Theolenn
[Nul n'est à Labrit...]
C'est juste un peu avant la sortie de la bourgade qu'ils se décidèrent à faire halte. Par chance, une cabane leur fut proposée par le seul garde de la ville encore en faction à cette heure avancée, où même les taverniers dorment, ou cuvent, ou les deux, je n'ai pas été vérifier, et je crois sur parole les hommes en uniforme quand la fatigue me souffle de ne pas insister... Et puis l'homme était avenant, avait l'air de s'ennuyer, et voyait une aubaine dans ces deux cavaliers éreintés, au teint pâli d'avoir par trop souvent mangé à l'envers ces derniers temps.
De son babillage au verbiage coloré, ils apprirent que la dite habitation de fortune appartenait à sa belle-mère, qui elle-même en avait hérité de son cousin germain, inutile de me demander s'il était teuton ou si c'était son prénom, qui lui la tenait de son grand-père qui l'avait fabriquée de ses propres mains. Ce qui expliquait qu'elle était de bonne facture car s'érigeait depuis plusieurs générations sans menacer aucunement de s'écrouler. Un écu par personne et par jour, 20 deniers par monture, picotin compris, et du bois à profusion ! Il avait intérêt à ne pas mentir s'il voulait que nos deux locataires ne la tunent pas à leur façon avant que de repartir vers d'autres horizons ...
Pour l'heure, enfin débarrassée du loueur, Theolenn cherchait dans ses provisions de bouche de quoi calmer l'humeur bougonne du déplumé de tantôt qui piaillait sa faim à grand renfort de grognements indistincts. Morelius était d'un naturel frileux, ou s'était habitué au confort, quoi qu'il en soit il alluma le feu prestement, et la pièce unique et multifonctionnelle prit rapidement une allure chaleureuse, apte à consoler des aléas du temps et des rencontres dommageables. La soupe aux restes fut fabuleuse et le sommeil bienveillant pour les deux compagnons itinérants.
Mû probablement par une idée de vengeance, d'expédition punitive, ou par un sens de la justice aigu, du moment qu'il s'agissait de la rendre lui-même car il n'était point feignant, Morelius prit un emploi de milicien dès le lendemain à l'aube. Theolenn, quant à elle, avait un cours d'Anatomie à donner à l'université, et se proposait de faire un détour par la boulangerie afin de ne pas ponctuer son discours de bruits gastriques caractéristiques d'une nutrition mal-seyante.
Dans la ruelle qui menait à l'assouvissement de sa gourmandise matinale, un groupe de jeunes adolescents s'agitait. Des plaintes à fendre l'âme s'échappèrent du centre du rassemblement et une paire de mollets vint s'échouer au sol tandis que le plus grand des mécréants poussait un cri digne d'un général de guerre à l'issue d'un combat victorieux. La bande se dispersa, rapide comme l'éclair, au son de son pas qui approchait.
Mais !!! Le chef des vauriens n'était rien moins que leur voleur de la veille, le morveux qui avait dépouillé Morélius de sa bourse en feignant d'être victime ... Ses acolytes affichaient huit ou neuf ans à peine au compteur de la vie, deux gamins au nez d'où coulait encore le lait maternel mais pouilleux comme des singes, le regard déjà fait d'un mélange de peur et de fourberie. Ils furent les premiers à sortir de scène. Restait l'infortuné au sol et le plumeur, enchanté par le produit de son larcin.
Les yeux de Theolenn se firent flammes, animés d'une énergie propre à celles que la providence improvise redresseuses de torts.
- B'jour m'dame se permit l'innocent aux mains pleines, loin de se douter que la suite de sa matinée serait moins prolifique. Et Theolenn sourit, ravie...
Le soir, la pitance avalée, quand la veillée permet le partage et le mélange des expériences lointaines et du vécu de la journée qui vient de s'écouler, Theolenn ne dit rien. Mais elle offrit à Morélius une petite bourse de cuir qui ressemblait à s'y méprendre à celle qu'il avait perdue la veille. Et dedans, en plus de la somme initiale, un dé avait été ajouté.
Devant son étonnement muet, et pour ne pas verser dans un sentimentalisme qui les gênerait tous deux, elle le mit au défi...
- Si tu gagnes, je fais la vaisselle !
- Pfff, même pas drôle ! ...ronchonne la perdante pour la forme.
- Tais-toi et frotte ! ...ose le gagnant, radieux, qui entrevoit déjà les possibilités illimitées du cube maléfique.
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C'est juste un peu avant la sortie de la bourgade qu'ils se décidèrent à faire halte. Par chance, une cabane leur fut proposée par le seul garde de la ville encore en faction à cette heure avancée, où même les taverniers dorment, ou cuvent, ou les deux, je n'ai pas été vérifier, et je crois sur parole les hommes en uniforme quand la fatigue me souffle de ne pas insister... Et puis l'homme était avenant, avait l'air de s'ennuyer, et voyait une aubaine dans ces deux cavaliers éreintés, au teint pâli d'avoir par trop souvent mangé à l'envers ces derniers temps.
De son babillage au verbiage coloré, ils apprirent que la dite habitation de fortune appartenait à sa belle-mère, qui elle-même en avait hérité de son cousin germain, inutile de me demander s'il était teuton ou si c'était son prénom, qui lui la tenait de son grand-père qui l'avait fabriquée de ses propres mains. Ce qui expliquait qu'elle était de bonne facture car s'érigeait depuis plusieurs générations sans menacer aucunement de s'écrouler. Un écu par personne et par jour, 20 deniers par monture, picotin compris, et du bois à profusion ! Il avait intérêt à ne pas mentir s'il voulait que nos deux locataires ne la tunent pas à leur façon avant que de repartir vers d'autres horizons ...
Pour l'heure, enfin débarrassée du loueur, Theolenn cherchait dans ses provisions de bouche de quoi calmer l'humeur bougonne du déplumé de tantôt qui piaillait sa faim à grand renfort de grognements indistincts. Morelius était d'un naturel frileux, ou s'était habitué au confort, quoi qu'il en soit il alluma le feu prestement, et la pièce unique et multifonctionnelle prit rapidement une allure chaleureuse, apte à consoler des aléas du temps et des rencontres dommageables. La soupe aux restes fut fabuleuse et le sommeil bienveillant pour les deux compagnons itinérants.
Mû probablement par une idée de vengeance, d'expédition punitive, ou par un sens de la justice aigu, du moment qu'il s'agissait de la rendre lui-même car il n'était point feignant, Morelius prit un emploi de milicien dès le lendemain à l'aube. Theolenn, quant à elle, avait un cours d'Anatomie à donner à l'université, et se proposait de faire un détour par la boulangerie afin de ne pas ponctuer son discours de bruits gastriques caractéristiques d'une nutrition mal-seyante.
Dans la ruelle qui menait à l'assouvissement de sa gourmandise matinale, un groupe de jeunes adolescents s'agitait. Des plaintes à fendre l'âme s'échappèrent du centre du rassemblement et une paire de mollets vint s'échouer au sol tandis que le plus grand des mécréants poussait un cri digne d'un général de guerre à l'issue d'un combat victorieux. La bande se dispersa, rapide comme l'éclair, au son de son pas qui approchait.
Mais !!! Le chef des vauriens n'était rien moins que leur voleur de la veille, le morveux qui avait dépouillé Morélius de sa bourse en feignant d'être victime ... Ses acolytes affichaient huit ou neuf ans à peine au compteur de la vie, deux gamins au nez d'où coulait encore le lait maternel mais pouilleux comme des singes, le regard déjà fait d'un mélange de peur et de fourberie. Ils furent les premiers à sortir de scène. Restait l'infortuné au sol et le plumeur, enchanté par le produit de son larcin.
Les yeux de Theolenn se firent flammes, animés d'une énergie propre à celles que la providence improvise redresseuses de torts.
- B'jour m'dame se permit l'innocent aux mains pleines, loin de se douter que la suite de sa matinée serait moins prolifique. Et Theolenn sourit, ravie...
Le soir, la pitance avalée, quand la veillée permet le partage et le mélange des expériences lointaines et du vécu de la journée qui vient de s'écouler, Theolenn ne dit rien. Mais elle offrit à Morélius une petite bourse de cuir qui ressemblait à s'y méprendre à celle qu'il avait perdue la veille. Et dedans, en plus de la somme initiale, un dé avait été ajouté.
Devant son étonnement muet, et pour ne pas verser dans un sentimentalisme qui les gênerait tous deux, elle le mit au défi...
- Si tu gagnes, je fais la vaisselle !
05/02/1461 16:43 : Vous avez défié Morelius aux dés et vous avez obtenu le résultat suivant : 4.
05/02/1461 18:34 : Morelius vous a défié aux dés et a obtenu le résultat suivant : 5.
05/02/1461 18:34 : Morelius vous a défié aux dés et a obtenu le résultat suivant : 5.
- Pfff, même pas drôle ! ...ronchonne la perdante pour la forme.
- Tais-toi et frotte ! ...ose le gagnant, radieux, qui entrevoit déjà les possibilités illimitées du cube maléfique.
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