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[RP] La tragique histoire d'Arabella Vacher

Arabella


Le cœur en capilotade. L'âme en charpie. Mais un sourire fiché sur son visage volontaire : c'est ainsi qu'on peut voir pour la première fois en Arles cette femme brune, à la mise simple mais propre. Arabella Landru. Épouse de Gaspard Landru, bientôt écartelé et pendu aux portes d'Arras.

Ici, elle sera Arabella Vacher, de son nom de jeune fille. Pas qu'elle soit fière de porter le nom de son père, la même engeance que son mari, mais l'histoire est bien plus ancienne et elle ne risquera pas grand chose en un endroit aussi éloigné.

Elle commence par louer une petite chambre, à l'arrière d'une auberge, avec vue sur la soue où s'ébattent des cochons. Elle n'a pas paru gênée par la proximité de ces animaux. Tout au plus s'est-elle dit que ceux-là, au moins...

Elle est allée faire un tour sur le marché, observant les artisans, en a repéré qui semblent débordés. Un tisserand, un boulanger. Ce soir, dans sa chambre, elle se répétera les mots qui font mouche pour se faire engager, ne serait-ce que ponctuellement. Un grand besoin de s'intégrer, vite, pour mieux se fondre dans l'uniformité d'une cité.

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Lucidité = ne pas s'enflammer pour un homme.
Arabella


Un mois presque s'est passé depuis son arrivée à Arles. Arabella n'est pourtant pas satisfaite : elle n'a pu se résoudre à entamer la moindre discussion, que ce soit avec l'aubergiste qui la loge qu'avec les marchands qu'elle croise sur le marché.

Seules des paroles de survie passent ses lèvres. Deux épis de maïs, s'il vous plaît! Oh! Non, un seul! il me manque 50 deniers! Elle rougit, ou pâlit, selon ses humeurs, honteuse d'être prise en flagrant délit de pauvreté.

Dimanche. Les cloches sonnent. Elle décide de se rendre à la messe. Pour voir, après tant d'années, si elle s'émeut encore devant ces rituels. Elle en doute. Mais elle espère, quand même.


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Lucidité = ne pas s'enflammer pour un homme.
Arabella


Un mois encore s'est écoulé, ou presque, et la jeune femme n'a rien retiré de sa présence à l'office, hormis une amertume certaine envers ces prêtres qui ont bien plus les yeux fixés sur les détenteurs de pouvoir que sur la multitude de petites gens qui, eux, se sentent délaissés par les prétendus représentants d'un Dieu qu'ils ne savent plus comment honorer.

Cela l'attriste, un peu, sans toutefois la toucher profondément.

Arabella est bien au-delà de cela.

Un jour, le jeune garçon du relais de poste lui apporte une lettre. Elle vient de Toul.
La jeune femme pâlit, emprisonne la missive dans ses mains, qu'elle croise sur sa poitrine, en une pose que l'on pourrait dire théâtrale si des spectateurs étaient présents. Mais seul le commis est là, à attendre un pourboire, peut-être, se demandant qui est cette femme brune, sans doute.

Arabella se reprend, esquisse un pâle sourire, fouille dans la bourse qui pend à sa ceinture et en sort deux deniers, qu'elle tend au petit.
Celui-ci attendait plus mais, étrangement, il ne réclame pas, contrairement à son habitude, et part après l'avoir saluée poliment.

Elle retourne dans sa chambre, prélève une louche d'eau chaude de la marmite qui trône dans la cheminée, où un feu malingre essaie de donner ce qu'il peut pour réchauffer la pièce.
Elle y jette quelques sommités de thym, deux feuilles de sauge. Pas de miel, cela fait longtemps qu'elle n'a plus l'occasion d'en consommer.

S'installant sur l'unique chaise, devant une table branlante, elle se décide enfin à lire la lettre, tout en sirotant son infusion.

Elle la lit jusqu'au bout, très vite, avide, puis la repose.
Son regard s'attarde un long moment sur les braises. Elle se dit qu'elle devrait remettre du bois, ranimer le feu.
Mais elle ne le peut, elle voudrait que tout s'éteigne.

Pourtant elle se reprend, se lève, se penche au-dessus de l'âtre, remue les braises, ajoute une bûche et, s'agenouillant, souffle pour l'enflammer.

Elle a pris sa décision. Elle aussi écrira.


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Lucidité = ne pas s'enflammer pour un homme.
Arabella


Arabella sort de sa malle quelques vélins abîmés, qu'elle a récupérés de ci de là, grattant soigneusement les lettres inscrites, à la lueur d'une bougie, durant ses soirées solitaires. Elle a toujours eu l'espoir d'en avoir un jour l'utilité.

Ce jour est arrivé.

Elle vide son esprit du présent, se fixe sur Germaine. La mère de son époux.




De : Arabella Vacher, Auberge du Cochon Pendu, Arles, Provence.
À : Germaine Landru, Taverne « Chez Niçaise », Toul, Lorraine

Madame,

« La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve »*

Cela faisait longtemps que je n'espérais plus la moindre nouvelle de votre part, ma confiance en l'être humain et ses promesses s'est tarie il y a deux années, aussi ai-je été surprise d'avoir à vous lire.

Je me souviens encore de l'époque où j'en étais encore au babil enfantin.
Vous veniez fréquemment dans la maison de mes parents, avec votre époux et votre fils, qui n'était qu'un bébé.
J'aimais jouer avec lui, tandis que son père nous observait.

Encore innocente, je me précipitais souvent dans les bras de ce dernier pour lui caresser la barbe qui me chatouillait le cou lorsqu'il m'embrassait avant de me reposer en riant.

"Elle m'aime, que voulez-vous ! " J'ai encore dans l'oreille le son de cette voix qui m'a hantée longtemps.

Dites moi, que voulez-vous dire quand vous écrivez que vous vous êtes sentie nue ? Et excitée ? Que ressentez-vous lorsque vous pensez à lui ?

Arabella


* Rûmî

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