Un pont
Un simple pont.
Comme il en existe des dizaines, jetant leurs bras tremblants par dessus de la Seyne, faisant jonction entre les rives parisiennes.
Il est de bois fait, ancien, tremblant au premier vent.
Vermoulu, comme les masures à demi écroulées où reposent ses fondations. Fendues, vacillantes.
Son jumeau à quelques centaines de mètres plus bas s'est écroulé il y a peu. Trop de passage, trop de poids sur leur dos.
Un autre lui succèdera, plus vert, plus accueillant pour les passants.
Rien ne dure en Paris de ce siècle, encore moins les ponts de bois. Ils ne sont pas cathédrales et autres églises de pierre pointant leurs flèches au travers des fumées de cheminées.
De simples ponts, qui vivent, vieillissent et meurent après avoir rendus leur office des années durant de dur labeur.
Il en a vu le pont. Il en aurait des histoires à raconter, de rendez vous galants, de charrettes aux roues qui se coincent dans ses entrailles, de jeunes filles aux joues rosies des premiers émois, de jouvenceaux déclarant leur flamme devant leur belle accoudée à ses barrières. Combien de tire-laine ont passé par là, usant leurs chausses déjà trop usées pour aller grappiller sur les marchés. Combien de coureuses de rempart avaient franchi cette frontière pour finir dans des bras généreux ?
Soupirs, disputes, imprécations...
Premiers baisers, derniers baisers emplis de larmes, vols, espoirs, poursuites, galopades de marmots en haillons...
Que n'a-t-il connu ce pont ?
Fier, toujours debout, sans savoir encore pour combien de temps avant qu'il ne rejoigne ses semblables au fond des eaux saumâtres...
Il existe.
Comme il en existe des dizaines, jetant leurs bras tremblants par dessus de la Seyne, faisant jonction entre les rives parisiennes.
Il est de bois fait, ancien, tremblant au premier vent.
Vermoulu, comme les masures à demi écroulées où reposent ses fondations. Fendues, vacillantes.
Son jumeau à quelques centaines de mètres plus bas s'est écroulé il y a peu. Trop de passage, trop de poids sur leur dos.
Un autre lui succèdera, plus vert, plus accueillant pour les passants.
Rien ne dure en Paris de ce siècle, encore moins les ponts de bois. Ils ne sont pas cathédrales et autres églises de pierre pointant leurs flèches au travers des fumées de cheminées.
De simples ponts, qui vivent, vieillissent et meurent après avoir rendus leur office des années durant de dur labeur.
Il en a vu le pont. Il en aurait des histoires à raconter, de rendez vous galants, de charrettes aux roues qui se coincent dans ses entrailles, de jeunes filles aux joues rosies des premiers émois, de jouvenceaux déclarant leur flamme devant leur belle accoudée à ses barrières. Combien de tire-laine ont passé par là, usant leurs chausses déjà trop usées pour aller grappiller sur les marchés. Combien de coureuses de rempart avaient franchi cette frontière pour finir dans des bras généreux ?
Soupirs, disputes, imprécations...
Premiers baisers, derniers baisers emplis de larmes, vols, espoirs, poursuites, galopades de marmots en haillons...
Que n'a-t-il connu ce pont ?
Fier, toujours debout, sans savoir encore pour combien de temps avant qu'il ne rejoigne ses semblables au fond des eaux saumâtres...
Il existe.