Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Recherche hôtel de luxe ou pignon sur rue.

Charlemagne_vf
Dans la vie, il y a des cactus. Les cactus, ça pique. Tout cela aurait un sens en contexte. Or, à défaut d'être en plein désert, Charlemagne de Castelmaure se trouvait en cette fin de janvier approchante, à l'étage de l'appartement de la duchesse de Brissac, en Angers intramuros. Ses menaces à Dieu ayant trouvé un écho, le jeune Prince de France avait retrouvé l'admirateur secret qu'il admirait lui-même, d'une extraction montmorencéenne, et répondant au prénom délicieux de Melchiore.
Or, si ce n'étaient des pointes de cactus que ledit amant avait reçues dans tout le corps, il se trouvait percé çà et là des coups d'épées d'une armée royaliste. Certes, l'esprit d'un Fils de la couronne, et son devoir, sont tous à Paris et à son Roi, mais le coeur adolescent du Castelmaure nourrissait une fièvre insensée pour l'ennemi : ce devait être fatal et en un sens incontournable. Il n'y a pas d'histoire si les amants ne sont pas ennemis par nature. Il n'y a pas d'intérêt à conter les aventures d'Héloïse et d'Abélard s'il n'est pas contrarié. Alors, peut-être attiré par le danger, conforté par sa haute naissance et celle honorable de la Buse, et surtout, trop sensible encore pour aimer avec discernement, l'Aiglon se trouvait au chevet de l'adversaire, après avoir échoué dans sa couche au hasard de pérégrinations plus ou moins martiales et hasardeuses, voulues ou non. Les chirurgiens conseillaient quarante-cinq jours de repos au blessé. L'Infant en fera cinquante jours de volupté.
Coincé à Angers par une contrainte morale, il n'entendait toutefois pas abuser de l'hospitalité de Brissac, qui abritait déjà assez d'estropiés. Il y avait là Yolanda de Josselinière, salement amochée, drôlement amochie. On trouvait aussi Anne à On. C'est l'âne à on, et chacun sait que toutes les grand-mères disent que "on" est un con. Anaon, donc, enceinte jusqu'au menton, et rendue sourde par les ébats indiscrets de deux invertis se fichant comme d'une guigne de leurs blessures mutuelles, infligées volontiers à coups de dents, de pieds, de poings et de reins.
Ainsi gisait une compagnie gênante et gênée, qui finit tôt par déplaire à Son Altesse. Altesse qui, devant la perspective d'un séjour prolongé, dut se résoudre à quitter l'être chéri-choyé-chouchouté le temps de leur trouver une villégiature citadine convenable.

Il fallut d'abord régler quelques menues affaires. Sur le campement qu'il avait fait monter à Angers, on trouvait encore les charrettes pleines de ses affaires, qui prendraient vite la pluie et la neige. A Saumur, il avait abandonné un tiers de sa suite à un sort triste, et sans grands scrupules. Tout un monde à rapatrier doucement, ou, pour un confort davantage assuré, à enjoindre de rester immobiles, comme il le serait, lui, mais loin, très loin.
Il y eut, donc, une lettre à Elianor de Vergy, Duchesse de l'Aigle rendue à son mari bon gré mal gré, alors qu'elle avait décidé d'abord de fuir vers la Lorraine avec l'Aiglon lunatique et changeant. Sommairement, il la remerciait de son escorte, et la rendait à sa liberté d'épouse : une liberté atrophiée dont le Prince n'avait cure, en fait.
Il y eut une autre lettre, à Jehan Fervac, garde particulier. Sommairement encore, il s'agissait de lui dire : "je ne t'aime plus, mais n'oublie pas que tu dois me protéger quand même. PS : pense à revenir à Angers." Puis une dernière au Sénéchal princier, lui ordonnant de préparer la levée du camp.
Dans le lot, Charlemagne avait oublié un vassal. Pauvre homme.

Enfin, il revint au lit, pour serrer Melchiore entre ses deux bras, mais pas trop fort. Il lui caressa la banane, la brune, puis déposa une myriade enfantine et niaise de baisers sur la trogne : nez, bouche, front, joue, oreille.
Après une séance baveuse de papouilles en tous genres, le Duc du Nivernais alla trouver une vêture à sa hauteur, et forcément noire.


Je vais nous trouver une maison, une tente, ou une chambre, au moins. La mise bas ne tardera plus, et ça sera bruyant.

En clair : "on s'prend un appart' ensemble, my love ?"
L'Infant, un peu inconséquent, tendait à oublier un peu plus chaque jour la précarité de leur situation. Il se disait otage, quand l'autre prétendait être un ravisseur, mais le Castelmaure était étonnamment libre pour une proie de son acabit, étrangement consentant pour un être de sa morgue. Irresponsable et inconséquent, parce qu'il n'était somme toute qu'un enfant de quatorze ans soumis à des hormones et à des affects, jeté dans la majorité princière et en droit de tous les caprices du monde, Charlemagne ne pensait pas à se couvrir, comme il ne pensait pas que toute la maisonnée avait peut-être compris, voire entendu, le jeu joué dans la chambre des oiseaux censurerastes. La morale, il se la mettait profond, trois fois par nuit, et avait fini par la laisser choir un peu trop aisément. C'était de l'imprudence à l'état pur.
Égoïste, il pensait à son confort, à son bien être, au luxe laissé dans son Palais de Nevers. Il lui fallait compenser, et trouver, vite et bien, une crèche nouvelle dans laquelle il se ferait sans peine une prison dorée, et quitte à devenir à son tour le ravisseur prenant en otage un Fils d'Anjou.


Je descend. Si tu veux venir. Tu viens ?

C'était oublier aussi la condition de l'alité. Imaginer qu'il pourrait crapahuter dans tout Angers, c'était avoir l'esprit à la fois étriqué et altéré.
Et Charlemagne descendit dans le rez-de-chaussée érigé en taverne. Des bancs, des tables sur tréteaux, mais aussi un ou deux fauteuils, çà et là. Puis le drap qui cachait l'héritière de Josselinière comme le rideau cache la matriarche acariâtre de la très ancienne maison des Black, et, devant lui, une dame de compagnie que l'Infant avisa.


Dites. J'aimerais louer ou acquérir un appartement, ou quelque chose qui y ressemble. Digne de moi, bien sur. Vous m'aideriez ?

C'était plus un ordre qu'une suggestion, dans la bouche de l'Aiglon. Du reste, si Anaon voulait se débarrasser des piafs qui piaffaient au dessus de sa tête tout le jour durant, elle n'avait qu'à accepter avec empressement.
_________________
Stefano_plazzia
    - A quelques pâtés plus loin, c'est plutôt ambiance fiesta. -

_ Ah oui c'est... cossu!

Sourire vissé à la courge, le bonhomme embrasse la pièce d'un regard satisfait. Ça a été aussi facile de pénétrer ici que dans l'hospitalité de la grasse Lyson, et sûr que le gaillard y trouvera là aussi tout son bonheur. Les mains s'approchent pour frôler un buffet avec convoitise. Ah çà c'est pas de la camelote, du bon bois du beau! Et pas taillé par le pèquenot du coin, hein! Ah oui, çà aurait été parfait s'il avait pu le fourrer dans son sac. Oh! Le chandelier! Ah non, mais re-gar-dez-moi ce fauteuil!

C'est presque religieusement que le malandrin s'en va poser son cul terreux sur le divin coussin du siège. Aaaaaaah! Râle de bonheur... Puis relevant ses guiboles, il pose sans grand remord ses bottes boueuses sur une pile de paperasses couvrant le bureau. Petite moue en avisant un bout de chaussette qui dépasse d'une de ses bottes qui ouvre grand la gueule.

_ Et bah mon cochon, lui il avait du pognon à ce le sortir par les trous de nez...


Lui, c'est Stefano Plazzia. Ou du moins, c'était. Promoteur qui amassait sa fortune en baisant les bottes des plus offrants et en pendant ses débiteurs par les pieds, il avait fait du commerce de logis son cheval de bataille. N'eut été cette nuit funeste - la veille - ou rond comme une barrique, une catin sur les genoux, il cassa sa pipe d'une tragique crise cardiaque... Et oui... Un con avec une mort con. Ça fait ton sur ton. Amen. Notre malandrin quand à lui n'était pas aveugle et autant dire qu'il n'avait pas perdu une miette du spectacle. Le gros Stephano était mort, et de près ou de loin, on ne lui connaissait ni femme ni bambin, ni maitresse ni mignon. En conclusion, personne qui pourrait dans l'immédiat absolue, prétendre à sa coquette fortune. Et çà, c'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Notre scélérat avait pourtant dû attendre le petit jour pour exécuter son méfait. En effet, dur de crocheter une serrure quand on a plus les yeux en face des trous. En plein jour? Peur d'être repéré? Attendez! C'est la guerre! Y'a une centaine de pignoufs par jour qui courent de tous les côtés!

Ah, oui, aujourd'hui pour lui c'était le jackpot. Portant son attention sur ses futurs biens, il inspecte minutieusement la plume qu'il tient entre ses mains. Oui, une belle plume comme on en fait maintenant, avec une jolie pointe de métal toute travaillée, sculpt...

_ Signore Plazziaaaaaaa!!!!

Arrêt Cardiaque. Le bonhomme grimpe au plafond, lâchant plume et sueur froide. STOP! Pose du singe apeuré. On respire plus! Ca tambourine violent à la porte.

_ Signoreeeeeee Stefano! Signoreeee! Vous m'entendez?!
_ Euh... ouaaaiiiii?


A le con!

_ On a besoin de vous de toute urgence!
_ Euh...


Attendez deux secondes. Vous allez me dire que le gros a clamsé hier, mais... que ces gens ne sont pas encore au courant? Ah non mais! Mais, la CO-MMU-NI-CA-TION! Mais où va le monde!

_ Je... Je n'ai pas le temps, je suis très occupé.
_ Hein?!
_ JE N AI PAS LE TEMPS JE SUIS OCCUPE!
_ Ahaaaahhh... Mais il ne s'agit pas de n'importe qui, Signore, parait-il qu'il s'agisse de Son Altesse de Castelmaure! Le prince, Signore.
_ Un prince? Un prince comme... Prince? Le fils d'un Roy qui nait avec tout un service en or dans le gosier?
_ Heiin?!
_UN PRINCE VOUS DITES? Non mais dites-moi Jacqueline! Votre problème de surdité çà va pas en s'arrangeant hein!
_ Mais... Je m'appelle pas Jacqueline....


Le brigand se détend un chouille, reprenant une posture plus naturel.

_ Il désire acquérir au plus vite un logement sur Angers!


Réflexion. Le bonhomme se gratte pensivement un bout de barbe naissante. Reprenons depuis le début. Stephano Plazzia est mort, mais çà, seuls les ivrognes de la taverne le savent, et aujourd'hui un prince... non que dis-je un PRINCE le demande? Mais c'est une vrai aubaine! Un homme de sang royal, c'est pas de l'argent pleins les fouilles qu'il a, c'est de l'or plein les veines! Ah oui! Il imagine déjà l'escroquerie du siècle, ses braies tombantes à ses pieds tant ses bourses seront lourdes - celles pleines d'écus. Oui aujourd'hui c'est JACKOPT!

_ Signore?!
_ Euh oui oui, et dites moi, qui est là avec vous, ici?
_ Où? Dans la maisonnée? Mais aujourd'hui je suis seule, Signore.
_ Ah! bien bien
.

Les pognes de l'homme commencent déjà à fouiller le bureau à la recherche de notes, de plan ou autres pouvant lui indiquer où se situent les logements à louer. Oui, le scélérat sait lire... ou du moins faut le laisser faire à son rythme.... ou du moins il sait lire les chiffres. Parce que les chiffres, c'est vraiment important pour compter son argent.

_ Dites, Giselle, vous êtes aller chercher mes poulaines chez le Père François?
_Vos poulaines? Vous m'avez jamais parlé de poulaines, Sig...
_ Bien sur que si! Mais une fois encore vous m'avez pas entendu! Aller ouste! Aller donc me les récupérer de ce pas!
_ Mais... Bien Signore... mais le Prince?
_ Je m'habille et j'irais le rejoindre... euh où çà d'ailleurs?
_Heeiiiiin?!
_ OU IL EST LE PRINCOUNET!
_ Aaaaah! A l'hôtel de la Duchesse de Brissac, Signore.
_Bien bien, aller maintenant, filez!




    - Une bonne heure plus tard, Hôtel de la Duchesse de Brissac -

Il était prêt. Lavé, coiffé, habillé, il avait enfilé bas tout blanc, braies, pourpoint. Botté et chapeauté, papelard sous le coudes et trousseau de clef à la ceinture – neuve!- c'est sûr de son élégance factice qu'il entra en grandes pompe dans la salle communale de l'hôtel, prêt à se retrouver nez à nez avec une armada de garde, les yeux aveuglés pas les pierres rutilantes incrustées à la culotte Princière, le souffle coupée par son élégance et sa prestanceuuuuh!!!

Regard à droite. Regard à gauche. Quelques domestiques, un gamin dans un fauteuil.

_Bon alors où qu'elle est l'Altesse? Je vous préviens j'ai fort à faire, avec la guerre le prix des loyers chute et la demande flambe!

Vous auriez pu l'appeler, Pierre, Paul ou Jacques. Mais aujourd'hui, notre gus n'aura qu'un nom.
Il est Stefano Plazzia.

_________________
Melchiore
-BWAAAHHHHHHH !

Ainsi bâilla Melchiore dès qu'il fit l'honneur au jour de lui ouvrir ses yeux marron-vert. Parce qu'on le dit trop rarement : avoir les yeux marron-vert, ça pète six pattes à un canard octopode.* Quel dommage qu'ils ne soient pas fluorescents. Il eut été le roi des nuitées mondaines.
Et dans l'ample mouvement qu'il fit pour s'étirer, il cogna dans un portrait Calycien qui, mal arrimé à son mur, vint choir contre le guéridon, et emporter avec lui une cruche pour la briser au sol.
Et puis, parce qu'il était heureux, il se mit à chantonner.

Oo-ooh-ooh, hoo yeah, yeah
Yeah, yeah, yeah-ah-ah !
Quatorze heures du matin
Je me toilette un brin


De fait, Melkiche se toiletta un brin. Il resterait un peu de lait collé derrière les oreilles, bien sûr, mais qu'importe ? À bassine d'eau froide et Kiche frileux, ablutions sommaires. Puis, agitant les doigts, il fit valser quelques gouttes dans la pièce, éclaboussant allègrement un bureau qui, engoncé dans un coin de la pièce, recelait plumes et missives de son otage d'Aiglon. Le fumiste profitait trop souvent de la nuit pour fomenter des choses de royaliste. Une nuit, une nuit où Melchiore aura le courage de se décoller les yeux, il le paiera. Mais ces nuits-ci, Montmorency a poney. Pour l'heure, affligé par une monstrueuse flemme qui l'empêcha de jeter un œil sur les brouillons de missives suspectes, il se contenta d'en asperger le tas, du bout des doigts.

J'dois j'dois j'dois me recoiffer
Bannir la raie sur le côté
Et puis et puis me r'poudrer le nez
Yé yé.


En vingt minutes supplémentaires, l'affaire capillaire fut réglée. Le nez fut, quant à lui, torché de sa substance blanche.


Respirer l'monde à plein pif, yeah
Et shooter cet oiseau sur son if, ouais !


Et, parce qu'un Montmorency ne se refait pas, la fenêtre de la chambre de l’hôtel de Brissac fut ouverte à la volée. Les jours passés à en claquer les battants sur les murs extérieurs en avaient fissuré les carreaux. Ce-coup-ci ne différa en rien des autres. L'une des lézardes gagna deux bons centimètres. Bientôt, elle pourfendrait la fenêtre entière.
Depuis ses six ans, le rituel matinal perdurait. Il s'agissait de chercher, sous les décombres de son lit, entre les chausses en vrac, les sachets de coque usités et les miettes de macarons volés à Yolanda, l'arbalète que lui offrit jadis sa feue sœur, Lucie de Montmorency. Cela faisait longtemps que cette dernière n'avait plus revu la lumière du jour. Elle avait dû mettre sa belle mortalité à l'épreuve un jour, quelque part, pour une quelconque raison. C'était ballot.
Carreau enclenché, il sifflota une buse mélopée, dardant sur son vis-a-vis de volatile un œil paisible, tournant la manivelle. Puis, résultante inexorable, la mit en joue, et BANG ! La portée fut trop courte. Si bien que l'on entendit, quelque par dans les rues d'Angers, le cri d'un nouveau clodo éradiqué. Melchiore ou le nettoyeur impromptu de ces rues. Il n'y eut plus qu'à espérer que ce fut un royaliste.


J'l'ai presqueuh z'eue, mais tant pis,
Parce qu'aujourd'hui, c'est Vendredi !
Que demain c'est samedi
Et après d'main : dimanche.
Fais-péter-fais-péter la boutanche !


En réalité, nous n'étions qu'en plein milieu de la semaine. Mais pour qui est en convalescence, le temps n'a pas d'importance. Au surplus, Montmorency ne se souvenait pas d'avoir jamais été aussi heureux de toute sa vie. De fait, il renvoya l'arme de pointe sur la paperasse du Castelmaure, avant de jeter un regard alentour, à la recherche de nippes propres.

Quelles braies puis-je bien mettre ?
Tout est dans l'serré d'la cordelette
C'te pourpoint risque de m'compromettre
Si j'ressers pas mes bandelettes
BAN-DEU-LEEETTES !


Ces fameuses bandelettes dont Korai, le trouvant gisant aux portes de La Peine de Selène, deux semaines plus tôt, l'avait ceint tout entier. Après l'avoir vouée aux gémonies, la buse avait omis de la remercier. Bien que Melchiore ait subi les piétinements répétés d'une cinquantaine de royalistes -camouflé qu'il était sur un parterre de feuilles mortes- il s'en était sorti presque indemne, refusant catégoriquement les appels des anges qui avaient, à ses yeux, bien moins d'attrait que Charlemagne de Castelmaure, la perfection au masculin, l'égérie événementielle, l'otage partiel, l'amant volontaire -et bénévole-.
C'était pour ses beaux yeux d'Aiglon patenté que Melchiore s'accorda quelques secondes d'observation ennuyée sur la cruche tout juste brisée. Si la domestique de Brissac refusait encore d'entrer, effarouchée par le bordel ambiant, l'Infant risquait de s'y couper les pieds. Sans doute n'avait-il pas le sixième sens que lui-même avait développé au fil émoussé des ans. C'est que, son instinct du bordel aidant, Montmorency était parvenu, même les yeux fermés, à enjamber chaque débris pour peu qu'il les ait lui-même infligés. Et, même au plus vaporeux de sa nuit, Melchiore se montrait capable d'une redoutable intuition pour zigzaguer entre les obstacles, et partir en quête d'un objet enterré sous des couches et des couches de fringues et de dentelles disséminés. Il fit donc ce qu'il ne faisait jamais, jamais, jamais : il se pencha -ohmondieu!- pour balayer d'un revers de main les bris de céramique, et les envoyer au diable, quelque part sous le guéridon, où ils couleraient des jours paisibles loin des pieds du Prince. Ainsi fut-il.

Puis, après avoir resserré ses bandelettes en un savant nœud-papillon en travers du torse, Melchiore se boutonna. Bien qu'étant globalement à peine contusionné, une saleté de fils de Lys était tout de même parvenu, au petit malheur la chance, à lui percer un nid de douleur entre deux côtes. Il couina pour se donner de l'aplomb, mais il ne se trouvait plus personne pour le plaindre. Charlemagne était parti, entre deux somnolences Melchiovériques, une paire d'heures plus tôt, à la recherche -Melchiore s'en souvint subitement- d'un endroit où l'Anaon ne les maudirait plus. La brillante idée. Mais, diable ! Laisser Castelmaure se balader seul dans les rues d'Angers par temps assiégé ? Jamais.
Paré, donc, l'angevin se tourna vers la porte, le défi lui brûlant au fond des yeux.

Monde ! Me voilà prêt à t'affronter.

Puis il fit un pas, et manqua se vautrer.

Deurm ! Ma canne à bisque ?

Après une ellipse salutaire qui nous épargnera la scène au cours de laquelle Melchiore glissa sur un plateau posé juste sur la première marche des escaliers -un coup d'Anaon, sûrement- puis se rattrapa au garde corps avant de s'y laisser glisser, assis, jusqu'au rez-de-chaussée, l'angevin se retrouva dans le salon en compagnie du lit de convalescence de Yolanda, d'un Prince carrément charmant et d'un...


-Qui est ce péquenaud ?

Aussitôt, il jalousa son pourpoint à crevées.


___________________________
*CQFD C'est pourquoi les canards ont deux pattes.
_________________
Charlemagne_vf
[Hôtel de Brissac, on a perdu les oeufs.]

Corps fin assis sur un pouf, qui n'avait pas autant l'air d'un pouf qu'un billard, l'Infant français trouva l'apparition du Plazza sans aucun bon ton. Il avait, pour sur, durant trop d'ans, appris qu'il fallait offrir son nom pour qu'on sut à maints traits faciaux l'unir.
Il posait la main sur l'accoudoir, frais, non sans pâlir par surcroît, quand on l'amalgamait aussi qu'un sans-rang.
Sur un tibia, il s'appuya, adoptant l'air qu'on lui attribuait toujours, s'accordant sans mal au vu du royal port qu'il s'affranchit. Un train d'Aiglon, nonobstant confort , trouvait à coup sûr son attrait dans l'amour du prochain, qui tombait alors du haut où on l'avait ouï dormir. S'ouvrant, bras suivant tout son corps à l'apparition non plus d'un Plazza incongru, mais d'un opportun, divin Abruti qui à son Roi s'abâtardi, l'arrogant Infant s'adoucit, plaintif d'avoir raccourci un coït au matin.
Dur, il a un sourcil fin ; il l'assombrit un chouilla, tout à fait pour avoir l'air plus grand, plus fort, plus abondant dans tout.

Il faut abasourdir un public, subir l'amour qui jaillit sans s'affaiblir, jour suivant jour, nuit jusqu'à nuit. Mais ici-bas, on saisit l'occasion, on l'avilit à foison : il s'alourdit, l'Aiglon, mais viciant quoiqu'il voit.
Parlant alors, voix qui s'alanguit, disant tour à tour, d'abord à Plazza, puis à l'Amant :


Là. Qu'a-t-on à m'offrir ?

L'accablant soupçon alla croissant dans la maison. Brissac pliait sous l'Aiglon. Il maîtrisait, Roi.

Prix.

Il posa son butin sur son billard. Un blason à lui : son rang, son sang.
Alors, à l'animal bancal :


Un faquin pour sur, mais un larbin qui nous offrira un toit. Promis, donc du. Un toit qui aura pour habitant nul sans toi ni moi.

Disparition. Hors d'ici, là où sont les maisons. Appart' voulus.

Allons, allons. Il nous faut choisir. Allons, allons, sans trop courir.

[Dans les rues d'Angers, on retrouve les oeufs.]

Sortis de Brissac, l'Empereur, sa femme et le petit prince se trouvaient un chez eux. Melchiore, Charlemagne, l'un Buse en main, l'autre Buse à portée de main, marchaient bon train, derrière Stephano Plazza, auquel l'Infant trouvait une mine louche.
D'abord, il n'avait pas l'air très français. Ensuite, c'était un bourgeois. Aussi, le Prince, paré de ses atours aussi riches que sa morgue était aristocratique, avançant le port altier sur le pavé, sans craindre un instant le rapt, le brigandage urbain, ou même l'assassinat, se trouvait d'humeur bavarde et avait devisé gaiement avec l'angevin des origines basses au possible de l'agent immobilier.
Lui, peu loquace, volontiers économe de sa parole, se navrait car, en Anjou, il changeait. Ce qui n'était peut-être qu'un déchaînement hormonal, compensation d'une acné qui n'apparaissait pas, au contraire d'une pilosité brune qui se localisait toute en un épicentre unique, avec parcimonie encore, coïncidait tristement avec la parenthèse andégave. Depuis Nevers en fait, le Castelmaure trouvait à son reflet une humanité infecte. Naguère, se mirant, il félicitait sa hauteur quasi divine, pleinement olympienne. Naguère, dans son miroir, il était seul.
Désormais, il y avait un charmant garçon, à sa gauche ou à sa droite, et lui, il n'avait souvent qu'une chemise pour habit, et non plus ses costumes noirs qui agrémentaient son teint laiteux. Humain donc, il se trouvait laid. Humain, il était comme le commun, et comme le commun, il cherchait rien de moins qu'une maison.
Ce pouvait être une évidence, un simple objet pratique. Il aurait pu louer sans trop penser, il aurait pu se contenter d'une chambre d'auberge car après tout, il n'était à Angers que pour un temps. Mais non. Il entrait en ménage.
Dans sa tête, il imaginait l'ouverture des volets au matin, le service des repas, la routine installée. Nuits magiques, journées banales. N'avait-il pas toujours observé ce schéma ? Au soleil, il devait paraître en Prince. A la splendeur de la lune, comme Dr. Jekyll devenu Mr. Hyde, il embrassait la cause du démon. Sa cause, ou sa queue sur laquelle, somme toute, il tirait sans dégoût, aucun.
Arrivé près d'un muret derrière lequel un bâtiment présentait force colombages, l'Aiglon leva les yeux. Il y avait une poule, des friches, et les murs dévoilaient leurs fissures derrière un lierre fané par l'hiver. Il tira une grimace.


C'est rustique. Et si on n'entrait pas ?

Il pivota sur une botte, et observa Plazza.

Êtes-vous un Maure ? Vous avez une tête de Maure. Et si c'est là votre goût. Et bien... Je n'aime pas votre goût. Je veux du grandiose. C'est un cadeau, et on n'offre pas les ruines.
Hein, Melchiore ?


En démo complète, le Fils de France voulait en fait séduire. C'était clairement une opération de cour : regarde comme je suis riche. Regarde comme je m'occupe de toi. Regarde ce que je veux pour toi, pour nous.
Ses yeux bleu-marine planté dans les marron-vert, semblaient dire : observe, car je ne suis pas que Cassian.
C'était cette crainte, au fond, que le Montmorency n'apprécie pas le Castelmaure qu'il avait appris à être. Sa nature profonde d'héritier, fils d'un homme qu'on appelait l'Implacable, et qui avait la folie des grandeurs. Cette sortie n'était rien de moins qu'une préparation un peu mondaine, jusqu'au jour où le Prince décidera que Melchiore est de son monde. Esquisse d'une conversion, en fait.

_________________
Stefano_plazzia
Un pied devant l'autre et nez dans ses papiers, le Plazza menait sa troupe vers l'endroit qu'il croyait déchiffrer. Oui, notre bonhomme s'arrachait les pupilles sur ces misérables pattes de mouches agrémentées de jolies tâches marrons qu'il avait tenté au mieux de gratter. Les lois de Murphy sont impénétrables qu'on dit et forcément, dans le bureau de feu le vrai Stephano, il avait fallut qu'il pose ses bottes crottées sur CES papiers en particulier. Parce que oui, sinon, çà aurait été bien trop façile.

Donc, c'est mettant tout son talent – ahem ahem – de lecteur à l'œuvre qu'il s'évertua à décrypter le nom de la rue devant les mener vers la première maison... non sans oublier de glisser de temps à autre quelques commentaires sur les lieux parcourus. Et oui, c'est là-même qu'un jour mourut le vieux Norbert, qui n'était pas si vieux d'ailleurs. Sa jambe de bois rongée par les mites a lâché sous son poids et le saligot s'est étalé dans une flaque d'eau. Pensez bien, avec son autre pied bouffé par la gangrène, il a pas pu se relever et le pauvre s'est noyé. Ah! Et pis là c'est l'ancienne boucherie de m'sieur Boudiche qui... bla bla bla blabla...

Et entre deux ragots, après tours et détours, les voilà arrivés devant la soi-disant bâtisse à vendre. Un œil sur son plan. Un œil à la façade. Oué... Ça a plus ou moins la même gueule. C'est alors que la voix royale s'élève, faisant pivoter la trogne de notre imposteur. Et à la mention de ses hypothétiques origines, le gus répond d'un timbre imperturbable.

_ Ma mère avait une vie social très active.



_Maaaiiis revenons-en à nos moutons. Alors oui, je sais, d'apparence, elle fait pas dans le clinquant, mais c'est le lierre qui fait çà, c'est tout tristounet! On ratiboise et çà prendra un coup de jeune! Au printemps, je colle à vos fenêtres une petite rangée de tulipe, et là çà aurait de la couleur et de l'allure! Et puis la poule est fournie avec le tout.L'index se lève, sûr de lui. Symbole de richesse! Vous croyez qu'en ces temps de famine y'en a beaucoup qui peuvent se payer le luxe d'avoir une poule?

Bah oui oh! Faut voir le bon côté des choses! Mais çà ,c'était sans compter sur l'arrivé inopportune d'un cabot à l'allure famélique qui se mit à courser la pauvre volaille dans des aboiements hystériques. La traque se détourna de leurs yeux dans l'artère d'une ruelle et prit fin dans un caquètement égosillé. Avant, il y avait une poule. Mais çà c'était avant.

_ Hééé... Ahem. Sinon j'ai... euh... une autre euh...

Fouille dans ses paperasses.

_.... Ah! J'ai un appartement luxueux juste à côté! Je vais vous montrer et vous me direz où va votre choix pour cette toute première visite, d'accord?

Notre bonhomme relève la tête,carre les épaules et tente d'adopter l'allure la plus noble pour conduire ses deux clients à quelques rues voisine sans attendre leurs consentements. Menant d'un pas pressé les deux compères, oubliant semble t-il, l'équilibre précaire du... Melchiore, le Stephano du jour repique du nez dans ses papiers. Ah donc oui, c'est bien cette rue... Ah! Pis sur le dessin c'est l'auberge du Père Sylvain donc...

_ Et voilà! Nous y somme et... Aaaaahhhh

Cri horrifié quand le nez quitte le plan pour se poser sur le fameux appartement. Seul bloc fait de pierre, trônant au milieu de quelques décombres, la façade affiche des teintes comme noircies de fumée. Le con oui. Il avait oublié que l'auberge avait cramé la semaine dernière, ne laissant derrière elle que ses trois étages effondrés. Notre promoteur reste un instant coi, figé bouche ouverte avant de se racler la gorge avec nervosité pour reprendre contenance. Et le pire, c'est qu'il y arrive et c'est sûr de lui qu'il se tourne vers les deux jeunots.

_ Alors oui! Je sais ce que vous allez me dire... MAIS j'attire votre attention sur le fait que l'incendie n'a pas touché les fondations! Et que par conséquent cet appartement reste comme neuf... outre l'aspect.

Le regard revient sur le bâtiment, les poings se ferment sur les hanches et le malandrin hausse les épaules.

_ Remarquez, vous avez un gros avantage. Vous serez pas emmerdé par les voisins. Et puis faut étudiez, mais je suis sûr qu'il y a moyen de faire une petite percée dans l'un des murs! Ça vous fera une jolie vue bien dégagée sur le reste d'Angers.

Pouce et index qui viennent gratter le menton. Ah oui, une fenêtre juste là, se serait parfait pour le cachet!

_Bon, j'en conviens, d'aspect, on a fait plus excitant, mais je relève une fois encore votre attention sur l'intérêt d'avoir un petit joyaux dans un écrin aussi miteux. Voyez, moi, par exemple,si et je dis bien SI j'étais un cambrioleur, jamaaaais je ne songerais à aller visiter une bâtisse avec une dégaine pareille! Direct, j'irais rôder du côté des maison cossues quoi, celle qui ont un peu d'allure. Donc çà! C'est un leurre! C'est de la dissuasion de malandrins! Je vous assure, avec l'une au l'autre des baraques jamais personne viendra vous piller, parole de pro!

Fort de son argumentaire, il se tourne une fois encore vers le prince et son acolyte.

_ Alors Altesse, vous en pensez quoi? Il ne faut pas juger une catin à sa couverture qu'on dit. Moi je vous propose d'entrer. Ici-même ou dans la première bâtisse. Bon je précise, je commence les visites doucement hein, petit à petit on grimpera dans le prestige et le luxe, mais aussi dans les pirx.

Alors? Où que votre cœur balance?

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)