Richard_watelse
Le Connétable Watelse mesurait un bon mètre quatre vingt dix. Aussi était il assez peu aisé pour cette haute carcasse de se tenir en une posture à peine décelable. Pourtant, il y arrivait, restant quelques pas derrière la sosie royale, ne la quittant pas du regard et guettant la moindre des faiblesses qui signerait eux leur arrêt de mort, notant ça et là les gardes qui pourraient se montrer hostiles, contenant sa nervosité derrière une carapace de froideur.
Le Dauphin. Ils allaient rencontrer le Dauphin. Ce n'était certes pas le Roi de France, mais cela suffirait pour accéder à leur demande : officialiser son soutient à Eleonore de Sulignan, en la sant ainsi comme la seule reine de Chypre et de Jerusalem. Le Dauphin pourrait transmettre leur requête au Roi. Pourvu que Dame de Kermeur ait assez bien inculqué à la jeune apprentie reine la manière de s'adresser à un membre de la famille royale! Le Connétable avait ces derniers jours laissé un peu de côté l'enseignement de la jeune femme. Ses pensées se tournaient presqu'exclusivement vers un autre moyen d'arrêter la guerre en la gagnant : l'enlèvement d'une Belrupt, promise en épousailles au filou Jacques de Sulignan prétendant au trône de Chypre.
Pour la première fois, il entendit l'annonce d'une Reine qui n'était plus Sa Reine, celle qu'il avait adoré comme on adore une idole impressionnante. Par bien des raisons, celle qu'on annonçait maintenant sous le nom d'Eleonore était pourtant plus Sa Reine que jamais. Sa chose. Son invention. Sa marionnette. l'objet de tous ses espoirs de gloires et d'honneur. Son instrument politique. Par elle, il deviendrait riche, puissant et noble. Une première pour sa famille et pour le soldat qu'il était.
Il lui semblait que, à bien des égards, Dame Quiou nourrissait les mêmes sentiments envers la sosie. La sosie... Qui était-elle par ailleurs? Il s'était refusé, ces derniers jours de se poser trop de questions sur le passé quela jeune fille avait été sommée de laisser derrière elle. Avait-elle des parents? Des frères? Soeurs? Un mari? Non, ça il en était presque sûr, la jeunette affichait encore une certaine naïveté sur les hommes que toute femme mariée perd rapidement. Avait-elle eu des rêves? Des espoirs? A part, le dessin d'acquérir un lopin de terre, il en doutait. La jeunette semblait d'une simplicité qui ne nourrissait jamais d'ambition haute. Elle... Comment se nommait-elle?
Peut-être Marie. Ou Jeannette. Jeannette, oui, cela pourrait lui aller. Un nom courant, rien de sophistiqué. Berthe? Prénom trop dure pour un visage somme toute tranquille et doux.
L'arrivée d'une femme dans la salle de réception remit Richard Watelse dans la réalité des choses et chassa en quelques secondes cette faiblesse qui était sienne de toujours s'attacher aux femmes et de se positionner en protecteur.
Cette fois, il combattrait cette tendance : La sosie resterait "Eleonore Sulignan". Sa Reine. L'ancienne femme qu'elle était ne serait rien pour lui. Rien. Rien qu'un objet de manipulation, et ce serait tout.
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Le Dauphin. Ils allaient rencontrer le Dauphin. Ce n'était certes pas le Roi de France, mais cela suffirait pour accéder à leur demande : officialiser son soutient à Eleonore de Sulignan, en la sant ainsi comme la seule reine de Chypre et de Jerusalem. Le Dauphin pourrait transmettre leur requête au Roi. Pourvu que Dame de Kermeur ait assez bien inculqué à la jeune apprentie reine la manière de s'adresser à un membre de la famille royale! Le Connétable avait ces derniers jours laissé un peu de côté l'enseignement de la jeune femme. Ses pensées se tournaient presqu'exclusivement vers un autre moyen d'arrêter la guerre en la gagnant : l'enlèvement d'une Belrupt, promise en épousailles au filou Jacques de Sulignan prétendant au trône de Chypre.
Pour la première fois, il entendit l'annonce d'une Reine qui n'était plus Sa Reine, celle qu'il avait adoré comme on adore une idole impressionnante. Par bien des raisons, celle qu'on annonçait maintenant sous le nom d'Eleonore était pourtant plus Sa Reine que jamais. Sa chose. Son invention. Sa marionnette. l'objet de tous ses espoirs de gloires et d'honneur. Son instrument politique. Par elle, il deviendrait riche, puissant et noble. Une première pour sa famille et pour le soldat qu'il était.
Il lui semblait que, à bien des égards, Dame Quiou nourrissait les mêmes sentiments envers la sosie. La sosie... Qui était-elle par ailleurs? Il s'était refusé, ces derniers jours de se poser trop de questions sur le passé quela jeune fille avait été sommée de laisser derrière elle. Avait-elle des parents? Des frères? Soeurs? Un mari? Non, ça il en était presque sûr, la jeunette affichait encore une certaine naïveté sur les hommes que toute femme mariée perd rapidement. Avait-elle eu des rêves? Des espoirs? A part, le dessin d'acquérir un lopin de terre, il en doutait. La jeunette semblait d'une simplicité qui ne nourrissait jamais d'ambition haute. Elle... Comment se nommait-elle?
Peut-être Marie. Ou Jeannette. Jeannette, oui, cela pourrait lui aller. Un nom courant, rien de sophistiqué. Berthe? Prénom trop dure pour un visage somme toute tranquille et doux.
L'arrivée d'une femme dans la salle de réception remit Richard Watelse dans la réalité des choses et chassa en quelques secondes cette faiblesse qui était sienne de toujours s'attacher aux femmes et de se positionner en protecteur.
Cette fois, il combattrait cette tendance : La sosie resterait "Eleonore Sulignan". Sa Reine. L'ancienne femme qu'elle était ne serait rien pour lui. Rien. Rien qu'un objet de manipulation, et ce serait tout.
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