.galiana.
[Au cur du palazzo dIl Cardinale Rome]
- Galiana Galiana dépêche-toi ! Tu dois quitter Rome ce soir.
- Mais quest-ce qui se passe Ravena quy-a-t-il donc de si urgent ?
La jolie italienne dune vingtaine dannées se tenait, un grimoire à la main, devant une femme bien plus âgée quelle et qui, déjà, fourrait quelques vêtements dans une malle.
- Je nai pas le temps de rentrer dans les détails mais disons que celle qui devait mourir est toujours de ce monde et quelle exige des réponses à ses questions.
Puis se tournant vers Galiana, la vieille femme mit ses mains sur ses épaules, resserrant ses doigts tels des serres daigle ce qui ne manqua pas darracher une grimace à la jolie brunette.
- Tu nas plus le choix, ton nom a été murmuré dans les alcôves de certains palazzo.
Le visage de poupée de porcelaine devint alors opalescent. Lhistoire était bien trop cruelle pour être vraie, bien trop extravagante, bien trop Mais dans les yeux de Ravena, cette vérité éclata au visage de Galiana. Elle repoussa son mentor, celle qui lui avait tout appris, celle qui sétait chargé de son éducation depuis sa petite enfance.
- Non non cela ne se peut pas cela ne peut pas être ainsi il noserait pas jai été à son service durant des années il ne peut pas me sacrifier comme ça nest-ce pas Ravena ? . Nest-ce pas Ravena ?
La question fut doublée, signe de son affolement. Galiana était saisie par ce quelle voyait dans le regard de la vieille femme et même si tout lui disait le contraire, elle espérait encore se tromper. Pourtant il lui fallut admettre la vérité et suivre les conseils de la vieille femme.
Le soir venu, deux malles furent chargées sur une charrette et Galiana prit la fuite en direction dun ailleurs quelle ne connaissait pas, dun ailleurs quelle avait encore du mal à simaginer, dun ailleurs qui lui laissait un goût amer dans la bouche. Pourtant, malgré la peine et la peur, pas une larme ne fut versée. Galiana ne regarda même pas en arrière. Malgré son jeune âge, elle avait été à bonne école et Ravena lavait endurcit au point de ne jamais sémouvoir pour des futilités. Et le voyage commença dans cette nuit glaciale où le léger vent venait frigorifier la peau et les os de la jeune Romaine.
Les jours sensuivirent dans un parfait mutisme. Galiana ne pensait à rien, son esprit était vide de toute émotion, de toute pensée cohérente. Lhomme qui laccompagnait nétait guère plus bavard et à part lui donner des instructions, elle ne le regardait jamais, ses yeux étant perdus sur lhorizon qui soubliait devant elle.
Plusieurs haltes furent observées durant ce long trajet jusquà Genève où la donzelle ordonna à son acolyte dattendre de ses nouvelles avant de reprendre la route. Il était des choses quelle devait maintenant mettre en place pour sa propre sécurité mais aussi pour son avenir. Et cela commençait ici et aujourdhui avec un courrier qui devait déterminer si oui ou non Ravena avait eu raison de la faire partir à lautre bout du monde. Daccord, cétait là bien exagéré mais dans son esprit ça ne létait nullement, surtout pour soit disant son bien qui plus, ce dont la donzelle doutait fortement.
Prenant plume, encre et vélin enfermés dans un petit coffret de bois ciselé que contenait lune de ses malles, Galiana sinstalla près dun feu crépitant, au cur dune taverne vide. Lheure était apparemment encore au sommeil mais elle, elle jouait sa vie. Sauf que Galiana ne savait pas faire semblant et la vérité, à quelques mots près, se devait dêtre dite. Au moins chaque partie savait à quoi sen tenir. Et puis soit on lui accordait le droit dasile soit on la renvoyait chez elle où elle finirait par mourir violemment sous une lame quelconque. Le cardinal ne plaisantait pas avec les affaires qui navaient pas abouti, Galiana le savait que trop bien.
Citation:
Votre Grasce,
Il va sans dire que vous serez étonné de recevoir missive dune parfaite inconnue mais plus encore de ce quelle contient mais pour lheure, je ne peux que compter sur vous.
Pourquoi allez-vous penser ? Et bien parce que lorsque jai besoin de quelque chose, je ne vais pas par quatre chemin et quil est préférable de sadresser au bon dieu plutôt quà ses saints qui généralement sont ailleurs ou trop occupés pour répondre. Donc maintenant que je vous ai expliqué une partie de ma motivation, jen viens à lobjet de mon courrier.
Il ma été rapporté dernièrement que vos frontières étaient fermées aux voyageurs et que pour pénétrer sur vos terres, il fallait le fameux sésame. Et jai besoin de venir en Savoie du moins, cest urgent et jy demande asile. Oh mais pas à nimporte qui bien entendu. Cela naurait pas la même saveur si cela était au gentil fermier du coin et certainement trop facile. Non je vous demande asile à vous votre Grasce, Marc Antoine di Leostilla qui ne pourrait, jen doute fort, refuser dans la mesure où je fais cette demande au nom dune vieille connaissance à vous, qui vit à Rome et qui ma élevé.
Les brumes sobscurcissent autour de vous. Vous avez un doute, vous hésitez ? Si vous ne voyez toujours pas de qui il sagit, je ne citerais que le nom par lequel on la nomme entre nous. Ravena, chère Ravena, maitresse du bien comme du mal, qui fut un temps attachée à votre service. Elle estime que vous serez à même de moffrir léloignement dont jai besoin tout en mettant mes compétences à votre service si vous exigez une compensation. Connaissant votre grandeur dâme, je pense que vous et moi savons que vous ne faites jamais rien sans rien donc je suis prête à honorer ce quexige Ravena en échange dun lieu où me terrer. Bien entendu, tout ceci reste à votre discrétion mais je doute que vous puissiez refuser quoi que ce soit à La Strega. Quen pensez-vous messire ?
Je suis actuellement à Genève où jattendrais donc un signe de votre part. En espérant toutefois que vous usiez de votre légendaire gentillesse à mon égard pour aider une jeune femme dans le besoin
Alea jacte es.
Galiana Foscari.
Faict à Genève, le 17ème jour de janvier de l'an de grasce mil quatre cent soixante et un.
Il va sans dire que vous serez étonné de recevoir missive dune parfaite inconnue mais plus encore de ce quelle contient mais pour lheure, je ne peux que compter sur vous.
Pourquoi allez-vous penser ? Et bien parce que lorsque jai besoin de quelque chose, je ne vais pas par quatre chemin et quil est préférable de sadresser au bon dieu plutôt quà ses saints qui généralement sont ailleurs ou trop occupés pour répondre. Donc maintenant que je vous ai expliqué une partie de ma motivation, jen viens à lobjet de mon courrier.
Il ma été rapporté dernièrement que vos frontières étaient fermées aux voyageurs et que pour pénétrer sur vos terres, il fallait le fameux sésame. Et jai besoin de venir en Savoie du moins, cest urgent et jy demande asile. Oh mais pas à nimporte qui bien entendu. Cela naurait pas la même saveur si cela était au gentil fermier du coin et certainement trop facile. Non je vous demande asile à vous votre Grasce, Marc Antoine di Leostilla qui ne pourrait, jen doute fort, refuser dans la mesure où je fais cette demande au nom dune vieille connaissance à vous, qui vit à Rome et qui ma élevé.
Les brumes sobscurcissent autour de vous. Vous avez un doute, vous hésitez ? Si vous ne voyez toujours pas de qui il sagit, je ne citerais que le nom par lequel on la nomme entre nous. Ravena, chère Ravena, maitresse du bien comme du mal, qui fut un temps attachée à votre service. Elle estime que vous serez à même de moffrir léloignement dont jai besoin tout en mettant mes compétences à votre service si vous exigez une compensation. Connaissant votre grandeur dâme, je pense que vous et moi savons que vous ne faites jamais rien sans rien donc je suis prête à honorer ce quexige Ravena en échange dun lieu où me terrer. Bien entendu, tout ceci reste à votre discrétion mais je doute que vous puissiez refuser quoi que ce soit à La Strega. Quen pensez-vous messire ?
Je suis actuellement à Genève où jattendrais donc un signe de votre part. En espérant toutefois que vous usiez de votre légendaire gentillesse à mon égard pour aider une jeune femme dans le besoin
Alea jacte es.
Galiana Foscari.
Faict à Genève, le 17ème jour de janvier de l'an de grasce mil quatre cent soixante et un.
Galiana suspendit son geste en observant ses écrits. Elle ne connaissait lhomme quà travers ce que lui en avait dit Ravena et la Bella donna mettait tous ses espoirs en lui. Inconscience ou folie, telle était la question que la jeune femme se posait à linstant même où, à peine roulé, le vélin vint finir entre les mains dun coursier quelle paya grassement afin quil uvre pour remettre le courrier à qui de droit. Il ny avait plus quà attendre.