Richard_watelse
La main du connectable restait serrée sur le pommeau de son épée, rangée sagement dans le fourreau, histoire de se donner une contenance. Aujourdhui se jouait lHistoire, son histoire. De lantichambre du Roi Eusaias, ils sortiraient soulagés de leur peur
ou morts.
A ses côtés, la fausse souveraine, odieux mais ressemblant sosie dEléonore de Sulignan, affichait un semblant de calme. Un faux semblant. Avec ses comparses de machination, il avait inculqué en un temps réduit à sa marionnette politique de quoi soutenir lillusion le temps dun entretien. Une diction paysanne sétait voilée dun parlé court mais précieux, gommant au passage quelques intonations de la campagne bretonne. Ce qui semblait une mission impossible au départ sétait révélé plus aisé que prévu : en effet, la peur créait parfois des miracles et avait poussé la fille de ferme à donner le meilleur delle-même. La démarche également avait reçu toutes les attentions : se mouvoir avec grâce avait peiné à prendre forme chez la gueuse sans délicatesse. Méthode innovante déducation, on eut lidée de lui lier les deux pieds de manière à ne lui permettre de marcher quà enjambées très réduites, un de ses instructeurs laidant à balancer son bassin dans le rythme détaché attendu dune reine. Sa tenue et sa coiffure furent ce qui posa le moins de soucis, les habits de labsente souveraine nayant besoin que de retouches partielles.
Restait son regard qui trop souvent se troublait, faille de son identité inavouable. Richard Watelse lavait retrouvé le matin même, les pupilles brouillées de larmes devant un miroir détain, sa chambrière lui lissant létendue sombre de sa chevelure. Devant ce spectacle minable, lhomme épris de combats et insensible à la souffrance des hommes quétait le Connétable Watelse, ne semporta pas. Bien au contraire. Il donna congés à la servante, et tint à léplorée à peu près ce propos, dune voix aussi douce et posée que possible :
Ces larmes ne sont pas de mises, Votre Majesté. Vous êtes une Reine désormais, et lavenir vous sourit
Sa voix se fit légèrement plus sérieuse, le visage prenant un air presque paternaliste et protecteur :
Une fois devant les représentants de lHérauderie et le Roi de France, nos deux âmes seront en jeu. Et jamais je ne risquerai la vôtre et la mienne sans la sincère conviction de notre réussite.
Espérant lui avoir inspiré ne serait-ce quun chouilla despoir et de courage que lui-même ressentait, il lavait levée de son tabouret moelleux, et la délégation royale avait affronté les rues parisiennes jusquà aboutir dans cette antichambre royale : la reine Eléonore et des figures de Sa Cour dont le connétable Richard Watelse.
Un valet mit fin à cette remembrance et les invita à sintroduire dans une autre pièce. Le connétable Watelse garda les distances de rigueur avec Sa « Reine », puis se figea, tête baissée en signe dhumilité.
Le valet annonça dune voix un peu haute perchée : « Son Altesse Royale Eleonore 1er de Sulignan, souveraine de Chypre et de Jérusalem »
Le connétable ne fut pas présenté, loyal serviteur sachant rester dans lombre et faisant preuve de lhumilité nécessaire A moins quon ne linvite à se présenter lui-même. A ce jour, il n'était pas encore pour acquis que le roi de France Eusaias accepte de recevoir la reine Eléonore de Chypre.
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A ses côtés, la fausse souveraine, odieux mais ressemblant sosie dEléonore de Sulignan, affichait un semblant de calme. Un faux semblant. Avec ses comparses de machination, il avait inculqué en un temps réduit à sa marionnette politique de quoi soutenir lillusion le temps dun entretien. Une diction paysanne sétait voilée dun parlé court mais précieux, gommant au passage quelques intonations de la campagne bretonne. Ce qui semblait une mission impossible au départ sétait révélé plus aisé que prévu : en effet, la peur créait parfois des miracles et avait poussé la fille de ferme à donner le meilleur delle-même. La démarche également avait reçu toutes les attentions : se mouvoir avec grâce avait peiné à prendre forme chez la gueuse sans délicatesse. Méthode innovante déducation, on eut lidée de lui lier les deux pieds de manière à ne lui permettre de marcher quà enjambées très réduites, un de ses instructeurs laidant à balancer son bassin dans le rythme détaché attendu dune reine. Sa tenue et sa coiffure furent ce qui posa le moins de soucis, les habits de labsente souveraine nayant besoin que de retouches partielles.
Restait son regard qui trop souvent se troublait, faille de son identité inavouable. Richard Watelse lavait retrouvé le matin même, les pupilles brouillées de larmes devant un miroir détain, sa chambrière lui lissant létendue sombre de sa chevelure. Devant ce spectacle minable, lhomme épris de combats et insensible à la souffrance des hommes quétait le Connétable Watelse, ne semporta pas. Bien au contraire. Il donna congés à la servante, et tint à léplorée à peu près ce propos, dune voix aussi douce et posée que possible :
Ces larmes ne sont pas de mises, Votre Majesté. Vous êtes une Reine désormais, et lavenir vous sourit
Sa voix se fit légèrement plus sérieuse, le visage prenant un air presque paternaliste et protecteur :
Une fois devant les représentants de lHérauderie et le Roi de France, nos deux âmes seront en jeu. Et jamais je ne risquerai la vôtre et la mienne sans la sincère conviction de notre réussite.
Espérant lui avoir inspiré ne serait-ce quun chouilla despoir et de courage que lui-même ressentait, il lavait levée de son tabouret moelleux, et la délégation royale avait affronté les rues parisiennes jusquà aboutir dans cette antichambre royale : la reine Eléonore et des figures de Sa Cour dont le connétable Richard Watelse.
Un valet mit fin à cette remembrance et les invita à sintroduire dans une autre pièce. Le connétable Watelse garda les distances de rigueur avec Sa « Reine », puis se figea, tête baissée en signe dhumilité.
Le valet annonça dune voix un peu haute perchée : « Son Altesse Royale Eleonore 1er de Sulignan, souveraine de Chypre et de Jérusalem »
Le connétable ne fut pas présenté, loyal serviteur sachant rester dans lombre et faisant preuve de lhumilité nécessaire A moins quon ne linvite à se présenter lui-même. A ce jour, il n'était pas encore pour acquis que le roi de France Eusaias accepte de recevoir la reine Eléonore de Chypre.
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