[RP] Visite au couvent

Bras dessus, bras dessous ou presque, le frère et la sœur tous deux juchés sur Nacre, la monture de la rousse, partait vers leur ancien village natal.
Là-bas, le couvent avait accueilli, même plutôt recueilli leur mère respective après le décès du pater familias.
Cela faisait une bonne année qu'Andhara n'avait revu sa mère mais cela faisait bien plus longtemps encore pour son frère parti tôt de la maison.
Il serait certain que la chose serait peut-être difficile au début et la route vers La Flêche semblait plus silencieuse que d'habitude.
Elle tourna la tête, regardant en arrière son frère juché derrière elle…

ça va Frérot ? J'te trouve bien silencieux

D'une main taquine elle vient chatouiller les côtes fraternelles pour l'embêter un peu mais pas trop, sa propre blessure recousue, décousue étant encore assez douloureuse, surtout avec le mouvement équestre bien que plus reposant que la marche.

"heeeeeeey ! tu vas m'faire tomber !"

Riant sur la monture derrière sa soeur, il profite du voyage, se ressourçant ; un retour aux origines.

Il laisse un long moment de silence, hésitant un peu.

"Tu sais, c'est ... ca fait bien longtemps qu'j'ai pas vu m'man ... du coup, ben ... j'stresse un peu quand même. J'me d'mande c'quelle va bien pouvoir penser d'moi après que je l'aie abandonnée. Et pis bon, j'etais même pas là pour l'enterrement d'papa ..."
Un long soupire s'en suivit, les yeux dans l'vague.

Huit ans ... Huit longues années s'était écoulées depuis la décision de quitter le harras familial. Le conflit permanent avec son père n'avait que trop duré. Mais n'est ce pas la juste relation d'un père et d'un fils ? Se forger son propre caractère, ne plus vivre à travers les yeux du patriarche, celui qui lui a pourtant tant appris. Des signes de feu mal apprivoisés, la relation pleine d'étincelles. Il fallait partir, tenter sa chance, découvrir d'autres horizons. Partir sans se retourner, laissant sa pauvre mere sans son fils ainé, délaissant son rôle de grand frère à grands regrets.

"et pis tu crois qu'elle va m'reconnaitre ?"

Les long cheveux roux de sa soeur lui caresse le visage sous la petite bise du soir qui vient de se lever.

"Eh dis ? eh !" Lui lance t il avec un air enfantin. "c'quand qu'on arrive ?"

Elle rit avec lui de cette complicité autrefois perdue et à présent retrouvée.
Le frère et la sœur comme au bon vieux temps… ou presque. Ils ont grandis tous deux.
Le silence s'impose un instant. Elle sent son frère qui est tendu ; l'écoute.

C'est normal que t'angoisse un peu mais t'sais, j'crois pas qu'elle ait jamais pensée qu'tu l'aies abandonnée.
Elle s'imaginait simplement qu'tu faisais ta vie d'adulte et puis elle savait très bien comment c'était entre p'pa et toi. C'tait un s'cret pour personne.

J'suis sure qu'ça lui f'ra plaisir de nous r'voir.
Elle se tourne un peu pour regarder son frère et lui sourire. D'un bras ramené en arrière elle vient ébouriffer la tignasse de son frère pour le détendre un peu en l'embêtant.

Bien sure qu'elle te r'connaitra. Y a des traits d'famille qui n'trompent pas.
Elle-même repense un instant à la dernière fois qu'elle avait vu sa mère, séparées toutes deux dans le deuil d'un père et d'un mari.
La voix de Tom la ramène à l'instant présent, faisant l'enfant et elle sourit puis commence à chantonner…
Cinq kilomètres à pieds… ! ça use ! ça useeeu !

Un sourire presque enfantin sur les lèvres, elle revient ensuite à un ton un peu plus sérieux
On y s'ra pour c'soir t'en fais pas

La fin du trajet, Tom restât silencieux ... Beaucoup d'images se bousculaient dans sa tête, des souvenirs de son enfance au harras, son père le fusillant du regard quand il préférait flaner plutot que de l'aider au foin pour les chevaux, le regard vif de sa soeur toujours enjoué et prête à mettre la main à la pâte ...
Le souvenir de quelques parties de cache cache, où il n'était pas bien difficile de débusquer sa frangine par la rousseur de sa chevelure se démarquant tout à fait des couleurs de la nature, le fit sourire puis un flash, le regard bienveillant de sa mère... Certes elle restait souvent silencieuse, comme si elle préférait ne pas intervenir dans n'importe quel moment afin que Tom trouve son chemin ... C'etait peut etre ca : qu'il trouve son chemin ! Elle le connaissait mieux que lui même et il venait de le comprendre ; c'était sa mère après tout !

Andh arrête Nacre devant un grand bâtiment assez austère avec très peu de fenêtres. Pourquoi c’était elle enfermée là dedans ? quel bonheur y avait il à trouver à se reclure, ne parler à personne ?

Elle frappe à la porte avec une certaine assurance, Tom reste un peu en retrait. Celle ci s'ouvre lentement, et sans un mot, ils entrèrent, passant la petite cour de l'entrée. Une soeur les conduisit jusqu'à une chambre dont la porte était entre ouverte. Tom se racla la gorge, et prit la main de sa soeur en prenant une grande inspiration. La nonne frappa par bienséance et une petite voix qu'il connaissait bien murmura un "entrez !"

Arrivés devant la bâtisse où avait choisi de se recueillir leur mère, elle prit le temps, on pourrait même parler de pause, pour observer les murs des lieux.
Cela faisait un bon moment qu'elle ne l'avait vu et la dernière fois… il y avait presque un an, et les souvenirs du deuil paternel revinrent en mémoire.
Ce fut la descente de cheval de son frère qui la tira de ses pensées et elle l'imita pour rejoindre la plancher des vaches.
Allant au devant de son frère, elle alla ensuite frapper à la porte du cloitre. Un judas ouvert pour vérifier l'identité des visiteurs puis la porte s'ouvre en grinçant.
Pleine de retenue, contrairement à l'habitude qu'elle arborait, elle parla doucement et à voix basse pour donner l'objet de sa visite.
La vieille nonne les fit entrer et frère et sœur suivirent patiemment le cheminement des couloirs jusqu'à la porte qui donnait sur la chambre de leur mère.
Postés devant la porte, elle se tourna vers son frère pour l'interroger du regard. Une caresse amicale dans les cheveux en broussaille de son frère et un sourire pour l'encourager et la nonne toqua trois petits coups à la porte et ils entrèrent suite à l'invitation…

La pièce était petite et simplement meublée du nécessaire. Mais le principal y était et sourire aux lèvres de nouveau déployé, elle alla à la rencontre de sa mère, la serrant dans ses bras. Elle dit un simple "Maman…" dans un soupire satisfait puis se tournant vers son frère et laissant donc la place à d'autres sortes de retrouvailles, elle s'écarta doucement en souriant à Tom…

Quelques coups donnés à la porte de sa chambrée pendant que la vieille femme, agenouillée devant son lit, récitait quelques prières. abrégeant celles-ci, elle termina par un signe bien religieux et se releva avec les difficultés liées à l'âge, avant de permettre d'entrer.
Elle n'était pas habituée à recevoir de visite une fois le soir tombé et se demanda ce qui pouvait requérir d'être tirée des prières quotidiennes.
Cependant, sa vie passée entourée de son mari et ses deux enfants lui avaient toujours donné une idée de l'imprévu qu'elle ne rechignait jamais.
Arrangeant quelque peu ses vêtements, sœur Marie fit son entrée pour annoncer deux visiteurs.
Deux visiteurs ? La question intérieurement posée trouva vite une réponse lorsqu'elle vit la chevelure rousse de sa fille se dessiner dans l'encadrement de la porte.
C'est une belle émotion inattendue, qui la prit pendant que sœur Marie quittait les lieux pour laisser place aux retrouvailles.
Sa fille qu'elle avait vu partir, pour vivre sa vie comme elle l'avait toujours voulut, rebelle de naissance était là devant elle et lui ouvrant ses bras elle la serra fort contre elle en fermant les yeux sur une petite perle d'eau qui coula discrètement sur la vieille mais néanmoins jolie joue ridée à l'écoute de son ancien nom "Maman".
L'émotion si forte, elle n'avait pas encore pensé à qui était la deuxième personne présente et en voyant sa fille elle avait eu l'idée fugace que ce serait peut-être le mari qu'elle se serait finalement trouvée.
Se détachant légèrement de sa fille qui lui avait manquée, elle releva la tête vers elle, les mains tenant les joues rose de la jeune rousse dans un sourire ému.
Sa fille lui souriait aussi, la joie de se retrouver était une évidence cependant Andhara se détacha encore un peu de sa mère et, pivotant sur le côté, tendit le bras vers le jeune homme brun qui était présent.
Dire qu'elle était émue jusqu'ici était un euphémisme en comparaison de ce qu'elle ressentit alors quand son regard comprit après une seconde, qu'elle avait en face d'elle son fils pour qui elle avait tant prié.
Tom… ? s'approchant de quelques pas en sa direction, c'était un bonheur indescriptible qui se peignit sur son visage, les bras ouverts pour l'accueillir…