vous ne comprenez vraiment rien ! "

J'étais dans l'obligation de m'énerver, ces petites sottes ne savaient rien faire de bon, j'avais demandé à Dôn de me faire passer le pain, cette idiote l'avait bêtement tombé dans mon bouillon, éclaboussant alors l'intégralité de ma tenue.

J'me lève pour lui en foutre une bonne, mais c'est sa soeur alors, qui s'interpose.
Bien qu'elles ne se ressemblent pas, les gamines avaient un drôle de lien, de bas âges pourtant, elles avaient su développer une complicité étonnante ces derniers jours, l'absence des parents avait certainement joué dans ce rapprochement.
Et alors que j'allais tenter d'infliger une seconde attaque, on m'cause.

Trois zigotos, qu'avaient franchement pas l'air rigolos se sont posés devant moi, je me redresse, et quitte la table lorsqu'ils me demandent de faire venir le couple mort il y a déjà trop longtemps à mon goût.


- les avertir ? Laissez moi rire ! Je l'ai prévenu votre Gui, que sa chère correspondante était crevée. Mais ses enfants, sont là, tout devant vous !

D'un geste de main, je désigne les deux petites, qui semblaient intriguées par la scène.

- Mais si vous désirez récupérer les corps de deux défunts, sont dans la piaule du haut, c'est que ça commence à presser, si vous pouviez m'en débarrasser au plus vite.

Je les accompagne alors, sans attendre leur avis, dans la chambre dont j'causais.
Les corps ont été pansés, pour éviter trop de salissures, et ils sont également dénudés, la souillure présente sur les vêtements s'était mise à sentir mauvais.
Les deux amants étaient donc là, un à coté de l'autre, devant nous.


- La v'la vo't Pelotine. Mais si vous l'embarquez, faites moi plaisir, vous prenez aussi le Ladra. T'nez, j'ai aussi là, les affaires de ces deux là. y'a pas grand chose ma foi, le couple logeait chez moi, car la dame avait été brigandée.

Par chance, les cadavres avaient gardé belle allure, la décomposition n'était en tout cas pas apparente, recouverts on aurait pu penser qu'ils dormaient paisiblement.


- Une petite pièce pour vous avoir indiqué, tout de même non ? C'est que sans moi, vous les auriez pas trouvé !
J'ai deux autres petites filles, sans compter not'petit dernier, un garçon, qui nous est venu... on sait pas trop comment. A cause du froid, sans doute.*
Faut bien les nourrir, m'sires!



* Réplique du film, les misérables.

Don.benvenuto
La femme, qui n'était ni jeune ni jolie nous a mené vers les deux corps. Ils étaient nus, et de ce dont je me souvenais elle était aussi pâle. Mais mieux habillée. Les premiers soins avaient été apportés, mais guère plus. Je me suis tourné vers Ducatore.

-Va chercher des fripes pour nobliots. Et trouve nous une charrette. On va pas les prendre sur les canassons.

Il est parti. J'ai regardé Matado.

-Tu bouges pas et surtout personne n'entre à part moi et Leonide.

J'ai regardé la Thénardier femme. Elle était franchement moche. Pas à mon goût du tout. J'ai porté ma paluche à la poche et je lui ai sorti deux écus.

-Voilà, ça dédommagera la nourriture des enfants.

Et deux de plus:

-Les corps.

Et je suis descendu voir les gamines. Je ne vis qu'une petite. Elle ressemblait aux fumants là haut. Je me suis assis à côté d'elle et je l'ai regardé.

-Dôn? Je m'appelle Benvenuto, je viens de Bretagne. C'est un ami à tes parents qui m'a envoyé. On va rentrer, tu veux?

J'ai pris sa main doucement. J'avais pas l'habitude d'aller rassurer les gamins moi. Mais j'essayais, t'façon elle allait venir, elle et sa sœur.

-Qui est ta sœur?
Don.
Les bras levés vers le ciel, j'essayais d'échapper à un nouveau coup donné par la fille Thénardier, c'est qu'elle frappait souvent depuis que nos parents restaient dans leur chambre.
Sauvée ! Par l'arrivée de plusieurs personnes dans la pièce, je me blottie contre Cosette, espérant qu'ils resteraient longtemps, assez de temps pour qu'on puisse filer sans être remarquées.

Ma soeur était plus âgée, un tantinet seulement. Plus grande que moi, elle paraissait néanmoins plus chétive. Paraissait seulement, car elle encaissait les coups, et les chutes comme personne. La tête aussi dure que le pavé, c'était plutôt à lui de céder lorsqu'il venait l'idée à ma frangine de le percuter avec son front.
J'étais nettement plus fragile, et ma peau arborait rapidement le es ecchymoses de mes chutes régulières. Plus petite donc, mais plus pôtelée, je respirais la santé, c'est alors certainement pour cela, que le grand monsieur était venu me parler la première.

Il avait une énorme main, aussi grande que celle du père d'Azelma, mais semblait ne pas vouloir me cogner, je profitais donc sans hésiter de cette offrande d'affection.
Ma petite main gauche dans la sienne, j'observais ses traits, sans lâcher de ma dextre, la menotte de ma grande soeur.
Il n'était pas beau, il paraissait sale et sentait mauvais, mais je l'aimais bien. De toute façon, j'aimais tout ce qui pouvait me faire sortir de cette auberge dégoûtante.


- Dôn?

Hochement de menton. C'était bien moi.

- Je m'appelle Benvenuto, je viens de Bretagne. C'est un ami à tes parents qui m'a envoyé.

Hochement de menton. D'accord. Mais... je m'en fiche non ? Mes parents sont en haut, et c'est à eux qu'il faut dire ça.

- On va rentrer, tu veux?

Rentrer ? Je ne sais pas s'il veut rentrer en Bretagne, ou ailleurs, mais rentrer signifie partir, et dans l'immédiat c'est tout ce que je veux, partir.
Alors je renouvelle mon hochement de menton.

- Qui est ta sœur?

Ah.
A cette question, j'ai une réponse, et c'est même la seule dont je sois totalement sure.
Je retire donc rapidement ma main de celle de Benvenuto et je désigne du bout de mon minuscule index, Cosette, à mes cotés. Et j'argumente, au cas ou il ne me croirait pas.


Bagloup, tazaïzaïpo ! Glou-ite !
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Don.benvenuto
Don. a écrit:
Bagloup, tazaïzaïpo ! Glou-ite !


Là, j'ai pris la plus belle leçon de langue de toute ma vie! "Bagloup Tazaïzaïpo! Glou-ite!" Tout ça! Je venais de prendre la pire branlée de toute ma vie en moins de cinq secondes par une gamine qui faisait 1/3 de ma taille! Je l'ai regardée, la bouche ouverte et les yeux ronds. C'est le moment qu'a choisi Leonide Ducatore pour entrer dans la pièce avec les vêtements.

Il m'a regardé un instant avant de s'esclaffer et de me pointer du doigt. Je lui ai lancé un regard noir. Il a continué à rire grassement et à se foutre de ma gueule allègrement tandis que j'étais encore blasé de la leçon de langue. J'ai regardé la gamine qui me désignait une planchette. Un truc tout fin. Un truc avec un air farouche. Une gamine qui allait probablement nous ennuyer tout le trajet. j'étais encore plus ravi.


-Monte t'occuper là haut, dis à Matado de t'aider.

J'ai repris la mioche par la main et je me suis approché de l'autre gamine que je regardais d'un œil méfiant. Et je lui ai tendu la main.

-Don t'ira avec moi sur le cheval et ta sœur ira avec Ducatore. Le type qui se tordait de rire là.

J'ai fermé fermement mes pognes sur les leurs et j'ai beuglé pour là haut!

-MATADO! DUCATORE! METTEZ LES EN BOITE ET ON S'ARRACHE VITE FAIT! GUENNEC VA S'IMPATIENTER!

J'ai regardé les mignonnes. Y en avait une couverte de bleus.

-Dôn, c'est ici qu'on t'a fait ça?

Je m'attendais à la réponse et du coup, j'ai amené les gamines devant Thénardier père. J'ai lâché la main de la plus grande et j'ai flanqué une droite à l'homme. Il a essayé de se rattraper au comptoir et de m'en retourner une. C'est le moment qu'a choisi Matado pour descendre. Grand bien lui en a pris, il s'est dégourdi les pattes d'un plat du pied dans les reins du Thénardier et d'une douceur verbale justement bien venue.

-On les flanque où les fumants Benvenuto?
-Dans des boîtes j't'ai dit. Leonide a préparé ça devant je pense.
-Il m'a dit que la poulette des fumants t'a cloué?
-Oh ta g... Tu enquêtes sur la fumaille, ça pue la dessous.

A son tour de se marrer devant les minots. Et moi de râler. Tandis qu'il remontait j'ui ai dit:

-Trainez pas! J'emmène les petites dehors le temps que vous fassiez votre affaire.

J'avais retenu un truc de mes "stages". Il ne faut JAMAIS vexer un prisonnier. Il ne faut pas non plus insulter les prisonnières, ça devient vite emmerdant autrement. On est sorti à l'extérieur, derrière. Et à la lumière d'une lanterne extérieure j'ai choppé de quoi écrire et tandis que les chieuses me regardaient, j'ai écrit à Guennec:

Citation:
Colis froid, mais pas puant. Deux chiardes. Quatre jours de route avec les boeufs.

Poule crevée au ventre. Sale boulot, dégueulasse, amateur.

Coq crevé au côté. Lame volontaire.

Pas accidentel. Prochain courrier après la pisse.


Il comprendrait le jeune homme. J'ai flanqué ça à un pigeon et nous sommes allés aux chevaux que nous avons enfourchés. J'avais Dôn devant moi sur la selle, je la tenais d'un bras ferme. Nous nous sommes mis en route.
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