[Campement du Griffon champenois, Sémur]
Réveil des plus désagréables pour le Capitaine Royal de Champagne quand elle reçoit les rapports de combats au petit jour: une lance complète décimée et aux cris poussés par Amory, cela devait être la boulette du jour!
Elle lit et relit les noms et comprend enfin ce qui a provoqué le drame: nom d'un chien... Finn!!!! Il était listé sur les personnes poutrables à vue par les armées champenoises. Elle devient pâle, a du mal à tenir debout, réalisant la bourde énorme qu'elle a commis... et pourtant au QG, elle aurait dû se souvenir que Finn avait été retiré des listes.
La nausée lui donne des hauts le coeur, son estomac se noue: palsambleu!!! Elle avait délisté Finn de la liste ennemie de son armée "Les Ailes du Pentale", au début de la chasse au Thoros. Délistage effectué à la demande du Roy en personne. Elle avait mis en ami nombre de personnes au passé trouble, personnes qui rejoignaient les rangs de l'armée du Roy. Elle l'avait fait pour Les Ailes mais n'avait pas répercuté le délistage pour les deux autres armées champenoises qui n'étaient pas appelées à bouger de leur cantonnement.
Puis, il y avait eu la rencontre avec Alea Furor VI de Thoros, bataille inattendue qui lui avait fait perdre le commandement de son "bébé" en raison d'une sévère blessure. Quelques semaines plus tard, les Ailes regagnaient Reims et le Griffon ralliait, en l'embarquant dans ses rangs, la Bourgogne... et elle avait oublié ces délistages. Aussi, n'avait-elle pas réagi lorsqu'en salle de QG, la Reyne avait prévenu qu'une lance de renfort arrivait à Sémur, elle en avait donné la composition... Finn.... Finn... misère c'est cet oubli qui a provoqué ce gâchis!
Maintenant, il fallait se rendre au QG pour expliquer et assumer son erreur devant la Reyne en personne... d'autant qu'il y avait sa fille parmi les victimes. Hersent en était malade, elle était mère elle aussi, elle savait qu'il n'y avait pas de mots pour exprimer la douleur maternelle devant une telle nouvelle.
La honte lui rongeait le ventre et faisait trembler son corps lorsqu'elle se rendit devant la Reyne. Comment expliquer les blessures, les disparitions d'une fillette, du favori du Roy, Sa Grasce Falco, le vassal de la Reyne, Finn... justement... Finn!
Elle avait tenté de préparer sa prise de parole mais au moment M, elle ne put que présenter sans fard l'énormité de sa bourde, expliquant comment au début de cette chasse au Thoros qui allait déclencher des batailles en série, elle avait ôté des noms mais seulement dans la liste de l'armée qu'elle commandait et comment elle avait oublié de le signifier à son GES Maxdph, commandant du Griffon Champenois.
A l'issue de ses explications devant la Reyne, elle avait présenté sa démission.... refusée....
De retour au campement du Griffon, Hersent prit son écritoire de voyage, rassembla huit pigeons et commença à rédiger une lettre d'excuses...Comment commencer à expliquer l'indicible et l'impardonnable???
Elle inspira longuement, tint fermement sa plume et la trempa dans l'encrier puis commença à écrire:
Citation:De nous Hersent d'Ar Sparfel, Dame de Maizières et de Vignory
Capitaine Royal de Champagne
A vous ....
Salutations et paix,
C'est avec horreur que j'ai appris votre mauvaise rencontre avec l'armée champenoise commandée par le Général en Second de l'Ost champenois, sieur Maxdph.
Je sais qu'il n'y a pas de mot pour excuser cette lamentable erreur qui est de mon seul et unique fait. Je n'ai pas percuté lorsque j'ai lu la composition de la lance dont vous faisiez partie et n'ai omis de signifier au GES Maxdph d'ôter Messire Finn de sa liste ennemie.
C'est avec humilité que je vous présente mes sincères excuses.
Respectueusement
CR Hersent
Hersent écrivit à chacune des victimes, son coeur se serra lorsqu'elle adressa l'une d'entre elles à la fille de la Reyne, la jeune, trop jeune pour mourir, elle espérait de tout coeur qu'elle se remettrait de ses blessures, Niria_helene... et si pareille horreur était arrivée à sa fille, à elle??? Elle n'aurait qu'une seule envie.... faire rendre gorge à l'auteur de ce crime! Elle comprit l'immense mansuétude de la Reyne, femme de principes mais aussi très pragmatique.
Puis la huitième lettre fut prête à être roulée puis attachée à la patte du dernier messager ailé, elle était adressée à celui qu'elle avait oublié de faire délister:
Citation:De nous Hersent d'Ar Sparfel, Dame de Maizières et de Vignory
Capitaine Royal de Champagne
A vous Messire Finn, Seigneur de Cazayous
Salutations et paix,
C'est avec horreur que j'ai appris votre mauvaise rencontre avec l'armée champenoise commandée par le Général en Second de l'Ost champenois, sieur Maxdph.
Je sais qu'il n'y a pas de mot pour excuser cette lamentable erreur qui est de mon seul et unique fait. Je n'ai pas percuté lorsque j'ai lu la composition de la lance dont vous faisiez partie et n'ai omis de signifier au GES Maxdph d'ôter votre nom de sa liste ennemie.
C'est avec humilité que je vous présente mes sincères excuses.
Respectueusement
CR Hersent
Elle pria le Très Haut que ces huit personnes lui accordent leur pardon... même si elle était en délicatesse avec ses représentants temporels en raison de sa présence en Bourgogne.
La journée continuait son cours, le Capitaine Royal se rendit auprès d'Amory de Jouarre, Maréchal de France, pour lui présenter sa démission de ses différentes fonctions champenoises.: autant boire le calice jusqu'à la lie.
Le plus difficile dans tout cela fut la sensation de solitude et de vide devant l'ampleur de la catastrophe. Mais que dire des souffrances infligées aux victimes qui ne demandaient qu'une chose: rejoindre une armée pour épauler les forces du Lys.
Pour la première fois, elle goûta l'amertume de l'erreur, celle qui coûte la vie à autrui... son ancien Capitaine le lui avait bien dit ... être CR c'était assumer et regarder sans faux fuyant les victoires comme les désastres, les réussites comme les erreurs. Lui, il en avait vécu et à un moment, n'en pouvant plus, avait choisi de partir... du côté des limbes de l'après-vie. Elle, Hersent, ne choisirait pas cette voie.... elle avait moult raisons de vivre, même avec cette infamie qui la poursuivrait jusqu'à la mort, et d'espérer en un avenir serein et doux. Elle avait assez fui, depuis trop longtemps, et se rendait compte que la fuite n'était jamais la solution.
Elle assista à l'envol groupé des messagers ailés, bruissements soyeux et échappée d'une beauté à couper le souffle, paradoxe de la guerre._________________