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Carnets de jeunesse de Lingus

Ungerer
Ungerer s'avance discrètement dans la grotte, l'endroit lui avait été indiqué par Chapardeuse, une amie de longue date.
Il écumait les routes depuis plusieurs semaines et avait bien besoin de repos et de calme.

***Tout ces passants détroussés et toujours pas de procès! Je ferais bien de me mettre au vert un moment***

Il s'installe dans un coin et écoute les conversations autour de lui, un léger sourire aux lèvres.

***Il serait peut-être temps que je couche mes mémoires sur le papier, même si mes cheveux sont encore bien noirs ma mémoire commence à me jouer des tours et j'ai vécu des aventures qui méritent d'être contés***

Ungerer saisit dans son sac de voyage sa plus belle plume et un carnet relié de cuir.

Sur la première page, il inscrit "Les Trois Brigands" puis il tourne la page.




"Ceci est le récit commun de quatre brigands sur les routes du Royaume, c'est comme "les 3 mousquetaires" mais en mieux!

Tout d'abord, permettez-moi de me présenter, je suis Ungerer, le plus fort et le plus vaillant de cette horde sauvage. Et le plus beau aussi, et de loin! J'écris ce que je veux, les trois autres n'ont qu'à venir me rejoindre plus vite, c'est toujours moi qui arrive le premier et puis après je dois les attendre, marre! Mais bon, je m'égare, revenons à nos moutons.

Cette aventure a débuté pour moi il y a quelques mois lorsqu'un ami me confie la garde d'un vague cousin.
Le pauvre bougre est sans doute possédé par le démon mais je ne peux refuser un service à ce vieil ami et le prends donc à mon service.
J'ai depuis appris à l'apprécier, il est avide de rapines et de chopines et on finit par s'habituer à ses sautes d'humeur. Il est donc devenu un fidèle compagnon même s'il se perd régulièrement, qu'il a peur des poissons et qu'il ronfle comme un ours.

J'espère qu'il me rejoindra bientôt et qu'il pourra apporter sa contribution à ce récit épique car il est doué d'une verve sans pareil, il s'emballe un peu des fois mais ça vaut le détour!

Lorsque j'en ai eu marre de bêcher, de labourer pour quelques deniers, je suis parti sur les chemins en sa compagnie pour me faire de l'argent facile."




Ungerer referme le carnet et pose sa plume.

***J'ai mal aux doigts et je me suis foutu de l'encre partout, c'est malin! C'est toujours moi qui doit bosser!
Je continuerais un autre jour, pour l'instant je vais me prendre une bonne bière.
J'espère que les autres fainéants vont pas tarder à arriver.***
Ungerer

Ungerer entre dans la grotte, l'air maussade. Il tient dans son poing serré une missive sur laquelle on peut lire "Avis de plainte déposée..."

Il prend sa plume et se met à gratter le papier nerveusement.



"Un procès!!!

Pour quelques malheureux écus! Et il y a un mois de cela en plus!
Je vais les..."



La plume se brise entre les doigts d'Ungerer, éclaboussant la page d'encre.
Il en prend une toute neuve qu'il taille lentement en tentant de se calmer.


***Bon, on va pas se mettre la rate au bouillon pour si peu.
C'est rien qu'un procès, on va calmer le jeu et jouer les innocents.
Pour quelques broutilles, ça ira pas bien loin mais je vais quand même faire le ménage dans mon inventaire et soulager ma bourse. Si je fais un peu de prison c'est pas la mort, faut juste que j'ai une bonne entrecôte qui m'attende à la sortie.***



"Reprenons nos aventures où je les avait laissées.

Cela fait maintenant plusieurs mois que nous écumons les routes, mon compagnon et moi.
Nous avons fait plâner notre ombre menaçante sur tous les bois du sud de la France, rackettant les provençaux, détroussant les auvergnats, volant les languedociens...

De petits larcins en gros coups, j'ai réussi à mettre de côté près de 1000 écus, à m'habiller de la tête aux pieds tout en savourant de délicieux mets chaque jour de la semaine.
Y'en a qu'arrivent même à s'acheter un mantel, frimeurs!

Nos pas nous on conduits à la rencontre d'un ami de longue date, un personnage particulièrement fourbe et perfide. Il se trimballe toujours accompagné d'une belette, son animal favori.
Sa compagnie est dangeureuse mais il pourrait être fort utile pour nous épauler dans les mauvais coups.

Récemment, j'ai fait la connaissance de son coéquipier qui devait nous rejoindre dans notre association de malfaiteurs.
Nous nous sommes croisés de nuit en pleine campagne. Je ne l'ai pas reconnu et, par une sorte de réflexe, je l'ai détroussé! (chassez le naturel...)
Le pauvre est simplement vêtu de haillons crasseux et crie famine, je lui rendrais ce que je lui ait pris."




Ungerer referme le carnet et se plonge dans ses pensées pour préparer une plaidoirie capable de faire pleurer un vieux juge endurci.


Ungerer
[hrp: ce journal est une oeuvre collective, plusieurs personnes vont donc y intervenir (enfin j'espère!). Messieurs les modérateurs, merci de me laisser faire la police chez moi je suis assez grand!]




Merci.
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~ détrousse les passants le jour ~
~ retrousse les jupons la nuit ~
(ou inversemment)
Ungerer
Ungerer est de retour dans la grotte après plusieurs jours passés à arpenter les couloirs des tribunaux et les geôles humides et froides.
Un ami lui avait d'ailleurs conseillé d'éviter les savonnettes mais il ne comprenait pas car il n'avait même pas eu droit à une douche!



Voilà un procès bien négocié!

J'ai fait porter la responsabilité à mon coéquipier tout en invoquant son instabilité mentale que personne ne peut décemment nier.
Le responsable est donc irresponsable! C'est beau, non?

Le juge n'a pu que constater sa démence et lui a infligé un seul jour de prison. Quant à moi, j'en ai pris deux mais pas d'amende.
Si ces sales bourgeois pensent que cela va nous arrêter, ils se fourrent le doigt dans l'oeil, au moins jusqu'au coude!

Notre détermination est toujours plus grande, nous reviendrons plus forts que jamais.




Ungerer sourit de toutes ses dents (enfin, celles qu'il lui restent).
Il se sent ragaillardi par cet épisode, à nouveau plein d'entrain.
Après tout, la prison n'est pas si terrible que ça, la bouffe est infecte mais il s'est bien amusé à écouter les récits des procès de ses codétenus.



Je sens que de gros coups approchent!!!


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~ détrousse les passants le jour ~
~ retrousse les jupons la nuit ~
(ou inversemment)
Ungerer



*Mais qu'est-ce qu'ils foutent ces cons-là?
Ca fait des jours que je poireaute et ils sont toujours pas là!!!*


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~ détrousse les passants le jour ~
~ retrousse les jupons la nuit ~
(ou inversemment)
Ungerer


Après plusieurs mois d'une vaine attente, je reprends ma plume et la route par la même occasion!

Marre de jouer les bons citoyens, de payer des impôts et de trimer dans les champs!
En plus de ça notre groupe s'est éparpillé, seul mon fidèle compagnon du haut des peupliers est toujours prêt à détrousser d'honnêtes passants.
[b][color=#000000]On ne peut jamais faire confiance à un truand, je sais de quoi je parle!

[/color][/b]
Faudrait rebaptiser ce journal "les deux brigands" au passage.

Mais le pauvre est bloqué chez lui et je commence à avoir des fourmis dans les jambes, mon baton me démange (mais n'y voyez là aucune allusion sexuelle)

J'ai donc vendu mes champs, quitté la propriété qui m'a vu naître pour m'installer plus au nord, il paraît que les routes y sont fort lucratives et les tables de ramponneau aussi!

Le temps de m'installer et je vais repérer les lieux en attendant l'arrivé imminente de mon comparse.



Ungerer referme le petit carnet relié de cuir et le range dans sa besace, il saisit son baton de marche strié de nombreuses entailles et part sans un regard en arrière.
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~ détrousse les passants le jour ~
~ retrousse les jupons la nuit ~
(ou inversemment)
Ungerer
Me voilà installé, ma petite ferme tourne pépère...


Je peux donc aller voir si les routes bourguignonnes tiennent leurs promesses, je prends mon grand bâton de marche, ça ne vaut pas une épée mais il peut se révéler utile si le bourgeois se débat!


Après quelques jours de marche, je m'installe dans un sous-bois proche d'Autun où je tente ma chance. Pas un chat pendant trois jours! Je commence à me demander si les armées qui maneuvrent dans le coin ne poussent pas les gens à se terrer chez eux.

Au moment où je vais partir, j'aperçoit une femme portant une lourde bourse à la ceinture. Je suis déjà sur mes pieds et la malheureuse n'a plus aucun moyen de m'échapper...



Je suis maintenant riche de 1200 écus, la femme s'éloigne en me hurlant rageusement qu'elle me fera payer ça très cher, que je vais le regretter, que ma mère...

Je n'ai pas fini de compter les pièces qu'un homme arrive à son tour, les affaires reprennent!

Celui-là est moins riche mais je trouve tout de même 400 écus dans ses poches.


Maintenant il est temps de me planquer dans un trou perdu en attendant qu'on m'oublie un peu car la folle a dû alerter toute la ville.
La mine au sud de Châlon me semblait parfaite mais en chemin je croise devinez qui?
oui vous avez raison, si si j'vous jure : un brigand!


Après une indescriptible lutte (mais non n'insistez pas, indescriptible j'vous dis!) je me réveille la tête à l'envers dans un fossé.

Je parviens à ramper jusqu'à Châlon, à bout de forces. Je revends mon bâton (ce salaud n'a pas réussi à me l'arracher des mains) pour m'acheter une miche de pain que je dévore immédiatement.


Je suis donc obligé de rester quelques jours en ville, je ne peux pas voyager dans mon étât car je serai encore souffrant plusieurs jours.
En plus, j'ai aperçu une taverne où l'on peut jouer au ramponneau!

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~ détrousse les passants le jour ~
~ retrousse les jupons la nuit ~
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Ungerer
Alors que je joue quelques parties de ramponneau tranquille au coin du feu (voilà une autre façon de détrousser quelqu'un, le malheureux a vraiment cru que je débutais!) je sens un regard insistant se poser sur moi.

Ma méfiance me pousse à quitter la taverne au plus vite, je me retrouve donc sur la place du village où je tombe nez à nez avec un portrait de moi-même plutôt ressemblant sous lequel on peut lire "RECHERCHE".


Je ramasse mes rares affaires précipitament et me dirige vers les portes de la ville sans perdre un instant.
Plus que quelques mètres... rester calme... ne pas courir...
Tout à coup, des cris derrière moi : "Attrapez-le, ne le laissez pas s'échapper!!!"

J'y étais presque et me voilà conduit au tribunal de Dijon où je vais être jugé pour un larcin dont j'ai moi-même été dépossédé!


Les rires gras des soldats fusent tandis qu'ils tirent violemment sur mes lourdes chaînes. Au loin, l'imposante silhouette du palais de justice se découpe sur fond de ciel rougeoyant.
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Ungerer
*[i]Le temps passe et je prends du retard dans le récit de mes aventures, je vais finir par oublier tout ça! Il est temps de s'y remettre.*[/color]


[b]Cela fait déjà quelques jours que je croupis au fond d'une geôle dijonnaise dans l'attente de mon verdict.

Un matin froid et humide, je suis soudain tiré du sommeil alors que le jour pointe à peine. Des cris, des bruits de lutte semblent provenir du mur d'enceinte. En quelques minutes, l'effervescence a gagné toute la prison.

Des soldats courent en tous sens, affolés comme des fourmis dont on aurait marché sur la fourmillière. Certains tentent de se battre, la pluspart fuient lâchement. Leur résistance n'est que de courte durée et bientôt un groupe de brigands pénètre dans le bâtiment et ouvre les cellules sous les hourras des prisonniers.
Ils traînent derrière eux, enchaînés les uns aux autres, les membres du conseil ducal ainsi que le juge qui présidait hier encore le tribunal bourguignon. Lorsque je le croise, curieusement son visage n'affiche plus l'arrogance et la satisfaction qu'on lui connaissait!


Parmis les assaillants, je reconnais quelques vieilles connaissances et pas mal de gens croisés ici-même.
Je propose mes services pour défendre le château car la nouvelle de la révolte s'est déjà propagée dans toute la région et les troupes affluent vers Dijon pour la reprendre. Mais les forces semblent un peu désorganisées et les chefs dépassées par les évènements, on me répond qu'on n'aura besoin de moi que le lendemain, j'ai la sensation de gêner...


Le lendemain, les soldats ont finalement repris le chateau dans un ultime assaut que n'ont pu contenir les brigands. Je demeure quelques jours dans la région pour voir comment les choses vont évoluer, glâner des informations par-ci, par-là.

Je dois cependant rester discret car si les livres de justice ont sans doute disparu dans le tumulte, mon affaire est encore fraîche dans les mémoires même si je pense qu'ils ont d'autres chats à empaler!

Je retourne donc chez moi afin de préparer un nouveau voyage.
Je pense que je vais soigner ma réputation, me faire des relations... on ne sait jamais, ça peut sevir un jour ou l'autre...
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(ou inversemment)
Ungerer
Ungerer retrouva son vieux carnet relié de cuir derrière un meuble, couvert de poussière.

* Il a dû tomber pendant mon emménagement, depuis le temps que je le cherchais!*

Ungerer retira la couche de poussière du plat de la main et commença à feuilleter les pages. Il se saisit d'une plume et d'une fiole d'encre de chine.



Après quelques coups juteux qui m'ont permis de mettre un bon paquet de billets sous le matelas, j'ai décidé de changer de méthode.

Ainsi, j'ai commencé par changer de région. Je me suis installé dans un village où l'on ne me connaissait pas et je me suis bâti une solide réputation de cul-béni!

Aujourd'hui je suis conseiller municipal, demain curé! Et quand ils me mangerons tous dans la main je me fais élire et je pars avec la trésorerie de la mairie.


Ungerer rit doucement dans sa barbe en refermant le carnet.
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