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[RP fermé] Présumée coupable.

Alphonse_tabouret
Un souffle plus plaintif que les autres vint s’échouer en ondes à ses doigts capturant sa gorge et se distilla, poison fulgurant dans chacune de ses veines, enrageant un peu plus l’animal contenu dans le simple souffle d’extase que ce bruit lui arracha. Délicieusement accaparé par le ricochet de leurs respirations plus lourdes, de la chaleur de sa peau contre la sienne, il se laissa brièvement surprendre par cette main audacieuse et pourtant maitrisée qui grimpait de son ventre à sa gorge, jouant d’une hésitation qui finit de l’amuser définitivement. Il se laissa aller à une inspiration marquée du plaisir de cette intrusion qu’elle venait de se permettre et ses doigts se crispèrent au cou de la jeune femme, le temps que s’estompe le frisson venu lui secouer l’échine.
Sous le contact de la senestre, le jeune homme se tendit doucement, s’y appuya imperceptiblement pour en ressentir la pulpe au travers du tissu, pour se brûler à cette sensation neuve où le vouloir et le pouvoir se liaient sur l’instant, libres, sans contraintes. Il la regardait, ensorcelée par cette peau qui la narguait, par ce tissu qui devenait un obstacle, le visage animé d’une moue étrangement sereine et chaotique. La gitane avait pris possession d’Axelle, ou peut être Axelle était-elle devenue gitane, qu’importait, puisqu’elle était là, asservie autant que lui à des désirs qui la contrôlaient et dans lesquels elle voulait se noyer. Pas de pleurs non, ni de cris, et surtout pas de confidences désespérées… rien d’autre que ce feu brutal qui les enroulaient tous deux dans la lumière diffuse de la chambre. Le tout était laissé aux bons soins du futur, l’unique et flamboyant présent, prenant possession de l’espace et du temps, le suspendant au fil de leurs caprices.

Ouais, j’ai besoin d’aide, j’suis pas fichue d’faire qu'que chose d’la gauche Les doigts cédèrent à l’appel de la chair, découvrant la ligne souple de l’épaule. Aidez-moi…

Ce murmure acheva de faire bouillonner le magma de ses sens et son corps répondit d’un rugissement silencieux, sentant monter avec délice cette pointe de désir lancinant qui ne cessait plus de grimper, avide.

L’soucis, c’est qu’après avoir payé l’auberge, la rebouteuse, j’aurai pu d’quoi vous offrir un quelconque remerciement pour vot’ application à m’soigner, voyez, j’suis encore plus sotte qu’vous l’pensiez, pis comme j’aime pas être redevable, l’savez, j’dois trouver aut’chose. J’ai donc pas grand-chose à vous proposer, mais qu’choisissez vous ? Une confidence ? Une réponse ? Un défi ? L’incendie de ses yeux rencontra la terre brulée du sien . Elle put y voir un regard tout en gourmandise, tout en crocs, et si le sourire qu’il affichait en réponse aux outrages qu’elle se permettait n’en était pas orné, il n’en avait pas moins un air parfaitement carnassier qui semblait lui promettre le sucre et le sel. Un baiser ?


Il la jaugea longuement, sans se départir de cette moue arrogante du chasseur dansant avec sa proie, et entreprit de répondre tandis que ses mains délaissaient leur point d’ancrage. Il laissa la senestre à la hanche, l’insinuant d’une caresse appuyée dans le bas de son dos et la pressa d’un geste lent contre lui, prenant un temps insensé pour lover indécemment son bassin au sien, la cambrant alors que la dextre venait délacer le nœud de la robe, tirant dur le ruban jusqu’au ouvrir le décolleté.

-Ce n’est pas l’heure des confidences la voix était basse, tendue d’une excitation féline. Son regard s’attarda à l’aube naissante de sa poitrine avec appétit et ses doigts délaissèrent le ruban pour venir à la peau de la gitane, glissant sous le tissu rouge. La senestre emporta le tissu béant dans un mouvement lent en lui découvrant l’épaule, rehaussant le pommelé de ses seins encore cachés, délayant un peu plus de concupiscence dans son regard brun qu’il vint noyer dans le sien. Une seule réponse, ne me calerait pas et bien au contraire, ferait naitre encore plus de questions… Il la plaqua définitivement à lui, se délectant du cœur qu’il sentait battre fort au travers seins pressés à son torse amenant leurs bouches si proches qu’elles se frôlaient presque, faisant glisser sa main gauche de la nuque au dos, par-dessus le tissu rouge. Il reprit dans un chuchotis alangui, le fauve rugissant pour porter un coup de patte. Quant aux baisers, je les donne… Ses lèvres s’écrasèrent doucement aux siennes, dans un martèlement sourd à ses tempes. Le parfum d’Axelle explosa à son nez et vint s’incruster à ses sensations, resserrant tout son corps autour d’elle dans l’écrin de ce premier baiser qu’il rompit au bout de quelques secondes pour poursuivre, inflexible… ou je les prendsL’attaque fut plus vive et, venant la saisir sans pour autant voler son souffle, résistant en maitre à l’envie de se fondre à sa langue, de s’enferrer dans un baiser plus suave… mais en aucun cas je ne les monnaye, avez-vous oublié ?, finit-il par chuchoter en s’écartant à peine d’elle pour pouvoir la regarder à nouveau pleinement. Il enchaina, assez orgueilleux pour lui laisser le choix de la prochaine salve, annonçant en prenant un ton plus léger malgré les mille tourments que son corps entier subissait à ne pas s’assouvir dans l’instant à cette chair pétrie d’envie qu’il tenait dans ses bras. Je choisis donc le défi… Dans son dos, la dextre délaçait le dernier ruban maintenant l’ensemble pendant qu'il lui annonçait l'intitulé: Faites-moi taire, la nargua-t-il en empoignant les jupons de ses hanches, nouant le tissu à ses doigts crispés contre elle.
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Axelle
C’était trop tard, le mal avait été fait. Le tissu glissait lentement sur sa peau en une caresse délicieuse de la presque absence de ses mains, et elle ne faisait rien pour le retenir. Bien au contraire sa respiration chahutée en soulignait la chute irrémédiable. Elle regardait le visage d’Alphonse où dansait la lueur de flammes, aiguisant les traits du prédateur, aiguisant la ruse de la proie ensorcelée par le souffle plus rauque s’échappant des lèvres dont elle s’interdisait encore le plaisir avec un léger sourire séduit.

Elle aurait pu résister, encore, peut être, là, légèrement cambrée sous son emprise, sous le joug de ce bassin contre lequel elle ondulait à peine, presque indécelable sans le froissement des tissus qui hurlait à ses oreilles d’être libéré.

« Quant aux baisers, je les donne… »

Elle aurait pu résister, mais il donnait l’assaut final, d’un baiser sur les lèvres, presque chaste si n’avait été si désiré. Mais rapidement, trop rapidement, ses lèvres s’arrachaient déjà aux siennes la laissant chancelante de ce trop ou de ce trop peu, joueur émérite et sans pitié qu’il était.

« Ou je les prends »

Et il revint, étouffant le soupir à ses lèvres même, la terrassant d’un second baiser retenu, la frustrant divinement, comme jamais elle n’avait pensé l’être, brisant dans une cruauté sans nom les dernières traces de volonté qu’il pouvait lui rester, tout en agaçant une douce revanche. Elle le regarda longuement lèvres entrouvertes et luisantes, sonnée, déboussolée, vibrante et sourit malicieusement. Si un jeu finissait, un autre commençait.

« Faites-moi taire »


Souple, son corps se cambra davantage sans que son bassin n’abandonne le sien. Lèvre inférieure doucement mordillée, elle baissa un regard effilé de velours noir en tortillant l’épaule dénudée, et le tissu glissa encore. Glissa jusqu’à ce que la manche soit assez basse pour extirper son bras sans effort, dévoilant l’espace d’un instant un sein arrogant qu’elle vint cacher sournoisement en se redressant contre le torse du brun. Dans l’embrassement de leurs corps, le léger déhanché s’affina, inquisiteur indiscret.

Elle remonta des yeux brillants, peu-à-peu, vers cette bouche cruelle qu’elle retrouvait si proche, et s’approcha encore. Et avec une lenteur infinie, ses lèvres tremblantes virent délicatement emprisonner celle inférieure d’Alphonse, dans une caresse langoureuse. Son gout éclata dans sa tête, entêtant, épicé alors que son sang se déchainait dans ses tempes, dans sa poitrine, sans qu’elle ne cherche un instant à le faire taire. Au contraire, elle se recula légèrement pour mieux y revenir, consentant à sa langue de se dégourdir sur cette bouche envoutante qu’enfin elle s’autorisait.

Délaissant sa dextre impuissante, c’est de la senestre qu’elle vint parcourir son dos, insufflant en elle le désir des deux, devinant chaque courbes, chaque creux d’une paume envieuse, assurée mais encore légère, remontant posément dans le sillon de la colonne.


Taisez-vous. C’est les seules paroles que son souffle court lui permit, trop affamée pour chercher d’autres alternatives au défit.

Dans le murmure d’un soupir, sa main libéra la fougue qu’elle s’échinait depuis des semaines à taire, et se noua à la nuque brune, la serrant, contraignante à son tour quand ses lèvres s’appuyèrent avides contre la bouche de l’irrésistible tentateur cherchant une réponse presque désespérément à l’égarement qui la possédait, la tête vide de tout, sauf de lui.

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Alphonse_tabouret
La danse avait commencé, pernicieuse, au contact de ses hanches plaquées aux siennes, des mouvements aériens dont elle venait savamment le solliciter. S’il y avait encore eu une dernière poche de résistance, pour elle comme pour lui, les deux baisers, donné puis volé, avaient fini de les emporter, les laissant à vif, l’un dans l’arrogance de son désir, l’une dans les affres de son plaisir… à moins que ce ne fut l’inverse. Son regard s’attarda d’abord sur la ligne noire de ces cils barrant la nuit de ses yeux, avant d’être irrémédiablement attiré par l’épaule, l’indécente épaule, qui venait de se dévêtir, dévoilant un sein qui l’émeut à ce point dans sa fugitivité qu’il sentit son ventre se contracter et affirmer l’empreinte d’un désir physique à son bassin quand la rondeur divine s’imprima au contact de sa chemise débraillée. Le besoin viscéral de sentir cette peau à même la sienne traversa sa cervelle et lui arracha un grognement presque inaudible de frustration. Son bassin au sien continuait de danser, accentuant le bouillonnement autoritaire qui le saisissait et le raidissait lentement. Ses mains tenaient toujours le fatras rouge entre leurs doigts et glissant vers l’arrondi des reins, emportèrent avec elles le tissu en se les appropriant sournoisement quand elle vint harceler sa retenue, qu’elle prit le temps, sorcière, de l’envouter de cette prise exquise qui le nouait à elle avec une ferveur brûlante. Les lèvres jouèrent, querelleuses, envieuses, et s’apprivoisèrent sans se céder encore une fois, essoufflées de cette lutte insensée, le corps se chargeant de trahir les armes affutés de leurs orgueils.

Taisez-vous.

Dans son dos, déclenchant frissons et délices, la senestre de la gitane, pressante, sensuelle, vint à son cou le saisir et elle cueillit ses lèvres avec une fougue à laquelle il s’abandonna corps et âme, dans l’oubli le plus pur du monde extérieur, comme il savait si bien le faire. Sous le joug de ce baiser, le fauve n’y tint plus, et tandis que son souffle venait enfin prendre le sien, à pleine bouche, sa langue découvrant la sienne, il la pressa contre lui, les mains délaissant le tissu pour venir saisir la chute de reins.
Ses mains la parcoururent, glissant sur les courbes, emportant le tissu, dévoilant un peu plus le corps souple de la brune, remontèrent dans le dos, trouvant enfin sa peau et s’y attardèrent voraces. La dextre dévala l’épaule, glissant à ses cotes nues et s’y accrochant fermement, jouant tendrement à effleurer ce sein qu’elle cachait. Le corps d’Axelle était menu, presque maigre, mais animé, porté d’une énergie incontrôlable dans laquelle il voulait s’immerger. Des semaines passées à ignorer cette étincelle charnelle qu’elle avait éveillé en lui venaient aujourd’hui réclamer leur dû, déchainaient toutes les lubies du jeune Tabouret et celle qui lui tenait le plus à cœur à cette instant précis, c’était l’abandon de cette extase. Il voulait voir Axelle danser, il voulait voir Axelle chalouper, il voulait voir Axelle le dévorer de cette folie concupiscente dont elle le narguait autrefois innocente, désormais coupable. La senestre attaqua la seconde manche et d’un mouvement, fit choir de l’autre épaule l’entrave rouge. Il s’arracha à leur baiser, mais y revint encore plus brusquement, avant de lui adresser un sourire exalté et de confier à l’oreille qu’il vint embrasser et à laquelle la pointe de sa langue passa :

-J’ai faim, gronda-t-il amusé quand ses mains redescendaient vers les reins, entrainant le tissu du corsage avec elles, basculant peu à peu, dans une torpeur animale. Il ne s’écarta que pour la faire tourner au creux de ses bras, l’enfermant contre lui dans une prise plus pleine… et vous m’avez promis d’être docile… Il l’aida à passer sa main abimée dans la manche qu’il l’entravait, finissant de révéler à la lueur faiblarde de la lampe, le galbe de ses seins, la ligne de son ventre. La bouche à son épaule où il posait un baiser, son regard suivit la courbe ainsi mise à nue, et se laissa charmer par cette apparition dont il n’aurait jamais pensé se délecter un jour. Il aventura une main curieuse et délicate sur l’un d’eux, frémissant de ce contact, se tendant dans un sursaut de convoitise . Au contact de cette chair vallonnée au dôme saillant, son corps entier s’électrisa, et enfouissant son nez dans la nuque de la jeune femme autour de laquelle courrait un ruban noir dont il ne voyait pas l'ornement pendant au bout, plus bas entre ses seins, il pressa son bassin raide avec plus d’emphase à ses reins, avec une lenteur condamnable. Sensiblement, sa respiration s’alourdissait et résonnait contre la peau ensorcelante de la gitane quand les mots continuaient de s’égrener… Comptez-vous toujours l’être ?... L’autre main s’aventura sur le ventre, dessinant une lente arabesque jusqu’au nombril, continuant sa course faussement insouciante vers le bas ventre, s’arrêtant à la lisière de cette robe qui ne tenait plus qu’à un mouvement de hanche. Il suspendit leurs corps à un silence, avant de lui chuchoter en s’écartant d’un pas pour la délaisser, attiser jusqu’au paroxysme le désir qui le couvait et irriguait son corps en s’en privant : Je vous en prie, ne le soyez pas.

Qu’elle vienne donc chercher ce qu’elle voulait, qu’ils soient coupables, tous les deux, à armes égales, dans la folie de cet écart.

Plus qu’un pas Axelle, plus qu’un pas pour me rejoindre… Fais-le, fais-le que je te prenne, que je te goute entièrement, que j’entende ton souffle se briser dans ta gorge, que je te sente jouir de toute ton âme jusqu’à perdre raison… retourne toi et je te dévore si tu ne me dévores pas…

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Axelle
Les lèvres rutilantes se mêlaient se pressaient, s’échappaient pour se retrouver avec plus d’ardeur encore et les langues s’enlaçaient, lascives ou sauvages, laissant les démons de la Bestiole s’échapper dans un désordre assourdissant. Dans les méandres de sa cervelle embrumée, l’imagination d’Axelle s’enflammait jusqu'à ce que les mains d’Alphonse sur sa peau dénudée au rythme de leurs envies, la dessinent, tracent ses contours, habile peintre qu’il savait être. Elle le sentait s’éveiller contre elle dans un frémissement qui irradia chacun de ses sens avec une force presque brutale. Si le brun voulait la voir danser, elle voulait l’envouter, le faire chanceler, le démasquer. Le laisser rugir.

« J’ai faim »

Les lèvres lui échappèrent, libératrices d’un bras, la laissant gémir faiblement de la démoniaque privation ou du regard dont, sans le voir, elle sentait pourtant le tison.

« et vous m’avez promis d’être docile… »

A moitié nue, les ressacs de sa respiration s’agitèrent encore sous l’orage de ses mains douces, excitant la tempête qui piquait son ventre et la foudre s’abattit sur elle, sournoise, quand à nouveau il se pressa contre ses reins, chavirant sa tête sur son épaule.

« Comptez-vous toujours l’être ? »

Aurait-elle voulu répondre qu’elle ne l’aurait pas pu à cet instant, assaillie de mots murmurées, de caresses arrogantes, de baisers furtifs, de regards devinés. Mais l’empreinte du corps d’Alphonse se déroba et elle se tendit un instant avant qu’un chuchotement ultime ne vienne la rassurer.

« Je vous en prie, ne le soyez pas. »

Elle resta là, immobile un instant, profitant de cette pause accordée pour reprendre son souffle ou quelques forces, tête basse comme un animal mensongèrement piégé. Sa senestre, d’une lenteur équivoque saisit le jupon qui se cramponnait désespérément au creux de ses reins, et tout en maintenant le fragile équilibre, le remonta jusqu’au genou dans un froissement qui lui parut assourdissant. Dans un geste nonchalant qu’il connaissait, elle releva son pied, le tendit, et la botte glissa mollement au sol. Elle répéta avec la même langueur son mouvement pour l’autre pied, puis tourna la tête, laissant la lueur du feu lécher son profil, et lascivement ses hanches sinuèrent en cadence d’une musique qu’il entendait peut être aussi. Les doigts s’ouvrirent libérant leur captif et le rouge du tissu coula indolent sur la peau brune pour saluer d’un ultime gonflement avant de disparaître au sol.

Livrée à son regard, avec pour seule vêture ses mèches brunes et désordonnées cavalant sur ses épaules et son dos, la voix basse, brisée, elle souffla sans se retourner, les yeux bas.


J’ai faim, en silence, d’puis des semaines.

Si à cet instant là, elle avait pu penser, prendre du recul, elle aurait eu peur, et peut être se serait t-elle enfuit, encore. Pas par crainte de la faute, pour cela elle avait déjà été punie, condamnée et capitulait, résignée mais certainement pas éteinte devant sentence, mais par une crainte toute autre, lancinante. Que resterait-il de leur l’envie d’être ensemble si la tension charnelle qui les avait animés depuis leur première rencontre se trouvait brisée, assouvie par l’abandon ? Si la Bestiole aspirait à poursuivre sa vie libre d'attaches et de contraintes, elle n’était pourtant pas encore totalement prête à y parvenir, encore pétrie de son passé proche. Les désillusions et les coups n'avaient pas encore peaufiner leur office. Et quoi qu’il se passe cette nuit là, elle ne voulait pas perdre Alphonse, quelque soit la nature des liens qu’ils pourraient tisser. Refusant de toute façon de le ranger dans une boite étriquée et étiquetée : « amant » ou « ami » ou « confident » ou « complice » pour finir « ancienne connaissance ». Mais penser au delà du présent, elle ne le pouvait pas, elle ne le voulait pas, et elle tordit son cou vers l’arrière pour retrouver le regard sombre d’Alphonse, yeux envoyés en éclaireurs avant que le reste de son corps ne suive. Et elle fit un pas vers lui.

Et au pas suivit la main qui se posa sur l’épaule et repoussa encore le tissus de la chemise jusqu’à sa reddition au sol, sans décrocher son regard du sien, sans provocation, les traits paisibles.

Et à la main suivit les lèvres qui vinrent se poser dans le cou dans un chapelet de baisers dévots à sa peau, sa main longeant son flanc se rebrulant déjà à lui.


Si vous ne reculez pas, je vous embrasse… encore.
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Alphonse_tabouret
Le dos nu d’Axelle où tombaient ses cheveux se dessinait finement sous les lueurs vacillantes, et il en dévorait du regard chaque courbe, chaque sillon sans aucune demi-mesure. Il voulait mordre là, passer ces doigts ici, lécher ce coin précis… Impatient sous le flegme trahi de son attitude, retenant ses mains qui ne demandaient qu’à la reprendre pour s’en repaitre, il tint la distance, regarda le jupon se soulever et écouta, fébrile, le bruit délictueux de ses bottes trop grandes tombant au sol, le replongeant brièvement dans cette après-midi bourguignonne où la lutte avait commencé. Le mouvement de tête de la gitane le happa à ses yeux juste une seconde, avant qu’ils perçoivent le balancement des hanches et qu’ils se perdent dans la chute vaporeuse de cette robe, tombant dans un cercle avachi à ses pieds déchaussés. La gourmandise, virulente, passa de son regard à ses lèvres en découvrant les courbes saisies plus tôt, dans l’enchevêtrement de leur parure, dans le mouvement lascif et voluptueux que leur imprimait la gitane, tel qu’il l’avait rêvé. Dans le flamboiement de la cheminée, dans le tamisé de la bougie soigneusement allumée par l’aubergiste, Axelle dansait, nue, révoltée, inassouvie, sur ses jambes longilignes et parfaitement galbée, pour ses seuls sens à lui, pour toute sa déraison, la fesse délicieusement ornée d’un grain de beauté qui semblait le défier avec une morgue complice.

J’ai faim, en silence, d’puis des semaines

Le couperet des mots, terrible, vint engorger tous ses sens d’une pulsation battant comme un tambour de guerre, et la guerre fut déclarée. Plus de faux semblants, juste la vérité la plus crue, la plus dérangeante et la plus libératrice.
Les doutes ne se partageaient pas dans les têtes brunes. Si Axelle craignait que l’alchimie de leur lien retombe sitôt consommé, Alphonse lui aurait opposé les certitudes de tous libertins : le plaisir était dans la chair, l’intérêt dans l’âme. Si le corps et le minois d’Axelle avaient toujours aiguisé son appétit, son talent et son art avaient embrasé quelque chose de plus profond, de plus dense. Le vocabulaire était parfois trop pauvre à exprimer les choses, et qu’importait au fond, le nombre de fois et sous quel prétexte leurs corps et leurs egos épris de liberté se trouveraient dans la fusion de leurs envies, charnelles ou spirituelles, car la certitude du jeune homme était qu’ils seraient véridiques à chaque fois, et que seul cela comptait réellement.

Le pas qu’il attendait fut fait, finissant de la libérer ses chaines, laissant balancer dans son approche, une bague lovée au creux de ses seins au bout du ruban noir qui lui entourait le cou. Il comprit instinctivement le poids de l’alliance au bout du galon, la parenthèse nouvelle qu’Axelle avait ouverte, le froid qu’il sentait dans ses os sous la brûlure de son envie. Une partie de ses questions trouvèrent un semblant de réponse et comme il l’avait prévu, en laissèrent une cohorte de nouvelles lui venir en tête, mais aucune ne franchit sa bouche car quelle qu’elles soient, elles n’avaient rien à voir avec ce moment-là. La seule gardienne d’Axelle, c’était elle-même, jamais son alliance ne l’avait été pour elle, et dans cet instant où le charnel avait pris les rênes de leur histoire, les questions viendraient définitivement plus tard.
Sa chemise glissa au sol, dérobée par un mouvement agile de la gitane, dévoilant les lignes athlétiques d’un corps élancé, démasquant la respiration lente à laquelle il se forçait dans le regard qu’elle lui adressait. Prête, dévouée à ses propres démons, en paix avec l’appel de leurs chairs, elle s’arracha à le faire soupirer d’aise et d’apaisement lorsque leurs corps se relovèrent l’un à l’autre dans l’annonce la plus symbolique de leur jeu :


Si vous ne reculez pas, je vous embrasse… encore.

Mais comment reculer quand il sentait enfin sa peau à sa peau, quand le moelleux de sa poitrine venait enfin à la fièvre de son torse, quand ses mains pouvaient enfin fondre sur elle sans rencontrer le moindre obstacle ? Il referma son étreinte sur elle, la serrant dans ses bras avides et venant prendre sa bouche, le fil de sa mâchoire, ses tempes, avec une animalité presque brusque, laissant à ses doigt l’exaltation d’une découverte appliquée.


-Et si j’avance ?, la provoqua-t-il avec une arrogance fauve à son oreille en la forçant à reculer d’un pas, lié à lui, à ses mains débridées qui glissaient, s’insinuaient, s’enfiévraient le long de ses courbes discrètes. Un nouveau pas sans lui laisser assez de bride pour qu’elle s’échappe de ses caresses inquisitrices, et un autre, jusqu’à ce que le dos de la gitane rencontre le mur de la petite chambre et s’y trouve pressée par tout le poids du jeune homme. Son regard endiablé vint la cueillir, ses lèvres s’accaparèrent les siennes exerçant toujours la pression de sa chair à la sienne, les relâchant pour leur murmurer, catégorique et ravi : Si vous ne reculez pas, je vous mange…

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Axelle
Elle n’avait pas faim. Elle était affamée de cette peau pressée sur la sienne, l’aiguisant toute entière, trahie par un corps qui venait le darder de la pointe de ses seins, de ses dents qui mordillaient sans honte, de ses doigts qui se resserraient sans en avoir reçu l’ordre. Elle n’avait pas soif. Elle était assoiffée de l’humidité de ses lèvres, de soupirs épiés et de crispations incontrôlées. Ses frissons n’étaient plus frileux, soumis au crachin gris et mesquin, mais fiévreux, abrasés par le refuge de ses bras l’entravant et des souffles ardemment enchevêtrés. Prisonnière volontaire de baisers qui berçaient son visage dans une presque brusquerie bien plus troublante que toutes les douceurs du monde. Oui, il la bousculait, la chahutait et elle aimait ça, férocement même, secrètement enorgueillie de se sentir désirée avec avidité, enviée, peut-être même attendue malgré un jeu dont finalement ni l’un ni l’autre n’avait jamais été vraiment dupe. Mais là était bien tout l’attrait du jeu, et qu’il avait été salutaire. Elle commençait seulement à le comprendre, et bien au delà d’une nuit, Alphonse, sans le savoir, sans s’en douter une infime seconde, lui ouvrait les yeux.

Elle s’éveillait là, sous les doigts fins et doux qui l’examinaient méticuleusement, la laissant essoufflée dans le parfum légèrement musquée de sa peau et un autre plus profond, tellement précieux, celui de l’évasion, d’un futur à elle seule, que personne ne serait plus autorisé, jamais, à vouloir diriger, ni un père, ni un frère, ni un époux.

« Et si j’avance »


Douce musique que cette voix basse et chaude à son oreille sur laquelle elle dansait, s’amusant toujours un peu plus sur le fil de l’esprit vif et facétieux du brun. Et elle recula, pas de deux parfait, cadencé de leurs désirs, souriant contre ses lèvres qu’elle mordit gentiment en guise revanche.

« Si vous ne reculez pas, je vous mange… »


Ne m’mange pas Alphonse, dévore-moi, et laisse-moi en faire autant. A chaque soupire qu’tu m’arracheras, j’t’en volerai un en retour. Si j’sombre, tu devras sombrer avec moi. Et on dansera sur le fil d’la déraison comme des funambules, l’souffle brisé.


Pressée entre le mur froid et le corps palpitant de brun, ses lèvres donnaient et reprenaient, insatiables, le bras droit enserrait maladroitement les hanches masculines quand la paume de la senestre arpentait, fébrile et avide les muscles déliés qui roulaient, agiles, dans son dos. Ses lèvres ne daignèrent se priver des baisers affolants du brun que pour plonger un regard d’espiègle complicité concupiscente sans les prunelles sombres.


Z’oserez pas, le défia t’elle quand sa jambe vint, serpentine, s’enrouler à celle du brun, imprimant ses hanches aux siennes impudiques sous l’exaltation de ses sens. La lueur vorace qui dansait dans ses prunelles s’échappa pour s’abimer sur la ligne nette de la mâchoire cavalant sur la courbe des lèvres pleines au goût ancré aux siennes, et coula sur le cou, percevant l’éclat d’une chaine sur laquelle elle ne s’attarda pas, trop impatiente de découvrir la ligne de l’épaule sur laquelle sa bouche fondit dans un grognement vaincu. Et elle l’enchaina de morsures piquantes qu’elle consolait dans le même élan dans le velours de baisers humides quand sa main, coupable, profitait de la diversion pour s’avancer à pas de loup sur le flanc, s’attardant sur chaque côte. Bienheureusement petite, elle parvint à se faufiler entre leurs deux ventres confinés jusqu'à se perdre sur la fine ligne duveteuse naissant au nombril et qui se perdait sous l’accablant ceinturon qu’elle longea un instant, dubitative, maudissant sa dextre, avant de le contourner pour s’aventurer sur l’aine. Les lèvres, arrachées à la douceur de l’épaules par l’urgence de la situation, remontèrent dans le cou, profitant honteusement de la dérobade forcée pour laisser la langue s’y perdre, erreur fatale entrainant la main à se perdre, elle, sur l’amorce d’un renflement encore interdit. Et la bouche à l’oreille, suçotant doucement le lobe. Vous et moi, n’est pas à armes égales.
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Alphonse_tabouret
Z’oserez pas, osa-t-elle le provoquer avec la pleine conscience que oui, il allait oser, que bien sûr, il allait prendre jusqu’au dernier souffle, jusqu’à la dernière goutte, qu’il en se priverait de rien, qu’il irait là où se nichait cette envie fautive pour l’assouvir au moins un temps. La jambe de danseuse vint se lover à la sienne, fine, musclée, déterminée, et ses hanches vinrent chercher sans plus aucune pudeur les affres de son désir, cette raideur contenue qui ne demandait qu’à darder vers elle toute son envie et qu’elle noyait insidieusement dans ce bassin fluet. Son corps suivit, machine d’instinct, tout en envie et il enjoignit un mouvement lent au sien, y dispersant un roulis naturel sous les morsures dont elle parsemait son épaule, sous le velours des baisers dont elle soignait chaque agression avec une attention angélique… mais angélique, Axelle ne l’était plus. Toute en flammes, en feu, en fièvre, elle laissait son corps prendre la parole, s’accaparer l’instant et se permettre de venir aventurière, et de conquérir le sien avec une avidité céleste.
La caresse légère toute en insinuation de sa main glissant jusqu’à son ventre le contraignit à rester sage, à piaffer en silence, pour la laisser en aboutir le geste, lui arrachant un frisson qui le secoua quand elle buta au ceinturon, avant de souligner un sourire gentiment victorieux sur les lèvres brunes quand sa senestre y tâtonna, impuissante. Il avait l’avantage considérable de ses deux mains là où elle n’en avait qu’une, mais cette joie maligne fut de courte durée, annihilée par l’enchainement effronté qu’Axelle se permettait en aventurant sa langue de son cou à son lobe, en posant sa main à ses braies entravées et en laissant perler la vérité au creux de l’oreille


Vous et moi, n’est pas à armes égales.

Avide de cette sensation nouvelle, il laissa échouer une respiration lourde de plaisir à son oreille qu’il vint chercher, supplication muette à plus d’attentions encore, se trouvant lui aussi à maudire ce ceinturon qui l’amusait tant quelques instants auparavant. Obnubilé soudain par l’envie féline d’une intimité plus charnelle encore dans cette caresse, il ragea, sourdement, ballotté par des envies contradictoires, tour à tour bourreau et torturé, juge et accusé, avant de céder, incapable de résister plus longtemps au caprice concupiscent qui venait le presser. Sa main droite glissa à son ventre et dans un cliquetis presque imperceptible, sonnant pareil à un tonnerre à ses oreilles, le problème d’Axelle fut résolu.

-Qui a dit que nous devions l’être ?
, répondit-t-il gentiment goguenard en venant effleurer le dôme rose et pointu de l’un de ses seins d’un jeux de doigts délicats, pour la sentir soupirer, vibrer, s’impatienter elle aussi, avant de s’en approprier la courbe d’une paume pleine, délicieusement hagard et de croquer l’épaule avec fouge, sans demi-mesure, apposant lui aussi le feu à la fraicheur. Pas de tendresse non, mais la danse qu’elle lui avait promise, dont elle le narguait avec maestria … et puis… cela vous donnera matière à prendre votre revanche, rétorqua-t-il avec une douce cruauté en plaquant sa tempe à la sienne, l’y appuyant, s’y frottant, basculant son visage jusqu’à trouver ses lèvres dans lesquelles il noya son souffle, son bassin attendant, fébrile d’excitation, qu’elle récidive son attaque avec plus d’ardeur. Profitant de la diversion, sa senestre s’aventurait en bas de sa chute de reins, aérienne, profitant de cette jambe toujours joliment liée à la sienne pour friser une nouvelle folie en la maintenant, s’enroulant, venant glisser à son intérieur.

A la pulpe de ses doigts se révéla une chair brulante et il se retint de venir basculer contre elle sans même attendre un geste pour y entamer une danse lancinante ouvrant encore plus grand leurs appétits. Au lieu de ça, sa respiration hachée en écho à la sienne, il poursuivit lentement son exploration, frôla la toison, en suivit brièvement la courbe, et finit par s’y attarder, effleurant sans toucher, découvrant sans prendre…
Seriez-vous mauvaise perdante ?, chuchota-t-il à ses lèvres en relevant à peine sa jambe, rendant la position de sa main tout à fait menaçante pour la pudeur de la gitane, si elle y tenait encore.
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Axelle
Bruler en enfer, sans fin, elle n’en avait plus peur, damnée à ce corps, à ce souffle lourd qui animait chaque recoin de sa peau. Hurler qu’elle le voulait, là, tout de suite, elle le pouvait déjà, prête à subir tous les assauts qu’il désirerait sans l’ombre d’une rebuffade, mais pourtant, elle n’en faisait rien. Le jeu se poursuivait, encore, mais l’orgueil n’avait plus son mot à dire. La superbe n’avait plus sa place dans l’esprit évaporé de la Bestiole, elle jouait égoïstement pour se délecter de chacun de ses gestes, de chacune de ses approches, pour ne rien perdre de l’impérieux ballet qu’il menait, despotique et divin. Et c’est bien cette perfide convoitise qui la retenait encore de s’effondrer dans l’étreinte infernale qui l’entravait sans pitié, agitant le voile cru du désir le plus acharné. Et un cliquetis gronda.

« Qui a dit que nous devions l’être ? »

La main douce vint défier sa poitrine, habile à foison, délivrant une expiration bestiale emprisonnée dans sa gorge. Et la Bestiole vibra, s’impatienta, tout en chassant abruptement de son esprit les coupables délices que lui promettait Alphonse. Sous la paume chaude qui s’emparait d’elle sans plus de pudeur, son cœur battait une chamade désordonnée et puissante. La morsure à son épaule l’alarma encore davantage et elle vacilla légèrement butant avec force sur le bassin roide d’une même exhortation, pâmée dans ses bras, vulnérable. Ses lèvres refusaient de se refermer, avides de trouver un filet d’air dans la touffeur de son parfum musqué qui se faisait plus fort à ses narines.

"et puis… cela vous donnera matière à prendre votre revanche,"

Et ce geste revint, mêlant leurs mèches brunes dans le frottement de leurs tempes. Pourtant animal, caresse de fauves, la Bestiole lui trouvait une tendresse désarmante dans cet amas de brulures. Se prenant à suivre son mouvement, ses lèvres se firent plus ferventes encore quand il vint les chercher. Elle qui préférait d’ordinaire le silence, se consumait à sa voix et priait secrètement qu’il susurre encore, pour se laisser emporter par ce timbre captivant et annihile dans un même élan tous les mots insensés qui se précipitaient à sa bouche. Elle pensait la salve apaisée alors qu’elle ne faisait que débuter et assidue à ses lèvres, les siennes tremblèrent, son bassin palpita de plus belle, paniqué du frôlement, sans plus trop savoir si elle voulait qu’il continue de la harceler ou la possède dans l’instant. Le tourment était éclatant, étourdissant et elle se gonfla d’un désir presque douloureux. Pourtant, aucun relâchement dans l’étreinte de sa cuisse, pour que surtout pas, il ne s’éloigne.

"Seriez-vous mauvaise perdante ?"


Non, juste frustrée d’n’avoir qu’une main pour abattre mes cartes… annonça t’elle dans le filet de voix tenu qu’elle réussit à extraire d’un souffle trop malmené pour pouvoir feindre encore le contrôle. Et prise en faute, elle camoufla sa faiblesse sur ses lèvres, sans plus demander la moindre permission, passionnée et inconvenante. Futile diversion certainement quand sa main remonta au liseré des braies félonnes, que ses doigts tiraillèrent pour, enfin, les faire bailler jusqu'à ce qu’elles cèdent et souffrent l’indicible. Et alors qu’elle restait presque sage sous les pudiques doigts qui l’observaient, les siens s’insinuèrent, se frayant un passage d’une lenteur déjà fautive à l’ombre du tissu, se brulant sans même encore se poser malgré le confinement. Ses lèvres s’arrachant à l’appétit des siennes frôlèrent la joue du brun, y dispersant de légers baisers quand la pulpe des doigts enfin osa, et effleura le désir du libertin. Presque craintive à contact doux et lisse, elle le longea et l’esquissa sans assaillir. Incapable de déterminer le plus ardu entre retenir ses propres gestes ou qu’il retienne les siens, son désir trancha au plus vif et vola une plainte torturée à ses lèvres nichées à oreille d’Alphonse. N’l’êtes vous pas, vous aussi ? Imaginez, deux mains pour vous vous battre. Et n’en pouvant plus, sa main se referma sur lui, comme sur le plus fragile et précieux des trésors. Moi j’en crève….
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Alphonse_tabouret
Dans le feu du baiser, le corps s’engourdissait d’un trop plein de tensions, d’un trop plein d’envies, et le laissait plus affamé encore sous les lèvres ensorcelantes d’Axelle. Le corps entier de la gitane répondait à ses caresses, prenait possession de l’espace et le cherchait avide, réceptif, tentateur… Et qu’il aimait ça, qu’elle se torde à ses assauts, qu’elle les cherche, s’y heurte pour finalement les apprivoiser à s’en gorger. Leurs souffles trébuchaient l’un contre l’autre, s’entrecoupaient de baisers désordonnés, tour à tour doux et bruts, comme s’ils ne savaient plus par où commencer tant l’envie de l’extase les aiguillonnait, tant la frustration était douce et l’attente insupportable.

Non, juste frustrée d’n’avoir qu’une main pour abattre mes cartes

Sous la sensation des doigts venant à la ligne de ses braies, il se raidit incapable de répondre de suite, la gorge nouée par l’imminence d’un délice bien trop précis pour qu’il ne s’y abandonne pas, bien trop attendu pour qu’il ne l’accueille pas sans retenu. Le souffle arrêté quand son cœur cognait, quand ses tempes étaient contaminées d’une mélopée indécente, il resta suspendu jusqu’à cette délivrance qu’elle lui offrit en dénouant les liens qui l’entravaient. Les baisers dispersés sur ses joues, ne suffirent pas à accaparer assez son attention et lorsque les doigts de la jeune femme osèrent enfin l’aiguiser de leurs pulpes brulantes, ce fut un gémissement qui lui monta aux lèvres et qu’il poussa à son oreille. Il se laissa porter par ses effleurements, par l’apprivoisement auquel ils se livraient, elle découvrant la fermeté de son envie, lui, l’incandescence du sien, dans une respiration hachée, butant à sa peau. Il accompagna cette senestre concupiscente d’une pression instinctive de son bassin, affirmant le mouvement délicat, venant demander son plaisir où il se trouvait , et il se nichait là pour l’instant, dans cette main qui le caressait avec volupté, dans cette voix qui murmurait, dans cette jambe lovée à sa cuisse, dans cette intimité qu’il esquissait encore juste pour entendre sa respiration sursauter de contentement et de frustration.

N’l’êtes vous pas, vous aussi ? Imaginez, deux mains pour vous vous battre, lui demanda-t-elle alors que ses doigts se saisissaient définitivement de lui, l’extasiant de ce contact, déchainant son bassin qui accompagna plus langoureusement sa folie quand sa main gauche encore libre portait à l’assaut de son autre jambe. Moi j’en crève….

-Seriez-vous en train de me donner un rendez-vous ? , la taquina-t-il d’une voix sourde, morveux, comme à son habitude, mais ravi à l’idée d’un nouveau duel, à armes égales. Axelle était tellement légère que l’effort à faire fut minime pour lui faucher son équilibre et l’asservir au sien en la privant de son dernier appui, la planquant cuisses ouvertes à son bassin fiévreux et débraillé, prise entre lui et le mur. Considérez ma présence comme acquise Il appuya tout son poids sur elle et entama la danse des caresses effilées, pleines, charnelles, leurs bassins mis à vifs sans toutefois les nouer et tendit l’oreille, avide de son étourdissement, à tous les sons que sa gorge relâcherait. Les minutes s’abimèrent à la lueur vacillante de la pièce dans les halètements bruns qui se mêlaient, dans les brulures partagées. Pour chaque affleurement de son bouton il venait la chercher d’un coup de rein, roide, implacable de désir, et s’insinuait dans la chaleur de ses cuisses, dans la luxure de son corps, le sien y répondant par la contraction de ses muscles, par l’expression crispée de l’envie qui irradiait tous ses gestes. Ses mains la tenaient, la visitaient, se servant du mur pour essaimer caresses impudiques, poignes brusques, et arabesques tendres. Elles coulèrent à ses nymphes pour l’asservir plus encore d’attentions tour à tour alanguies et osées, cueillant d’un doigt expert la pulpe de sa consumation, regrettant brièvement de ne pas y aventurer sa langue, se promettant, une prochaine fois de s’y abreuver jusqu’à ce qu’elle crie grâce. Capricieuses et surtout, crevant elles aussi d’assouvir enfin ces corps incandescents, les mains glissèrent au bas de ses reins dont elles empoignèrent les rondeurs avec fermeté, glissant d’un mouvement fluide l’objet de son désir entre ses cuisses. Son regard s’arrêta sur le sien, brûlant, impérieux, noyé sous les tiraillements de sa chair qui exigeait désormais d’être nourrie, il l’embrassa, mordit doucement sa lévre, profitant de la diversion pour s’insinuer avec lenteur à la lisière du fatidique, et lui chuchota, la voix dévorée, prêt à basculer, à la conquérir :

-Dansez…
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Axelle
« Le mouvement est facile à affoler. L'équilibre est facile à détruire. »
J.M.G. Le Clézio


Affolant. Affolée. Fous à lier. Liés sous cette même envie déchirante, suppliciant leurs chairs avec une fougue insolente. La petite chambre si modeste prenait des airs grandioses de temple voué à leurs corps sacrifiés à l’autel de leur désir souverain. Désir qui grondait, revanchard acharné, assoiffé de vengeance d’un trop plein de frustration imposé méticuleusement par les deux joueurs. Et comme il châtiait, comme il terrassait les duellistes avec une virulence crue, les entrainant dans son sillage, sourd à toute supplication, taisant les orgueils démesurés d’une caresse ou d’un souffle pour régner en maitre incontesté et les assouvir à sa domination. Victorieux, il muselait la raison et reléguait la sagesse aux rebuts.

« Seriez-vous en train de me donner un rendez-vous ? Considérez ma présence comme acquise »


Il donnait la réponse à la question tout en la posant, et la senestre d’Axelle acquiesçait, caressante, faussement sage, enrageant davantage le fauve. Mais dans le dernier sursaut d’une lucidité toute pétrie d’avidité, elle se retenait d’assauts trop vifs malgré la barbarie des mains du brun qui l’asservissait à ses caprices délictueux de trop de virtuosité. Ses lèvres haletaient, sa tête roulait, ballotée dans une extase dangereusement trop proche. Elle voulait s’arracher à la cage de ces doigts effrontés et laisser sa bouche se désaltérer à lui, mais s’offrait toute entière, sans plus de retenue. Alphonse, démon, lardait les délices les plus audacieux par son désir ravageur, le promettant sur un plateau d’argent et elle aimait ça. Outrageusement. Egoïste, le corps esclave des régals offerts et l’esprit englouti sous l’envie du brun dont il jouait jusqu’au bout pour aiguiser la sienne, elle opinait à chaque affleurement, à chaque caresses douce ou vives, à chaque coup de rein par un souffle toujours plus court. De Bestiole blessée, elle se muait en source claire dans le charivari désordonné des soupirs corrompus. La seule pensée qui s’échappait encore de son cerveau malade était que l’appétit mutuel qui les avait animés depuis leur première rencontre ne la laisserait pas en paix, même assouvie un temps. Elle le devinait déjà même encore plus vif après y avoir gouté. Et c’était encore plus déroutant.

Dansez…

Elle se laissa embrasser, elle se laissa mordre, déjà presque vaincue, mais cet ordre ultime gronda à ses oreilles, libérateur, promesse de tout, la tirant de son exaltation trop soumise. Elle redressa sa tête égarée sur son épaule, ouvrit posément les yeux, flous et ardents, embrassant les siens dans une intensité aiguisée. Ceux d’Alphonse étaient impérieux, affamés et l’espace d’un bref instant, elle se revit, un après midi, écarter une mèche de cheveux égarée sur son front sous le prétexte fallacieux d’un portrait à peaufiner, et elle frissonna. Au milieu de cette débauche de sens, sa main le libérant vint dans un geste frisant incongruité caresser la joue mâle d’une tendresse presque amoureuse, et souffla d’une voix brisée:


Avec vous.

Et sans le relâcher de l’emprise de son regard trop brillant pour être encore vraiment noir, ses cuisses s’enlacèrent au bassin convoité et elle vint l’emprisonner d’elle, avec une dernière lenteur joueuse quand il s’offrait, otage délibéré à son orée. L’enlèvement fut doux, sans heurt aucun, baigné de l’arrondi de sa bouche extasiée réduite au silence par un cœur qui explosait et se brisait en mille éclats sous son propre emportement, craintive au dernier moment de faire mal, de décevoir. Si ses paupières brulaient de se refermer, elle ne voulait rien perdre de cette descente enfin partagée aux enfers les plus ardentes, elle voulait, indiscrète, s'enivrer du visage d’Alphonse à ce moment précis. Elle guettait chacun de ses traits, chacune des lueurs de son regard, fébrile comme jamais elle ne pensait pouvoir l’être, sans savoir vraiment ce qu’elle espérait découvrir. Elle resta ainsi, un instant suspendue, se gorgeant de lui, profiteuse, tout souffle coupé puis dans un geste presque cassant de fragilité, sa main glissa de sa joue pour s’accrocher à sa nuque. Il était là, enfin en elle, niché dans ses entrailles source de trop de convoitises, de délices inavouables et d’envies irraisonnées pour ne pas être douloureuses et destructrices. Si lent et silencieux avait été l’emprisonnement, le rugissement de son bassin en entamant la danse lui arracha un gémissement profond, anéantissant la curiosité de ses prunelle sous le voile tenu de ses paupières. Ses doigts se contractèrent à sa nuque, son corps s’arqua, son menton se redressa et elle serpenta dangereusement, équilibre précaire d’une ballerine dansant sur le fil de leurs raisons.
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Alphonse_tabouret
Il laissa courir la main à sa joue sans s’étonner, car pour lui qui se targuait d’une liberté d'âme la plus farouche qu’il ne daignait enchainer qu’à celle de son anglais, ces gestes-là, ceux de la tendresse, ceux qui avaient un sens, étaient permis dans l’abandon de la chair. Il n’était pas amour mais libération, qu’ils soient à une femme mariée, à une fille mère, ou bien une gitane qui réapprenait à danser. L’abandon des sens et de la pudeur poussaient à révéler l’instinct et l’instinct amenait souvent à des gestes déplacés à des moments inopportuns. C’était comme un secret où les mots, symphonie rassurante, n’avaient plus court, mais où les gestes devenaient le dernier langage.

Avec vous

Sous le couvert de cette réponse lancinante, ses cuisses vinrent serrer sa taille et dans le mouvement pressant sa peau à la sienne, le laissèrent lentement franchir la brûlure qu’il convoitait, les yeux rivés aux siens, se plissant de ce nouveau délice qu’il sentait l’engloutir dans un gémissement sonore de plaisir, dévorant ardemment cette expression magistrale de sa bouche humide et arrondie, condamnée au même supplice : cet apaisement de leurs corps se nouant, de leurs bassins vissés l’un à l’autre, suspendus tous les deux à leurs prunelles respectives, voyeurs sans pudeur, cet apaisement ne durerait qu’un temps pour exploser dans une faim entière dans les instants qui suivraient. Inexorablement, l’accalmie était de courte durée et il adorait ça. L’expression extasiée d’Axelle le poinçonna et son appétit froid de prédateur contraint le corps à ne pas sur ruer sa proie, qu’il grave à sa mémoire ses yeux voilés, ses lèvres figées, son plaisir au moment de se donner à lui et la lascivité avec laquelle se laissait aller à cette rencontre de leurs désirs. Les prunelles sombres de la gitane n’étaient pas en reste. Elles l’épiaient, curieuses, perdues, transies, cherchant elle aussi à se repaitre, et il ne lui cacha rien de son bouillonnement, de son attente, du délice d’être en elle…
Leurs respirations s’étaient tues et le silence de la chambre reprit ses droits quelques instants pour le monde extérieur, car dans les tempes d’Alphonse, c’était une autre histoire. Au chaud de cette nouvelle alcôve, soyeuse, étroite, dans laquelle il brulait de palpiter, il repoussa le fauve avec virulence, attendant le second pas de la gitane tandis qu’elle cueillait sa nuque et s’y accrochait.
Ses hanches roulèrent et il marqua ce mouvement lancinant d’une voyelle chancelante, le laissant brièvement engourdi par le frisson qui lui dévalait l’échine et se perdait dans chacune de ses terminaisons nerveuses. Le feu lui traversa les veines, le dopa quand la plainte d’Axelle monta simultanément à sa gorge, crevant le silence et il s’y joint d’une inspiration brusque quand elle entama leur ballet alors que ses mains se resserraient, sans retenue, agrippant les rondeurs qu’il soutenait à pleine paume. Dans le doux tintamarre de leurs respirations, il s’enchevêtra à elle, en venant la presser contre le mur, laissant ses reins venir la chercher au rythme qu’elle lui avait soumis, d’abord docile, asservi aux délices de ces chairs qui s’offraient à une parenthèse.
Rivés à son ventre qu’il venait solliciter, ardent, affamé, il s’abima à son corps, embrassa ses épaules, mordit ses seins, lécha son cou sous l’assaut permanent de son bassin qui l’aiguisait au fil de leur chorégraphie, s’appropriant ses chairs dans l’indécence de leurs plaintes, jouant de longueurs pour lui faire pousser un aigu, s’abimant avec force pour lui arracher une voyelle plus marquée qu’une autre, lancinant pour la ré-apprivoiser, ne retenant aucun grognement de plaisir, aucun soupir, aucun geste. Au fil des minutes qui s’égrenaient par poignées, sans plus la moindre mesure du temps, concentrés sur l’égoïsme brutal de ce plaisir partagé, sentant leurs corps se tendre inexorablement, il finit par s’échouer à son oreille pour lui confier, grave, autoritaire:


-Je veux vous voir… je veux vous voir sans la moindre trace d’ombre… Ses mains se serrèrent sur sa prise, et d’un mouvement fluide, il lui fit quitter le mur dans la geôle de ses bras pour venir l’assoir à un mètre à peine, sur la table, faisant tomber la bassine d’eau sans même y prêter attention, toujours dans la chaleur des cuisses brunes, haletant de se contenir plutôt que de l’effort. Sa main se porta à la gorge gitane avant de descendre à sa poitrine et de la repousser lentement jusqu’à ce qu’elle soit étendue sur la table, ses cheveux épars sur ses épaules, ou tournoyant dans le vide, la laissant entièrement exposée à la flamme de la bougie laissée à son attention. Son regard dévala son ventre, ses hanches, courut sur sa poitrine que les doigts vinrent prendre, titiller et se planta dans ces yeux. Vous avez raison, deux mains, c’est un sérieux atout, admit-il dans un sourire aiguisé, en descendant la senestre à sa hanche pour s’y ancrer et la dextre à son buisson… Ne m’en veuillez pas, lui demanda-t-il en imprimant son bassin au sien avec lenteur, la gagnant toute entière, son souffle ralentissant pour se maitriser dans cette nouvelle aisance. Ou plutôt si… le pouce vint glisser immoralement à son bouton tandis qu’il récidivait un mouvement continuant d’une voix plus déliée, soumis au plaisir cruel qu’il retrouvait à venir à elle… soyez rancunière…

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Axelle
Le mur résonnait sourdement à son dos aux premiers pas de la danse. Tout n’aurait du être là qu’extase la plus intense et abandon. Mais un nuage gris, terrible, s’invita, peu surprenant finalement si elle avait pu réfléchir plus loin que l’étourdissement qui la ployait. Et c’est une plainte cuisante de douleur qui se mêla à celles du plaisir, si semblables. Douleur d’un manque béant à jamais. Celui où les sentiments les plus profonds, les plus purs, prennent le relais du désir brutal et du plaisir nu, pour s’y enchevêtrer et s’y perdre, laissant les esprits libres de s’aimer tout autant que les corps. Même davantage. Cette fusion pleine, céleste lui était désormais interdite et cela lui sauta au visage avec une cruauté féroce. Et c’est son corps qui lutta, la menant sur la voie à suivre pour apprivoiser ce nouvel état de choses, le faire sien, et parvenir à s’oublier, autrement. Alphonse, sans le savoir l’y aidait par les brulures de ses baisers, de ses morsures, de la danse aiguisée qui la noyait dans une bourrasque brulante. Il était le maitre d’une leçon bien particulière, celui du plaisir pour le plaisir seul. Et elle s’accrochait à lui plantant ses griffes dans sa nuque, encore novice à cet art.

"Je veux vous voir… je veux vous voir sans la moindre trace d’ombre…"

Et poupée trop légère c’est le bois de la table qui agaça la peau de son dos. Si son corps se consumait à son regard elle ne s’y déroba pas, s’y lovait au contraire, perverse d’affûter ses secrets atouts à l’œil du brun qui là, salvateur involontaire ou pas, la conduisait vers la seule issue possible. Celui de l’acharnement du corps dans l’oubli de tout, même de l’essentiel. Un fin sourire s’esquissa sur ses lèvres quand elle comprit, enfin.

"Vous avez raison, deux mains, c’est un sérieux atout. Ne m’en veuillez pas."

Sous ses doigts venant la cueillir elle s’abandonna non plus à lui, mais à elle-même.

"Ou plutôt si…soyez rancunière…"

Ces derniers mots achevèrent la leçon magistrale, elle voulait maintenant le faire taire, ou plutôt le rendre incapable de former des mots distincts. Son bassin butta contre le sien avec une fougue nouvelle quand ses yeux se rouvrirent presque hargneux.


J’vous déteste!
Ne réussit-elle qu’à lancer quand son corps l’adorait, presque en colère sous la virulence des sens qu’il déchainait en elle. Haletante, agitée, ses yeux s’embrasaient, le dévorait tout entier d’un regard non plus supplicié mais indomptable quand ses muscles se resserraient sur lui, irrémédiablement. Sa voix vibrait chancelante dans le chaos de son ventre, goinfre impérieux de sa chair qui frottait à la plus intime de la sienne, repoussant ses limites avec une volonté farouche. La danse s’accélérait, s’amplifiait et elle se redressa prenant appuis sur son coude droit mettant à nu le chancellement de ses mouvements. Sa sénestre toujours agrippée à sa nuque le força à ployer jusqu'à ses lèvres qu’elle saisit sans plus embrasser, le mordant, le léchant, animal affamé de tout.

J’ai qu’une main, annonça t’elle en le gratifiant d’un dernier coup de dents au lobe de son oreille, mais j’ai une bouche, et elle se redressa encore un peu pour venir couvrir son poitrail de baisers piquants, farouches ou alanguis, s’attardant dans une méticulosité avide à chaque recoins de sa peau pour choir sur un téton qu’elle mordilla presque gentiment, sans relâcher l’emprise de sa main sur sa nuque ni refréner l’acharnement de son bassin contre le sien dans le capharnaüm des soupirs et des gémissements déchirés. Puis, elle repoussa le torse libéré de ses lèvres d’une paume pleine et intransigeante et s’accouda à nouveau, poitrine dressée et arrogante de plaisir. Sa senestre se glissa à son dos tremblante mais assurée et le longea jusqu'à ses fesses, les dénudant des lambeaux de tissus encore récalcitrants, et y accrocha ses doigts, les parcourant et les trouvant belles.

Et toujours une main, souffla t’elle la voix entrecoupée. Un léger sourire provoquant s’invita à ses lèvres quand ses doigts s’insinuèrent plus avant, légers et terribles d'indiscrétion venant effleurer, découvrir, agacer, caresser dans la danse débridée. Elle n’était plus elle. Alphonse avait déniché un animal dissolu et affamé qui prendrait sans plus rien ne donner que son corps, qui se noierait là, dans la débauche des sens, échappatoire à ce qui pourtant resterait à jamais ce qu’elle avait de plus précieux. Son amour indéfectible pour un homme qui voulait qu’elle disparaisse. Et Alphonse était son guide.

Et le guide rognait le mince filet de volonté orgueilleuse qui lui restait encore de ses caresses, de ses agacements irrésistibles, du grondement palpitant de son bassin en elle et elle chavirait, sans que plus rien ne puisse encore la retenir, sauf le désir ardant qu’il chavire avec elle dans cette lutte acharnée qu’ils s’étaient livrée depuis tant de jours. Son corps se tordant, valsant dans un souffle puissant, haché et trop rapide l’appelait plus surement que si elle avait crié son prénom, et sous ses paupières closes, ses sens éclataient un à un en une myriade de couleurs emportées par une déferlante ravageuse. Sa main battit retraite, pour s’agripper au bord de la table, serrant ses doigts sur le bois pour le sauver de griffures acérées, et son corps se cambra furieusement rejetant sa tête en arrière avec violence. Et là, suspendue à son plaisir, elle signa immobile sa culpabilité d’une plainte presque criée jaillissant du plus profond de ses entrailles. Libre.

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Alphonse_tabouret
La réaction fut à la hauteur du ballet qu’ils avaient entrepris, violente, virulente, poussant le bassin d’Axelle contre le sien, l’immergeant en elle, lui arrachant un spasme de délice brutal qui l’emporta dans une déraison immédiate, resserrant sa main à sa hanche jusqu’à la marquer, blêmie, de ses doigts. Leurs prunelles se retrouvèrent, dévastées, bouillonnantes, à l’agonie d’une jouissance dont ils se languissaient et se jaugèrent, fières.

-Je vous déteste, lui confia-t-elle, dans un soupçon de vérité, au creux d’un mensonge, car il sentait les derniers lambeaux de ce qu’elle avait été disparaitre au profit d’une nouvelle ère. Sa chair appelait soudainement à la chair avec une telle hargne qu’elle lui inspirait monts et merveilles comme elle ne l’avait jamais suggéré, trop soucieuse encore de l’avant, de ce qui avait été et n’était désormais plus. Libérée et soudainement plus seule que jamais, asservie à ce corps qui allait et venait en elle avec une force qu’il ne songeait plus à maitriser, lui aussi aveuglé, butinée par ce pouce sans plus pudeur aucune, qui passait, déviait, revenait exacerber la fleur palpitante de son ventre, Axelle renaissait, plus sauvage que jamais. Dans le désordre divin de ses assauts, il s’emballait, se désaltérant fugitivement du corps de la gitane accusant ses coups, se crispant joyeusement, jusqu’à ce qu’elle le tire à elle, le happant d’attentions animales dans lesquelles il plongea avec délectation, répondant à chaque morsure et chaque coup de langue par une sauvagerie à sa mesure en venant la chercher avec plus d’emphase

J’ai qu’une main … mais j’ai une bouche…

Il s’abandonna à cette nouvelle attaque, se laissant engourdir toujours plus sous les brulures dont elle le consumait, la laissant conquérir ses reins, ses fesses, indécente dans le moindre de ses gestes sans se douter là qu’elle aiguisait un autre appétit chez le fauve, celui de ses congénères males. Animé par cette nouvelle folie qu’elle éveillait innocemment ou pas en lui, son corps se déchaîna dans ce nouvel embrasement auquel se mêlait désormais celui des souvenirs de ses reins palpitant encore de la possession d’un amant.
Si elle l’avait voulu fou, c’est ainsi qu’elle l’avait désormais. Il ne répondrait plus, asservi à tous les assauts qu’elle se permettait. Elle n’avait qu’une main et sa bouche, mais avait réussi à le faire taire, danseuse hors pair.
Ses mains la quittèrent pour venir plonger à ses cuisses et les saisir par en dessous, les ouvrants impudiquement, et dans un chaos concupiscent, il se laissa emporter par les gémissements de plus en plus voilés de la gitane, butant en elle avec un savant désordre, pris par une lame de fond dont il ne voulait plus retarder l’échéance. La tête embrumée, tout son corps tendu à celui duquel il se régalait, sa respiration se fit plus hachée, plus inspirée sous les vacillements volubiles d’Axelle, répondant à ses gémissements par les siens, graves, sur le fil de la rupture : la jouissance venait, lancinante, implacable, salvatrice, dans une explosion à ses tempes martelées. Ses mains s’agrippèrent à elle et la serrèrent tandis que son ventre se contractait et se libérait dans un battement violent en même temps qu’elle, répondant à son cri par un râle rauque de plaisir absolu, savourant les pulsations de son ventre venant l’enserrer.
Haletant, les yeux clos, enivré, il se laissa porter dans le silence brouillé de la chambrée à cette sensation de conclusion passagère, dernière étreinte de leurs désirs enfin rassasiées, au chaud de ce ventre qui s’assagissait lentement. Il remonta ses mains jusqu’à son dos et la serra contre lui, prenant sa bouche de petits baisers souriants, repu d’elle pour l’heure, enfin. Ses lèvres coururent à ses tempes, passèrent sur son visage pour venir à ses lèvres auxquelles il chuchota, à la fois espiègle et sincère, le visage délié de cet orgasme lancinant dans lequel il pataugeait encore :


-Je prie pour que vous me haïssiez la prochaine fois…


Il resserra son étreinte et l’enferma doucement dedans, ses baisers plus doux parsemant l’épaule comme pour lentement la ramener à cette nouvelle réalité où les fauves redevenaient des matous apprivoisés avant de la quitter lentement, en prenant ses lèvres tièdes d’un baiser, puis, la taquina d’un sourire, et de quelques mots, visant à l’éveiller de nouveau à leur jeu, nouveau fil d'Ariane entre eux :


-Êtes-vous toujours docile ou le charme est-il rompu ?
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Axelle
L’étreinte la laissait pantelante, chancelante. Et elle ne savait pas ce qui l’avait le plus renversée, de sa propre plainte ou du râle arraché à Alphonse. Quelle importance au final, l’extase avait été sublime quand trop de frustration et d’envie aurait pu conduire tout droit à la déception. Sa respiration se calmait lentement, mais ses yeux étaient toujours clos quand le brun, griffes et crocs rentrés, la serra contre lui et égraina de petits baisers si sages après la tourmente, mais délicieux de bienveillance. Souriante, elle ne leur cherchait aucun sens, se prélassant simplement en répondant avec légèreté, deux sur les lèvres, quatre sur la joue, trois sur le front, un sur les lèvres. Elle ne demandait plus rien de plus que la chaleur de ses bras. Le fauve était repu, la Bestiole aussi, tout allait bien à cet instant, pataugeant agréablement avec lui dans les restes de la jouissance.

« Je prie pour que vous me haïssiez la prochaine fois… »


Un rire discret et conquis s’échappa de sa bouche. Il était terrible l'animal, à peine rassasié d’elle qu’il asticotait déjà son imagination, et si la Bestiole n’avait pas été à ce point comblée, peu de doutes qu’elle ne ressorte pas aussi vite ses crocs. Elle allait rétorquer, mais ne put que ronronner et caresser délicatement son dos du bout des doigts quand il resserra son emprise la faisant taire sous les baisers qui ne manquèrent pas de la faire frissonner. Dans le bien être qui l’enveloppait, la fatigue se fit soudain charmante, elle qui depuis des jours et des jours ne dormait qu’à peine, le sommeil la fuyant.

"Êtes-vous toujours docile ou le charme est-il rompu ?"


Ses yeux s’ouvrirent, fluides et elle le regarda, sourire au coin des lèvres.


D’jà, qu’est-ce qui vous fait croire qu’y aura une prochaine fois, hein ?
Le provoqua t-elle quand la lueur dans ses yeux annonçait tout le contraire. Elle inclina doucement sa tête pour semer quelques baisers minutieux dans le cou brun. Si l’charme est rompu, hum… j’suis pas certaine d’avoir bien vu, et ses lèvres remontèrent lentement à son oreille pour y souffler malicieuse et contradictoire comme pas deux, j’crois qu’j'vais devoir être encore docile, vu qu’j'ai pas réussi à répondre à votre demande d’pas l’être d'c'que vous dites.

Elle se redressa et le regarda, prenant un air de réflexion profonde.

Mais si j’réponds à vot’demande d’pas l’être, alors j’l’suis. Hein ? Alors, pour j’qu’obéisse, faut qu’dès l'départ, j’l’sois pas, sage, c’qui veut dire, vu vot’question, qu’j’dois répondre qu’l’charme est rompu. Sauf qu’j’ai pas envie d’mentir. ‘Fin, pas maintenant. Sacré dilemme qu’m’vous posez, et fichtrement fatiguant pour ma cervelle en compote. Tortionnaire ! lança-t-elle, la paume de ses mains glissant doucement sur ses flancs. ‘Fin, c’pas grave, vu qu’comme vous ai dit, j’obéis pas. Puis dans un sourire cajolant. Rien n’est rompu. Si?

Elle se lova contre lui, une demande la taraudant sans pourtant oser la formuler. Elle n’avait aucune envie de le voir partir. Pas cette nuit, non. Elle ne voulait pas rester seule ce soir là, elle avait envie de dormir dans ses bras, sous son souffle paisible. Aussi, mine de rien et l’air de tout sauf de demander quoique ce soit, l’orgueil rappliquant au galop.

Fait froid dehors pour rentrer, pis l’est fichtrement tard. Voulez rester ?
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Alphonse_tabouret
Il l’écouta dans un rire silencieux, babiller, plus qu’il ne l’avait jamais entendu, charmé par ce laisser aller, attendri par l’aisance soudaine répondant à ses attentions par cette bonne humeur et les caresses dont il finissait de rassasier le corps de la gitane dont la fièvre s’apaisait.

Rien n’est rompu. Si?

-Rien, lui certifia-t-il dans un souffle.

La fatigue apparaissait sur ses traits détendus, et dans les prunelles noires d’Axelle, les braises se mettaient à somnoler, rougeoyantes, rassurantes. La vie était là, saine, pure, juste engourdie par les privations dont ses courbes déjà fluettes accusaient encore plus le choc mais ne demandant plus qu’à inonder de nouveau la moindre parcelle de chair. Elle passa ses bras autour de son torse et s’y lova, enfantine, désarmante, cherchant après le feu, la tiédeur qu’elle désirait tant, dont il la sentait encore plus assoiffée de tout.


Fait froid dehors pour rentrer, pis l’est fichtrement tard. Voulez rester ?

Sa main passa dans les cheveux longs, remontèrent au crâne et il se pencha pour déposer un baiser sur son sommet parfumé.
Ce besoin de tendresse, cette envie de faire perdurer un peu de la chaleur partagée au travers de quelques heures ensommeillées, demandée au travers du voile de l’orgueil, c’était bien la seule chose qu’il ne pouvait pas lui offrir maintenant. Cette nuit, elle devait la passer seule, dans le tumulte cacophonique mais bienheureux des perspectives dont elle était coupable et se réveiller, alanguie, fourbue, à la fois vide et pleine, définitivement neuve, sans rien pour la faire pencher d’un côté ou de l’autre : libre.
Il aurait été facile, si facile et si douillet de céder à cette tentation qui n’avait l’air de rien, mais cela aurait été jeter aux orties cette danse splendide dont il avait aimé chaque mouvement, dont il espérait découvrir de nouveaux pas, et à laquelle la gitane l’avait déjà lié si délicieusement … Cruel, bien malgré lui dans ce qu’il lui semblait indispensable à la gitane pour arpenter ce chemin là, ses doigts cueillirent son cou et le basculèrent doucement jusqu’à ce que sa bouche rejoigne l’oreille


-Avoir froid après la fièvre que vous m’avez donné, vous n’y pensez pas, répondit-il dans un filet de voix souriant à son lobe, embrassant sa tempe.Mais il est tard, cela, je vous le concède... Je vais vous border poursuivit-il d’un ton gentiment catégorique, avant de reprendre, un ton plus bas encore et je resterai là jusqu’à ce que vous vous endormiez, alors quand vous serez au plus profond de vos rêves et que vous ne vous rendrez même plus compte de mon existence, je partirai rejoindre mon poste…

Ses doigts finirent de renouer ses braies et il glissa un bras à sa taille et l’autre à ses jambes et la souleva, poids plume, de la table sur laquelle ils avaient lutté de tous leurs crocs et de toute leur hargne dans l’abandon délicieux de leurs instincts. La chambre était petite, et il n’eut que trois pas à faire pour la respirer de leurs odeurs mêlées et lui faire rejoindre le lit dans lequel il la lova après en avoir sommairement écarté les couvertures du bout des doigts. Il s’assit sur le lit à côté d’elle et la contempla, souriant, glissant une mèche de cheveux à son oreille pour glisser son regard sur l’ovale du visage. Son bras se tendit pour envelopper l’oisillon au creux du nid blanc de ses draps et il se cala à côté d’elle, étendant une jambe, nonchalamment, une main venant caresser les épaules et le haut du dos brun.

-Préférez-vous comptez les moutons ou bien les taureaux?, lui demanda-t-il à mi-voix, pour l’accompagner dans les bras d’un autre au profil grec, un qui saurait mieux que lui veiller sur ce sommeil naissant.

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