Luisa.von.frayner
Calme.
Tout était calme à Épinal, aujourd'hui.
On venait de vivre deux jours des plus mouvementés de l'année, à voir toujours deux, trois tavernes pleines, à voir les rues grouiller d'un mélange de Spinaliens, de renforts et d'ennemis, et les émotions avaient été placées au premier plan. Luisa, elle-même, avait par exemple beaucoup pleuré. Elle avait pleuré de peine, de pitié, de peur, d'inquiétude de culpabilité, aussi, de désespoir, de souvenirs. Elle s'était mise en colère, contre elle, contre la mort, contre son passé, contre Spirit qui lui ressemblait à s'en arracher les cheveux...Et puis, elle avait aussi ri. Elle avait ri grâce à Thomas qui avait dû faire tout son possible pour réussir à lui détacher sa mine abattue, et puis, finalement, elle avait ri de soulagement. Le menteur n'était plus menteur, elle avait retrouvé en lui cette amitié qu'elle avait espéré de toutes ses forces ne pas perdre, et qu'elle avait malgré elle tout fait pour détruire. En vain, et heureusement.
Aujourd'hui, tous étaient partis, il ne restait que des volontaires fatigués des deux nuits qu'ils avaient passé à craindre l'attaque. La plupart devaient se reposer, maintenant. Luisa, elle, ne manquait pas d'être toujours inquiète - elle avait beau avoir apprécié être faussement rassurée par l'attitude du t'chef des méchants, elle savait pertinemment que Nancy risquait encore quelque chose, et sa famille avec. Sa famille, soit ses parents et Lorenz. Les cousins, eux, étaient toujours quelque part ailleurs, et Lothar...introuvable. Mais ça, c'était une autre histoire.
Et donc, inquiète comme elle l'était, Luisa ne pouvait pas, contrairement aux vieux habitués aux combats ou à la sieste, se résoudre à aller récupérer son sommeil. Alors, comme le soir sur les remparts, elle marchait. Elle était venue à Épinal, ne supportant pas de rester enfermée à Hayange et dans l'espoir de perdre un peu de son trop de temps libre à discuter avec l'un ou l'autre ami qu'elle croiserait. Et donc, elle marchait au marché. Elle s'asseyait un instant. Se relevait. Marchait dans les rues marchandes. S'asseyait un instant. Se relevait. Allait faire un tour vers son moulin. Regardait les gens travailler. Les saluait. Repartait. Faisait un crochet vers les champs, et devant un espace en pente de vieille herbe, où toute neige avait fondu, se laissa tomber pour respirer un grand coup l'odeur fraîche et agréable de la porcherie devant laquelle elle s'était arrêtée.
Mmmh, quelle belle vue, par dessus le marché ! Un vrai paradis ! Et encore, elle avait la chance d'avoir sous son nez une odeur remuée par...une chose, autre qu'un cochon, de l'aide, peut-être ? Intriguée, et gênée par l'odeur, un peu, Luisa sauta sur ses pieds après son court repos et s'approcha de l'entrée de la porcherie, passa sa tête par la porte et, haussant un sourcil, zieuta la masse pleine de boue qui se tenait devant elle.
Elle allait pas s'embêter à parler bien, la chose informe et brune-grisâtre devant elle était trop petite pour être un adulte - à moins qu'il s'agisse d'un méchant nain comme le comte de Sochaux - et que s'il s'était roulé dans la boue, c'était à coup sûr un gueux. Enfin...
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Tout était calme à Épinal, aujourd'hui.
On venait de vivre deux jours des plus mouvementés de l'année, à voir toujours deux, trois tavernes pleines, à voir les rues grouiller d'un mélange de Spinaliens, de renforts et d'ennemis, et les émotions avaient été placées au premier plan. Luisa, elle-même, avait par exemple beaucoup pleuré. Elle avait pleuré de peine, de pitié, de peur, d'inquiétude de culpabilité, aussi, de désespoir, de souvenirs. Elle s'était mise en colère, contre elle, contre la mort, contre son passé, contre Spirit qui lui ressemblait à s'en arracher les cheveux...Et puis, elle avait aussi ri. Elle avait ri grâce à Thomas qui avait dû faire tout son possible pour réussir à lui détacher sa mine abattue, et puis, finalement, elle avait ri de soulagement. Le menteur n'était plus menteur, elle avait retrouvé en lui cette amitié qu'elle avait espéré de toutes ses forces ne pas perdre, et qu'elle avait malgré elle tout fait pour détruire. En vain, et heureusement.
Aujourd'hui, tous étaient partis, il ne restait que des volontaires fatigués des deux nuits qu'ils avaient passé à craindre l'attaque. La plupart devaient se reposer, maintenant. Luisa, elle, ne manquait pas d'être toujours inquiète - elle avait beau avoir apprécié être faussement rassurée par l'attitude du t'chef des méchants, elle savait pertinemment que Nancy risquait encore quelque chose, et sa famille avec. Sa famille, soit ses parents et Lorenz. Les cousins, eux, étaient toujours quelque part ailleurs, et Lothar...introuvable. Mais ça, c'était une autre histoire.
Et donc, inquiète comme elle l'était, Luisa ne pouvait pas, contrairement aux vieux habitués aux combats ou à la sieste, se résoudre à aller récupérer son sommeil. Alors, comme le soir sur les remparts, elle marchait. Elle était venue à Épinal, ne supportant pas de rester enfermée à Hayange et dans l'espoir de perdre un peu de son trop de temps libre à discuter avec l'un ou l'autre ami qu'elle croiserait. Et donc, elle marchait au marché. Elle s'asseyait un instant. Se relevait. Marchait dans les rues marchandes. S'asseyait un instant. Se relevait. Allait faire un tour vers son moulin. Regardait les gens travailler. Les saluait. Repartait. Faisait un crochet vers les champs, et devant un espace en pente de vieille herbe, où toute neige avait fondu, se laissa tomber pour respirer un grand coup l'odeur fraîche et agréable de la porcherie devant laquelle elle s'était arrêtée.
Mmmh, quelle belle vue, par dessus le marché ! Un vrai paradis ! Et encore, elle avait la chance d'avoir sous son nez une odeur remuée par...une chose, autre qu'un cochon, de l'aide, peut-être ? Intriguée, et gênée par l'odeur, un peu, Luisa sauta sur ses pieds après son court repos et s'approcha de l'entrée de la porcherie, passa sa tête par la porte et, haussant un sourcil, zieuta la masse pleine de boue qui se tenait devant elle.
- Qui t'es ? Qu'est-ce que tu fous dans la boue ?
Elle allait pas s'embêter à parler bien, la chose informe et brune-grisâtre devant elle était trop petite pour être un adulte - à moins qu'il s'agisse d'un méchant nain comme le comte de Sochaux - et que s'il s'était roulé dans la boue, c'était à coup sûr un gueux. Enfin...
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