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[RP] Les Medici : Argent, Mythe et Mystère..

Galiana.
    La lune était toujours aussi ronde lorsque Galiana leva la tête pour la millième fois. Et un soupir s’échappa de ses lèvres légèrement entrouvertes. Une profonde inspiration, la recherche d’on ne savait quelle vérité qui lui venait d’être révélée et une envie de maudire celle qui l’avait élevée au même titre que celui qui était son géniteur.

    Assise devant la petite table dans cette chambre impersonnelle d’une auberge, Galiana observait à la lueur de la chandelle, l’écriture fine de Ravena… Ravena Foscari, cette mère qui n’en était pas une finalement… Durant vingt-deux longues années, Ravena avait joué un rôle et quel rôle. Et aujourd’hui encore, malgré la distance qui les séparait, elle la surprenait encore.

    Qui aurait cru qu’un jour elle verrait, dans un courrier de la part de cette ombre qui lui avait toujours appris que le silence était d’or, les mots qui venaient danser sous ses yeux. Et Galiana avait beau se dire qu’elle pouvait lui faire confiance, que c’était là la stricte vérité, elle avait quand même du mal à la digérer cette nouvelle. Et ses yeux qui allaient et venaient sur le vélin…




    Ma Bella Donna*, lorsque j’ai rencontré ta mère, elle voulait absolument se débarrasser de cet intrus qui grandissait en son sein… Tu n’étais pas encore de ce monde que déjà elle te reniait Bella mia**…


    Les dents se crispèrent jusqu’à s’entrechoquer trop violemment, émettant ce bruit sinistre que l’on pouvait confondre avec un os qui se brisait. Mais la curiosité est un défaut que l’on ne maîtrise pas toujours et ses yeux prenaient le pas sur sa raison, inlassablement revenaient sur ce courrier.



    IL a choisi de te garder en vie et je ne pouvais que me plier à ses exigences. IL… ton père Galiana… c’est lui qui a choisi ton prénom, c’est lui qui a décidé que je t’éloignerais de Firenze pour que tu ne puisses jamais rappeler à ta mère son péché.


    La main de l’Italienne s’empara du premier objet qui lui tomba entre les doigts et le balança contre le mur d’un geste de rage tout en se levant. La petite fiole, heureusement vide, se fracassa au sol dans un bruit de verre brisée ce qui eut pour effet de faire entrer en courant Luigi, son homme de confiance. A peine entré, il avisa ce qu’il s’était passé avant de planter son regard dans celui de la jeune femme. Mais celui qu’elle lui lança le dissuada d’aller plus en avant et sans un mot, il referma la porte. Les deux mains sur les hanches, Galiana reprit la direction de la table pour s’y installer à nouveau.



    IL m’a offert la possibilité d’avoir un enfant, à moi. A condition que je taise le nom de ta mère à tout jamais et que tu ne saches jamais la vérité… Bella Donna, on dit que ton père est mourant... Le serment qui m’unissait à lui peut être enfin libéré surtout s’il te permet de rester en vie. Il Cardinale est un homme influent tu le sais. Que tu sois chez le Vicomte ou bien ailleurs, il te fera rechercher. Non pas pour te ramener mais simplement pour t’infliger une punition et te laver de tes péchés. Il prétextera que tu es une fille du Sans Nom, que tu utilises des herbes magiques pour tes potions, que tu es perversité et traitrise… Il te connait mieux que quiconque alors mon choix est fait.


    Galiana inspira profondément tout en tournant son visage vers les flammes. Elle avait été l’œuvre d’Il Cardinale. Il avait tant exigé d’elle qu’elle ne comptait plus le nombre de personnes qui étaient mortes dans des circonstances sombres. Il la tenait en son pouvoir, du moins le croyait-il. L’oiseau avait quitté le nid et n’avait surtout pas attendu de mourir de ses mains. Soulevant le vélin une nouvelle fois, Galiana se perdit dans la contemplation des danses des flammes sur le papier avant de se concentrer sur les derniers mots.



    Ton père… Giuliano De’ Medici, puisque c’est son nom, est un homme puissant. Peut-être pourra-t-il te venir en aide sur la fin de sa vie. Si tu peux entrer dans ses bonnes grasces, t’accordera-t-il le pardon que tu as besoin pour…


    La lettre continuait encore et encore mais Galiana en avait assez. Un haut de cœur la pris violemment et la jeune femme se précipita vers l’extérieur de l’auberge, dévalant les escaliers qui menaient à l’étage et aux chambres. Elle ouvrit à toute volée la porte et finit sa course un peu plus loin, à l’orée du bois, l’estomac retourné, les larmes de rage roulant sur son visage. Les quelques clients qui était là, surpris, cherchèrent à voir ce qu’il se passait mais Luigi veillait au grain. Se mettant devant la porte tout en la refermant, il mettait un point final à cette maudite soirée.

    Et les jours passèrent. Galiana rumina son histoire. Cette vérité qui distillait son venin dans ses veines. La Bella Donna ne mangeait plus guère et avait perdu le gout pour tout. Les soirées en taverne étaient devenues fades et l’ennui s’ajoutait à son esprit torturé, la rendant plus mélancolique qu’à l’accoutumé. Alors l’Italienne prit la décision d’envoyer Luigi en quête d’information. Si de’ Medici était son père, il fallait qu’elle sache tout de lui. Qui il était, que faisait-il, était-il marié, avait-il d’autres enfants ? Mettre tous les atouts de son côté pour affronter un jour son géniteur même si… on n’effaçait pas vingt-deux ans d’une vie surtout quand elle ressemblait à celle de Galiana. Jamais elle ne pourrait être des leurs… jamais ou pas tout à fait… Tant de questions et si peu de réponses.

    Les jours s’étaient enchaînés. Galiana ne s’habituait toujours pas à ce froid qui régnait en Savoie et elle espérait secrètement que bientôt, Luigi franchirait la porte de l’auberge afin de lui dire qu’elle pouvait rentrer en Italie. Rome ne serait plus qu’un triste souvenir et une nouvelle vie prendrait naissance. Et Luigi revint mais les réponses n’eurent pas l’effet escompté sur la brunette. Si de’ Medici était bien à la tête d’un empire, il n’était plus que l’ombre de lui-même et le temps du voyage serait peut-être trop long. Mais ce que Galiana apprit ce soir-là, lorsque l’Italien se décida à enfin tout lui révéler, fit germer une idée dans l’esprit retors de la petite épine. Et le sourire qui s’afficha sur le visage de Galiana ne laissait présager rien de bon.


    - Alors raconte... dépêche-toi... qu'as-tu donc trouvé ?

    - Il n'a pas été difficile de délier les langues à Firenze... j'y ai quelques contacts et ta bourse a été largement suffisante pour les faire parler... Et j'ai appris que les de' Medici sont connus comme le loup blanc et plus encore Giuliano... C'est un homme riche Galiana, très riche. Il a un certain pouvoir et dirige son monde d'une main de fer...

    - Mais est-il marié, a-t-il des enfants... sa vie Luigi, quelle a été sa vie ?

    - Il est veuf à ce qu'on dit et il ne s'est pas remarié mais de son mariage, il a eu deux enfants... un garçon et une fille... des jumeaux...

    Galiana se renfrogna... Ainsi donc il avait des légitimes. Peut être même qu'il avait dû l'oublier dans un coin de sa mémoire, ce petit enfant qu'il ne souhaitait pas. La jeune femme respira profondément puis jeta un regard à Luigi afin qu'il continue son récit.

    - Le garçon a été envoyé au royaume de France quant à la fille... d'après mes sources elle est ici, dans un couvent de la région...

    Trop heureuse, elle servit un verre de vin à son fidèle compagnon avant de prendre son visage entre ses mains et l’embrasser à pleine bouche puis d’un geste théâtral, elle se dirigea vers l'âtre afin d'y remuer les braises avant de revenir s'installer sur le lit où la Bella donna prit place à nouveau, les yeux éclatants d'intérêt.

    - Dans un couvent de la région dis-tu... et bien soit, nous commencerons par elle... raconte-moi encore... son âge, son nom, ce qu'on a pu t'en dire et son jumeau comment est-il ?...

    Au bout de deux heures, Galiana en savait assez pour envisager la suite. Elle se dirigea vers son écritoire sans un regard pour l'italien.

    - Tout vient à point à qui sait attendre Luigi et la patience est l’une de mes vertus. Tu vas avoir du travail dès cette nuit alors boit encore un verre ou deux si cela te plait et repose-toi, tu en auras besoin.

    Et à la lueur de la chandelle, Galiana se mit à écrire.



    A vous damoiselle,
    A vous, Ginny de’Medici,

    Je sais que vous serez surprise en lisant ces quelques lignes et je m’en excuse très humblement mais... Ne pensez pas à une mauvaise éducation de ma part mais voyez-vous… oh qu’il est difficile pour moi de venir ainsi quémander une attention…

    Chère damoiselle, voyez-vous, je suis dans ce pays où les montagnes sont là à perte de vue et ma contrée se fait bien lointaine dans mon esprit. J’aimerais retrouver le soleil qui me réveillait chaque matin, la douceur de la bise lorsqu’elle emporte les effluves de la mer mêlées au doux parfum de nos campagnes mais j’ai beau fermer les yeux, rien n’est plus comme avant... Il est une nostalgie de mes terres qui m’ont vu naitre bien plus prononcée depuis que je suis arrivée ici et je désespère de pouvoir retrouver un peu de ce chez moi qui me manque tant... Mais fort heureusement, j’ai eu la joie de croiser quelques bonnes âmes qui m’ont indiqué que vivait non loin de moi une personne qui venait de Firenze***... Firenze… c’était tout bonnement incroyable…

    Vous pensez bien que je n’ai pas osé le croire dans l’immédiat… et puis je me suis laissée happer par le désir de retrouver cette musique dans nos paroles lorsque nous conversons, cet éclat aux reflets brillants comme le soleil de Toscane dans notre regard lorsque nous posons nos yeux sur ceux qui nous entourent, nos gestes de la main qui dansent sous les palpitations de nos cœurs et rendent nos mots si vivants… Alors si je pouvais me permettre, si j’osais… et puis j’ose enfin vous demander si une compatriote pouvait venir à votre rencontre. Voyez-vous, je me sens si perdue depuis que je suis arrivée en Savoie… Peut-être que vous ressentez cela vous aussi, peut être que nous pourrions conjuguer ce mal de nos terres pour en faire une force… Si vous nous le permettiez…

    Je sais qu’il est osé de vous demander cela ainsi mais sachez que je ne vous veux aucun mal. Juste retrouver ce qu’il me manque … J’attendrais votre bon vouloir avec l’espoir que nous puissions nous retrouver pour faire connaissance.

    Galiana Foscari.


    La Bella donna relut ses écrits, un sourire coincé sur le bord de ses lèvres. Elle était bien présomptueuse d’écrire à la jeunette ainsi mais rien ne l’arrêterait. Et puis des amies, elle ne devait pas en avoir énormément l’Italienne alors une compatriote ça ne se refuserait pas. Son plan semblait parfait et puis le moment venu, elle pourrait lui dévoiler la vérité… ou la garder pour elle. En attendant, Luigi n’avait plus qu’à trouver la de’ Medici afin de lui remettre la missive. Elle verrait bien si l’oiseau allait mordre à l’appat…



* Bella Donna = Belle Dame, Belle Femme ou Belladone, la plante
**Bella mia = ma belle
*** Firenze = Florence

_________________
Ginny
[Dans un couvent, en Savoie]

Le soleil venait tout juste de se lever sur les montagnes de Savoie. C'était une très belle peinture que de voir le soleil poindre à l'horizon au dessus des cîmes blanches.
Mais cette belle peinture, même si la rouquine se levait en même temps que le soleil, rares étaient les moments où elle pouvait l'admirer.

Ce qui est dur quand on vit dans un cadre aussi idyllique, c'est de ne pas pouvoir en profiter comme on le voudrait. Telle était la punition de Ginny di Médici qui était cloitrée depuis de nombreuses années dans ce couvent savoyard.
Qu'avait-elle donc fait pour y attérir? Rien. Enfin si...Elle était née.

Non pas qu'elle n'avait pas été désirée par ses parents qui l'avaient envoyée au couvent pour se débarrasser d'elle, ou bien parce qu'ils n'avaient pas les moyens de s'en occuper, ô grands dieux non, c'était tout le contraire. Ses parents l'a chérissait plus que tout, même si sa mère était décédée depuis longtemps, son père l'aimait toujours autant, et puis elle était née d'une bonne famille italienne, mais c'était une fille, et que fait-on d'une fille qui a passé l'âge de têter le sein de sa nourrice? Et bien on l'envoit dans le meilleur couvent possible pour qu'elle apprenne à coudre, à broder mais aussi à être une parfaite jeune fille bonne à marier.
La vie des jeunes filles nobles n'étaient pas des plus roses: envoyées très vite au couvent, elles n'en sortent que pour se marier. Elles passaient de la soumission à une Mère supérieure grincheuse à celle de leur époux pour enfanter et enfanter encore...

Et c'était la vie à laquelle était destinée Ginny....

Ce matin là, elle s'était levée avant les autres jeunes filles du dortoir. Elle aimait aller à la fenêtre voir le jour se lever, et surtout...elle pouvait rêver. Rêver d'une vie autre que celle qui l'attendait, une vie faite d'amour et d'aventures. Avec des voyages et des rencontres passionnantes!

Vous lisez trop Mademoiselle, les jeunes femmes ne sont pas faites pour vivre une vie d'homme, lui avait dit le curé de la ville voisine qui venait de la confesser.

C'était le plus grand regret de sa vie: ne pas être un garçon. Elle aurait pû rester avec son Père, il lui aurait appris à manier les armes, peut-être l'aurait-il laisser prendre la mer et découvrir de belles choses... Non. Ce n'était pas ce que le Très Haut avait prévu pour elle...
Et c'était inutile de convaincre Giulio de l'enlever pour l'enmener parcourir le monde. Son jumeau avait pris la voie de l'Eglise et ce n'est pas au milieu de ses paroissiens qu'il allait vivre de grandes aventures...
D'ailleurs, cela faisait longtemps qu'il ne lui avait écrit...peut-être avait-il été réquisitionné dans un petit village de paysans où régnait une épidémie et où même pas un messager ne pouvait sortir de la ville de peur de contaminer les autres? Non... là encore elle rêvait trop....il était surement attaché à un grand archevêque qui voyageait beaucoup et qui le laissait faire tout ce qu'il voulait.

Alors qu'elle poussa un long soupir de désespoir en regardant le jour se lever, la porte du dortoir s'ouvrit d'un coup, laissant entrer une des soeurs qui venait réveiller les jeunes filles. Ce matin, elles allaient encore apprendre à broder, comme tous les matins d'ailleurs... quelle vie passionnante quand on est une femme, se dit-elle.

Mais voila que la soeur s'approche et lui annonce qu'elle a reçu une lettre. Serait-ce Giulio qui lui annonce qu'il vient la visiter? Oh cela lui ferait tellement plaisir, voila longtemps qu'elle ne l'a pas vu. Il doit être devenu un bel homme, tout comme leur père!

Elle regarde l'écriture...c'est une écriture raffinée, on dirait plutôt celle d'une femme. Bizarre... C'est une écriture qu'elle ne connaissait pas.
Elle l'ouvre et décide de la lire, assise sur son lit alors que ses compagnes de malheur partent faire leurs toilettes.





A vous damoiselle,
A vous, Ginny de’Medici,

Je sais que vous serez surprise en lisant ces quelques lignes et je m’en excuse très humblement mais... Ne pensez pas à une mauvaise éducation de ma part mais voyez-vous… oh qu’il est difficile pour moi de venir ainsi quémander une attention…

Chère damoiselle, voyez-vous, je suis dans ce pays où les montagnes sont là à perte de vue et ma contrée se fait bien lointaine dans mon esprit. J’aimerais retrouver le soleil qui me réveillait chaque matin, la douceur de la bise lorsqu’elle emporte les effluves de la mer mêlées au doux parfum de nos campagnes mais j’ai beau fermer les yeux, rien n’est plus comme avant... Il est une nostalgie de mes terres qui m’ont vu naitre bien plus prononcée depuis que je suis arrivée ici et je désespère de pouvoir retrouver un peu de ce chez moi qui me manque tant... Mais fort heureusement, j’ai eu la joie de croiser quelques bonnes âmes qui m’ont indiqué que vivait non loin de moi une personne qui venait de Firenze***... Firenze… c’était tout bonnement incroyable…

Vous pensez bien que je n’ai pas osé le croire dans l’immédiat… et puis je me suis laissée happer par le désir de retrouver cette musique dans nos paroles lorsque nous conversons, cet éclat aux reflets brillants comme le soleil de Toscane dans notre regard lorsque nous posons nos yeux sur ceux qui nous entourent, nos gestes de la main qui dansent sous les palpitations de nos cœurs et rendent nos mots si vivants… Alors si je pouvais me permettre, si j’osais… et puis j’ose enfin vous demander si une compatriote pouvait venir à votre rencontre. Voyez-vous, je me sens si perdue depuis que je suis arrivée en Savoie… Peut-être que vous ressentez cela vous aussi, peut être que nous pourrions conjuguer ce mal de nos terres pour en faire une force… Si vous nous le permettiez…

Je sais qu’il est osé de vous demander cela ainsi mais sachez que je ne vous veux aucun mal. Juste retrouver ce qu’il me manque … J’attendrais votre bon vouloir avec l’espoir que nous puissions nous retrouver pour faire connaissance.

Galiana Foscari.



Son visage s'illumina en lisant les mots. Voila une jeune femme qui, à sa manière d'écrire, semble raffinée. "Foscari"...elle eu beau chercher dans sa tête, non, elle n'avait jamais entendu parler de cette famille.
Mais qu'importe! Elle qui était en manque d'aventures, et voila qu'une compatriote répond à son appel. Qu'allait-elle pouvoir lui répondre, elle qui n'a que 15ans alors que la jeune femme semble plus âgée, qu'allait-elle pouvoir lui dire sans paraitre trop immature?

Elle allait avoir la journée pour y penser, car déjà la soeur revient à grand pas et la presse de ranger sa lettre et d'aller se laver.



Le soir, tandis que ses camarades se promènent dans le jardin du couvent, elle s'empresse de trouver de quoi écrire pour répondre à l'inconnue.





A vous, Madame,
De moi Ginny di Médici,


Madame, je ne vous connais point et pourtant lorsque j’ai reçu votre lettre ce matin, mon cœur a chaviré.
Est-ce la providence qui vous envoie sur ma route alors que ce matin encore je soupirais d’ennuis, que ma vie ne soit que trop monotone.

Quelle est donc cette personne qui vous a parlé de moi, que je la remercie de m’avoir envoyé une florentine.
Ainsi donc, vous êtes-vous aussi originaire de Firenze ? Je partage cette langueur de notre terre, voyez-vous, cela fait plusieurs années que j’ai été envoyée dans ce couvent où votre lettre m’est parvenue que j’ai peur d’avoir oublié la beauté de cette ville si chère à mon cœur et qui m’a vu naitre. J’ai beau avoir des peintures que mon Père m’envoi pour me rappeler combien Firenze est la plus belle ville qui soit, mais il me manque les odeurs, le bruit…tout ce qui fait le charme de cette terre.

Qu’Aristote soit béni de vous avoir mené aussi près de moi et que vous m’ayez écris. Vous avez eu raison Madame, grâce à vous peut être pourrais-je recouvrer certains souvenirs de mon enfance.

Pouvons-nous nous rencontrer ? Habitez-vous loin du couvent où je suis enfermée ? Je ne puis en sortir hélas avant longtemps, nous ne sortons qu’une fois le mois pour visiter les malades et les pauvres ou pour les grands offices religieux, mais vous peut être, pourriez-vous venir me visiter ? Cela me ferait tellement plaisir d’avoir de la visite. Ma famille est restée à Firenze, et mon frère est quelque part en France, je suis seule depuis des années et vous rencontrer et parler de notre terre à toute deux me ferait le plus grand bien.

Pardonnez ma lettre très courte et le peu de question que je vous pose, mais déjà une sœur me presse, il est l’heure des Vêpres. Ecrivez moi vite je vous prie et annoncez moi que vous viendrez me visiter, cela me ferait tellement plaisir !

Soyez assurée d’avoir déjà mon amitié,

Ginny di Médici


Une fois la lettre cachetée, elle s'empresse de rejoindre la chapelle du couvent, prenant soin d'emporter la lettre avec elle pour la donner à l'une des soeurs qui ira au marché le lendemain et la donnera à qui de droit.

Cette nuit là, la rouquine eu du mal à s'endormir, rêvant de l'inconnue qui lui avait écrit, et espérant qu'une nouvelle amitié naitrait qui la sortirait de sa vie monotone
Giulio.di.giuliano
Episode Ier : "Tu seras prêtre, mon fils."


Firenze, Toscane - Palazzo de'Medici, quelques mois au paravant :

Ambiance à l'Italienne..

Dans le petit salon intime du Palazzo, réservé strictement et uniquement à l'usage personnel du chef de famille pour y recevoir certains de ses proches ou encore relations d'affaires, afin d'y entretenir des conversations d'ordres privées,
le patriarche Giuliano piero de'Medici reçoit son jeune fils, Giulio, dont ce dernier entre dans sa quinzième année.

Rares sont les occasions où le "ragazzo" peut compter d'avoir eu une franche discussion avec le paternel.
C'est à travers un esprit, à la fois anxieux et interrogateur, que Giulio rejoint son géniteur dans la pièce confortablement meublée et décorée :
signe d'une puissante richesse accumulée depuis plusieurs générations grâce aux nombreuses filières banquaires des Medici basées dans les plus grandes cités d'Italie.


Le Père, Giuliano de'Medici : "Referme bien derrières-toi".

Les premiers mots. Un ton dur tel un roc. Habituel chez le chef de famille.

Le garçon s'exécute évidemment puis reste debout, fixe, d'un air bien obéissant face à son père.
Jusqu'à ce que ce dernier fasse un bref signe de la main pour désigner un siège.
"Autorisation" accordée, Giulio prend place sans dire un mot.


"Tu seras prêtre, mon fils. Et même Cardinal, pour l'honneur de notre famille et celle de Rome. Car il me plait."

Secondo i vostri desideri di mio padre.* (Il sera fait selon vos désirs, Père.)

La réponse ne se fait pas attendre, d'un ton calme et bien obéissant afin de respecter les désirs de son influent et redouté de père. Et de par son éducation reçue également, puisque telle est sa destinée.
Seul le patriarche décidera, de son vivant, de qui héritera des terres et du pouvoir politique au nom des Medici en Italie.


"Tu pars dans deux jours. Tu seras conduis en Royaume de France, comme ta jeune soeur, afin que tu puisses parfaire ton éducation, connaitre et apprendre de la culture de cette puissance incontestable du monde Occident.
Tu y termineras tes études, tu y feras ton séminaire et tu réussiras dans le but de servir Rome et sa Sainteté par delà l'Italie"


...

Le sort en est jeté, c'est un long et éprouvant voyage qui attend notre futur séminariste.
Dans le carosse qui le mène en royaume des Françoys, Giulio passe son temps à étudier une bonne dizaine de manuscrits dont chacun détaille les spécificités des Ordres Religieux basés en France.
Parmi eux, l'Ordre Franciscain semble être celui qui se rapproche le plus des convictions et des attentes du jeune Italien..



Episode II : "De l'Italie au Berry !"

Hélas, une guerre, civile ?, fait rage sur les terres du Roy de France.
Le danger se fait de plus en plus menaçant et les routes bien moins sûres.
Le convoi du Medici n'a d'autres solutions que de s'arrêter dans un charmant bourg qui porte le nom de Sancerre.

Dès les premiers jours, Guilio fut touché par l'accueil chaleureux que lui ont réservé les habitants du bourg.
Il fit d'agréables rencontres et apprécia de découvrir un village vivant dans la Foy et la bonne entente.
Il n'en faut pas plus à l'italien pour décider que sa "halte temporaire" devienne un emménagement définitif.

...

Au jour d'aujourd'hui :

Voilà presque deux semaines que le Medici mène sa nouvelle vie "Sancerroise".

Il a possède une modeste chaumière, vient d'acquérir son tout premier lopin de terre céréalier et occupe ses longues journées par ses études de Séminariste mais également par quelques travaux au compte de l'Eglise,
ou parfois va prêter main-forte aux Miniers pour rapporter de l'or dans les caisses de Mon Sieur le Bailli !
Avec les écus gagnés, Giulio peut embaucher quelques ouvriers à son champs et en distribuer aux pauvres gens à la sortie de l'Eglise après chaque messe qu'il assiste tous les dimanches.
Bien sûr, il se rend au saint édifice plus d'un jour par semaine pour se consacrer à ses nombreuses prières.
Après tout, Giulio, malgré sa jeunesse, se contente parfaitement d'une miche de pain par jour et d'un toit.

...


Episode III :"Stella splendes.." * (*L'éclat des étoiles)

Une nouvelle journée s'ouvre à Giulio.
Mais malgré le timide rayon de soleil qui est présent, l'italien reste volontairement enfermé chez lui.
Il a fait serment à son père de réussir ses études et de devenir prêtre, et il compte bien tenir parole comme à l'accoutumée.
Les volets de la chaumière sont entre-ouverts pour laisser passer un brin de lumière mais également pour éviter d'être dérangé durant ses travaux et sa concentration.
Visiblement, ceci ne suffit pas car le voilà interrompu par quelques coups frappés à sa porte.

Un premier soupir.
L'on frappe de nouveau et avec insistance cette fois.
Second soupir.
Le Medici quitte son tabouret, désappointé, et va ouvrir à l'importun.


che cos'è ?!* (qu'est-ce que c'est ?!) demande-t-il d'un ton tracassé en apercevant un coursier.

Une missive pour le Sieur Jules de Médicis. Elle provient de Florence.

Oui, Jules de Médicis tel est son nom francisé. Et celui-ci pointe sa main, paume vers le ciel pour récuprérer le vélin.

Si, c'est moi, Donne.

Et voilà que le fils se surprend à parler comme son père.
Ceci ne l'empêchant pas de remercier le coursier par quelques écus.

Surement son patriarche, le chef de famille qui vient aux nouvelles sur le déroulement de son séminaire et son installation en France.
Mais il en est tout autrement : au fur et à mesure qu'il parcoure les lignes de la missive, le visage blafard et peu démonstratif de Giulio se renfrogne.
Il est signifié que la santé du patriarche se décline de jour en jour et que celui-ci prend ses dernières dispositions vis à vis de la famille et de ses affaires professionnelles.

Voilà un soudain revirement de situation dont le fils a du mal à donner une explication.
Certes son père se fait fort dans l'âge puisqu'il a atteint sa Cinquante-troisième année, mais hier encore, dans les souvenirs de Giulio, cet homme sévère et redouté de tous lui paraissait robuste et infatiguable.
Le Très Haut a décidé qu'il était surement temps à Giuliano piero de'Medici, de lui accorder un repos éternel et bien mérité.
Du moins, le jeune fils préfère l'envisager ainsi pour mieux l'accepter.

Dans la lettre, le chef de famille confie une nouvelle mission à son héritier : prendre "soin" de la santé de sa jumelle, Ginny, de veiller à sa sécurité et de lui trouver un bon mari avec une situation saine.
En gros jouer le rôle du "Chaperon" ! déchiffre Giulio.
Le père n'hésite pas à lui rappeler : ".. Mais n'oublie pas ta promesse. Tu deviendras un important homme d'Eglise."

Parmi les innombrables parchemins qui volent dans la pièce, aussi bien sur la petite table en bois que sur le sol,
Giulio réussi à mettre la main sur un vélin encore vierge - ô miracle - et rédige à son tour un courrier à destination de sa soeur jumelle :




Sancerre, Duché du Berry - France,
Ce 12 Février An de grâce 1461.

Mia cara sorella,

Pardonne-moi de n'avoir pu t'écrire plus tôt.
Depuis que nous avons quitté Firenze, je suis devenu un homme fort occupé et les jours défilent à une vitesse invraisemblable.

J'ai reçu des nouvelles du "Padré" qui ne sont guère réjouissantes je te le confesse.
Mais pour l'heure, ne gâche pas ta santé à cause de l'anxiété. Mais réjouis-toi, plutôt, car tu vas quitter ton couvent pour me rejoindre ici, en Berry où il fait bon vivre.
Tu y feras d'agréables rencontres je te l'assures et puis tu retrouveras ton jumeau adoré !
Nous avons tant et tant à nous dire..

Un convoi sécurisé suivra cette missive pour venir te chercher et ta ramener à mes côtés.
Lorsque tu seras là, nous prendrons le temps de discuter par rapport à Père qui me te confie sous ma propre responsabilité désormais.

J'ai grande hâte que tu arrives. Soit prudente.

Avec toute mon affection.

G.d.G. de'Medici.



Plus tard, après avoir pris soin de faire expédier son courrier,
Giulio reprend le vélin rédigé par son père et relit avec une certaine émotion les derniers mots d'un homme strict mais qui s'ouvre, enfin, à la fin de sa vie.. :

"Si Demain je m'en vais. Je veux que tu sois le chef de famille car je sais que tu sauras bien t'en occuper. Mais surtout, n'oublie pas ta promesse.
De là-haut, je veillerais à ce que tu portes un jour le chapeau des Cardinaux.
Je ne te l'ai jamais dis, mon fils, mais je suis fier de l'homme que tu es devenu.
Sois fort, sois sévère mais juste. Plus encore, soit bienveillant envers ta famille.
Tel sont mes dernières volontés car il me plait ... mais aussi parce que je m'apprête à rejoindre la
Stella splendes.."
Galiana.
    Galiana était là, regardant par la petite fenêtre de sa chambre à l’auberge, lorsque deux coups furent portés à la lourde porte et que cette dernière céda la place à la haute stature de Luigi. Ne bronchant pas d’un pouce, la jeune femme semblait absorbée dans la contemplation de quelques flocons de neige qui désiraient prendre possession du paysage mais un léger soupir venait trahir cette concentration toute feinte.

    - Alors… quelles sont les nouvelles ?

    Galiana sentait le regard de l’homme qui s’était avancé dans la pièce en silence se poser sur elle. Elle n'avait pas besoin d’être devin pour savoir que chacune de ses courbes étaient détaillées sans la moindre honte. Il faisait partie de ces rares personne à bien connaitre la Bella Donna, à savoir ce qu’elle avait dans la tête, les pensées pas toujours séduisantes qui vagabondaient dans son esprit ainsi que l’abandon dont elle faisait preuve dans ses bras lorsqu’elle avait besoin de réconfort. Depuis longtemps, il était à ses côtés, depuis longtemps il exécutait ce qu’elle lui demandait. Homme de mains, homme de confiance, protecteur, amant, on pouvait dire qu’il était un tout et que, près de cette femme, c’était une position qu’il ne regrettait nullement. Au moins, il pourrait anticiper si un jour, elle désirait se débarrasser de lui… ce qui, pour l’heure, n’était pas le cas car la solitude et l’éloignement forcé de Rome ou de Firenze de Galiana était sa force. Alors Luigi s’approcha de la brunette, lui posa une main sur l’épaule tout en murmurant contre son oreille.

    - Et si je te disais que les choses bougent, cela te plairait ?

    La Bella donna se dégagea de son étreinte en se levant d’un bond, lui faisant face. Sourcil haussé afin de comprendre ce qu’il voulait dire, sondant son regard du sien, le visage des mauvais jours s’affichant outrageusement sur ses traits, elle attendit un geste qui vint lorsque Luigi sortit de sa poche une missive. Galiana la lui arracha des mains en maugréant.

    - Stupido*****… tu attendais quoi pour me la donner, que je te supplie ?

    S’éloignant de quelques pas, Galiana prit connaissance de la missive et un sourire apparut enfin sur ses lèvres avant de laisser sa joie éclater. Elle se précipita vers son écritoire, excitée comme une enfant qui venait de recevoir son cadeau de noël.

    - Bene****… bene… cela sent l’impatience Luigi… le bel oiseau aux plumages dorés semble vouloir se faire une amie… tu crois que je peux dis ?

    L’éclat dans le regard de Galiana aurait fait frémir n’importe qui mais pas l’italien. Luigi était une âme damnée au même titre que la Bella donna. Au contraire, il s’en approcha avant de lui sourire.

    - Bella**… elle ne demande que ça non alors pourquoi te retenir ?

    L’approbation de Luigi n’était qu’une formalité mais elle dédouanait quelque peu l’âme de Galiana. Tel un serpent, elle se glissait auprès de celle qui était sa sœur avec une facilité déconcertante. Elle avait vécu au cœur de tant de complots qu’elle se demandait si la jeune Ginny était inconsciente du danger ou bien naïve au point de s’ouvrir ainsi à une inconnue. Peut-être que son père, leur père, ne l’avait jamais mise au courant des dangers qui pouvaient roder autour des hommes de pouvoir et de leur famille. Et bien malgré elle, la Bella donna ressentit un pincement au cœur face à cette jouvencelle qui sortait à peine de l’enfance et qui avait été protégée des affres du monde par le couvent où elle vivait. Se dégageant de l’emprise du regard de Luigi, Galiana se mit à répondre à sa sœur.



    A vous damoiselle Ginny de’Medici

    Je ne croyais pas cela possible et pourtant je constate que mon courrier a su vous trouver mais surtout parler à votre cœur... Et quel bonheur ce fut de voir que vous étiez aussi enthousiaste que moi à l’idée de nous rapprocher afin de soulager notre manque mais aussi notre peine d’être tenues éloignées de Firenze***.

    Vous dire qui m’a parlé de vous ne serait qu’un détail. Je l’ai déjà remercié comme il se devait lorsque nous nous sommes recroisés et puis les noms des gens ont quelque peu du mal à me rester en mémoire. Mais si d’aventure nous croisons cette personne ensemble, alors il va de soi que je saurais vous dire qui elle est… car oui, bien entendu que j’accepte de vous rencontrer. Je suis à Chambéry actuellement mais je puis me déplacement comme je l’entends et un voyage vers votre couvent ne me fait aucunement peur, bien au contraire. Je pense que quelques heures à passer en ces lieux me feront le plus grand bien et permettront à mon âme de retrouver une certaine sérénité qui me manque depuis que j’ai quitté notre beau pays.

    Mais arrêtons-là de nous tourmenter dans des souvenirs que l’encre a bien du mal à retranscrire. Je serais aux portes de votre couvent dans deux jours ma chère amie et je pense que cela nous fera le plus grand bien à vous comme à moi de nous rencontrer. Et comme vous n’avez pas le droit de sortir, je pense que la mère supérieure du couvent ne refusera pas de garder une âme en peine quelques heures. Cela nous permettra de faire connaissance et qui sait, de nous lier de cette amitié qui fait les grandes amies…

    Je vous dis donc à très vite Ginny de’ Medici.

    Galiana Foscari.


    La Bella donna* souffla sur ses écrits afin de pouvoir confier le pli à Luigi, qu’il le remette à sa destinataire le plus vite possible. Il était hors de question de laisser ce petit oiseau sans nouvelles trop longtemps puis, pendant l’absence de son fidèle compagnon, Galiana rangea soigneusement ses affaires. Elle envisageait bien d’aller s’installer où vivait Ginny afin d’être plus prêt d’elle, se rendant indispensable à la jeune demoiselle qui, tout comme une jolie rose, semblait éclore.

    Et les deux jours qui les séparaient de leur rencontre parurent une éternité à Galiana qui rongeait son frein non loin du couvent désormais. Aussi, lorsque sa main frappa à la porte du lieu saint, l'italienne ressentit comme un frisson d'appréhension. Elle allait enfin rencontrer cette soeur qui lui tombait du ciel... et après... que ferait-elle de cette jouvencelle à l'opposé de ce qu'elle était ?
    La soeur fit entrer Galiana puis referma la porte. Une sensation envahit alors la Bella Donna comme si une nouvelle page de son histoire s'apprêtait à s'écrire sur le champ...



* Bella Donna = Belle Dame, Belle Femme ou Belladone, la plante
**Bella = belle
*** Firenze = Florence
****Bene = bien
***** Stupido = stupide

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