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[RP] Seignelay - De Myrtille à Béatrice - Nouvelle vie

Isandre.watelse
Le retour depuis l'église avait été bref. L'air froid du petit matin, la campagne déserte, le vol lourd des corbeaux avaient été les seuls compagnons du voyage.
L'enfant avait du s'assoupir, blottie dans le creux de sa cape. Elle sentait son petit corps chaud contre son ventre et plus elle se rapprochait du château, plus son poids semblait peser sur ses bras.

Que faire ? Que dire ? Comment faire que ce bébé soit accepté par sa nouvelle mère qui ignorait tout de son existence.
L'inquiétude de la demoiselle de compagnie grandissait au fil des pas.

Devait elle cacher le bébé et attendre pour le présenter ? Devait elle le substituer au petit né la veille ? Non, la dernière solution n'était pas envisageable.

Les lourdes portes du château se refermèrent sur elle et son léger fardeau.
Autant en finir au plus vite. Elle avait promis de prendre soin de l'enfant, elle tiendrait cette promesse de toutes façons.

Lentement, elle gravit l'escalier et elle arriva devant la porte de la chambre. Ses chausses étaient boueuses, le bas de sa cape encore humide de sa récente course et ses cheveux ébouriffés mais pour une fois, elle n'y prit pas garde.
Sans bruit, elle poussa la porte et entra. Autant faire les choses discrètement. Pas la peine d'ameuter la femme de chambre ou le reste des serviteurs.

Dame Della dormait. Son visage aux traits tirés, éclairé par le feu brûlant dans l'âtre, portaient encore les stigmates des efforts de l'enfantement. Son sommeil semblait paisible. Isandre hésita un instant, puis avança la main pour secouer doucement la dormeuse.

- Dame Della ? Réveillez vous s'il vous plait... Dame Della ? Il faut que je vous parle.

Peut -être avait elle été un peu brusque dans ses mouvements. Le bébé qu'elle tenait se réveilla et manifesta sa mauvaise humeur par un petit cri de protestation.
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Della
Depuis quand l'enfant avait-il quitté son ventre ?
La veille ou l'avant-veille ?
Elle n'en savait rien, ne voulait pas s'en souvenir.

Depuis, elle dormait ou faisait semblant de dormir lorsque l'on venait pour la nourrir ou la soigner. Aussitôt que la sage-femme tournait les talons, après les soins, elle fermait les yeux et donnait l'impression d'un sommeil profond. A force de volonté, elle s'endormait pour de bon cherchant refuge dans l'oubli inconscient du sommeil. Elle aurait voulu ne jamais se réveiller, se serait bien piquée le doigt à ce fameux rouet qui l'aurait enlevée du monde des éveillés pour cent ans.

On n'avait pas installé le berceau dans sa chambre, sans doute Isandre et Adélaïde avaient-elles bien compris que cela aurait été une très mauvaise idée. Ainsi, elle n'entendait pas ses pleurs et son corps en oubliait-il de produire le lait que tout enfaçon est en droit de recevoir. A moins que ce ne soit son inconscient qui ait pris le dessus sur la nature et interdise toute manifestation de la récente maternité de quelque manière que ce fut.

En un mot comme en cent, Della d'Amahir-Euphor rejetait son enfant puîné pour la simple et bonne raison qu'il était né flanqué des attributs d'un mâle !
Elle voulait une fille, elle avait été persuadée pendant des mois de porter une fille, alla avait tout préparé pour une fille, avait choisi son prénom et même sa destinée et un fils lui était sorti des entrailles. Ca, c'était inadmissible !
Alors, elle dormait.

En fait, elle ne dormait pas quand Isandre entra mais elle ferma bien fort les paupières pour faire comme si.
Mais Isandre insistait. Etait-ce encore l'heure de manger ? A trop faire semblant, elle finissait par perdre le repère des heures...
Elle grogna et remonta le drap plus haut sur elle.

Isandre insistait, Della allait grogner plus fort mais...elle n'en eut pas le temps, quelqu'un d'autre le fit pour elle...un cri de bébé...

Amenez cet enfant à sa nourrice, Isandre, je ne peux le nourrir, je suis aussi sèche qu'une pierre.

Afin de s'assurer que Isandre allait s'en aller, Della ouvrit un oeil et son demi-regard tomba sur le paquet entre les bras d'Isandre.
Ennuyée, contrariée, la Duchesse lança, sèchement :
Mais dans quelle horrible couverture l'avez-vous emballé ?
Vrai quoi...On peut très bien rejeter son gamin mais exiger qu'il soit bien vêtu !
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Isandre.watelse
L'humeur semblait maussade, comme toujours depuis la naissance du petit.
Isandre n'aimait guère les enfants, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la tristesse pour ce petit homme.
Né dans un château, fruit de la plus haute noblesse, il avait tout pour être heureux et grandirait sûrement dans le luxe et le confort. Mais connaitrait il jamais l'affection de sa mère ? Aurait il jamais la sécurité de bras maternels ? C'était peu probable.
Enfin, avec le temps, peut être que les choses évolueraient, mais pour l'instant le nourrisson était en sécurité dans la chambre d'enfant. Sa nourrice avait une poitrine généreuse et il semblait en bonne santé.

Dame Della tenta de la chasser, mais ce matin, la demoiselle de compagnie n'était pas disposée à obéir. Il fallait sortir son amie de sa torpeur. La langueur post-natale n'était pas bonne.

S'entendant rabrouée sur la couverture, elle sourit.


- Vous avez raison Dame, cette couverture laisse à désirer, mais elle a rempli son office à présent.

Sans attendre de permission, elle déposa l'enfant sur le lit et entreprit de défaire les langes.
D'abord, la couverture délavée qu'elle écarta délicatement. Le petit bonnet de laine quitta la tête de l'enfant, dévoilant un duvet pâle.

Tout en continuant son ouvrage, Isandre parlait doucement, pour ne pas effrayer la petite qui souriait en agitant ses menottes.


- Il faudra faire très attention. On m'a dit que ce petit être avait été trop prompte à venir au monde.

La chaisne de lin rude fut doucement retirée, dévoilant un petit ventre creux et pour finir, Isandre défit le noeud qui retenait la couche de coton.
L'enfant était maintenant dépouillée de tout vêtement, comme à sa venue au monde. Les petites jambes moulinaient joyeusement, heureuses de cette liberté inhabituelle.
La soulevant avec précautions, Isandre la tendit à Dame Della, avec un petit pincement au coeur.

- Tenez la Dame. Elle est votre à présent.

La jeune mère allait elle aussi repousser cet enfançon là ? Certes, elle n'était pas de son sang mais est ce que c'était si important ?
Tenant le bébé à bout de bras, Isandre attendait.

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Della
C'était bien de l'Isandre, ça. Rétive, elle ne parut pas donner des signes de reddition et même, elle se permit de poser le bébé sur le lit ! Della eut un mouvement de recul, il était hors de question que Isandre dépose le paquet - son fils - près d'elle et encore moins qu'elle le touche ! Recroquivillée dans un coin, tenant haut les couvertures, la Duchesse observait, intriguée malgré tout, le manège de sa damoiselle de compagnie qui se mit à déshabiller l'enfançon.

Isandre, avez-vous perdu la raison ? D'une main, elle indiqua clairement qu'elle ne voulait pas voir le nouveau-né mais Isandre continuait d'ôter les linges et Della s'énerva...Emportez cet enfant, je...Au lieu d'obéir aux ordres de sa maîtresse, Isandre insista et l'enfant se trouva dépouillé...Ce n'est pas...Les mots ne vinrent pas. Le regard de Della alla d'Isandre à la petite fille, de la petite fille à Isandre...et la petiote se retrouva dans les bras de la Duchesse qui venait de lui sourire en passant doucement une main sur la petite tête à peine duveteuse.

C'est une fille...Isandre ? Mais...qui ? Qui est cette enfant ? Je...je ne comprends pas, Isandre ? Dites-moi...

L'instinct maternel qui avait été bafoué à la naissance de son fils reprit le dessus et la petite fille fut délicatement serrée contre la poitrine de celle qui l'accueillait en lieu et place de son propre enfant. Sans la quitter des yeux, Della l'emballa contre elle, pour ne pas qu'elle prenne froid et l'enfant se laissa couler au creux des bras de sa nouvelle mère avec un petit cri qui semblait qui semblait marquer son approbation.

Est-ce Béatrice, mon amie ? Della posa sa main sur celle d'Isandre avec dans le regard une reconnaissance sans fin. Isandre...
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Isandre.watelse
Dégout, rejet, colère firent lentement place à la curiosité et à ce qui ressemblait bien à une acceptation.
L'enfant fut enfouie sous les couvertures épaisses, blottie dans la chaleur de sa mère potentielle.
Après tout, toutes les naissances ne se déroulaient pas forcément dans la douleur et l'angoisse. Cette renaissance là semblait se dérouler sans heurts, comme si le destin avait naturellement tracé la route de cette petite innocente.
Soulagée, Isandre s'assit au bord du lit, oubliant un instant sa place. Elles parlaient peut être à présent de femme à femme sans détours et sans fards.
La demoiselle de compagnie n'était guère du genre à se confier. Dame Della lui avait reproché à plusieurs reprises puis avait fini par se résigner. Ca n'était pas par défiance, seulement par habitude.
Peut être que cette fois, ce travers serait utile. Après tout, qu'importait d'où venait l'enfant. L'essentiel était l'avenir. Le passé pouvait bien rester enfoui, personne à part Isandre n'en souffrirait.

Elle sourit en voyant le visage de son amie reprendre vie, les couleurs revenir sur ses joues pâles et surtout, le retour de cette petite étincelle de vivacité dans le regard. Peut être aurait elle réussi, même si elle avait des remords pour le petit Dorante.

La main qui se posait sur la sienne et le regard plein d'espoir de Dame Della balayèrent ses sombres pensées.

- D'où elle vient n'a guère d'importance Dame. Elle n'a vécu que quelques jours qui ne laisseront point de traces dans les mémoires. J'ai fait ce qu'il fallait pour ça.

Les petits cris du bébé étaient joyeux. Quel age pouvait elle avoir ? Pas plus d'une paire de semaines sans doute... peut être moins.

- Elle sera Béatrice, si tel est votre souhait. Seul son avenir compte, ainsi que votre vie, mon amie...

C'était déjà une confession suffisante. Le reste, elle le murmurerait peut être à une oreille de prêtre si le poids de son péché devenait trop lourd à porter. L'essentiel était ailleurs.

- Je n'ai qu'une seule faveur à vous demander en échange. Ne soyez point trop dure avec votre fils. Ca n'est point sa faute s'il est né mâle. Ces deux enfants méritent votre amour ....

De quoi se mêlait elle ? Ces mots étaient sortis spontanément de ses lèvres, sans doute poussés par la culpabilité de voler sa mère à un bébé. Elle se mordit les lèvres brusquement. Ca n'était pas à elle de dicter sa conduite à Dame Della.

- Pardonnez moi, je n'aurai pas du dire cela. De toutes façons, je sais que vous ètes quelqu'un de bon et juste. Cette remarque était superflue et déplacée.

La nouvelle mère l'avait elle entendu ? Elle semblait perdue dans le regard innocent de celle qui désormais s'appellerait sans doute Béatrice.
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Della
Della ne se rendit pas tout de suite compte que des larmes roulaient sur ses joues. Ce n'est que lorsque la première tomba sur le petit visage de l'enfant qu'elle réalisa combien elle était émue. Rodée à cacher bien souvent ses sentiments, trop souvent sans doute, elle ne ressentait que rarement ce serrement de gorge avant coureur des larmes. Etonnée donc, elle essuya d'un geste délicat le minois du poupon avant de tenter d'écraser l'aveu de sa faiblesse aux coins de ses yeux. L'enfant ouvrit les plus encore, sans doute bien réveillée cette fois-ci, et Della la vit sourire. Tout le monde sait qu'un bébé sourit "aux anges" mais pour cette vieille carne de Duchesse, ce n'était pas cela, ce sourire était le premier sourire de Béatrice à sa mère, une sorte de pacte qu'elles passaient toutes les deux..."Tu prends soin de moi et moi, je te comble de ma présence"...et vice et versa.

Isandre, mon amie...La main de Della plus encore sur celle d'Isandre...Ne vous taisez pas, au contraire, empêchez-moi de nier l'existence de mon fils. Vous êtes témoin du chagrin que sa naissance m'a procuré mais vous avez raison, il n'y est pour rien, il est ma chair et mon sang comme Clément. Lâchant le regard de sa damoiselle de compagnie, elle reposa ses yeux sur la petite fille qu'elle berçait maintenant. Béatrice est un don du Ciel, vous...vous m'avez permis d'avoir une fille, Isandre, de cela, je vous serais toujours reconnaissante. Je vous fais la promesse que ces deux enfants seront élevés dans la même tendresse. Et je vous promets de même de ne jamais vous interroger sur...Elle ne finit pas sa phrase, les larmes revenaient et dans un élan incontrôlable, Della se souleva un peu, sans desserrer son étreinte autour de sa fille, elle enserra de son bras libre sa chère Isandre qu'elle serra de même contre l'enfant et elle, restant ainsi de longues longues secondes...
L'avenir nous apprendra qu'une de ces promesses deviendrait très vite soumise à contrariété. Le prochain voyage verrait déjà les deux enfants être séparés, faute de faire connaître à son époux l'existence de Béatrice et surtout...sa place au sein de la famille. Un jour viendrait où Béatrice trouverait une place légitime...Chaque chose en son temps.


Merci.

Articula-t-elle lorsque l'émotion se fut un tantinet calmée, libérant Isandre.

Il faut habiller cette petite princesse !

Le calme revenait ainsi qu'une certaine sérénité et dans la foulée, l'avenir paraissait moins triste, l'envie de s'enfuir dans le sommeil s'envolait, la jeune mère le devenait réellement.

Le coffre...celui de Béatrice, ouvrez-le, Isandre et sortez-en les plus beaux linges que Clarinha a préparés !
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Isandre.watelse
Ainsi le pacte fut scellé, dans cette chambre obscurcie par les lourds rideaux de velours, sans témoins et dans une émouvante embrassade.
Surprise, elle se laissa faire et ce fut les yeux humides qu'elle se redressa également.
Elle avait peut être perdu son âme en achetant un enfant comme une vulgaire marchandise, mais peut être que son acte avait sauvé trois personnes aujourd'hui, dont deux enfants complètement innocents.
Sans ce petit cadeau du ciel, Dame Della aurait elle trouver la force de survivre et le petit innocent qui dormait dans la pièce voisine aurait il eu une chance d'avoir sa mère ? Et ce bébé blond qui souriait aux anges, comme devinant que le cours de sa vie venait de changer, aurait elle survécu à une vie sur les routes ?
Oui, peut être que les doutes et les remords devant l'énormité de son acte continueraient longtemps à l'assaillir, mais peut être aussi que voir les enfants jouer ensemble et grandir en harmonie suffirait à faire taire ses scrupules.

Mais déjà, Dame Della reprenait sa vraie nature, de femme active et dans l'action.
Clarihna n'aurait pas travailler pour rien. Même si elle était déjà à l’œuvre pour un nouveau trousseau plus adapté, ce qu'elle avait préparé servirait. Elle se leva et se dirigea vers les fenêtres. L'obscurité avait assez plané dans cette chambre ces derniers jours.
Elle ouvrit grand les rideaux pour laisser pénétrer la pâle lumière du matin dans la chambre et ouvrit le petit coffre pour y prendre les langes qui attendaient.


- Un don du ciel Dame, oui... vous ne pouvez imaginer à quel point...

Après tout, la transaction n'avait elle pas eu lieu dans une église, sous le regard d'Aristote. Etait ce une profanation ? Elle aurait tout aussi bien pu trouver le bébé abandonnée sur le parvis. Ce genre de choses arrivaient souvent.


- Voilà de quoi vêtir cette jeune damoiselle. Ca sera peut être un peu grand, mais ça devrait aller.

La fillette, bien que sans doute un peu plus âgée que son frère potentiel, était bien plus frêle et petite. Elle avait du se dépêcher d'arriver pour ne pas manquer son rendez vous avec le destin.
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Della
Tenant toujours la petite fille contre elle, Della ne perdit pas un seul geste d'Isandre et elle approuva d'un signe de tête le choix du vêtement.

Assurément, elle sera bien au chaud aussi !

La future Béatrice avait couiner un peu à l'ouverture des rideaux et instinctivement, elle tourna la tête vers la poitrine de celle qui devenait sa mère, grognant un peu en cherchant une potentielle source de nourriture, sans vraiment avoir faim.
Della posa un regard affolé d'abord sur la petite puis sur Isandre, ne sachant que faire, si elle devait ou pas laisser l'enfançon tenter sa chance. Le remord maintenant de n'avoir pas accepter son fils l'envahissait tout doucement...Ce qu'elle refusait à la chair de sa chair, allait-elle l'offrir à cette enfant-ci ? Dans un soupir, de ceux que l'on laisse échapper lorsqu'on a pris une lourde décision, elle repoussa tout doucement le bébé tout en le berçant.


Isandre, il faudra prévoir peut-être une autre nourrice, deux enfants, ça demande beaucoup.

Le côté pratique reprenait sa place, Della n'aimait pas ce qui n'était pas en ordre.
Elle se laissa encore aller à admirer la petiote avant de la confier à Isandre pour qu'elle l'habille. Mais juste avant...elle retint son geste et souleva doucement Béatrice à qui elle parla...
Béatrice, je te présente ta marraine...Isandre Watelse. Les yeux de la Duchesse cherchèrent ceux de sa damoiselle de compagnie qui bien qu'ayant depuis longtemps acquis un statut bien plus intime venait à présent de franchir le cercle restreint des proches de la Duchesse.
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Isandre.watelse
Marraine ? Elle ? Après avoir achetée l'enfant comme une marchandise, voilà qu'elle en était récompensée par un honneur qu'elle n'avait même pas envisagé. Marraine, avec la responsabilité de veiller sur ce petit bout de bonne femme.
Elle s'était engagée à veiller sur l'enfant de toutes façons, mais cet honneur lui allait droit au coeur, car il venait directement de Dame Della.

En souriant, elle prit délicatement l'enfant et la reposa sur le lit pour commencer à lui enfiler avec précaution les différents langes.

- Dame Della, vous me faites bien trop d'honneur.... Peut être qu'une petite princesse devrait avoir une marraine de plus haut lignage, mais je promets de veiller sur elle, comme si elle était ma propre fille.

Une petite menotte menue passa dans la manche de la chaisne. La petite était vraiment frêle. Le problème de la nourrice serait à prendre au sérieux, mais Isandre ne doutait pas de pouvoir trouver quelqu'un pour satisfaire ce petit appétit.
Par contre, il restait quelques détails à régler.
Tout en attachant le cordon des petits chaussons, elle réfléchissait à voix haute.


- Nous avons donc une petite Béatrice à chérir et à choyer, et un futur champion de joute. Ils grandiront peut être ensemble mais...


Elle se mordilla un peu la lèvre en essayant de formuler au mieux sa pensée.


- Dorante est votre fils, et il sera présenté comme tel au monde. Par contre, Béatrice devra peut être rester dans l'ombre non ? La ferez vous passer pour la fille de quelqu'un d'autre ? Ou pour une enfant trouvée et adoptée ? Quelle sera sa position dans le monde ?


En se projetant un peu plus loin, elle imaginait aussi d'autres questions :

- Puis... que devrons nous lui dire quand elle sera plus grande et posera des questions ?


Bref, l'arrivée de la petite était indéniablement un rayon de soleil dans le château, mais il fallait déjà penser à l'avenir, aux questions et aux regards des autres.... Béatrice avait une mère, une marraine, mais il lui manquait encore une identité.

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Della
Prenant bien garde de ne pas bousculer sa fille que Isandre habillait de neuf, Della se releva un peu contre ses oreillers. Soudain, elle avait envie de se lever et de gambader. Mais elle dut bien vite déchanter, la tête lui tourna pour lui rappeler que son accouchement était encore bien trop récent pour pouvoir quitter le lit et reprendre une vie active. Alors, elle se contenta de ce redressement et souriant tantôt à Isandre et tantôt à l'enfant, elle répondit avec franchise aux interrogations d'Isandre.

Béatrice sera présentée comme ma fille également. Elle portera mon nom, de manière officielle parce que je ferai une adoption légale et je veillerai à ce qu'elle ne soit pas dans le besoin le jour où ses frères hériteront puisque hélas, elle ne pourra prétendre à un héritage tel qu'eux le recevront. Mais ce n'est rien...tout sera fait pour elle.

Della se tut, le temps d'admirer la toute petite fille que le Ciel et Isandre venaient de lui donner.

Nous lui apprendrons la vérité, que le Ciel bienveillant nous a donné de pouvoir accueillir une enfant, un jour d'hiver, qu'elle fut un rayon de soleil qui annonçait le printemps...Un long soupir ponctua la phrase. Della espérait de toutes ses forces que cela se passerait ainsi mais...il y aurait très certainement des obstacles à franchir...Kéridil serait le premier. Pour se rassurer elle-même, elle embraya, très convaincue :

Nous ne dirons rien encore, pour le moment. Béatrice sera élevée avec Dorante, pour le début, et ici, personne ne me posera de questions. Plus tard, il faudra que j'en parle à mon époux. Une petite moue de contrariété se dessina sur les lèvres dellesques...J'espère qu'il ne m'en voudra pas trop...

L'avenir montrera que Kéridil aura d'autres raisons d'en vouloir à son épouse et que finalement, au milieu de la cohue de leurs querelles, l'apparition de Béatrice sera presque un moment d'apaisement...Mais ça, ce jour-là, personne ne le savait encore.

Béatrice ne pourrait avoir de meilleure marraine que vous, ma chère Isandre. Le regard bleu de la Duchesse plongea dans celui de sa damoiselle de compagnie, désormais, un lien s'était noué entre elles, un lien qui ne pourrait jamais être défait et dont une toute petite fille était le témoin inconscient.
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Isandre.watelse
Même si elle n'était pas experte, elle avait fini par réussir à emballer le petit paquet remuant dans les jolis langes brodés par Clarinha avec tant de talents.
Petite enfant des rues quelques instants plus tôt, le bébé était à présent drapé dans des dentelles.
Myrtille était donc devenue Béatrice.
En changeant de langes, elle avait commencé une nouvelle vie, en tant que fille de famille noble. Adoptée certes, mais à l'abri du besoin jusqu'à la fin de ses jours, à priori.
Soulagée, la demoiselle de compagnie contemplait son ouvrage.
Elle s'en voudrait sans doute toujours d'avoir acheté ce bébé, mais quelque part, elle lui avait peut être sauvée la vie.

Tout semblait s'arranger pour le mieux, même si la paleur avait de nouveau fait son apparition sur les joues de la nouvelle maman. Les efforts de la naissance, le désespoir et la déprime qui avaient suivis se faisaient sentir, sans doute. Mais maintenant que le moral remontait, il y avait fort à parier que le corps suivrait.
Peut être qu'Isandre avait finalement deux vies à mettre à son crédit.

Délicatement, elle souleva le petit corps chaud de sa filleule.
Son regard plongea dans celui de Dame Della. Oui, décidément, même si le procédé était peu recommandable, le résultat valait bien quelques remords et une confession.


- Je ne sais si Béatrice aura la meilleure des marraine. Je m'y engage... en fait, je m'y suis déjà engagée.


Elle repensait à la femme mystérieuse qui lui avait fait jurer de prendre soin de l'enfant dans l'église. Un jour, elle aurait peut être des comptes à rendre.... ou pas...


- Je suis juste sûre d'une chose Dame. Elle ne pouvait rêver meilleure mère que vous. Quant au futur, nous l'affronterons ensemble, toutes les trois et je suis sûre que tout ira bien.

L'avenir lui donnerait peut être raison. En attendant, elle était certaine d'une chose. Sa place était aux côtés de Dame Della et de Béatrice.

- En attendant, il faut que vous repreniez des forces. Avec votre permission, je vais conduire Béatrice auprès de Dorante, que la nourrice puisse remplir son office. J'en profiterai pour vous remonter la collation du matin. Avez vous envie de quelque chose en particulier ?
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Della
La Duchesse de Chartres soupira.
Elle était heureuse maintenant même si la fatigue revenait à la charge. Mais c'était une saine fatigue cette fois, pas celle qui précédemment la rivait au fond de son lit, sans envie de plus jamais se lever.

Avant que Isandre ne s'en aille, elle la retint par le bras et posa un autre baiser sur le front de sa fille. Puis, elle défit la croix qu'elle avait autour du cou et elle la posa sur le petit corps de l'enfant.


Lorsqu'elle sera rassasiée, attachez-lui cette chaîne, voulez-vous ? Elle appartenait à mon frère Elwin. Elle protégera Béatrice.


Della se réinstalla confortablement, délivrée de sa nervosité et des angoisses qui l'avaient rongées jusque là.

Du pain et de la viande, ce sera très bien et...un peu de vin pour me rendre des forces.


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