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[RP] Mon Bel ami, parle-moi.

Alix_ann
Prise entre deux fils. Perpétuellement basculée entre la peine et l’excitation, toujours à la bordure d'un gouffre, sur cette petite étendue fine qui la séparait du vide et qui menaçait de craquer, de faillir et de faire s'écrouler avec elle ce que jusqu'ici elle avait construit. Alix éprouvait cette sensation déconcertante d’être la victime facile des forces de l'univers qui, elle le craignait très fortement, mûrissaient l'espoir de la faire progressivement décliner et de la supprimer. Elle deviendrait poussière, comme l'est aujourd'hui Alesius, et désormais sa mère.
Un sourire se dessine sur les lèvres vermeilles de l'enfant, assise sur un bord en pierre, gardée par le couple de mâ
tin napolitain, Titania et Obéron, qui lui laissait tout le loisir d'observer l'agitation du domaine. Les marchands étaient tout occupés à faire le tri entre leurs divers produits. Elle s'intéressait tout particulièrement aux merciers, les boutonniers, les tisserands, elle (matait) succinctement les tapissiers tout en prenant bien soin de rester sur son bout de bord de pierre. La Fadette avait un peu mal aux fesses de cette manière, mais pour rien au monde elle s'infligerait le raffut du mercantus. Elle a les coudes calés sur les genoux, la tête de biais posé sur les paumes de ses mains.

Pour le coup elle n'était pas bien malheureuse, cette observation hebdomadaire du marché local la satisfaisait pleinement. Il lui laisser le temps de se réclure au sein de son imagination et de flaner en paix. La vie de demoiselle de compagnie n'était pas des plus passionnantes! Elle n'avait que huit ans, la petiote. Elle vivait au rythme du duché, au même titre que de la duchesse et de ses filles, ces gamines repêchées d'un peu partout qu'elle nourrissait, logeait et éduquait. Au même que celui de Linien qui cuisinait pour elle, de Anaon la chaperonne et de Cerdanne la chaperonne aussi. Sa vie n'était pas faite de voyage, mais bien dans une atmosphère familial qui s'établissait peu à peu. Ça lui faisait songer à comment ça aurait pu être, en Bretagne. Elle n'y avait jamais vraiment réfléchit, jusqu'à maintenant. Comment la vie aurait été, si tout avait été? Papa et Maman n'auraient jamais rompu leur union, elle aurait pu être bretonissante toute sa vie. Sa mère l'aurait été, son père l'aurait choyée, sa marraine, bienveillante serait restée à ses cotés. Et son jumeau, lui, serait devenu l'allié qu'elle avait toujours espérée. Les Kermonfort aurait donc perpétué. Auraient-ils étés heureux tout de meme?

Tout cet espoir devient fumée et l'image du marché la prend de court dans sa rêverie. Elle devrait prendre le sentier et retourner vers le château. Le temps devenait froid, elle n'avait aucune envie de chopper la crève, comme Yolanda collée au lit qui séchait même les soupers.

Alix allait se lever, prendre le chemin jusqu'au chaud. Mais un petit bonhomme arrive jusqu'à elle. La Fadette prend l'air toute candide, celui qui lui va vachement bien. En ce moment, elle s'emmerde un peu. D'habitude leurs soirées se passent dans les tavernes saumuroises, leur terrain de jeu favori. Mais Anaon ne veut plus les amener en taverne, pour le moment. Les gosses ont été trop insupportables, la dernière fois. La chaperonne leur avait confié, à Alix, mais la Baccard et à elle Alix, il y a quelques semaines, au milieu des soûlards, que le monstre serait bientôt de retour à Saumur. Elles en étaient toutes arrivées à la conclusion qu'il faudrait lui régler son compte, ce soir là. Un monstre ici en Anjou qui mangeait les enfants. Encore une histoire à dormir debout qui marchait très bien pendant les veillés de la mesnie.
Elles attendirent des jours durant. Ce n'est qu'il y a peu de temps qu'il remit les pieds jusqu'au lieu favori à la mesnie Penthièvre, leur terrain de jeu si adoré, les tavernes. Si vous aviez vu leur têtes, aux gosses, quand elles ont vu la taille du colosse de Nerra. Le borgne! Enfin, c'était loin de les impressionner les mômes, déjà la Baccard, son père c'était un guerrier, et son père à elle, c'est un guerrier aussi. Y'avait Alienor aussi, mais la Fadette n'en savait rien, de si son paternel à elle était guerrier. Puis Anaon avait bien le faciès traversé par une cicatrice partant de chaque extrémités des lèvres pour arriver vers la paupière, et que Linien avait la moitié du sien brûlé. Alors le borgne, il les a presque pas impressionnés du tout (toute proportion gardée, bien sur). Pour accomplir leur quête elles eurent à faire face, bien malgré elles. Il y eut pas beaucoup de sang, ce fut plus des tentatives stériles de percer les défenses de l'adversaire qui s'avérait les dominer de toutes part, qui envoyait Alienor buter contre le tonneau parfois, ou écrasait les Alix au sol d'un coup de main. Anaon regardait le spectacle, les sens en alerte, comme une bonne coach sportive qui se respecte. La bataille s'annonçait perdu d'avance, aucune stratégie ne vient à bout du Colosse. A de nombreuses reprises, elles songèrent même à s'avouer vaincu tant leur force était réduites comparées à celle du célèbre zokoiste.

Ses yeux s'ouvre tout naturellement sur un regard bleu comme le sien.
Elle rit, puis reprend immédiatement son sérieux.


-« Ann nous a dit de rappliquer en vitesse. On a toutes accourue au garde à vous. Elle s'est penchée vers nous et nous a donné une nouvelle solution. »
Elle se penche vers son comparse. Il a des cheveux de blé et un teint d'avoine. D'un signe de main elle lui indique d'approcher.
-« Elle nous a dit... si vous l'embrassez, ça deviendra un prince. Comme dans les contes. Ceux que nous raconte Yolanda, tu sais. Alors on a du faire la diversion, puis on lui ait tombé dessus... »
Elle le touche, du bout des doigts. Rien que pour l'effleurer, pour vérifier.
Long soupire, puis à l'oreille. Plus bas :

C'moi qui m'y suis collée. »

Elle tortillait un peu du fion pour en venir ou elle venait en venir. C'était un aveu d'une importance capitale pour la buze qu'elle était, son premier baiser comme un sacrifice de sa personne pour vaincre sur le colosse.

-« Mais c'est jamais devenu un prince. Enfaite. »
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« L'homme n'amène pas son propre malheur, et si nous souffrons, c'est par la volonté de Dieu, bien que je n'arrive pas à comprendre pourquoi il se croit obligé de tellement en remettre. »
- Woody Allen
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