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La gargote Franc-Comtoise : RP - Le pendule de Jean-Pierre Foucault

Kirkwood
(hrp : petit "au-revoir" -donc momentané !- des sicaires à la Franche-Comté !)

Ils gagnèrent la clairière indiquée par les partisans comtois, unis comme eux dans le refus de l’arrogance nobiliaire autant qu’orthodoxe.

‘Fin bon, ils pouvaient l’être, arrogant. La tôlée, qu’ils leur avaient mis ! Un poutrage dans les règles de l’art. Les grandes…

C’était d’ailleurs ça qui chiffonnait Kirkwood jusqu’à lui faire perdre le goût de la cancoillotte pourtant généreusement offerte par les partisans.

Mais bon, trente jours de cancoillotte trois fois par jour, à la cuillère avec un petit verre d’absinthe pour faire passer le tout, emballés comme des saucissons sous les bandages qui couvraient une bonne partie du corps…

Alors, ça lui avait gâché le goût et la bonne humeur. Oh, il avait fait bonne figure autant que se peut, encourageant par courrier ses frères et sœurs aristotéliciens réformés de Genève, pour le culte. Il avait prêché la bonne parole aux sicaires d’armes et d’ombre, aux républicains des volontaires étrangers des Brigades Interducales.

Mais il en avait tant vu mourir, sur le champ de bataille ou de leurs blessures... Reg était celle qu’il avait le plus pleurée. Amie fière et sûre, parfois tête folle.

Genève était loin et lui manquait. Andrew le barde au sky sans pareil, Izaac le barbu barbon barbant, Nefti l’auguste poitrine nourricière du génie fécond de la cité, Mélian le voyageur aux semelles de foudre, et Nicbur le nicburrissimesque…

Les souvenirs lui titillaient l’âme, l’échec frétillait en sa conscience, les souffrances vécues et partagées clarinettaient la danse macabre…
Et ils allaient partir comme ça, sur un échec flagrant ?

Quand les anciens du hameau –entre deux cuillérées de cancoillotte- lui parlèrent de cette relique aristotélicienne que chantaient d’antiques légendes du cru, il n’eut de cesse d’en apprendre davantage.
Au bout d’une semaine supplémentaire de cancoillotte, son opinion était faite et il parvint à convaincre quelques compagnons d’armes.
--Uewen

Ils progressaient lentement, clopin-clopant, freiné par leurs blessures, silencieux.

De la clairière, ils gagnèrent un sous-bois que la tradition disait enchanté. Le brouillard, lui, les enchanta peu en cachant les repères, bien que le soleil nimbait arbres et buissons d’une douceur alchimique.

La brume s’épaississant comme sortant du Chaudron magique des sorcières d’Irlande, ils ralentirent encore. Les arbres paraissaient des géants, les buissons un troupeau que ces Cyclopes menaient paître. Le bruit de leurs pas, étouffés, faisait comme un rythme antique, propice à voir naître les fantômes.

Une clairière leur ouvrit les bras. Trois autres chemins s’ouvraient dans les profondeurs mystérieuses de ces bois d’autrefois. Lequel prendre ?

Un lion leur apparut, fier, hautain, léchant des blessures profondes comme s’il s’agissait de simples griffures. Ils s’immobilisèrent, tombèrent à genoux en rendant grâce et prièrent. L’auguste animal les regarda, se dressa, soudain indemne de toute marque, puis gagna sereinement le chemin à leur gauche avant de disparaître à leurs regards.

Il ne leur fallut pas cinq credo avant de découvrir des ruines. Ils avaient trouvé l’abbaye…

Vittorio Ugolino dei Bardolino dei Parmigiano, La légende des millénaires, 1460
Lingus
Lingus avait quitté Pontarlier sous une pluie battante. L'orage avait emporté la charpente qui les abritaient lui et ses frères réformés, et un formidable éclair avait réduit la dépouille de Reginae en cendres.
Une femme était entrée dans le grenier au même moment mais dans l'agitation de l'instant il ne l'avait pas reconnue et avait couru jusqu'à la première auberge en emportant avec lui les grimoires qu'il avait empruntés à la bibliothèque du diocèse.
Ça n'était pas du vol, enfin presque pas... un simple oubli, et puis ces vieux volumes semblaient prendre la poussière sur un rayonnage oublié au fond du cabinet, lui-même bien peu fréquenté par les comtois.
En clair, les grimoires prenaient l'eau dans sa besace alors que la date de retour était passé depuis bien longtemps et Lingus n'était pas étouffé par les remords.

La chance voulu qu'il croise la route de Kirkwood. Celui-ci était particulièrement excité par la quête d'une relique locale et la curiosité du vieux sicaire en fut piquée. Après quelques heures d'explications fiévreuses, Lingus décidait de se joindre à l'équipée.
La chance toujours voulu que la couverture d'un des livres, ramollie par l'humidité se décolle au moment où il s'en saisit pour le montrer au lecteur-chanteur. Il voulait avoir son avis sur un passage qu'il avait lu au cours de ses longues heures d'inaction dans le grenier. Mais une poignée de feuillets s'échappa alors de sous le cuir. Kirkwood était bien trop pris par son histoire et continuait d'exhorter ses compagnons d'arme sans y prêter plus attention. Aussi, Lingus rangea la liasse de papier jaunis après y avoir jeté un rapide coup d'oeil, il aperçut une illustration :






Il verrait cela plus tard... pour le moment, l'heure était au départ.
Ils gagnèrent les sous-bois puis la forêt dense et débouchèrent finalement dans une clairière d'où partaient trois chemins. Lorsqu'il vit le lion leur apparaître, Lingus sût qu'il n'était plus question de chance...

_________________
Lingus
La troupe s'engagea sur le sentier de gauche à la suite de l'apparition mais au premier virage ils la perdirent de vue.
Ils arrivèrent rapidement en vue d'une ruine. Ce n'étaient que quelques pierres moussues éparpillées au sol que la végétation menaçait d'engloutir, seul le porche ne tenait plus guère que par un grand mystère et deux colonnes ventrues.
La stupéfaction qui les avait tous frappés suite à leur rencontre avec le lion se dissipa peu à peu et l'excitation s'empara d'eux. Ils avaient fini par trouver l'abbaye dont Kirk lui rabâchait les oreilles depuis la taverne.

Ils se dispersèrent rapidement, tels une nuée de mioches à la découverte d'un nouveau terrain de jeu. Mais au bout d'une heure, ils avaient fait le tour des lieux, inspecté chaque bloc de pierre, longé chaque pan de mur non effondré sans rien découvrir.
Il fallait se rendre à l'évidence, qu'étaient-ils venus chercher ici? Qu'espéraient-ils trouver alors que l'édifice n'était plus qu'une ruine en proie aux ardeurs envahissantes de la nature? Lingus s'était laissé convaincre par son frère de l'accompagner dans cette quête insensée et il commençait à le regretter.

Il se laissa choir sur une souche et croisa les bras sur sa poitrine en signe de dépit. C'est alors qu'il sentit un renflement sous sa veste : les mystérieux parchemins, il les avait rangé prestement dans son col et les avait presque oublié depuis!
Lingus les déplia sur ses genoux et les examina plus attentivement. Il laissa la reproduction de l'os gravé de côté et entreprit de traduire les autres feuillets. Ils étaient couverts d'une écriture fine et serrée, du latin et quelques passages en maure, autant dire de la rigolade pour Lingus! Cependant les tournures de phrase et l'usure du parchemin qui donnaient une idée de son grand âge, rendaient aussi la traduction malaisée.



"La allakum ta qilûna"... Escomptant que vous raisonniez... Drôle de titre! Y'en a des fois, on s'demande comment il les trouvent!


Il reprit sa lecture à voix haute.



Voici le récit édifiant de la fondation de notre secte... du premier schisme de l'Aristotélité... Ceci n'est pas une confession... car n'est-il pas écrit... "Te justifier ne t'apporteras pas de chameau en récompense"?



Lingus s'adossa à l'énorme bloc de pierre qui se trouvait derrière lui pour être plus à son aise, sans doute le socle d'un ancien pilier. Son crane heurta un bas-relief dissimulé par le lierre. Il retint un juron et se retourna en se massant l'arrière de la tête. Il écarta le feuillage pour mieux voir le motif et remarqua qu'à l'endroit où il avait frappé la pierre avec force, un détail de la sculpture, une fleur, était enfoncé.

Au même moment, il sentit le sol trembler sous lui et le bloc de pierre sur lequel il était toujours assis pivota lentement, dans un grondement sourd. Il dévoila un boyau qui s'enfonçait sous terre et d'où provenait une odeur de cachot. Lingus bondit sur ses pieds et se pencha sur le trou, son entrée était obstruée par des siècles de toiles d'araignées. Il se tourna vers Kirkwood avec un air innocent qui semblait signifier "Je t'en prie, après toi."

_________________
Kirkwood
Après la disparition du lion, qui les avaient amenés à se dire qu’il fallait quand même sérieusement limiter la consommation d’absinthe, les sicaires avaient entamé leur recherche de quelque chose, sans trop savoir ce que c’était. Il faut dire que Kirk, s’il les avait abreuvés de son enthousiasme et de sa verve, n’était pas tombé dans l’excès pour les détails.

Nixt. Quedalle. Rien. Le néant. Le vide. Nothing.

Résultat, Lingus s’était mis à la lecture ; on expliquait à Vittorio l’intérêt de plantes qui accroissaient certaines performances humaines, mâles ou femelles ; enfin certains semblaient davantage chercher des fraises pour complaire à Sanctus qu’autre chose…

Quand Lingus enclencha sans le vouloir un mécanisme qui déclencha l’ouverture d’un tunnel. Tour le monde se dirigea vers le héros du moment et sa découverte.

Ça sentait bon comme une prison doloise, et pleins de petites araignées s’échappèrent…
Lingus s’effaça d’un air modeste pour laisser la place à Kirk, dont la vague claustrophobie ponctuelle n’en demandait pas tant…

Merci, Frère Lingus…, fit-il en se forçant pour ne pas laisser voir sa peur.
La barbe a ceci de bon qu’elle cache un brin l’expression de certains sentiments…
Kirkwood
Il s’enfonça dans le trou béant qui dessinait une faible pente. Juste la taille d’un homme. Glups.
Les toiles d’araignées lui couvraient le visage, et certaines de leurs créatrices découvrirent les joies oubliées du tourisme : visage, vêtements, par-dessus, par-dessous, chatouille et rampouille partout, y compris des endroits que la décence commande d’oublier…
Ne pas hurler, il faudrait ouvrir la bouche… Renoncer à s’occuper de son nez aussi…

Dehors, les sicaires se demandaient s’il fallait suivre.
L’enthousiasme n’était pas franchement au rendez-vous, mais l’obligation de solidarité, d’abord peu écoutée, emporta la conviction quand on rappela le côté soupe-au-lait et rancunier de Kirk qui pouvait, en de mémorables occasions, réciter à qui les lui gonflait menu, les 52 articles d’Izaac en boucle…

Les toiles d’araignée ne durèrent pas longtemps, et quand Kirk, au bord de l’asphyxie, l’annonça d’un "rhââââââââââââââââââââââââââââ" tonitruant, l’ambiance se détendit…

Jusqu’à ce qu’il signale que le conduit, sans s’élargir davantage mais en restant maintenant relativement droit, s’avérait maintenant un refuge pour vers de terre.
Pas métaphoriquement, hein, ni en guise d’humilité aristotélicienne, hein, des vrais… Seule la nouvelle qu’on entendait du bruit derrière eux (bruit que la panique croissante faisait maintenant identifier à une patrouille doloise) les convainquit de persévérer…

Jusqu’à un cul-de-sac, certes débarrassé depuis deux ou trois mètres des vers, mais où ne se trouvait qu’une grosse flaque de boue.

Généreusement traité par ses compagnons de tous les noms, y compris « dolois » et « orthodoxe » parmi les moins amènes, Kirk cherchait à tâtons un mécanisme ou quoi que ce soit. Rien. Nib. Le néant, etc.
Quand ses mains s’enfoncèrent dans la boue et n’en trouvèrent pas le fond…

Comme on croyait toujours que la patrouille s’approchait et que les conditions ne se prêtaient pas franchement à un combat, il tenta ce qu’il restait : il plongea dans la boue après avoir prévenu.
Un tunnel de boue dans un tunnel de terre… Les types qui avaient conçu ça étaient franchement tarés…
Kirkwood
Ils finirent tous par le suivre et aboutirent dans un conduit d’eau limpide qui les amena à une sortie. Un puits qui débouchait au centre d’une salle circulaire. Ainsi curieusement nettoyés, ils inspectèrent la pièce.

Elle était ornée à intervalles réguliers de colossales statues que Lingus identifia comme les 7 archanges : Raphaelle, Michel, Sylphaël, Gabriel, Galadrielle, Georges et Miguaël. Frises et bas-reliefs couvraient littéralement les murs entre les monumentales cariatides. Pas de porte. Un plafond à hauteur de chêne. D’où provenait la lumière qui les éclairait…

Encore une fois, il fallait cherchait une sortie. Au bout d’un bon moment, genre la confession des péchés les plus ignobles du pape histoire de mériter quand même l’extrême-onction par un collègue pas trop bégueule, Kirk hurla :


J’avions trouvé ! Là, c’estions un pissenlit ! Et c’estions aussi un pissenlit sur lequel t’avions appuyé là-haut, Lingus, non ? Avant que le sicaire puisse répondre, Kirk reprenait : Comment qu’on dit « pissenlit » en britton ? Dandelion ! Dent-de-lion ! Si c’estions point un signe, alors, je savions point ce qu’il vous fallions !

Et il appuya d’autorité, avant même que quelqu’un ait le temps d’évoquer l’idée d’un piège ou d’une erreur d’interprétation…
Un Greueueueueueueueueu retentit dans l'étrange caverne, pendant qu'une porte s’ouvrit sur un large couloir où des torches attendaient qu’on les allume.
Kirk fit un sourire narquois, jusqu’à ce que Lingus traduise l’inscription latine derrière l’ouverture :


Citation:
Toi qui as choisi heureusement le symbole de la vie, de la connaissance qui s’envole au vent et se répand, remercie le Seigneur et Aristote, car sur tout autre signe, ta vie aurait été soufflée par la colère divine contre la prétention animée par le Sans-Nom. Frère Laroux Silustré


Des regards acides et acérés se dirigèrent alors vers Kirk qui s’abima dans la contemplation de ses bottes…
Lingus
Lingus suivit le mouvement en se félicitant d'avoir cédé la tête du convoi à Kirk dont la carrure lui assura une relative tranquillité côté araignées, avec un tel gaillard devant, le chemin était bien dégagé pour les suivants!

Il fut presque soulagé de voir le cul-de-sac malgré les rumeurs qui leur parvenaient de l'arrière-garde, il attendit quelques instants avant de proposer un demi-tour, un temps raisonnable pour ne pas passer pour un froussard. Mais alors qu'il s'apprêtait à déclarer d'un air détaché que le tunnel s'était sûrement effondré et qu'il serait plus prudent de revenir en arrière, Kirk disparut tête la première dans la mare de boue.

Ses compagnons transalpins le suivirent avec enthousiasme sous l'œil hébété de Lingus. Il fit quelques moulinets du bras, comme s'il supervisait la manœuvre et donnait le départ de chaque plongeon, mais c'était plus en réalité pour se donner une contenance. Et ce n'est qu'une fois que le dernier homme eut plongé sous la boue qu'il s'aperçut qu'il était désormais un peu tard pour annoncer qu'il ne savait pas nager.

Seul dans le boyau souterrain, il lança un regard en arrière. le silence était revenu, les sois-disant bruits de patrouille à leurs trousses n'était en réalité que leur propre écho amplifié par la galerie.
Lingus hésita, mais pas longtemps. Toutes sortes de créatures rampaient, grouillaient ou cavalaient autour de lui. Et puis la boue, ça n'était pas vraiment de l'eau... alors là ça ne serait pas vraiment de la nage...

Il s'empara d'une mince fiole dans laquelle il gardait de la liqueur de topinambour... pour les grandes occasions! il la vida d'un trait -dans l'gosier, pas au sol ça va d'soit!- et y roula les parchemins qui avaient déjà bien souffert des assauts conjugués du temps et des intempéries. Il reboucha la fiole et s'élança à la suite de ses compagnons.

_________________
Lingus
Lingus émergea à l'air libre en toussant et en crachant une eau brune et épaisse. A sa grande surprise, ils se trouvaient au centre d'une large salle circulaire où trônaient les statues des sept archanges. Il n'eut pas le temps d'en faire le tour car à peine était-il arrivé au pied de celle représentant Georges qu'il entendit un grondement familier. Il n'eut pas le temps d'admirer plus longtemps l'ange que l'artiste avait sulpté terrassant Belzébuth sous sa forme arachnéenne, un nouveau couloir s'ouvrait devant eux.

Cette fois, Lingus voulant dissiper toute suspicion au sujet de son courage s'engagea le premier dans le corridor. A vrai dire, il ne voulait pas non plus fermer la marche...
Il prit une torche au mur car il est plus dur d'être courageux dans le noir, mais lorsqu'il réalisa que son amadou mouillé était désormais inutilisable, il envoya valser la torche au loin. Au moment où elle toucha le sol, des dizaines de lances jaillirent du plafond pour se planter juste devant ses pieds dans un bruit sec.

Il se tourna vers les autres, blanc comme un cadavre mais n'ayant pas totalement renoncé à sa dignité, il déclara posément :
La voie est libre, on peut y aller.

En slalomant dans la forêt de lances, ils atteignirent une portion plus large du couloir barrée par une immense porte de bois aux ferrures impressionnantes. Quelques rais de lumières tombaient par de minuscules lucarnes creusées dans la voute rocheuse. Le sol était constitué de dalles portant chacune une lettre de l'alphabet et de lourds boulets de fonte reposaient dans un coin. Lingus s'en approcha et découvrit une inscription gravée sur la paroi.


Citation:
Pour moi, l’accouchement vient avant la grossesse, l’enfance avant la naissance, l’adolescence avant l’enfance, la mort avant la vie…

Que suis-je ?

_________________
--Reginae.





[Le Jardin des Délices]

Couchée sur le ventre, coudes à terre (non nuage en fait), joues dans les mains et pieds relevés en éventail à l'arrière, Reginae vient jeter un oeil. D'ailleurs, ce serait peut être pas une mauvaise idée ça, de jeter un oeil tout neuf à Lingus, pour remplacer celui que Brieuc lui a ôté. La seule difficulté: viser juste pour qu'il atterrisse directement dans son orbite. Sinon, risque de rebondissage intempestif, et d'une suite d'évènements en cascade dont on ne peut prévoir la teneur. Mauvaise idée donc..trop dangereux. Quoi que..depuis quand devrait elle se soucier des conséquences de ses actes? Le mieux ce sera de voir cela directement avec le Très Haut, elle le note donc dans son calepin pour ne pas oublier.

La Sicaire devenue pulpeuse comme un ti cochon de lait grâce à l'abondance de mets exquis et l'absence d'activitée, regarde le groupe de Sicaires en train de faire à peu près n'importe quoi en Franche Comté. Et comme par hasard, qui se distingue dans cette aventure Léonine, Kiki et Lingus. Dire qu'elle leur a envoyé un Lion juste pour le plaisir d'observer leur réaction, et qu'ils ont trouvé le moyen de s'embarquer une fois de plus dans une histoire abracadabrante...en plus, à tous le coups ils vont encore se prendre une branlée, c'est certain.

A cette pensée, l'ex brune se rémemore le Grand Tournoi de Genève de Janvier, où elle les a tous les deux terrassé, par des méthodes peu othodoxes

Lingus en lui sautant sans préavis à califourchon sur le torse, et l'étranglant avec sa ceinture

Kiki, avec l'aide de Nicbur, en lui versant du vin chaud dans les braies


D'ailleurs, le prochain Tournoi de Genève c'est bientôt, il faudrait voir à trouver une animation pour cet événement majeur dans les Royaumes. Zou, elle note aussi dans le calepin: voir si volcan proche de Genève pour explosion.

Bien revenons à notre groupe de Sicaires en train de fouiner dans des boyeux boueux dangereux. Le morte remarque une légère faute de goût: ils auraient pu se mettre torse nu avec un bandeau autour de la tête, et une dague dans la bouche, pour partir à la recherche du temple perdu.

Reginae se tourne vers Ernestine, l'ânesse de Zarathoustra elle aussi morte à Pontarlier, qui est devenue sa compagne de Jardin (ça aurait pu être pire..imaginez si le Farfa était mort..elle aurait eu un nain comme compagnon..gloups..c'est dangereux un nain de Jardin)


- Dis ma Belle, si ils se sortent de cette histoire; on pourrait leur envoyer un Grand Lion d'Or ailé fonctionnant à l'énergie solaire, comme ça ils pourront rentrer directement à Genève. Imagine la trombine de l'Izaac en voyant arriver un volatile de cette taille, ça le changerait de ses colombes. Une émotion à lui friser la moustache sur le champ


Ernestine retrousse les babines, laissant apparaître une dentition parfaite. Les oreilles en l'air, elle plonge son regard expressif dans celui de la feu Sicaire et répond

- HIIII HAANNNNNNNN

Un peu désespérée quand même, Reginae lui tend une poignée de foin, puis continuer d'admirer le courage et la tenacité de ses Frères. Pas toujours facile de discuter avec un âne.

Ah une énigme, en voilà une chose intéressante qui permettra de vérifier si les Sicaires du Lion de Juda ne sont que des brutes assoifés de sang.



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Sicaire du Lion de Juda morte reposant en paix avec Ernestine

Kirkwood
Ça faisait un bon moment que le groupe des sicaires poirotait devant l’énigme à résoudre.
Citation:
Pour moi, l’accouchement vient avant la grossesse, l’enfance avant la naissance, l’adolescence avant l’enfance, la mort avant la vie…

Que suis-je ?

Beaucoup de propositions avaient été faites, mais aucune n’emportait l’adhésion… Kirkwood affirmait qu’il s’agissait de « Deos », mais entre l’écart des dalles et l’idée d’une adolescence divine qui laissait pour le moins perplexe, il ne se sentait pas pressé d’expérimenter sa théorie.

Photios le Byzantin déclara tout d’un coup
: Hé, c’est pas une mauvaise idée, mais faut la prendre à l’envers ! C’est « démon » la réponse ! Seul un démon peut ainsi se mettre à l’envers de la normalité voulu par Deos ! Et je le prouve !
Et d’un saut, il se retrouva sur la dalle « D », alors que tous retenaient leur souffle.

Rien. Aucune catastrophe. Ça marchait…

Puis Vittorio glissa doucereusement :
Et si c’était « diable » ?

Photios qui s’apprêtait à resauter, le sourire aux lèvres, hésita à nouveau… Puis il s’élança et atterrit sur le rebord du « E », proche voisin du « I ».
Un déclic se fit entendre, la dalle « E » se brisa et un magnifique boulet de fonte décrit une délicate trajectoire en cloche, comme tirée par une superbe catapulte, avant de s’écraser en beauté sur la dalle dans un majestueux fracas, alors que Photios avait réussit à rebondir tant bien que mal et atterrir, plus mort que vif, sur le « I »…


Tous étaient blancs comme neige, et en particulier le Byzantin, qui lâcha une bordée de jurons impressionnants, même pour les autres sicaires, pourtant assez doués… Le boulet faisait bien ses 40 livres, et chacun imaginait sans peine le résultat d’une rencontre fortuite entre son crâne et la fonte à l’issue de sa trajectoire

- Bravo, le bougre, fit Photios, énervé ! Réfléchit plus vite quand même, la prochaine fois !
- Hé bien, avant de continuer, laisse-moi encore le temps de réfléchir, je crois avoir une autre solution, répliqua Vittorio.
- Ah, il suffit, j’ai assez attendu, la solution est bonne, poursuivons-là, inutile d’étaler encore ta science !

Et il sauta sur la dalle « B ».
Qui elle aussi, produisit un déclic.
S’effondra sous le poids du Byzantin qui tenta désespérément de se retenir…
Jusqu’à ce qu’il reçoive un autre boulet de fonte sur l’occiput, dans un craquement qui fit frémir l’ensemble du groupe…
Kirkwood
Tous se signèrent, horrifiés. Puis Vittorio reprit la parole.

- Il était quand même illogique que des moines proposent pour accéder à une révélation aristotélicienne, le nom des serviteurs du Sans-Nom…
Par contre, ces clercs savants et instruits qui veulent qu’on fasse preuve de réflexion, peuvent avoir utilisé un de leurs outils de travail…

- Ah, avions eu un temps des moines savants et instruits, qu’estions point seulement bedonnants, âpres au gain et gourmands, demanda Kirk ?

Vittorio soupira, désolé d’entendre une telle ignorance et s’élança sur les traces de Photios, « D » puis « I ». Puis il prit son élan et se retrouva sur « C », puis sur « T », sans le moindre dommage…
- « Dicton », proposa Kirk ? Lingus leva les yeux au ciel, et Kirk, gêné, tenta de se rattraper : « dictée » ? Heu, « dictaphone » ?
-Très drôle, d’inventer des mots qui ne veulent rien dire et n’existeront jamais, dans les circonstances actuelles, Kirk…
- Fallait ben essayer, non ?
- Ta gueule, Kirk, firent-ils en cœur…
- C’est « dictionnaire », fit Vittorio… Un livre dont l’idée est très ancienne, et que les savants utilisent et enrichissent sans cesse. Un livre où les mots sont classés par ordre alphabétique, où l’Accouchement précède la Grossesse et la Mort se trouve avant la Vie…

Épargnons au lecteur le temps nécessaire à réexpliquer encore et encore à Kirk et quelques autres ce qu’est un dictionnaire et un classement alphabétique, et retrouvons nos héros devant l’immense porte de bois sur laquelle débouchaient les dalles.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle n’était pas fermée et il suffisait de la pousser.
« Suffire » est un brin exagéré, il fallu bien toutes leurs forces pour qu’elles s’écartent et leur livre péniblement passage.


Ils entrèrent dans une gigantesque salle ronde, au centre de laquelle trônait un cercueil de pierre. De multiples braséros attendaient d’être animés par une flamme pour éclairer, et Kirk se fit un devoir de commencer à les allumer un à un avec sa torche, bientôt imité par les autres…
Ils avaient trouvé la salle où reposait leur relique, ils allaient enfin savoir de quoi il s'agissait.
Autant s'éclairer de gloire...
Lingus
Tandis que Kirkwood faisait le tour de la pièce en enflammant le contenu des braseros, Lingus s'avança vers ce qui semblait être un cercueil taillé dans la pierre. Ses flancs étaient ornés de gravures représentant toutes sortes d'animaux. Il y avait là une véritable ménagerie, de la basse-cour aux créatures les plus exotiques.
Parmi les différentes allégories, une scène retint son attention, un chameau pourchassé par un homme à tête de bouc.



Ma cé coua cété collezzione dé antichità?


La question avait été posée par Lavazza, le plus nerveux d'entre les sicaires transalpins qui, comme à son habitude, n'avait pu tenir en place calmement et avait soulevé le couvercle du cercueil.
Tous les regards se levèrent, anxieux, vers le plafond et les murs. Mais rien n'en jaillit, pas un seul projectile mortel, pas la moindre fléchette empoisonnée.
Après quelques très longues secondes d'attente, un soupir de soulagement s'éleva de la troupe. Suivi de près par une bordée d'injures bien senties à l'attention de l'imprudent.

Lingus se pencha précautionneusement sur la tombe pour voir de quoi il s'agissait. En l'occurrence -chose surprenante- un cadavre embaumé. Autour de lui était disposés divers objets : une tête de bouc empaillée, une épée, un vieux grimoire, un os -l'oeil expert d'un médicastre rompu aux dissections comme Andrew y aurait reconnu une omoplate... de chameau précisément!- et un bracelet serti de pierres précieuses.
Lingus retint in extrémis la main que Lavazza tendait déjà pour se saisir du bijou.


Cet os!
Je le reconnais!



Il récupéra la fiole qui avait trouvé refuge dans sa botte et en ressorti les parchemins qu'il parcouru fiévreusement.


Ma cé l'osso qué on cherche alora, on lé prend è tutto va benne! No?



Ignorant cette remarque, Lingus cherchait toujours, son regard nerveux courant sur les pages tandis qu'il en traduisait des bribes à voix haute. Face aux regards éberlués que ces compagnons lui adressaient pour seule réponse, il tenta d'en faire un résumé.


Ces parchemins racontent comment certaines paroles de Christos furent dissimulées, travesties. Ils disent que le le logion 17 tel que nous le connaissons : A ceux qui lui posaient trop de question, Christos disait : " Allez voir sur la montagne, là-haut, si j’y suis. " n'est en réalité qu'un faux grossier. Lorsque cette falsification eut lieu, une poignée de moines s'y opposa et conserva en secret la copie originale du logion. Ce jour-là, le scribe qui suivait Christos n'avait eut sous la main qu'une large omoplate de chameau pour transcrire les Saintes Paroles du prophète.
Je n'ai pas eu le temps de traduire l'intégralité du document mais s'il dit vrai... cet os porte les mots véritables du second prophète!



Cela semblait évident à présent, "Allez voir sur la montagne, là-haut, si j’y suis"... Autant dire circulez y'a rien à voir! Il pressentait l'importance de leur découverte, elle serait forcément à la mesure de la dissimulation.
Lingus retint sa respiration et se pencha sur le sarcophage pour prendre la relique mais l'odeur insidieuse de cadavre se faufila tout de même dans ses narines. Il la leva à la lueur des braseros et, la voix tremblante d'émotion, lut l'inscription à ses frères.








A ceux de ses disciples qui s'interrogeaient sur la perfection de la société des Hommes il leur disait : "Autant la plaine est une montagne plate, autant les Hommes entre eux doivent-ils être de même hauteur".
_________________
Kirkwood
Kirkwood et deux autres sicaires terminaient d’allumer la plupart des braséros avant de rejoindre les autres attroupés autour du sarcophage de pierre. Aussi ne comprirent-t-ils pas pourquoi on insultait Lavazza pour son imprudence, mais cela ne freina pas leur sens de la solidarité et ils joignirent leur voix à celles de leurs camarades.

Ils ne comprirent pas davantage que les autres l’exaltation de Lingus, avant qu’il leur explique l’énormité de sa découverte. On exultait ! Une arme magnifique contre l’Église aristotélicienne ! Quelle ambiance ! Déjà, l’odeur agréable et subtile du cadavre embaumé exhalait comme dans les récits des vies de saints de l’ÉA, pour une fois que c’était juste !

Vittorio examina un instant le manuscrit de loin, puis le saisit et le parcouru. On oublia de lui reprochait son manque de prudence. L’odeur était si bonne ! L’instant si merveilleux, malgré la perte tragique de Photios…

- Mh, des mémoires en langue vulgaire ? Puis une traduction du grec à mon avis, pas terrible, mais bon… Une table des matières… Oulah ! Ca devrait également t’enthousiasmer, Lingus ! M’ouais, il reste du boulot, pas mal de textes en grec non traduits…
- Et ça dit quoi ?
- Mh, faudra voir, difficile de se concentrer, j’ai un de ces mal de crâne…
- Toi aussi, c’est marrant ?
- Hé ! Qu’est-ce qu’il a Trinkensieschnell ?
- C’est vrai qu’il a pas l’air bien…
- C’est vrai aussi que cette odeur est oppressante…
- Oui, j’avais pas remarqué, mais… Bon deos, qu’est-ce qu’il a, le Rhénan ?

Il avait que les braséros, outre contenir comme de coutume des matières inflammables et illuminantes, renfermaient également quelques amusantes substances psychotropiques…

Et Trinkensieschnell, berger et capitaine de soule à Nuremberg, en voyait des vertes et des pas mûres…
Kirkwood
Bon, une vache en train de jouer à la soule, passe encore…



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