Velinka
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La dextre n'avait pas su se défaire de sur le chambranle de la porte restée entrouverte. La main figée, tout comme le reste, la Putain était restée là, immobile sur le seuil de l'entrée, spectatrice du reste de la rixe. En planque derrière elle, les deux autres filles qui n'avaient cessé d'y aller de leurs commentaires, l'une trouvant les uns héroïques, tandis que l'autre, elle, ne tarissait pas ses dires de paroles injurieuses à l'encontre des faquins venus les mettre à mal.
Vélinka, quant à elle, ne disait rien, se contentant de retenir ou encore d'expirer nerveusement, en fonction que la situation allait à l'avantage ou au désavantage de leur protecteur et de ceux qui étaient venus lui prêter mains fortes.
Yeux rivés sur la scène, l'esprit de la Slave ne percevait plus que les bruits des pas labourant les pavés, les bruits sourds des corps qui dans un choc se heurtaient et le bruits de chairs qui se déchiraient sous les coups des lames qui venaient s'y planter pour sitôt s'en extraire.
Étrange sensation de vivre le tout au ralenti. Les bruits, les actions, et ce jusqu'à ce que le premier homme ne s'échoue gueule ouverte sur le pavé, dont les rainures s'abreuvaient déjà du sang dont il se vidait. En un rien de temps, le rouge souillait de plus belle la ruelle. Léger flot qui s'écoule. La Slave en suit du regard la légère descente avant que les yeux aguerris ne décèlent, tapie dans la pénombre, la présence dissimulée.
Puis les voix qui s'élèvent finissant par la rappeler à leurs attentions, c'est sur Edmond qu'elles invitent les tourmalines à venir se poser. Les gredins détalent et voilà la moitié d'homme qui la rejoint lui confiant bourse de cuir avant qu'un geste rassurant ne vienne lui garantir qu'il en était fini... Pour cette fois.
La tête acquiesce alors tandis que la paume se resserre sur le cuir. Déjà la Putain gravit les escaliers prête à aller préparer de quoi se remettre des vives émotions que tous venaient de vivre. Un geste, quelques mots pour signifier aux filles de la suivre pour l'aider :
- Allons-y ! Vous avez entendu c'qu'a dit Edmond...
Ses compagnonnes acquiescèrent et l'imitèrent sans rechigner jusqu'à ce qu'elles reviennent les bras chargés et de timbales et d'une bouteille d'un vin prêt à être dégusté.
Et si les unes se chargeaient déjà de convier leurs sauveurs de venir s'installer, Vélinka quant à elle s'était rapprochée d'Edmond et de celle qui lui tenait discussion se présentant comme la cousine de ce dernier.
Un regard porté à Edmond, la voilà qui se retire un bref instant avant de revenir avec en ses mains une bassine remplie d'une eau tiède , une serviette posée sur son épaule et s'adressant à la Rousse cousine :
- Si vous voulez bien...