Finn
[Angers Sous les pavés, les cendres.]
Jour noir à marquer d'une pierre blanche que celui-ci. Un bain de sang dont on percevait encore lécho lancinant, des principales artères jusquaux venelles de la capitale archiducale frappée du sceau royal. Les relents nauséabonds de corps calcinés, enchevêtrés les uns sur les autres, agressaient le plus aguerri des odorats tandis que les souvenirs cruels du massacre hantaient même ceux qui navaient plus lusage de leurs yeux.
Au sein de cette harmonie macabre qui sinstaurait inlassablement après chaque bataille, le vieux briscard progressait, le front bas, à travers les murs des remparts. Observant depuis la hauteur de ses tours coiffées de créneaux déconfits les cendres fumantes du théâtre des horreurs de la guerre, lhomme se faisait songeur, voire soucieux. Il nest pas de bataille que lon noublie mais celle-ci était dun autre ordre encore. A moins que le seul fait davoir assisté à la chute de son plus proche camarade ne laiguilla en ce sens, assombrissant davantage la vision quil conservait de lépisode.
Qui était-il ? Si ce nest cet obscur seigneur parmi tant dautres déjà fort petit en Béarn et qui plus est hors de ses terres. Seul le lien qui le rattachait à son maigre bout de montagne importait, celui qui lunissait non pas à la Reyne, mais à cette Reyne-là. Bien mal lui en avait pris de subordonner celle à qui il devait tout au rang de simple observatrice de ses fantaisies, au mépris des fondements les plus élémentaires de la vassalité. L'orgueil ! Voilà quel était le mal qui le rongeait à présent de lintérieur, lui imposant cette toux permanente, cette fièvre insidieuse qui ne labandonnait que pour revenir parasiter plus sûrement alors le cours de ses réflexions. En somme, un doux aperçu du châtiment divin.
Son cheminement le conduisit à lintérieur du donjon au sein duquel sétait établi la Compagnie. Un bref passage au chevet du Chevalier de Bouillon gravement entaillé le retarda dans sa course au dortoir, lequel accueillait deux jeunes types que le désir de gloriole avait attiré sous le Lys. Des natures prometteuses que lappât du gain écartait du juste sentier, bien que parfois escarpé, de la discipline pour quelques herbes douces que lIrlandais leur obtenait en gage de leur discrétion. Bien heureux étaient les exploitants du mal inconnu qui décimait leurs rangs.
- « Messieurs, cest le moment de vous distinguer. », déclara-t-il avant les passer en revue dun pas leste. « Il se trouve un colis en la bonne ville de Saumur qui réclame votre attention la plus absolue. Une belle plante aux pétales blancs, certes un peu flétris sous le poids des années, mais qui conserve toute la verve bariolée de racines profondément ancrées dans un terroir dont il vaut mieux tout ignorer. Vous la trouverez en cherchant les chopes qui volent. »
Demi-tour droit, main tendue dévoilant un pli cacheté.
- « Présentez-lui ça de ma part. »
Jour noir à marquer d'une pierre blanche que celui-ci. Un bain de sang dont on percevait encore lécho lancinant, des principales artères jusquaux venelles de la capitale archiducale frappée du sceau royal. Les relents nauséabonds de corps calcinés, enchevêtrés les uns sur les autres, agressaient le plus aguerri des odorats tandis que les souvenirs cruels du massacre hantaient même ceux qui navaient plus lusage de leurs yeux.
Au sein de cette harmonie macabre qui sinstaurait inlassablement après chaque bataille, le vieux briscard progressait, le front bas, à travers les murs des remparts. Observant depuis la hauteur de ses tours coiffées de créneaux déconfits les cendres fumantes du théâtre des horreurs de la guerre, lhomme se faisait songeur, voire soucieux. Il nest pas de bataille que lon noublie mais celle-ci était dun autre ordre encore. A moins que le seul fait davoir assisté à la chute de son plus proche camarade ne laiguilla en ce sens, assombrissant davantage la vision quil conservait de lépisode.
Qui était-il ? Si ce nest cet obscur seigneur parmi tant dautres déjà fort petit en Béarn et qui plus est hors de ses terres. Seul le lien qui le rattachait à son maigre bout de montagne importait, celui qui lunissait non pas à la Reyne, mais à cette Reyne-là. Bien mal lui en avait pris de subordonner celle à qui il devait tout au rang de simple observatrice de ses fantaisies, au mépris des fondements les plus élémentaires de la vassalité. L'orgueil ! Voilà quel était le mal qui le rongeait à présent de lintérieur, lui imposant cette toux permanente, cette fièvre insidieuse qui ne labandonnait que pour revenir parasiter plus sûrement alors le cours de ses réflexions. En somme, un doux aperçu du châtiment divin.
Son cheminement le conduisit à lintérieur du donjon au sein duquel sétait établi la Compagnie. Un bref passage au chevet du Chevalier de Bouillon gravement entaillé le retarda dans sa course au dortoir, lequel accueillait deux jeunes types que le désir de gloriole avait attiré sous le Lys. Des natures prometteuses que lappât du gain écartait du juste sentier, bien que parfois escarpé, de la discipline pour quelques herbes douces que lIrlandais leur obtenait en gage de leur discrétion. Bien heureux étaient les exploitants du mal inconnu qui décimait leurs rangs.
- « Messieurs, cest le moment de vous distinguer. », déclara-t-il avant les passer en revue dun pas leste. « Il se trouve un colis en la bonne ville de Saumur qui réclame votre attention la plus absolue. Une belle plante aux pétales blancs, certes un peu flétris sous le poids des années, mais qui conserve toute la verve bariolée de racines profondément ancrées dans un terroir dont il vaut mieux tout ignorer. Vous la trouverez en cherchant les chopes qui volent. »
Demi-tour droit, main tendue dévoilant un pli cacheté.
- « Présentez-lui ça de ma part. »
La Couille Glabre a écrit:
Chère amie,
Nous sommes partis du mauvais pied.
En vertu de la main secourable qui vous a été autrefois tendue, acceptez, je vous prie, cette invitation cordiale à palier aux erreurs du passé. Vous me devez bien ça.
FdP
PS : Je suis au regret de vous apprendre que notre ami commun aux zygomatiques atrophiés mais à la lame néanmoins sûre est tombé, ce jour, au champ dhonneur.
Nous sommes partis du mauvais pied.
En vertu de la main secourable qui vous a été autrefois tendue, acceptez, je vous prie, cette invitation cordiale à palier aux erreurs du passé. Vous me devez bien ça.
FdP
PS : Je suis au regret de vous apprendre que notre ami commun aux zygomatiques atrophiés mais à la lame néanmoins sûre est tombé, ce jour, au champ dhonneur.
- « Et Tâchez de vous montrer convaincants. »
Quelques détails supplémentaires furent peaufinés autour dun index pointant une zone dégagée entre Angers et Saumur où prospérait, daprès ses souvenirs, un petit établissement hôtelier sans grande prétention qui abriterait sans mal leurs pieuses confidences.
Et à la paire de cerbères quune sombre corrélation génétique attifait du même pyjama de chair de se hâter vers l'exécution de leur besogne.
Evaluant quen quelques heures il rallierait le point de rendez-vous sans mal, lIrlandais décida de prendre un peu davance. Vieille habitude adoptée par prudence que celle de reconnaître le terrain avant une entrevue qui se pourrait houleuse.
- « Gae.. », balbutia le vieux seigneur avant de réaliser que son page, lui aussi comme beaucoup dautres, nétait plus des leurs.
Il ne lui restait plus quà sceller sa monture, seul.