--Cym
Rarement les jours lui auront paru aussi pénibles à Labrit.
Outre le fait qu'elle souffre d'une indisposition passagère, ses rares passages en taverne ne lui auront apporté aucun réconfort.
Cinq jours de grande solitude.
De tristesse aussi.
Assister à la fin d'un ami, frère, ne pouvoir rien y changer, accepter cet état de fait et le laisser partir, selon son souhait.
Il a fait d'elle son unique héritière, la laissant libre de disposer de ce legs comme bon il lui semblerait.
En dépit du fait qu'elle arbore désormais un blason différent, pris de plein gré.
Elle s'est occupée de sa dépouille, lui apportant les soins dus à son rang, celui qu'elle lui reconnait.
Loin du cimetière, en plein coeur de la forêt, c'est là qu'elle l'a enterré. Il aurait mérité un tombeau plus digne, mais le manque de temps la contraignait à se résoudre à un simple trou dans la terre.
Son corps si malmené par le Périgord, blessures reçues sur le champ de bataille dès la première heure, les sévices endurés par la suite, dans les geôles de ce qui prétendait être un grand comté, renfermé dans son linceul blanc, immaculé;
Elle avait rabattu le dernier pan sur ce visage si familier, il aurait pu être beau sans cette expression cynique qu'il affichait même au delà de la vie.
Une main posée sur ce corps sans vie, elle médite, se recueille, pas religieusement, d'ailleurs elle a renoncé à essayer d'y apporter quelques mots.
S'était-il réconcilié avec son dieu? Avait-il fait acte de contrition pour obtenir la rémission de la peine qu'il avait pu dispenser sur son chemin ? de ses péchés ? Lui seul pouvait le savoir...
Une dernière faveur, sa dernière et unique volonté...
Cymoril avait sorti sa dague de son fourreau et pratiqué une entaille suffisante à son bras gauche. Puis de son index droit avait recueilli ce sang qui s'écoulait et tracé la croix, rouge sang, aux quatre pointes de même longueur.
Déposer son corps dans le trou fut tâche ardue pour elle, la fatigue et la peine pesant sur ses frêles épaules. Elle avait pris soin de creuser profond, ne supportant pas l'idée qu'il puisse servir de repas à quelque carnivore affamé par la saison.
Dernier clin d'oeil à ce qu'il avait été, elle l'avait ensuite recouvert de ses derniers biens terrestres, signes extérieurs de richesse, des braies de toutes les couleurs, mantels et robes assortis, chemises fines et brodées, des bas d'un lin si fin... l'entièrete de la légendaire garde robe de Mittys finissait dans la terre, le réchauffant une ultime fois.
Elle lui a laissé son sceau familial sur lui, ne récupérant que celui qu'ils avaient en commun.
Bagual lui avait apporté une aide précieuse pour la touche finale, acceptant de tracter tel un vulgaire cheval de labour, un lourd rocher pour recouvrir l'emplacement de la tombe.
Puis, profitant du sang qui filait maintenant le long de son bras jusque dans sa main, elle avait écrit son nom, une dernière fois, en lettres de sang. Schmitt of Hohenstaufen, va en paix et retracé la croix helvète une seconde fois.
Sachant bien que dans peu de temps nulle trace ne subsisterait, personne ne saurait où il avait fini ses jours.
Exceptée elle.
----------------------------------------
Elle avait ainsi regagné son logis, trimballant toujours plus de mélancolie, laissant toujours ses pensées lentrainer un peu plus loin, un peu plus sombre.
Un seau rempli au puits, elle se débarrasse des traces de terre et de sang, ôte ses vêtements maculés de souillure et les laisse négligemment tomber au sol à côté delle. Devant le feu, quelle observe un long moment. Avant dy jeter le scel de Myttis.
Un linge panse maintenant lentaille à son bras, elle se prépare au départ.
Reprendre la route, les rejoindre, elle na plus rien à faire à Labrit pour le moment. Les réserves sont embarquées dans de lourds sacs que Bagual rechigne un peu à porter. A croire que lui aussi est de mauvais poil de cet arrêt prolongé sans compagnie équine.
Un sifflement significatif interpelle le faucon qui somnole sur le haut de puits.
Le départ est donné, espérant que la Mouffette le loupe pas, les remparts de la ville sont passés. Cest à peine si on la remarquée, elle nest déjà plus là.
Outre le fait qu'elle souffre d'une indisposition passagère, ses rares passages en taverne ne lui auront apporté aucun réconfort.
Cinq jours de grande solitude.
De tristesse aussi.
Assister à la fin d'un ami, frère, ne pouvoir rien y changer, accepter cet état de fait et le laisser partir, selon son souhait.
Il a fait d'elle son unique héritière, la laissant libre de disposer de ce legs comme bon il lui semblerait.
En dépit du fait qu'elle arbore désormais un blason différent, pris de plein gré.
Elle s'est occupée de sa dépouille, lui apportant les soins dus à son rang, celui qu'elle lui reconnait.
Loin du cimetière, en plein coeur de la forêt, c'est là qu'elle l'a enterré. Il aurait mérité un tombeau plus digne, mais le manque de temps la contraignait à se résoudre à un simple trou dans la terre.
Son corps si malmené par le Périgord, blessures reçues sur le champ de bataille dès la première heure, les sévices endurés par la suite, dans les geôles de ce qui prétendait être un grand comté, renfermé dans son linceul blanc, immaculé;
Elle avait rabattu le dernier pan sur ce visage si familier, il aurait pu être beau sans cette expression cynique qu'il affichait même au delà de la vie.
Une main posée sur ce corps sans vie, elle médite, se recueille, pas religieusement, d'ailleurs elle a renoncé à essayer d'y apporter quelques mots.
S'était-il réconcilié avec son dieu? Avait-il fait acte de contrition pour obtenir la rémission de la peine qu'il avait pu dispenser sur son chemin ? de ses péchés ? Lui seul pouvait le savoir...
Une dernière faveur, sa dernière et unique volonté...
Cymoril avait sorti sa dague de son fourreau et pratiqué une entaille suffisante à son bras gauche. Puis de son index droit avait recueilli ce sang qui s'écoulait et tracé la croix, rouge sang, aux quatre pointes de même longueur.
Déposer son corps dans le trou fut tâche ardue pour elle, la fatigue et la peine pesant sur ses frêles épaules. Elle avait pris soin de creuser profond, ne supportant pas l'idée qu'il puisse servir de repas à quelque carnivore affamé par la saison.
Dernier clin d'oeil à ce qu'il avait été, elle l'avait ensuite recouvert de ses derniers biens terrestres, signes extérieurs de richesse, des braies de toutes les couleurs, mantels et robes assortis, chemises fines et brodées, des bas d'un lin si fin... l'entièrete de la légendaire garde robe de Mittys finissait dans la terre, le réchauffant une ultime fois.
Elle lui a laissé son sceau familial sur lui, ne récupérant que celui qu'ils avaient en commun.
Bagual lui avait apporté une aide précieuse pour la touche finale, acceptant de tracter tel un vulgaire cheval de labour, un lourd rocher pour recouvrir l'emplacement de la tombe.
Puis, profitant du sang qui filait maintenant le long de son bras jusque dans sa main, elle avait écrit son nom, une dernière fois, en lettres de sang. Schmitt of Hohenstaufen, va en paix et retracé la croix helvète une seconde fois.
Sachant bien que dans peu de temps nulle trace ne subsisterait, personne ne saurait où il avait fini ses jours.
Exceptée elle.
----------------------------------------
Elle avait ainsi regagné son logis, trimballant toujours plus de mélancolie, laissant toujours ses pensées lentrainer un peu plus loin, un peu plus sombre.
Un seau rempli au puits, elle se débarrasse des traces de terre et de sang, ôte ses vêtements maculés de souillure et les laisse négligemment tomber au sol à côté delle. Devant le feu, quelle observe un long moment. Avant dy jeter le scel de Myttis.
Un linge panse maintenant lentaille à son bras, elle se prépare au départ.
Reprendre la route, les rejoindre, elle na plus rien à faire à Labrit pour le moment. Les réserves sont embarquées dans de lourds sacs que Bagual rechigne un peu à porter. A croire que lui aussi est de mauvais poil de cet arrêt prolongé sans compagnie équine.
Un sifflement significatif interpelle le faucon qui somnole sur le haut de puits.
Le départ est donné, espérant que la Mouffette le loupe pas, les remparts de la ville sont passés. Cest à peine si on la remarquée, elle nest déjà plus là.