Grangousier arriva fort joyeusement sur la place du village, porteur d'un tonneau de vin et de victuailles en tout genre !
Il embrassa affectueusement sa marraine Fantou et la belle fée bleue Isora avec laquelle il avait fait connaissance et qu'il trouvait fort aimable !
Puis il salua le reste de la petite assistance.
Mes amis en ce beau jour de noël, ripaillons ensemble !
Que coule le vin en abondance et que se remplissent les estomacs !
Mais puisqu'en ce jour nous commémorons la naissance de Christos, voici comment se déroula son enfance telle que rapportée par Samoth, le premier prophète en l'an de grâce 87 dans La Vita de Christos alors que l'âge le rattrapait ...
Citation:
CHAPITRE 1
Lorsque jai connu Christos, celui-ci aimait à nous parler des heures durant, dune voix passionnée autant que passionnante. Nous buvions ses paroles avec ferveur et en nourrissions nos âmes. Ce fut lors dune de ces discussions que Christos nous raconta son enfance. Ainsi, je vous la rapporte, mes enfants, car cette partie de sa vie fut aussi belle que ce que jai vécu à ses côtés.
Maria vivait avec Giosep quelle allait épouser. Tous deux étaient dhumbles vagabonds, mais ils vivaient dans la vertu, en remerciant le Très Haut des bienfaits terrestres dont ils jouissaient. En outre, ils éprouvaient lun pour lautre un amour sincère et pur de toute luxure, leur vie était heureuse. Mais un jour, Maria vit en songe un cavalier venant de loin aller à sa rencontre. Arrivé devant sa maison, il mit pied à terre. C'était un homme dallure majestueuse; il savança, et dit :
"Maria, naie crainte, car l'Eternel taime et ta choisie. Aussi, un enfant va naître de toi, que tu nommeras Jeshua. Il sera un guide, un messie habité par Dieu. Il portera la parole de Dieu partout ou il lui sera donné daller et sauvera le peuple de ses péchés en lui enseignant la sagesse dAristote."
Le cavalier repartit ensuite vers sa contrée lointaine comme il était venu. Maria se réveilla à ce moment là et vit Giosep devant elle la regarder avec des yeux amoureux.
Et il advint ce que le songe avait annoncé, Marie conçut un enfant, et les deux parents firent en tout selon la prophétie dAristote, le nommant Jeshua.
LEnfant naquit à Bethléem, en Judée. Du fait du surpeuplement qui existait alors dans cette ville, le couple ne trouva pour se loger quune bicoque délabrée car il ny avait plus de place ailleurs pour les accueillir. Mais lorsque lenfant naquit, celui-ci semblait, à tous ceux qui le virent, être touché par la grâce divine, car il rayonnait de douceur et de calme. Si bien que les gens du petit village se cotisèrent pour que cet enfant béni de Dieu ait tout ce qui lui était nécessaire. Les uns amenèrent du linge, dautres contribuèrent à la rénovation de la bicoque et dautres encore amenèrent des vêtements neufs et de la nourriture aux deux heureux parents.
Maria était transfigurée par le bonheur. Sa joie la rendait lumineuse et elle remerciait chaque jour le Très Haut de la naissance de cet enfant.
C'est dans ce calme paisible que Jeshua commença sa vie, loin de toute violence et de toute perversion... jusqu'à ce que...
CHAPITRE 2
Mais Maria était trop heureuse dêtre mère de celui qui allait devenir le messie pour tenir sa langue. Un jour, alors quelle allait chercher de leau à la fontaine, elle croisa une courtisane du roi de Judée qu'on appelait Elitobias.
Elitobias, une érudite servant la voie de l'Etat avec zèle, vivait dans un luxe insultant, se nourrissant de viande, de poisson, de lait... Elle avait lhabitude de se moquer de la pauvreté de Maria. "Moi, disait-elle, je sers le grand roi de cette contrée, notre aimé Mistral IV. "
Alors, Maria fit une erreur, ne pouvant plus supporter les sarcasmes de Elitobias, elle lui répondit :
"Et moi, je suis la mère de Jeshua, le messie qui portera le message dAristote et qui détrônera tous vos faux rois, vos faux prophètes. Mistral IV est un roi temporaire, mon fils le dépassera en charisme et son nom restera gravé dans les mémoires vachement plus longtemps que ton Roi."
Alors, Elitobias, qui croyait aux songes et aux signes du destin, fut troublée. Elle rentra précipitamment dans le palais de Mistral IV pour prévenir son maître.
Mistral IV était un homme de marbre, une statue polie par la patine du temps. Cétait un ténébreux, un veuf, un inconsolé au regard triste et lointain. Un prince qui avait combattu les mèdes grâce à un astucieux système de poulies et de charrettes. Mais sa gloire était alors bien pâle, et il était devenu un roi silencieux et détaché des misères de son peuple. Jaloux de son pouvoir, il prétendait diriger ses sujets mais laissait en fait à sa femme intrigante le soin de gouverner le royaume. Lui ne sortait jamais des ors de son palais que pour réprimer un complot ou anéantir une fronde.
Lorsquil entendit Elitobias, pour laquelle il avait une inclination coupable, raconter ce quelle avait entendu, il fut surpris. Alors, il lui demanda: "Qui est ce péquenot qui se fait appeler Jeshua et qui sauvera son peuple ? Où pourrais-je le trouver ? Dans quelle halle ? Dans quelle gargote ?"
Elitobias poursuivit alors son discours dénonciateur, en espérant mériter ainsi les grâces de ce roi dune beauté glacée.
"Daprès ce que ma dit Maria, Jeshua est le messie, le guide, le miroir de la divinité. Il est annoncé par Aristote et, selon sa prophétie, il apportera aux hommes la bonne parole et confirmera les préceptes Aristotéliciens. Son influence sera grande et ses disciples nombreux, qui se reconnaîtront en lui et en Aristote pour les millénaires à venir. Vous pourrez le trouver à Bethléem."
A ces mots, Mistral sentit remonter en lui ses anciennes superstitions, ainsi que le souvenir de la foi quil avait su réprimer et noyer dans son cur. Il avait peur de perdre son trône et prenait la menace au sérieux. Il appela ses gardes, et leur dit:
"Gardes, un homme vient de naître, qui pourrait conjurer contre moi. Il faut à tout prix empêcher cet homme de percer. Il se trouve à Bethléem. Trouvez le, et assassinez le ! Usez même dastucieux systèmes de poulies et de charrettes si nécessaire !"
Alors, la garde du roi sexécuta, et partit vers Bethléem.
Mais cette nuit là, Maria eut de nouveau un songe. Elle revit le cavalier qui lui avait annoncé la naissance de Jeshua. Il réapparut en effet à Maria et lui dit:
"Levez vous ! Prenez Jeshua avec vous, et allez sur les chemins. Dirigez-vous au Nord, vers l'Île de Chypre, et restez y jusqu'à ce que lon vous prévienne. Car Mistral veut faire périr le petit enfant. "
Alors, les parents se levèrent, prirent dans leur bicoque les miches de pain et épis de maïs qui leur restaient et partirent sur les routes, en direction du Nord, en passant par Tarotshé. Ils sortirent des frontières du pays et restèrent en Chypre aussi longtemps que la menace grondait.
Mistral IV, apprenant par ses gardes que les parents avaient fui le pays, devint furieux, et dit : "Gardes, ce Giosep et cette Maria sont des provocateurs ! Ils mont roulé et se sont rendus coupables de trahison en refusant un édit royal ! Quon les éradique immédiatement ! Quant à ce fils de... de... il ne doit pas percer. Allez et trouvez tous les enfants de moins de deux ans, et éradiquez-les, à la fronde sil le faut. "
Alors, les fameuses armées de Mistral, celles quil était capable de lever en masse en quelques heures seulement, se mirent en marche et sillonnèrent tout le pays. Ils arpentèrent chaque halle, chaque gargote, laissant des messages sur lesquels ils demandaient à la population de présenter aux autorités tous les enfants de moins de deux ans, pour les recenser, soi-disant.
Et les gens du peuple, innocemment, présentèrent leurs enfants ou leurs filleuls aux autorités sans se rendre compte du drame qui se jouait. Et lon entendit des pleurs, des cris, et lon vit du sang, de la sueur et des larmes. Ces gardes, qui étaient affreux, sales et méchants égorgeaient ces jeunes âmes innocentes devant les yeux de leur parents.
Et le ténébreux, du haut de son trône, regardait le massacre silencieusement, mélancolique et froid. Après cette crise, le roi retomba dans son silence, léthargique. Si bien quil oublia, les années passant, de salimenter et perdit des forces. Il devint faible, puis squelettique, et mourut enfin.
A Chypre, les parents apprirent la mort de Mistral et pensèrent que la vie de Jeshua nétait plus menacée. Alors, Giosep et Maria décidèrent de rentrer en Judée, cependant, ils choisirent de ne plus appeler leur fils Jeshua mais Christos, pour ne pas attirer lattention sur lui. Ils prirent dans leur bicoque les miches de pain et épis de maïs qui leur restaient et partirent sur les routes, en direction du Sud, en passant par Tarotshé. Il arrivèrent enfin dans une ville appelée Nazareth, afin que saccomplisse la prophétie dAristote.