Actarius
A chaque jour suffisait sa peine. Ainsi finalement, le fait d'espacer les différents entretiens apparaissait comme salutaire. Non pas en raison des candidats, mais de la tension terrible qui régnait entre le Grand Chambellan et son Grand Maître des Cérémonies. Ils étaient contraste, opposition silencieuse de deux caractères forgés aux antipodes de deux mondes si distincts. La présence de l'un semblait un poids pour l'autre. La moindre parole ou attitude, le moindre geste ou regard, tout, absolument tout relevait d'une lutte impitoyable dont le seul objet demeurait la fuite d'une entrevue entre quatre yeux, d'un conflit ouvert.
Toute palpable que cette tension pouvait paraître, l'un comme l'autre en refusait presque viscéralement l'apaisement, s'infligeait jour après jour ce lourd fardeau comme pour mieux souffrir l'un de l'autre. Dans ces conditions, éprouver un postulant devenait une gageure. L'entrevue elle-même se déroulerait bien évidemment, mais la crainte de l'avant comme de l'après leur tiraillait les entrailles. Tel était du moins la situation à laquelle faisait face le Vicomte, qui ne trouvait au final de soulagement que dans l'entretien, seul apte à détourner son esprit de la peur du face-à-face.
A ce jeu de la fuite en avant, il fallait fourbir ses armes avec un soin particulier. Celles du Vicomte possédaient le tranchant de la morosité et la pointe acérée de l'indifférence. Plus honnêtement il ne s'agissait que d'armes d'apparat, si propices à étaler la force, mais sans la moindre résistance au combat. En clair, l'arsenal de pacotille ressemblait à s'y méprendre à un mécanisme de défense fort mal huilé.
Le Phénix inspira une dernière fois la bouffée d'air du courage et ouvrit la porte. Elle était assise, délicieusement, horriblement glacial. Une simple oeillade le mit au supplice. Bienvenue aux Enfers, Actarius d'Euphor. Sans se départir de sa contenance et de son masque de sévérité, il inclina légèrement la tête. Votre Altesse... Et le Languedocien prit place sans plus de cérémonie. En bon stratège, il décida de faire appel au garde afin de briser rapidement ce tête-à-tête.
Mon brave, faites entrer Sa Grasce Akane de Clairval.
_________________
Toute palpable que cette tension pouvait paraître, l'un comme l'autre en refusait presque viscéralement l'apaisement, s'infligeait jour après jour ce lourd fardeau comme pour mieux souffrir l'un de l'autre. Dans ces conditions, éprouver un postulant devenait une gageure. L'entrevue elle-même se déroulerait bien évidemment, mais la crainte de l'avant comme de l'après leur tiraillait les entrailles. Tel était du moins la situation à laquelle faisait face le Vicomte, qui ne trouvait au final de soulagement que dans l'entretien, seul apte à détourner son esprit de la peur du face-à-face.
A ce jeu de la fuite en avant, il fallait fourbir ses armes avec un soin particulier. Celles du Vicomte possédaient le tranchant de la morosité et la pointe acérée de l'indifférence. Plus honnêtement il ne s'agissait que d'armes d'apparat, si propices à étaler la force, mais sans la moindre résistance au combat. En clair, l'arsenal de pacotille ressemblait à s'y méprendre à un mécanisme de défense fort mal huilé.
Le Phénix inspira une dernière fois la bouffée d'air du courage et ouvrit la porte. Elle était assise, délicieusement, horriblement glacial. Une simple oeillade le mit au supplice. Bienvenue aux Enfers, Actarius d'Euphor. Sans se départir de sa contenance et de son masque de sévérité, il inclina légèrement la tête. Votre Altesse... Et le Languedocien prit place sans plus de cérémonie. En bon stratège, il décida de faire appel au garde afin de briser rapidement ce tête-à-tête.
Mon brave, faites entrer Sa Grasce Akane de Clairval.
_________________