Offberg
[La nuit, tous les chats sont gris]
Froidement, Off gagna le pont de pierre qui menait a la mine. Sur son épaule, trônait sa pioche émoussée, au fil cassé, au bout tordu. C'était là tout ce qu'il avait trouvé pour creuser, mais ça lui servait plus qu'on ne pu l'imaginer. Il sortait chaque nuit avec plusieurs brouettes de pierres. Il accumulait les primes, et faisait la fierté du contremaître ouest.
Ce vieux bougre ne parlant qu'un vieux patois de Schyrwtz, souriait d'un sourire édenté a chaque fois que le jeune Off lui amenait sa cargaison. Une tape dans le dos et une misère décus plus tard, le garçon rentrait par le même chemin, avec sa pioche un peu plus abîmée sur l'épaule.
Une fois encore, il avait oublié le temps, il n'avait conté les cailloux que pour mieux les entasser, laissant la journée défiler, pour que la nuit succède. Une fois encore, il s'était laissé envahir par cette fougue qu'il retenait la journée.
Il avait fait gronder son outil sur les murs résonnants de la mine, avait fait tremblé les poutres de bois, grinçantes, suppliantes. Un idiot aurait compris, que cet étalage de force et de rage, n'était que le reflet d'une frustration, si non sexuelle, sentimentale. Quelque chose manquait, qu'aucune autre ne savait lui donner.
Partie, l'unique qui l'amenait a sourire, l'obligeait a frapper sur de la pierre comme un forcené au bagne. Dans sa poche, soigneusement protégées, il gardait les lettres échangées, conversations houleuses, emprunts de liberté, d'envie et de désirs attisés.
On aurait dit un sauvage, vêtu uniquement d'une chemise longue et d'une peau de vache tannée. Portant sa pioche, il rentrait le torse bombé fier si l'on peut l'être d'avoir cassé du caillou. Sa peau d'ordinaire blanche et immaculée, était là recouverte d'une épaisse couche de suie. Sous terre, les poulies tournait pour remonter la pierre, l'huile fumait de chauffer ainsi, et l'on pouvait aisément chopper quelque pneumonie où autre peste.
Off trouva la taverne vide, et un pigeon sur la table. Le pigeon, dégarni sur le caillou, le regardait. On aurait presque dit qu'il souriait. Lui était-il destiné? Il avait sans doute fait le tour du patelin sans le trouver, et s'en était retourné a son destinataire lui aussi envolé. Il posa son outil dans un fracas retentissant, et repoussa le pigeon qui battit des ailes pour eviter la menace.
La lettre était bien de sa fameuse amie, et c'était le sourire aux lèvres qu'il éclaira d'une blancheur qui tranchait sur sa peau le message. Elle était ici, elle dormait même dans cette auberge. Son regard se leva sur l'escalier. Elle était plus haut, endormie, allongée, nue peut-être, seule sans aucun doute. Il aurait pu monter, la rejoindre et qui sait...
Mais pas cette nuit. La prochaine... peut-etre...
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Froidement, Off gagna le pont de pierre qui menait a la mine. Sur son épaule, trônait sa pioche émoussée, au fil cassé, au bout tordu. C'était là tout ce qu'il avait trouvé pour creuser, mais ça lui servait plus qu'on ne pu l'imaginer. Il sortait chaque nuit avec plusieurs brouettes de pierres. Il accumulait les primes, et faisait la fierté du contremaître ouest.
Ce vieux bougre ne parlant qu'un vieux patois de Schyrwtz, souriait d'un sourire édenté a chaque fois que le jeune Off lui amenait sa cargaison. Une tape dans le dos et une misère décus plus tard, le garçon rentrait par le même chemin, avec sa pioche un peu plus abîmée sur l'épaule.
Une fois encore, il avait oublié le temps, il n'avait conté les cailloux que pour mieux les entasser, laissant la journée défiler, pour que la nuit succède. Une fois encore, il s'était laissé envahir par cette fougue qu'il retenait la journée.
Il avait fait gronder son outil sur les murs résonnants de la mine, avait fait tremblé les poutres de bois, grinçantes, suppliantes. Un idiot aurait compris, que cet étalage de force et de rage, n'était que le reflet d'une frustration, si non sexuelle, sentimentale. Quelque chose manquait, qu'aucune autre ne savait lui donner.
Partie, l'unique qui l'amenait a sourire, l'obligeait a frapper sur de la pierre comme un forcené au bagne. Dans sa poche, soigneusement protégées, il gardait les lettres échangées, conversations houleuses, emprunts de liberté, d'envie et de désirs attisés.
On aurait dit un sauvage, vêtu uniquement d'une chemise longue et d'une peau de vache tannée. Portant sa pioche, il rentrait le torse bombé fier si l'on peut l'être d'avoir cassé du caillou. Sa peau d'ordinaire blanche et immaculée, était là recouverte d'une épaisse couche de suie. Sous terre, les poulies tournait pour remonter la pierre, l'huile fumait de chauffer ainsi, et l'on pouvait aisément chopper quelque pneumonie où autre peste.
Off trouva la taverne vide, et un pigeon sur la table. Le pigeon, dégarni sur le caillou, le regardait. On aurait presque dit qu'il souriait. Lui était-il destiné? Il avait sans doute fait le tour du patelin sans le trouver, et s'en était retourné a son destinataire lui aussi envolé. Il posa son outil dans un fracas retentissant, et repoussa le pigeon qui battit des ailes pour eviter la menace.
La lettre était bien de sa fameuse amie, et c'était le sourire aux lèvres qu'il éclaira d'une blancheur qui tranchait sur sa peau le message. Elle était ici, elle dormait même dans cette auberge. Son regard se leva sur l'escalier. Elle était plus haut, endormie, allongée, nue peut-être, seule sans aucun doute. Il aurait pu monter, la rejoindre et qui sait...
Mais pas cette nuit. La prochaine... peut-etre...
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