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[RP] Demande d'audience - Un blason à doubles faces

Richard_watelse
La main du connectable restait serrée sur le pommeau de son épée, rangée sagement dans le fourreau, histoire de se donner une contenance. Aujourd’hui se jouait l’Histoire, son histoire. De l’antichambre du Roi Eusaias, ils sortiraient soulagés de leur peur… ou morts.
A ses côtés, la fausse souveraine, odieux mais ressemblant sosie d’Eléonore de Sulignan, affichait un semblant de calme. Un faux semblant. Avec ses comparses de machination, il avait inculqué en un temps réduit à sa marionnette politique de quoi soutenir l’illusion le temps d’un entretien. Une diction paysanne s’était voilée d’un parlé court mais précieux, gommant au passage quelques intonations de la campagne bretonne. Ce qui semblait une mission impossible au départ s’était révélé plus aisé que prévu : en effet, la peur créait parfois des miracles et avait poussé la fille de ferme à donner le meilleur d’elle-même. La démarche également avait reçu toutes les attentions : se mouvoir avec grâce avait peiné à prendre forme chez la gueuse sans délicatesse. Méthode innovante d’éducation, on eut l’idée de lui lier les deux pieds de manière à ne lui permettre de marcher qu’à enjambées très réduites, un de ses instructeurs l’aidant à balancer son bassin dans le rythme détaché attendu d’une reine. Sa tenue et sa coiffure furent ce qui posa le moins de soucis, les habits de l’absente souveraine n’ayant besoin que de retouches partielles.
Restait son regard qui trop souvent se troublait, faille de son identité inavouable. Richard Watelse l’avait retrouvé le matin même, les pupilles brouillées de larmes devant un miroir d’étain, sa chambrière lui lissant l’étendue sombre de sa chevelure. Devant ce spectacle minable, l’homme épris de combats et insensible à la souffrance des hommes qu’était le Connétable Watelse, ne s’emporta pas. Bien au contraire. Il donna congés à la servante, et tint à l’éplorée à peu près ce propos, d’une voix aussi douce et posée que possible :


Ces larmes ne sont pas de mises, Votre Majesté. Vous êtes une Reine désormais, et l’avenir vous sourit…

Sa voix se fit légèrement plus sérieuse, le visage prenant un air presque paternaliste et protecteur :

Une fois devant les représentants de l’Hérauderie et le Roi de France, nos deux âmes seront en jeu. Et jamais je ne risquerai la vôtre et la mienne sans la sincère conviction de notre réussite.

Espérant lui avoir inspiré ne serait-ce qu’un chouilla d’espoir et de courage que lui-même ressentait, il l’avait levée de son tabouret moelleux, et la délégation royale avait affronté les rues parisiennes jusqu’à aboutir dans cette antichambre royale : la reine Eléonore et des figures de Sa Cour dont le connétable Richard Watelse.

Un valet mit fin à cette remembrance et les invita à s’introduire dans une autre pièce. Le connétable Watelse garda les distances de rigueur avec Sa « Reine », puis se figea, tête baissée en signe d’humilité.

Le valet annonça d’une voix un peu haute perchée :
« Son Altesse Royale Eleonore 1er de Sulignan, souveraine de Chypre et de Jérusalem… »

Le connétable ne fut pas présenté, loyal serviteur sachant rester dans l’ombre et faisant preuve de l’humilité nécessaire A moins qu’on ne l’invite à se présenter lui-même. A ce jour, il n'était pas encore pour acquis que le roi de France Eusaias accepte de recevoir la reine Eléonore de Chypre.
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Anne
Elle regardait fixement le reflet du miroir recherchant les traces de ce qu’elle avait été : une gardienne d’oie marchant dans la boue et cohabitant avec la fiante. La chambrière derrière elle lui arracha un cri et une poignée de cheveux en maniant sans ménagement le peigne argenté. Il n’en fallait pas plus pour ébrécher les nerfs de la jeunette qui ne retint plus ses larmes. Elle avait tout oublié, éprouvant la peur panique de celle qui oublie ses leçons avant l’heure de la grande récitation. Oubliées, ces éprouvantes journées à apprendre à se tenir, à marcher, à parler… Comment ? A qui ? Quels mots utiliser ? Quand se taire ? Quand prendre parole ? Que dire ? Elle ne savait plus…. Comment passer pour souveraine alors que sa gaucherie de gueuse remontait à la surface comme autant de tempétueuses vagues irrépressibles éclatant contre les rochers et effaçant ses deux dernières semaines de concentration. Les vagues. La mer. Cette vaste étendue grise lui manquait avec son balancement reposant. Autour d’elle désormais s’étalait le confort que toute noble pouvait apprécier, mais elle, ne s’habituait pas encore à la douceur des draps et la chaleur des peaux d’ours qu’étalait chaque soir sa chambrière sur son corps allongé. Trop de beauté, trop de finesse, trop d’or et d’argent, toutes ces choses qu’elle avait eu peu de temps à apprécier. Son bourreau choisit cet instant de faiblesse pour s’insinuer dans la pièce, sans s’annoncer comme il en avait pris l’habitude. Depuis leur première rencontre, son attitude avait été des plus correctes. Certes, elle le sentait tendu, et elle craignait parfois que cet homme et sa musculeuse stature s’abattent sur elle avec violence. Elle le craignait comme toute paysanne craindrait plus puissant qu’elle. Elle n’était rien, même s’il lui répétait à longueur de journée que « pour être reine, il faut se convaincre de l’être, et vous l’êtes ». Enseignement simple, mais la franche fille n’intégrait pas ces éléments et en gardait juste l’essence : « mentez et vous aurez la vie sauve. »

Aussi, lorsqu’il s’adressa à elle avec une gentillesse inattendue, elle cessa ses larmes, trop interloquée pour faire deux choses à la fois : pleurer et se demander le pourquoi de tant de déférence envers elle.

La suite ? Un carrosse et la puanteur de Paris si loin des senteurs maritimes qui berçaient sa jeunesse. Nulle conversation ne prit forme durant le voyage jusqu’aux offices de l’hérauderie. Elle prenait soin de glisser sur le sol, d’une élégance un peu forcée de celle qui veut trop bien faire. Croisant un regard réprobateur, elle fit mieux. A chaque question qu’on lui posa, elle ne répondit pas, laissant ses accompagnateurs faire à sa place. Nuque raide, elle attrapait sans le savoir la posture des prétentieuses. Les yeux fuyants d’autres yeux qui pourraient comprendre la fausseté de leur manœuvre, pouvaient être pris par des observateurs comme une marque de détachement dédaigneux digne de toute reine.

Elle fut introduite.

Elle sentait la présence de ceux qui l’avaient tant accompagnée dans sa transformation. Toutefois, elle ne pouvait se soustraire à cette fâcheuse impression que désormais elle était seule, et aussi vulnérable qu’un agneau devant des loups.

Elle ne fit pas la révérence, attendant … Attendant que quelqu’un ouvre le bal des questions. Et mauvaise danseuse, elle appréhendait avec fièvre l’emballement de ses faux pas.

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Annaell
La dame d'honneur de la reine se tenait à trois pas en arrière, mains sobrement jointes sur le devant de sa robe, silencieuse. Son regard allait droit vers l'avant, bien qu'étant dirigé vers le sol, aux pieds de l'endroit où devait se tenir le Roi de France. Elle non plus n'avait pas encore été présentée, mais cela n'avait guère d'importance. Richement vêtue, bien que de façon moins majestueuse que la reine, la vicomtesse bretonne restait en retrait, surveillant du coin de l'oeil, sans jamais la regarder trop ostensiblement, le port de tête de la paysanne qui leur servait de cache-misère. Ces dernières semaines avaient été difficile. Annaell avait du manier tout à la fois la douceur et la fermeté; le gant de fer dans la main de velours. Modeler cette jeune fille pour en faire un semblant de digne reine. Elle espérait, à présent, que la supercherie ne serait pas découverte. Elle ne doutait nullement qu'elle risquait de sentir sa tête se détacher de son cou si jamais le Roi de France découvrait le pot-aux-roses. Le Grand-Duc de Bretagne était-il seulement au courant de ce qui s'était passé ? Annaell l'ignorait. Elle n'en avait parlé à personne. Pas même à son mari, pas même à son frère, pas même à ses enfants. Annaell conservait le silence, et un visage tranquille et détendu, renvoyant l'image de la normalité à la face du monde.

La dame d'honneur, le connétable, la chambellan... à la merci d'une paysanne. "Eleonor" ne devrait pas faire le moindre faux-pas.

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Richard_watelse
Derrière le masque impassible de rigueur, le connétable Richard Watelse peinait à se faire une idée de la situation. Ils avaient été annoncés depuis belle lurette et pourtant aucun mouvement du côté de la Cour. Sa Majesté Eusaias ne se présentait pas en ce lieu, et aucun représentant de la Cour ne venait les saluer. Devait-on en conclure que la reine de Chypre était rejetée par la Cour de France? Les avait-on démasqué? Les avait-on dénoncé dans leur supercherie? Un regard tendu vers les gardes qui ne bougeaient pas d'un poil. Non. Ils ne mourraient pas pendus ou embrochés. Pas tout de suite.

Il nota un frémissement du côté du sosie, la jeunette piégée dans un rôle qu'elle ne maitrisait pas encore totalement. A sa droite, la loyale dame d'honneur gardait une image sereine. Comment faisaient ces femmes pour duper leur monde aussi simplement qu'elles le charment? Le Roi Eusaias se laisserait-il berner par ce complot féminin?

Une goutte de sueur trouva son chemin sur la tempe droite du Connétable. Devait-il amorcer la sortie? Non, cette décision en revenait à la reine. Cette fausse reine aurait-elle cette présence d'esprit?

Ne rien faire. Laissez faire. Attendre un signe. Un quelconque signe. N'y avait-il personne au Louvre pour les recevoir? Richard Watelse s'était attendu à tout, mais certes pas au silence et à l'attente. Dédain du Roi?

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Anne
Le bal de des faux semblants attendrait apparemment un long moment avant de commencer. La fausse reine respirait avec de plus en plus de difficulté, ressentant la pression des regards des uns et des autres derrière elle et sur ses côtés. Les uns guettaient le vacillement de ses genoux, d'autres se contentaient d'admirer peut être le maintient de son cou, qui malgré les minutes qui s'égaraient, gardait un aspect royalement rigide. Combien de temps attendrait-elle encore, pauvre brebis, avant d'être présentée à Son Altesse le Loup? Pauvrette, dans son hameau breton, elle avait entendu mille rumeurs et colportages au sujet du roi Eusaias : brutal, sombre, sévère, juste, aimant,... On disait de lui tout et son contraire, le comparant tantôt à un porc, tantôt à un mufle ou encore à un renard. Mais à présent que la sosie royale prenait ses marques dans les rouages politiques aussi vicieux qu'inimaginable pour bien des gens du peuple, elle se demandait quelle était la part de vérité dans l'imaginaire populaire et, si elle portait un masque, de quelle épaisseur s'avérerait celui du Roi de France.
Son auriculaire tremblait sensiblement contre le soyeux de sa robe. Ses nerfs reprenaient le dessus sur des heures de préparation. Elle hésitait à interroger du regard la dominante dame Quiou ou le Connétable. Ou encore cette dame calme bien qu'austère qui lui avait servi de guide dans nombre de ses gestes.
Elle resta donc stoïque, regard droit face à une porte qui restait immuablement fermée, les lèvres closes en un fin velouté vermillon, et le buste douloureusement sous tension, supportant une cape et des parures bien lourdes à endosser. Bien des fois, ses dents se desserrèrent pour amorcer une déclaration de retrait. Hésitations avortées rapidement alors que la terreur prenait l'ascendant sur toutes les formulations polies inculquées ces dernières semaines.

Attendre.

Encore.

Et encore.

Les cloches d'une horloge lointaine sonnèrent onze coups. Diable! La Reine de Chypre et d'Antioche et son cortège venaient de passer plus d'une demie-heure déjà dans l'antichambre et restaient encore suspendus au balancement des secondes de retard du Roi Eusaias et de Sa Cour.
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Hersent
[Le Guet Royal, à quelques encâblures du Louvre]

Un courrier venu du Louvre était parvenu sur le bureau du Prévôt de Paris. Une délégation étrangère, celle de la Reine de Chypre et de Jérusalem, demandait audience auprès de Sa Majesté Eusaias.

Comme Amory était fort occupé à la Curia, Hersent, accompagnée de Philios, prit le commandement d'un détachement à cheval du Guet, composé d'une dizaine d'hommes bien armés et resplendissants dans leur uniforme officiel du Guet Royal. Ils n'allaient pas chasser le malandrin dans les ruelles sordides du Paris interlope, mais escorter une délégation royale. Un peu de belles choses n'est jamais mal accueilli en ce bas monde.

Elle expliqua à ses hommes la finalité de la mission:


Hommes du Guet, aujourd'hui, point de chasse aux rats visqueux, mais une escorte fort agréable: celle de la Reine de Chypre et Jérusalem. Nous irons l'attendre au Louvre près de la salle d'audience et ensuite nous l'escorterons dans une autre aile du palais royal, dans la salle du Plaid.
Bien entendu, j'attends de vous rigueur, bonne tenue et vigilance sans faille.
L'honneur de notre institution est en jeu!


Sur un signe d'elle, la troupe prit la direction du Louvre, faisant claquer les fers des chevaux sur les pavés glissants des rues grouillantes de la Capitale.

[Cour du Louvre]

Ce ne fut pas sans mal que la troupe du Guet parvint au Louvre: la foule des grands jours avait décidé de se promener malgré le temps froid et humide, à croire que la présence d'une Reine aiguisait la curiosité du manant et du bourgeois moyen. Bah, ça valait bien le détour, autant qu'une pendaison à Montfaucon.

Ils démontèrent dans un bel ensemble et dans un beau cliquetis d'armes et de fers, les gens s'écartèrent avec un légère crainte, les épées du Guet étaient réputées promptes à tailler des croupières au moindre mouvement suspects... les abords du Louvre n'étaient pas ceux de la Cour des Miracles.

Hersent demanda à Philios de rester auprès des hommes tandis qu'elle irait signaler au Second Huissier de France que le Guet Royal était arrivé, prêt à escorter la suite de la Reine de Chypre.

Elle entra dans la pièce des audiences et se présenta à un des gardes
:

Le bonjour sieur, je suis Hersent d'Ar Sparfel, Chevalier du Guet Royal, je seconde le Prévôt de Paris, Amory de Jouarre quand il ne peut répondre à certaines mission. Je suis venue avec mes hommes pour escorter la suite de la Reine de Chypre et de Jérusalem jusqu'à la salle du Plaid. Pourriez-vous m'annoncer au second Huissier de France, Sa Grasce Lanfeust de Troy?

Elle lui présenta l'ordre de mission qui était arrivé au Guet Royal:

Citation:
A Amory, Prévost de Paris.

De Nous Lanfeust de Troy, Second Huissier de France.

Nous avons appris qu'une délégation chypriote s'est présentée au Louvre.
Sur les conseils du Grand Chambellan de France, je viens vers vous pour que vous les accompagniez en salle du Plaid.

En vous remerciant.





En attendant que l'on vienne lui dire où disposer ses hommes, elle admira les lieux et aperçut au loin la fameuse délégation, en pleine discussion.
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Chevalier du Guet Royal
Lanfeust86
Effervescence au Louvre...
Le Grand Chambellan avait appris qu'une délégation de l'île de Chypre venait d'arriver et bien entendu ce n'était pas moins une Reyne qui en était à la tête.
Le Grand Chambellan prévient alors les huissiers, la Garde Royale, mais finalement c'était le Guet qui devait se charger d'escorter la dite suite.
Aussi Lanfeust avait écrit à Amory, le Prévôt de Paris puis il était allé prévenir le Dauphin en salle du plaid...
Oui oui tout ça...la machine du Louvre était en marche et pour le moment tout allait à peu près bien.

Quelques temps plus tard, Hersent, chevalier du Guet royal fut annoncée par un garde au second huissier et il se dirigea donc vers elle.


Chevalier Hersent, bien le bonjour.
Je vous remercie de votre promptitude. La Reyne et sa délégation attendent, aussi il faudrait que vous alliez à sa rencontre et l'invitiez à vous suivre en salle du plaid.
Je prendrais alors le relais.


Il espérait que tout était clair pour Hersent, c'est pas tous les jours qu'on accueillait des Roys ou des Reynes.
Le rouquin rajouta toutefois avant.


Il faut les escorter sous bonne garde, j'ai appris qu'il y avait des troubles dans ce royaume, il ne faudrait pas qu'un incident se produise au Louvre...

Cela ferait tâche pensa-t-il.
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Hersent
Les ors, les tapisseries uniques décorant les murs froids, offraient chaleur et lecture pour patienter: les scènes de chasse relataient les folles courses dans les bois, les chiens pourchassant le dix cors en hurlant, les scènes de banquet la faisaient rêver des Dames du temps jadis chantées par les trouvères. Elle se dit qu'il lui faudrait installer la tapisserie, reçue en héritage par sa suzeraine, dans la salle de réception de son domaine.
Heureusement qu'elle entendit des pas résonner sur le dallage en pierre sinon le Second Huissier l'aurait surprise en pleine rêverie... un comble pour un membre du Guet Royal
:

Le bonjour à vous aussi Vostre Grasce. Enchantée de faire votre connaissance et ravie de pouvoir être en mission pour la Couronne. Nous avons fait au plus vite.

Elle l'écoute lui expliquer la marche à suivre, c'est qu'elle avait plus l'habitude de patrouiller dans les rues sombres d'un Paris endormi que d'escorter du beau monde en plein jour.

Vostre Grasce, pour ce qui est de l'escorte j'ai prévu une dizaine d'hommes rompus aux maraudes dans les bas fonds parisiens, ils savent avoir l'oeil et l'oreille aux aguets et détecter le moindre geste suspect puis de le contrecarrer. Nous ferons en sorte que rien de fâcheux n'advienne à cette importante délégation.

Elle lui sourit comme pour le rassurer puis ajouta tout bas:

J'ai suivi des cours de maintien à Belrupt, j'ai enfin l'occasion d'appliquer ce que le professeur m'a inculqué. J'avoue cependant être très intimidée: c'est la première fois que je me trouve en présence d'une reyne.

Elle inspira profondément avant d'expirer lentement, lissa son uniforme du Guet et dit au Second Huissier:

Hop, c'est parti pour me présenter à la Reyne de Chypre et de Jérusalem.

[Après la traversée de la salle d'audience, approche de la délégation chypriote]

La tête pleine des recommandations du Second Huissier, Hersent s'approcha du groupe formé par la souveraine étrangère et sa suite, prit un petit temps pour se concentrer puis s'avança pour se présenter:

Le bonjour Vostre Majesté, le bonjour Dames et Messires.

Elle fit une révérence masculine, en raison du port de son uniforme, à l'attention de la jeune souveraine puis releva la tête et continua:

Je suis Hersent d'Ar Sparfel, Chevalier du Guet Royal, chargée, avec mes hommes, qui attendent à l'extérieur de la salle, de vous escorter jusqu'à la salle du plaid. D'ailleurs, je vous invite à m'y suivre ainsi que votre délégation. C'est par ici.

Elle s'inclina, une nouvelle fois, respectueusement, attendant que la souveraine et sa suite l'accompagnent.


Au cas où le lien ne fonctionnerait pas, la salle du plaid est sur le forum1 -> Louvre -> palais royal -> salle du plaid
Jd Hersent

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Chevalier du Guet Royal
Annaell
Annaell sourit en reconnaissant Hersent, qui venait de se présenter à eux en effectuant un salut impeccable. Elles avaient travaillé ensemble, quelques années plus tôt, du temps où Annaell utilisait encore son nom de couvent, Deorann. Elles avaient été Loups de Champagne, Annaell était Colonel avec son fiancée Blackie, décédé depuis, à l'époque où Hersent était déjà gradée également. Au départ d'Annaell de Champagne, elle avait perdu de vue toutes ses connaissances... Elle adressa donc un sourire à son ancienne collègue, se demandant si elle allait la reconnaître, autant pour le plaisir de revoir un visage connu que pour la rassurer quant aux personnes à qui elle avait affaire. Annaell ne prit cependant pas la parole, car ça n'était pas à elle de le faire. Le protocole était strict.
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Quiou
Ce qu’il y a de réjouissant dans les longues minutes qui s’écoulent lentement, ce n’est pas réellement la joyeuseté détestable de s’imaginer des lubies dantesques aux conséquences rocambolesques, mais bien de partir loin de tout, de rien, à travers un esprit dévastateur au kaléidoscope fleurissant qui vous ferait presque oublier le temps et ses mélopées désastreuses.
Dès lors, en retrait de quelques pas de l’ersatz de croupe royale, à contempler le damier vertigineux de la salle d’audience, Sa Sombritude - Stoïque parmi les flegmatiques - semble comme à son habitude seule à ne pas ressentir les ravages de l’attente, ainsi mise d’une éternelle vêture noire à souhait aux volutes détonantes de simplicité sans espoir, tout ceci rehaussé d’une pelisse de vair obombré jetant savamment son emprise sur les épaules de l’ordure, alors que le minois de glace et de fer s’astreint à la neutralité la plus délétère qu’il soit.

Nul regret sur la procédure mise en œuvre pour pallier la disparition d’une Fille d’Or ne vient à titiller son absence d’émotion, nulle pitié quant au sort de cette greluchonne devenue Reyne n’effleure les ambitions qu’elle offre à la Croix de Jérusalem.
Il n’y a que roc et acier, airain et ferraille dans le cœur de la Terreur, et il faut croire que rien ne pourra plus guère l’arrêter en ce bas monde de la lie et des rares embellies.

Adoncques se présente enfin aux devants de la délégation quelqu’un d’apte à connaitre la suite de ce qui doit être, et tandis que la Deswaard incline également le chef à son intention, elle écoute l’énoncé avant que d’à son tour prendre la parole à la place de la Souveraine suite à un mouvement d’icelle.
C’est dire qu’une Reyne se doit de ne parler que rarement, ce qui à le mérite de servir les intérêts du présent attroupement.


Dame Chevalier…Sa Majesté vous est redevable de prendre soin de sa royale personne sur le chemin qui la mènera en Plaid.
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Hersent
Heum... avait-elle commis une erreur de bienséance en s'adressant directement à la jeune souveraine, mais comme on ne lui avait pas indiqué un chef de sa garde ou mieux son chambellan, elle avait opté pour les hommages directs et l'explication de la marche à suivre.

Pendant le silence qui plana après son intervention, ses doigts vinrent se poser sur la garde de son sabre ancestral, Jato, puis elle se tourna légèrement vers un serviteur pour lui demander d'aller dire aux hommes du Guet de venir se rassembler à la sortie de la salle d'audience.


Mon brave, allez signifier à Philios, vous verrez, c'est un barbu blond, de confier nos montures à un garde et de rappliquer à la sortie de la salle d'audience au plus vite. Que personne ne traînasse sinon ça ira mal.

Elle reporta son attention sur les membres de la délégation, ses yeux s'attardèrent sur le visage d'une jeune femme, visage qui ne lui était pas inconnu d'ailleurs. Elle fouilla dans sa mémoire et un sourire s'esquissa sur ses lèvres... un de ses colonels à la caserne des Loups de Champagne qui devint maire de Langres quelques temps. Elle lui sourit pour lui faire comprendre qu'elle la reconnaissait. Elle était rassurée de voir une personne connue d'elle dans ce groupe d'étrangers.

Une personne de belle allure s'adressa ensuite à elle pour lui dire que la délégation était prête à se joindre à elle et au groupe du Guet Royal, qui venait d'arriver et qui attendait. Bien, ils avaient fait vite.


Noble Dame, mes hommes sont arrivés, prêts à escorter Sa Majesté et sa délégation. Si vous voulez bien lui dire que nous pouvons gagner la salle du plaid, je vous en saurai gré.
La mission que nous a confiée la Couronne est qu'il n'arrive rien à votre reyne et encore moins à ses accompagnateurs. Nous devrons traverser quelques cours et traverser une ou deux ruelles avant de rejoindre le plaid.
Le Guet Royal entourera votre groupe, quatre hommes de chaque côté, un derrière et moi aux côtés du chef de la garde de votre Reyne
... légère hésitation, le ridicule n'ayant jamais tué ... elle doit bien en avoir un, non?

D'un signe, elle donna l'ordre à ses hommes de venir la rejoindre, un bruit de bottes et de fers résonna, un sourire, les uniformes étaient impeccables et l'allure de ces hommes, plus habitués à pourchasser le malandrin et le meurtrier, était fière et de bonne tenue.
Ils se tinrent à quelques pas d'elle, attendant le signal du départ pour se répartir, elle les rejoignit, avant de revenir vers la noble dame inconnue, pour leur donner les ultimes consignes
:

Hommes du Guet, quand nous escorterons Sa Majesté et sa suite, je veux quatre hommes de chaque côté et un à fermer la marche. Je serai devant avec un des gardes de la Reyne. Vous savez que même les couloirs du Louvre peuvent cacher des gens malintentionnés, donc ouvrez l'oeil, la main sur la garde de votre épée, comme si vous étiez en patrouille dans les bas-fonds de Paris. Au moindre geste suspect, dégainez et mettez-vous en défense, prêts à frapper. Rien ne doit perturber le cortège! Nous en répondons de notre tête!

Elle attendit, avec respect et patience, le signal du départ. Ce n'était pas à elle d'en décider.
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Chevalier du Guet Royal
Anne
Une inclination un peu sèchement entreprise pour signifier à la chef de la garde qu’elle avait bien compris les instructions et qu’ils pouvaient entamer le parcours.

Ses doigts tremblaient. Oui, ses doigts tremblaient bel et bien. Et sa nuque se raidissait à chaque pas qu’elle foulait, à la suite de cette escorte royale. Heureusement que la sévère Quiou avait ouvert la bouche à sa place, car elle pensait bien, frêle sosie, que sa mâchoire aurait claqué au rythme de sa peur. Elle avançait pourtant, avec un balancement lent qu’on lui avait enseigné, craignant à chaque dallage qu’un de ses souliers se prenne dans un coin de pierre ou que son équilibre faillisse. Son calme se trouva bien mis à l’épreuve : un soldat éternua à sa droite, elle crut qu’on l’attaquait et fit un entrechat de côté sous les yeux médusés de certains ; un serviteur déboula aussi au coin d’un couloir et elle crut un instant qu’elle le connaissait mais se trouva soulagée, le front perlant de sueur, qu’il n’en soit rien.

Ainsi, le sosie royal franchit quelques couloirs, puis quelques portes, et des ruelles espérant à chaque détour qu’il serait le dernier. Bientôt, elle verrait le roi. Une voyante lui aurait dit un jour qu’elle se tiendrait fièrement devant la figure royale, jamais elle n’y aurait cru. Pourtant elle se trouverait maintenant dans cette salle

Sa délégation lui avait emboité le pas. Elle ressentait l’angoisse des condamnés devant le juge exécutant. Sa vue se troubla. Un malaise manqua de l’emporter. Fort heureusement, ils arrivaient à destination, donnant à son sang de couarde le fouet nécessaire pour continuer son faux-semblant.


Elle pensa un instant à s'essuyer le front perlant d'un revers de manche et esquissa un début de geste. Mais se reprit, se remémorant le nombre de coups de bâton ses doigts avaient enduré ses dernières semaines pour de telles mauvaises manières. La douleur est souvent d'une meilleure mémoire que l'esprit humain.

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Hersent
Un signe de la souveraine donna le départ pour l'escorte qui en ordre plein de discipline et de rigueur conduisit la délégation jusqu'à la salle du plaid.

Les couloirs sombres étaient inquiétants parfois et les mains des membres du Guet ne quittaient pas la garde de leur épée. plus d'une fois, ils faillirent brandir l'acier mordant mais ce n'étaient qu'ombres furtives de serviteurs ou de pages en émoi.

Après pas mal de tours et détours, la salle du plaid s'ouvrit à eux.
Hersent donna l'ordre à ses hommes de s'arrêter: leur mission s'achevait là, à cette porte dont ils ne franchiraient pas le seuil. La Garde Royale prendrait le relais.

Une mission s'achevait, sans heurt ni désagrément. Elle s'inclina devant la jeune souveraine:


Vostre Majesté, nous nous quittons ici, la Garde Royale prend le relais. Nous, membre du Guet Royal retournons à nos rondes dans le monde sordide de la brigande et du crime. Sachez que ce fut un honneur que d'escorter une si belle délégation.

Qu'Aristote vous ai en sa Sainte Garde.


Une autre révérence pour prendre congé et le Guet s'en retourna au Châtelet.
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Chevalier du Guet Royal
Annaell
Le temps s'écoulait à une vitesse désespérément lente. Peut-être était-ce l'inquiétude provoquée par la situation qui faisait ressentir à Annaell les secondes comme des heures ? Elle se tenait là, droite et silencieuse. Ils attendaient tous.
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Sancte
Dans un contexte aussi troublé, il est difficile de voir en les Chypriotes une quelconque épée de Damoclès. Tout le monde a donc choisi de ne pas en faire une priorité. Pour autant, on ne peut en faire partie négligeable. C'est en ce sens que la discussion au Louvre reprend.
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