Alix.b
Est-il besoin de préciser que les évènements de la veille avaient jeté la fillette dans un profond désarroi ?
Mais récapitulons pour plus de clarté : tout d'abord retrouver ici à Saumur le géant sylvestre sorti tout droit des bois d'Embrun (en terres lyonnais-dauphinoises donc) avec ses histoires de bête féroce qui faisaient peur, puis apprendre qu'il était là pour elle. Non pas qu'elle le craigne, en fait c'était plutôt l'inverse car à tant soupirer après ses montagnes chéries l'enfant avait accueilli ce compatriote avec joie.
De fait ce qui l'avait vaguement inquiétée était la raison pour laquelle il devait la rapatrier le plus rapidement possible en terres lyonnaises.
Mais quand on connait la capacité de concentration d'Alix, époustouflante de brièveté, on comprendra que cela lui soit sorti de la tête à peine rentré. Du coup le profond désarroi est finalement bien relatif.
Néanmoins le mystère demeurait entier maintenant qu'Anaon était venue la chercher dans la chambre qu'elle partageait avec l'autre Alix.
Le jour ne se lèverait que dans une heure, du reste elle n'avait pas beaucoup dormi, trop occupée à frétiller dans son lit à l'idée de revoir sa famille, Sabine, tata Ninou et son bébé, tonton Vaast, tonton Phelim, tonton Rotule, tonton Ka, l'ours Argael, Somica, Vanes, Taz, Adrienne... la liste est non exhaustive.
Felryn avait prévenu quils voyageraient léger, sans monture aucune. Ils iraient donc à pied et grimperaient sur les charriots qui voudraient bien les (sup)porter. Soucieuse du confort de la fille du Loup qui navait jamais connu pareilles conditions de voyage, Anaon la dévouée avait tout de même négocié une mule pour quelques provisions, rechanges et divers objets qui pourraient améliorer linconfort de la situation.
Elles attendaient donc (Anaon et la mule) dans la cour du château pendant quAlix finissait de se faire habiller, en silence, par une domestique. Bien quelle ait voulu dire au revoir à Yolanda létat de cette dernière ne lui avait pas permis de lui rendre visite, pourtant elle était restée longtemps derrière les appartements de la châtelaine à gratouiller le bois dans lespoir quon lentende, pour contourner linterdiction formelle douvrir la porte de la chambre où la duchesse était alitée.
La fillette constata avec ravissement quon lui avait fait enfiler un accoutrement comme elle les aimait : pas de robe où semmêler les pattes, juste une chainse courte, des braies bien cousues, une tunique rouge vif et un petit manteau de fourrure, le tout retenu par un ceinturon dont la boucle sornait dun loup.
La servante sortit descendre les derniers effectifs de la petite qui iraient dans un des deux coffres quon chargerait sur la mule. Alix en profita pour jeter un regard au grand lit qu'elle partageait avec l'héritière Montfort, où une petite forme laissait dépasser quelques cheveux blonds sur les draps.
Tirant sur sa tunique, elle sapprocha delle et escalada le lit, les pattes arrières gigotant dans le vide.
Alisque ? Dis Alisque, tu men voudras pas si je pars nest-ce pas ?
Petite pause, le temps pour les couvertures de se soulever deux fois, régulièrement, calmement.
Felryn memmène voir papa et Landry et tata Axel et (on ne va pas recommencer la liste, si besoin se référer ci-dessus).
Je reviens vite, je te promets. En attendant toi tu me promets de bien manger, hein. Quand je reviens on fait la course, et jtapprends à grimper au grand tilleul, tu sais celui quAnaon elle veut pas quon monte dessus.
La gorge se noue un peu, cette scène elle la déjà vécue mais cest sur son frère quelle se penchait, dans son envie de partir avec son père où il irait, cachée dans un grand coffre à provision (qui lui avait valu de sentir landouillette pendant des jours, mais paraît-il que ça lui allait bien, un peu ton sur ton quoi).
Elle a clairement limpression dabandonner la fadette, cest instinctif, la montagnarde sest attachée à cet homonyme pâle et réservé, un peu comme si elle sen sentait responsable.
Bon je dois y aller.
Mais il faut quelle parte, lordre vient de son père et elle ne peut sy soustraire. En prenant soin de ne pas la réveiller elle se penche pour embrasser le front endormi, puis saute du lit pour détaler dans le couloir, *boum boum boum boum*.
Vite vite, avant de regretter !
*Ne me quitte pas - Jacques Brel.
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Mais récapitulons pour plus de clarté : tout d'abord retrouver ici à Saumur le géant sylvestre sorti tout droit des bois d'Embrun (en terres lyonnais-dauphinoises donc) avec ses histoires de bête féroce qui faisaient peur, puis apprendre qu'il était là pour elle. Non pas qu'elle le craigne, en fait c'était plutôt l'inverse car à tant soupirer après ses montagnes chéries l'enfant avait accueilli ce compatriote avec joie.
De fait ce qui l'avait vaguement inquiétée était la raison pour laquelle il devait la rapatrier le plus rapidement possible en terres lyonnaises.
Mais quand on connait la capacité de concentration d'Alix, époustouflante de brièveté, on comprendra que cela lui soit sorti de la tête à peine rentré. Du coup le profond désarroi est finalement bien relatif.
Néanmoins le mystère demeurait entier maintenant qu'Anaon était venue la chercher dans la chambre qu'elle partageait avec l'autre Alix.
Le jour ne se lèverait que dans une heure, du reste elle n'avait pas beaucoup dormi, trop occupée à frétiller dans son lit à l'idée de revoir sa famille, Sabine, tata Ninou et son bébé, tonton Vaast, tonton Phelim, tonton Rotule, tonton Ka, l'ours Argael, Somica, Vanes, Taz, Adrienne... la liste est non exhaustive.
Felryn avait prévenu quils voyageraient léger, sans monture aucune. Ils iraient donc à pied et grimperaient sur les charriots qui voudraient bien les (sup)porter. Soucieuse du confort de la fille du Loup qui navait jamais connu pareilles conditions de voyage, Anaon la dévouée avait tout de même négocié une mule pour quelques provisions, rechanges et divers objets qui pourraient améliorer linconfort de la situation.
Elles attendaient donc (Anaon et la mule) dans la cour du château pendant quAlix finissait de se faire habiller, en silence, par une domestique. Bien quelle ait voulu dire au revoir à Yolanda létat de cette dernière ne lui avait pas permis de lui rendre visite, pourtant elle était restée longtemps derrière les appartements de la châtelaine à gratouiller le bois dans lespoir quon lentende, pour contourner linterdiction formelle douvrir la porte de la chambre où la duchesse était alitée.
La fillette constata avec ravissement quon lui avait fait enfiler un accoutrement comme elle les aimait : pas de robe où semmêler les pattes, juste une chainse courte, des braies bien cousues, une tunique rouge vif et un petit manteau de fourrure, le tout retenu par un ceinturon dont la boucle sornait dun loup.
La servante sortit descendre les derniers effectifs de la petite qui iraient dans un des deux coffres quon chargerait sur la mule. Alix en profita pour jeter un regard au grand lit qu'elle partageait avec l'héritière Montfort, où une petite forme laissait dépasser quelques cheveux blonds sur les draps.
Tirant sur sa tunique, elle sapprocha delle et escalada le lit, les pattes arrières gigotant dans le vide.
Alisque ? Dis Alisque, tu men voudras pas si je pars nest-ce pas ?
Petite pause, le temps pour les couvertures de se soulever deux fois, régulièrement, calmement.
Felryn memmène voir papa et Landry et tata Axel et (on ne va pas recommencer la liste, si besoin se référer ci-dessus).
Je reviens vite, je te promets. En attendant toi tu me promets de bien manger, hein. Quand je reviens on fait la course, et jtapprends à grimper au grand tilleul, tu sais celui quAnaon elle veut pas quon monte dessus.
La gorge se noue un peu, cette scène elle la déjà vécue mais cest sur son frère quelle se penchait, dans son envie de partir avec son père où il irait, cachée dans un grand coffre à provision (qui lui avait valu de sentir landouillette pendant des jours, mais paraît-il que ça lui allait bien, un peu ton sur ton quoi).
Elle a clairement limpression dabandonner la fadette, cest instinctif, la montagnarde sest attachée à cet homonyme pâle et réservé, un peu comme si elle sen sentait responsable.
Bon je dois y aller.
Mais il faut quelle parte, lordre vient de son père et elle ne peut sy soustraire. En prenant soin de ne pas la réveiller elle se penche pour embrasser le front endormi, puis saute du lit pour détaler dans le couloir, *boum boum boum boum*.
Vite vite, avant de regretter !
*Ne me quitte pas - Jacques Brel.
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