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Janvier 1461

[RP] Ca allait faire un an

Ayena
La neige. La neige, le froid. Le paysage qui passe du blanc aux teintes d'ocres lorsque le manteau d'hiver fond... Avant de revenir de plus belle. La neige, la boue.
Ces derniers mois avaient été longs pour Ayena. Longs car elle les avait passés seule. Seule dans la tour de Gaud, siège du Viscomtat de Sant Remezy. Et vivre dans un donjon, c'est difficile pour une fille de dix-sept ans qui n'a pas la pneumonie, mais pas loin. [*] Pas loin parce qu'elle était faiblarde à sa suite de couches et qu'elle se remettait tant bien que mal. Lentement.

On était fin janvier et le petit Cherles Madrien venait de passer le cap des deux mois de vie. C'était sans doute bon signe. Chaque jour de plus était une victoire, une revanche. Et Ayena, qui avait d'abord été très détachée de son marmot par peur de trop s'y attacher et donc de s'écrouler du haut de sa belle tour en cas de nouveau malheur avait finalement cédé à son penchant maternel. Elle ne quittait pas son couillu des yeux et devenait louve lorsqu'il s'agissait de lui. En soit, elle s'était trouvé un nouvel homme pour dés-endeuiller sa vie monotone, plate et fade.

Ce matin là,en se levant, elle regarda par dehors. Elle vit la neige, le froid. Elle vie la boue. Et, comme une habitude bien huilée, les larmes vinrent dans ses yeux noisettes. Elle se souvint alors. De ce petit matin où Adrien lui avait demandé de l'épouser. Lorsqu'il était tombé dans la neige. Lorsqu'elle avait dit oui. Lorsqu'ils s'étaient embarqués pour vivre jusqu'à la fin de leurs jours ensemble... Ça avait fonctionné : Adrien était mort. Fichu mariage. Charles Madrien se mit à pleurnicher et, comme sa mère ne le prenait pas tout de suite dans les bras, il geint plus fort. Cela sortit à peine Ayena de sa rêverie. Et pour la première fois depuis la naissance du petit, elle fit appeler une servante pour qu'on la débarrasse du garçon.

Alors, les larmes roulant toujours sur ses joues tout justes rosies, elle coiffa sa longue chevelure. Longtemps. Parce qu'Adrien avait aimé passer ses mains viriles en dedans. Puis, elle tressa le tout dans une natte bien serrée. Elle s’emmitoufla dans une robe de deuil, pris une cape doublée de fourrure et sortit. Si tout cela vous parait anodin, détrompez-vous : c'était la première fois qu'elle se coiffait et qu'elle prenait le temps de se vêtir convenablement depuis... Pfiou... Des mois et des mois. Elle remarqua d'ailleurs qu'elle avait forci au niveau du ventre, des hanches, de la poitrine. Porter un enfant lui avait redonner les rondeurs que le deuil lui avait ôté.

Elle se trouva jolie.








La Vescomtessa attrapa sa cane, celle-là même qui ne la quittait plus depuis la moitié de sa grossesse. Puis, réalisant que plus aucun ventre débordant de vie de la déstabilisait plus, elle laissa là sa béquille et sortit de la cabre en boitant comme jamais. Elle descendit l'escalier en serrant les dents, la douleur irradiant et sa jambe droite et sa hanche : mais n'était-ce pas une preuve qu'elle était vivante ? Si. Quand on souffre, on vit encore. Souffre petite Ayena.

Le vent soufflait. La tresse d'Ayena voleta derrière elle. Le paysage était calme, les sons étouffés par l'épaisseur de neige. C'était beau.

- Adrien aurait aimé. Mais il aimait tout ce qui touchait à ses terres. Il aurait tout aimé pourvu que nous y soyons ensemble, murmura une voix dans l'esprit tourmenté de la veuve.

Son pas hésitant avança dans la cour. Sa cape trainait pas terre : elle effaça sa progression. Quelle ironie. C'est, comme il y avait à peu près un an, vers la petite chapelle qu'Ayena se dirigea. Certes, ce n'était pas la même qu'à Charmes, elle était plus modeste. Mais le Très Haut était là où on voulait le trouver. Et gare à lui s'il n'y était pas.

A genoux, l'estropiée soufra d'autant plus. Cela la rendait-il d'autant plus vivant ?


- Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Seigneur, entendez ma prière. Adrien, entendez ma supplique.

Voici presqu'un an que je fus mariée. A un homme que j'aimai de tout mon cœur et Dieu, vous me fîtes grâce d'un enfant. Seulement mon époux, Adrien est parti alors même qu'il ne se savait pas paire. Mon époux, sachez que toujours vous serez en mon coeur. Votre fils sera pour moi le plus beau des dons et toujours je le chérirai. Mais il faut comprendre ma situation. Je suis maire et sans aide. Lorsque passera le vingt cinq février, anniversaire de notre union devant le Très Haut, je quitterai mon habit de deuil. Ne m'en veuillez pas Adrien. Mais je dois élever votre fils. Comprenez moi, per grat... Je ne peux garder le noir alors que le petit grandi. Il doit apprendre autre chose que la douleur, la tristesse et les pleurs. Je dois prendre un nouvel époux. Adrien, bénissez cette future union... C'est une femme en détresse qui vous parle... Je suis trop jeune pour vivre tant de malheurs. Aussi, voici ma prière, Seigneur : aidez moi à trouver le meilleur parti. Celui qui fera le bonheur de mon fils. Celui qui fera resplendir la maison Desage. Que ma personne passe en second. Toujours. Le meilleur pour Madrien. Pour moi, juste la tranquillité.


Elle passa un long moment encore à parler à Dieu, à Adrien, confondant parfois les deux. Enfin, elle convint que ce vingt-cinq février signerait aussi la fin de leurs échanges : il fallait vivre dans l'avenir. Cette décision lui fut douloureuse, certes. Mais Ayena n'était plus à quelques litres de larmes de plus ou de moins. Aujourd'hui, elle écrirait à son paire à elle pour lui dire qu'il allait falloir la remarier. C'était décidé. C'est que ça allait faire un an...
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Argueros
[Un Autre Jour...]

La temps n'était pas propice à un long voyage.
La mort de Jehan_Djahen de Rieucros-Shaggash, Baron d'Exat et de Portes, seigneur de Couffoulens l'avait profondément marqué...mort si jeune.
Sa disparition subite et l'annonce de sa mort avait conduit Argueros à repenser à son passé.
Il errait depuis sans but à Narbonne. Il passait de long moment au quai à contempler les navires. Il ne savait même pas s'il était encore Seigneur de Bouriège, ne connaissant rien à l'art de l’héraldique.
Il avait décidé de rendre visite à un ancien ami, mort lui aussi ..malheureusement. Il n'avait pu se rendre à son enterrement. Encore une erreur !!! comme tant d'autres ..Il lui devait au moins cela.

Il avait pris le chemin des terres du Crussol par un matin glacial où son viel ami avait été enterré.
Un voyageur isolé n'attira pas l'attention dans ce paysage de neige. Il ne pouvait pas être une grande menace.
Il fut intercepté par la garde à quelques pas de l'entrée du Château.

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Ayena
[Un autre jour, donc, mais toujours en janvier.]

Ce matin, il n'avait pas neigé, il avait plu. C'était le signe que le froid allait petit à petit perdre du terrain. Ayena était occupée à reprendre quelques unes de ses robes : des tissus rouges, verts, bleus. Elle allait bientôt dire au revoir au deuil et préférait s'y préparer sereinement. Aussi préparait-elle ses robes avec calme, ajoutant quelques plis de tissus par là, ôtant une couture par là : la grossesse avait modifié son corps qui avait pris un peu de rondeurs.

Les domestiques avaient reçu pour ordres d'enlever les tentures noires qui avaient été placées sur les murs intérieurs. Ils faisaient cela en silence, plein de respect pour leur ancien seigneur et aussi un peu dubitatifs quant au fait que leur maitresse quitte si tôt le deuil. Seules les marques extérieures du deuil avaient été gardées : oriflammes noires, rubans aux poignées, etc...


[A l'extérieur, la garde]


- Qui va là ?

Le ton était interrogateur et un peu étonné : le garde n'avait plus l'habitude que la Vescomtessa reçoive du monde. On avait pas vu d'invités ou de visiteurs depuis des lustres : le noir faisait fuir. Si, il y avait eu une troupe de troubadours le mois dernier : ils cherchaient refuge suite à la neige. Comme la maitresse n'était pas là mais au couvent, on les avait fait entrer... Et on s'était bien amusés.
Celui-là, on l'avait vu arriver de loin : le paysage banc permettait de repérer bien facilement toute anomalie à l'horizon. Les gardes avaient déjà décidé qu'il n'était pas une menace, à son allure, à sa stature.


- Vous êtes sur les terres Desage !

Juste pour la forme. En espérant que si l'on en ajoute un peu de notre côté, le visiteur trouvera de petites choses à leur dire à eux, les gardes : quand il fait froid, on s'ennuie vite...
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Argueros
Une pluie fine et fraiche avait fait son apparition, rendant la voie menant au Château particulièrement boueuse.
Argueros arrêta nette sa monture à l'appel de la Garde.


Bonjour, Soldat !
Sale temps pour courir la gueuse.
Je t'offre une bière bien chaude si tu m'annonces au responsable de ces lieues.
Tu lui diras que je viens rendre hommage à l'ancien Seigneur de ces nobles terres. Je ne demande rien d'autres qu'un peu temps devant sa sépulture.


Il descendit de son cheval et lui caressa le museau.

J'attendrais ici en attendant que tu es l'autorisation de me faire rentrer si on accède à ma requête.

Argueros retira ces gants trempés. Le froid lui engourdissait les mains.
Il patienta en bavardant avec les autres gardes restant en faction.

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Ayena
[A l'extérieur, la garde]

Le soldat eut un sourire. Ici, on ne refusait l'entrée à personne. C'était pas aristotélicien, qu'elle disait, la maitresse.

- On est bien loti ici. On a de la bière dans le donjon. Presque à volonté.

Il ajoute un clin d'oeil qui ne lui semble pas déplacé. Après tout, entre homes, on se comprend : une bière dans une main, une femme dans l'autre et le bonheur est simple.

- Suis-moi.

Et après avoir prévenu les autres gardes, notre soldat s'avance dans la cour. Il laisse l'invité descendre de cheval et confier le destrier à un palefrenier.

- Belle bête, dit-il, avec un hochement de tête appréciateur.

Et puis, ils entrent dans la tour de Gaud, là où se trouve Ayena. Ils montent les marchent de pierre et le soldat fait patienter l'invité un instant alors qu'il entre lui même dans la grande pièce principale.

- Donà. Un visiteur.

Entourée de chiffons et autres morceau de tissus, la jeune femme lève un regard étonné. Un visiteur ? M'enfn !

- Qui ?

Il hausse les épaules : il n'a pas demandé le nom.

- Il vient se recueillir sur la tombe du Hibou.

C'est comme ça qu'on l'appelle dans le coin. Le Hibou. La veuve a un frisson qui parcours son échine pour se répandre partout. Elle tremble un peu. C'est la première fois que l'on vient prier pour Adrien.

- Laisse-le entrer, veux-tu. Et appelle une servante pour ranger mon fatras.

Ayena respire plusieurs fois avant de se lever et de rejoindre elle même le visiteur. Elle boite, plus qu'avant sa grossesse. Elle semble avoir vieilli, aussi.

- Bonjorn.

Elle reconnait alors Argueros et hoche la tête, en signe de respect. Elle ne dira rien ensuite : n'est-ce pas à l'homme de prendre d'abord la parole ?
Le regard bleu-amer attend patiemment que l'homme réagisse et surtout la reconnaisse. C’est qu’elle est restée cloitrée longtemps icy et que peut-être il n'a pas souvenir de sa personne...

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Argueros
Argueros fut inviter à rejoindre son hôte.
Il n'avait pas prévu une telle rencontre, il se voulait discret comme à son habitude.
Il suivit le garde jusqu'à la grande salle de réception où il distingua la silhouette de la jeune femme. Sur le moment, il ne l'a reconnu pas , mais la blancheur de sa peau raviva ces souvenirs ainsi que son léger boitillement. Il était en présence de la femme d'Adrien, la Baronne de Crussol. Il l'avait croisé en peu de circonstances, car Argueros évitait le monde de la Haute Noblesse, un monde de pouvoir où il n’était pas à sa place.
Il s'inclina respectueusement .


Bonjorn, Baronne.
Vous me faites en grand honneur en me recevant.
Je vous remercie pour votre hospitalité.
Je ne souhaite en aucun cas vous importuner plus que nécessaire.


Il avait dit cela un peu trop rapidement à son goût, toujours un peu maladroit dans de telle situation. Il esquiva un regard autour de lui pour éviter de rencontrer ces yeux. Il était toujours gêné en présence de jeunes femmes ayant un tel rang. Ne connaissant pas les bonnes manières et usages, il était capable de rendre une conversation très vite ingérable et incongrue.
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Ayena
Seulement, Ayena n'était pas née noble. Elle avait grandit comme bourgeoise et n'avait reçue une seigneurie vassale que quelques années plus tôt, par celui qui s'avérera devenir son père adoptif. Alors si elle avait petit à petit fait siennes les manières nobles, elle n'était pas pour autant hautaine ou prétentieuse : elle savait rester simple, amicale, franche. Pourtant, d'avoir vécu et à la cour parisienne et avec le rang qui était sien à présent lui firent remarquer le fait que l'homme face à elle était un peu maladroit, et mal à son aise, aussi.

- Vous ne m'importuner pas.

Il lui avait donné du "Baronne". Grand Dieu, mais il avait du rester éloigné du monde encore plus longtemps qu'elle... Cédant à sa curiosité toute naturelle et espérant que cela apaiserait son visiteur, elle lui demanda alors :

- Cela fait bien longtemps que nous n'avons point entendu parlé de vous... Vous avez pris congé du monde un moment ?

Et pour occuper ses mains, elle replaça une mèche sous sa coiffe, souhaitant que l'homme redresse la tête et la regarde : faisait-elle peur à ce point qu'il ne la regarde pas ? Le chagrin et le deuil l'avaient-ils rendu laide ? Ha ! Et elle qui souhaitait sortir de cette situation morbide de l'attente et de la tristesse se retrouvait face à la réalité : si on ne l'avait pas oublié, on allait avec elle, prendre des pincettes au moindre moment. Tout pour lui rappeler sa situation.

Se retenant de soupirer, elle fit un signe de la main :


- Permettez que je m'asseye. Ce n'est pas que vous me fatiguiez, bien au contraire, votre visite fait plaisir, mais ma jambe m'est douloureuse... Et d'autant plus depuis la naissance du petit.

Plouf ! Rocher dans la marre. Il n'y avait pas moyen plus délicat que d'annoncer la descendance d'Adrien. Ha, si.
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Argueros
Ça se passait pas trop mal ! Finalement!! pensa-t-il. Il n'avait pas fais de gaffes pour l'instant.

A vrai dire, je suis resté à l'écart de tout, restant disponible pour mon suzerain ...avant que lui aussi ne disparaisse.

Voilà la gaffe.. il aurait du éviter d'aborder ce sujet. Il essaya de se raccrocher à un événement plus joyeux..la naissance d'un enfant .

Euh!! je ne savais pas que vous aviez un enfant !! Depuis quand ?

Il se permit de regarder de nouveau la jeune femme. Elle avait quelques choses de touchant..un calme troublant. Elle paraissait si simple dans ces magnifiques vêtements, assise sur ce fauteuil. La chaleur du feu commençait à réchauffer les membres d'Argueros.Cela était agréable.
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Ayena
Elle hocha la tête : elle s'était bien doutée qu'il n'avait pas reparu depuis un moment, ce garnement. Lorsqu'elle compris qu'un autre homme était mort, sa gorge se serra, mais il lui fallu demander, tout de même :

- Qui donc était votre suzerain ?

C'était certes une politesse mais aussi de la curiosité. Était-ce quelqu'un qu'elle avait connu ? Et puis, cela lui permettait d'en apprendre plus sur son visiteur : il se retrouvait dé-fiéffé faute d'un suzerain... vivant. C'était triste comme fin. S'être habitué à une seigneurie, y vivre, la faire prospérer... Pour s'en voir défit sans aucune forme de procès. Moralité : les suzerains ne devraient pas avoir le droit de mourir.

Et puisqu'on lui posait question, elle répondit :


- Charles Marie Desage Talleyrand, le fils d'Adrien, est né à la mi-novembre, juste avant les grandes froidures de l'hiver.

L'enfançon se trouvait quelque part dans la tour, près d'une servante, qui surveillait son sommeil comme un alchimiste surveille son or sur le feu. Ayena, après avoir passé les premiers mois accroché à son fils comme une sangsue à un pouilleux tentait de s'en défaire un peu : c'est qu'il était mal vu d'être une mère poule et qu'elle n’aimait pas les racontars. Déjà qu'elle allaitait elle même le petit et qu'elle n’avait pas fait appel à une nourrice... Elle, une noble ! Dès que ça allait se savoir, ça allait ragoter sec. Mais, n'était-ce pas là la plus douce façon de nourrir son fils que de lui offrir sa mamelle pleine d'amour et de lait ? Et en l’occurrence, il n'y avait plus de mari pour se plaindre de ne pas être seul à profiter de la gorge d'Ayena.
Constatant qu'il restait debout, elle lui fit signe de s'asseoir : cela la dérangeait fort que de devoir lever les yeux vers son invité. Elle devenait ainsi doublement infirme.

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Argueros
Ayena invita Argueros à s'assoir en face d'elle. Il s’exécuta en réalisant qu' il était recouvert de boue due à son long voyage vers les terres Desage.
La scène était surréaliste.
Une jeune femme noble vêtue dans une robe magnifique en face d'un Seigneur déchu ressemblant plus un à sanglier crotté .. et l'odeur. Il n'osait l'imaginer.
Il reprit le parole.


Adrien aurait été un homme heureux en ayant un héritier.Quelle fierté pour lui de savoir que ces terres connaitraient prospérité en les léguant à son fils.
Veillez bien sur lui. Il aura besoin d'une mère aimante en absence de son père.


Il s'interrompit un moment avant de poursuivre. Il évita de nouveau le regard d'Ayena.

J'étais le vassal de..Jehan-Djahen de Rieucros-Shaggash.
Il est mort si jeune.. il a vécu comme s'il savait qu'il partirait tôt.
La famille Shaggash disparait avec lui.


Il regarda intensément les flammes du feu pour cacher sa tristesse. Il n'était pas bon de montrer sa faiblesse pour un homme.

Je l'ai vu grandir et sa perte me ...

Il s'interrompit de nouveau

Je suis désolé .. vous avez aussi perdu beaucoup en la personne d'Adrien.
Il n'est pas bon de parler du passé, surtout de proches qui nous ont quittés.

Nous devons penser à l'avenir .. vous avez devant vous encore de nombreuses années ...à voir grandir votre enfant...de merveilleux moments... j'en suis sur.
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Ayena
Elle serra les dents. Entendre parler d'Adrien lui était douloureux : il avait été son avenir, son rêve, son pilier. Elle se retrouvait donc sans soutien, livrer de nouveau à elle même et face à un futur qui lui faisait peur. Voilà pourquoi sa situation était complexe : Ayena devait éviter de parler du passé parce qu'il était douloureux et passer rapidement sur le futur, qui l'angoissait. Paradoxe féminin. Ou paradoxe du veuvage.

- Mercé.

Bien sûr qu'elle veillera sur Charles Marie. Allait-elle l'abandonner ? Alors qu'il était la seule preuve vivante que le Hibou avait été à ses côtés ? C'était aussi un gage de cet amour qu'il avaient partagé. Si peu de temps, c'est-à-dire trois mois à peine, mais... Au moins personne ne pourrait contredire cette partie de la vie de l'Artésienne.

Elle appris avec un pincement au cœur la mort de Jehan : elle l'avait bien aimé, le gaillard. Même s'il était un peu prétentieux, un peu trop charmeur, souvent entreprenant avec les femmes... Mais c'était un des languedociens qui l'avait accepté sans sourciller à son arriver dans le Comté.

- Mes condoléances. J'apprends sa disparition à l'instant. C’est que j'ai moi même longtemps été en retraite.

La Vicomtesse se plongea dans l'admiration du feu en même temps que son visiteur. Un silence passa avant que l'homme ne reprenne la parole.

- Je l'espère aussi. Mais il est difficile de se projeter en avant. Je vais devoir élever un fils, alors que c'est plutôt le rôle d'un paire...

Elle coula un regard discret vers Argueros, pour le considérer et décida qu'il n'était pas pertinent de lui parler du fait que Charles, son paire à elle, avait décidé de partir à la recherche d'un nouvel époux pour Ayena, sa fille, ce qui supposait fort probablement un déménagement loin de ses terres languedociennes. Non, elle ne parla pas de tout cela : après tout, ils n'étaient pas intimes. Et il n'aurait sous doute pas compris ce désir de la jeune femme de ne point rester seule.

- Mais vous, dites moi, quels sont donc vos projets d'avenir à présent ?

Et hop, on relance.
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Argueros
Moi.. mon avenir...je ne sais pas !!
Vous allez me trouver stupide.. mais à vrai dire, je suis venu en discuter avec Adrien.
Peut-être vous demander votre protection et vous proposez mes talents de forgeron ?


Argueros sourit en disant cela. Cette idée saugrenue lui était venue soudainement.

Redevenir un simple pêcheur ?
J'ai économisé quelques écus .. trouvez une cabane isolée prêt d'un lac.
Ou devenir mercenaire ..vendre mon épée pour mourir bêtement sur un champs de bataille pour l'honneur d'un illuminé en recherche de gloire et pouvoir.


A vrai dire, Argueros n'avait plus envie de rien. Un vide avait envahi son cœur. Il avait consacré de nombreuses années à servir son suzerain...mais maintenant !!

Je suis venu ici pour avoir des réponses. Les bons conseils d'un ami mort.
Vous pensez que je suis fou, n'est ce pas ?


Lui ..qui ne parlait que rarement.. se rendit compte qu'il avait besoin d'être simplement écouté. La situation était étrange. Il se livrait à une inconnue à ces yeux.
Il sourit en se rappelant la 1er fois qu'il avait rencontré Adrien. Que la vie est étrange !

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Ayena
Elle resta coite. En discuter avec Adrien ? Euh... Etait-il au courant qu'il était mort ? Et enterré ?
La jeune veuve resta calme, contrôlant sa respiration et écoutant d'une oreille qui se voulait bienveillante. Il voulait une protection... Quoi de plus normal : après avoir perdu son suzerain, il en cherchait un autre. Mais Ayena, outre le fait qu'elle avait quelques menus soucis avec la héraulderie, ne prenait pas tout ceci à la légère. Elle avait un vassal, de coeur, et c'était un homme qui avait su être présent depuis le décès d'Adrien sans jamais lui faire faux bon.

Il fallait ménager le loup et la chèvre.


- Loin de moi l'idée de vous prendre pour un fou... Vous avez perdu des êtres chers... Cela... Hum, comment dire... Cela déboussole.

Y aller avec des pincettes. Ayena ne savait pas quelle relation avait entretenu Adrien avec Argueros : or c'est aussi cela qui l'avait poussée à prendre Fool de Bois Hardi pour vassal. Son invité se disait ami avec le Hibou. Soit. Mais qui n'avait pas été ami avec ce grand brun, qui avait été tout sauf inamical ?

- Je suis une aristotélicienne... Et j'aimais profondément mon mari. Je ne peux laisser ses amis dans le besoin ou dans des situations délicates.

Voilà, elle flanchait. Malléable, la fille, c'était pas possible, ça.

- Vous n'irez pas mourir bêtement. La bêtise ne mérite pas un sacrifice de ce genre.

Bon. Maintenant, il fallait trouver que faire de cet homme. Béh oui. C'était elle, la femme de pouvoir. Elle possédait, ou en douaire ou en plein, ça Ayena le saurait lorsque la héraulderie se serait réveillée, un vicomté et une baronnie. Lui, quelques écus et un besoin de se rendre utile.

- Êtes vous un homme d'armes ?

Sans doute puisqu'il avait parlé d'épée... Mais le fait de poser la question donnait à Ayena le temps de réfléchir à la proposition qu'elle pourrait faire à son visiteur : ce n'était pas simple de choisir ce que faire d'une âme en peine. Car l'Artésienne se trouvait pour la première fois dans cette situation où l'on allait la trouver pour qu'elle accorde sa protection. Enfin... C'était la première fois qu'on venait trouver Adrien pour cela, et qu'on la trouvait elle.
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Argueros
Les souvenirs envahissaient l'esprit d'Argueros par vagues successives. En parlant avec son hote, une porte du passé s'était ouverte où s'engouffrait des images de toute une vie passée sous la Bannière d'Exat.
La dernière question le projeta face à Jack Daniels, le Maitre d'armes du Baron.. un entrainement..finissant toujours de la même manière...
Argueros , au sol, désarmé, et recouvert de bleus , à force de recevoir des coups d’une épée en bois sur l’ensemble de son corps.. ce n'était pas un tendre le Jack.
Il répétait sans cesse la même chose : tu ne seras jamais un vrai combattant.. tu n'as pas la rage..tu respectes trop la vie.. tu n'aimes pas tuer..!!


L'image disparut lorsqu'il répondit à Ayena.

Je pense l'être, mais un ami à moi vous dirait le contraire. Passé une vie dans la garde personnelle du Baron d'Exat, vous donne de bonnes notions de l'art à manier les armes.
Je le conseillais surtout dans le domaine maritime, à vrai dire.


Une autre image fit son apparition.. une tempête en mer au large du port de Toulon.. les passages et marins affamés à cause d'un manque de vivres...un débarquement en plein bataille...

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, comme on dit.

Cette phrase anecdotique reflétait bien la vie de tous êtres naissants en ces terres languedociennes.
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Ayena
Modeste, avec ça. Elle eut un regard indulgent à l'encontre de son visiteur, elle qui n'y connaissait rien aux armes. Et même si elle avait aimé ça, son infirmité lui empêchait de toutes façons de faire quoi que ce soit de vaillant. Ce qui impliquait donc la présence d'une garde. Au moins pour les voyages. Sinon pour la sécurité des terres.

- Plan.*

Elle pensa à Adrien, se demanda comment il aurait réagit. Et puis, elle l'oublia un peu, le reléguant dans un coin de son esprit : aujourd'hui, elle était seule maitresse à bord.

- J'ai besoin d'hommes pour la garde Desage. Vous serez hébergé et payé, mais surtout équipé : armure légère, petite lame et bouclier. Nous verrons plus tard pour le cheval, si cela s'avère nécessaire.

La veuve parlait lentement, édictant ses règles et espérant que ses mots ne seraient pas mal pris : il ne s'agissait pas pour elle de rabaisser un homme en dessous de ce qu'il avait connu. Mais Ayena ne devait pas non plus tout offrir d'un seul coup. Il devrait gagner sa confiance, petit à petit. Comme tout le monde.

- Vous m'accompagnerez lors de mes déplacements qui sont, je vous rassure, assez rares. Lorsque nous seront sur nos terres, vous prendrez part à la sécurité de l'endroit où je réside.

La mission semblait simple à Ayena, mais elle darda un regard interrogateur sur Argueros, tout en poursuivant :

- Vous vous accommoderez à votre rythme. Si au bout d'un mois il s'avère que nos entourages ne conviennent pas, nous nous séparerons sans rancune. Si vous vous trouvez à votre aise, que mes gens et moi même aussi, vous prendrez la tête de la garde Desage.

Elle serra les mains, tentant de réchauffer ses doigts gelés, malgré la chaleur qui régnait dans la pièce. Ses yeux bleus observèrent avec curiosité la blancheur de ses phalanges. La jeune femme ne pris pas conscience du fait que les battements de son cœur s'étaient accélérés durant le temps qu'elle avait parlé, pourtant c'était le cas : l'émotion s'était emparée d'elle alors qu'elle expliquait ses désidératas. Le pouvoir était une chose étrange qui changeait les gens. Chez Ayena, le pouvoir était énergie. D'ailleurs, la chaleur commençait à poindre dans le bout de ses mains.

- Cela vous semble t-il convenable ?



*Bien.
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