Elizabelle
[Non loin de Briançon, au domaine d'Elizabelle d'Irissarri]
Quelle idée lui avait pris d'inviter à la chasse la Vicomtesse Sofja ? Certes, elle était reconnaissante à la jeune femme de l'avoir accueillie comme un membre de la famille le jour de son mariage et d'avoir pris soin de sa jument le temps de sa convalescence... Mais de là à l'invité dans sa retraite, là où personne n'était jamais venu en dehors de Lucho et d'Axel. Ce domaine, c'était sa cachette, son antre où elle avait léché ses plaies après la trahison d'Enzo. Et voilà qu'elle y faisait venir non pas une, mais trois personnes... Et l'une d'entre elle la chamboulait plus qu'elle ne voulait bien l'admettre.
Pourtant cette chasse était une bonne idée. L'Ange avait maigri depuis le mariage d'Hélène, sombrant dans une nouvelle mélancolie. Mais elle avait trop de caractère pour se complaire dans cet état, et puis il y avait Breval, son rayon de soleil. Pour lui, elle avait remonté la pente, une fois de plus. La dernière espérait-elle. Et pour faire tomber les derniers remparts qui l'enfermaient dans sa prison de douleur et de chagrin, rien de tel que de se lier à d'autres personnes, d'avoir des amies, de pratiquer une activité qui lui tenait à coeur, de partager une passion... Seulement là, elle était peut-être allée un peu vite en besogne.
Rentrée la veille, elle avait annoncé l'arrivée prochaines des invités, scandalisant son fils qui voyait d'un mauvais oeil le blond s'incruster chez eux, et les deux serviteurs de part la monstruosité de la tâche qui les attendait... Le château était certe de taille modeste, ne comptant que 6 chambres, la tour où vivait Elizabelle, la grande salle au rez-de-chaussé, les cuisines et les dépendances extérieurs. Mais le problème, c'est que tout était à l'abandon, faute d'intéret de la jeune propriétaire des lieux. Pour faire taire les plaintes des serviteurs, l'Ange était allé chercher du renfort au château de sa tante, si différent du sien, de part son oppulence et son bel entretient.
Il fallut presque une semaine pour rendre les lieux propres à défaut d'être chaleureux. Il est difficile de donner une âme à un endroit qui ne faisait qu'abriter un fantôme. Les tentures avaient été lavées, les pierres lessivées, les pièces aérées et apprêtées. La cuisine avait fait le pleins de vivre. Les écuries étaient enfin prêtes à accueillir les chevaux des visiteurs, le chenile pour les chiens de la Vicomtesse. Elizabelle avait visité ses oiseaux de proie, les cajolant avec plaisir. Du domaine, seuls les jardins avaient été entretenu avec soin, car la jeune fille aimait ses lieux que Lucho avait remis à neuf pour elle. La roseraie n'arborait plus de fleurs mais la marre était belle avec ses nénuphards.
Un message était arrivé, annonçant l'arrivée imminente de ses invités. Elizabelle était angoissée. Et s'ils n'aimaient pas sa demeure ? Et s'ils se sentaient insultés par la modestie et le délabrement des lieux ? Car si tout était propre, la façade était encore triste, les pierres encore froides. Enfin, heureusement, la plus grande partie du temps se passerait en extérieur. Breval était dans sa chambre, il manifestait ainsi son mécontentement de voir le "Blond" envahir son espace privé. Sa mère, elle, patientait dans le hall, vêtue d'une robe d'intérieur simple de couleur vert pâle, ses frêles épaules si maigre sous le tissus, recouvertes d'un châle car il ne faisait pas chaud en cet fin d'après-midi de novembre.
Ma dame ?
Oui Susy ?
Les chambres sont toutes prêtes et chauffées. Les cheminées sont alimentées. Ils seront bien installés, ne vous inquiétez pas...
Merci Susy.
Le repas sera servi quand vous le voudrez.
Un goût de bile lui monta dans la bouche, elle n'avait vraiment pas besoin de penser à la nourriture maintenant. Son visage d'ange à la peau si pâle où ses grands yeux gris étaient la seule chose qui montra qu'elle n'était pas de marbre, était encadrés par ses souples boucles brunes laissées libre dans son dos jusqu'à ses reins. Ainsi sa silhouette semblait moins maigre de part leur masse. Subterfuge bien misérable...
L'Ange était terrifié, mais elle ne pouvait pas s'échapper. Sa retraite allait être prise d'assaut par un ennemi invité.
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Quelle idée lui avait pris d'inviter à la chasse la Vicomtesse Sofja ? Certes, elle était reconnaissante à la jeune femme de l'avoir accueillie comme un membre de la famille le jour de son mariage et d'avoir pris soin de sa jument le temps de sa convalescence... Mais de là à l'invité dans sa retraite, là où personne n'était jamais venu en dehors de Lucho et d'Axel. Ce domaine, c'était sa cachette, son antre où elle avait léché ses plaies après la trahison d'Enzo. Et voilà qu'elle y faisait venir non pas une, mais trois personnes... Et l'une d'entre elle la chamboulait plus qu'elle ne voulait bien l'admettre.
Pourtant cette chasse était une bonne idée. L'Ange avait maigri depuis le mariage d'Hélène, sombrant dans une nouvelle mélancolie. Mais elle avait trop de caractère pour se complaire dans cet état, et puis il y avait Breval, son rayon de soleil. Pour lui, elle avait remonté la pente, une fois de plus. La dernière espérait-elle. Et pour faire tomber les derniers remparts qui l'enfermaient dans sa prison de douleur et de chagrin, rien de tel que de se lier à d'autres personnes, d'avoir des amies, de pratiquer une activité qui lui tenait à coeur, de partager une passion... Seulement là, elle était peut-être allée un peu vite en besogne.
Rentrée la veille, elle avait annoncé l'arrivée prochaines des invités, scandalisant son fils qui voyait d'un mauvais oeil le blond s'incruster chez eux, et les deux serviteurs de part la monstruosité de la tâche qui les attendait... Le château était certe de taille modeste, ne comptant que 6 chambres, la tour où vivait Elizabelle, la grande salle au rez-de-chaussé, les cuisines et les dépendances extérieurs. Mais le problème, c'est que tout était à l'abandon, faute d'intéret de la jeune propriétaire des lieux. Pour faire taire les plaintes des serviteurs, l'Ange était allé chercher du renfort au château de sa tante, si différent du sien, de part son oppulence et son bel entretient.
Il fallut presque une semaine pour rendre les lieux propres à défaut d'être chaleureux. Il est difficile de donner une âme à un endroit qui ne faisait qu'abriter un fantôme. Les tentures avaient été lavées, les pierres lessivées, les pièces aérées et apprêtées. La cuisine avait fait le pleins de vivre. Les écuries étaient enfin prêtes à accueillir les chevaux des visiteurs, le chenile pour les chiens de la Vicomtesse. Elizabelle avait visité ses oiseaux de proie, les cajolant avec plaisir. Du domaine, seuls les jardins avaient été entretenu avec soin, car la jeune fille aimait ses lieux que Lucho avait remis à neuf pour elle. La roseraie n'arborait plus de fleurs mais la marre était belle avec ses nénuphards.
Un message était arrivé, annonçant l'arrivée imminente de ses invités. Elizabelle était angoissée. Et s'ils n'aimaient pas sa demeure ? Et s'ils se sentaient insultés par la modestie et le délabrement des lieux ? Car si tout était propre, la façade était encore triste, les pierres encore froides. Enfin, heureusement, la plus grande partie du temps se passerait en extérieur. Breval était dans sa chambre, il manifestait ainsi son mécontentement de voir le "Blond" envahir son espace privé. Sa mère, elle, patientait dans le hall, vêtue d'une robe d'intérieur simple de couleur vert pâle, ses frêles épaules si maigre sous le tissus, recouvertes d'un châle car il ne faisait pas chaud en cet fin d'après-midi de novembre.
Ma dame ?
Oui Susy ?
Les chambres sont toutes prêtes et chauffées. Les cheminées sont alimentées. Ils seront bien installés, ne vous inquiétez pas...
Merci Susy.
Le repas sera servi quand vous le voudrez.
Un goût de bile lui monta dans la bouche, elle n'avait vraiment pas besoin de penser à la nourriture maintenant. Son visage d'ange à la peau si pâle où ses grands yeux gris étaient la seule chose qui montra qu'elle n'était pas de marbre, était encadrés par ses souples boucles brunes laissées libre dans son dos jusqu'à ses reins. Ainsi sa silhouette semblait moins maigre de part leur masse. Subterfuge bien misérable...
L'Ange était terrifié, mais elle ne pouvait pas s'échapper. Sa retraite allait être prise d'assaut par un ennemi invité.
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