Etincelle_funebre
Les racines de notre civilisation puisent leur source dans le terreau fertile de lirrationalité, et cest donc ainsi que lon peut expliquer la scène qui suit dans la chambre dun hôtel particulier nivernais.
La neige tombe mais on ne la voit pas à travers les carreaux de verre trouble couverts du givre nocturne. Pourtant, elle le sait, et pour la première fois peut-être, elle se réjouit de ce quelle voit. Les toits couverts de neige, latmosphère ouatée comme étourdie par larrivée de lhiver, lui est comme un baume, et lui ferait presque oubliée la plaine sanglante où elle a passé les dernières années. Ils ne lui ont pas menti, une éternité de souffrance voilà ce qui lattend, mais cette nuit, elle y échappe, et cest presque fébrile quelle découvre la chambre du vice-primat et lhomme endormi dans sa couche. Ils nont pas changé, ni lui, ni elle. Quelques détails peut-être.. Il y a au coin des yeux de lAlençonnais quelques rides qui ny étaient pas avant, les cheveux longs sont plus clairs que dans ses souvenirs, mais elle ? Na-t-elle pas changé ? Le teint est plus clair, cadavérique même, on y devinerait presque les veines sous la peau translucide, les yeux brillent dune haine qui na aucune commune mesure avec celle qui lanimait auparavant, mais elle na pas changé, la haine est plus forte chez elle que chez les autres, et cest ce qui la préserve des membres arrachées, à peine si les pointes de ses cheveux sont abimées, il sagit toujours du même rideau de soie noire qui accentue encore plus la minceur de son corps.
Sur la couche, elle sassied dans un bruit mat que viennent taire les couvertures quand la robe noire se froisse, les mains fines aux poignets sertis de longues estafilades se saisissent du visage du prélat et les lèvres froides sapposent dans un souffle sulfureux sur son front.
-« Jimaginais la chambre dun homme déglise plus dénudée.. »
Et de se repencher en arrière pour le considérer avec un sourire amusé.
-« Bonsoir mon père confesseur.. »
Je tavais manqué ?
____________________