Cyrielle.
- La matinée lui a été laissé, le Montbazon-Navailles ne samusant guère à se lever avant le repas de midi, jeunesse oblige. Et si lenfant nest pas du matin, Cyrielle, quant à elle, naime guère gâcher ses journées à rattraper ses déboires du soir. Dautant que épopée maritime a eu le don de lui ouvrir lappétit, en terme de discussion sentend. Les rats parlent peu sur les navires, semble-t-il.
De fait, cest bien installée sur une chaise de la taverne municipale tourangelle quelle compte passer sa matinée, sans doute à grignoter des oignons crus & à siffler les réserves de vin de laubergiste. De fil en aiguille même, elle parvient presque à apprécier quelques-unes de ses rencontres, se lançant dans des réflexions hâtives mais non dénuées de sens concernant lincapacité des borgnes à voir double. Sa logique na pas encore été avalée par les fleuves tumultueux.
Midi sonne enfin, & laissant pourboire conséquent, la trentenaire balafrée entreprend de rentrer dun pas pressé, préférant éviter les réflexions agacées dun noble qui aime à savoir ses gens ponctuels. Sans quil ne le soit plus que ça.
Un vieux serviteur édenté, à peine a-t-elle pénétré le bâtiment, la saisit par le bras, par une de ses mains tâchée de brun & de confiture de figues, sans doute. La gourmandise est un défaut que peu de domestiques savent réfréner.
« LMontbazon qui vous fait mander, mdame Cyrielle, paraît quça urge urgemment ! »
En guise de réponse, le sourcil seul suffit, alors que déjà les bottes boueuses claquent dans les escaliers de pierre.
La porte est ouverte, la chambre parcourue dun il unique & avisé sans que linstruse soit autrement gênée de débarquer ainsi dans lintimité du jeune noble. Le corps se crispe, la main se tend, le cur rate même sans doute un battement.
Pas quelle soit spécialement inquiète pour sa bourse ambulante, mais... Ya comme un problème.
« Angelo ! »
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