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[RP] Ne me quitte pas...

Guise
[Préambule HRP : Ce RP a pour cadre temporel la fin du règne in game de Béatrice de Castelmaure-Frayner en France. Oui ça date, mais le joueur qui écrit ces lignes était si coupé du jeu, qu’alors il n’a pas pu, pas voulu les poster. A la demande du jd Charlemagne, cette erreur de l’histoire guiséenne est désormais réparée.
Merci au(x) lecteur(s) de bien vouloir saisir que le futur de Guise est votre présent, que son présent est votre passé. Que son passé est donc… un temps si lointain que peu de joueurs actuels sont en mesure de s’en souvenir. Merci.]





25 décembre. C’est par cette date que tout commença. D’abord le pire, la fuite de Lorraine, enfant chassé, traqué par les brutes voulant éliminer ses parents.
Mais aussi non pas le meilleur, mais la réussite tout simplement. C’est un 25 décembre que Guise von Frayner accéda au rang de Duc de Lorraine, une poignée de mois seulement après son retour en ses Terres natales. Il dirigeait déjà à la vérité le duché depuis 2 mois, lorsqu’il était le premier des conseillers de sa sœur Morphée, qui par faiblesse et absence s’en remettait à son travail pour faire tourner la machine d’Etat. Législateur et débatteur hors pair, pendant de longues années il construisit son pouvoir à coup de réformes institutionnelles, de refonte de la Loi Fondamentale. De création de lois dirigistes. Fondateur de l’Etat moderne, à savoir fonctionnarisé et bureaucrate, la Haute Assemblée Lorraine fut sa seconde demeure et son fer de lance brisant tout à la fois ennemis, adversaires, stupidité des boulets - et pas que de St Dié.
C’est paradoxalement lorsque la conscience des lorrains avait été définitivement reconvertie à l’ultra conservatisme que Guise prônait par conviction et pragmatisme face au chaos à ciel ouvert qu’était la Lorraine, que ceux-ci commencèrent à vouloir déboulonner leur sauveur d’hier. Bien des années s’étaient déjà écoulées depuis ce 25 décembre…
Une figure tutélaire qui n’est pourtant pas comme les autres grands ducs qu’a pu connaitre l’histoire des royaumes. Profitant du premier prétexte suffisamment grave pour contre attaquer, appuyé par son inestimable cousin et dauphin, il prit les pleins pouvoirs de « dictateur légal » et déposa à vue les institutions impériales, défonçant irrémédiablement ennemis de l’intérieur et extérieurs. Dans ce qui constitua un précédent dans les royaumes, et la première grande vendetta depuis la Fronde contre les lévanides.
De ces événements qui resteront à jamais dans la Chronique, de sa capacité à faire prospérer sa principauté de Bolchen en tant que premier véritable État Souverain non IG, les fonctionnaires lorrains n’en auront pourtant compris pas grand-chose, si ce n’est la peur et la révulsion qu’ils exprimeront contre lui pour les années à venir.
Guise avait eu certes ses torts, ses excès, mais Guise n’était qu’un homme; un homme usé avec ses objectifs, qui a préféré partir en brulant tout, plutôt que de laisser des boulets, des médiocres bureaucrates se servir n’importe comment de ce qu’il avait si brillamment construit.
N’empêche : le comportement conservateur, le rejet de l’étranger, le goût pour créer ou réformer des assemblées, la peur de ce qui n’est pas soi en politique, l’envie de tout contrôler par des lois façonnent depuis lors l’alpha et l’oméga de la vie lorraine. La propagande guiséenne, qui n’était qu’un instrument de contrôle intellectuel de masse, a réussi au-delà de ses espérances. Pire : il a crée des monstres, des êtres traumatisés plus conservateurs que Guise, pratiquant un pouvoir totalitaire parés de l’étiquette de gentils. Le summum de l’horreur politique. Vous êtes en enfer, en dehors de toute civilisation, mais eux se sont auto-persuadés qu’ils sont au paradis. Après tout, il est impossible que ce soit pire sans le dictateur les ayant tourmentés pendant si longtemps, non ?
Mais ne dit-on pas qu’il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir ?
Toujours est il qu’usé par les épreuves, par le temps, vieillissant et malade, la mort fut plus proche que jamais lorsqu’il abdiqua de sa charge de Princeps de la HAL. Seul l’amour, celui pour Béatrice de Castelmaure le sauva. Lentement, mais surement, il réussit à conquérir son cœur. Pour la première fois depuis Gratiane, son amour de jeunesse, une femme fit rejaillir ce qu’il avait de meilleur en lui. L’Amour. Quelle chose merveilleuse. Il l’épousa, devenant l’un des plus grands propriétaires terriens de France. En fait, seul son cousin Chlodwig possède un patrimoine foncier similaire.
Dès lors, se consacrant à son épouse et à sa famille, totalement retiré des affaires publiques, il savoura une « retraite » bien méritée, ce dont il avait besoin en vérité pour conserver sa santé fragile.
Père plus qu’heureux d’un héritier désiré, le petit Charlemagne, et d’un second fils, Franc.
Rangé des affaires, dévoué à sa famille donc, riche producteur de Chiantos, de pelles et de catapultes, certains lorrains virent pourtant derrière la prise du Castel de Nancy -virant cette cloche de Pirlet au bout de 3 jours de mandat, entrainant ainsi sa fin- la main de Guise. Peut être, peut être pas. En tout cas, combien de fois faudra-t-il leur dire que Chlo dirigeait les affaires opérationnelles familiales, alors ? Que le Parrain avait autre chose à fout’ que s’occuper de détails insignifiants de l’Histoire ?

C’est alors qu’heureux de la fin de sa vie, sa belle et intelligente épouse voulu se lancer dans la course à l’élection royale de France, suite au retrait du dernier Lévanide. Quoi de plus naturel pour la Duchesse de Nevers, après tout ? Dès lors, les amis encore en vie et les plus proches de Guise, Chlodwig et Thomas de Clerel usèrent de toute leur influence, de tous leurs contacts pour permettre au vieux Souverain de devenir le premier Roi de France post lévanides. Oui, par amitié, ils réalisèrent un magnifique hold up contre Nébisa et l‘oligarchie au pouvoir à Paris depuis des années. Tout ça pour que le vieux parrain puisse finir Roi. Un homme avec de telles amitiés, ne peut pas être complètement horrible, qu’en pensez vous chez lecteur ?

Dernier triomphe de la Guisarchie finissante, le plus beau, le plus grand, celui qui permis de prendre la France. Forcement, en empire francophone ça a jasé. Ce vieux fou de Guise, si détesté, si méprisé, si rejeté croyaient ils, Roi de France ? Ah merd’. Vous comprenez, eux qui n’ont jamais réussi à faire autre chose qu’à se faire élire IG duc ou comte, à avoir des titres minables par clientélisme et bisounours-isme, c’est tendax pour la vanité quoi. Le genre de truc que pour les années à venir ils n’arriveront jamais à avaler. Du coup, point trop la peine d’en rajouter. Pourquoi revenir tourmenter des pécores, alors que ces gens sont d’insignifiantes petites choses ? Vous avez donc la réponse au silence Guiséen sur la Lorraine depuis lors.

C’est après de longues années de règne, que Guise, par un beau matin alla avec son jeune fils Charlemagne s‘entrainer à faire voler les Aigles lusitaniens qu‘ils venaient de recevoir, en plein jardin du Louvre. Il est vrai qu’à part se fout’ de la tronche de Nébisa et des glandus de la pairie quelques fois, le vieux Souverain avait poursuivi sa paisible retraite des affaires du monde. Oh bien sur, ce n’était pas l’envie qui lui avait manqué en début de règne de faire une purge énorme, mémorable, jamais vue en France des institutions royales. Seulement son épouse, l’élue, qui n’aimait pas les conflits et ce genre de realpolitik, n’avait pas voulu le faire si fort, si vite. Privé de moyens réels d’agir, las d’attendre la nécessaire réaction et décision de Béa pour purger ses ennemis d’une part, de gouverner avec les alliés l’ayant fait élire d’autre part, Guise tourna définitivement le dos à la politique. Osef quoi.
C’est donc nostalgique, pleins non pas de regrets, mais meurtri d’actes manqués, néanmoins fier et orgueilleux de sa progéniture à jamais Altesse Royale à vocation de récupérer un jour le trône de sa mère Béa, que Guise élevait son fils.
Il y avait aussi cet autre fils, bâtard celui-ci que Guise avait eu lorsque jeune, il avait engrossé sur les chemins du sud une belle paysanne. Ce fils récemment légitimé, n’était autre que Sancte. Un sacré bonhomme, formé en dehors de la famille. Une graine de Grand, un petit quelque chose d’Henri IV en devenir. Un jour peut être. Allez savoir ?
Mais revenons à nos moutons. Voici que les Aigles royaux débarquent dans le jardin du Louvre…




Charlemagne_vf


25 décembre, donc. Mais c'est par cette date que tout se termina. Ce n'était pourtant qu'un bourgeon, alors, cet Aiglon qui allait à la rencontre d'aigles, aux côtés de son implacable père. Charlemagne de Castelmaure était à l'aube de ses jours. Aîné légitime d'une Béatrice de Castelmaure encore en vie, d'un Guise von Frayner qui, quoique déclinant, se tenait encore en patriarche, pour ses enfants au moins, et Souverain de Bolchen comme son épouse était Souveraine de France, le jeune lys à peine éclos se savait promis à de grandes choses. Il était éduqué en privilégié, et si la frustration d'avoir une mère absente lui cisaillait les viscères par instants, l'amour empressé de son géniteur suffisait à satisfaire son naturel peu affectif.
Déjà, l'Aiglon montrait des signes de hautesse et de froideur, qui devaient se faire pathologiques après qu'il soit devenu fatalement orphelin en l'espace de quinze jours. Mais lorsqu'il était contre le bras jugé fort du Duc du Nivernais, il se tenait davantage en fils adoré qu'en prince gâté. C'était encore le temps d'un bonheur relatif : le Fils de France vivait la retraite de son père comme un bienfait, elle lui était salutaire, en tant qu'il était le seul de ses parents à lui dispenser l'attention qu'il réclamait, en égoïste enfant auquel l'on venait de donner un puîné.
Aux alentours de ses cinq années, le jeune Castelmaure était déjà un garçon éveillé, et sa curiosité des êtres qui ne ferait que s'affaisser à la faveur de celle du monde et des arts, atteignait une relative apogée, ce moment navrant pour les parents où tout chez leur progéniture n'est que questions.
Quelle est cette fleur ? A quoi sert cet officier ? Pourquoi celui-ci s'incline-t-il ? Et elle, pourquoi elle pleure ? C'est pas mal de pleurer devant le Roi ? Et tu m'aimes, dis, papa ? Et maman ? Elle est reine, mais elle nous aime encore, hein, papa ?

Toutefois, Guise von Frayner semblait de ces hommes à anticiper, et à prendre avec toute la patience fine du monde les caprices de ses héritiers, sachant les stopper d'une main légère et même d'un regard dont, plus tard, se vanterait l'héritier aux yeux sombres.
Il avait déjà beaucoup appris à cet enfant attentif. La famille et ses valeurs, l'esprit de la justice, quelques bribes de passé, et puis parfois, il avait suffi à l'Infant d'écouter parler ses parents, ou le Dauphin de Bolchen et de France avec son Souverain.
Ce jour froid de décembre, le fils à la peau de percale l'avait senti différent. Sans être clairvoyant, et loin d'imaginer un instant que ce serait le dernier qu'il vivrait avec l'idole de ses jours, il avait trouvé cette soudaine sortie hors des murs du Louvre singulière. Il quittait le monde du dedans, et le menant voir des Aigles en vol, symbole de la puissance Impériale, et par extension de la Maison von Frayner, toute centralisée à Bolchen, l'Infant avait peut-être imaginé qu'il allait devoir devenir un homme. Chasse, guerre, vénerie, fauconnerie. Il abandonnait les linges de sa chambre d'enfant royal pour une activité pleine et noble. Docilement, il suivait l'Implacable dans ces jardins blanchis d'un léger givre hivernal.

Comme il faisait froid, et que le surprotégé Fils de France n'avait pas encore cette habitude de la saison froide, il se rapprocha de Guise, un frisson quittant ses lèvres avec un fin fil de vapeur. Avec ces élus qui habitaient son monde intérieur, il ne craignait pas le contact. Il s'accrocha à sa main dure, et d'un oeil vif, il observait ce jardin de plaisance, mort jusqu'au printemps, qui survivrait sans doute à tous les Rois du Royaume de France. Éternels, quelques arbres affichaient leur nudité, impudiques créatures décharnées. S'ils avaient paru effrayants à Blanche-Neige en fuite, ils avaient aux yeux de Charlemagne des airs de poésie. Il avait cette vague fascination du noir, de l'austérité de l'orient teuton où il était né, loin du luxe ostentatoire du Palais Royal. Mais qui était-il pour cracher sur le confort de cette forteresse parisienne, où il se pensait, lui et sa famille, intouchable, même par l'Unique, le Très Haut lui-même, qu'il priait, candide et ingénu, lui demandant de manger un pâté ou un autre le lendemain.

Et déjà, les Aigles royaux débarquaient. Ce fut un émerveillement. Ils n'étaient pas bicéphales, mais semblaient issus du folklore impérial, de cosmogonies romaines. Audacieux et royaux, leurs yeux effrayèrent peut-être un peu le jeune garçon, qui n'avait pas encore nourri la morgue de son rang, trop peu habitué à s'exercer à la société, et trop cloîtré pour imaginer qu'il existait un monde de bassesse derrière les murs du Palais.
Sa voix fluette s'éleva dans l'air.


Ils sont beaux, papa, hein ?


_________________
Guise


Aguias. Les aigles royaux commandés au Roi du Portugal via le Comte de Lisboa -un ami personnel du vieux Souverain- étaient typiques de cette nation que Guise avait connu lors de l’exil de sa jeunesse au bord de la méditerranée.
Symbole de l’Empereur des germains et de la famille von Frayner, ils étaient de manière plus générale rattachés à tout ce que comptait d’ambitieux les royaumes à travers les siècles.
Ceux-ci étaient au nombre de trois. Le mâle, le plus grand, le plus beau avait été baptisé « Benfica » en hommage à la faction rouge majoritaire à Lisboa et au Portugal. Cette faction « encarnada » avait pour devise E Pluribus Unum. C’était donc tout à fait indiqué pour devenir la pièce maitresse des aigles royaux du royaume de France.
Puis deux femelles, Zbording et fêcêpê, plus maigres, moins resplendissantes (surtout la première), néanmoins fortes et qui donneront c’est certain, du fil à retordre au mâle « glorioso » pour les années à venir.
Toujours est il que ces aigles arrivés quelques semaines plus tôt, avaient été « dissimulés » à la connaissance à la fois de la reine Béa et de son jeune fils ainé, Charlemagne. Guise jouissait encore de ses réseaux propres, aussi bien en France qu’em-pire et jusqu’au Portugal, certes plus fragiles que par le passé, mais encore suffisamment vivaces pour avoir sur la tête la couronne de Roi des Lys. Donc tout est dit.
C’est ainsi qu’en ce matin frais, il tenait par la main son jeune fils, marchant en direction des jardins du Louvre afin de lui montrer les dits fauves. Il n’était que déjà trop tard pour le faire entrer dans le monde de la noblesse et de l’âge adulte. Un von Frayner, vous devriez le savoir depuis le temps, collectionne les adversaires de tout poil de par sa nature même. Plus tôt le jeune aigle prend son envol sans avoir besoin de ses géniteurs, plus vite il est capable de chasser par lui-même et donc de parer les coups de ses ennemis. Qui ne tarderont pas à poindre le bout de leur museau, qu’il soit bovin (si vous pensez à la grosse vache du Limousin, ce n’est peut être pas que purement fortuit) ou autre, sitôt que la santé de la reine déclinera.
Le contact de sa peau, lui rappelant celui de feu Constantin son premier fils, le fit frissonner. La mort, la vie, à quoi cela tient… Encore aujourd’hui il se surprenait lui-même d’avoir réussi à séduire sa mère et d’avoir engendré une progéniture si… tellement… comme sa mère et son père réunis dans une seule personne. Un chef d’œuvre en devenir, en sommes.


Comment, j’entends des « ahem » ? Des gloussements, des onomatopées ?
Hérétiques ! Au bûcher ! Relaps, apostats ! Bande de fout’ de pecnots moisi dans les vieilles catins borgnes et moches que sont l’armo de ria et la susdite limousine !
Merd’ je m’emporte encore. Je vais faire la crise cardiaque si je continue. Alors revenons à nos aigles nom de diou !

De ses pensées temporairement interrompues par les questions de Charly, il répondit à la dernière ainsi :


«  Oui, fils. Tu as raison. Ils sont beaux. C’est une journée idéale pour prendre l’air. Et continuer ton apprentissage.

Guise était enthousiasmé, bien que d’apparence assez froide, impénétrable, comme il l’a toujours été à l’état normal. Il était difficile pour lui d’aborder le sujet des drogues (les fameux chiantos) et de l’alcool (les fameux mojitos) avec son fils. Toute la fin de sa période lorraine, afin de tenir les douleurs mystérieuses qui le poussaient petit à petit à se faire de plus en plus malade et par voie de conséquence absent, il en avait pris en quantité plus que déraisonnables. Ça avait été certes une période flamboyante pour la Guisarchie, « no limit », mais ça avait aussi manqué de peu de le tuer et de tout détruire sur son passage.
Alors que le maitre fauconnier (ben oui il s’occupe aussi des aigles, tiens) s’avançait vers eux, Guise lui fit un signe de la main. Les paroles étaient rares, les consignes devaient être exécutées efficacement sous peine d’afflictions en tous genres, comme je vous l’avais déjà narré il fut un temps.
Montrant les bêtes, le père regarda le fils droit dans les yeux.


Fils, voici ces Aigles que je nous offre, symboliques à bien des égards. Le mâle, une fois dressé à nos ordres, sera tien. Il s’appelle « Benfica ». En hommage au quartier d’ une ville chère à mon cœur, que j’ai connu il y a de cela fort longtemps.
Dès que tu auras appris à maitriser ce symbole d’orgueil et de pouvoir, il sera alors temps que je t’offre ta première Terre, que tu auras à gérer en propre. Ce sera la baronnie de Thuillières, vassale de la Lorraine. Je tiens celle-ci par feue ta tante Morphée.
Ce sera pour moi la façon de te mettre le « pied à l’étrier » avant de devoir administrer Bolchen et Nevers, puis le jour venu, lorsque tu seras un Grand et prêt… la couronne de ta chère maman.


Puis pensif, par lui-même:
Et peut être les lorrains comprendront-ils alors qu’en faisant de mon héritier un vassal de la Lorraine si tôt, je tiens à la Terre d’où je viens comme à la prunelle de mes yeux, malgré tout…
De nouveau à haute voix:


Tu verras ce n’est ni la meilleure, ni la plus fertile des terres, néanmoins, au vu du travail qu’il y a à y entreprendre - ta tante n’était pas des plus actives dans la gestion de ses responsabilités- ce sera l’occasion parfaite de faire tes premiers pas dans le monde de la noblesse et des devoirs fonciers qu’un VF se doit de connaitre mieux que sa « poche ».


Le maitre fauconnier, d’un autre geste de la main de son Roi, commença à faire la démonstration d’un vol d’Aigle. Les femelles d‘abord, afin de laisser le clou du « spectacle » pour la fin.
Leur vol, impressionnant, consistait en un haut monté puis de larges boucles autour des jardins du Louvre, d’abord lointaines (et vlam le nouveau scandale dans le-tout-Paris ! Ahahaha) et visibles de très loin, puis par cercles concentriques, se rapprochant chaque fois plus du point central qu’était le bras protégé du maitre fauconnier. Bon si vous me demandez son nom je suis parfaitement incapable de le produire : moi les noms des subalternes ne servant qu’une fois, hein…

Le spectacle valait le détour. Même si Zbording n’était peut être pas la plus naturellement dotée, elle mettait plus d’ardeur que Fêcêpê, qui elle avait de nombreuses longueurs d‘avance dans sa préparation et ses automatismes.
Le tout donnait un rendu des plus étonnants, d’autant plus pour des français peu connaisseurs de ce genre de choses.

Il tardait à Guise de voir et d’entendre la démonstration qui s’annonçait formidable de Benfica…

Pendant que les aigles volaient, le vieux dissertait pour le jeune. Peut être d’ailleurs était il trop jeune pour tout saisir, pour tout retenir. Mais le temps… était une course contre la montre. Toute la vie de Guise avait été une course contre la montre. Jamais assez de temps pour tout faire, pour tout bien faire. Avoir des coups d’avances sur les autres, tout en façonnant son propre mythe de politique prophétique, tout en continuant à écrire, lire, vivre, avancer, prévoir, gouverner, se venger, tout ça est tout sauf évident lorsqu’on veut tout faire mieux que tout le monde.
Vouloir sauver la Lorraine malgré les lorrains, vouloir sauver des gens qui ne veulent pas être sauvés, tout en continuant à Grandir, à s’élever sur l’échelle de la hiérarchie, ça demande tant de temps… temps que je n’ai malheureusement jamais eu.
Aujourd’hui, vieux, j’en suis toujours là. Si peu de temps, et tellement de choses à apprendre à son fils… s’il avait pu l’avoir quelques années plus tôt…
S’il avait pu compter sur Chlo pour reprendre le flambeau du leadership en Lorraine, s’il avait pu avoir Charles de Valorl pour être le Monsieur système là-bas, si la malédiction n’avait pas emporté trop tôt son Constantin, avant d’y avoir pris le pouvoir, si… si Ardarin n’était pas disparu si vite pour diriger à sa suite D2L, si Mcchipie et bien sûr Théoxane avait pu apparaitre et être promulguée 6 mois plus tôt… 6 mois, si court, si long… la vie ne tient à pas grand-chose finalement. Peut être que si le sort lui avait donné ses successeurs dans tous les domaines 6 mois plus tôt, il ne serait jamais sorti de Lorraine, ne serait jamais devenu roi de France. Il serait peut être mort Prince de Lorraine qui sait ? Si les lorrains savaient à quel point les choses auraient pu être différentes si…
Si, tellement de si… et une réalité. Le temps court encore et toujours contre le Souverain.


Fils… je t’aime tu sais. Et ta mère aussi, même si elle est occupée à gérer sa Cour et tous les assaillants qui prétendent la séduire pour gagner une place dorée dans les institutions royales. Ne laisse jamais personne te dire que nous ne t’aimons pas. Les gens qui diront que tes parents étaient des êtres froids, calculateurs et qui n’aimaient personne qu’eux-mêmes sont des Jean-foutre. Ils ne comprennent rien, et n’ont jamais rien compris que leur propre vanité. L’amour, c’est au contraire, sous toutes ses formes ce qui a permis à ton père et à ta mère d’avancer et de construire tout ce qu’ils ont aujourd’hui, et que tu auras demain. L’amitié sincère, voilà ce qui te permettra de devenir fort un jour. Plus tes amis seront forts, plus tu le seras aussi, fils.
Je dis peut être trop de choses, peut être le fil de mes propos sont-ils décousus… je suis plus fatigué qu’avant…


Puis reprenant:

Seulement ne t’entoure que d’amis véritables dans ton cercle de proches. Tu vois les Aigles ? Ils forment des cercles qui se rapprochent. N’oublie jamais ça. Dans ton premier cercle, celui qui te connait et te touche, celui qui est réellement à même de te faire du mal, n’y invite et n’y laisse que ceux qui t’aiment, d’amour ou d’amitié. Il ne seront pas très nombreux, mais ce seront tes généraux, tes conseillers, tes âmes damnées, tes lieutenants, et un jour viendra, seront tes apprentis. Et ils t‘appelleront alors Parrain en marque de respect, à ton tour.


Une pause.

Je m’emporte surement… je ne veux pas t’obliger à faire « comme Guise ». Surtout pas. Je ne conseillerais à personne de faire comme moi. C’est usant, et terriblement difficile d’être craint, détesté et jalousé par la multitude des gens, alors que beaucoup d’entre eux ne te croiseront jamais.
Un fonctionnement clanique, la charge d’incarner le pouvoir total c’est… disons que tu as toutes les chances de finir seul à la fin.
Le luxe de ton rang fils, petit Prince de mon cœur, à qui j’aime raconter les histoires du passé, comme à ton grand cousin Chlodwig autrefois, c’est le droit de pouvoir choisir. Veux-tu ne profiter que de tes acquis et devenir comme ces satrapes gloutons, fainéants et cruels d’autrefois ?
Préfèreras-tu t’éloigner de l’ombre gênante de ton père et de ta mère pour construire une vie protégée et tranquille, un peu à la « Castelmaure » avant la couronne de France ?
Ou encore voudras-tu à tout prix poursuivre l’œuvre de ton père et de la famille von Frayner ?
Du choix que tu feras, découlera ton avenir. Et ce choix, il n’appartient et n’appartiendra qu’à toi. Quoi que puisse un jour en dire Chlodwig, ta mère ou qui que ce soit.
Toujours est-il que dans ton Sang coule une force, j’oserais dire une fureur qui ne s’éteindra probablement jamais. Cette chose, que certains estiment être une maladie transmissible, je l’appellerais vendetta… jeune, très jeune je l’ai appris dans le sang et les larmes. Je n’avais alors rien, ou si peu de choses… toi tu as tout, ou presque tout.
Demain, tu pourras avoir le pouvoir. Or, celui-ci ne se donne pas. Il se prend.
Si tu ne veux pas le prendre... tu pourras faire ce que tu veux, mais tu risques d'être la marionnette de la vanité des autres.
La famille a tant d'ennemis et fait tant d'envieux en empire...

Oh fils...
»





Guise



Saudades.
Et chansons. Ses pensées courent à la vitesse du temps qui passe. Sa vie défile dans sa tête, dans ses oreilles, dans son cœur.
Il se souvient. De ses débuts, jeune, lorsqu'il revient en Lorraine tracer par la plume et le sang son histoire.
En Henri de Guise il s'était fantasmé à ce qu'il parait. Henri* ? Rares sont ceux qui s'en souviennent...


« Je m'présente, je m'appelle Henri
J'voudrais bien réussir ma vie, être aimé
Etr'un boss gagner de l'argent
Puis surtout être intelligent
Mais pour tout ça il faudrait que j'bosse à plein temps

J'suis dictateur, je construis pour mes copains
J'veux faire des Chambres et que ça tourne bien, tourne bien
J'veux écrire une Lorraine dans le vent
Un Tyran dur, chic et entraînant
Pour faire valser de mes assemblées tous ces foutus glands

Et partout dans la rue
J'veux qu'on parle de moi
Que les filles soient nues
Qu'elles se jettent sur moi
Qu'elles m'admirent, qu'elles me tuent
Qu'elles s'arrachent ma vertu

Pour les anciennes de Lorraine
Devenir une idole
J'veux que toutes les nuits
Essoufflées dans leurs lits
Elles trompent leurs maris
Dans leurs rêves maudits

Puis après je f'rai des coups d’État
Mon public se prosternera devant moi
Des guerres de cent mille personnes
Où même le tout-Paris s'étonne
Et se lève pour prolonger le combat

Et partout dans la rue
J'veux qu'on parle de moi
Que les filles soient nues
Qu'elles se jettent sur moi
Qu'elles m'admirent, qu'elles me tuent
Qu'elles s'arrachent ma vertu

Puis quand j'en aurai assez
De rester leur idole
Je remont'rai sur scène
Comme dans les années folles
Je f'rai pleurer mes yeux
Je ferai mes adieux

Et puis l'année d'après
Je recommencerai
Et puis l'année d'après
Je recommencerai
Je me prostituerai
Pour la postérité

Les nouvelles de lorraine
Diront que j'suis fêlé
Que mes yeux puent l'alcool
Que j'fais bien d'arrêter
Brûleront mon auréole
Saliront mon passé

Alors je serai vieux
Et je pourrai crever
Je me cherch'rai un nouveau Dieu
Pour tout me pardonner
J'veux mourir malheureux
Pour ne rien regretter
J'veux mourir malheureux...
»

Et puis ces procès en Haute trahison pour éliminer le Souverain de Lorraine, alors qu'il était déjà malade et tellement absent... profiter de sa faiblesse pour se partager le gâteau qu'il avait si soigneusement façonné... Résultat ? une colère sombre, une Lorraine signant son arrêt de mort, mais aucun dommage pour le vieux roublard intouchable.
Mais de la période où il fut mis en accusation, de cette bataille où il ne put être acteur*, c'est ainsi qu'il s'en souvenait :


Ça fait longtemps que j'suis parti
Maintenant
Je t'écoute démonter ma vie
En pleurant
Si j'avais su qu'un matin
Je serai là, sali, jugé, sur un banc
Par l'ombre d'un corps
Que j'ai serré si souvent
Pour mon enfant [la HAL]

Oh
Tu leur dis que mon métier
C'est du vent
Qu'on ne sait pas ce que la Lorraine serait
Dans un an
S'ils savaient que pour toi
Avant de tous les Tyrans j'étais le plus grand
Et que c'est pour ça
Que tu voulais un enfant
Devenu grand

Oh
Les juges et les lois
Ça m'fait pas peur
C'est ma Lorraine ma bataille
Mais fallait pas que jm'en aille
Oh
Je vais tout casser
Si vous touchez
Au fruit de mes entrailles
Mais fallait pas que jm'en aille

Bien sûr c'est toi qui l'a supporté
Et pourtant
C'est moi qui lui construis sa vie lentement
Tout ce que tu peux dire sur moi
N'est rien à côté du sourire qu'il me tend
Mais L'absence a ses torts
Que rien ne défend
C'est mon enfant [La HAL]

Oh
Les juges et les lois
Ça m'fait pas peur
C'est ma HAL ma bataille
Fallait pas quje m'en aille
Oh
Je vais tout casser
Si vous touchez
Au fruit de mes entrailles
Fallait pas que jm'en aille...


Puis malade comme un chien, près de l'article de la mort, lorsque seul le denier carré de fidèles croyait en cette nouvelle victoire contre le destin, la situation était plus proche d'un tyran malheureux* que l'on écoute plus...

Et je me demande si tu existes encore
Et je me demande si ton cœur est au nord
Si tu fais le mort le soir quand tu t'endors
Et toutes ces choses !
Mais pour moi rien n'a changé, je t'ai gardée

Et je me demande qui touche ton pouvoir
Et je me demande si ton cœur est près d'un feu
Si tu lui as dis les mots que tu m'as dis
Et toutes ces choses !
Mais pendant que j'y pense, toi Lorraine tu m'oublies

Comme un Tyran malheureux
Que l'on écoute plus
Comme un Tyran malheureux
Que les gens n'aiment plus
Même si tu n'es plus là
Je chante encore pour toi
Et je me demande si tu m'entendras

Et je me demande si l'on se reverra
Et je me demande si tu te souviendras
Si nous deviendrons simplement des amis
Et toutes ces choses !
Mais tu as dû oublier qu'on s'est aimés !

Comme un Tyran malheureux
Que l'on écoute plus
Comme un Tyran malheureux
Que les gens n'aiment plus
Même si tu n'es plus là
Je chante encore pour toi
Et je me demande si tu m'entendras...



Que pouvait il dire de tout ceci à son fils ? Il prit le parti de continuer sur les ennemis qui viendraient un jour tenter de le bouffer.

« Oh fils... je voudrais pouvoir t'épargner les mots qui vont suivre, j'aurais voulu pouvoir faire mieux, plus vite, plus efficacement pour te mettre à l'abri de nos ennemis.
Mais je suis usé, je suis... fatigué. J'ai passé ma vie à tenter de protéger la Famille.
Mais même ainsi, ça n'a pas suffit. Chaque fois que certains étaient éliminés, que l'on se renforçait, que l'on grandissait, apparaissaient immédiatement derrière de nouveaux "pezzonovanti" encore plus importants, encore plus vaniteux, encore plus bouffis de certitudes crasses et de titre creux.
Parti de Lorraine et arrivé à Paris, j'ai collectionné les ennemis qu'il a fallu démonter pour qu'on puisse prospérer. Je vais...


Pensif de nouveau, et :

Je vais me résoudre à te dire qui tentera selon moi de te faire payer un jour, peut être demain, notre succès à ta mère et moi...
»


*Daniel Balavoine, Le chanteur.
*Daniel Balavoine, Mon fils, ma bataille.
*Claude François, Le chanteur malheureux.



Guise



Splendeur.
Et misère des courtisans *.
Il est de ces Hommes qui vous marquent. Caedes, Enorig, César, Gomoz, le saint patron de la Bretagne, le meilleur d'entre tous, ou pas loin.


« Une réincarnation " Volponesque ", un personnage historique des Royaumes m'a dit un jour à peu près en ces termes : " Quoi que tu fasses, tu feras toujours des mécontents. Si tu veux avancer dans un sens, tu retrouveras contre toi trois catégories de personnes.
D'abord les partisans qui se plaisent dans l'immobilisme parce qu'ils en tirent un avantage quelconque; ensuite les partisans qui auraient voulu avancer dans ce sens avant toi, sans toi, parce qu'ils sont jaloux de la réussite des autres; enfin les partisans qui auraient voulu reculer ou en tout cas avancer dans un sens contraire.
Ceux là, tu ne les convaincras jamais, et à défaut de les convaincre, tu dois être en position de décider pour eux, malgré eux dans l'intérêt supérieur de ton royaume. C'est en cela que consiste le travail d'un Prince".


Une pause et puis :

Vois-tu où je veux en venir ? si ce n'est pas le cas, saches que ton grand cousin Chlodwig tient en sa possession une quantité non négligeable d'écrits de ma main à ta destination. Pour que plus grand, telle la Nature, tu puisses toujours retrouver ton chemin.

Enchainant :

Ton ennemi numéro un, fils, se nomme vanité. La vanité qui fait tourner les royaumes, la vanité qui pourrie les fondations des sociétés les mieux construites et l'âme des hommes les plus purs.
La vanité n'a pas de visage, ou plutôt elle a tous les visages du monde. Chacun de nous, à un moment ou un autre est tentée par elle. C'est même à dire vrai, l'une des principales raisons pour lesquelles les hommes et les femmes arrivent dans les royaumes.
Or, cette vanité est telle le bal, où chacun y danse sans invitation, ni sens de la mesure.
C'est pourquoi, même le plus fort des lions, parfois, peut se faire abattre par une vingtaine de chiens affamés...


Pensif à ces mots, puis :

Cette dévastatrice vanité, s'alimente grâce à ton second pire ennemi : l'ignorance.
Elle est telle dans les royaumes, et d'autant plus dans le cercle francophone de l'en-pire, que même quelqu'un d'un tant soit peu doué et de pondéré finit par perdre ses nerfs face au mur de la bêtise crasse des gens peuplant ces territoires.
Ils ne sont pas une majorité, mais la minorité hurlante & active qui court après des titres et des postes, veulent créer des couronnes imaginaires pour se croire important à défaut de l'être réellement.
Ils sont bêtes comme leurs pieds, ils sont jaloux, se parent du manteau de la victime persécutée pour mieux gagner les élections puis mettre en procès tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Ou devrais-je dire plutôt tous ceux qui pensent, vu qu'eux ne pensent pas, ils réagissent.

Si tu avances vers le pouvoir avec un contenu intellectuel et réformateur :
Ils te parleront de compromis d'abord, mais je leur ai toujours répondu quoi que ça puisse m'en coûter, que la compromission ils pouvaient se la carrer bien profond (comme les nains savoyards). Un jour tu comprendras...
Ils hurleront à la trahison, ils ergoteront que tu es méchant, que tu es hérétique, que tu es un brigand, que seule l'anarchie ou la dictature peut sortir de ta politique. Ils te diaboliseront alors que ce sont eux qui se servent de procédés plus d'une fois par delà la limite de la tricherie. Un jour toi aussi surement tu auras à leur expliquer de gré ou de force que les mots comme "Héraldique", "féodalité", "structures et système", "État", "modernité", "levée de ban", "souveraineté provinciale", "particularisme francophone impérial", n'ont pas des significations à la carte, qu'ils ne peuvent pas mépriser l'essence des mots sur l'autel de leur stupidité, de leur ignorance. Que chaque mot en français a une valeur, et que ce n'est pas parce qu'ils ne la connaissent pas qu'ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent de la langue, des concepts et des notions.
Si un jour ils veulent lever un ban alors qu'aucune allégeance n'a été faite au suzerain par exemple, qu'ils tentent de t'insulter de pleutre ou de traitre parce que tu leurs rappelles comment les choses doivent se faire si l'on ne veut pas délier de son serment un vassal, réponds leur que ce n'est pas parce qu'ils sont de parfaits idiots que tout le monde doit les suivre comme des moutons dans leur idiotie. Que les choses se font correctement, sinon ce n'est pas une levée de ban, mais un appel aux armes qui n'a rien à voir avec une quelconque obligation héraldique. D'ailleurs, je crois qu'ils ne savent même pas ce qu' héraldique signifie... Ils sont et je suppose seront du genre à croire qu'on arrive en place de Nancy ou de Paris avec des voitures volantes, qu'ils sont capables de lire des correspondances privées à des milliers de kilomètres de là, sans autorisation de leur auteur... des tricheurs et de parfaits idiots, que je te dis.


Une nouvelle pause, pensif.

Ils voudront te mettre en procès, ils voudront t'enlever des terres si tu leurs tiens tête trop véhément, même si tu es dans ton bon droit. Surtout si tu es dans ton bon droit je dirais.
Lorsque je ne serais plus de ce monde pour protéger la famille... les chiens galeux vont vouloir t'aboyer dessus, je le crains.
Fils, tu devras beaucoup étudier, lire et penser pour te construire un bouclier et façonner une épée par la Raison.
Et s'il faut donner des "noms"... je dois te livrer le dernier pendant de l'équation voulant abattre notre royaume familial.

Car ton troisième ennemi après la vanité et l'ignorance, c'est la... pathologie mentale.
Il y a tant de gens dans ces royaumes qui parce qu'ils se sentent malheureux dans leur vie personnelle, inconsidérés par leur employeur, moqués par le sexe opposé parce que moches, et tant d'autres facteurs, viennent dans la province où par manque de chance tu te trouves et ne voulais que la faire sortir de l'ordinaire moutonnier dans lequel ces gardiens de porcs se confondent si bien.

Car oui, il ne suffit pas de porter une couronne, aussi belle et prestigieuse soit elle, pour devenir un Grand seigneur, un prestigieux propriétaire terrien, un influent homme de pouvoir.
Un gardien de porc même avec une couronne sur la tête, restera TOUJOURS un gardien de porc qui sent le bousin.
Et ces gens là, saches-le pratiqueront la névrose collective si ils pensent perdre leur blason qui si souvent est tellement moche qu'ils en sont ridicules par leur simple signature. Ils deviendront complètement dingues, ils menaceront la terre entière s'il le faut de procès et de destitutions tous ceux qu'ils pensent en être responsables.
Ils pèteront des câbles (les mêmes kilomètres de cables que ceux qu'apprécient tant la grosse vache du limousin et l'aut' armoire à rien) s'ils imaginent perdre par l'action de quelqu'un, le peu de pouvoir de garde chiourme qu'ils ont. C'est souvent le cas d'un prévôt, d'un maréchal, d'un procureur ou d'un petit ducaillon en mal d'autorité dans sa vie privée.

Ils sont pathétiques, mais n'hésiteront pas à te salir : ces gens là, si tu n'arrives pas à te les mettre dans la poche, remplace les et renvoie les à la première occasion légitime de là où ils n'auraient jamais dû sortir : le néant d'être qui les caractérise.


Une nouvelle pause. Le vieux Guise se rendait bien compte que le jeune Aiglon ne retiendrait pas tout voir pas grand chose de ce qu'il disait. Mais le fait d'avoir tout couché sur papier le rassurait. Un jour Chlo lui donnerait ces écrits, et avec l'âge adulte venant, si le Tout Puissant le veut, il comprendrait et serait grandement aidé par toutes ses remarques.

Fils. Je n'aime pas donner de noms mais...

Oui il retardait le plus possible la "livraison" des noms. Le Souverain n'aimait pas ça... à chaque fois qu'il l'avait fait, un enchainement terrible fait de ruine et d'acharnement s’abattait sur la victime de sa vendetta. Mais serait il seulement là demain pour le dire à son fils ? le temps qu'il puisse comprendre ce qui est écrit dans ses mémoires, ne serait il pas déjà trop tard ?

A Paris, méfie toi par dessus tout des oligarques qui ont roulé pendant tant d'années dans la farine le dernier roi lévanide avant ta maman.
En arrivant au pouvoir, certains ont perdus leur place et leur influence. Ils ne nous le pardonneront jamais, bien que nous aurions dû leur faire encore pire. Mais ta maman n'a pas voulu, elle est... trop gentille parfois.
Méfie toi de la grosse vache toute moche limousine, je suis sur que tu te souviens qui c'est ! je te l'avais dit la dernière fois... ses copines comme l'autre qui est une vieille bique toute moche aussi... elle a un nom qui fait écho à l'armoire et à ton jouet yaya...
Un de leur laquais, Rehael qu'on a dégagé comme la nullité absolue qu'il est, lui aussi voudra se venger. Faut dire que cette espèce là de cloportes n'est fidèle à la Couronne de France que lorsqu'ils peuvent en tirer profit personnel. Sinon...
Lorsque ta maman partira la main tendue aux anges, ta sainte maman, ils s'accapareront des titres princiers, mêmes les bâtards j'en suis sur voudront se prendre pour des Princes du Sang. Oui, leur bêtise et leur vanité n'a pas de limites à ces gens, fils...

Quant à l'em-pire... hmmm

J'ai tellement d'ennemis et d'adversaires là-bas que je ne saurais par où commencer.
Ceux qui je pense agiront les premiers contre toi seront les Sparte. Tu sais cette famille faite de bric et de broc au nom grec absolument ridicule. Ils ont dû tomber sur un divertissement quelconque portant ce nom là et se le sont accaparés. Qu'est ce que tu veux, c'est comme ça...
La plupart de leurs membres, qui ne sont rien d'autre qu'une meute de chiens enragés vaniteux fourbissent déjà leurs couteaux. La Famille von Frayner leur fait trop d'ombre, et visiblement ils ne l'acceptent pas. Comme tous ces parvenus qui s'imaginent jouer les caïds, c'est nous qu'ils veulent avaler ou éliminer.
Leurs gesticulations pitoyables pour tenter d'obtenir un mariage princier avec toi mon fils sont un signe avant coureur : ils vont vouloir s'allier avec des membres titrés de moindre importance pour tenter de s'accaparer un peu de notre Prestige, puis face à l'échec de l'alliance, feront tout pour vous faire disparaitre de l'histoire de la Lorraine, de l'em-pire...

Si leur chef Bobyzz, n'est qu'un magouilleur raisonnable avec lequel Chlo peut discuter et s'arranger, les autres ne sont pas fait de ce bois là. Je ne les connais pas suffisamment pour tous les mettre dans le même panier, mais les manœuvres minables dont on m'informe ne me laissent présager rien de bon. Alors... méfie toi, fils.
Lorsque tu seras assez grand sers toi de la Souveraineté de Bolchen et des droits référant à ton rang Princier pour prendre le pouvoir ou y mettre une personne de confiance là-bas. Je te conseille d'ailleurs de ne pas y aller, mais... l'avenir ne vous réserve rien de bon si vous laissez des chiens galeux opportunistes occuper le terrain sans riposte en face pour maitriser leur vanité galopante...
Les autres, entre les nains savoyards (oxymore) et les franc vicomtois, qui oscillent entre banal et anodin, rien de terrible ne peut en sortir si ce n'est un énième texte de loi débile et inapplicable, ou tentative de créer un royaume vide de sens et d'existence.
Alliés depuis toujours au détriment des lorrains, ces derniers, en bons ignorants traumatisés qu'ils sont, leur serviront la soupe, mangeront leurs restes, et entre bouletocratie et mouton-isme, se laisseront faire parce que "Guise ne voulait pas de ça".
L'esprit de contestation primaire entraine dans les médiocres esprits des choses aberrantes !


Une pause, il en était presque essoufflé.

Viens, rapprochons nous des Aigles mon fils.

Se faisant :

Tu sais, il ne faut pas croire pour autant qu'il n'y a que de la noirceur en ce monde mon petit Charly ! Des amis et des proches, nous en avons des formidables... Thomas de Clerel, Ingeburge... ah ! la Sublimissime !
Il faut que je te raconte aussi ces belles histoires du passé...
»


*En référence au journal "Splendeurs et misères des courtisans" écrit pendant un petit labs de temps par ljd Yanahor et moi-même, entre autres.


Charlemagne_vf
Splendeur.
Et grandeur des Rois. Aussi. Car il est de ces hommes qui vous marquent, et parmi eux, un père vaut peut-être tous les Panthéons, tous les saints patrons, tous les souverains de jadis et de naguère. Guise von Frayner devait être de ceux-là, et de sa taille d'enfant, n'était-il pas déjà un Dieu pour l'Aiglon ? Lui aussi voulait être un grand homme. Plus tard, il aura amassé trop de morgue en son coeur pour imaginer le devenir, trop certain d'être né tel, mais alors qu'il tenait la main de l'Implacable, Charlemagne attentif était encore une graine de star, appelé à un destin hors norme. Malgré son jeune âge, il avait cette conscience infiniment petite du chemin que l'on traçait pour lui, déjà même avant qu'il naisse.
On l'appelait Altesse, et ses parents avaient la majesté immanente. Il n'était pas comme ces autres enfants qu'il avait croisé, laissés à des loisirs innocents, abandonnés à quelques jeux que déjà il trouvait faciles. Lui, il recevait l'éducation des rois, comme s'il était attendu qu'il règle déjà à sept ans. A l'héritier, on parlait déjà sans se soucier de babil, sans simplicité, et entre tous, le Souverain donnait l'exemple de cela à son aîné légitime.
Mais qu'est-ce qu'un gosse pouvait bien comprendre à tant de mots ? A défaut de les entendre tout à fait, ces mots, le prince les imprimait dans son cerveau en alerte. Car Guise n'était pas un précepteur : sans être sentencieux, il parlait avec la douceur de l'amour paternel, avec, aussi, un peu de la déception de se savoir trop vieux pour connaître son fils dans le bel âge, celui des extravagances et de la folie des grandeurs. Ce fils n'imaginait pas que la vieillesse de son père serait un obstacle à une vie commune. Avait-il même conscience de ce qu'était le trépas ?
Mais de fait, cette transmission, peu pédagogue, mais filiale au possible, rencontrait la sensibilité de l'héritier qui, le regard passionné, écoutait parler le Duc des Ducs, sans se laisser distraire par les animaux de l'hiver.

De telles entrevues du reste, Charlemagne en avait déjà vécues : sans toujours se rappeler leur contenu, car il savait son père un peu radoteur. Un apprentissage en marche, comme devait l'être le monde.
Mais enfin, s'il apprenait, le prince n'avait pas l'esprit de l'analyse, ni celui de l'appréhension fine des évènements. Pourtant, Guise était prophète en cette heure, et déjà, il avait esquissé ce que serait l'enfance orpheline et solitaire de l'Aiglon, ce que deviendrait son adolescence, et la difficulté pour lui de s'affirmer dans un monde d'envies et de jalousies.
Innocent encore, Charlemagne n'aurait pas pensé devoir être seul dans l'avenir. Mais l'avenir pourtant était proche, déjà.
Silencieux, car déjà, il économisait ses mots. Ces mots que le Parrain semblait user, comme sentant qu'ils seraient ses derniers, et qu'il n'avait pas épuisé cette réserve donnée pour la vie. Il ne gâchait pas, il investissait en fait sa parole.

Ils approchaient des Aigles. Pour l'émerveillement comme pour le fatum. Quelque part, non loin, au dessus ou en dessous, Atropos aiguisait ses ciseaux. Clotho déjà avait cessé de tenir le fil du Patriarche, et s'attelait à tisser celui de l'Infant. Infant mutique encore, mais Infant qui aurait voulu parler. Mais il manquait de mots. Comprendre un langage n'a rien à voir avec le fait pourtant anodin de le parler. Pétri de ces légendes familiales, de ce folklore aquilin, le Fils de France aurait voulu l'enrichir, et tenir à son père un discours, sinon similaire, au moins d'imitation. Pastiche franche, et hommage fulgurant. Mais il se taisait, trop jeune pour répondre au flot. Assez intelligent pour l'enregistrer pour des temps plus tardifs, des temps où conseils et souvenirs seraient salutaires.

Toutefois, de ce jour, l'adamantin Charlemagne retint des noms. Ces noms qu'aurait aimé taire Guise, il ne les oublia jamais. Ces personnes, avec ou sans visages, il les aurait ainsi jugées par procès d'intentions. Un peu de son insouciance se brisait : puisque son père avait des ennemis, il les fit aussitôt siens. Et ses amis, il en fit de même.
Ingeburge, dont le visage d'albâtre avait déjà été croisé dans ce Louvre glacé. Thomas de Clerel, au manteau bleu et d'hermine. Et Chlodwig. Bien aimé dauphin du père comme de la mère, un des fondamentaux, un des repères. Ô Chlodwig, que d'espoirs déjà l'Infant fondait en toi, pour son futur.
Au fond, il y avait sous les yeux du prince un microcosme particulier, et déjà, un univers qui lui serait attaché. Il aurait cette manie, plus tard, de vivre de ces leçons de son père, de bribes de ses Mémoires, retrouvées à Bolchen, et de la Légende Dorée de l'Implacable : réputation glorieuse pour un père qui n'avait été qu'un homme pour son fils, un fils qui avait regretté que sa mère ne fut pas tant une femme qu'une Reine.

Guise avait donc mis en garde pour le futur. Prédicateur fin. Mais oui, il fallait aussi les raconter, ces histoires du passé.
Or, avant cela, pris d'un élan de froid hivernal, malgré la fourrure posée sur les épaules de l'Aiglon par le soin d'une gouvernante attentive, Charlemagne fondit sur la jambe de son père, à laquelle il offrit une étreinte attendrie. Son coeur le criait déjà : ne me quitte pas. C'était lui dire en somme qu'il ne voulait plus l'entendre. Avait-il compris que le Souverain préparait son retour auprès de Dieu ? Mais le Castelmaure-Frayner ne voulait pas l'entendre, ce testament que lui dictait son père. Ces Mémoires prononcées à l'usage de l'Héritier. Dans son petit ventre, il avait un noeud.
Il parla alors, de la voix encore fluette du gamin qu'il était alors.


Heureusement que tu es là, papa. Maman, elle est trop gentille, oui, mais elle est pas souvent là.

Et, pas sot, il savait bien que cela valait pour l'époux comme pour lui-même. Et de fait, c'était à son père que Charlemagne devait ses souvenirs et son éducation. C'était son père qui le chérissait tant qu'il ne lâchait plus cette jambe durcie par les ans.
T'en vas pas, si tu m'aimes, t'en vas pas. On peut pas vivre sans toi. T'en vas pas au bout de la nuit.
Mais tu me fais peur, et tu n'en finis pas...Papa si tu pensais un peu à moi.
Où tu vas quand tu t'en vas d'ici ? J'arrive pas à vivre sans toi, avec la femme de ta vie, vie vie.
Quand on s'aime, on s'en va pas.*

Attaché, le prince arrêta leur avancée. Encore un peu, il retenait le moment de se rapprocher des Aigles. Il aurait bien le temps de les connaître.


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* Elsa, T'en vas pas.
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