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[RP] Ce soir, c'est moi qui cuisine ... (*)

Mahelya
    C'est affreux de connaître le secret d'un autre et de ne pas pouvoir l'aider.

(de Anton Tchekhov Extrait de Oncle Vania)

Il était une fois, une histoire où un arroseur devenait l'arrosé. Et c'est exactement ce qu'il se produisait à présent dans cette rue de la Justice, où quelques flocons de neige tombaient avec légèreté, recouvrant immeubles et promeneurs d'une fine couche de blanc. Surprise par la question de Victoire - rappelons que l'idée lui avait à peine traversé l'Esprit - la jeune Étincelle qui voulait aidée se retrouva interrogée. L’Étonnement et la gène stoppèrent net son pas, l'arrêtant brusquement au milieu des pavés. Les sinoples, un éclair d'inquiétude au fond de leurs iris, scrutèrent la Blondine avec insistance, tandis que la fine main blanche délaissait à contre cœur la précieuse fiole de Belladone dissimulée dans les jupon de la Flammèche. Sur les purpurines presque devenues bleus à cause de la température extérieure, se dessinait un parfait "o" d'étonnement. * Ah Jeune Mahelya, nous t'avions bien dis que la Patronne était perspicace. Tu tourneras ta langues sept fois avant de parler la prochaine fois .*. Le souffle devint profond à mesure que tout un tas d'idées s'entrechoquaient dans l'esprit de la Rouquine. Mentir ? ça serait mal venu ... Tous dire ? Certainement pas ... Cacher certaines choses ? Belladone ... Belladone, Bella donà secrètement tu es à moi. Et rien qu'à moi.

Que dire alors ?

Les petites dents blanches vinrent à assaillir le charnu de sa lippe. Elle venait de réaliser qu'elle s'était mise dans de sales draps. Il allait falloir qu'elle parle de Lui, alors qu'elle s'en sentait encore incapable et n'en avait aucune envie. Lentement le vert de ses prunelles quitte la silhouette blonde pour fixer un point imaginaire sur le sol. La palpitant protestait fortement eu creux de sa poitrine, tambourinant avec force comme s'il préférait fuir ce qui allait suivre. Et le masque arboré si longtemps se fissure lentement.


- Je ... Hum ... Nizam ... Je vais le perdre, je le sais ... A vrai dire je l'ai déjà perdu ... Ce n'est qu'une question de temps ... pour la séparation.

La tristesse et la peine ne pouvaient plus être dissimulés, déjà dans ses iris des perles d'eau salée s'esquissaient, encore retenues par les cils de la Jeune Flamme. Et effectivement la séparation serait consommée dès le lendemain en taverne, suivit par un accident à la Belladone et une nuit entière à veiller sur l'homme qu'elle aimait fiévreux et délirant, pour s'assurer qu'il serait en vie au lever du soleil. Au petit matin, sans un mot, sans un geste, juste un baiser déposé sur son front, elle le quitterait définitivement. Mais là ce jour ! Comment pouvait-elle le savoir ? C'était une torture que de penser à tout cela. Vite une échappatoire ou elle risque d'en crever.

- Je l'aime ... mais sans doute pas assez ... pour lui faire oublier sa précieuse Liberté ...

Le dernier mot est craché avec dédain, et deviendra un mot proscrit, banni, à oublier pour la Rousseur, lorsque le lendemain, son Balafré tant aimé lui avouera dans ses délires, que lui-même ne croit pas à cette Liberté, que sa quête en est devenue une drogue dont il ne peut se passer ...
Les sinoples se posèrent à nouveau sur Victoire. Le dos de la main blanche essuya quelques larmes qui tentaient de s'échapper. Et un sourire sans joie se dessina sur le visage aux tâches de rousseurs. Il ne l'illuminait pas, mais faisait ressortir toute la fatigue et la maigreur de l’Étincelle.


- Enfin ... Nous avons d'autres choses à penser pour l'instant ... Un grand mariage à préparer !

Si seulement tout pouvait s'effacer aussi facilement ?...
_________________
Victoire_


L’insistance du regard de la Flammèche ne la fit pas rougir plus qu’elle ne l’était déjà à cause du froid mordant, et pourtant, combien cela aurait dû d’avoir osé poser des questions si personnelles à Mahelya.

La différence entre elles était pourtant de taille, Mahelya était noble à l’inverse de celle qui se tenait face à elle, pas de manque d’irrespect de sa part, tout simplement une main tendue.
Qu’importait le statut, chacune était un être humain avec ses joies et ses peines, l’instant et le lieu s’y prêtaient, une rue déserte de toute âme à cette heure où le temps incitait les gens à rester au coin d’un bon feu de bois, dans cette rue de la Justice recouverte d’un blanc manteau, deux silhouettes face à face, deux êtres qui pouvaient se confier librement … ou presque.

Les doigts, devenus plus blancs et douloureux par le froid et la crispation du serrement du col, se mirent à trembler presque imperceptiblement, un voile de tristesse passa dans les prunelles bleues, avait-elle eu raison d’inciter la rouquine à se confier, la peine des autres devenant sienne.

C’était donc bien de lui qu’il s’agissait,.
Le visage décomposé, la gorge nouée, le regard se détourna lentement, fixant un point au-delà de la Flammèche, les images ressurgirent soudainement, du soir où, en taverne, les deux blonds s’étaient entretenus, c’est à ce moment là qu’elle avait compris, lorsqu’il serrait les poings à la dernière phrase que Victoire avait prononcée, juste avant que la rouquine entre, et si elle n’était pas arrivée, Dieu seul sait ce qui se serait dit.

Les azurs fixèrent à nouveau les sinoples embués de larmes, un frisson la parcourut ... pourvu que l’Etincelle l'interprète comme une vague de froid qui la submergeait.

D’une voix douce se voulant rassurante :


Mahelya … je sais combien vous l’aimez. Il faudrait être aveugle pour ne pas s’en être rendu compte, et je vous avoue que j’ai cru en la réciprocité de ses sentiments.

La blonde plongea une main tremblante dans la poche de son mantel pour en sortir un carré d’étoffe blanc de sa poche qu’elle lui tendit.

Si seulement les larmes avaient le pouvoir d'effacer la souffrance d'une âme, ou tout au moins permettre de l'adoucir un peu.

Elle ne dirait pas le fond de sa pensée, la liberté pour certains n’était-elle pas synonyme d’éviter de dévoiler ses sentiments et de continuer à vivre dans la solitude.
Mais elle n’était pas dans la tête de Nizam, ne le connaissant pas suffisamment, le plus important étant d’aider la rouquine.
Et la voix de Mahelya la fit revenir à la réalité, ce pourquoi elles se dirigeaient vers la maison de la rouquine, la préparation du banquet.

Oui, vous avez raison, nous avons un grand mariage à préparer.

Reprenant sa marche lentement, tête légèrement baissée, ne pouvant toutefois s’empêcher de reprendre, combien il lui était difficile d’essayer de redonner le sourire, mais elle ne pouvait laisser la rouquine ainsi. :

S’il tient vraiment plus à sa liberté qu’à vous, il ne vous mérite pas, vous êtes jeune, et lui … ce n’est pas le seul homme au monde.

Mahelya
    You could kill a life with words
    Soul, how would it feel (*)

Les mots toujours, les mots. On en revient toujours aux mots. L’Étincelle les manipule, les sélectionne et les choisit avec la plus grande attention. Car les mots, ces assemblages de lettres, sont responsables de bien des maux. Aussi s'évertue-t-elle à les choisir et les utiliser avec prudence et tempérance. Ce qui n'était pas forcément coutume chez tout le monde. Et apparemment pas chez Victoire lorsqu'elle prononça sa dernière phrase. Ces mots prononcés avaient la douceur d'une lame d'argent plantée en plein cœur et que l'on s'appliquait à retirer tout doucement, la saveur d'un poison qui liquéfiait les chairs en prenant son temps, l'odeur de la Mort en fiole. Mais comment en vouloir à la Blondine ? Comment pouvait-elle savoir qu'à l'heure actuelle dans l'esprit de la Petite Flamme plus aucun homme n'aurait de place à l'abri de son Palpitant. Pour la Rousse, la vie était fini, tout simplement parce qu'elle avait céder à l'appel de la chair. Qui donc voudrait d'une fille comme elle à présent ? Personne dans son monde ...
L'amertume de ses entrailles remonta doucement dans la gorge délicate, alors qu'un pas supplémentaire s'esquissait en direction du seize rue de la Justice. Puis doucement la Flammèche se tourna vers la Blonde et un nouveau sourire sans joie apparue sur ses traits tirés par la fatigue.


- Je suis Jeune oui, ce n'est pas le seul homme certes ... Mais pour l'heure c'est le seul que j'aime et avec qui je voulais ... La phrase resta inachevée. Ce qu'elle veut ? Elle même ne le sait plus. Le retenir ? Le laisser partir ? Partir à son tour ? Insidieusement déjà ses pensées dessinent de façon abstraite les traits d'un Ténébreux perdu à des kilomètres de là. Pourtant la Jeune Flamme ne réalisera pas encore ce souhait de retrouver celui qu'elle appelait alors "Frère".

Doucement, la main blanche et délicate s'empara du mouchoir tendu. Lentement tamponné au coin des sinoples qui scrutaient la "Patronne", confidente de tout temps qui ne se confiait jamais elle-même. * A vous, je ne peux rien cacher, cependant je ne peux pas tout dire. Il est question de mon âme, il est question de mon Souhait, il est question de Belladone. *. Là sous les flocons de neige, la Rousseur s'accorda un temps de silence, permettant ainsi aux rouages de son esprit de se mettre en marche et de chercher les mots justes, les mots qui feraient comprendre à son interlocutrice que l'avenir avait disparu devant elle. Le souffle fut repris, et la respiration contrôlée. Dans un premier temps aucun son ne sortit de purpurines alors qu'elle se remettait en marche en direction de sa maison. Le pas était lent, et la chausse immaculée laissait des empruntes plus profondes sur le manteau neigeux.


- Victoire ... Niz et moi sommes ensemble mais ... Nos vies et nos envies nous séparent déjà. Il ... Il n'est pas heureux d'être "prisonnier" avec moi et ... Moi je souffre de le voir ainsi ... Ce n'est qu'une question de temps avant que la séparation ne soit effective ...

Lucide ? Bien sûr ! Toujours. La Jeune Flamme n'a pas pour habitude de mentir encore moins à elle-même. De toute façon il paraît qu'elle est une piètre menteuse. Un nouveau pas se dessina dans la neige, tandis que la voix cristalline reprit doucement son histoire.

- Je ne pourrai avoir un autre homme Victoire ... J'ai offert à Nizam mon bien le plus précieux ... Contrairement à ce que j'ai pu dire ou penser ... Ce n'était pas si terrible ... bien au contraire ... Seulement voilà ... j'ai par cet acte enterré mon avenir.

* Confession... Confession tu viens de t'échapper de lèvres charnues pour glisser dans l'oreille d'une femme que je considère comme amie. Elle sait tout à présent ... Enfin presque, je garde pour moi la Bella Dona maitresse de mon envie, de ma folie, et de mon éternelle nuit.* Une fois encore les prunelles émeraudes s'accrochèrent aux azurs. Le sourire sans joie toujours esquissé sur le visage aux tâches de Rousseur. Une fois encore les prunelles émeraudes s'accrochèrent aux azurs, une lueur triste ternissait le vert habituellement éclatant. * Tu vois Blondine, cette fois il n'y a rien que tu puisse faire pour m'aider, je me suis moi-même mise dans ce Bourbier et je n'ai pas franchement envie de m'en sortir. Laisses moi y moisir. Désolée de t'imposer ça ! * La Frêle toisa encore un instant le visage de la blonde, avant que la requête ne s'échappe enfin.

- Puis-je vous demander qu'on cesse d'en parler ? ... C'est ... Une torture ... Et je ne tiens pas à ce que ça s'ébruite.

Sans vraiment attendre d'accord ou de refus, l'Incandescente reprit la marche, les trois marches de sa demeure étant en vue, les doigts s'attardèrent un instant sur la fiole de Belladone, envieux, avides, gourmands et pressés avant de se saisir enfin de la Clé. Alors que la lourde porte de chêne était ouverte, comme si de rien n'était, le masque à nouveau greffé sur ses traits, L'Etincelle s'exprima :

-Je vous en prie entrez ! La Cuisine est sur la droite. Bertille ne devrait sans doute plus trop tarder.

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(*) Traduction : Vous pourriez tuer une vie avec des mots
L'âme, comme cela se sent
(Paroles de Les mots Mylène Farmer et Seal)

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Victoire_

A voir tous les couples qui se faisaient et se défaisaient, la blondine avait compris déjà de longue date que, bien qu’on lui ait déjà dit et répété que c’était merveilleux, la rupture était bien plus douloureuse que les moments passés à deux.

Et cette souffrance là, elle l’épousait depuis bien longtemps peut-être trop d’ailleurs, à écouter les confidences de ceux qui se séparaient et à tenter de les rassurer ou convaincre qu’ils devaient regarder l’avenir, même si au plus profond d’eux-mêmes le cœur saignait abondamment.

Enveloppée dans un tourbillon de flocons, se mordillant légèrement la lèvre, la blondine releva lentement la tête, elle n’aurait peut-être pas dû l’inciter à parler, mais la confidence permettait bien souvent de soulager certains maux.

Le pas adapté à celui de Mahelya, la blondine écoutait, la laissant se libérer de son poids intérieur, jusqu’au moment où la phrase fatidique tomba tel un couperet.

C’était donc là, le lourd secret de Mahelya, malgré la surprise provoquée par la confidence et ce sentiment de malaise, Victoire garda un visage bienveillant, rude épreuve pour la rouquine qui avait aimé et se retrouvait désormais seule avec son désarroi.

Les émeraudes de la rouquine en disait bien long, l’abcès avait peut-être été crevé, et désormais seul le temps pourrait faire son office, car quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse, le temps effaçait bien des souffrances.

La blonde observa un instant de silence tout en fixant de ses azurs les prunelles vertes et d’un léger hochement de tête acquiesçant ainsi à la demande de la rouquine, elle garderait encore et toujours des secrets.


Nul ne saura Mahelya.

Nul besoin de promesses, la Flammèche savait que pas un mot de ce qui c’était dit ne sortirait de sa bouche.

Lui emboîtant le pas, tout en essayant de garder son calme habituel et de se remettre en tête ce pourquoi elles étaient venues, le banquet, terrible sensation que de passer de la souffrance d’une séparation à l’élaboration du banquet d’un mariage en un éclair.

Le temps de gravir les trois marches, le sourire était à nouveau dessiné sur ses lèvres, comme si rien ne s’était passé durant leur cheminement entre sa taverne et la maison de Mahelya.

Tapotant ses pieds sur le perron pour en faire tomber la neige qui s'y était collée, avant de pénétrer dans la maison, lâchant enfin son col pour se frotter les mains afin de se réchauffer en entrant :


Vous êtes certaine que Bertille ne m’en voudra pas si j’entre dans sa cuisine sans qu’elle soit là …
La_cuisiniere
Le marché ... Tout une histoire passionnante pour la Généreuse qui s'était dépêchée de quitter les deux jeunes femmes pour se précipiter vers les étales de produits frais. Les courses autant que la cuisine passionnaient la Bertille. La cuisinière au tour de taille et de poitrine appétissant adorait déambuler parmi les présentoirs afin de trouver : Le fromage qui conclurait parfaitement le dîner ; La viande qui sera la plus tendre après des heures et des heures de cuisson ; Le légume qui se mariera parfaitement à la sauce, sans disparaitre au gout mais sans dissimuler le reste non plus ; L'épice qui sublimerait le tout ; les herbes qu'il faudrait user avec parcimonie. Pour Elle la cuisine était comme de la poésie et chaque ingrédient en était les rîmes qu'il fallait accorder parfaitement. Ainsi un plat succulent frôlant la perfection devenait pour elle un sonnet en Alexandrin.

Inutile donc de préciser que la Généreuse s'amusait comme une petite folle bien loin de se douter de ce qu'il se passait entre Victoire et Mahelya à quelques rues de là. Récapitulons, il manquait des lapins, des poissons et du fromage. Pragmatique c'est bien évidement par les fromages qu'elle commença. Pierrette la laitière, proposait un vaste choix de fromages venant des régions alentours, Cabécou, Rocamadour et Roquefort du sud, Chabi et Chèvres aux herbes de l'ouest, Bleu d'auvergne, Cantal, Cendré et Saint Nectaire de l'est, Crotin de chavignol, pavé cendré et Sainte Maure de Touraine venu du nord. Pour faire bonne mesure la Généreuse prit le tout. On ne plaisante pas avec le Fromage (*), il en faut pour tout le monde et pour tous les gouts autant préparer un plateau varié. Bertille demanda à la Fromagère de lui préparer le tout, qu'elle passerait prendre une fois qu'elle aurait finit ces emplettes. Sans demander son reste, Pierrette s'activa et glissa dans les paquets un peu de raisin sec et des noix.

Ravie de ce premier achat, Bertille continua sa promenade. Certes elle devait se hâter de finir les courses pour commencer enfin la préparation du Banquet, cependant elle ne pouvait résister à s'arrêter par-ci par-là ... Curieuse, gourmande, gourmet. Quand enfin elle arriva chez le poissonnier, incapable de faire un choix tant les odeurs de la mer l'enivraient, et lui créait des idées, elle prit un peu de tout. Ainsi lors du banquet, Goujons, anguilles, truites, cabillauds et rascasses parfaitement orchestrés par les deux cuisinières joueraient une symphonie gourmande. Martin, l'adorable poissonnier édenté, sous le charme de la Généreuse avait ajouté à la préparation du sel, fort pratique et couteux, et quelques herbes. Que voulez-vous c'est que la cuisinière savait y faire. Elle minaudait parfaitement, se cambrant, se penchant, sourire greffé sur son visage pourtant pas épargné par le temps. Des années d'entrainements pour un tel résultat. Mais c'est qu'à une époque, pour la petite troupe qui avait décidé de suivre la Flammèche, il avait fallu survivre. Bref … ceci était une autre histoire …

Comme le lecteur l'aura compris, c'est par l'achat des lapins que s'acheva ce périple au Marché. Une chose fut pratique, c'est que le vendeur des futurs civets n'était autre que le fils de Gontrand, celui qui devait fournir les volailles. Ravie de la coïncidence pratique, la Bertille en profita pour demander si par hasard ils auraient de quoi livrer à 16 rue de la Justice, faisant et poulets en assez grande quantité. Heureux à l'idée de faire rentrer quelques piécettes supplémentaire dans les caisses de la Famille, Gontrand Junior, opina du chef avant de proposer à sa fidèle cliente de l'aide pour tout livrer chez la Petite Rouquine. Tout d'abord parce qu'il n'avait plus rien à vendre et que donc il disposait d'une charrette et de deux parce qu'il apercevrait peut-être la Jeune Fille aux tâches de Rousseurs. Ne vous méprenez pas, il n'était pas amoureux d'elle, simplement il la trouvait jolie et puis elle était d'une famille noble quand même donc elle sentait toujours bon, en plus elle avait la peau pâle ...

C'est donc ensemble qu'ils firent le trajet jusqu'à la maison en pierre à la quasi sortie de la ville. Arrivée au pied des trois marches, Bertille constata que la porte de chêne ouvragée était encore ouverte. Haussant un sourcil elle se demanda comment cela se faisait-il que les deux jeunes femmes arrivent en même temps qu'elle alors que leur chemin à elles était le plus court ? Gontrand déballait déjà les sac de toile de jute et les cagettes, l'odeur de fromage se répandait déjà dans toute la Rue. Un sourire niais greffé sur son visage juvénile et il salua les deux jeunes femmes. Puis après avoir confirmé à Bertille la livraison des volaille dans l'après-midi, il s'éclipsa aussi vite qu'il était arrivé. S'il y avait une chose qu'il avait bien apprise c'était qu'il ne fallait surtout pas déranger les femmes lorsqu'elles étaient au fourneaux. Foi des coup de rouleau à pâtisserie qu'il avait pris sur le séant. Un instant les yeux sombres de Bertille le regardèrent s'éloigner, elle n'avait même pas eu le temps de lui filer une petite pièce pour l'aide. Boarf elle se rattraperait cette après-midi lors de la livraison. Les yeux sombres se tournèrent alors d'abord vers Victoire.


- Bien su qu'vous pouvez rentrer ! C'est plutôt conseiller si on veut l'cuisiner c'banquet. J'ai tout c'qu'il faut. Vous m'aidez à tout mettre dans la cuisine ?

La silhouette de la Généreuse se tourna alors vers sa petite Maitresse, comme elle s'y attendait la jeune fille la regardait interrogative. C'est qu'en général, Mahelya n'avait pas le droit de connaître les secrets de cuisine de Bertille... Mais cette fois, quelques bras supplémentaires ne serait pas de refus. Pour les petites tâches ... genre éplucher les légumes.


- Vous aussi, t'nez prenez c'est sac là et posait les sur la grande table.

Et sans plus de cérémonie, La cuisinière se saisit de trois ou quatre cagettes empilées et avança dans la vaste cuisine qui occupait presque la moitié du rez-de-chaussée de la maison. La porte ouvrait sur une immense table en chêne brute, robuste, large et épaisse, très pratique pour les préparations longues et pleines d'ingrédients. Au-dessus étaient suspendus des jambons et des saucissons secs. En face, sur le mur trônait un petit meuble remplis de pot, dessus l'on pouvait lire quelques noms d'épices gravé dans la terre cuite : Coriandre, baies rose, romarin, thym, laurier, bergamote, câpres, clous de girofle, poivre, piment, cannelle, cumin, lavande, échalotes, ail, oignons, et même de la moutarde de Dijon. A coté trônait une petite armoire contenant des bocaux, conserves et des confitures. Sur l'espace entre le petit meuble et l'armoire était accroché au mur une grappe d'ail, une botte de ciboulette sécher, une botte de sept épis de blé (croyances populaires qui garantissait la richesse). Sur la gauche trônait une énorme cheminée, avec en son centre un foyer et un tourne broche. La cheminée était encadrée par deux petits "fours" surmonté de ce qu'on appelait une plaque chaude, ce qui était une vrai richesse pour l'époque où les four était public. Au dessus de la cheminée pendait un batterie de casseroles et plats en cuivre. Sur la droite un meuble imposant contenait, couvert, cuillère en bois et toute la vaisselle. Les cagettes furent déposées sur la table et la Cuisinière se retourna vers ses acolytes, le sourire passionné greffé aux lèvres.

- Bon alors j'vous propose ! Victoire et moi on désosse et prépare les viandes ! Et vous Mahelya vous épluchez les légumes. Vous z'avez une bassine d'eau froide claire juste à coté d'la ch'minée ! Rincez-les avant d'les éplucher. Victoire z'avez b'soin d'couteaux ? doit y en avoir dans le tiroir du meuble sur la droite.
Victoire_

Et flûte ! La « généreuse » avait été plus rapide qu’elles, les ayant surprises à peine arrivées, mais fort heureusement elle les invita à l'aider pour porter les paquets.

Ne voulant pas éveiller plus de soupçons quant à leur « lenteur » pour arriver jusqu’ici, la blondine n’hésita pas, se saisissant de paquets qui venaient d’être déposés, elle s’engouffra dans la cuisine sur les talons de Bertille.

A peine le seul franchi que ses azurs n’en manquèrent pas une miette, jamais elle n’avait eu l’occasion de voir pareille pièce aux dimensions aussi importantes, fournie d’autant d’ustensiles et rangements, d'ailleurs comment aurait-elle pu imaginer en voir une un jour ?

Déposant les paquets sur la grande table de chêne tout en écoutant Bertille, un sourire lui échappa, la Généreuse proposait enfin à Mahelya de participer … aux préparatifs, même si la proposition était bien mince, c’était déjà un grand pas en avant.

Les couteaux … il vallait mieux, la blondine, en pleine discussion durant le trajet n’avait même pas pensé à s’arrêter dans sa boucherie pour y prendre son matériel et n’ayant que ses dagues sur elle, avec ça … elle aurait du mal à désosser correctement quoique … bref, un vrai couteau de boucher serait bien plus efficace.

Elle se dirigea donc vers le meuble en question, ouvrit le tiroir et resta un instant à hésiter devant le choix des couteaux, ses azurs allaient d’une lame à l’autre pour enfin se poser sur deux couteaux l’un irait pour la désosse et l’autre pour la découpe.

Les couteaux sur la table, la blondine se permit de prendre un peu d’eau et de se laver consciencieusement les mains avant d’attraper un des lapins ramenés par Bertille.

Tout en jetant un coup d’œil discret de temps en temps à Mahelya, Victoire débita rapidement les morceaux et les disposa dans un plat, il ne restait plus qu’à y verser les épices et le vin, pour que le civet soit réussi il valait mieux que cela marine longuement.


Bertille ? Pouvez-vous me dire où je peux trouver le vin pour le civet ?

Mahelya.
Et un sursaut ! Un ! Pour la Frêle lorsque la voix de la cuisinière raisonne dans son dos, alors qu'elle commence à peine à retirer ses vêtements d'extérieurs, trempés par la neige fondue. Victoire et Elle avaient-elles mis tant de temps que cela pour parcourir une seul et simple rue ? Stupéfaction ... La Généreuse, elle, avait eu le temps d'arpenter le marché de long, en large et en travers, de trouver une bonne âme pour l'accompagner avec ses paquets jusqu'ici et de passer commandes des victuailles qui manquaient pour une livraison dans l'après-midi. A mesure que la Flammèche réalisait ce terrible constat, ses prunelles émeraudes, s'écarquillaient de surprise tandis que le rose pigmentait doucement mais surement ses joues aux tâches de Rousseur. Les deux jeunes femmes s'étaient montrées semble-t-il plus que bavarde alors que la Cuisinière faisait une fois de plus étalage de sa terrible efficacité. Ce n'est qu'en suite que les sourcils de flamme se froncèrent légèrement. Il était impossible que Bertille ait entendu quoi que ce soit de sa conversation avec Victoire. Du moins l'espérait-elle, parce que sinon, il y aurait au programme de l'après-midi un avalanche de question. Hors les flocons tombant paresseusement dehors, suffisait bien comme ça... Il faudrait qu'elle trouve un moyen de s'éclipser des alentours de la Bertille.

Et Bien c'était raté pour l'instant, car voilà qu'on sollicitait son aide pour ramener quelques sac en toile de jute et cagette en bois à l'Intérieur. C'est à cette instant que l’Étincelle remarqua la silhouette de Gontrand Junior, dont elle avait eu le plaisir de le croiser deux trois fois auparavant. Un nouveau sourire, toujours de façade, comme depuis le début de cette terrible journée, et la fine silhouette s'approcha du Livreur improvisé.


- Bonjour Gontrand ! C'est ton Père qui nous livre les volailles ?

Mais comme à chaque fois qu'elle lui parlait, il se contenta de la regarder et d'arborer un sourire niais, de tourner les talons et de partir dans un mot. Tiens ... C'est pas encore aujourd'hui qu'elle entendrait le son de sa voix à celui-là. Et cela risquait fort d'être jamais. Haussant imperceptiblement les épaules quand la Flammèche rapporte son attention sur la Cuisinière. * Bon et moi je fais quoi maintenant ? * Interrogation muette de la Rousse qui sait très bien qu'hormi pour ripailler, elle n'a absolument pas le droit de pénétrer dans l’antre de la Cuisinière. Pourtant ce jour et en prévision du monstrueux banquet, les règles semblent avoir quelques peu changer, car à son grand étonnement, la Généreuse offre du travail à la Rousselotte. Cette offre n'était peut-être tout simplement pas tombée au bon moment. Depuis toujours, Mahelya avait trouvé tous les stratagèmes et subterfuges possibles pour connaître et apprendre l'art de la cuisine auprès de Bertille, et celle-ci s'y était toujours refusée au grand désespoir de la Petite Maîtresse. Cette proposition aurait donc du transporter de joie le cœur de la Frêle. Il n'en fut rien, c'est même le contraire qui se produisit. La Rouquine n'avait pas prévu de rester avec "du monde" à vrai dire, elle fuyait la compagnie, et préférer rester seule à broyer du noir et mettre en place son funeste destin.

Un instant interdite, ne laissant rien transpirer sur son minois, la Jeune Flamme regarda la cuisinière, dubitative. * Dis-moi Bertille veux-tu vraiment que je t'aide ou est-ce parce que tu ne veux pas que je me retrouve seule ? Est-ce vraiment de l'aide que tu demandes ou est-ce une ruse. ? * Pas ravie pour deux sous, l’Étincelle, obtempéra cependant, déambulant le long du couloir jusqu'à s'immiscer dans la cuisine. Sac posés sur la table, une odeur de fromage embaumant les lieux, les prunelles vertes regardaient tour à tour Victoire et Bertille. * Moi éplucher les légumes ? Ca va être un carnage ! *. Mais sans mot dire, elle se lava les mains, alla chercher les quelques légumes dans le petit garde manger, toute petite pièce sous l'escalier. Abandonnant pour se faire encore une fois les deux cuisinières. Un petit instant de répits, loin des regards scrutateurs de Bertille et Victoire ... Un petit instant de repos, pour flatter doucement la petit fiole de Belladone toujours dissimulée dans ses jupons. Allez courage et bientôt cette mascarade prendra fin. Un long soupire s'échappa de se purpurines avant qu'elle ne revienne dans la cuisine. Rinçant les légumes à l'eau froide, et surtout froide, puisque l'eau chaude commençait la cuisson, elle entama les première épluchures et comme fallait s'en douter, c'était un peu une catastrophe.


- Plus l'gère votr' main ! Caressez'le ! Comme une plume !
- Ah ... Et comme ça ? ...
- N'mettez-pas la lame dans c'sens !!! Z'allez-vous couper ! T'nez ! R'gardez voir !
- Quand tu le fais ça à l'air facile.
- Bah parce que ça l'est pardi !


La démonstration dura encore quelques minutes, avant que Mahelya ne replonge dans le silence, continuant de façon automate son dure labeur. Elle ne remarqua donc pas, que les deux cuisinières confirmées avaient quant à elle finit leurs tâches, il y avait même un bouillon qui crépitait doucement sur le feu. Ce ne fut que la voix de la blonde qui la sortit de ses pensées.

- Oh le vin ! Petit sourire amusé sur les lèvres de l'Incandescente. Vous marchez dessus ! ... Attendez voir.

Et la petite Flamme se baissa jusqu'à toucher le sol, relevant une petite trappe de bois qui se cachait presque sous la table. La trappe ouvrait sur une échelle de meunier qui menait à une cave presque aussi vaste que la cuisine, que l’Étincelle avait fait creuser peut de temps après son arrivée. Un soucis de fondation lors de l'achat de la maison que l'ancien propriétaire n'avait bien sur pas mentionné lors de la vente. Mais à chaque problème sa solution. Harchi avait eu cette idée ... Harchi ... le pauvre ... Une pensée fugace s'envola vers le vieil Homme d'arme qu'elle avait jeté dehors pour pouvoir garder Nizam. Que la vie pouvait être cruelle parfois, dans quelques jours, il ne resterait ni l'un, ni l'autre. Le cœur un peu serré, la Frêle regarda Victoire.

- Je vous en prie tout est en bas, faites votre choix et servez-vous ... Oh et attention à l'échelle, parfois le bois est humide et glissant.

Pour sur, la Blondine appréciera ce qu'elle trouvera en bas. Des rangées et des rangées de bouteilles allongées, classées par région et période. Le vin de Paille, spécialité Limousine et les bouteilles venant de Bourgogne occupant à elles-seules sans doute la moitié de l'espace.
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