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Petit RP sur NK...

[RP] Chasse, Chasseresse, chasse... [ NK ]

Yunette
[HRP] Ceci est un RP privé, veuillez ne pas y poster si vous n’y êtes pas invité, je me réserve le droit de demander toute suppression de message n’y ayant rien à faire.[/HRP]


      De chasse en chasse, elle était de retour dans le clan qui l’a vue naitre. Elle y avança, ne reconnaissant rien, ni personne. Ses parents s’étaient exilés tôt dans sa vie, trop tôt pour qu’elle se souvienne. Pourtant, les sons lui semblaient familiers, les odeurs aussi. Elle abaissa ses paupières sur ses prunelles écarlates, s’imprégnant des environs. Son esprit, fatigué de tant de marche lui envoya la fugace impression d’ouïr sa mère. Son bras se tendit devant elle, étreignant un tronc. Seule la sensation de l’écorce contre sa joue la ramena à la réalité. La Chasseresse, elle était la Chasseresse. Il restait peu de chose de Yunette, ainsi que l’avait nommée sa mère. Elle s’adossa au pied de l’arbre et se plongea dans ses souvenirs. Souvenirs rouges… Sanguins.


          Le goût du cuivre dans sa bouche tandis qu’elle déglutit pour ne pas s’étouffer, ce goût qui lui parût si agréable tandis qu’il coulait dans sa gorge desséchée, allant tapisser son estomac creux. Lorsqu’elle ouvrit enfin les yeux, rassasiée, repue, elle se rendit compte qu’elle voyait rouge. Portant sa main à son visage, elle la découvrit recouverte de sang. L’enfant qu’elle était alors se dégagea de l’endroit où elle se trouvait tandis que son regard englobait la scène. Sa famille était là, décimée. Pas un n’avait survécu. Sa mémoire lui renvoya les images des proches évènements, sa mère, prêtresse de Coatlicue, avait eu la lubie, l’incroyable idée de s’en aller visiter les Aztèques, car elle désirait voir leur façon d’adorer les Dieux… Fière de son statut de prêtresse, elle pensait qu’il protégerait sa famille, son deuxième époux l’accompagnait, le premier ayant été tué lors d’un raid sauvage. Le grand guerrier qu’il était n’avait rien pu faire contre la horde qui les avait acculés à flanc de montagne. Sa deuxième épouse, leurs enfants… les frères et sœurs de celle qu’on appellera plus tard la Chasseresse, pas un n’avait réchappé. A part, elle. Elle qui venait de se remplir le ventre du liquide vital de sa sœur égorgée, dont le corps avait été placé au dessus d’elle. Elle eut un haut le cœur qui ne la libéra pas, la faim ayant eu raison du dégoût de l’acte, et si ce n’était la provenance du sang, il lui fallait bien avouer qu’elle avait trouvé ça bon.

          Choquée, hagarde, elle s’éloigna du lieu du charnier, ramassant au passage le poignard d’obsidienne de sa mère ainsi que son collier de riches perles de cuivre. Elle gagna ainsi, sans réfléchir, sans même regarder où elle posait les pieds, la rive d’un cours d’eau. Sa vue était toujours brouillée, le sang recouvrant son visage commençant à sécher. Elle s’allongea dans l’eau, face tournée vers le fond, appelant les Dieux à lui faire cesser cette souffrance, à lui donner le courage de ne plus ressentir cet abattement, ce vide qui l’envahissait. Le sang battait sourdement à ses tempes, son pouls se ralentit peu à peu puis s’affola brusquement. Malgré elle, elle releva la tête, prenant une immense bouffée d’air. La vie l’avait rappelée à elle. Les Dieux en avaient décidé ainsi.
          Elle resta un moment dans l’eau, se laissant porter, s’enfonçant au milieu des arbres majestueux. Les semaines, les mois, les années passèrent. Régulièrement, elle partait en chasse. Elle n’avait pas de feu pour cuire sa viande et s’habitua vite à la manger crue. Encore chaude, palpitante. Elle buvait le sang, après en avoir offert la première giclée aux Dieux. De la petite fille qui avait quitté Huiloapan, il ne restait pas grand-chose. Son regard avait gagné en bestialité, sa gorge, habitée de silence, ne laissait plus guère passer que de sourds grognements et des glapissements de fauve. Le poignard lui servait encore, bien que par moments, seuls ses ongles et se dents lui servissent d’armes. Le collier quant à lui avait bien vite rendu l’âme et elle avait passé les perles à ses cheveux, avant qu’ils ne deviennent un innommable fouillis.

          Son menu évoluait… Lorsqu’un Aztèque s’aventurait trop près, elle lui donnait la chasse. Fermant les yeux, elle s’approchait assez pour entendre sa respiration, s’imprégner de son odeur. Ensuite, elle se faisait entendre. Assez, juste assez pour qu’il se sache en danger et qu’il fuie. Elle le laissait prendre de l’avance, un peu… un peu plus… Au fur et à mesure du temps, elle s’amusait avec sa proie. Les Dieux lui avaient laissé la vie, c’est qu’ils guidaient ses actes. Elle en était intimement persuadée, illuminée qu’elle était. Son plaisir augmentait lorsque sa cible, acculée, se retournait, tentant de lui faire face, s’attendant à trouver quelque monstre difforme et se retrouvait avec une petite furie qui lui bondissait dessus. Elle se prit des mauvais coups, quelquefois, mais peu. Peu de proies lui échappèrent, elle savait jauger de ses capacités et ne pas s’attaquer à beaucoup plus fort qu’elle. Elle pratiquait l’émasculation, cela évitait à la viande de prendre un mauvais goût. Elle jouissait par-dessus tout lorsque le regard de sa proie, la cherchant, se posait enfin sur elle. On eut pu croire que cela les aurait rassurés, mais au contraire, ils voyaient en elle une apparition malfaisante. Lorsqu’elle lisait la peur dans le regard, son sourire s’étirait en un rictus mauvais et elle passait à l’action.

          Un jour, arrivant dans une clairière où elle avait coutume de prendre des baies, elle s’arrêta à l’orée de la forêt, interdite. Deux toutes jeunes femmes d’à peu près son âge étaient là. La première, plutôt bien mise, battait la mesure d’une danse qu’elle n’avait pas l’air de connaitre. La seconde quant à elle, la seconde… Le cœur de la Chasseresse eut un sursaut, Cette tenue… Cette danse qu’elle effectuait… C’était une danse dédiée à Coatlicue, déesse de la terre. Les jambes lui manquèrent tandis qu’elle s’avança et la sauvageonne se retrouva à genoux devant elles. Relevant la tête, elle emplit ses yeux de la vision de la prêtresse, de ses mouvements, cette grâce qui lui rappelaient sa mère. Le temps paraissait figé tandis qu’elle contemplait la scène.
          Une voix d’homme s’éleva alors, brisant la sérénité du moment. Elle ne parla pas Aztèque, mais la langue de son enfance, la langue du pays Tlaxcallan. Un frisson la parcourut et elle ferma les yeux, se berçant de cette langue dont elle avait fait son deuil, n’ayant nulle idée de comment s’en retourner chez elle. Les sons ne voulaient pour autant pas dire grand-chose pour elle, son oreille n’arrivant pas à faire entendre à son esprit la signification des mots prononcés. Elle rouvrit les yeux, voulant en connaitre la provenance, mais sa vision se brouilla, non pas du voile rouge des chasses, mais du voile noir de l’inconscience. Un borborygme incompréhensible s’échappa de ses lèvres tandis qu’elle sombrait, un mot, seul, restait discernable, le nom de la Déesse de la terre, Coatlicue.

          Reprenant conscience, elle se découvrit dans une cahutte, chose qui ne lui était pas arrivée depuis bien longtemps. La jeune prêtresse était à son côté. Elle eut un mouvement de recul, se blottissant contre la paroi de sa couche, telle une bête traquée, prête à bondir au moindre geste agressif à son égard. Il n’y en eut pas. Le temps passa et Yunette réapprit à parler, à se comporter en être humain. Une amitié naquit entre les trois jeunes filles aux âges si proches. Parfois, elle s’en allait chasser dans la nuit, ses instincts reprenant le dessus, quelques Aztèques encore disparurent. Celle qui serait plus tard la Grande Prêtresse Kalamite lui donna le nom de Chasseresse. Un rien d’humanité expliquant sa bestialité. Elle lui vouait un culte sans pareil, la seule personne qui pouvait la contrôler… ou du moins l’apaiser si le besoin s’en faisait sentir.
          Les rapports avec la plus jeune des deux sœurs furent un peu plus houleux, le caractère de celle-ci, elle se voulait hautaine, grande gueule, allumeuse, autoritaire et sanguinaire, nombre de bravades de gamine capricieuse. En de nombreux points, leurs caractères étaient proches en fait, d’où les étincelles. Il y avait entre elle une sorte de rivalité bon enfant, mais Yunette avait adopté Nemontoni. Quiconque lui ferait du mal risquait sa colère.
          De nombreux exilés étaient chez les Aztèques, bien plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle rencontra le père de ses amies, qu’elle effraya tant elle mélangeait l’idée de sacrifier autant leurs frères que leurs ennemis. En effet, quel meilleur présent pouvait-on faire aux Dieux que des hommes de valeur ? De nombreuses discussions avec la prêtresse finirent par lui faire promettre de ne pas toucher aux frères et sœurs… à son grand désespoir. Elle s’intégra quelque peu dans le village, partant en chasse chaque soir. Pour ne pas attirer l’opprobre des Aztèques sur ceux de son peuple, elle se résigna à ne tuer que des animaux.

          A la nuit tombée, elle s’éloignait en forêt, allant chercher une proie, les sens en éveil, tendue, la démarche souple, féline. Elle s’avançait silencieusement parmi les arbres, la respiration légère. Devant elle, un furtif mouvement, un lapin. Ce soir, ce serait lapin. Bondissant à la suite du léporidé elle le poursuivit quelques minutes, le dirigeant là où elle l’avait décidé. Quand il fut coincé, elle l’attrapa d’une main vive, saisit son poignard de l’autre et alla entamer la jugulaire laissant un peu de sang arroser le sol en une muette prière à la déesse de la terre. Rapidement elle ouvrit la bête et lui arracha le cœur encore battant pour le dévorer goulûment. Le délice du muscle palpitant était pour elle la meilleure des friandises. Elle le dépeça, gardant la peau et le vida, laissant là ses entrailles, quelque coyote y trouverait sans doute son bonheur. D’un revers de main, elle essuya le sang qui avait coulé jusqu’à son menton et retourna vers sa cahutte. On lui avait dit qu’il fallait faire cuire la viande, un beau gâchis d’après elle, mais elle s’y était faite... ou presque.

          Un beau jour, les frères et sœurs de sa tribu eurent vent d’un changement et décidèrent de rentrer chez eux. Elle n’y était pas encore préparée. Ils pillèrent les marchés Aztèques, ne laissant que peu de choses. Elle s’entendit alors avec un chef de clan pour sauver le village dans lequel elle avait rencontré la civilisation. Sp00nkilla, c’était son nom, s’engagea à fournir des denrées de base. Elle prit possession d’un lieu fermé où disposer de quoi manger, un lieu où chacun trouverait chaque jour de quoi se nourrir sans que ce soient quelques rares nantis qui embarquent tout.
          Le temps passa ainsi, elle se fit accepter de leur peuple, bien qu’on la regardait toujours avec défiance… et pour cause ! Quelques disparitions eurent lieu encore, si elle partait en chasse et que la proie levée était humaine, cela ne changeait rien… Elle chassait. Se sentant de trop, elle rompit l’accord avec le clan voisin et prit la route. C’était la fin de l’exil, il lui fallait rentrer.
          Rentrer, chez elle.



      Le soir était tombé, pas encore l’heure de la chasse ; dans le clan, des lumières appelaient à se retrouver, à rencontrer des gens. Elle savait qu’il fallait en passer par là. Elle s’y rendit donc, bon gré mal gré. Elle rencontra des mâles imbus d’eux même, d’autres résignés, des sœurs qui rêvaient d’amour et d’autres choses auxquelles elle n’entendait rien. Quelques jours passèrent, elle avait revu Kalamite qui lui avait bien sûr rappelé sa promesse de ne pas dévorer de frères et sœurs. Elle revit aussi Nemontoni qui, toute fière qu’elle était, ne manqua pas de lui raconter sa vie, ses désirs et ses envies. D’autres encore qu’elle avait connu en exil étaient d’ici ou d’à côté. Elle se sentait chez elle, presque.

      Un autre soir, elle rencontra un mâle qui lui tint tête. Peu le faisaient. Intriguée par celui-ci, elle s’y intéressa. Il était assez étonnant de voir qu’ils se comprenaient à demi-mot. Elle le provoqua, voulant se battre, cherchant le contact pour elle ne savait quelle raison. Elle ne s’était toujours pas résignée à donner son nom, se faisant appeler la Chasseresse. Il la nomma Chasse. Plus court. Elle s’y opposa un moment puis dû se rendre à l’évidence, il ne changerait pas d’avis… et ce nom lui plaisait. Le pulque coula à flots ce soir là, et de contacts en morsures, ils en vinrent aux mains. Mains qui se mêlèrent tandis que leurs corps faisaient de même, en une étreinte aussi sauvage qu’elle fut douce. Ce soir là, ce fut son sang qui coula. Elle ne chassa pas, mais passa la nuit dans sa cahutte, découvrant pour la première fois l’avantage à ne pas dormir seule… Il faisait chaud… Entre autres choses. Il avait plein de choses à lui expliquer, et elle ne demandait que ça.
      Chasse commençait une nouvelle vie, Gal était chasseur, et elle voulait tenter de chasser à plusieurs, avec lui, cela aurait au moins l’avantage de rendre le bivouac intéressant. Ils devaient partir bientôt, s’y étaient préparés. D’autres se joignaient à eux, l’expédition était rodée.

      Une autre chose la souciait, depuis la nuit passée dans ses bras, elle se surprenait à songer à lui, non pas comme à un mâle, mais comme à lui-même, pour ce qu’il était. Une bouffée de rage l’envahissait lorsqu’une sœur s’approchant de lui, réveillait son côté bestial. Elle avait appris à le maitriser, mais ressentait tout de même cette rage sourde, s’interdisant de la montrer. Elle ne dépendrait pas d’un mâle, elle se l’était juré en voyant son beau père faillir à la défense de sa mère. Elle savait qu’il lui faudrait maitriser ses instincts, que comme tout un chacun il prendrait sans doute femme… femmes même et que c’était son droit le plus strict. Elle-même défendait cette coutume, mais ne savait pas combien elle aurait pu souffrir rien qu’à cette idée. Elle réprimerait cette chose qui lui créait une boule au creux de l’estomac tandis que la chaleur de la colère l’emplissait. Avant toute chose, elle allait profiter du moment présent, du moment qui faisait que cette nuit encore, elle l’avait passée auprès de lui, découvrant bien des choses qui la laissèrent rêveuse.
      Elle le regarda dormir un bon moment, détaillant son visage, en caressant rêveusement la morsure qu'il lui avait fait dans le cou. Ensuite, elle alla pêcher, comme tous les matins... Les montagnes étaient pauvres en viande, il lui avait fallu se rabattre sur le poisson.

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Kalamite
a partie de chasse l'avait laissé nostalgique.
Les pensées et les souvenirs tourbillonnaient sous le crâne de la petite prêtresse.
La Chasseresse....
Avait elle eut raison de la laisser affronter seule le retour dans son clan?
Son clan saurait il accueillir cette enfant sauvage?
Elle poussa un lent soupir.
Quand l'exil avait pris fin, elle lui avait demandé de les suivre.
La jeune femme n'avait pas voulu. Le coeur serré, elle l'avait laissé là, au milieu de leurs ennemis. Le temps était venu pour elles de se séparer.
Un sourire grave trembla sur ses lèvres.
Si son père et son frère lui avaient appris à se battre en se servant de sa force, la Chasseresse lui avait appris à tirer parti de son agilité et de sa petite taille, lui montrant les subtilités de l'affût.
Elles avaient mis du temps à construire leur amitié, s'apprivoisant mutuellement, s'apprenant l'une l'autre leurs forces et leurs faiblesses.
Kalamite avait été horrifiée en comprenant de quelle manière la Chasseresse avait survécu, tout en se demandant si la jeune fille n'était pas bénie des dieux. Après tout ne s'était elle pas nourrie d'eau précieuse à l'instar des dieux? N'avait elle pas survécue toutes ces années?
Un souvenir la laissa au bord du fou rire: La tête épouvantée de son père quand Nemontoni et elle lui avaient enfin présenté leur amie, et que celle ci avait voulu en faire son repas. Il avait fallu de la patience et du doigté pour que ces deux là ne s'étripent pas mutuellement.
La retrouver à Calpan avait été une des meilleurs choses qui lui soit arrivée depuis la fin de l'exil. Enfin , pouvoir parler à quelqu'un qui ne se souciait ni de ses charges, ni de ses fonctions et qui la jugeait d'un oeil critique. Elle avait hésité à lui demander, mais devant le besoin qui s'en faisait sentir, elle lui avait proposé d'être son garde du corps pendant ses séjours à la capitale. Si elle se sentait en sécurité, elle s'en voulait dans le même temps d'imposer aux sens exacerbés de son amie, le brouhaha de la grande cité.
Trouverait-elle la paix à Huilopan, l'enfant sauvage?

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Servante de Coatlicue et guerrière reconnue
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