Flora_
Pour situer le personnage, Flora avait 6 ans quand elle a été enlevée aux siens. Après des mois de recherche de sa famille, sa colombe Innocence réussit à localiser son tuteur, Léonin, veuf de Fleur, sa maman. La petite réussit à s'enfuir de ses ravisseurs et après moult miles parcourus, elle est recueillie par le tribun du village de Saint-Aignan en la personne de Nouchkas. La petite a 7 ans quand elle revoit son papounet, et sombre dans le chagrin quand elle apprend que sa maman a perdu la vie en donnant naissance à son petit frère Arthur et que son jumeau Robin a péri dans l'incendie de Lausanne avec Aurore, sa soeur. Flora est contrariée de savoir que Léonin convole avec une autre jeune femme et préfère rester auprès de Nouchkas. Léonin lui promet de revenir la chercher à son retour vers la Franche-Comté... Seulement Flora ne veut pas quitter Nouchkas... cette dernière l'emmène en voyage voulant quitter le Berry après des déboires sentimentaux, elle la suit bien entendu vu que Léonin l'a confié à ses bons soins. Arrivées à Thiers, la jeune femme se rend compte qu'elle a oublié des effets à Saint-Aignan et confie Flora à une amie sur place. Le voyage ne devait prendre pas plus de 2 ou 3 jours. Seulement au bout de deux semaines, Flora reçoit une missive de Nouch qui lui indique qu'un ami pris dans la guerre a besoin d'elle... plus de nouvelles depuis un bout... elle finit par savoir qu'elle est blessée et en convalescence 45 jours. La guerre commence a faire rage partout autour d'elle, Flora se fait chasse de Thiers où elle n'est pas une ennemie du haut de ses 7 ans... et atterrit à Nevers où quelques jours plus tard, le même incident arrive. Elle se fait même menacer de procès si elle ne quitte pas la ville... malgré ses explications. Voilà le remerciement quand on veille avec les soldats la ville... Bref... elle retourne donc à Saint-Aignan après 2 ans à errer sur les routes sans but, toute seule. Arrivée dans sa maison laissée à l'abandon, Flora prend la décision à 9 ans de se retirer du monde pour aller prier chez les nonnes et apaiser le chagrin qui ne la quitte plus. Elle revient à la surface 6 ans plus tard, naïve et amère quant au fait que son tuteur Léonin qu'elle considérait comme son père l'ait abandonné et n'ait jamais été la retrouver depuis.
[En la ville de Saint-Aignan, dans la sobre masure de Flora]
Je venais de sortir d'une longue, longue, longue retraite. Sans que je ne m'en aperçoive, six années s'étaient écoulées. Le chagrin qui ne quittait pas mon coeur depuis l'annonce de la mort de maman et de mon jumeau était toujours présent. Seulement, la lettre d'un gentilhomme à qui j'avais offert un emploi pour s'occuper de mes champs m'avait redonné foi en l'homme. Ce dernier ne me connaissait nullement et pourtant, il avait décidé de m'offrir son amitié, une amitié qui me sera précieuse et qui perdurera sans aucun doute avec le temps. Il était d'une gentillesse et d'une prévenance qui me touchèrent au plus haut point. Je décidai alors de lui offrir mon amitié en retour et bien entendu de sortir de ce couvent. Je ne me voyais vraiment pas passer ma vie cloîtrer entre quatre murs.
Par la même occasion, je tentais de reprendre contact avec mon tuteur, Léonin de Monmouth. Premièrement pour être certaine qu'il était en vie, s'il était mort, cela aurait pu expliquer son abandon à mon égard. Deuxièmement, je venais d'avoir quinze ans depuis décembre. J'étais donc en âge de me prendre en main toute seule, vu que j'avais atteint la majorité... encore faut-il que les règles n'aient pas changé en 6 ans. Troisièmement, c'était une façon directe et franche de lui faire savoir mon déplaisir et ma profonde déception à son égard. Combien de fois m'avait-il promis de venir me chercher? Combien de fois avais-je été désillusionnée? Trop sans doute pour me rendre amère à son égard.
Je pris donc une plume et un parchemin et m'attachais à lui écrire une missive où le trop plein qui régnait sur mon cur s'y reflétait. Je ne sais comment il prendrait cette missive, mais je me devais d'être franche et directe comme ma douce maman, Fleur, me l'avait appris.
En songeant à elle, j'avais les larmes aux yeux et souvent, je murmurais pour moi-même: pourquoi m'as-tu laissé seule en ce bas-monde ma chère maman?
Une tâche salée se répandit sur le parchemin sans s'attaquer à l'encre, je fis donc sécher ce dernier avant de le rouler et le ficeler à la patte d'Innocence, ma loyale colombe qui ne m'avait jamais quitté durant ces longues années. Elle se faisait vieille, mais elle avait encore la vigueur d'une messagère. Je ne pouvais m'empêcher de penser au moment où elle aussi me quitterait.
Je m'essuyais les yeux, caressa le plumage de ma loyale amie et la laissa quitter son gît pour accomplir sa mission.
Je ne me faisais guère d'illusions sur la réponse que j'obtiendrais... mais comme on dit sait-on jamais alors Alea jacta est!
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