Luisavonfrayner
Comme pour la punir davoir employé le terme « ami », une main se posa sur la taille de Luisa qui ne retint pas un sursaut. Décidément, Thomas se voulait toujours plus surprenant et joueur devant les autres. Bon, oui, en loccurrence « les autres » étaient Elendra, et il semblait évident quelle allait être mise au courant de tout, mais il navait tout de même pas besoin de préparer une introduction, aussi agréable soit-elle. Luisa, déconcertée, ne dit cependant pas un mot et se contenta de fixer Elendra, les yeux un peu trop ronds pour sembler neutres, bien que ce soit précisément lexpression visée. Non, Elendra ne serait pas dupe. Elendra nétait pas dupe son sourire en témoignait assez et Thomas encore moins discret.
Avec une main étrangère sur la taille, une autre sur le bras, et les deux semblant lattirer chacune dans une direction opposée, Luisa avait de quoi être mal à laise et amplement de quoi grimacer, si bien quil était difficile pour elle de suivre attentivement la parlotte de son amie qui, avouons-le, était montée dun cran sur léchelle de la qualité dexpression.
Enfin, elle compris quand même quElendra nen savait pas beaucoup plus quelle, et cela la rassura. Compter, cétait bon, elle avait même fait un exercice avec Thomas en mode économiste. Soccuper des terres Eum, oui, bah, elle nen avait pas besoin, elle apprendrait à quatorze ans sur ses futures terres de ???ange. Les bonnes manières ? Peuh ! Inné, chez Luisa. Pour le breton, elle avait léquivalent occitan, et pour le cheval, elle avait toujours eu une longueur davance sur Elendra. Alors bon ! Quelle lui propose de venir séduquer, Luisa le prit amplement mal, et répondit en bonne von Crâneur quelle était.
- Excuse-moi, mh, mais avec des cousins princes et une marraine ex-princesse, je ne crois pas avoir besoin de venir en Aaaanjou pour me faire éduquer.
En effet, elle devait être la seule à ne pas se rendre compte dà quel point elle ne profitait pas de cette éducation, ou plutôt dà quel point elle loubliait soudainement en compagnie de ses proches. Et là, elle y était avec ses proches, alors léducation, merdeuh, hein !
Bon, voilà que ça passait aux choses sérieuses. Cest avec une attention particulière que la von Frayner écouta le plan de la presque-majeure. Des questions ? À priori, il y avait peu de risque de provoquer une mort. En tout cas, moins quà la dernière fête chez Elendra où sa subtile idée de concours de plus grosse bouche à mirabelles avait manqué dassassiner la pauvre Elfry. Et puis le nouveau jeu avait lair amusant (pas que lautre ne lavait pas été). Bénédiction accordée, dun hochement de tête à la « cheffe, oui, cheffe ».
Château-Gontier semblait grand. Plus grand quHayange. Mais comme ce nétait pas aux parents ohh, pardon ! au père dElendra, ça ne comptait pas. Ce qui était important, cétait quHayange était toujours plus grand que Clémery qui holàlà, ça ne va plus du tout. Clémery qui allait être À Elendra, là, tout de suite, bientôt ! Ca sentait la vantardise, fort, mais fooort Et un petit peu aussi la jalousie, du côté adverse.
Réflexion terminée, puisque bientôt débarqua la propriétaire dont la vue ha, ha écarquilla les yeux re ha, ha de Luisa, choquée, apeurée, et quand même un peu dégoûtée, elle sefforça de dévisager le moins possible lil qui semblait envahir tout le visage qui se trouvait devant elle. Alors cétait elle, la duchesse. Luisa avait toujours imaginé une vieille veuve aigrie lorsquElendra en avait parlé dans ses lettres ; il fallait croire quelle avait été loin du compte, la duchesse semblait même plus jeune que Lorenz, et posséder une certaine classe.
Et une révérence.
- Vôtre Grâce, cest un plaisir et un honneur dêtre ici. Nous sommes des invités dElendra, oui !
Et puis, je suis Luisa von Frayner.
Tableau des Château-Gontierains : une gueularde, une madame qui devait avoir lair dun pantin version macabre, et une duchesse si clope, mais si clope ! (Mes excuses pour cette boutade de bas étage.)
Pas étonnant quElendra soit là.
- Pas étonnant que tu sois là.
Avait-elle dit, munie de sa sourdine naturelle, puisquil ne fallait surtout, surtout pas être entendue, profitant d'un instant de liberté où Thomas était certainement en train de se présenter à son tour auprès de la duchesse.
-
Tes sûre que cest pas un
pré-bûcher ? Pour les fous
?
Tu peux me le dire, tu sais, jte jugerai pas, juré au nom de la Charlie.
8-8 ! Oui, parce que jai pas noté le coup de léducation princière de tout à lheure. Je sais, cest vache, parce quelle peut difficilement répliquer à celui-là, mais avouez, les pics sont plus drôles éparpillés, non ?
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