Bilbon
[Je suis pendu à votre cou dans le plus beau de mes rêves
Mais je ne me réveille jamais près de vous et j'en crève] *
Chinon - Duché de Touraine - le 11 janvier 1461
Duncan s'ennuyait, et ne décolérait pas. Il avait assez idiot pour se payer une armée complète version maxi-formule supplément de champignons gratis. Bloqué quarante-cinq jours à Chinon, il ne pouvait que ronger son frein. Dix jours avaient passé depuis, mais tout de même, ça faisait longtemps à patienter. Surtout que la peste radinait gentiment dans le quartier, à ce qu'on disait. Champagne et Alençon touchés, à quand la Touraine ?
Pendant ce temps, sa Syu faisait dieux seuls savaient quoi, toute seule dans le sud. Il avait confiance en elle, ce n'était pas le soucis. Il était simplement en manque. En manque d'elle. Il l'avait retrouvé pour mieux la quitter. Ils n'avaient passé qu'une nuit ensemble, et il desséchait d'envie de replonger son nez dans sa chevelure de soie aussi rousse que les flammes. D'ailleurs, c'était ça, Syu : un feu follet, un feu de joie, une flamme qui ne s'éteignait jamais. Dieux comme il l'aimait !
Allongé sur son lit dans sa chambre d'auberge qu'il louait pour un prix modique (et c'était tant mieux vu l'état de la piaule) il laissait la guérisseuse étaler ses onguents sur son torse bardé de cicatrices. Les soldats ne l'avaient pas loupé, les teigneux ! Coups d'épées sur coups d'épée, et lui qui n'avait rien pour se défendre... Il ne grimaça pas quand les doigts habiles de la femme s'enfoncèrent un peu trop dans ses chairs. Il ne prêtait pas attention à la douleur, il n'avait que sa Précieuse en tête.
La veille, elle lui avait écrit la nouvelle la plus extraordinaire qu'il eut jamais reçu de sa vie. Il allait être père. Mince, avait-il pensé sur le coup. Pas parce qu'il ne voulait pas d'enfant, mais parce qu'il allait devoir partager sa femme et pour le moment il aurait voulu l'avoir pour lui seul. Mais cette idée avait été chassée par la prise de conscience. Père, il allait être père. Un mois et demi depuis qu'il l'avait retrouvé, une nuit extraordinaire, et il allait être père.
Duncan avait aussitôt imaginé une pléiade de petits courant autour d'eux. Un fils valeureux, guerrier. William, en honneur au père de Syu. Une fille rousse comme sa mère qui aurait aussi son tempérament fougueux. Comment l'appeler ? Et pourquoi pas pleins d'enfants ? Ce n'était pas difficile à faire, et franchement agréable. Bon après, les mettre au monde évidemment c'était une autre paire de manches mais ça valait le coup. Oui, tout valait le coup quand c'était avec Syu.
L'Ecossais songea à Soren. Il ne l'avait jamais vu, et il ignorait même qu'elle trogne il se payait. Vaguement, Syu lui avait décrit un danois, blond, yeux bleus, grand, musclé, plutôt beau. Il en avait été irrité. Pas après sa Promise, non, mais après lui, ce crétin aux cheveux clairs, lui qui était brun comme la terre. Il avait réussi à séduire sa Syu. Il irait le trouver, un jour, en descendant vers elle. Oui, il ferait un crochet vers Bergerac, pour voir à quoi ressemblait la bête. Voir quel crétin fini avait osé cessé d'aimer Syuzanna-la-parfaite.
La femme avait fini, il se leva pour la payer d'une pièce d'or, comme elle le voulait, puis prit un parchemin, une plume, un encrier, et rédigea quelques mots pour celle qui hantait ses pensées nuit et jour, jour et nuit.
Ma Syu,
Je suis toujours coincé à Chinon comme tu le sais. Encore 35 jours à tirer avant de te rejoindre. Où es-tu ? Fais bien attention à toi. A lui aussi, ralenti un peu sur la castagne, le temps de la grossesse, tu veux ?
Parlant de grossesse, l'as-tu annoncé à ta famille ? J'ai hâte de te revoir, tu ne peux pas savoir à quel point. J'ai hâte de voir si tu seras aussi grosse que ça, toi qui est épaisse comme un fétu de paille !
Où que tu sois, fais bien attention. Mange solide, l'hiver est dur, surtout dans le nord.
Je t'aime.
Duncan.
PS : William ?
Duncan plia le parchemin, le scella comme il fallait, et saisissant son pigeon grassouillet qui somnolait sur son perchoir, il y accrocha la lettre et lança le volatile par la fenêtre.
_________________
Mais je ne me réveille jamais près de vous et j'en crève] *
Chinon - Duché de Touraine - le 11 janvier 1461
Duncan s'ennuyait, et ne décolérait pas. Il avait assez idiot pour se payer une armée complète version maxi-formule supplément de champignons gratis. Bloqué quarante-cinq jours à Chinon, il ne pouvait que ronger son frein. Dix jours avaient passé depuis, mais tout de même, ça faisait longtemps à patienter. Surtout que la peste radinait gentiment dans le quartier, à ce qu'on disait. Champagne et Alençon touchés, à quand la Touraine ?
Pendant ce temps, sa Syu faisait dieux seuls savaient quoi, toute seule dans le sud. Il avait confiance en elle, ce n'était pas le soucis. Il était simplement en manque. En manque d'elle. Il l'avait retrouvé pour mieux la quitter. Ils n'avaient passé qu'une nuit ensemble, et il desséchait d'envie de replonger son nez dans sa chevelure de soie aussi rousse que les flammes. D'ailleurs, c'était ça, Syu : un feu follet, un feu de joie, une flamme qui ne s'éteignait jamais. Dieux comme il l'aimait !
Allongé sur son lit dans sa chambre d'auberge qu'il louait pour un prix modique (et c'était tant mieux vu l'état de la piaule) il laissait la guérisseuse étaler ses onguents sur son torse bardé de cicatrices. Les soldats ne l'avaient pas loupé, les teigneux ! Coups d'épées sur coups d'épée, et lui qui n'avait rien pour se défendre... Il ne grimaça pas quand les doigts habiles de la femme s'enfoncèrent un peu trop dans ses chairs. Il ne prêtait pas attention à la douleur, il n'avait que sa Précieuse en tête.
La veille, elle lui avait écrit la nouvelle la plus extraordinaire qu'il eut jamais reçu de sa vie. Il allait être père. Mince, avait-il pensé sur le coup. Pas parce qu'il ne voulait pas d'enfant, mais parce qu'il allait devoir partager sa femme et pour le moment il aurait voulu l'avoir pour lui seul. Mais cette idée avait été chassée par la prise de conscience. Père, il allait être père. Un mois et demi depuis qu'il l'avait retrouvé, une nuit extraordinaire, et il allait être père.
Duncan avait aussitôt imaginé une pléiade de petits courant autour d'eux. Un fils valeureux, guerrier. William, en honneur au père de Syu. Une fille rousse comme sa mère qui aurait aussi son tempérament fougueux. Comment l'appeler ? Et pourquoi pas pleins d'enfants ? Ce n'était pas difficile à faire, et franchement agréable. Bon après, les mettre au monde évidemment c'était une autre paire de manches mais ça valait le coup. Oui, tout valait le coup quand c'était avec Syu.
L'Ecossais songea à Soren. Il ne l'avait jamais vu, et il ignorait même qu'elle trogne il se payait. Vaguement, Syu lui avait décrit un danois, blond, yeux bleus, grand, musclé, plutôt beau. Il en avait été irrité. Pas après sa Promise, non, mais après lui, ce crétin aux cheveux clairs, lui qui était brun comme la terre. Il avait réussi à séduire sa Syu. Il irait le trouver, un jour, en descendant vers elle. Oui, il ferait un crochet vers Bergerac, pour voir à quoi ressemblait la bête. Voir quel crétin fini avait osé cessé d'aimer Syuzanna-la-parfaite.
La femme avait fini, il se leva pour la payer d'une pièce d'or, comme elle le voulait, puis prit un parchemin, une plume, un encrier, et rédigea quelques mots pour celle qui hantait ses pensées nuit et jour, jour et nuit.
Ma Syu,
Je suis toujours coincé à Chinon comme tu le sais. Encore 35 jours à tirer avant de te rejoindre. Où es-tu ? Fais bien attention à toi. A lui aussi, ralenti un peu sur la castagne, le temps de la grossesse, tu veux ?
Parlant de grossesse, l'as-tu annoncé à ta famille ? J'ai hâte de te revoir, tu ne peux pas savoir à quel point. J'ai hâte de voir si tu seras aussi grosse que ça, toi qui est épaisse comme un fétu de paille !
Où que tu sois, fais bien attention. Mange solide, l'hiver est dur, surtout dans le nord.
Je t'aime.
Duncan.
PS : William ?
Duncan plia le parchemin, le scella comme il fallait, et saisissant son pigeon grassouillet qui somnolait sur son perchoir, il y accrocha la lettre et lança le volatile par la fenêtre.
* Cali "c'est quand le bonheur"
_________________