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[Rp Lédenon] Quand la honte nous assailles...

.firmin.




    ... le sommeil est des plus agités ...


Le chemin de la demeure s'était imposée à l'esprit du jeune homme. Un chemin jonché de larmes, de pas dans la neige, de chiens qui aboyaient au loin... et une fois une chute dans la neige. C'est ce qui arrivait lorsque l'on ne faisait pas attention où l'on marchait. Il avait tapé dans une branche morte, qui était tombée sur la neige. Elle n'était même pas sous la neige, c'était cela le pire! Il avait sentit qu'une entaille c'était faite sur le dessus du pied, et donc sur le dessus de ses chausses de cuir. Une raison de plus de se faire engueuler au petit matin. Au moins tout cela était venu comme une dude froide. Et ses idées étaient bien plus clair... et c'était aussi lié au fait qu'il s'était vidé...
Mais malgré cela, ses pas étaient toujours aussi peu assurés. Il ne marchait pas droit, du tout. Ce n'était pas lié à un état d'ivresse, mais à un état de tristesse. Il repassait ses quelques mots qu'il avait jeté à sa mère. Ces quelques mots qui lui avait fait très mal, qui avaient pourtant du être tout autant douloureux, voir plus pour elle! Et c'était ça le plus inacceptable pour lui. Qu'elle puisse souffrir plus qu'elle! Cela ne se devait pas.

Les portes du château de Lédenon furent refermer lentement. Il n'avait même plus la force de fermer ces lourdes portes. Alors monter les quelques marches pour aller à sa chambre... Cela fut tout aussi dur. Mais il évita de faire du bruit, pour ne pas réveiller les personnes qui dormaient... Ses frères... Eux ne causaient pas de problème à leurs parents. C'était déjà ça. Et lui, Firmin, ne causeraient pas de problèmes à ses frères en les réveillant.
Firmin entra dans sa chambre et en referma la porte derrière lui. Celle-ci fut bien plus facile à fermé, mais un léger claquement se fit entendre. Il fit voler ses vêtures dans le coin le plus éloigné de sa chambre. Il n'aurait pas d'odeur qui l’assaillirait cette nuit. Il prit au hasard dans son coffre une paire de braie propre qu'il mit sans conviction. Elles étaient trop petites. Et il n'avait pas le courage d'en chercher d'autres. Il les laissa donc tomber prêt du lit et se coula dans les draps qui n'avaient pas été refait. Ils étaient froids. Le jeune homme replia ses jambes contre son ventre. Il se couvrit entièrement du drap de laine, une laine qui le grattait, mais ce soir peu importait. Il entoura ses genoux de ses bras... et pensa...

Pensa... à tous ces mots qu'ils avaient jetés à sa mère ce soir, qui auraient mieux fait de ne pas sortir de sa bouches...
Pensa... à toutes ces chopes qu'il avait bu pour oublier, et qui n'avaient mené à rien...
Pensa... à toutes celles avec qui une nuit s'était déroulé... de longues nuit sans amour...
Pensa... à tous ceux qui avaient accaparés ses regardes... des regards sans réponse car discrets...
Pensa... à toutes ces peurs qui parfois l'assaillaient sans raison...
Pensa... à tout ce qu'il ne pouvait dire... et qu'il avait tant envie de dire! de CRIER!
Pensa... pensa à dormir...

Le sommeil le gagna. Morphée l'avait pris dans ses bras. Pour peu de temps. Car il se sentit tomber. Tomber dans un trou noir. Tomber et encore tomber. S'enfoncer comme si rien ne pouvait l'arrêter!

Un premier réveil. Essoufflé. Ses mains s'étaient crispées autour de ses genoux. Il sentait la transpiration qui avait coulé sur son torse. Mais il ne bougea pas. Quoique. Il agrippa aussi le drap, pour le rapprocher de lui. Et Morphée l'accueillit une seconde fois... Des rêves sans queue ni tête se succédaient... dans un sommeil, loin d'être réparateur!

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Mounia
(Dans la chambre des seigneurs)

Mounia et Yves étaient rentrés finalement au domaine et s'étaient couchés l'un contre l'autre. Mounia, les yeux fermés, ne cessaient de se repasser les paroles de son fils.

Pourquoi pensait-il donc qu'il n'avait pas droit au bonheur?Avait-il fait quelque chose de si terrible qu'il se promettait lui-même aux enfers?Avait-il tué?volé?Etait-il possédé par le Sans nom?

Et quand elle cessait de réfléchir, elle voyait en songe son cher Firmin s'enfuir dans la neige, la fuir peut être...

Ne trouvant le sommeil, elle hésitait. Le réveiller pour le forcer à la discussion?Le laisser dormir et attendre le jour?

Elle n'osait réveiller Yves, collé à elle et respirant régulièrement. Ils s'étaient promis de se serrer les coudes quoiqu'il arrive. Mais si le secret de Firmin était si honteux?Mounia l'avait choisi pour fils et le protègerait comme tel aux yeux des autres. Mais Yves?Il n'était ni de sa chair, ni de son sang et même l'alliance ne changeait pas grand chose à leur statut officiel...

C'est au détour d'une pensée, qu'elle trouva enfin le sommeil...

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Landyves
    [Dans le logis - suite parentale]

    Ou comment se lancer dans une aventure épique !

Pourquoi tombons-nous ? (j’avais bien dit que ce serait épique) et comment arrivons-nous à nous relever ?
Par la force des choses ?
Par volonté ?
Etait-ce pour une question de survie ? (Bon d’accord c’est plus philosophique qu’épique)

Alors oui, ces perpétuelles questions ne cessaient plus de mouliner le cerveau déjà ramolli du benêt. La soirée avait été plutôt bonne dans l’ensemble, mais l’intrusion de Firmin au bal avait sonné le glas sur des débordements qu’il fallait désormais assumer, gérer, et corriger.
Pour Yves, c’en était trop. Il adorait le jeune homme comme son propre fils, malgré la courte différence d’âge qui les séparait, mais il ne pouvait accepter de le voir traiter Mounia de la sorte, elle qui veillait tant au bonheur et au bien-être de chacun.

Et tout contre sa fée blonde dans la couche seigneuriale, bien qu’ayant trouvé un peu de repos, Land ressassait cet épisode désastreux. Il avait sentit que son épouse ne dormait pas tranquillement mais de son côté il n’osait pas non plus la déranger. Elle n’avait peut-être pas envie de parler. Ou alors elle n’aurait pas la force d’affronter tout ceci à cette heure tardive.
Alors plutôt que de demander, il refermait les yeux et partait dans un autre monde. Le décor changeait, mais pas ce qui s’y passait. Toujours la bêtise de Firmin, toujours ces mots qu’Yves essayait de prononcer.

Durant la nuit, il s’était un peu plus collé à Mounia. Elle semblait dormir, lui aussi. Pourtant rien n’empêcherait cette inévitable conversation qui devait avoir lieu.
Il n’avait pas souhaité savoir ce que Firmin et elle avaient pu se dire au bal, il l’apprendrait certainement au petit matin. Elle avait défailli un instant, et cela avait suffit au benêt pour s’inquiéter et pour espérer prendre les choses en mains. En homme, pour une fois, c'était comme cela qu'il avait l'intention de se comporter.

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.firmin.


Un visage idyllique s'effaça, en même temps que ses paupières s'ouvraient. Il était déjà incapable de se remémorer ce visage. C'était bien là toute la magie des rêves... ou... peut-être devrions-nous parler de malheur? Car là, il n'avait qu'une envie, c'est de revoir ce visage, et se replonger dans ce monde qui n'existait pas, le monde des rêves, des pensées. Il était pour le moment éveiller. Il savait qu'il n'allait pas se rendormir. Le plus important, était qu'il n'avait pas mal à la tête. C'était probablement lié à son retour dans le froid, et au vêtements peu épais qu'il avait la veille, et qu'il avait jeté dans un coin de...

De quoi d'ailleurs? Il voyait à peine le soleil à travers ses draps de laines. Mais il savait une chose, il n'était pas dans son lit! Firmin rejeta les draps qui le couvrait, et regarda autour de lui. C'était bien sa chambre, mais pas son pied-à-terre en ville. C'était sa chambre à Lédenon, où il avait si peu dormi jusqu'alors. Il s'était inconsciemment dirigé vers la grande demeure familiale. Pourquoi? Maintenant il savait, c'est parce qu'il savait qu'il allait avoir le droit à nombre de réprimandes au matin, qu'il soit ici ou ailleurs, il y aurait droit. Or, il n'avait pas envie de faire courir sa mère pour cela... Il lui avait déjà fait tant de mal la veille... Même s'il ne lui avouerait pas tout, il fallait qu'il "l'affronte", qu'il affronte les conséquences de ces erreurs, de ces déboires, de ses verres qu'il avait pris...

Mais là, à ce moment-même, à cette seconde, il n'y était pas prêt! Il était allongé dans son lit nu comme un ver! Ses vêtements sales avaient été pris. Les domestiques l'avaient probablement entendu la veille, et durant la nuit, enfin, tôt le matin, ils avaient du enlever ses vêtements pour qu'ils soient nettoyés. La paire de braie qu'il avait sorti la veille, sans arriver à la mettre, était repliée sur le coffre. Et pour finir, il aurait été prêt à parier, que dans le pichet qui était sur le meuble, il y trouverait de l'eau fraîche! Cela le surprenait toujours que les domestiques soient capables de faire tout ça durant la nuit, sans qu'on les entende! Et cela pouvait faire peur aussi... Car dans un sens, on était à la merci de ces domestiques.

C'est donc avec courage, qu'il se leva d'un bond, après avoir repoussé encore plus loin les draps. C'était rare qu'il se lève avec tant d'énergie un matin. Un léger courant d'air le fit cependant frissonner. La cheminée n'avait pas été allumée de la nuit, et il ne faisait donc pas si chaud que cela. La première chose qu'il fit fut d'aller tournée la clé dans la porte, il n'avait pas envie d'être interrompu. Puis, il se dirigea vers la cheminée, espérant pouvoir y faire brûler un feu. Il ne trouva cependant aucunes pierres à briquets... Rien d'utile pour allumer le feu. Il devrait donc s'en passer! Un passage vers l'élément contraire, l'eau, et donc le broc et le pichet. Il versa de l'eau dans le broc, avant de s'asperger de visage. Là, ce ne fut pas un frisson qui le secoua, mais un tremblement complet! S'il n'avait pas déjà été réveillé, l'eau aurait finit de le faire. Mais comment se faisait-il que l'eau n'ai pas gelé! Le ressentit: l'eau était glacée! Il aurait préféré, il n'aurait pas été secoué de tremblements comme ça! Il prit la serviette pour se sécher le visage, et le torse ou de l'eau avait coulé.

La nouvelle question, ou plutôt, le nouveau problème pour Firmin était de trouvé des vêtements... La plupart n'étaient pas ici... La raison pour laquelle il était tombé sur des braies trop petites. Mais y-en-aurait-il à sa taille sur le coup? Rien n'était sûr... Il ouvrit donc le coffre en grand, commençant à sortir les braies, qu'il essaya paire par paire. Finalement, il réussit à trouver ce qui lui convenait... Un peu larges mais c'était mieux que rien. Son regard pu donc se diriger vers les vêtements luxueux qui emplissaient le coffre! Et oui luxueux! Aucun n'était accompagné d'un trou, ou avait été réparés! Du neuf quoi! Mais pas de chichis pour le jeune homme qui ne chercha pas savoir si les vêtements étaient accordés. Il ne se posait jamais la question, et n'avait pas envie de commencer aujourd'hui. Trop de changements, tue le changement! Il avait déjà pris quelques résolutions au matin, les autres attendraient le courant de l'année!

C'est donc entièrement habillé qu'il déverrouilla sa porte. Mais il n'osait sortir de sa chambre... Il était prêt à affronter sa mère, il n'irait pas pour autant la chercher... Pas pour le moment en tout cas. La porte s'entrouvrit légèrement, et il préféra aller s'asseoir dans l'unique fauteuil de la chambre. Après avoir ouvert les lourds rideaux, il regarda par l'ouverture. Ce n'était pas pour la beauté qu'il observait le soleil se levé sur Lédenon. Non, c'était pour réfléchir... Il avait de nombreuses raisons de réfléchir. Et notamment à une questions...


Que suis-je...

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Mounia
Mounia s'était endormie tard et réveillée à l'aube, le sommeil bercé de questions. La scène de la veille l'avait donc remué plus que ce qu'elle n'avait l'habitude. Et elle ne comptait pas rester à attendre plus longtemps pour discuter avec Firmin. L'alcool ayant disparu, le jeune homme serait probablement plus enclin à la discussion. Pourtant bien que diplomate, la dame de Lédenon se sentait anxieuse.

Elle se leva sans bruit et se changea rapidement en silence. Elle quitta la chambre et l'aile du château à pas feutré. Une fois dans la cour, ses pieds la portèrent vers la campagne. La marche au le petit jour l'avait toujours aidé à rassembler ses idées et ses arguments. Elle culpabilisait un peu d'être parti sans prévenir Yves mais elle suivait son instinct. Elle même n'avait pas toujours été blanche et s'il le fallait, elle déroulerait à Firmin l'histoire de sa vie avant qu'ils ne se rencontrent. Elle avait vu de telles choses dans le passé qu'elle se savait prête à tout entendre et peut être à tout comprendre. S'il avait tué, elle porterait son secret à la tombe. S'il avait volé, elle le protégerait de la justice languedocienne. S'il était père, elle ferait élever l'enfant dans un couvent lointain. Toutes les hypothèses trouvaient une réponse dans son esprit. Cela la rassura et c'est donc résolue qu'elle retourna au château.

Elle eut beau interroger, personne ne savait lui dire si Firmin était réveillé ni même s'il était présent au château. Enfin, une jeune servante lui confirma qu'il avait passé la nuit ici et qu'elle avait préparé son réveil comme à l'habitude.

Mounia monta aux étages et se dirigea vers la chambre de son fils. La porte était entrouverte. Mounia se sentait fébrile, le coeur battant et les jambes molles. Ce n'était pas la marche mais bien leElle prit une grande inspiration et toqua à la porte.

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.firmin.


Des pas résonnèrent soudain dans le couloir. Enfin, au début ce n'étaient que des frottements. Comme une petite souris qui courait sur une poutre. Mais là ce n'était pas sur une poutre, c'était dans le couloir. Et ses frottements, devinrent des pas parfaitement audibles. Qui étais-ce? Un serviteur peut-être? Firmin ne savait pas trop combien de temps il était resté à fixer un vide qu'il ne voyait pas. Mais, le soleil n'était pas très haut. Il avait d'ailleurs bien du mal à dépasser la cime des arbres, arbres qui pour ne rien arranger étaient sur une petite colline. Il était donc assez tôt, le jour étant levé. Cela pouvait être sa mère? Mais cela signifierait qu'elle s'était levée aux aurores... et qu'elle avait pris directement la direction de la chambre du jeune homme. Cela ne présageait rien de bon. Par contre... les pas n'étaient pas assez forts pour que cela soit ceux de son père.

Et enfin, ces pas s'arrêtèrent. Juste devant sa porte, il aurait été prêt à le parier. Et d'ailleurs... c'était à sa porte que l'on frappait. Il tressaillit. Il n'était pas surpris, mais le jeune Land redoutait cet instant. Si c'était bien sa mère. Qu'allait-il lui dire. Et surtout, le plus important... qu'allait-elle lui demandé? Allait-il devoir nier, ou l'affirmer? Le problème est qu'il n'était sûr de rien. Et c'était encore bien plus dur de devoir dire une chose dont il n'était pas sûr. C'était bien plus évident de ne rien dire, de se taire. Ce n'était même pas mentir, c'était juste omettre quelque chose. Allait-il réussir à omettre tout ce côté de sa personnalité? Tout son questionnement? Il y avait peu de chance... alors que faire?
Ne pas ouvrir n'était pas non plus une idée. Il avait d'ailleurs laisser ouvert sa porte. Car il s'attendait à une telle visite, peut-être pas aussi tôt. Mais il l'attendait. Esquiver les réponses? Mené Mounia sur un autre sujet? Inutile, ce serait remettre à plus tard, et cela pourrait l'énervé beaucoup plus.

De toute façon, il ne pouvait pas rester à spéculer comme ça. Firmin allait devoir affronter sa mère. Pour se redonner contenance, et peut-être aussi pour gagner quelques précieux instants, il ne lui dit pas d'entrer. Il préféra se lever du fauteuil, et aller vers la porte qui était déjà entre-ouverte. Il ne se souvenait pas l'avoir laisser comme cela. Mais il ne s'en était peut-être pas rendu compte. C'était un état second qui l'avait entraîné durant cette matinée, qui l'avait fait bouger. Là, ses sens étaient tous en éveil cependant. Sa main se leva vers la poignée qu'il ouvrit vers lui.

C'était bien Mounia. Son regard se dirigea directement vers le sol. Il ne pouvait même pas la regarder en face. Il ne lui fit pourtant pas l'affront de ne pas lui parler... Il marmonna quelques mots, bien bêtes... ou plus précisément... un mot banale...


Bonjour...

Et oui, Firmin n'osa en dire plus. Il s'effaça devant sa mère, lui laissant la place pour entrer dans la chambre.

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Mounia
Mounia comptait pourtant regarder son fils droit dans les mirettes mais elle eut beau faire, elle ne les trouva pas. Le jeune homme les gardait obstinément baissés malgré ses salutations.

Il s'effaça, cependant, pour la laisser entrer, signe qu'au moins, il n'était pas hostile à la discussion. Mounia pénétra donc dans la pièce.

Lo bonjorn Firmin. Comment te sens-tu ce matin?

La voix était sans colère, ni moquerie. C'était une question d'usage voilà tout.

La dame de Lédenon jetta un regard sur la pièce, d'habitude vide. Trouver son garçon là la surprendrait toujours un peu. Elle savait bien qu'il n'appréciait pas plus que cela... La chambre était proprette et bien rangée mais il y faisait frais. Tant pis, ils s'en accoutumeraient. Il n'était pas temps de faire venir quelqu'un pour y remédier.

Elle dédaigna le fauteuil et s'assit sur le bord du lit encore un peu tiède. La position était confortable.

Ses yeux se reportèrent alors sur son fils. Après tout, elle lui avait posé une question. La politesse voulait qu'elle l'écoute.

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.firmin.


Comment allait-il? Excellente question. Dire qu'il allait bien aurait été mentir. Dire qu'il allait mal était tout autant un mensonge. Depuis quand allait-il mal d'ailleurs? Depuis quelques temps... plusieurs mois? Oui possible. Depuis que ses sorties avec Celestin s'étaient accentuées. Depuis... depuis toutes ces conquêtes qui n'étaient que de la boue sur les chausses du jeune Land. Une boue qui dérangeait. Il ne ressentait rien pour elles. Et cela l'avait bien surpris. Certes... il se disait donc que ce n'était pas les bonnes... on multiplie donc... mais rien, pas d'amour! Aucun sentiment...

Et pourtant... malgré tout cela, il y avait quelques regards... pas beaucoup... il avait peut-être connu... ces regards ne se comptait que sur les doigts de la main. Ces regards qui le troublaient... Ces regards qui, parfois, le faisait aussi frissonner. Mais lui détournait bien vite le regard, pour ne pas être remarquer. Et il se demandait, "qu'est-ce qu'il se serait passé si je n'avais pas détourné le regard?". C'était une question qui faisait mal. Très mal.

Voilà où le menait cette simple question, à laquelle il répondit par politesse:


Bien...

Faux et archifaux, mais c'était la réponse à donner. Aucune autre. Il allait devoir marcher sur des œufs avec sa mère. Il ne voulait pas qu'elle découvre qu'il n'aimait pas... qu'il n'aimait pas, c'était tout. Il n'aimait pas. Il n'avait pas de sentiments amoureux. Oui voilà, c'était ça. Se le répéter plusieurs fois lui permis de s'en convaincre. Quelques instants seulement. Il n'était pas dupe... Il savait qu'il avait un problème. Mais... il ne voulait pas savoir lequel, et il ne voulait pas confirmer ses soupçons. Ni... en donner à sa mère. Il se répéta donc, par rapport à la veille:

Je suis désolé pour hier... j'avais trop bu... d'ailleurs... je ne me souviens pas vraiment ce que j'ai fait à part... à part vomir sur... c'était qui?

Bien sûr qu'il le savait. Il savait aussi qu'il n'éviterait pas la question fatidique, mais... il fallait trouver une excuse... l'alcool en était une bonne non? Il fallait l'espérer. L'oublie lier à l'alcool devrait faire l'affaire. Mais il devrait l'en convaincre!
Il referma la porte, la laissant légèrement entrouverte. Il n'osait aller s'asseoir, et préféra s'appuyer légèrement contre l'épaisseur de la porte...

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Landyves
    [Seul dans cette chambre immense]

La solitude était alors volontaire.
Il aurait fallut être plus endormi que cela pour ne pas sentir Mounia quitter la couche maritale. Et puis avec la nuit qu’elle avait dû passer, Yves se doutait bien qu’elle ne se lèverait pas tard.
Il avait donc décidé de ne pas la déranger lorsqu’elle se leva.

L’homme resta un moment allongé alors qu’il était pleinement éveillé. Il ne savait pas si son épouse souhaitait parler de si bon matin à Firmin. Il ne savait pas non plus dans quel état d’esprit elle se trouvait. Et il ne savait pas s’il avait vraiment sa place à faire entre la mère et le fils.

Après de longues minutes il se leva.
Encore un peu barbouillé de la veille et les cheveux en bataille, il traîna d’un pas lourd jusqu’aux cuisines. Il y faisait sans doute plus chaud que là puisque le feu y était alimenté presque en permanence.
Mais Yves y descendait surtout pour ne pas affronter son côté sombre l’estomac vide. En fait il ne savait pas vraiment ce qu’il avait à affronter. Il n’était peut-être pas le plus dangereux des trois. Donc il devait se préparer à toute éventualité.

L’encas avalé sans rechigner mais la gorge un peu serrée tout de même par l’anxiété, Land remonta dans la chambre désormais aérée, pour se préparer sommairement.
Et alors qu’il était habillé de façon plus appropriée et qu’il se rinçait le visage pour effacer les dernières traces d’un court sommeil, il crut entendre les pas de la dame de Lédenon. Ils ne semblaient pas vouloir la guider jusqu’à cette pièce.
Intrigué et se demandant si toutefois Mounia n’était pas devenue somnambule, Yves ouvrit aussi discrètement que possible la porte et put voir où elle se dirigeait. Apparemment elle allait là où elle voulait être depuis la veille : auprès de son fils, car si elle ne choisissait pas un autre chemin c’est que Firmin était forcément rentré au castel et non dans la demeure nîmoise.

Terminant de s’essuyer et agitant sa touffe mordorée pour la remettre en place, l’homme négligea ensuite sa serviette de lin sur le rebord de la bassine, laissant le travail à d’autres, et rejoignit la porte de la chambre du gaillard qui rendait nerveux ses parents à chaque nouvelle sortie.
Comme prévu, Mounia se trouvait déjà dans la chambre. Et plutôt que de signaler sa présence, Yves attendit là un instant. Il sondait les quelques mots qui s’échappaient de l’entrebâillement de la porte na sachant à quel moment il pouvait entrer. Il verrait bien.

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Mounia
Mounia leva un oeil inquisiteur aux propos de Firmin. La blonde se trahissait toujours quand elle savait que quelqu'un lui mentait. Ses traits ne pouvaient s'empêcher un mélange de mépris et de surprise qu'on préfère la difficulté d'un mensonge à la simplicité de la vérité. Le sourcil droit en l'air, la bouche pincée, elle observa Firmin.

Je te confirme ce point, tu étais ridicule. Et tu nous a causé beaucoup de honte. Mais je pense que tu es un homme intelligent et que tu a déjà trouvé des conclusions.

Mounia marqua un temps de silence. Avant de reprendre le fil de sa réflexion matinale.


Mais ce n'est pas de ça dont je souhaite te parler ce matin. Bien qu'une autre sortie comme celle là te couterait très cher...


La question présente était de savoir amener la question épineuse avec simplicité.Et contrairement à ce qu'elle avait imaginé, il serait moins dur de tourner autour du pot. Mais Mounia n'avait pas l'intention de tergiverser. Il fallait qu'elle sache. Elle se leva du lit et s'approcha de la fenêtre pour trouver le courage nécessaire.

Hier, tu as dit que tu n'étais point heureux...Je ne partirais pas tant que tu ne m'auras pas dit d'où te vient cette idée. Et n'essaie pas de me mentir par amour pour moi.

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.firmin.


Et voilà que la pente devenait des plus glissantes. Le sujet était lancé. Qu'allait-il pouvoir répondre à sa mère? Il avait bien noté la menace, si une autre surprise du genre se faisait. De ce côté là, il pouvait promettre que cela n'aurait pas lieu une nouvelle fois. Firmin savait qu'il pouvait dire cela sans mentir. La veille, lui avait servit d'exemple. Et il n'avait pas envie qu'une telle chose ne se reproduise à nouveau. Ou alors... c'est qu'il était vraiment malade, et pas lié à la bière.

Je te promets que je recommencerais plus... Mais...

Mais quoi. Comment pouvait-il dire quelque chose? Il aurait aimé ne pas avoir à mentir à sa mère. Tout lui caché aurait probablement été la meilleur solution. Cependant, il était fort probable qu'elle ne veuille pas lâcher le morceau. Quant à lui tenir tête, il n'était pas sûr d'en être capable, ou tout du moins, d'en avoir le dernier mot.

La seconde solution, aurait été de toute dire, tout avouer. Mais, est-ce que Mounia serait prête à entendre ce qu'il avait à dire? C'était peu probable. En tout cas, c'était l'avis qu'il avait. Il se trompait peut-être. Mais le parier était bien trop risqué, cela pouvait faire très mal.
D'ailleurs, était-il lui même sûr de lui? Non... enfin... presque... Mais il y avait une infime partie du jeune homme qui espérait que ce n'était pas le cas. Qu'il était "normal", qu'il aimait les femmes. Que c'était juste parce qu'il n'était pas tombé sur la bonne. Alors pourquoi ne prenait-il pas plaisir avec celles qu'il menait chez lui, le pied-à-terre de Nîmes? Au fond de lui, il en était sûr... mais il ne pouvait se l'avouer.

Toutes ces questions lui mirent les larmes aux yeux une nouvelle fois. Il avait la sainte horreur de se les poser. Cela faisait tellement mal. C'était... c'était même pas descriptible. Alors que dire à part:


Je suis désolé... mais je ne peux rien te dire...

Devait-il rajouter un "Tu ne comprendrais pas", ou quelque chose comme cela? Probablement que non, cela renforcerait Mounia dans l'idée qu'elle devait savoir. Et Firmin, lui devait protéger son lourd secret.

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