Della
Dans la campagne de Lorraine.
Nous avions cheminer toute la journée et cela faisait un bon moment que nous nous étions éloigner de toute ville.
Les chemins étaient déserts et les voyageurs semblaient avoir disparu dans la nature.
Nous avions fait une halte, pour manger un peu lorsque soudain, nous entendîmes le pas d'un cheval.
Vite, je mis mon doigt contre mes lèvres pour indiquer à Jullius qu'il fallait être silencieux. Heureusement, j'avais laissé le cheval et l'âne un peu plus loin, dans un carré de verdure. Ils ne nous feraient pas repérer.
Les bruits nous parvinrent plus fort, ils se rapprochaient sans que nous ne sachions encore qui était sur la route.
Cachés derrière notre buisson, j'espérais bien qu'on ne nous remarquât pas. C'est que je n'avais pas l'intention de finir embrochée sur l'épée d'un brigand !
Bientôt, le voyageur fut à notre hauteur. Je pus alors distinguer qu'il s'agissait d'une voyageuse. Une voyageuse que je connaissais ! Celle par qui le malheur était arrivé à Nancy ! La compagne du diacre à la solde des sorciers...Isis, celle-là même à qui Astutus avait craché au visage. Mes mains se crispèrent sur les bras de Jullius qui me lança un regard suppliant pour que je le lâche. Confuse, je desserrai mon étreinte et souris au gosse en guise d'excuse silencieuse.
Citation:Aujourd'hui, en chemin, vous avez croisé Isis25.
J'eus alors l'envie impérieuse de me lancer derrière Isis et de...Mais la petite main de Jullius se posa sur la mienne. L'enfant avait du lire dans mon regard toute l'amertume que je vouais encore à cette femme et il me demandait de ne pas broncher.
J'acquiesçai d'un signe de tête et serrai à mon tour sa menotte.
La voyageuse s'éloignait à présent.
Quelques dix minutes plus tard, nous aussi, nous reprenions notre route..._________________
Della
Entre deux vignobles...un petit campement.
Nous avions déjà pas mal avancé, sans voir la moindre âme qui vive.
Le jour déclinait doucement, les estomacs gargouillaient et les vignes s'étendaient à perte de vue.
Il était temps de faire un arrêt, de manger, de se reposer aussi.
Nous descendîmes, Jullius et moi, de nos montures et nous nous installâmes derrière un petit bosquet, à l'abri du vent qui avait tendance à souffler un peu fort.
Mon petit compagnon de route s'activa à ramasser du bois et insista pour allumer lui-même le feu, ce que je lui laissai faire, confiante.
Pendant qu'il veillait à ses quelques étincelles, je sortis la lettre de mon frère et je la relus au moins quatre fois.
Citation:Della,
Quelle surprise de recevoir une lettre de vous. Sachez que l'étonnement laissa rapidement place à de la colère qui s'apaisa quelque peu ensuite. Je ne vais pas prendre la peine de vous écrire tout ce que je souhaite vous dire. Cela, vous l'entendrez en temps voulu, lorsque nous nous reverrons.
Vous êtes ma soeur, et je me souviens d'un temps où je vous chérissais tendrement. Pour ce souvenir et l'amour fraternel qui nous unis, et que je n'espère pas éteint, je vous assure de ma bienveillance envers vous. Je vous accorde donc le droit de rester à Beaumont, et vous confie même l'autorité sur le château et les terres familiales. Nos serviteurs présents sur place vous seront donc à présent totalement soumis, mais je vous prie de ne point trop troubler l'organisation brillante et fructueuse mise en place par l'intendant Marc que j'ai laissé à mon départ.
Sachez que je viendrai prochainement à Beaumont pour y revoir et régler nos affaires.
En espérant goûter très vite le fruit de votre labeur,
Que le Très-Haut vous garde,
Fraternellement,
Eldwin
Les mots que j'y laissais me faisaient du bien tout autant qu'ils m'obligeaient à admettre que j'avais vraiment agi d'une façon stupide et irréfléchie.
Devant ce frère et cette sagesse qu'il inspirait, je faisais figure de peste.
Oh, je me doutais bien qu'il devait fulminer quand même pourtant ses mots étaient pleins de compassion, allant jusqu'à me donner autorité à Beaumont.
Restait à savoir qu'elle serait sa réaction dans quelques jours lorsque j'allai débarquer chez lui...Aurai-je la force de me reconnaître fautive et de lui demander un pardon que je ne méritais peut-être pas.
Bah, il était inutile, pour l'heure, de me tracasser ! L'endroit était superbe, Jullius était adorable et j'avais faim !_________________