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[RP] Ce qu'elle aurait voulu lui dire ...

Harchi
    Pourquoi je vis, pourquoi, je meurs ?
    Pourquoi je ris, pourquoi je pleure ?

    Voici le S.O.S
    D'un terrien en détresse
    J'ai jamais eu les pieds sur terre
    J'aimerais mieux être un oiseau
    J'suis mal dans ma peau

    J'voudrais mieux voir le monde à l'envers
    Si c'était plus beau vu d'en haut
    D'en haut

(S.O.S d'un terrien en détresse, Opéra Rock Starmania)

Comment décrire l'état d'esprit du vieux reitre ? Au bord du gouffre, le cœur suintant de liquide écarlate chauffé au fer rouge d'une douleur insupportable. La Flamme a le don d'être brulante quand elle irradie d'une colère pure. Le vieil homme n'a pu trouver la force de lui répondre. Après tout l’Étincelle n'est pas si loin de la vérité. Theobald n'est-il pas le responsable de tout ce qui est arrivé ? N'est-ce pas de sa faute après tout ? Les mots de la Rousse lui fond l'effet d'une lame plantée en plein cœur. Si brutales, violents et tellement vrai. La main burinée peine à tracer l'arrondi des lettres et l'écriture semble désormais négligée.

Citation:

A ma Petite Flamme,

Que répondre à ta dernière lettre si ce n'est que tu as raison. En tout mot, en tout point, tu as raison. Je suis le responsable de la vie que nous menons maintenant. Je suis le responsable de la mort de ta Mère, de ton frère et de ta sœur. Je suis le responsable de ton enlèvement. Je suis le responsable de ta solitude. Je suis le responsable de ce semblant de vie avec Aldraien. De ces illusions auxquels tu as tant cru, de ce désespoir qui te gagne désormais alors que tu t'apprêtes à donner la vie. De ce gouffre béant dans ton cœur et qui peine à se remplir d'amour parental. Je pourrai, oui, je pourrai te demander pardon. Mais les excuses ne sont que des mots.

Et les mots, ma chérie, tu l'apprendras avec le temps, il faut leur accorder moins d'importance. Je sais à quel point tu les chéries, à quel point tu les crois sincères. Mais regarde-toi mon Enfant, où en sommes nous maintenant ? Un jour, une femme, une baronne t'a promis une douce et belle vie, pleine d'amour et d'attention. Tu l'a cru mon Enfant, tu l'as cru sans jamais te douter que la vie de cette femme était par l'épée et qu'elle abandonnerait chair et sang pour aller guerroyer. Ne dis-tu pas que tu as en charge ses derniers nés ? Toi à peine femme, encore enfant. Toi petite prunelle qui a tant besoin de présence de tendresse et d'amour. C'est sur toi, une fois encore que la famille repose tout entière et je suis sûr qu'on trouve encore le moyen de te faire des reproches.

Tu es bien naïve ma chérie, bien naïve mais tellement innocente. Et au fond de toi, je le sais, tu souffres de la méchanceté du monde même si tu sais parfaitement être piquante. Tu me veux coupable ? Je le suis déjà mon Enfant, pas un jour ne se passe sans que je regrette d'avoir accepter cette ultime campagne militaire. Pas un jour ne se passe sans que le sourire de Ma Sylvine n'hante mes rêves. Pas un jour ne s'écoule sans que je souffre de t'avoir élever comme ma fille sans que je sache qui tu es réellement. Pas un matin ne se lève sans que je regrette de t'avoir interdit les sentiments, les étreintes. Moi pauvre homme qui avait tout perdu, que serait-il advenu de moi, si je t'avais tenu dans mes bras ? Tu lui ressemblait tellement ... Et pour cause elle et toi n'êtes qu'une. J'ai été égoïste, car je t'interdisais de t'attacher à moi, mais je m'interdisais tout autant de t'aimer. Ma Fille.

Alors oui, pour toutes ses raisons je suis coupable, coupable de tout ce que tu voudras. J'aurai pu t’épargner toutes ses souffrances, j'aurai pu abréger tout cela. J'ai failli le faire d'ailleurs. Quant ta charge on me confia comme peine de prison, j'ai voulu de toute mes forces, de tout mon être, de tout mon corps, cesser ta respiration. Tu vois, j'aurai pu être le coupable de ton meurtre également. Mais quand sur ton visage parsemé de tâche brune tu as esquisser un sourire rien que pour moi. Je n'ai pu, j'ai su ce jour là que toi et moi étions liés. J'ignorai simplement à quel point. Tu déplores mon absence ? je pleure ton silence quand tu me croises dans la rue. Certes tu ignores encore qu'Harchi n'est autre que le soldat disparut, mais petite Flamme tu étais l’Étincelle de ma raison. Je vieillis, et l'age ne sied pas aux soldats, trop de crimes, trop de sang, trop de vie par l'épée arrachées. Toutes ses images d'horreur finissent par venir à bout d'un esprit sain. Mais je tiens bon ... encore ... un peu ... Juste pour t'apercevoir Ma Fille, juste pour te voir parée d'une robe étincelante aux armes de Montmaur, tenir la main de mon petit-fils au bras de ton époux et qui sait avec le ventre arrondi d'une future maman. Là ... ce jour là je saurai que je n'ai pas tout raté et alors je pourrait m'endormir en paix.

Mettre fin aux délires de ma Folie, et retrouver la quiétude des jours heureux. Qui sait ... le ciel m'accordera peut-être de revoir juste le temps d'un battement de cils, le visage radieux de ma Sylvine, d'étreindre brièvement mes enfants. Alors là, je serai comblé pour l'éternité, et l'enfer Lunaire et ses tourments ne seront que secondaires. Hâte toi ma Fille, si tu tarde trop, Ma Folie s'emparera de moi et elle veut ta peau. Jamais je ne pourrai supporter cela. Hâte-toi mon Enfant, la Faucheuse m'implore de lui céder mon ultime souffle. Et lorsque que je l'aurais expié, et que mes paupières lourdes se fermeront sur mes yeux aveugles et fatigués, je serai alors coupable de t'avoir caché la Vérité. Marie, je suis ton père. Voilà c'est quatre mots sont écrits parce qu'ils te seront dure à avaler quand de l'ordre dans mes affaires tu viendras mettre après mon décès. Crois-moi mon Enfant. Je suis ton Père et je t'ai aimé. Je t'ai cru morte et pendant des années je t'ai pleuré. quel coup du sort de s’apercevoir à tes quatorze ans qu'en fait je pleurai le décès de celle que j'élevais.

Pardonnes-moi de ne t'avoir rien dit, pardonnes ceux qui le savaient. Sindanarie, Aldraien, Kylian. Ils n'ont fait que m’obéir et c'est pour toi que c'est resté caché.
Je t'Aime Ma Fille, et je ne le cesserai jamais.

Harchi .... Non Théobald ....

_________________
Mahelya
    I've become so numb I can't feel you there
    Become so tired so much more aware
    I'm becoming this all I want to do
    Is be more like me and be less like you


La Nuit était bien avancée déjà quand la Rousse ressentit le besoin d'écrire à son Fantôme. Ce père disparu, aimé, détesté. Cet être qui concentrait à lui tout seul toutes les humeurs de la Jeune femme, perdue, déstabilisée. Habitué à la colère, cette fois l’Étincelle ne laisserait que le très profond sortir de sa plume de cygne noir finement taillée. A l'encre noire comme toujours déjà des lettres, des mots, des phrases s'esquissaient sur les reliefs de la peau finement tannée. La Frêle pas bien épaisse n'a plus que le ventre de rond, à bout de souffle, à bout de force, il est temps que le temps avance et qu'elle s'accorde au moins une semaine complète de sommeil, simplement blottit dans les bras de celui qu'elle aime à se laisser bercer par les battements de son cœur. Que le temps s'arrête Seigneur ...


Citation:

    A vous, A toi, A celui que je ne sais pas nommée,
    De moi, de nous, de celle qui ne sait plus qui elle est.

    Papa,

    Si vous saviez comme je suis fatiguée, si vous saviez papa comme j'ai mal et comme je souffre, en silence je l'espère. Je pensais être forte, je pensais avoir l’étoffe mais je me suis fourvoyée Papa, je me suis bercée de douces illusions et la chute n'en ai que plus fatale. Ca fait mal Papa ! Je saigne à l'intérieur, je le sais, j'ai si mal ... Est-il seulement possible de ressentir pareille souffrance ? Aveuglée par de belles idées, j'ai cru que j'y arriverai, finalement je ne fais que survolé.

    Je me sens démunie, fragile, seule. Mais d'un autre coté, je me sens un monstre, une sans-âme, une sans-cœur. Me croyez-vous si je vous dit que j'ai été contraire d'ouvrir un dossier contre ma propre cousine, Eldearde, la dernière des Kierkegaard, qui a déserté le comté sans démissionner et sans mon Accord. Ma cousine, mon sang, ma fragile ... Celle que j'avais juré de protéger, voilà que c'est moi qui me fait son bourreau. Je n'aurai jamais cru Papa, je n'aurai jamais cru avoir à faire cela, pire encore je ne m'en serai jamais cru capable. Celle qui protégeait sa famille envers et contre tout, au nom de son nouveau rôle, dénonce tout et tout le monde. Au moins, un petit éclaircit dans ces ténèbres je ne suis pas une corrompue.

    Intègre et honnête, celle que je fut toujours, du moins j'ai fait de mon mieux pour l'être, pourtant je ne me reconnais plus. Je ne sais plus celle que je suis, ou celle que suis censée être ... Et je crois que Kylian non plus ne reconnait plus la femme qui dort à ses cotés, enfin quand elle dort ... J'ai si peur de le perdre mais je suis si distante. Parfois j'ai l'impression d'être de la glace... Est-ce la fatigue ? la grossesse ? le manque d'envie ? le besoin de changer d'air ? Je me marie bientôt, le 21 octobre pour être précise, et j'ai peur Papa, j'ai peur, j'en fais des cauchemars. J'ai peur de me retrouver seule devant l'autel. Qu'il me dise non, ou que la cérémonie n'ait pas lieu. A qui puis-je parler de cela, si ce n'est à ma famille ... mais voilà, Elle n'est pas là, elle n'est plus là et la dernière goute de notre sang vient de partir pour le nord. Une fois encore c'est la solitude qui me tient compagnie.

    Je prie Papa, je prie chaque jour que le Très-haut me donne la force d'avancer, de continuer. l'éclaircie à l'horizon est la fin de ce mandat. J'ai fait ce que j'ai pu avec ce que j'avais, j'ai été bien aidée par certains, par d'autres moins. Je veux juste que cela se termine et que je redevienne celle que Kylian aime.

    J'ai froid Papa, j'ai mal Papa, je me sens seule Papa.
    Prends juste soin de toi où que tu sois.
    Il est plus que l'heure que j'aille dormir, j'espère qu'Il me laissera me glisser dans ses bras.

    A bientôt Papa, si Dieu me prête vie, je te parlerai de ton petit-fils ou de ta petite-fille.

    M.


La Cousine Sindanarie ferait son office une nouvelle fois et la lettre comme toujours tomberait dans les mains burinés de ce père ignoré : Harchi ... Theobald ... Pour la Flamme se redresse non sans difficulté. Sa colonne vertébrale craque sous l'effort mais la vision du lit parentale à travers la porte ouverte lui donne le courage des quelques derniers pas. C'est ainsi qu'elle dormira, habillée, sur les couvertures, la seule chose qu'elle recherche : la main de Kylian sur son ventre vivant.


_______________
(Extrait de Numb Linkin Park
Traduction approximative :
Je suis devenu si engourdi que je ne vous sens plus
Devenu si fatigué beaucoup plus conscient
Je suis en train de devenir ceci, tout ce que je veux faire
Est d'être un peu plus comme moi et un peu moins comme vous.

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Harchi
[Quelques jours après le 21 octobre 1461 - Mariage de Kylian et Mahelya]

Depuis les derniers échanges avec sa Fille, beaucoup de choses avaient changé. Bien évidemment Theobald était toujours porté disparut pour la Rouquine et seul Harchi demeurait son Ombre. Oui, le secret n'avait pas été dévoilé. Il n'en démordait pas le Vieux Reître, selon lui, c'était mieux ainsi, ce silence qu'il imposait à Ceux Qui Savaient, préservait leurs deux cœurs, le sien fatigué par les années, et celui d'elle, fatigué de n'avoir que trop espéré. Il en était convaincu, il en était certain, aussi certain que le ciel est bleu, que l'herbe est verte et que le soleil brille en été ... Cela ?! Ca n'avait pas changé, non l'évolution résidait ailleurs ... quoique s'y était un lié finalement. Pour la conduire dans sa robe carminé jusqu'à son Futur Epousé, c'était lui que l’Étincelle avait choisi. Le Harchi, Le Valet, Le soldat dont le visage buriné par le temps ne cessait d'afficher depuis lors un sourire radieux, conquis, ravi. Sans le savoir, la petit maline lui avait accordé, elle-même, le droit de mener sa fille le long de la nef dans la jolie Église. Le souhait d'un homme qui avait - presque - tout perdu, le Bonheur d'un Père. Qu'il avait été fier, qu'il était comblé depuis.
Et c'est par quelques rimes qu'il tenait à lui exprimer tout en pudeur et simplicité, ce que Mahelya représentait pour lui, aujourd'hui, demain, pour toujours, à jamais.


Citation:

A ma Très Chère Fille,

La Vie cruelle, mon Enfant, s'est jouée de nous,
Mais le Temps, ce qu'elle impose, toujours dénoue.
La joie m’étreignit, lorsque ton bras fin je pris,
Et que nous avançâmes jusqu'à ton Mari.

Tu était belle, ma jolie petite fille,
Étincelante, charmante étoile qui brille.
Jamais un père ne connaitra plus grand émoi,
Que le jour, où la main de sa chair, il octroi.

Vit ma Filia et toujours affiche ton sourire,
Soit comblée, qu'au Paradis j'entende ton rire.
La chair pourri mais l'âme, éternelle, perdure,
De ta Flamme, j'ai besoin, dans ce monde d'Obscure.



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Harchi
[Entre le 8 novembre et le 23 novembre 1461]

La carcasse fatiguée ne cesse ses aller et retour entre la chambre assignée à l'Enfant et celle assignée à sa Fille. Si la Première le gratifie de sourires, de gazouillis enjoués, le charme pour qu'il la prenne dans ces bras - ce qu'il ne manque pas de faire - la seconde reste inerte, inanimée. Implacable statue marmoréenne. Même son ventre devenu trop maigre, ne formant qu'un creux où les os de ses côtes marquent sa peau trop blanche, ne laisse plus entrevoir l'air emplir ses poumons. Son Étincelle, sa petite Rousse, sa Fille semble figée dans le temps et l'espace. Immobile. Alors le cœur du vieux reître s'arrête. Le Père inconnu et disparu ne s'autorise à respirer que lorsqu'elle le fait. L'homme veille, l'homme prie, il a retrouvé un semblant de foi, lui qui avait abandonné le Très-Haut depuis longtemps. Mais si sa Flamme y croit alors ne doit-il pas tenter lui aussi ?

Chaque nuit alors que la maisonnée sommeille, le Soldat à la crinière grisonnante s'isole et implore le Divin. Pour Elle ...


- Dieu,
Ce n'est pas pour moi que je te prie !
Il y a bien longtemps que j'ai cessé de croire en toi.
Pas Elle !
C'est pour Elle que je m'adresse à toi ... Elle qui croit en toi
Elle qui croyait en toi et que tu m'as retiré.
Ne me les retire pas toutes les deux.
Tu ne peux être cruel à ce point !
Tu nous a délaissés, ne la laisse-pas tomber.
Guide-la ! je t'implore !
Rend-la moi !


Le désespoir teintait les paroles d'Harchi/Theobald. Le pauvre homme avait laissé sa foi avec le cadavre de sa femme. Comment un seigneur bienveillant aurait-il pu laisser un être humain faire cela à Sylvine. Alors certes, les paroles du Père n'avaient que peu de croyances, que peu de foi, sans doute un diacre, un curé ou un évêques aurait qualifier la prière de blasphème. N'est-ce pas trop demander à un homme qui a perdu sa vie entière de louer le Seigneur qui a façonner les hommes responsable de son malheur ? Le cœur du vieux soldat dégoulinait de noir ... Amère d'avoir du dire adieux à la Seule de sa vie. Mais il était prêt à tout tenter pour Marie, même à s'adresser en ce Dieu qu'il avait pourtant banni de sa vie.

Citation:

A ma Fille bien aimée,
Te voilà Femme et Mère maintenant. Le Rêve de toutes jeunes filles
Pourtant, indubitablement tu restes les yeux clos. Je te regarde, et tu reste là, immobile comme une statue mortuaire. J'ai peur mon Enfant, j'ai peur que tu cesses d'espérer et que tu ne cèdes à la Fatalité. J'ai peur ma Fille, j'ai tellement peur d'assister à ton enterrement. Tu n'as pas le droit Marie ! Absolument pas le droit. Je ne le supporterai pas. Ce n'est pas aux parents d'enterrer leurs enfants. L'idée est tellement abjecte que même la langue française n'a pas l'audace de créer ce mot.

Chaque jour, en passant devant ta porte, j'espère apercevoir tes prunelles. Même ternes, même fatiguées, même un peu vagues ... juste de pouvoir admirer l'éclat des yeux de ta Mère. Tu n'as pas le droit Marie, pas le droit d'abandonner. Mourir, serait effacer le souvenir de Sylvine. Et je ne peux le tolérer. Tu es son reflet, un peu d'elle un peu de moi ... Et je ne peux rester seul Marie, pas encore, pas cette fois. J'ai déjà vécu quatorze années d'Enfer simplement éclairées de ton sourire, alors que je ne te connaissait pas encore. J'ai souffert plus de mille mort quand dans mes rêves je voyais sa silhouette étendue dans la neige, mais j'ai vécu mille vies quand le matin, bébé, enfant ou jeune femme, d'un regard pétillant tu balayais les cauchemars de mes nuits.

Ma Fille chérie, ma Flamme, mon Étoile. J'implore le ciel pour toi et cela ne suffit alors je vendrai mon Âme pour toi. Après tout, elle t'appartient, c'est toi qui me l'a rendu, pas un simple sourire, alors que ma main assassine allait s'abattre sur ton berceau ... Je ne savais pas Filia ... Je n'ai pas compris Filia ... Mais à présent je sais que c'est toi qui m'a redonné vie. Laisse-moi faire pareil pour toi mon Enfant. Laisses-moi être ton Père un instant. Abandonner ce carcan de ton Ombre, pour t'étreindre et te veiller comme si jamais la vie ne nous avait séparée. Ma gorge se serre Marie, l'idée même que tu n'ouvres plus les yeux m'enserre la gorge et m'étouffe à petit feu ...

Reviens Marie ... Reviens-moi mon Tout Petit.



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Mahelya
[Dans la Chambre Couleur cuisse de Nymphe Émue - Auberge La Flamme dans les Ténèbres]

C'est là ! Oui là que s'installait la Rousse avec la Petite Héliana durant les journées à Limoges. Kylian venant les rejoindre aussi souvent qu'il le pouvait. Ce lieu symbolique pour le jeune couple était aussi idéalement placé, non loin de tout et pourtant d'un calme apaisant. L'enfant que l'on venait d’allaiter dormait paisiblement sous une épaisse couverture. Marie assise sur le lit, accoudée sur le berceau regardait son enfant s'envoler aux doux pays des rêves. Le regard de l’Étincelle était doux, fier, gorgé d'amour pour ce petit être qui pourtant ne respirait que depuis trois mois. Trois mois pour bouleverser une vie.

La main fine et délicate, parfois, s'aventurait sur les quelques petites boucles rousses qui s'échappaient du bonnet de nuit. Sa fille était Belle : Sa plus grande réussite. Alors pourquoi, les prunelles de la Flamme se teintaient de tristesse lorsque la foule disparaissait et qu'elle se retrouvait seule. Pourquoi son sourire n'était-il qu'en demi teinte ? Le cœur commençait à lui peser et même si son époux avait trouvé les mots justes, les mots rassurants. C'est d'un Père, dont Marie avait besoin pour être rassurée. La Frêle silhouette se leva donc. Un dernier sourire pour l'enfançon, une bise qui effleure son front, les boucles rousses de la mère qui chatouillent le petit nez mignon, arrachant une petit grimasse ensommeillée du bébé. Le sourire s'élargit. Elle pourrait rester là des heures à contempler son trésor. Des journées entière à s'émerveiller de chacun de ses gestes. Oui, elle le pourrait, elle le ferait sans doute d'ailleurs si des besoins plus primaires ne lui rappelaient pas qu'elle avait une vie aussi.

Encore quelques instants, et les iris concèdent enfin à se détourner. Alors entre l'admiration et la désolation, l'Incandescente oscille jusqu'au siège de l'écritoire. Là une plume, de l'encre noire, et quelques parchemins. Il ne faut pas attendre bien longtemps pour entendre la plume courir sur la peau finement tannée.


Citation:

    Papa !

    Voilà bien longtemps que je ne vous avais écrit et pourtant chaque jour je ne peux m'empêcher de penser à vous. Que voulez-vous ... Est-ce sans doute normal que les enfants pensent à leurs parents. Croyez-vous ? J'aimerai bien ... L'inverse est-il correct également ? Je crois que oui ... Nous y reviendrons. Laissez moi d'abord parler un peu de vous, parfois de moi, beaucoup de tout.

    Faute de votre présence, me voilà désormais chef d'une famille de fantômes. De fantômes ou de cadavres, je ne côtoie que les deux. J'arbore le blason qui fut votre et je ne sais encore si cela me rapproche un peu plus de vous, ou si cela nous éloigne. Comment étiez-vous ? Si seulement je le savais peut-être pourrai-je tenter de glisser mes pas dans vos traces.

    Je suis perdue Papa, et même ma récente maternité, au lieu de m'apaiser m'apporte d'avantage de questions. Vous êtes grand-père ! Une petite fille, rousse aux yeux verts. Heliana est son prénom. Elle est belle si vous saviez comme elle est adorable. Mais je ne suis mère qu'en demi teinte ... Je ne peux l'allaiter, je ne peux la tenir contre mon sein, je ne peux la nourrir de moi. Savez-vous comme il est dure papa, de voir que votre fille s'accroche à une autre, puise ses forces du lait d'une autre ? S’agrippe à la peau d'une autre, parce que sa vie en dépend ?

    Les liens qui se créent dans ses moments intimes ... Pourrai-je un jour les tisser avec elle ? Ou sera-t-elle plus proche de la Nourrice ... Pour toujours. J'ai l'impression que je passe à côté du plus beau dans la maternité. Mon cœur souffre et saigne quand je vois les regards gourmands et complices qu'elle échange avec cette femme que l'on paie pour son lait. Je me sens mise de côté, désemparée à ne pouvoir créer avec ma propre fille pareil complicité. Qu'en était-il de Maman ? Nous a-t-elle nourrit ? Avait-elle fait appel à une nourrice ? Serait-elle dans le même état que moi, dans la même situation ?

    Je ne sais plus Papa ! Je suis un peu perdue ! J'aimerai tellement qu'Heliana m'aime. Mon cœur de mère de survivrait certainement pas à son indifférence.

    Elle gigote et chouine. Je dois vous laisser. Je vous écrirai plus longuement plus tard. Vous m'avez manqué.

    M.


En effet la petite puce commençait à s'agiter dans son berceau. Et bien vite, comme si tout l'univers en dépendant, Marie se retrouvait à ses côtés à fredonner doucement pour l'apaiser les paroles d'une chanson venant de son enfance. Main délicates caressant son petit front, prunelles attendries veillant sur le sommeil de son enfant.

    Parle-moi, parle-moi,
    j'ai besoin de tendresse
    Il n'en reste plus beaucoup
    dans ce monde un peu fou
    M'en veux pas,
    ne ris pas,
    je suis comme une enfant
    Parle-moi,
    parle-moi,
    doucement et longtemps


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(*) Paroles de "Parle-moi" de Nana Mouskouri
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