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[RP] Les lettres de simples mots couchés et envoyés ?

Isleen.
Dié, une taverne comme toutes les autres, mais une taverne qui n’est pas la sienne, une sans tous les souvenirs, une sans aucuns fantômes, et pourtant voilà qu’elle se prend à tourner le regard vers la porte qui s’ouvre, s’attendant à le voir, alors qu’il ne s’agit que d’un habitué, d’un homme de passage comme elle. Mais pourquoi le verrait-elle là alors qu’il est si loin, si loin de l’endroit ou elle se trouve, pourquoi ? Et pourtant, elle le tourne le regard, elle espère un jour que ce sera lui qui passera la porte. Elle sait, pendant longtemps ses prunelles se tourneront dans l’espoir de croiser une fois encore ses azurs, ses ciels bleus été, qui vous regardent jusqu’à l’âme, vous sondent, vous bouleversent d’intensité, ces ciels qui savent devenir des lames acérées sous la colère. Oui elle le tournera encore longtemps ce regard, vers la porte qui s’ouvre…

Soupire et dextre qui vient tremper la plume dans un peu d’encre, avant de venir poser les mots sur un velin, des mots à une amie.


Citation:

Dié, 15 janvier 1461

Gabrielle,

Je profite d’une escale sur Dié, pour venir prendre de tes nouvelles, de celles d’Enzo, de celle de votre fils à tous deux, j’aurais voulu le faire avant, mais mon esprit, mon cœur, mon âme ont été remués par des événements récents, et je ne sais trop ou j’en suis.

Nous ne nous sommes pas vus beaucoup ces derniers temps, l’armée, les routes, les bouleversements arrivés. Il semble que la fin d’année et le début de celle ci soit sous le signe des changements. Bons ? Mauvais ? Espérons qu’un équilibre se fasse pour le bien de tous. J’aimerais avoir un peu de calme parfois.

Que dire...Osfrid a quitté Montpellier, je l’ai revu le soir avant qu’il ne parte, nous avons discuté seuls tous les deux, et je suis heureuse que nous ayons pu le faire. Je n’en parlerais pas plus, les mots manquent pour dire ce que je ressens à présent, ce qui me traverse et vers où vont mes pensées lorsque je songe à lui, lui qui s’éloigne sur les routes, au vide qu’il laisse en partant. Oui les mots manquent.

Gabrielle, aurais je vécu ce jour , les événements qui en découlèrent autrement, si je m’étais douté de l’intensité de la douleur, du manque et de l’espoir qui suivirent ? Non, je ne pense pas, je ne sais faire autrement que vivre les instants. Certains m’ont dit que mon bon cœur me perdra, il me perd déjà Gabrielle, depuis toute jeune, ce cœur me perd de ressentir, ce cœur me fait souffrir.

J’ai reçu un courrier récemment, un courrier de Manon. Ma petite sœur, la précieuse fille chérie de mon père, celle qui a eu ce que je n’ai pas pu avoir de lui, que j’ai détesté pour cela et que pourtant que j’ai aimé et protégé étant enfant. Manon qui est venue jusqu’à moi, qui fait route vers moi et je n’en reviens toujours pas. Je suis en route pour la rejoindre en Savoie pour la ramener peut être avec moi sur Montpellier. Ca me chamboule de me dire que je vais la revoir, ça fait resurgir tellement de souvenirs, de sentiments, ça me fait peur aussi. Oui hein, c’est étrange de se dire que j’ai peur de revoir ma petite sœur, mais c’est ainsi.

Je vais poser là ma plume, et aller trouver le sommeil, s’il veut bien de moi. Ces derniers temps, la nuit est mon jour et le jour ma nuit.

Prend soin de toi.

Vous me manquez, toi, Enzo, Mordric, Mae, Cebyss, et les autres.

Isleen


Et la rouquine de rouler le vélin, et de l’envoyer vers sa destinataire, avant de monter pour tenter de prendre un peu de repos.
Gabrielle_montbray
Citation:
A toi Isleen
De moi Gabrielle


Isleen,

Ta lettre est arrivée à Montpellier le jour où je suis rentrée.
Ma mission avec l’armée est terminée. Je suis de retour ici et les choses ne se passent pas comme je l’aurais espéré.

T
a lettre m’apprend que tu es partie. Elle m’apprend aussi que c’est pour une bonne chose. Retrouver ta sœur va être une belle expérience. J’aimerais tellement retrouver mon frère… Il se dit qu’il est mort, mais je me prends parfois à espérer qu’il franchira le seuil de la porte et que nous nous reconnaitrons. Je crois que ma famille me manque, celle de mon enfance, celle qui m’a fait croire un moment que la vie était belle et simple. Un rêve de petite fille, un fantasme probablement, les choses ne devaient pas être aussi bien sinon je n’en serais pas là aujourd’hui.

Mais je m’étale, je m’étale et je ne prends pas le temps de te dire que je comprends pour Osfrid. J’ai connu le vide et le manque. Et je le connais encore. Le souffle qui se fait court, les battements de cœur qui se suspendent, cette sensation atroce que le ciel s’obscurcit et qu’on ne rira plus jamais. Je comprends. Vraiment. Et j’en suis désolée pour toi. Je ne sais que t’écrire car mes mots seraient vain. Je pense à toi. C’est tout ce que je peux faire.

J’espère avoir le temps de connaitre ta sœur. Je me demande si elle te ressemble. Tu vas la trouver changée j’imagine. J’espère que les retrouvailles seront belles et qu’elles éclaireront un peu ton chemin.
Tout n’est pas si lad en ce bas monde.

Cette nuit, un gouffre s’est ouvert sous mes pieds. Je n’en dirais pas plus par ecrit, rien que de m’imaginer te l’écrire, je sens les larmes remonter, ma gorge se serrer et mon âme se déchirer de nouveau. Oui, un gouffre s’est ouvert. Alors je suis allée voir mon fils. Je crois que je commence à l’aimer. Il est un peu son père et un peu moi. Il lui ressemble mais il a mes yeux, je crois du moins, il me semble bien qu’ils deviennent plus sombres et plus bleus. Je crois qu’il est beau, mais j’imagine que les fils sont toujours beaux dans les yeux de leur mère. C’est une chose étrange à écrire. Mon fils. Je suis sa mère. Je crois bien que ça n’était jamais apparu aussi clairement que cette nuit.

Le soleil s’est levé. Je n’ai pas dormi. J’ai les yeux rouges, le cœur en vrac, le corps défait et l’âme morte. Je pense à toi. Tu me manques. Reviens vite.

Que le Très Haut te garde,





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Isleen
Elle n’était plus si loin que ça de Montpellier l’irlandaise, deux jours à peine, deux petits jours de marche avec sa soeur. Uzès, un arrêt, un peu de repos, et c'est toujours du fonds d’une taverne qu’elle écrit à son amie, dont les mots inscrits sur le vélin sont autant un soutient qu’une inquiétude, qu'elle lui livre les mots, des mots qu'elle ne dira jamais au grand jour, des mots qui sont une souffrance aussi, des mots qu'elle aurait pu lui dire à lui, s'il avait été là, qu'elle pourrait lui écrire si elle savait vers ou envoyer un courrier.

Citation:
Gabrielle,

Mes pas me rapprochent de Montpellier chaque jour un peu plus, si le temps ne nous fait pas de misère, d’ici deux jours nous devrions être là, je devrais être là, j’aimerais pouvoir déjà être arrivée.

Oui j’aimerais déjà être là, pour te dire ce qu’il est impossible pour moi d’écrire, pour que tu me dises ce gouffre qui s’est ouvert, que je sois là pour toi et toi pour moi, en attendant, je pense moi aussi à toi.

Ma sœur, oui cela a été une joie de la retrouver. Tu verras, elle me ressemble en un sens, mais tu le verras par toi même, tu te rendras compte des différences. Cette petite sœur, que je ne pensais pas revoir, cette petite sœur que j’ai aimé et protégé enfant, cette petite sœur que j’ai détestée aussi, qui a eu ce que je n’ai eu, et qui sans s’en rendre compte me le rappelle. Oui je suis heureuse de la revoir, mais je me rend compte aussi que là haut, celui qui est mon père n’a pas changé, celle qui est sa femme non plus. Je me rends compte que les mensonges, les dissimulations sont toujours faits à Manon., que certaines choses ne changent jamais, et que j’ai ma part de responsabilité dedans.

Dis moi Gabrielle, doit on ôter les illusions à ceux que l’on aime ? Dois je un jour lui dire que celui qui est notre géniteur, qui est son père, me déteste d’avoir tuer sa maitresse, ma propre mère en naissant ? Lui dire que sa propre mère a œuvré pour nous séparer, distillant le poison autour d’elle pour cela, me haïssant de n’être point morte en naissant, de représenter l’infidélité, mais aussi l’attachement qu’il avait de ma mère ? Lui dire ou je disparaissais plus tard, dans les ruelles sombres, ce que j’y faisais…

Je pose la question, mais je n’attends pas de réponse, il n’y en a pas de bonne de toute manière. Je pense que certaines vérités ne sont pas bonnes à dire, que certaines parties de nous, les plus sombres et les plus froides, doivent rester aussi secrètes que possible.

Je me sens étrangement perdue, Gabrielle. La fatigue ne m’aide pas à voir clair, mais je me sens changer à nouveau, redevenir un peu de celle que j’étais et je ne sais si c’est une bonne chose.

Que ceux qui sont sources de tout veillent sur toi Gabrielle,



Et Isleen de faire partir le vélin vers sa destinataire. De regarder sa chouette Bàn s'envoler vers son amie, de se prendre à espérer voir Loki arriver. Un soupire. Et de retourner dans la chaleur de la taverne. Encore quelques jours, et elle serait de nouveau chez elle.
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Isleen
Nîmes, une chambre d’auberge, une bougie allumée sur une table, assise une rouquine, un vélin vierge devant elle, un peu d’encre, une plume à la main qui s’y trempe et vient courir doucement, déposant des mots, des sentiments sur ce morceau de papier, porte ouverte sur un cœur, sur les doutes, les peurs, les désirs, et sur ce qui ne se dit pas. La solitude d’une nuit, la fatigue des derniers jours de la route, de la maladie qui la terrassée pendant quelques jours avant de la laisser, propice à livrer sur un parchemin ce qui tourmente l’âme de l’irlandaise, des mots qui ne partiront jamais vers leur destinataire.

Citation:

Nîmes, dans la nuit du 20 au 21 janvier 1461

Osfrid,

Ma plume se pose sur le vélin, hésite un temps, traduction de la pensée qui s’agite en moi, cette pensée insidieuse, ce mal qui me ronge et qui me dit "à quoi bon ?" oui pourquoi t’écrire cette lettre, alors que je ne sais ou l’envoyer, que je ne sais ou tu te trouves, avec qui tu te trouves, que depuis ton départ, et cette unique lettre, je demeure sans nouvelle de toi.

Et pourtant, je les pose ces mots, ces mots que tu ne liras surement jamais, je les pose comme pour garder ce lien entre nous, même si ce n’est qu’une illusion. J’ai besoin de les poser, de les dire, j’ai besoin de me confier, et je suis seule ce soir dans cette auberge loin de Montpellier. Si j’étais à La Traverse, me confierais-je de tout cela à quelqu’un ? Je ne sais pas, des derniers mots de ces derniers moments échangés avant ton départ, je n’ai parlé à quiconque, gardant cela pour moi, entre nous. Alors je ne sais pas, et ce soir, je pose mon cœur et ma vie sur un vélin, plus encore que je ne l’ai jamais fait, parce que ce soir le fardeau me semble trop lourd à porter, que je suis fatiguée, que mon esprit ne voit pas clair et que peut être en t'écrivant, en faisant comme si tu étais toujours là, comme si entre toi et moi rien n'avait changé, je puisse un instant poser ce qui me pèse et arriver à comprendre .

Ca me fait mal Osfrid, ça me tue doucement de ne plus avoir de nouvelles de toi, de voir les secondes, les heures, les jours et les nuits passer inexorablement sans aucune nouvelle, sans voir ton morfale de Loki voler vers moi. Je me souviens t’avoir dit de me laisser gérer ton absence quand tu t’es inquiété de moi, tu avais vu juste mo danmhairgis* cela n’a rien de facile, je le savais, mais je ne me doutais pas à quel point. Et ce qui me tue doucement, surement, ce qui me fait le plus mal, ce n’est pas tant ton éloignement, que ton silence, cette absence de nouvelles, de ne pas savoir ou tu es, ce que tu fais, ce qui t’arrive, qui croise ton chemin, de ne pouvoir te demander doucement de me parler de toi, de te découvrir encore, de continuer ce lien entre nous.

Ne rien savoir me fait bien plus mal que ton départ. Cela me ronge Osfrid, c’est une oppression dans ma poitrine, c’est ce murmure insidieux qui me dit qu’il t’est arrivé le pire ou quand ce n’est pas cela, ce chuchotement à mon oreille me rappelle les mots que tu m’as jeté à la figure, ce jour là, ces mots tels des lames acérées, ces mots qui m’ont blessé. Plantés droit dans mon cœur. Cette petite voix me dit qu’ils étaient vrais, que j’ai tout inventé, que je me suis illusionnée, vu ce que je voulais bien voir, compris ce que je voulais… et que ton silence, ceux sont ces lames à nouveau qui reviennent se planter.

Je ne devrais pas penser cela, je sais compter un peu pour toi, en témoigne le marteau de Thor à mon cou, s’il est là c’est qu’à un moment au moins, j’ai eu une petite place dans ton cœur, et puis tu dois être occupé, ne pas avoir de temps suffisant pour m’écrire…voilà c’est cela, c’est du moins ce que je me plais à penser pour ne pas croire que tout ne fut qu’illusion de ma part.

M’écrire te semblait une nécessité, avoir de tes nouvelles en est une pour moi. Je suis capable de supporter, ton éloignement, que toi et moi nous ne nous revoyons jamais, que jamais plus je ne verrais tes azurs tels des ciels d’été me regarder, me sonder j’ai l’impression jusqu’à l’âme, cherchant à découvrir, que jamais plus je ne verrais ton sourire, ou ces petites rides qui se forment sur ton front lorsque tu réfléchis intensément, tes bras autour de moi…je supporterais même si ce n’est pas une chose que je désire, que mes prières ne vont pas vers cela… mais ne me raye pas de ta vie, laisse moi garder le contact, laisse moi rester au moins une amie même à distance, même si toi et moi nous ne pouvons être plus…laisse moi au moins cela…je… t’en prie Osfrid, ne me rejette pas de ta vie.

Je voudrais te dire tellement de choses, te confier ce qui m’arrive, l’arrivée de ma sœur, les sentiments qui m’agitent, me confier à toi et pas, retrouver tes regards qui me scrutent, qui se doutent, devinent, ces questions que tu me posais, cette curiosité que tu avais de moi, qui me donnait l’impression d’être importante, d’avoir une valeur, de ne pas être rien, la complicité qui nous liait toi et moi, écouter tes confidences, l’amitié et tellement plus…je voudrais, mais…mais je sais bien que l’on a pas toujours ce que l’on veut, que bien souvent on ne l’a jamais. Ce serait si simple sinon, si simple que j’aurais eu l’amour de mon père, plutôt que sa haine, Theodran, celui qui le remplaça dans mon cœur serait toujours là, avec moi. A lui je me confiais, Osfrid, lui il savait tout de moi, je n’avais aucun secret pour lui, il a été un père, un ami, un frère, le confident, le maître, il a rempli tellement de rôle différents pour moi. C’est lui qui a fait en grande partie ce que je suis.

Et je ne suis pas quelqu’un de bien, mo danmhairgis*, même si bon nombre de personnes semblent penser le contraire. J’ai ma part d’ombre que je cache. Bien sur parfois, elle revient dans des petits riens…dans les pièces qui jonglent entre mes doigts, que je m’amuse à faire disparaître et réapparaitre pour les enfants et les plus grands. Parfois, ce sont mes mains qui s’agitent de manière incontrôlée pour aller à la rencontre des poches des passants. Mais ce n’est rien cela, ce ne sont que des envies qui me viennent et auxquelles je ne résiste pas, j’en suis incapable ou presque. De simples envies, rien en comparaison de ce que je suis capable d’être, ce que j’ai été et que je pensais avoir laissé en Irlande, mais qui semble de plus en plus revenir...

Mais je préfère m’arrêter là, à quoi bon continuer tu ne liras pas ces mots, je ne les enverrais jamais, jamais je ne te les dirais et pourtant je pose ces derniers mots, des mots que je pourrais t’écrire sans que tu en comprennes le sens, ces mots que je n’ai jamais dit avant, dont je viens de prendre consciense…mo rún, tá grá agam ort. *

Et mes lèvres à tes lèvres.



Et l’irlandaise de poser la plume au coté du vélin, de souffler la bougie, et d’un temps observer la fumée dégagée monter dans la pièce en volutes avant de rejoindre la fenêtre, le regard perdu sur le ciel hivernal, ou se distingue au travers des étirements brumeux la pâle lueur des étoiles, demain elles prendront la route, elle sera avec Manon à Montpellier.

*Dans l'ordre: mon danois,
mo rún: mon secret qui peut aussi se traduire par mon amour, et ici c'est autant l'un que l'autre
je t'aime

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Isleen
Ma Chambre à la Traverse, assise sur ce lit, qui de temps en temps m’accueille, lorsque je ne veux rentrer chez moi pour tellement de raisons, je suis là, pensive, le jour s’est levé depuis longtemps déjà, et je vois le soleil pâle d’hiver à travers les carreaux de ma fenêtre. Il tente d’éclairer, de réchauffer, la campagne, la ville tout ceux qui croisent la route de ses rayons, son cœur chauffe tant qu’il peut, mais il est si loin, et l’hiver dégèle à peine. Et moi je me sent tel cet astre, je suis trop loin, je suis épuisée d’être, je ne veut pas bouger, aujourd’hui, je ne veut rien d’autre que rester là tranquille, ne rien faire de ma journée. Aujourd’hui, je ne serais qu’un être de pensées.

Et ou vont-elles ?

Vers toi, danois, vers ma sœur, vers la Famille que je me suis faite ici, en laquelle je tiens, vers ce voyage qui se décide, vers cette décision que je dois prendre de partir ou rester. Vers tous ces bouts de moi , que vous portez en vous sans le savoir, ces bouts dont je me suis laissé dépossédée volontairement. Lorsque je donne il m’est impossible de reprendre, je n’ai jamais repris l’affection que j’avais pour Audoin, malgré ce qui c’est passé, cocasse lorsque l’ont connait mon don pour subtiliser chez les autres. Je devrais pouvoir reprendre et pourtant non, j’en suis incapable. Les sentiments sont là, les nier serait se mettre la tête dans le sable. Oui, je tiens en chacun d’entre vous.

Elles vont là mes pensées, alors qu’il arrive à moi : Loki, ton corbeau, lui que je ne croyais pas revoir voler vers moi, mais dont j’attendais le battement d’ailes avec impatience tout de même. Il est là de l’autre coté de la fenêtre, tapant du bec, l’air de me dire « ouvre moi, et donne moi à manger ». Je souris légèrement, alors que je lui ouvre, qu’il entre derrière la fenêtre que je referme. Légèrement, car je suis remplie d’appréhension en détachant le vélin de sa patte, en lui refilant les restes du repas auquel je n’ai pas touché ou presque.

Oui de l’appréhension, et j’hésite à l’ouvrir ce mot que tu m’envoies, oui j’hésite. Je te connais Osfrid, j’ai appris à te connaître, même si je ne sais tout, et ton silence pendant tout ce temps, et ce vélin maintenant… espoir ou gouffre sous mes pieds ? Si je pense à notre dernière soirée, à ton dernier message, j’y vois de l’espoir dans ce bout de papier roulé, mais si je pense à notre dernière soirée, à ton silence depuis ma dernière lettre…c’est un gouffre auquel je m'attend.

Tu ne le sais peut être pas danois, mais tu es une arme à double tranchant, épée, hache, peut importe, tu es multiple et complexe, je pense comprendre et saisir ce que tu es et, tu te dérobes, tu changes encore. Mais si j’ôte les nuances, tu n’en reste pas moins ce type d'arme , alors dis moi de quel coté de ta lame cette lettre ? Le danois doux, amical, aimant, le danois ouvert, qui discute, s’intéresse, se confie, le danois qui ne réfléchis pas, mais qui vit ce qui lui arrive, ou l’autre ? Le froid, celui qui se renferme, qui garde la colère, qui veut oublier, se perdre, disparaitre, celui qui repousse les mains tendues, celui qui réfléchi bien de trop aux actes, aux mots, aux conséquences, à ce qui lui arrive ? Hein dis moi vers quel coté de la lame penche ta lettre ?

Je dois le savoir, je vais le savoir. Je l’ouvre ce vélin, mes prunelles se ferment, elles ne veulent voir ce que je redoute, mais s’ouvrent à nouveau sous la pression psychologique que sont ces mots dans ma main. Alors je te lis parce qu’il faut bien le faire, que je veux savoir, même si c’est le pire que tu m’annonces…


Citation:
Florence, Italie,
Le 24 janvier de l’an de grasce 1461

Isleen,

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas pris la plume pour t’écrire, bien longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles et que je n’en ai point prises. Une volonté de ma part, il est vrai.

Quand je suis parti de Montpellier, je t’ai dit que l’on ne se reverrait sans doute pas, que nos chemins prenaient des routes différentes et je le pense vraiment. J’ai quitté le royaume et j’ai pris la première direction qui s’est ouverte devant moi. Mes pas m’ont entrainé en Italie où j’ai pris du service auprès d’un riche commerçant. La Bella vita comme ils disent ici. Je ne sais pas si ça l’est mais en tout cas, j’en profite aussi. L’hiver n’est pas froid c’est le seul regret que j’ai. La neige me manque mais un jour je retournerais dans le nord! Un jour !

Isleen, ces quelques mots qui ressemblent à des platitudes cachent autre chose, quelque chose de plus profond et dont il faut que je me délivre. L’avenir ne nous fera pas nous retrouver. J’ai fait un choix, je l’assume. Et ne commence pas à dire que je décide pour toi, c’est totalement faux. Je décide pour moi aussi, pour ce que j’estime être bien ou pas pour moi. Nous avons vécu quelque chose de compliqué, de joli sans aucun doute mais ce n’est pas ce que je veux à l’avenir. J’ai ce besoin de liberté qui m’appelle, ce besoin de solitude, ce besoin de vivre les choses dangereusement sans me soucier de quelqu’un.

Oui je suis égoïste mais c’est ainsi. Je ne cherche pas à te faire souffrir, comprends-le bien, juste à te dire adieu afin que tu puisses continuer ta route comme bon te semble. Puisses-tu trouver ce que tu cherches, après tout la vie est pleine de surprise.

Que tes dieux guident tes pas où tu le souhaites.

Adieu

Osfrid.


...

(lettre publiée avec l'accord de JD Osfrid)
_________________
Isleen
Quelques jours plus tard, une rouquine, en plein milieu de la nuit, dans sa taverne presque vide, une rouquine qui apporte une réponse, une dernière avant de renvoyer Loki définitivement.

Presque vide.

Enzo, endormi sur un coin de table, Enzo à qui doucement elle a posé une couverture sur les épaules, Enzo qui l’a soutenu à sa manière, très militaire, le soir ou elle a reçu la fameuse lettre, ou l’oppression à gagné sa poitrine, ou le souffle lui a manqué, ou chaque respiration, chaque battement de cœur, lui causait une douleur atroce, comme celle de ses douze ans, différente, mais si semblable. Oui, il avait été là, il l’avait tiré, l’avait poussé, l’avait fait courir encore et encore, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus, et au delà, il l’avait bousculé, malmené, elle en avait vomi de douleur, lui avait crier, hurler qu’elle le détestait, mais il avait continuer, elle avait pleurer aussi, évacuer tout ce qui la rongeait, ce qui était en elle et sur lesquelles elle n’arrivait pas à mettre de mot. Et lorsqu’il l'avait estimé, il avait arrêté, l’avait ramener à la Traverse jusqu’à sa chambre.

Enzo, endormi, le visage serein, il n’avait pas l’amitié facile, à repousser les autres, mais il était là encore pour elle, à sa façon. Et ça a de l’importance pour l’Irlandaise.

Gabrielle, ensuite venue doucement les rejoindre dans cette taverne presque vide. Gabrielle à qui ce fameux soir, elle avait montré la lettre du danois. Et depuis, elles avaient réussi à se revoir tranquilles, autour d’un verre, de plusieurs, elles avaient parlé, échangé les confidences sur ce qui se passait dans leurs vies, leur arrivait. Une discussion entre filles, comme elles n’avaient pas eu depuis longtemps, même si l'irlandaise aurait aimé d'autres circonstances, pour son amie, pour elle.

Elle terminait sa réponse en leur présence, un verre à ses cotés.


Citation:
Montpellier, 27 janvier 1461

Osfrid,

Ainsi tu fais le choix de me rejeter de ta vie, de ne même pas conserver l’amitié entre nous, tu balayes tout, et ne veux plus aucun contact.

Qu’il en soit ainsi alors.

Finalement, tu ne me connais pas vraiment, peut être même pas au final, car je n’ai même pas pensé que tu décidais pour moi ! Nous décidons tous pour nous Osfrid, moi la première, nos choix impactent juste sur les autres, à nous de les prendre en compte ou pas dans ceux que nous faisons, pour peu que les autres nous soit important.

Vois tu, je sais ce que je veux et pas, je ne passe pas mon temps à me rapprocher de quelqu’un, à m’intéresser à lui, à lui poser des questions, à le soutenir, à m’en soucier, pour le lendemain le rejeter simplement comme s’il n’était rien.

Tu ne voulais pas me blesser ? Pourtant c’est ce que tu as fais dans l’indécision de tes choix, en revenant vers moi ce dernier soir, en m’écrivant cette lettre après ton départ, pour maintenant m’envoyer celle là…définitive, en ne voulant même pas conserver un lien d’amitié.

Tu me rejettes et c’est la dernière fois que je vis cela.

Je ne peu souhaiter simplement que tu trouves le danger auquel tu aspires, que tu trouves ce que tu y cherches, maintenant que te voilà débarrassé de moi, de notre lien.

Adieu
Isleen


Enzo, Gabrielle, voilà qu’elle mettait les derniers mots à cette lettre en leur présence, elle qui avait pensé se trouver seule pour le faire. Non, elle n’était pas seule. Elle avait pensé l’être, mais non au final, non elle ne l’était pas, elle en prenait conscience. La solitude est un choix, une volonté, il choisissait la solitude, il choisissait de continuer de souffrir, de se malmener, de se perdre dans une vie de danger, de rejeter, et bien pas elle ! Elle avait ses amis, sa sœur, et tant qu’elle les aurait, elle ne serait jamais seule.

La leçon de l’histoire, chèrement apprise :
Jamais plus elle ne laisserait le soin à quiconque de prendre l’importance qu’il avait prit pour elle, pour être rejeter ensuite. Elle avait bien assez souffert de cela aujourd’hui et par le passé.

Jamais plus !

Désormais, c’est elle qui rejettera, elle venait de vivre la dernière fois.

Le lendemain au matin. Loki partait porteur d’un dernier message.



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