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[RP]Le discret chirurgien

Sorianne
Quand So vit Shaee arriver dans sa direction, le visage de la noiraude s'illumina d'un sourire. Elle appréciait beaucoup sa compagnie et aimait passer du temps avec. Puis sa proposition réussit même à lui arracher un brin d'amusement.

N'ait aucune crainte, le courrier ne pèse pas bien lourd.

Puis si elle n'est malheureusement pas la seule à ne pas pouvoir manger à sa faim. Grand dam que celui là.

Mais on peut y aller toutes les deux si tu veux.

Parce que son idée d'aller "piller" les marchés voisins pour pourvoir à celui de Troyes était compromise par un courrier reçu du prévôt, la So ne peut que grimacer.

Pour les vivres, c'est tombé à l'eau. Nous devrons rester là...


Stupide petite donzelle qui rendait service sans rien en retour. Sa bonté la perdra.

Le prévôt m'a demandé d'organiser la reprise de la mairie et de remplacer le bourgmestre absent...


Tite moue, ne sachant pas du tout ce que la jeune femme va en penser.

J'ai dit oui...


Bourgmestre d'une terre aride... Ce n'est plus de la stupidité à ce point là. Mais si cela pouvait lui sortir de la tête le temps passant, et lui permettre de ne plus le voir défiler aussi lentement, pourquoi pas?

Tu m'aideras?
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Shaee


La servante leva les yeux au ciel avec un sourire quand elle entendit la maitresse de maison répondre. N’était-elle pas en train de se moquer ? Oh que si !

    -« M’oui, je n’en suis pas trop sure. »


Petit clin d’œil amusé à la brune qu’elle ne se serait pas permis quelques mois plus tôt.

    -« Si vous vous sentez capable d’y aller, je vais peut être vaquer à mes occupations. Il y a tant à faire dans la maison… »


Quoique, avec le froid et la faim, la laisser sortir seule n’était peut être pas la meilleure des idées… Si jamais elle se blessait ou se faisait attaquer par n’importe quel gueux ? Peut être demanderait-elle à l’un des serviteurs de l’accompagner quand même.

    -« Vraiment ? »


Le visage de la servante se fendit d’un éclair de surprise et de soulagement en même temps. Rester ici. Au fond, c’était plutôt une bonne nouvelle même si ça ne réglait pas le problème du manque de vivres.

    -« ¿Qué? »


Le sourire de la maure s’effaça instantanément comme s’il avait été aspiré par la révélation, son front se plissa légèrement et ses yeux, toujours dirigés vers Sorianne, ne voyaient plus cette dernière. Shaee réfléchissait et ce, à toute vitesse.

Comment avait-elle pu dire oui à cette folie ? Reprendre une mairie pour prendre la place du bourgmestre ? Mais quelle idée par les temps qui courent ! La servante était en colère, non pas contre la fiancée du chirurgien mais conte l’idiot de prévôt. Que faisait-il lui ? Etait-il aussi désespéré pour confier cette tâche à une habitante qui mourrait de faim ? Comme si Sorianne n’avait pas d’autres chats à fouetter ! N’importe quoi, vraiment n’importe quoi !

A la question posée, la servante resta silencieuse, ruminant son ire. Un village déserté, dirigé par des incompétents et c’était à une simple habitante de s’occuper de ça ? Shaee fit violement volte-face et, alors qu’elle s’apprêtait à s’en aller, elle se ravisa. Au fond, sa maitresse était surement la personne la plus qualifiée pour diriger la ville, elle était savante et avait déjà occupé des postes à haute responsabilité… Elle saurait surement se débrouiller bien mieux que la moyenne… Alors, à contrecœur elle annonça :

-« Je désapprouve ce qu’on vous demande de faire. Mais je sais que vous êtes capable de grandes choses. Alors vous pouvez compter sur moi. »

Shaee ne semblait pas tout à fait convaincue mais elle afficha un sourire qu’elle voulait rassurant. Que pouvez faire une simple servante qui n'y connaissait rien ?

    -« Par quoi allez vous commencer ?»


Sorianne
Bourgmestre.
Cela n'a pas été de tout repos!
Des heures à écrire, des jours de recherche.
Cela fut rapide, mais elle s'en trouve contentée et satisfaite des résultats.

Depuis que l'effervescence est passé, elle a retrouvé le moelleux des coussins, la chaleur de la cheminée, le calme de la maisonnée. Les soirées passées à lire et à rêvasser, n'étant pas là la plus assidue des élèves, sans oublier les heures passées à arpenter les remparts dans l'espoir de voir son Promis rentrer, ou du courrier arriver sur les chevaux des postes. So n'a pas eu de nouvelles depuis un moment maintenant, elle en vient à s'inquiéter... Il devait rentrer par la route... Et elle priait qu'il ne lui soit rien arriver...

Des potions sont également testées... D'ailleurs elle en finit une là. Les cheveux en bataille d'avoir lutté contre un petit chaudron au couvercle bien trop agrippé, les pommettes rosies par la chaleur du grand feu qui brûle dans l'âtre de l'imposante cheminée, elle est bien heureuse d'avoir choisi une tenue aux manches étroites et fermées sur les avants bras, par de petits boutons de cuivre. Elle n'est pas dérangée par l'ampleur des tissus ainsi. La So essuie ses mains sur l'un des torchons qu'elle a laissé trainé sur la table. La maladie est encore présente dans la maisonnée et elle escompte bien essayer de soigner le pauvre bougre qui a été le dernier frappé.

La cuillère en bois est portée à son museau, et la So s'écarte vivement avec une grimace. L'odeur lui fait froid dans le dos, au point qu'elle hésite fort à proposer cette chose comme un remède. Elle sait bien que ces potions ne sentent pas la rose, mais à ce point... Un coup d’œil à Shaee, bien peu convaincue...


J'avoue que si on me le proposait, je préférerai attendre de guérir de moi même...

Pour la convaincre de ce qu'elle raconte, elle lui fait même sentir la cuillère.

J'ai dû faire une erreur quelque part...

Pourtant elle a bien le livre ouvert sur le protocole, mais l'écriture manuscrite en pattes de mouche permet l'erreur.

Tu crois qu'on lui propose tout de même? Le pauvre n'avale rien.. Je sais que ce n'est pas grand chose et que d'ici quelques jours ce sera passé comme pour nous, mais si ça peut le soulager...

En tous cas, elle elle a récupéré son appétit, même si son humeur n'est pas au beau fixe. Il lui manque. Et cela la travaille sévèrement. Et se trouver de l'occupation la fait penser à autre chose, mais dès qu'elle cesse toute activité... Ou qu'elle trouve un moment pour se déconcentrer... D'ailleurs c'est le cas... La jeune femme a reposé l'instrument en bois dans le petit chaudron, a touillé quelques instant et la voilà qui grignote un bout de pain tout en soupirant.
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Shaee


Shaee avait été fort impressionnée par le travail qu’avait fourni Sorianne en tant que maire. Grâce à elle la ville s’était animée et ils étaient sortis de la famine ambiante. Elle qui avait eu peur que la fiancée de son maitre y laisse la santé mais aujourd’hui elle la trouvait plutôt en forme. Et ce, malgré l’absence prolongée du chirurgien. Ou tout du moins c’est ainsi qu’elle le ressentait.

Après les ventres qui gargouillent de faim, c’était une épidémie de mal de ventre qui s’était répandue dans la maison. Evidemment, impossible d’être tranquille quelques temps. Le Très-Haut avait un sens de l’humour assez limite parfois. Mais bon, il fallait bien faire avec et soigner les servants avait donné une occupation à la maitresse des lieux.
Voilà qu’elle s’était mise à la confection de potions dont la recette était tirée d’un grimoire plutôt indéchiffrable. En réalité, c’était plutôt amusant à faire, surtout quand on voyait la couleur de la mixture… Et surtout son odeur ! La vieille servante plissa le nez et recula d’un pas tout en marmonnant un « asqueroso » quand Sorianne lui colla la cuillère sous le nez.


    Il est vrai que ça ne donne pas envie… »


Pourtant, il lui semblait bien qu’elles avaient mis ce qui était marqué… Shaee s’approcha alors pour vérifier si elles n’avaient pas mal lu.

    Tilleuil… Oui… Trois brins de machin… Oui… Ca ? Non c’est bon… »


Décidemment, elle ne voyait pas où elles avaient pu faire erreur. La potion devait être dégoutante, c’est tout.

    Normalement il ne devrait pas y avoir de danger avec ce qu’on a mis dedans. »


Alors la servante attrapa la cuillère et en bu une gorgée qui lui arracha une grimace de dégout fort comique et la fit se précipiter vers un sceau d’eau pour en prendre une rasade. Très mauvaise idée.

    Je ne pense pas que lui donner cette… » Elle hésita un instant ne sachant pas vraiment comment qualifier ce breuvage. Si on pouvait appeler ça un breuvage d’ailleurs… « Enfin, ça risque de lui faire vomir ce qu’il n’a pas dans le ventre. » Et ça, elle ne le souhaitait à personne tellement c’était désagréable. Beurk.

La servante riait discrètement, très amusée par la situation mais ne voulant pas blesser Sorianne. Soulevant le chaudron, elle se retira un instant histoire de se débarrasser de son contenu nauséabond. Il allait servir pour quelque chose de bien plus appétissant : un bon repas ! Car la maitresse de maison semblait avoir faim et ce n’était surement pas la seule. Revenant de sa petite escapade, elle rinça le chaudron et le remit en place.

    -« Je vous propose de préparer un bon repas pour chasser cette odeur, qu’aimeriez-vous manger ? »

N’oubliant pas le malade, elle ajouta :

    -« Nous pouvons retenter la potion plus tard, le temps d’aller chercher un autre livre plus lisible. Qu’en pensez-vous ?

Sorianne
Tandis que Shaee vérifie qu'elles ne se sont pas trompées en lisant le grimoire emprunté à l'université, So se contente de regarder le livre, dépitée, sans même se tourner... Adossée à la table elle est, adossée elle reste. Son don en cuisine, pas de doutes à avoir là dessus. Oh pas le don de faire une cuisine délicieuse, non... Plutôt celui de rendre tout immangeable! Cette mixture infâme chauffant doucement dans le chaudron n'en est qu'un exemple de plus, parmi tous les précédents.

Ce qu'elle voit ensuite, lui fait ouvrir des yeux ronds de surprise, les lèvres forment un O parfait, et la noiraude ne peut lâcher du regard la maure en train de goûter cette potion du Diable. Hébétée de la hardiesse de la femme à porter cette chose à sa bouche alors qu'elle même n'y aurait pas trempé un doigt, la So finit par éclater de rire pendant que Shaee se précipite afin de rincer le goût qui doit lui rester dans le gosier. Les deux mains sur la bouche, la jeune femme ne sait plus à quel saint se vouer, elle a OSEEEE!! Horrifiée à l'idée, mais amusée par le courage? Témérité? Folie? de la servante, ajouté aux nerfs fatigués et à l'accumulation d'un tas de petites choses, cela fait du bien de se lâcher. Et elle rit de bon cœur, à demi choquée tout de même.


Par tous les Saints, tu es folle! C'était un coup à te rendre malade à nouveau! Ça je veux bien le croire que ça le ferait vomir de plus belle, rien qu'à l'odeur j'aurai pu te le dire!

Et elle rit de plus belle. Quelle misère ces cuisinières du dimanche... Sorianne finit par se calmer doucement tandis que sa complice de potion partait avec leur poison improvisé. Pas à dire, les plantes, c'est dangereux, et toute novice qu'elle est, cela n'aide en rien. Seule dans la cuisine, la petite noiraude s'accoude finalement au bois de la table, tourne distraitement les pages manuscrites avec une petite moue au visage.

Shaee revient, et le regard se redresse, sans pour autant la faire changer de posture. Toutefois à la question, la brune tourne la tête vers les réserves et admire ce qu'elle a pu racheter depuis que le marché a recommencé à ressembler à quelque chose.

Fais toi plaisir. Je propose même qu'on essaye d'aller lever les collets dans l'après midi voir ce qu'on a pu attraper...

Oui, la So s'occupe comme elle peut et essaye même d'attraper des lièvres... Ou des lapins... Il faut bien se nourrir!

Et pour la potion... Euh...

Hésitante, la brune se redresse, et tend le bras pour attraper l'un des pots dans lequel elle a placé les plantes sèches. Pot ouvert, elle le place sous son nez avant de faire une mimique dubitative. Suit un signe oui de la tête, tout en repoussant au loin son récipient.

Allons en acheter directement à un vrai médecin. Je crois que ça vaudra mieux pour le pauvre homme... Pour sa survie... Je n'en donne pas cher s'il prend quelque chose sortant de cette pièce en fait...

...


Je parle de potions bien entendu! Ta cuisine est fabuleuse!
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Shaee


Profitant du feu toujours allumé dans l'âtre de la cheminée, la servante replaça la marmite préalablement remplie d'eau à faire chauffer. Vu le froid ambiant, on mangerait encore de la soupe mais pas n'importe laquelle ! Un ragoût de faisan aux champignons, ail et carottes. Rien de mieux pour faire oublier l'odeur et le goût infect de la potion.

    - « C'est une très bonne idée pour les collets. J'espère que nous aurons attrapé quelques lapins, il y bien longtemps que je ne vous en ai pas préparés. »

Au fond, ça lui faisait toujours de la peine de tomber sur ces petits créatures sans défense, coincées dans le piège, se débattant jusqu'au sang parfois pour se libérer avant de tomber de fatigue en attendant patiemment qu'on vienne les chercher. Savaient-elles ce qui allait leur arriver ? Probablement pas, les animaux ne sont pas dotés de la même intelligence que les Hommes. Alors, c'était encore pire... Mais d'un autre côté, leur chair était si tendre et délicieuse, comment s'en priver ?

Plongée dans ses pensées, Shaee jeta la viande coupée en cubes dans l'eau qui commençait à bouillir et y ajouta les légumes quelques minutes plus tard. Cuisiner, c'était plutôt un plaisir qu'une corvée, surtout quand la bonne odeur venait caresser ses narines en lui donnant l'eau à la bouche. Miam ! Si elle avait été riche, elle serait probablement une boule sur pattes à force de manger !


    - « D'accord, mais il faudra qu'on ressaie. Je suis sure qu'on peut y arriver ! »

Voyant tout d'un coup le visage de Sorianne et ce qu'elle ajouta, Shaee prit une mine offensée et répondit :

    - «Ca j'espère bien ! »


Puis elle lui lança un clin d'œil tout en riant de bon cœur. Ca faisait un bon bout de temps que l'ambiance de la maison n'avait pas été aussi détendue, c'était fort agréable.

    - «En parlant de cuisine, c'est prêt ! »


D'un pas tranquille, la maure se dirigea vers la clochette qui servait à appeler le personnel de maison et la secoua vigoureusement. En quelques minutes, tout le monde était là et s'installait autour de la table en bois de la cuisine. Chacun prenait son plat ainsi que son verre et patientait que la maitresse de maison s'installe avant de faire de même. Depuis le temps, les servants de la maisonnée s'étaient habitués à déjeuner en présence de leur maitresse et discutaient plus librement.

    - « Bon appétit à vous. »


Tandis que tout le monde commençait à manger, la servante demanda s'il y avait des volontaires pour les accompagner chercher les lapins. Deux jeunes gens se manifestèrent, plutôt enthousiastes, ce qui fit sourire la vieille Shaee qui ne pu s'empêcher de leur faire un sermon sur l'importance capitale de porter des vêtements chauds pour ne pas finir comme l'autre pauvre homme malade.

En fin de repas, tout ce petit monde se leva, rassasié et repartit vaquer à ses occupations. Les deux jeunes gens disparurent pour revenir enveloppés sous trois couches de vêtements, probablement tous ceux qu'ils possédaient
.

    - « On est prêts ! On y va ? »


Amusée par tant d'excitation, Shaee les calma un peu tandis qu'elle finissait de ranger la cuisine.

    - « Nous allons y aller. Mais attendez donc que Dame Sorianne soit prête voyons ! »

Deux petites bouilles frustrées répondirent d'un ton ronchon :

    -« Pardon... »


Une fois sa tâche terminée, elle enfila son manteau en lançant un sourire amusée à la maîtresse de maison.

Sorianne
Le repas bienvenu fut apprécié. La noiraude ne causait pas beaucoup, préférant s'effacer un peu lors de ces instants avec les gens d'Achim, bien consciente qu'elle n'était pas tout à fait à sa place parmi eux. Elle écoutait, souriait et s'amusait même si elle ne les comprenait pas toujours. Qu'il était bon de parler de tout avec plus ou moins d'insouciance!
Ils s'étaient détendus à mesure des jours, mais quelle ironie que de penser qu'elle était reléguée à moins que rien il y avait encore peu...

Et la voilà qui se change, peu encline à retomber malade après ces derniers jours plus que difficiles. Des couches de vêtements chauds, moult jupons et un épais manteau, la So sourit à Shaee devant l'enthousiasme des jeunes gens s'étant portés volontaires pour venir avec elles, tout en enroulant un col de laine autour de son cou.


Je crois que nous avons trouvé des mains pour attraper les lapins.

Et si cela peut les épargner de se baisser, il n'y a point à faire la fine bouche! Une ample besace vide est saisie et placée à son épaule, il n'y a plus qu'à espérer que les pièges auront fonctionné afin de la remplir.

Ne trainons pas plus, il y a un peu de marche jusqu'aux bois.

Après un regard à l'intérieur chaleureux, la petite boiteuse ferme la porte derrière elle. Les voilà partis pour peut-être ramener les repas à venir.

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Sorianne
Quatorze Février...
Journée particulière qui s'annonce. Du moins pour la petite noiraude.

Elle n'arrive pas à fermer l’œil, aussi a-t-elle rejoint la cuisine, assise à la table devant la grande cheminée où s'éteint doucement le feu. Une petite lampe à ses côtés, renvoyant une lumière dansante au rythme de la petite flamme qui vacille dans sa cage de verre.
La fraicheur est bien présente, mais toute à ses pensées et son occupation, la jeune femme n'y prend garde, seulement couverte d'une chemise de lin et d'un châle.

La veille, elle a passé du temps auprès d'un tisserand, à choisir une belle étoffe. Et le sommeil la fuyant, elle met donc le temps à profit pour couper, coudre et transformer ces bandes de tissu en boutonnière. N'est-ce pas la Saint Valentin en plus de son anniversaire?

Le rouge est profond. Du velours même si la matière tranche avec celles portées habituellement par son Maure Promis. Et doucement, elle assemble. Petit à petit la rose prend forme tandis que la noiraude sourit légèrement. Il est revenu, elle s'en réjouie même si elle ne sait décider d'une approche véritable. Une rose pour un pas en avant. Et elle en prend soin. Chaque pétale est délicatement plissé pour une jolie corolle.

Une bûche craque dans l'âtre, la faisant sursauter en relevant la tête qu'elle avait baissé sur son ouvrage. Sans doute le signe pour elle qu'il est temps de retourner à sa chambre. Le banc sur lequel elle est assise craque doucement sous son poids alors qu'elle s'en extrait. Le pas léger, elle rejoint la pièce principale où elle dépose le présent à Achim à côté de la pipe d'écume qu'elle se plait à le voir utiliser, et après avoir passé une main délicate dessus, du bout des doigts, doucement retrouve la chambre qu'elle occupe, après toutefois une hésitation...

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Sorianne
A la fenêtre, placée en travers du coussiège qui l'accueille, la petite noiraude coud, le tissu sur ses genoux relevés. Sans chausses à ses pieds, il n'y a que l'épaisseur de ses bas qui l'empêche d'apprécier la douceur des coussins sur lesquels elle est posée, mais le moelleux la ravit. Depuis tout ce temps qu'elle est là, la petite boiteuse ne se lasse de rien, bien au contraire. Chaque jour passant renforce son bien être et son sourire.

Une tenue de mariée... Voilà ce qu'elle coud, ce qu'on lui a commandé. Alors elle s'applique, caresse le tissu d'une main délicate, joue des ciseaux et des aiguilles et la robe prend forme. Il ne lui reste plus grand chose à faire et la future épousée pourra admirer son œuvre, en espérant qu'elle soit parfaite. L'étoffe est pourpre, rouge profond...Viendra le tour de la tenue du marié lorsque celle-ci sera finie, sans compter les quelques autres commandes qu'elle a dû noter.

Elle est concentrée sur son ouvrage la brunette. A tel point qu'elle ne s'aperçoit que le jour décline que quand il lui faut froncer le museau et se coller au carreau. Combien de temps a-t-elle cousu là?? Elle n'en a pas la moindre idée, mais une chose est sûre : elle a bien avancé. Cela la change des dernières conversations qu'elle a pu avoir, et qui finalement n'ont abouti à rien, sans compter que cela ne semble pas si facile à élire un Duc si l'on en juge aux postes non encore attribués...

Adossée à la pierre du mur, la petite So cherche une bougie du regard. Une lampe... Mais c'est sur son Promis que ses yeux se posent. S'il lui aussi est concentré sur autre chose, elle n'en rate pas une miette. Elle ne se lasse pas de détailler ses traits, au point de les connaitre par cœur. Cœur qui s'emporte malgré elle, et qui finit par lui empourprer les joues et faire briller ses prunelles. Qu'il est dur de réfréner cette chaleur qui l'envahit... La noiraude préfère en détourner les yeux et revenir au tissu qui a manqué lui échapper des doigts. Cela ne dure pas bien longtemps, la tête se tourne à nouveau alors qu'elle se mordille la lèvre, nerveuse.

Que dirait-il?
Que penserait-il si elle venait à...

Point le temps de finir sa pensée, elle est déjà débout et se faufile en douceur jusqu'à lui, dans les épais coussins. Elle apprécie l'odeur qui s'échappe de la pipe fumée et s'agenouille derrière Achim.


Ne vous retournez pas...

Non, qu'il ne se retourne pas. Elle n'a jamais osé, mais l'envie se fait plus forte à mesure que passent les jours. Elle sait ce qui est agréable, a envie de le toucher et d'apprendre à le connaitre autrement que par le regard. Son cœur bat fort, son souffle court... Sans doutes l'audace de ce qu'elle entreprend, mais qu'importe. Sa seule crainte est qu'il refuse ce qu'elle s'apprête à faire... Pas grand chose, mais un pas de géant. De son point de vue...

Se redressant, elle se tient droite, les genoux au sol, et ses mains se lèvent lentement. Elle hésite encore, et les doigts nerveux tremblent même légèrement. Dans un geste tendre, la petite So finit par les poser sur les épaules de son maure Promis, et elle soupire en souriant. Sa chaleur se diffuse, et la noiraude masse doucement, appuyant davantage par endroit, au travers du tissu de sa tunique. Il est fort, elle frémit. Elle ne se lasse pas de masser, de toucher, de dénouer... Et le regard obscurci, elle contemple ce qu'elle fait, s'imaginant donner davantage, bien plus, comme elle aimerait toucher sa peau. Elle frôle son dos, ses épaules, s'appuie et force parfois. Et ses mains à lui, sur elle? Le tissu baille au col à être trop manipulé... Du bout des doigts, elle s'en va caresser la peau brune.

Les pensées de la jeune femme flambent, et elle avec, du moins c'est la sensation qu'elle a. Et elle ne se rend pas compte qu'elle a cessé ses gestes pour, d'une main, agripper fortement le tissu de la tunique recouvrant le chirurgien alors que de l'autre la noiraude repousse délicatement les cheveux sombres qui recouvrent la nuque. Un baiser y est déposé, deux... Elle pourrait en mettre une myriade, mais c'est son front qu'elle finit par y déposer alors qu'un soupir à fendre l'âme lui échappe... Il lui faut calmer ses sens emportés... Ou pas... C'est tout juste si elle se rend compte de sa main s'égarant sur le torse du maître de la maison.

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Achim_al_qasim.
Il est fermé le Maure depuis son retour de voyage.

Pourtant sa maison se porte bien, ses affaires rapportent ce qu’elles doivent. Mais l’insatisfaction le ronge de l’intérieur. Un besoin primaire qu’il s’efforce de réfréner au quotidien se fait croissant ; comme une boule dans son ventre qui voudrait s’extirper et jaillir au grand jour.

Alors il se mure dans un silence affable. Les ordres journaliers donnés à ses gens, il vaque à ses recherches, feuillette d’anciens recueils de médecine de son pays en tirant machinalement sur sa longue pipe.

Il se redresse en entendant Sorianne. Le dos droit, presque crispé quand elle lui demande de ne pas se retourner. De fait, elle ne peut voir le regard noir éclairé d’une lueur étrange quand elle vient poser ses lèvres sur sa nuque. Ni l’ambigüité du sourire qui étire sa bouche avec lenteur. Il ne bouge ni ne dit mot dans un premier temps, la laissant faire pour voir jusqu’où elle ira.

Puis le sourire se transforme en rictus et le chirurgien tire même une nouvelle bouffée qu’il souffle ensuite d’un long trait pour éluder les frémissements mécaniques de sa peau et les picotements légers qui animent ses reins. Il se concentre sur les bruits neutres de la maisonnée. Dans la cuisine, des ustensiles qui s’entrechoquent en douceur, plus loin les voix assourdies de ses gens qui mettent les récoltes en sac pour aller les vendre au marché.

Le soupir qui résonne bientôt contre sa peau lui donne le moment, l’instant précis où, enfin, il intervient, sans le moindre mouvement contrariant la main parcourant son torse.


Vous me disiez tantôt votre désir de voyager…

Mieux, il s’enfonce quelque peu dans les coussins, avachi, dans l’attente…

Qu’avez-vous à finir à Montauban ?
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Sorianne
Son esprit s'est tellement emballé, qu'elle a bien du mal à le calmer. Le veut-elle seulement...? Elle n'arrive plus à penser à autre chose, n'a même plus la place dans sa tête pour penser à toutes ces choses qui lui avaient été rabâchées et pour lesquelles elle a payé prix fort. Et à ce moment, elle est toute occupée à savourer le contact du buste ferme et chaud sous sa paume, au travers des tissus, et rien ne vient perturber cela, en dépit de tout ce qui pourrait arriver, ou de qui pourrait voir. D'autant plus quand la petite noiraude sent son Promis s'installer au mieux dans les lourds coussins.

Quand la voix du chirurgien s'élève, la So ouvre doucement les paupières qu'elle avait closes. Vrai qu'elle lui avait dit cela, et le sous entendu qu'elle avait laissé trainer la fit rougir. Le feu lui monte au visage rapidement, surtout parce qu'il lui faut répondre et qu'elle ne sait comment le faire sans ambages... Elle se crispe quelque peu, mais il n'est plus temps de se dégonfler.

Alors elle récupère sa main, à contre-coeur, caressant à nouveau le maure, se redresse à regrets et ramasse jupes et moult jupons pour se frayer un chemin, à genoux, jusqu'au côté d'Achim. Là elle s’assoit, en appui sur un bras tandis que sa main libre revient jouer là où elle se trouvait avant de devoir changer de place.

La tête penchée et le pourpre à son visage un peu atténué, Sorianne observe ses doigts caressants jouer avec le tissu, découvrir... Elle tarde à répondre, ne sachant trop comment tourner ce qu'elle doit dire.. Finit par se lancer après quelques hésitations.


C'est le Sans Nom qui vous envoie...

Et pourtant, elle est en train de chérir chaque geste qu'elle peut avoir.

Vous m'hypnotisez, vous me fascinez, et même si je lutte, je ne peux pas résister... A Montauban, si vous m'aviez rejoint à l'auberge, je sais que je ne vous aurais pas résisté, même si je n'ai aucune idée de ce qu'aurait été ma réaction... Ce que j'avais vécu peu avant...

So grimace, passe à autre chose.

D'un côté, j'étais soulagée de ne pas voir la porte s'ouvrir... Parce que je ne trompais pas Col, parce que je n'avais pas eu une mauvaise expérience pour rien... Et elle fait la moue... Mais de l'autre, croyez bien que j'étais déçue et triste que vous ne veniez pas. Vous m'avez manqué...

Ses gestes se font nerveux malgré elle, mais elle continue toutefois, se rapproche même, et soupire doucement.

Même dans les pires moments, c'est à vous que j'écrivais, à vous que je pensais... Le seul à qui je faisais encore entièrement confiance...
J'aurai dû partir avec vous à Montauban... Je me suis montrée lâche.


Elle ne pense à rien alors que ses gestes s'enhardissent, les doigts allant braver les barrières du tissu délicat pour aller se poser directement sur la peau sombre. Elle finit par enfin lever le regard pour regarder le maure et affiche un air déterminé, même si elle était nerveuse à un point pas permis alors qu'elle se rapproche grandement, en appui sur lui. Elle n'a pas l'habitude de faire LE pas, n'a pas l'habitude de tout ceci...Cela la fait à nouveau s'empourprer, presque honteuse de son comportement, comment va-t-il le prendre? Son souffle la fait frissonner, mais elle reste là, n'osant pourtant faire le pas qui scellerait leurs lèvres.

Je ne fuirai plus.
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Sorianne
Du temps a coulé sous les ponts.

Il fait chaud.
Trop chaud.
La noiraude hésite à rester cloitrer à l'intérieur dans la fraîcheur conservées par les murs épais, ou à sortir profiter des beaux jours, mais à subir la chaleur de ce soleil pour le moins généreux.

La tignasse attachée haut sur la tête par un lacet de cuir, dans l'espoir de libérer la nuque de la chaleur étouffante, une robe légère d'un bleu très pâle, la demoiselle apprécie le léger -très très léger- courant d'air qui lui parvient.

Assise à l'ombre de l'un des préaux de la cour, à deux pas de la cuisine, un panier de cerises à portée de main, la So laisse son esprit vagabonder. Elle n'a envie de rien, reporte tout ce qu'elle a à faire... Tout ce qu'elle veut c'est apprécier le fait d'être seule, dans le silence de l'après midi, avec pour seule compagnie le chant des oiseaux qui se battent dans l'arbre qui jouxte la maison, et les bruits des travaux quotidiens.

Le livre emprunté à l'université est ouvert à une page où se trouvent inscrites quelques étranges formules de chimie, pourtant la base, mais elle a bien des difficultés à s'y mettre. Le registre où elle inscrit les arrivées en tant que tribun, se trouve dessous, ouvert lui aussi, mais point de plumes ou de fusain pour y écrire quoi que ce soit. Et ne parlons pas de ces mètres de tissus qui ne servent pas pour l'instant, alors que les commandes notées sur des vélins s'entassent dans le panier qui va avec...

Non, juste elle et elle seule.
Un moment rien qu'à elle.
En pure égoïste, assise sur un muret et jambes tendues dessus, jupes relevées pour profiter au maximum de ce qui peut être un tout petit peu frais.

Elle attend les nouvelles qu'un des gamins qu'elle embauche pour porter les courrier doit lui emmener. Pas de déplacement, moins de chaleur, lui a sa pièce et tout le monde est heureux!

Une commande en main, et plutôt que de la lire, la So s'évente avec, yeux clos, appuyée contre une poutre. Une fontaine... Une petite fontaine au milieu de la cour... Oh oui, voilà une idée agréable. Un bain... Un bain frais. Un sourcil se hausse tandis qu'un sourire pointe et qu'un soupir de bien être et d'envie jaillit.

Dérangée, la petite brune ouvre les yeux, aveuglée par la clarté, avant de réaliser que c'était le gamin attendu. Échanges, pièce et même une bonne poignée de cerises, la noiraude en grignote quelques une tout en lisant la dernière affiche du bourgmestre... Qui a le mérite de la faire éclater de rire.

Amusée, elle se saisit d'une autre affiche apportée qu'elle commence à lire... Avant de manquer s'étrangler avec un noyau, à voir le nom y figurant.

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Sorianne
Les journées sont chargées pour la noiraude, à tel point qu'elle a l'impression qu'il y a des lustres qu'elle n'a plus touché ses aiguilles et les étoffes prévues pour les commandes qui sont dorénavant en retard.
Faire le tribun n'est pas de tout repos pour peu que l'on y mette du cœur, sans compter qu'elle a accepté la demande du jeune bourgmestre de figurer sur sa liste pour les ducales. Elle fait de son mieux pour ne pas lui faire défaut et l'aider autant que faire se peut.
Dès qu'elle a un peu de temps pour elle, la So étudie. Les lourds ouvrages sont empruntés à la bibliothèque de l'université et elle étudie. Et le Très Haut sait que la Chimie n'est point son fort! Que c'est laborieux!

Ce jour, il a fait très chaud. Une chaleur lourde et désagréable qui appelle les orages à éclater, pourtant rien de tel, et c'est fourbue que la jeune femme s'est couchée, sans mot dire, fuyant presque son Promis. La gêne s'insinue, mauvaise, et Sorianne n'aime pas cela. L'impression de revenir des mois en arrière l'affecte plus qu'il ne le faudrait et elle ne souhaite qu'une chose, que tout s'efface. Mais peut-être que tout ceci n'est que fadaises issues de son imagination que la chaleur désordonne. Le sommeil la saisit alors que la noiraude est encore à ruminer, mal à l'aise avec elle même.

Dans la chambre, la brune s'agite.

Dans son rêve, Achim qui lui tourne le dos, comme Col l'a fait il y a bien longtemps. Paniquée, elle court sans le retrouver. Cela ne se peut...
Elle tourne, tourne, les couloirs se multiplient, s'agrandissent, s'allongent à devenir infinis. Au centre de cet enchevêtrement de galeries de pierres froides, à peine illuminées par quelques bougies, la noiraude panique.

Un vrombissement sourd fait vibrer les murs qui l'entourent.
Toujours plus de couloirs, et au moment où elle se tourne vers l'un d'eux, c'est son pire cauchemar qui surgit.
Il est là, air de reproche, air de dégoût sur le visage, les cheveux gras et un doigt pointé droit sur elle en guise de menace.

Le curé ouvre sa bouche, dévoile ses dents abîmées alors qu'il crache sa haine et que la So en tombe à la renverse, mains en avant pour se protéger. Ce n'est pourtant pas sa voix qu'elle entend. C'est un craquement monstrueux qui la fait hurler.

Le réveil est brusque alors que la foudre tombée non loin finie de résonner dans l'air. Redressée en catastrophe, elle en crie encore d'horreur, emmêlée dans les draps, les cheveux sombres en pagaille collés à sa nuque, d'autres qu'elle ne cherche pas à dégager de devant son visage. Elle est encore hantée par la vision qui lui est venue. Il était là devant elle, il allait mettre à exécution ses menaces et Achim n'était plus là, il n'était plus là alors qu'elle ne voit plus que par lui, qu'elle ne voit plus sa vie sans le chirurgien.

Petit à petit se calment les sanglots, mais l'émotion est telle que les tremblements ne cessent guère. Point le temps pour elle de se calmer réellement. Un éclair illumine la pièce, rapidement suivi par le tonnerre. L'orage est sur Troyes. Et la noiraude se couvre les oreilles de ses mains agitées. Lorsqu'il est passé, elle se coule doucement en dehors du lit, avec l'impression d'être complétement vidée de toute énergie. Il lui a tout prit en revenant hanter ses pensées. Penchée, en simple chemise longue, la jeune femme s'en va dans un coin de la pièce, se coincer entre les lourds coussins et un coffre. Les mains sur les oreilles, les joues encore mouillées de larmes, ne lui reste plus qu'à attendre. Attendre que l'orage passe, attendre de pouvoir se calmer, de revenir à la réalité et réaliser qu'il n'est pas là. Qu'il ne reviendra pas. Et que le maure chirurgien est toujours là...

Maudits orages...

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Sorianne
Revenant du bureau du Porte parole, la petite brune se déleste de tout ce qui lui encombre les bras.
Elle salue les gens d'Achim, a un mot gentil pour chacun, un sourire, un attention, et se sert de ce qu'ils lui amènent, heureuse de grignoter quelque peu.


Il faut que j'aille à Langres. Ce sera rapide.
Toute seule??
Oui, j'y retrouverai la garde Ducale, j'ai pour consigne de ne pas me montrer toute seule. De toutes façons, je n'y serai pas allée si cela n'avait pas été le cas, je ne suis pas suicidaire.


Elle marque un léger temps d'arrêt avant de lancer un regard sombre et décidé à l'homme qui lui propose de nouveau à manger. Chose qu'elle ne refuse pas.


C'est vrai. Puis Achim ne le voudrait pas non plus, donc il n'y a pas de raison. Pour la route, je ne suis pas en sucre et les orages sont loin, pas de crainte à avoir.

Elle le coupe dans son élan.

Et je ferai doublement attention! Je vais même prendre une lame au cas où, c'est promis. Et ne le dites même pas à Achim! Comme ça vous n'aurez pas de reproches. Et même s'il trouve à y redire, j'interviendrai.

Il n'est pas là.


Comme si cela lui permettait tout... Mais pour l'heure, elle lui en veut. Elle ne le veut pas, mais elle lui en veut, elle qui se sent abandonnée.

En tous cas, cela a mis fin à la conversation. Et la So se réfugie dans la chambre qui lui a été allouée. Sur le seuil, elle la contemple et... Ressort pour aller trouver l'homme qu'elle vient de laisser sur place.


J'ai envie de...

Hésitation...
Il n'est point là, cela pourrait être une surprise de taille, mais si le fait de ne point s'approcher suffisamment les fait à ce point s'éloigner, il faut y mettre un terme. Elle se reprend, ne cherchant pas plus avant à se montrer timide ou non, elle ne réfléchit plus vraiment depuis quelques temps.


Finies les chambres séparées, il est temps. Pendant que je serai partie, pourriez vous déplacer toutes les affaires du Maître dans sa chambre première? C'est la sienne. Déplacez mon fatras au besoin, ou je m'en chargerai en rentrant.

Et elle est déjà repartie préparer quelques affaires pour son court voyage. Trop de déboires, la jeune femme opte pour une tenue masculine même si elle n'aime vraiment pas. Si peu l'habitude de porter ces chausses... Souliers de qualités fourrés dans le sac au milieu des jupes et corsages, des bottes sont préférées, plus pratique pour la route. La lourde chevelure nattée et lacée, la voilà prête, et départ!
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Sorianne
Plusieurs jours qu'elle est rentrée, et depuis des semaines et des semaines, elle est sans nouvelles. Petite noiraude erre, âme en peine au cœur de la jolie demeure du Seigneur Maure, dans l'attente d'une réponse, d'un courrier pour lui prouver qu'il n'est pas mort.

Ses pas la mènent à la cuisine, où les alléchantes odeurs ne réveillent même pas sa gourmandise... So passe la porte donnant sur la cour ombragée où le lierre tient bonne place, grimpant ça et là sur les poutres des préaux. L'été se rafraichit, même s'il ne touche pas encore à sa fin, et la brune s'engonce un peu plus dans le châle qu'elle porte sur les épaules.

Son regard est attiré par les plantes qu'elle a pendu à sécher au dessus d'elle, sous le toits qu'elle a au dessus de la tête. Une main délicate vient tâter doucement et le doux craquement qui répond au geste la fait revenir sur ses pas. So retourne en cuisine chercher des pots, avant de revenir sous les plantes sèches. Un pot après l'autre, ils sont déposés sur la rambarde d'épais bois, et un à un, la jeune femme décroche les bouquets qu'elle brise pour certain, ne mettant dans les pots que les feuilles en miette, d'autres bouquets dont elle prend grand soin, et dont les feuilles sont détachées entières avant d'être empilées soigneusement.

Elle ne sait pas encore se servir de tout ceci, mais elle entasse, et entasse, à ne plus savoir qu'en faire presque. Marjolaine, Partenelle, Tilleul, Céléri, Lavande... Orties qu'elle touche avec prudence... Autant de plantes qui serviront un jour, ne serait-ce que lorsqu'elle apprendra à faire des décoctions miraculeuses. Elle entasse... Pour passer le temps et penser à autre chose qu'à ce qui hante son esprit chaque fois qu'elle ne fait rien... Elle en aurait bien flanqué un pot au sol tant la colère sourde.

Revenue à la chambre, la petite So s'adosse à la porte qu'elle vient de refermer. Non, elle ne lui écrirait plus. Et pourtant le Très Haut sait qu'elle en meurt d'envie. La façade qu'elle s'applique à conserver fissure... Toujours aucune nouvelle de sa fille... Aucune nouvelle de celui qui malgré elle, lui fait battre le cœur de façon disproportionnée... Sans doutes n'est-ce que justice pour le mal qu'elle a pu faire?!

Nominoée... Se remémorant les courriers de Col, elle ne peut s'empêcher de donner un coup de poing rageur dans le panneau de la porte et d'étouffer un cri de rage derrière ses dents serrées. NON! Elle n'a qu'une envie, crier qu'elle ne l'a jamais abandonné... Mais il faut se faire une raison, elle n'aura plus de nouvelles de sa fille pour qui elle a tant donné...

L'envie d'envoyer un courrier rageur à Colhomban se fait forte à mesure qu'elle y songe. Lui faire part de sa rancœur, de la haine qu'elle commence à ressentir à son égard. Comment a-t-il pu?!

Et Achim, ses courriers, ses regards, ses gestes tendres, même son odeur la met en émoi. Un simple geste et elle se pâme littéralement. Un souffle et elle oublie qui elle est... Est-il seulement encore en vie?! Tout dans la pièce respire ce maudit Maure. Tout! Plus encore depuis que ses affaires s'y trouvent à nouveau comme elle l'a demandé.

Plus inquiète qu'elle ne le pense en réalité, la noiraude ne peut s'empêcher de se saisir de l'une des tuniques de beau tissu appartenant à son Promis. Le nez enfoui dans l'étoffe, elle en respire la fragrance, et le sanglot réprimé jusqu'alors éclate dans sa gorge, avant qu'elle ne jette le tissu, rageuse.


Maudit!

Maudit qui l'ensorcelle, qui lui fait perdre ses moyens, qui se joue d'elles, qui lui vole sa raison. Maudit qu'elle aime jusqu'à la déraison et contre toutes les bonnes résolutions qu'on lui a inculqué avec force. D'un revers de main rageur, elle essuie sa joue mouillée et s'empare d'un vélin.

Citation:
Colhomban D'Eusébius,

Est-ce si dur de répondre à l'appel d'une mère demandant des nouvelles de sa propre fille?
Je ne demande point à ce qu'elle sache tout de moi, je ne demande point qu'elle sache que j'existe, et pourtant le Très Haut sait que j'ai fais monceaux de sacrifices juste pour son existence.
Tu n'imagines pas quelle vie j'ai pu vivre pour Nominoée!
Tout ce que je souhaite, ce sont des nouvelles.
Que l'on me dise comment elle se porte, comment elle grandit, a-t-elle prononcé un mot?
Ne pense pas que je l'ai abandonné, c'est loin d'être le cas.
Je te l'ai confié, parce que je savais qu'elle serait bien auprès de toi, son Père, son VRAI Père! Parce que sa mère ne pensait qu'à mettre fin à cette pitoyable existence qu'était la sienne à ce moment là.
Je ne veux pas de tes nouvelles, tu rejettes mon amitié, tu me rejettes entière alors que l'amour que j'ai pu éprouvé pour toi n'existe plus.
Je désire juste des nouvelles du petit être que j'ai mis au monde et élevé pendant des mois.
Est-ce si dur pour toi?!
J'ai tourné la page!
Ne peux-tu en faire autant?!
Tu as fini notre histoire! Tu as posé toi même les scellés!
Ne m'en rend pas responsable!
Et ne dis plus jamais que j'ai abandonné notre fille!
Il n'y a rien de plus faux!
Je t'en veux, tu n'imagines pas à quel point je peux t'en vouloir...
Des nouvelles...
Juste des nouvelles...
Juste cela.
Lui as-tu confié le petit peigne que j'avais fait parvenir?
La couverture envoyée à Tsampa?
...
Juste des nouvelles d'elle...


Sa mère...
So...


Est-ce que cela la soulage...?
Si seulement... Pas le moins du monde...
Elle ne réfléchit pas non plus quand elle va faire porter le pli aux postes.
Elle ne réfléchit pas tout court.
Elle en veut à la Terre entière, et cela durera jusqu'au matin, lorsqu'elle sortira et qu'elle remettra ce fichu masque...
Si tant est que son humeur s'améliore d'ici là...

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